The Project Gutenberg eBook of Les nécessités de la vie et les conséquences des rêves, précédé d'exemples This ebook is for the use of anyone anywhere in the United States and most other parts of the world at no cost and with almost no restrictions whatsoever. You may copy it, give it away or re-use it under the terms of the Project Gutenberg License included with this ebook or online at www.gutenberg.org. If you are not located in the United States, you will have to check the laws of the country where you are located before using this eBook. Title: Les nécessités de la vie et les conséquences des rêves, précédé d'exemples Author: Paul Éluard Release date: February 6, 2018 [eBook #56511] Most recently updated: December 31, 2020 Language: French Credits: Laura Natal Rodrigues and Marc D'Hooghe *** START OF THE PROJECT GUTENBERG EBOOK LES NÉCESSITÉS DE LA VIE ET LES CONSÉQUENCES DES RÊVES, PRÉCÉDÉ D'EXEMPLES *** PAUL ÉLUARD LES NÉCESSITÉS DE LA VIE ET LES CONSÉQUENCES DES RÊVES PRÉCÉDÉ D'EXEMPLES NOTE DE JEAN PAULHAN à Paris au Sans Pareil, 37, avenue Kléber 1921 _DU MÊME AUTEUR_ LE DEVOIR ET L'INQUIÉTUDE. Un volume in-16, avec un bois gravé de Deslinières, A.-J. GONON, Paris, 1917. POÈMES POUR LA PAIX. Une feuille volante, 1918. LES ANIMAUX ET LEURS HOMMES, LES HOMMES ET LEURS ANIMAUX. Un volume in-8 écu, avec cinq dessins d'André Lhote, _au Sans Pareil_, Paris, 1920. _L'erreur singulière de Victor Hugo, de Stéphane Mallarmé et de Madame Mathieu de Noailles nous peut donner à penser, plus loin, que les mots, loin qu'ils portent goût, odeur ou musique, le sens même ne leur est pas une propriété tellement assurée qu'ils ne la laissent aller aussitôt que l'écrivain les néglige, ou les accueille sans brutalité d'esprit, ou bien encore ne tient pas compte de leurs veines, fil et sorte particulière de résistance. Pour les proverbes, exemples et autres mots à jamais marqués d'une première trouvaille, combien ce vide autour d'eux les fait plus absurdes et purs, pareillement difficiles à inventer, à maintenir. J'aime que Paul Éluard les reçoive tels, ou les recherche. Ensuite commencent ses poèmes._ Jean PAULHAN. EXEMPLES QUATRES GOSSES Le gourmand dépouillé, Gonflant ses joues, Avalant une fleur, Odorante peau intérieure. Enfant sage, Sifflet, Bouche forcément rose, Bouche légère sous la tête lourde, Un a dix, dix a un. L'orphelin, Le sein qui le nourrit enveloppé de noir Ne le lavera pas. Sale Comme une forêt de nuit d'hiver. Mort, Les belles dents, mais les beaux yeux immobiles, Fixes! Quelle mouche de sa vie Est la mère des mouches de sa mort? AUTRES GOSSES Confidence: «Petit enfant de mes cinq sens Et de ma douceur.» Berçons les amours, Nous aurons des enfants sages. Bien accompagnés, Nous ne craindrons plus rien sur terre, Bonheur, félicité, prudence, Les amours Et ce bond d'âge en âge, Du rang d'enfant a celui de vieillard, Ne nous réduira pas (Confidence). FÊTES La valse est jolie, Les grands élans du cœur le sont aussi. Rues, Une roue valsait éperdûment. Des roues, des robes, des chapeaux, des roses. Arrosée, La plante sera prête pour la fête a souhaiter. MOURIR Vérité noire, Noire vérité. On sort le mort et la maison recule. La pierre est dure, le mort n'est pas en pierre, (Vérité déjà vieille). JONGLEUR Chaleur. Le jour des massues, Le jour des épaules, Du luxe. Armes devant la vitre, L'armure de cristal Parée de feuillage, Ombrage, plumage. La force sépare l'homme de ce qu'il tient, Ciel complaisant. Bientôt les yeux n'auront plus besoin des mains Il pourra saisir une échelle. La tête au bord du fleuve, Espoir d'un seul bouquet. Désespoir. PROMENADE Habitude de marcher, Habitude de courir, Terre couverte et découverte, Plus petite qu'un empire, Bien étendue, Mienne ici et là, Ailleurs aussi, Avec le geste pour rire De cueillir Les arbres et les promeneurs, Leurs ombres et leurs cannes, Le sol partout divisé. PROMENEURS Entourée, La mère, toujours la même, La plus utile, L'habitante, la belle, L'inévitable mère Et le manteau de tous. Les nuages, leur contraire À terre, Masses lourdes, masses légères. La famille mouillée Malgré les arbres mouillés Au bord de l'eau. Les bois ont leur lumière. Ombre des douces. Importance. La forêt au dedans Et le ciel au dehors, la lumière À terre. OUVRIER Voir des planches dans les arbres, Des chemins dans les montagnes, Au bel âge, à l'âge de force, Tisser du fer et pétrir de la pierre, Embellir la nature, La nature sans sa parure, Travailler. BOXEUR Oh! et le charme d'un poing énorme, agité, Ballon d'assaut. Cœur bien placé (Le cœur bat à sa hauteur), Sauteur Et non de peur. DORMEUR Triste, il va mourir d'étrange façon, Les veux tomberont dans le sac des joues, Lèvres aspirées, nez étroit, Espoir: il dormira. Les mains, les pieds balancés Sur tant de mers, tant de planchers, Un marin mort, Il dormira. Fouets accrochés, poches, goussets, La chaise est plus lourde, Le sol plus étroit, Mais le sommeil ne compte en promenade. Jeune mort, mort d'avenir. DORMEUR L'ombre du cœur vers le matin, En hâte, Au repos. Rien n'enveloppe en son sommeil Ce cœur plus gonflé que les vitres. Ombre, nuit et sommeil. Un cœur se débarrasse De tout ce qu'il ignore. NOCTAMBULE Ciel écrasé sous l'ombre qui descend, (Oubli-du-soleil), Les morts sans éclat sont moins vite oubliés, (Ciel-disparu). Les yeux sont nécessaires. Moins de ciel que de terre Mais savoir ou poser ses pieds, (Montagne-à-grimper). (Oubli-du-soleil) Les paupières suffisent aux yeux, (Nuit-disparue) Et le sommeil connaît son lit. LE CŒUR Le cœur a ce qu'elle chante, Elle fait fondre la neige, La nourrice des oiseaux. MODÈLE Tant de lumières, Tant de mains et tant de visages, Tous ces jours parmi ces nuits, Comme le ciel parmi les ailes Des oiseaux! Destinée. L'homme, le seul, a tout trouvé. Entrée. Des horizons sont en scène. Coulée. Chute de la lumière sur un dôme éteint. Un désert, Une étoile de jour pour quelques jours seulement. L'ART DE LA DANSE Demande dans la salle: l'heure ou l'ordre. Mais la danseuse aux pièces d'or, d'eau claire Ne sait ni lire ni compter. Aussi naïve qu'un miroir. Elle n'a pas de toit, RIEN QU'UN SOLEIL Et l'ombre chaude sans les murs. Galons d'or autour du corps, Brillants crus, Une fausse nue, Les spectateurs ont oublié Qu'elle est taillée pour danser. La pluie fragile, soutien des tuiles En équilibre. Elle, la danseuse, Ne parviendra jamais À tomber, à sauter Comme la pluie. Vitres bleues, herbes, la pluie, danseuse, La danseuse imitait les danseuses, Images plusieurs fois découpées. Le caoutchouc tendu, le parapluie ouvert, Les pieds mouillés, les cheveux frisés, Elle est partout, Elle voyage pour ne plus voyager, Elle danse de tous les cotés, Dans les mains de l'aveugle, Dans le miroir-gigogne, AU--CŒUR--AU--CŒUR Et dans la terre de sa danse, Magie--magie--magie. SENSIBLE Aux ombres débordant de la coupe trop pleine, Aux toits par dessus bord cachant les rues, Aux arbres parmi les arbres Montrer la perte d'une joie, Une grimace usée jusqu'à la corde, Face au sol. La lumière creuse le ciel Et les oiseaux ne peuvent disparaître. Il croit aimer les oiseaux Et forme tantôt un faisceau, Tantôt un réseau de ses gestes en l'air. MUSICIEN Intelligence naïve Au son des instruments À musique, À musique de lèvre nue, Au bout de la terre connue Et à l'autre bout La tête perdue, Les fines mains d'ici. REFLETS La terre, c'est la moitié de tout. Enterré, c'est l'autre moitié, Le surplace des étoiles, Leur lendemain. ROUES Roues des routes, Roues fil à fil déliées. Usées. IMBÉCILE HABITANT Visage hors saison, Visage, vitre et pierre, Les murs de la maison me ressemblent comme un masque, Ils sont fixés à ma chair. Le soleil développe Jeune et femme et du mur De peinture immobile Sortent des pierres. Sur les pierres, de gauche à droite, Un enfant est assis à côté d'un vieillard, Un visage. Au loin. Ma mère Danse comme une poussière. AH! Ah! Mille flammes, un feu, la lumière, Une ombre!... Le soleil me suit. MAILLES La rouge en bleue, La bleue en rouge, Gaîté, L'eau versée Les paupières l'entourent. J'ai ouvert les yeux, respiré, Soif-gaîté. La rouge en bleue, La bleue en rouge, Gaîté, L'eau versée Les paupières l'entourent. J'ai ouvert les yeux, respiré, Soif-gaîté. BEAU Beau avec bonheur, Laid avec malheur, Visible pour les aveugles. SÉDUIRE L'adoration des regards Séduit les yeux qui voient mal ce qu'ils voient. Rougissante, Les yeux auront du plaisir sur ses joues Et qu'ils en prennent pour toujours. Qui la voit vierge et la sait vierge, Vierge en satin, Connaît aussi, sous ses paupières couronnées, La joie veilleuse. Car la honte, toujours avoir honte, Non, Mais ouvrir une maison Et montrer son bon visage, Celui-là. SÉDUCTION Le cœur est une image, Le cœur est un moyen. «...À l'allure distinguée.» Et reprenons: Fille aimable, Écarquillant les doigts, Tu attendais. Le baiser s'est posé là, Un bon baiser satisfait, De haute antiquité Mélange de serpents. «...À l'allure distinguée.» S'en va. TOUT SÉDUIT Acrobate des plates, Amoureux des filles à l'étroit, Il jette sa main et son bras sur toi, Bas, Légère à prendre Mais lourde à garder. UNE Une tristesse de mau- Cette douce vais temps,les ébats Cette belle, bondissants de la fu- Assise de couleurs, mée et du vent, un Tranquille ciel gris prêt à la Et, surveillant le ciel, pluie, on dit que la Négligeant la chaleur musique perd le sen- timent. COURIR Cette bouche dure, sans larmes, Choisit les femmes Et les yeux de couleur Apprécient Toujours un peu plus de chair. Choisir ou tourner la tête. Ce sourire de tête Ajoute la chair à la chair, La bonne chair à la meilleure. Apprécier, pour l'orgueil de choisir. Et besogne toute faite: Réussir. CANTIQUE L'enfant regarde la nuit de haut, (Ne croyez pas aux avions, aux oiseaux. Il est plus haut). Si l'enfant meurt, la nuit prendra sa place. IMAGE Les gros animaux meurent Et les petits s'en vont. Animaux invisibles Entre la terre et l'homme. ENTRER, SORTIR La rue s'arrête ici et repart, l'inconnue. La porte supprime la rue. Marche sur marche, Pierres tirées de bas en haut, Que toute surface soit calme, Que toute ligne se rejoigne. Avenir. La main n'oublie pas Ce que les yeux ont inventé. Tête vide, Tête parfaite. Pierres! Ce qui est enterré ressuscite, Ce qui est couché, fondu, se lève, se limite. Avenir. Tête fermée, Tête ancienne, Ancienne. ENFERMÉ, SEUL Chanson complète, La table à voir, la chaise pour s'asseoir Et l'air à respirer. Se reposer, Idée inévitable, Chanson complète. L'HEURE Arbre vert, Arbre en terre, Terre. À midi Si le ciel est dans l'arbre Le courage est en terre... Du soleil aus doigts (L'eau fine dans le vent) Oublier tout travail qui descend. Mais le maître est dur comme un vol de pierres. Pommier aigre, des trous pour les pleurs De la terre, L'œil et le cœur qui baigneront ces fleurs Ont perdu leur saveur. AIR NOIR La ville cousue de fil blanc, Les toits portant cheminées, Le ciel parallèle aux rues, Les rues, La fumée sur les trottoirs, TROUVAILLE. Des pas les uns vers les autres, Le soleil ou la lumière, Souvenirs de ville, L'HEURE À L'HEURE, Du matin, de midi au soir, Façades et boutiques, Des lumières pliées dans des vitres, VEILLER, Ailleurs, La nuit enfermée dans la nuit, Les chiens aboyant à la nuit des chats, LA FATIGUE. VIEILLIR Ombre de neige, Cœur blanc, sang pauvre, cœur d'enfant. Le jour. Il y a toujours le jour du soleil et le jour des Nuages. Le ciel, bras ouverts, bon accueil Au ciel. BERGER L'animal comme la lampe Un peu plus que l'allumette. Qui le guide? Et son bâton, Borne-barrière, Est-il plus sûr? FINS Les hommes seuls, les maisons vides. Il n'y a pas d'abandon. Simple, trop simple et vieux, trop vieux Pour être heureux. Depuis sa fondation, Rien ne reste dans la maison. LES NÉCESSITÉS DE LA VIE ET LES CONSÉQUENCES DES RÊVES LES NÉCESSITÉS DE LA VIE _Vrai._ Huit heures, place du Châtelet, dans ce café où les chaises ne sont pas encore rangées, où la vaisselle opaque s'étale dans tous les coins. Je ne saurai jamais si je dors bien. Plus la pluie est fine, plus le monde est loin. Et il faudrait attendre, il faudrait descendre pour retrouver le soir sec, pour retrouver cent lumières au moins aux voitures fortes et justes, aux cloches des champs et, ni dans l'air, ni dans l'eau, tous les gracieux sillages des bonnes santés obscures. À la bonne heure, on n'abuse pas de la vie ici! _Les autres._ Parpagnier?... Parpagnier?... C'est mon meilleur ami. Je l'admire et j'admire ceux qui lui ressemblent. Mais il meurt, nul ne lui ressemble plus et je l'admire toujours. Ce n'est pas l'hiver. Les déserts changent leur lumière et me couvrent la face. Le bel inconnu, le bel inconnu. Le ciel vient et me regarde dans les yeux charmeurs de serpents charmeurs de danseuses. _Les fleurs._ J'ai quinze ans, je me prends par la main. Conviction d'être jeune avec les avantages d'être très caressant. Je n'ai pas quinze ans. Du temps passé, un incomparable silence est né. Je rêve de ce beau, de ce joli monde de perles et d'herbes volées. Je suis dans tous mes états. Ne me prenez pas, laissez-moi. * Mes yeux et la fatigue doivent avoir la couleur de mes mains. Quelle grimace au soleil, mère Confiance, pour n'obtenir que la pluie. Je t'assure qu'il y a aussi clair que cette histoire d'amour: si je meurs, je ne te connais plus. _Définitions._ Boire du vin rouge dans des verres bleus et de l'huile de ricin dans de l'eau-de-vie allemande, horizon lointain. * Un homme vivant monté sur un cheval vivant rencontre une femme vivante tenant en laisse un chien vivant. * Une robe noire ou une robe blanche? Des grands souliers ou des petits? * Regarde. Là, en face, celui qui travaille gagne de l'argent. J'ai lu que «vieux malade honteux», que «fortune coquette à Paris» et que «cet éventail de belles arrêtes». * Flamme éteinte, ta vieillesse c'est fumée éteinte. * Je n'aime pas la musique, tout ce piano me prend tout ce que j'aime. _La paresse._ J'ai jeté ma lampe dans le jardin pour qu'il voie clair et je me suis couché. Le bruit remuait tout au dehors. Mes oreilles dorment. La lumière frappe à ma porte. _Conséquences des rêves._ Le château faisait le tour de la ville. Au fond, les habitants s'aimaient bien. En haine nécessaire et périodique, ils ne se passaient l'épée qu'autour du corps. LA VIE, grand-père, père et fils, trois hommes, d'évidence en évidence en évidence. Ombres sans ombres. Le soleil commença sa promenade dans la place. Des plantes et des fidèles accompagnaient son chant. Des nuages sur la tête et les pieds dans la poussière, grandirait-il? Nous, nous étions à l'ombre des anges, l'amour ancien. LES CONSEQUENCES DES RÊVES Il nous a créés, nous, pour les ténèbres, et, pour vous, le jour vaut la nuit et la nuit le jour. (_Faust_, de GOETHE). _Quelques poètes sont sortis._ À Philippe Soupault. Comme autrefois, d'une carrière abandonnée, comme un homme triste, le brouillard, sensible et têtu comme un homme fort et triste, tombe dans la rue, épargne les maisons et nargue les rencontres. Dix, cent, mille crient pour un ou plusieurs chanteurs silencieux. Chant de l'arbre et de l'oiseau, la jolie fable, le soutien. Une émotion naît, légère comme le poil. Le brouillard donne sa place au soleil et qui l'admire? dépouillé comme un arbre de toutes ses feuilles, de toute son ombre? O souvenir! Ceux qui criaient. _Si vous êtes né en automne._ Bras nus d'homme chauve, le menton ce petit vieux et les yeux, vieil espoir des amoureux, il durera jusqu'à cent ans avec toutes les ficelles des sens. _En trois mots langage clair._ Ton grave: oui, madame. D'un œil: il est né le 27 juin. Flûté: oui, madame, oui, madame, oui, madame. Sous l'aile épaisse de votre langue, les mots les plus innocents gardent leur sens. Je ne vous donnerai pas mes vierges. Elles sont toute ma fortune. Il n'est pas question d'existence impossible. Étalez-vous. Avec un peu d'eau comme une étoile dans la main. La direction, les méandres, les écarts, l'inévitable labyrinthe, puisqu'il le faut, je vous conduis au sommet des cieux, des vœux, des bras tendus vers Dieu, je vous montre ce qui nous soutient, comme une jambe, aussi puissante qu'un litre d'alcool. Regardons-nous. Ce que je vous raconte, petits enfants d'âge, a pour bornes vos yeux, vos dents, vos mains, votre nez et vos pieds. Oui, madame. _Rendez-vous. n'importe où._ À T. Fraenkel. Il y a tant de belles choses que je sacrifie, par exemple: l'intelligence merveilleuse des femmes aux yeux cernés, l'_espoir_ du miracle des photographes, le froid quand vient l'été, je plaisante, je plaisante. (l'orateur commença par déclarer qu'il n'avait absolument rien à dire.) _Public._ Fils de nourrice, enfant de course, enfant intelligent, femme du monde inconnu, ma belle enfant, tu glisses (fleur fanée, péché mortel), petite? dans l'herbe morte, chaleur morte, fils soumis, une fois le bambin, les jeux, l'indécence, je joue du vieil ami, je joue du monologue, je joue du paysan. _Chez soi._ La porte légère. Le voleur a tout pris. Il ne faut pas mourir. Il n'y aurait dans la maison que la porte légère ouverte. Ici ou au bout de la rue, la lumière est la même, moi aussi. _Seul, l'unique._ Règne rose, bonds légers, tirer des herbes parfumées de ce qui m'entoure, règne rose plaine rose règne. J'achète très cher l'invisible richesse. La lumière s'est levée avec le rideau. Tous les jours: matinée. La lumière, aussitôt: ce qui ne se dit plus: qu'une femme est nue, car les femmes, avant les hommes, sont transparentes. Qui ne les voit plus? La lumière, la seule reine qui comprenne la plaisanterie. Il n'y en a pas dix, ni deux, ni trois, il n'y en a qu'une pour dire si bien qu'il n'y a rien à dire. _S'ils n'étaient pas morts._ Ceux qui meurent sont légers, ils s'étendent et ne peuvent plus tomber. Pour dire qu'ils sont comme le vent du nuage... Fleurs d'avril, fleurs de mai, fleurs de juin, fleurs de juillet, fleurs d'août, fleurs de septembre, elles s'attendent dans le jardin, poudre de fleurs, les yeux dans une absence de sang, quel bonheur! Ombres creuses, ombres vides, ombres transparentes, ombres de l'imagination, au lieu des dix doigts tenant dix ailes de plumes pour toujours. _Ami? Non ou Poème-Éluard._ À Jean Paulhan. Notre réunion est aussi pure que les verres de la table avant le repas. Nous sommes nombreux. Nous ne chantons pas, nous ne rions pas, nous ne pleurons pas. Nous parlons peu. Nous ne faisons des gestes qu'en rêve. Nos yeux sont noirs chez l'un, bleus chez l'autre, gris chez moi, Mais il est nécessaire. Nécessaire que nous ne nous connaissions pas. _Sans musique_ Les muets sont des menteurs, parle. Je suis vraiment en colère de parler seul Et ma parole Eveille des erreurs, Mon petit cœur. _Jour de tout._ Empanaché plat, compagnie et compagnie a la parole facile, tout à dire. Peur plus tiède que le soleil. Il est pâle et sans défauts. Compagnie et compagnie s'est habitué à la lumière. Est-ce avoir l'air musicien que d'avoir l'air des villes? Il parle, roses des mots ignorés de la plume. Et je me dresse devant lui, comme le mât d'une tente et je suis au sommet du mât, colombe. _L'espace._ L'humble église que j'apprécie à sa valeur, personne, le chanteur se fait apprécier de la façon la plus flatteuse. Les plus difficiles sont morts. Ce fléau règne encore. Des milliers et des milliers ont vécu ici, à la porte--et des artistes--du glorieux édifice. _Le grand jour._ À Gala Éluard. Viens, monte. Bientôt les plumes les plus légères, scaphandrier de l'air, te tiendront par le cou. La terre ne porte que le nécessaire et tes oiseaux de belle espèce, sourire. Aux lieux de ta tristesse, comme une ombre derrière l'amour, le paysage couvre tout. Viens vite, cours. Et ton corps va plus vite que tes pensées, mais rien, entends-tu? rien, ne peut te dépasser. _Force._ Ses mains, ce sont ses mains, branches sans feuilles ou racines d'un ciel lourd et des fleurs des autres pays, aussi claires que le joli froid. _Cette question._ Tu m'as fait peur. J'en ai soudain le corps sans os. Où sommes-nous, mes mains fortes? Nous ne connaissions qu'une chanson. _Malice._ On dit que la robe des robes partout se pose et se repose, que la toilette est aux yeux du dimanche, que le repos suit la pente des bras. Toilette fine pour visites, propreté chez les autres, robe de tenue droite avec un paquet. Robe mise, porte ouverte; robe ôtée, porte fermée. _Les noms: Chéri-Bibi, Gaston Leroux._ Il a dû bien souffrir avec ces oiseaux! Il a pris le goût des animaux, faudra-t-il le manger? Mais il gagne son temps et roule vers le paradis. C'est BOUCHE-DE-CŒUR qui tient la roue et non CHÉRI-BIBI. On le nomme aussi MAMAN, par erreur. _Baigneuse du clair au sombre._ À Julien Vocance. L'après-midi du même jour. Légère, tu bouges et, légers, le sable et la mer bougent. Nous admirons l'ordre des choses, l'ordre des pierres, l'ordre des clartés, l'ordre des heures. Mais cette ombre qui disparaît et cet élément douloureux, qui disparaît. Le soir, la noblesse est partie de ce ciel. Ici, tout se bottit dans un feu qui s'éteint. Le soir. La mer n'a plus de lumières et, comme aux temps anciens, tu pourrais dormir dans la mer. _Cachée._ Le jardinage est la passion, belle bête de jardinier. Sous les branches, sa tête semblait couverte de pattes légères d'oiseaux. À un fils qui voit dans les arbres. _L'héroïne._ À Marie Laurencin. Toujours moins forte de ceux qui l'entourent, elle pleure à tout perdre et elle oublie que le désespoir l'amuse. Maintenant. Quelle fourrure est plus belle qu'une belle chevelure? Pourtant, elle garde la bête sur son visage. Et ne sourit pas n'importe où. _Comédienne._ À André Breton et Philippe Soupault. Porte-malheur d'avoir brisé le miroir de tristesse aux nombreux personnages, aventure de ne plus déplaire. Plaire, est-il besoin de garder ce visage? De ses rides debout près de sa bouche assise, elle couvre l'étendue de son malheur. Un autre jour, elle choisirait cet autre, cet autre près d'elle. Est-il besoin de garder ce malheur qui ne déborde pas et ce chagrin plus lourd que les deux mains? _L'inévitable._ La maison, abri des autres maisons, ces maisons cachées autour des enfants à la promenade. La route est certainement plus claire qu'elle ne le devrait et je m'assieds plus bas que les cailloux trop durs, sur un tissu d'armes longues aussi molles qu'un mur de plume... Sur l'eau libre et mouvante dont l'iris fond ou s'entoure d'ailes. Par un soir d'été. _Berceuse._ À Cécile Éluard. Fille et mère et mère et fille et fille et mère et mère et fille et fille et mère et mère et fille et fille et mère et mère et mère et fille et fille et fille et mère. _Le joueur._ À Louis Aragon. Je plie d'abord mes mains, je réfléchis, je te donne mes mains, je réfléchis, je te donne un trésor qui peut brûler, je le laisse brûler. Nous nous aimons, j'en suis sûr et je n'en ai aucun souci, je réfléchis. _Le roi._ Lourd de tête, gros et grand de cette heure à l'heure des autres, de sa mort à la mort des autres, de la tête aux pieds. _L'argyl'ardeur._ Le temps ne passe pas. Il n'y a pas: longtemps, le temps ne passe plus. Et tous les lions que je représente sont vivants, légers et immobiles. Martyr, je vis à la façon des agneaux égorgés. Ils sont entrés par les quatre fenêtres de la croix. Ce qu'ils voient, ce n'est pas la raison d'être du jour. _L'aube._ À Tristan Tzara. L'aube tombée comme une douche. Les coins de la salle sont loin et solides. Plan blanc. Aller et retour sans mélange, dans l'ordre. Dehors, dans un passage aux enfants sales, aux sacs vides et qui en dit long, Paris par Paris, je découvre. L'argent, la route, le voyage aux yeux rouges, au crâne lumineux. Le jour existe pour que j'apprenne à vivre, le temps. Façons-erreurs. Grand agir deviendra nu miel malade, mal jeu déjà sirop, tête noyée, lassitude. Pensée au petit bonheur, vieille fleur de deuil, sans odeur, je te tiens dans mes deux mains. Ma tête a la forme d'une pensée. _Premier tourment._ Les femmes grosses ne sont pas seulement celles que vous imaginez fragiles, tout objet fragile est automatique et maigre. Maigre et gros se prononce bien, une femme malheureuse pour finir, une seule femme sans suite, une femme heureuse. _Vrai._ Si son cœur ne l'endort pas, il tendra des pièges. Invisibles dessins du matin, d'une araignée du matin qui s'endort. _Dernier tourment._ Dans sa cage, millette et billette et trillette, l'oiseau toute la journée mange et chante. Miroir et beauté. La terre est sous la cage. Graines en fuite: marguerites. Des heures, un chant sans plumes, presque des ronces d'os. _Un ami._ Évidemment, s'il est monté sur la table, il a du mérite, il a du mérite à réparer l'horloge... Mais il la brise. Trois heures... Il attend. Il a peur. Il n'a pas encore vu son enfant. Si, parfois, oui. Trois heures. Musique de rien, presque tout le bruit. Quatre heures... Il arrive, il ouvre la porte, il entre: Un beau soleil qui n'est pas fleur et ne le deviendra pas, le reçoit. Cinq heures. _Julot._ L'invité de Chariot--Chariot lui susurre, du bout des pieds, que la beauté est plutôt nuisible. Un gros homme, aux joues rondes. Personnage: Monsieur Douleur-aux-joues-rondes. Il siffle comme tous les trains. Il porte des bijoux et redoute certains gestes redoutables aux bijoux. Il ne sait pas que la parure ajoute le ridicule à la laideur. Il compte beaucoup sur les talents qui font vivre les orgueilleux: la nature les persuade qu'ils doivent avoir des métiers exceptionnels et ils ignorent tout ce que connaît Chariot. Julot oublie Chariot oublie Julot oublie Chariot oublie Julot, etc. _Amour._ À Georges Ribemont-Dessaignes. Tout doucement, il s'est couché sur le trottoir plat, Le trottoir part à toute vitesse. Il s'est assis par terre et son siège s'envole. Il n'espère plus de repos que sur la tête de ses enfants, Il les attend patiemment. _Définition._ À Jacques Rigaut. La plus belle, sans idées, celle d'aujourd'hui rêve d'une autre. Fortune d'un rêve et d'un autre rêve par le sommeil d'un cœur à l'amour à plusieurs. Sur le champ, ils sont tous là. _Un mot dur--N° 58._ À Francis Picabia. Les petites rues sont Tous les poètes des couteaux. savent dessiner. «Le bureau de poste est en face. --Que voulez-vous que ça me fasse? --Pardon je vous voyais une lettre à la main. Je croyais... --Il ne s'agit pas de croire, mais de savoir.» Le plancher des S'asseoir à l'aube, poissons. coucher ailleurs. _Montre avec décors._ À René Bertrand. I Juges dont l'œil dix doigts accuse, Dans la lumière en bonne santé Un arbre ou il y a des fruits a l'endroit et des voleurs à l'envers. À son age. Une tache s'ouvre a l'imagination. Quel crime a commis sa mère? II Puis les pinceaux peignent une prison sur son Corps, sur le cœur, Une grille bien transparente. Il est soudain aussi fleuri qu'une poupée Déshabillée. Evasion pour deplaire. III Biais d'abord, comme à la nage. Il se partage la rue, Mais les maisons n'ont plus ni portes ni fenêtres, Les habitants s'ennuient Et comique s'inscrit sur le pain et la viande. IV Le moteur joue et perd des secondes. Piste noire, joues rondes, Les promeneurs peuvent user les promenades, Long rail dans la nuit rouler, Le domaine est ici. Ce n'est pas du domaine de l'évasion. «J'AI TRAVERSÉ LA VIE D'UN SEUL COUP.» _Plis._ Régulier comme Mon plaisir Comme un gourmand Mon plaisir Le train mince Mon plaisir M'a pris où Mon plaisir Les lois les lois Mon plaisir Ou d'autres lois Mon plaisir Ou la poudre Mon plaisir Légère sans limites Mon plaisir Tout m'est égal. _Faites parler._ Les brises se séparent et, fruits de ta faiblesse, les oiseaux se séparent. Un grand nuage blanc s'est abattu sur toi. Tu vis dans la fumée sans la voir. Mais tu pourrais être en verre, au soleil, et l'ignorer. _L'ami._ À René Hilsum. La photographie: un groupe. Si le soleil passait, Si tu bouges. Fards. À l'intérieur, blanche et vernie, Dans le tunnel. «Au temps des étincelles On débouchait la lumière.» Plus tard. Postérité, mentalité des gens. La bien belle peinture. L'épreuve, s'entendre. L'espoir des cantharides Est un bien bel espoir. _Meilleur._ Boules creuses, boules de verre, On ne voit rien au travers Qu'une tête ramassée, O! Boules lumineuses! Roulant de ciel en ciel Avec ma tête heureuse. _Meilleur jour._ Blanche éteinte des souvenirs, Dressée sur des fleurs avec les fleurs, Dressée sur des pierres avec les pierres, Perdue dans un verre sombre, Etalée, étoilée avec ses larmes qui fuient. Appreciation: _Rayonner de "rayonner" comme aimer_ _d'"aimer_". _Simples remarques._ À André Breton. Les Jardins de la rue L'habit de la grande sont fermés, les Chutes famille fait peur à de soleil sont condamnées, l'homme trop petit pour l'endosser. Une bouiteille de vin, Un verre d'eau, Deux paires de lunettes, Une douzaine de chemises, Beaucoup de peine, Un peu de beurre. mais je marie demain mais les lampes bleues l'ombre de mes pieds à d'un ciel de juillet sont celle de mon père. les filles de mes filles. _Plusieurs enfants font un vieillard._ et la satisfaction d'un vieillard je me promènerai + je me promène + je me promenais + je me suis promené Je vis J'ai vécu comme toi _Déclaration._[1] POIDS PUBLIC, rencontre d'un homme et d'un homme, d'une femme et d'un homme. Les voyous inspirateurs sont ailleurs. Ils ont abandonné un homme, encore ne tient-il qu'à un fil. Au point de vue santé: absent, sur l'oreiller creux: présent, dans la maison: paresseux et dans la rue: perdu pour tout le monde, POUR L'OR DES RUES, POUR les regards en l'air POUR ce qui n'existe plus. [1] Toutes les variétés du mot _intérêt_, si agréables ou désagréables qu'elles soient, naissent en même temps. _Le mien,_ _Gala, c'est dire est à toi._ *** END OF THE PROJECT GUTENBERG EBOOK LES NÉCESSITÉS DE LA VIE ET LES CONSÉQUENCES DES RÊVES, PRÉCÉDÉ D'EXEMPLES *** Updated editions will replace the previous one—the old editions will be renamed. Creating the works from print editions not protected by U.S. copyright law means that no one owns a United States copyright in these works, so the Foundation (and you!) can copy and distribute it in the United States without permission and without paying copyright royalties. Special rules, set forth in the General Terms of Use part of this license, apply to copying and distributing Project Gutenberg™ electronic works to protect the PROJECT GUTENBERG™ concept and trademark. 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START: FULL LICENSE THE FULL PROJECT GUTENBERG LICENSE PLEASE READ THIS BEFORE YOU DISTRIBUTE OR USE THIS WORK To protect the Project Gutenberg™ mission of promoting the free distribution of electronic works, by using or distributing this work (or any other work associated in any way with the phrase “Project Gutenberg”), you agree to comply with all the terms of the Full Project Gutenberg™ License available with this file or online at www.gutenberg.org/license. Section 1. General Terms of Use and Redistributing Project Gutenberg™ electronic works 1.A. By reading or using any part of this Project Gutenberg™ electronic work, you indicate that you have read, understand, agree to and accept all the terms of this license and intellectual property (trademark/copyright) agreement. If you do not agree to abide by all the terms of this agreement, you must cease using and return or destroy all copies of Project Gutenberg™ electronic works in your possession. 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