The Project Gutenberg EBook of Roman d'Eustache le moine pirate fameux du XIIIe siècle, by This eBook is for the use of anyone anywhere at no cost and with almost no restrictions whatsoever. You may copy it, give it away or re-use it under the terms of the Project Gutenberg License included with this eBook or online at www.gutenberg.org Title: Roman d'Eustache le moine pirate fameux du XIIIe siècle publié pour la première fois d'après un manuscrit de la bibliothèque royale Editor: Francisque Michel Release Date: September 3, 2011 [EBook #37305] Language: French Character set encoding: ISO-8859-1 *** START OF THIS PROJECT GUTENBERG EBOOK ROMAN D'EUSTACHE *** Produced by Laurent Vogel, Christian Boissonnas and the Online Distributed Proofreading Team at http://www.pgdp.net (This book was produced from scanned images of public domain material from the Google Print project.)
Ce volume, publié aux frais de MM. Monmerqué, membre de l'Institut, de la Société des Bibliophiles françois, etc., P. de Larenaudière, Secrétaire de la Société de Géographie, etc., et Francisque Michel, a été tiré à cent dix exemplaires, dont quinze sur papier de Hollande, et trois sur papier de couleur.
TYPOGRAPHIE DE FIRMIN DIDOT FRÈRES.
IMPRIMEURS DE L'INSTITUT, RUE JACOB,
No 24.
PAR FRANCISQUE MICHEL
SUR LE ROMAN
Ce poëme, dont aucun auteur n'a parlé jusqu'ici, à l'exception de M. Barrois, qui a commis une méprise1, est un des plus curieux et des plus extraordinaires que la littérature françoise au XIIIe siècle ait produits. Il roule sur les faits et gestes d'un voleur, d'un pirate, fameux dans la première moitié du XIIIe siècle, espèce de Robin Hood boulonnois que les chroniques se plaisent à flétrir et dont elles rapportent la mort tragique dans les mêmes termes que le roman françois.
Et si nous nous servons du mot roman, l'on ne doit pas croire que nous pensions [Pg vi]que toutes les aventures qui y sont rapportées soient le fruit de l'imagination d'un trouverre. Hormis quelques merveilles produites par la magie dont Eustache passoit pour posséder les secrets les plus rares, ces aventures, toutes singulières et plaisantes qu'elles sont, ne présentent rien que de très vraisemblable, et dans les chroniques contemporaines les plus dignes de foi, nous en rencontrons à chaque page de plus incroyables. En outre, dans les ouvrages des historiens de la même époque, nous retrouvons les noms d'Eustache, de ceux qui figurent dans le roman que nous publions et quelques-uns des détails que le trouverre a mis en rimes. Ainsi Lambert d'Ardres nous apprend, dans son histoire des comtes de Guines, qu'à une certaine époque, Eustache le Moine étoit sénéchal de Renaud comte de Boulogne2: c'est probablement en raison de cette qualité qu'il est nommé comme témoin dans un diplôme du 4 mai de l'an 12123. Or cette dignité jointe au témoignage de notre roman (p. 12, v. 305), prouveroit qu'Eustache étoit Boulonnois et non Flamand, ainsi que le dit Lefebvre dans son Histoire générale [Pg vij]et particuliere de Calais et du Calaisis4: opinion qui se retrouve dans une variante de la chronique de M. Paris5. Cette variante nous dit encore qu'Eustache, qui d'abord s'étoit fait moine, avoit ensuite jeté le froc aux orties pour jouir de l'héritage de ses frères qui étoient décédés sans héritiers; mais cela est faux, car les frères d'Eustache sont nommés après la mort de celui-ci dans l'acte de la paix qui intervint entre le roi d'Angleterre Henry III, et Louis fils aîné du roi Philippe-Auguste, en 12176.
Quoi qu'il en soit, les chroniques se taisent ensuite sur le compte d'Eustache jusqu'à ce qu'elles aient à parler du combat dans lequel il perdit la vie. Mais nous trouvons d'autres renseignements sur lui dans des pièces dont l'autorité a encore plus de poids, et ces renseignements nous instruisent de faits qu'on chercheroit vainement dans les chroniques: nous voulons parler des lettres closes des rois d'Angleterre que vient de publier notre savant et excellent ami M. Thomas Duffus Hardy, attaché aux archives de la Tour de Londres. Dans cet ouvrage, auquel on ne sauroit accorder trop d'éloges, nous [Pg viij] trouvons les pièces suivantes relatives à Eustache:
I. «Le Roi (Jean), à Enguerrand de Sandwich, etc. Nous vous mandons que les deniers qu'Eustache le Moyne et les hommes de justice ont arrêtés et que vous avez en votre garde, vous les délivriez, pour les garder, à notre cher W., archidiacre de Taunton, parce que nous lui avons mandé qu'il les reçoive de vous. Témoin, moi-même, à Gillingeham, le 13 novembre (1205). Par Philippe de Lucy.
II. «Il est ordonné à W., archidiacre de Taunton, que vous (archidiacre) preniez d'Enguerrand de Sandwich, pour les garder dans la main du Roi, les deniers qu'Eustache le Moyne et les hommes de justice ont arrêtés et que le même Enguerrand a en sa garde, parce qu'il a été mandé à ce dernier qu'il vous les délivre.
III. «Le Roi, au vicomte de Norfolk, etc. Sachez que nous avons donné répit à Eustache le Moine pour le payement des vingt marcs qu'il nous doit, jusqu'à la Saint-André, c'est pourquoi nous vous mandons que vous mettiez en répit, jusqu'à la fête susdite, la demande que vous lui en faites, et que vous le laissiez jouir en paix, tant qu'il sera présent à notre service et tant qu'il nous plaira, de deux marquées de terre dont lui Eustache a été saisi dans l'étendue de votre juridiction. Témoin, G., fils de Pierre, à Westminster le 13 octobre (1212). Par le même, en présence des barons de l'Échiquier.
IV. «Le Roi, au connétable du château de Porchester, salut. Nous vous mandons que vous gardiez, sur votre responsabilité, dans le château susdit, de la manière qu'il vous plaira et sans nuire à sa sûreté, les chevaliers et frère Eustache le Moine que les hommes de Philippe d'Aubigny ont conduit jusqu'à Porchester, et que vous leur trouviez [Pg ix] à manger à leurs frais autant qu'ils auront de quoi. S'ils le désirent, vous aurez à leur trouver un messager pour aller vers leurs amis, afin que ceux-ci procurent aux prisonniers ce qui leur est nécessaire. Quant aux treize serviteurs qui, outre les susdits, ont été amenés, vous les délivrerez au vicomte de Southampton qui les fera conduire jusqu'à Winton, comme nous le lui avons mandé. Témoin, moi-même, à Saint-Edmond, le 13 novembre (1214).
V. «Il est mandé au vicomte de Norfolk qu'il fasse avoir à William de Cuntes la terre que possédoit Eustache le Moine dans Swafham, qui est de l'honneur de Bretagne, car le Roi la lui a accordée. Témoin, moi-même, le 23 février (1216)7.»
Comme nous l'avons déjà dit, les chroniques ne parlent plus d'Eustache qu'à propos du combat où il périt, cependant l'une d'elles rapporte que, quelque temps auparavant, Philippe-Auguste disoit à Walo, légat du pape, qui lui demandoit un sauf-conduit jusqu'à la mer, pour aller en Angleterre: «Nous vous en donnerons un volontiers pour tout notre propre royaume; mais si par hasard vous tombez entre les mains d'Eustache le Moine, ou des autres hommes de Louis qui gardent les bords de la mer, et que quelque malheur vous arrive, ne nous l'imputez pas8.»
En 1215, Philippe-Auguste envoya aux [Pg x] barons anglois révoltés contre le roi Jean des machines de guerre par Eustache le Moine9.
C'est encore par Eustache que fut rassemblée à Calais la flotte qui porta en Angleterre les vengeurs d'Arthur de Bretagne10.
Nous ne ferons pas ici le récit de la guerre que la mort de ce jeune et malheureux prince suscita contre le roi Jean; l'histoire en est trop connue, nous nous bornerons à rapporter le passage de Mathieu Paris, ou plutôt de Roger de Wendower, dont il a presque partout copié mot pour mot l'ouvrage, et ceux des autres chroniqueurs qui concernent le combat naval où Eustache perdit la vie:
«Le jour de l'apôtre saint Barthélemy (le 24 août 1217), dit le moine de Saint-Alban, la flotte Françoise fut confiée à Eustache le Moine, homme couvert de crimes, afin qu'il la conduisît sans male encontre à la ville de Londres, et la remît en bon état au prince Louis. Les soldats susdits s'étant en conséquence mis en mer eurent un vent arrière qui les poussoit violemment vers l'Angleterre; mais ils n'avoient aucune connoissance des embûches qu'on leur avoit dressées. Ils [Pg xj] avoient donc parcouru une grande partie de leur route lorsqu'ils rencontrèrent les corsaires du roi d'Angleterre qui venoient obliquement. Ceux-ci voyant que leurs adversaires avoient quatre grands navires et un nombre plus considérable de petits et de barques armées, redoutèrent d'engager un combat naval avec le peu qu'ils en avoient; car, tant barques que vaisseaux d'autre espèce, la totalité des leurs, bien comptée, n'excédoit pas quarante; mais enfin, animés par le souvenir de ce qui étoit arrivé à Lincoln, où un petit nombre avoit triomphé d'un plus grand11, ils s'élancèrent hardiment sur les derrières de l'ennemi. Les François à leur aspect coururent aux armes et résistèrent à leurs adversaires sinon avec avantage tout au moins avec valeur. Philippe d'Aubigny et les frondeurs avec les archers, lançant au travers des François des traits mortels, firent en très peu de temps un grand carnage de ceux qui leur résistoient. Les Anglois avoient en outre des barques armées d'un éperon de fer avec lequel ils perforoient les navires de leurs adversaires; de cette manière ils en coulèrent bas un grand nombre en [Pg xij] un moment. Ils avoient aussi de la chaux vive réduite en poudre subtile qu'ils lançoient en l'air et que le vent portoit dans les yeux des François qu'elle aveugloit. La mêlée devint très chaude; mais ceux des François qui n'avoient point l'habitude de se battre en mer furent bientôt mis hors de combat, car les Anglois, guerriers et exercés dans les combats de mer comme ils le sont, les perçoient de traits et de flêches, les perforoient à coups de lance, les égorgeoient avec leurs poignards et leurs épées, ou crevoient les nefs ennemies, et submergeoient ceux qu'elles portoient. Ces malheureux étoient en outre aveuglés par la chaux et n'avoient ni l'espoir d'être secourus ni la possibilité de fuir. C'est ce qui fit que plusieurs, craignant d'être pris vivans par leurs ennemis se précipitèrent de leur propre mouvement dans les flots de la mer, aimant mieux mourir que d'être en proie au caprice et à la volonté de leurs adversaires, selon cette maxime de Sénèque: mourir par la volonté d'un ennemi, c'est mourir deux fois. Tous ceux qui étoient restés vivans parmi les François les plus nobles ayant été pris, les Anglois victorieux [Pg xiij] attachèrent tous les vaisseaux conquis avec des câbles et revinrent à Douvres pleins de joie et louant Dieu dans ses œuvres. Les soldats du château voyant un effet imprévu de la Providence sortirent à la rencontre des Anglois et serrèrent de liens plus étroits les malheureux François. Parmi les autres l'on trouva à fond de cale et dans la sentine d'un navire Eustache le Moine, traître au roi d'Angleterre et pirate très-méchant, qui avoit été long-temps cherché et que l'on désiroit beaucoup trouver. Quand celui-ci se sentit pris, il offrit pour avoir saufs sa vie et ses membres une somme d'argent inestimable, et promit une fidélité inviolable au roi d'Angleterre; mais Richard, bâtard du roi Jean, le saisit et lui dit: «Jamais, traître pervers, tu ne séduiras dorénavant qui que ce soit par tes promesses mensongères.» Après ces mots, il tira son glaive et coupa la tête à Eustache12.»
Un manuscrit de la Bibliothèque Cottonienne qui a été brûlé contenoit le même récit, mais avec plus de détails. Le voici:
«Hubert de Burgh ayant reçu quelques chevaliers choisis d'avance comme Henry de [Pg xiv] Turbeville et Richard Suard avec quelques autres, mais en petit nombre, monta sur le meilleur navire, suivi de quelques habiles marins des Cinq-Ports. Il avoit sous ses ordres environ seize navires bien armés, sans compter les barques qui les accompagnoient et dont le nombre montoit à vingt. Ils s'avancèrent hardiment en gouvernant obliquement comme s'ils vouloient aborder à Calais. Eustache le Moine, chef des François, voyant ceci se prit à dire: «Je sais que ces malheureux veulent s'emparer de Calais ainsi que des filoux; mais c'est en vain; car cette ville a été bien fortifiée.» Et voici que tout-à-coup les Anglois reconnoissant que le vent étoit tombé, tournèrent l'avant du navire, c'est-à-dire le lof, et comme le vent, de contraire, leur étoit devenu propice, ils se jetèrent sur l'ennemi avec ardeur. Ayant atteint les poupes de leurs adversaires, ils les tirèrent à eux avec des grapins qu'ils y lancèrent, et ils y entrèrent dans le plus grand nombre qu'ils purent. Là, armés de haches acérées, ils coupèrent les câbles et les antennes qui tenoient le mât, et la voile tomba étendue sur les François, [Pg xv] comme un filet sur des petits oiseaux. Alors il épargnèrent les plus nobles pour les garder en prison, et ils taillèrent les autres en pièces: parmi ces derniers, ils trouvèrent Eustache, qui avoit déguisé sa figure et s'étoit aussi caché dans une sentine. Ils l'en tirèrent et lui coupèrent la tête13. Lorsque Hubert, vainqueur par miracle, revint joyeux au rivage, il vit venir au-devant de lui tous les évêques accompagnés de l'armée et du peuple, et vêtus de leurs habits sacerdotaux, qui portoient des croix et des étendards, chantoient des hymnes solennels et louoient Dieu14.»
La chronique du chanoine anonyme de Laon, Nicolas Trivet, et, d'après lui, Thomas de Walsingham rapportant brièvement ces faits, ajoutent: «La tête d'Eustache fut portée sur une pique (ou un pieu) par toute l'Angleterre15.»
Les Annales du monastère de Waverley portent que quinze navires seulement de la flotte françoise parvinrent à s'échapper par la fuite. «Les auteurs de ce fait d'armes, ajoutent-elles, furent Richard fils du roi Jean et Hubert de Burgh, ainsi que les marins des [Pg xvi] Cinq-Ports qui n'avoient que dix-huit navires16.»
Dans les Gestes de Philippe-Auguste, par Guillaume le Breton, chapelain de ce prince, l'on trouve des détails qui diffèrent de ceux donnés par les autres historiens. On y lit ce qui suit: «Robert de Courtenai, cousin du roi, et plusieurs autres grands personnages rassemblèrent une armée, et s'embarquèrent pour secourir Louis. Pendant qu'ils étoient en pleine mer, ils aperçurent quelques navires en petit nombre qui venoient d'Angleterre et marchoient rapidement. Les ayant reconnus. Robert de Courtenai fit diriger sur eux le navire dans lequel il étoit, croyant qu'il pourroit s'en emparer facilement; mais il ne fut point suivi des vaisseaux de ses compagnons. Donc ce navire ayant attaqué seul quatre vaisseaux anglois, fut, dans un court espace de temps, vaincu et pris. Eustache surnommé le Moine, chevalier qui avoit fait ses preuves tant sur mer que sur terre, Drocon le clerc, qui revenoit à Rome, et une multitude d'autres qui furent pris dans le même navire, eurent la tête coupée17.»
Dans la chronique inédite du chanoine de [Pg xvij] Lanercost, dont le seul manuscrit qui me soit connu existe dans la bibliothèque Cottonienne, on lit après le récit de la bataille que Eustache archipirate des François, qui y fut tué avec une multitude innombrable d'autres, étoit un chevalier surnommé Mathieu18.
Mais la relation la plus curieuse de la dernière expédition d'Eustache et de sa mort est sans contredit celle qui se trouve dans un manuscrit de la bibliothèque Harléienne. La voici en entier:
«Arrivé d'Eustache le Moine avec plusieurs barons de France armés.
«Cette même année, le jour de l'apôtre saint Barthélemy, vint sur l'Angleterre, avec une grande flotte, vers la côte de Sandwich, un moine nommé Eustache, accompagné de plusieurs grands seigneurs françois qui espéroient fermement conquérir ce royaume, et pour cela ils se fioient plus en la malice de ce moine apostat qu'en leur propre force; car il étoit très-versé dans la magie. Et ils avoient une telle confiance dans ses promesses, d'après les prodiges qu'il leur avoit montrés dans leur pays, qu'ils amenèrent avec eux des femmes et des enfants, dont plusieurs au berceau, pour habiter l'Angleterre sur-le-champ. Et quand plusieurs de ces navires entrèrent dans le hâvre de Sandwich, on put les voir clairement tous excepté celui sur lequel étoit Eustache; car il avoit fait une telle conjuration qu'il ne pouvoit être vu de personne. Il n'apparut donc rien à l'endroit où ce vaisseau flottoit sinon de l'eau semblable [Pg xviij] au reste de la mer. Les gens de la ville furent excessivement effrayés de l'arrivée aussi imprévue de cette armée. Hors d'état de résister aux ennemis, ils mirent leur espoir en Dieu, et pleurant amèrement, ils le prièrent avec dévotion que pour l'amour de son apôtre saint Barthélemy, dont en ce jour la fête étoit célébrée solennellement dans sainte Église, il eût pitié d'eux et sauvât la terre des mains de l'ennemi qui survenoit. A ce propos ils firent vœu qu'ils élèveroient en l'honneur de saint Barthélemy une chapelle dans laquelle ils fonderoient à perpétuité une chaunterye, s'ils pouvoient remporter la victoire sur leurs ennemis. Il y avoit alors dans la ville un homme nommé Étienne Crabbe, qui autrefois avoit été très-intime avec le moine Eustache susnommé; et celui-ci l'aimoit tant qu'il lui avoit enseigné plusieurs pratiques de la magie qu'il connoissoit trop bien. Crabbe étant dans la ville parmi plusieurs autres personnes en armes, et entendant les cris lamentables du peuple, dit aux principaux de la commune: «Si maintenant Dieu n'a pitié de nous, le port de Sandwich si renommé jusqu'à ce jour, sera envahi et la terre perdue; mais pour qu'on ne puisse pas dans l'avenir reprocher à notre postérité qu'un tel déshonneur soit arrivé au royaume par l'entrée de cette ville, je donnerai volontiers ma vie pour sauver l'honneur du pays; car Eustache, ce capitaine ennemi qui vient de survenir, ne pourra être vu de personne sinon de celui qui connoît la magie, et j'ai appris de lui cet enchantement. Je donnerai donc aujourd'hui ma vie pour le salut de cette terre; car, aussitôt entré dans son navire, je ne pourrai éviter la mort, à cause du nombre de personnes qui sont avec lui.» Sur ce, Étienne s'embarqua dans un des trois vaisseaux qui, seuls, s'apprêtèrent à défendre la ville contre la grande flotte, et lorsqu'il approcha du navire à bord duquel étoit Eustache, il sauta[Pg xix] hors du sien et entra dans celui du Moine; mais tous ceux qui le virent se tenir et combattre sur l'eau, sans savoir avec qui, pensoient et disoient qu'il avoit perdu le sens ou que l'esprit malin leur apparoissoit sous sa forme. Là il coupa la tête à Eustache, et alors tout le monde vit clairement le navire, qui, pendant la vie de ce Moine apostat, étoit tout invisible. Et cet Étienne fut tout de suite tué, horriblement mutilé et jeté par petits morceaux hors du bord. Alors vint de terre une raffale qui, en plusieurs endroits, arracha les arbres et renversa les maisons. Elle entra dans le hâvre et, à l'instant même, elle fit sombrer les vaisseaux ennemis; mais elle ne causa aucun mal ni incommodité à ceux de la ville qui défendoient le pays, si ce n'est une grande frayeur à ceux qui les montoient. Les Anglois disoient que tous les ennemis périrent par le signe d'un homme qui leur apparut en l'air revêtu d'habits vermeils; et ceux qui le virent commencèrent à s'écrier: «Saint Barthélemy, ayez pitié de nous et secourez-nous contre les ennemis qui sont survenus.» Alors ils entendirent une voix qui ne prononçoit que ces paroles: «Je m'appelle Barthélemy, je suis mandé pour vous aider. Vous n'avez rien à craindre des ennemis.» A ces mots il disparut, on ne le vit plus, et l'on n'entendit plus la voix. Celui qui se fie sur la malice peut, pour savoir définitivement ce qu'elle vaut, prendre exemple sur ce grand magicien.»
De l'hôpital de Saint-Barthélemy, fondé près de Sandwich.
«Après que ceux de Sandwich eurent ainsi remporté la victoire sur Eustache et les ennemis, ils achetèrent, aux frais de la commune, un emplacement non loin de la ville, et ils y firent construire une chapelle dédiée à saint Barthélemy. Ils élevèrent des maisons contiguës pour les vieillards de l'un et de l'autre sexe de la ville auxquels il [Pg xx] arriveroit de tomber dans la pauvreté, et ils achetèrent des terres et des rentes à cet hôpital pour sustenter perpétuellement les pauvres âgés qui y demeuroient, et entretenir dévotement la chaunterye. En outre, ils arrêtèrent entre eux que, chaque année, la commune s'assembleroit dans la ville de Sandwich, le jour de la Saint-Barthélemy, et qu'ils feroient une procession solennelle à l'hôpital susdit, chacun un cierge à la main19.»
Tous ces passages et une foule d'autres que nous ne consignons pas ici vu qu'ils répètent ceux que nous avons cru devoir donner20, prouvent que c'est à Eustache le Moine que nous devons rapporter un passage qui se trouve dans les chroniques de Walter d'Hemingford:
«Dans les premiers temps du règne d'Henry III, dit cet historien, il y avoit un certain tyran d'Espagne surnommé le Moine. Ayant déjà conquis beaucoup de butin, et réduit sous son obéissance une foule de lieux, il aspira enfin à la conquête du royaume d'Angleterre. Il demanda aux siens quelle terre c'étoit, et quel roi elle avoit, et ceux-ci lui ayant répondu que cette terre étoit excellente et que son roi étoit un petit enfant, il répliqua à l'instant: «Il est plus convenable qu'un enfant soit gouverné que de [Pg xxi] gouverner. Comment peut gouverner celui qui a besoin d'être gouverné lui-même? marchons donc et déposons-le.» Aussitôt ayant rassemblé une grande flotte, une armée nombreuse et une quantité immense de munitions, il se dirigea vers l'Angleterre; et voilà que, comme il étoit en mer encore loin du rivage anglois, les mariniers des ports sachant qu'il devoit arriver, et épouvantés par le mal qu'ils avoient entendu dire au sujet de cet homme, se tinrent en eux cette conversation: «Si ce tyran débarque, il dévastera tout, parce que le pays n'a pas été fortifié d'avance, et que le roi avec son armée est loin d'ici. Plaçons donc nos destinées entre nos mains, et attaquons les ennemis pendant qu'ils sont encore en mer: leur courage est petit et le secours nous viendra d'en haut.» L'un d'eux dont la parole avoit du crédit sur les autres reprit et dit: «Y a-t-il quelqu'un de vous qui soit prêt à mourir pour l'Angleterre?—Me voici! s'écria l'un d'eux. Prends une hache, reprit le premier, et si tu nous vois aborder le navire du tyran, monte aussitôt au mât de son navire, et abats l'étendard qui flotte à son extrémité: [Pg xxij] de cette manière, les autres vaisseaux n'ayant plus de chef qui les précède seront dispersés et périront.» C'est pourquoi ils s'embarquèrent en toute hâte, et, ayant déployé leurs voiles au vent, ils s'élancèrent avec une impétuosité indicible sur leurs ennemis, et le Seigneur les leur livra. Puis après en avoir submergé et massacré un grand nombre, ils revinrent pleins de joie et chargés d'un butin considérable21.»
Nous le répétons, le tyrannus ex Hispania nommé dans ce passage nous paroît devoir être incontestablement le même qu'Eustache le Moine qui n'étoit point Espagnol, mais qui, selon notre roman où l'opinion populaire de l'époque est probablement exprimée, étoit allé en Espagne pour apprendre la magie.
Il falloit que la terreur inspirée par Eustache fût bien grande; car il est peu d'hommes qui ait été désigné par des épithètes aussi flétrissantes que celle que lui donnent les chroniqueurs contemporains. Sans parler de celles qu'on a déjà pu voir dans les passages cités, nous ferons remarquer qu'il est appelé vir flagitiosissimus, proditor regis Angliæ [Pg xxiij] et pirata nequissimus, prædo, par Barthélemy Cotton. Roger de Hoveden dit que Eustache nunc ad hos, nunc ad illos, ut fortuna ferebat, divertens a multis retro diebus mare illud et littora tam cismarina quam transmarina plurimum turbaverat, insulas etiam nonnullas plerumque occupaverat; enfin Nicolas Trivet et Thomas de Walsingham le désignent ainsi: Eustachius quondam, ut fertur, monachus, qui, ut decebat apostatam, suam ostendens inconstantiam, sæpe de uno rege transiit ad alium et tanquam de monacho factus dæmoniacus, dolo et perfidia plenus fuit.
Le souvenir de l'expédition d'Eustache et de sa mort s'est conservé long-temps en Angleterre; en effet, il y est fait allusion par un anonyme dans une pièce de vers sur la trahison et le supplice de Thomas de Turbeville, qui paroît avoir été composée dans les cinq dernières années du 13e siècle22.
Maintenant laissons Eustache le Moine pour nous occuper de l'ouvrage qui retrace ses aventures vraies ou supposées. Il ne se trouve que dans le manuscrit de la Bibliothèque Royale, no 7595, folio CCCXXIII, vo, [Pg xxiv] col. 123. Il est anonyme, mais la connoissance des localités et des familles du Boulonnois ainsi qu'une foule d'autres circonstances nous donnent à penser que si son auteur n'étoit pas né dans cette province, tout au moins, il y habitoit ou en étoit voisin. Cette dernière supposition jointe au renseignement incomplet que nous fournit le vers 2xxiij7, à l'élégante versification du poëme et au talent narratif qui y est déployé nous induit à croire que son auteur est le roi Adam ou Adenès à qui nous devons tant de beaux poëmes. Dans tous les cas, le Roman d'Eustache le Moine ne seroit pas son moindre titre de gloire.
Quant à sa composition, il résulte évidemment des vers 1297 et 2253 d'une part, et de l'autre, de la date marquée à la fin du Roman de la Violette, contenu dans le Ms. 7595, que l'époque en doit être placée entre 1223, année de l'avénement de Louis VIII au trône de France, et 1284. Or, cet intervalle est précisément celui pendant lequel florit le menestrel d'Henri III, duc de Brabant, Adam-le-Roi.
1 «Witasse-le-Moyne...., peut-être Robert Wace, qui mit en rimes françoises le Brut d'Angleterre, etc.» (Bibliothèque Protypographique, Paris, Treuttel et Würtz, 1830, in-4o, index alphabétique, p. 44, col. 1.)
2 Ad præceptum ejusdem comitis Boloniæ Reinaldi, in expeditione regis Franciæ Philippi contra Joannem Anglorum regem in Normannia apud Radepontem commorantis, Eustacius Monachus de cohorte sive de cursu Boloniæ tunc senescallus populum Mercuritici territorii, tam equites quam pedites, convocavit, etc.—Recueil des Historiens des Gaules et de la France, tome XVIII, p. 587, D. Comparez ce passage avec le vers 374, page 14 du présent volume.
3 Literæ de homagio per Reginaldum Boloniæ comitem Joanni Angliæ regi præstando contra Philippum Francorum regem. Recueil de Rymer, 2e édition, tome I, p. 50; et Recueil des Historiens des Gaules et de la France, tome XVII, p. 88. Il y est appelé Eustache de Moines. Dans la dernière édition du Recueil de Rymer, édition, nous avons honte de le dire, moins correcte que les précédentes, cette charte se trouve dans le vol. I, part. 1, Londini, [Pg xxvi] 1816, in-fol., p. 105, et Eustache y est surnommé de Moine; mais ce dernier nom a été mal écrit. L'original, que nous sommes allé voir exprès à la Tour de Londres, où il est coté Rot. Cart. (et non claus.) 14. Joh. M. 7, porte Eustach' Le Moine. La faute commise par les éditeurs de Rymer a été répétée par M. Richard Thomson, qui rapporte le combat où Eustache fut tué, et l'appelle Lord Eustace de Moyne. Voyez an Historical Essay on the Magna Charta of King John: etc. London: printed for John Major, etc. M. DCCCXXIX, in-8o, p. 523.
4 Paris, Debure, M. DCC. LXVI, in-4o, tome I, p. 633, note (a). L'auteur y rapporte la mort d'Eustache, et cite l'Hist. nav. d'Anglet., tome I, p. 59, ex notis.
5 Erat autem ille (Eustachius) natione Flandrensis5a, qui pro hæreditate prosequenda, fratribus suis sine liberis præmortuis5b, relicto habitu et ordine suo apostataverat; et existens pirata et piratarum magister, multis damnosus fuit et cruentus5c: sed tandem, prædo præda factus, fructus collegit viarum suarum.—Recueil des Historiens des Gaules et de la France, tome XVII, p. 741, note (a), col. 2.
5a Le Ms. du Musée Britannique, Bibliothèque Royale, no 14. c. VII, ajoute: Et aliquandiu habitum religionis portavit, sed pro, etc.
5b Le Ms. Cottonien, Claudius D. VI, porte: Fratre suo sine liberis premortuo.
5c Le Ms. Cotton, Claudius, D. VI, et celui de la Bibliothèque Royale (Musée Britannique) ajoutent: Predis indulsit et rapinis.
6 Item de insulis sic fiet: dominus Ludovicus mittet litteras suas patentes fratribus Eustachii Monachi, præcipiens quod illas reddant domino Henrico regi Angliæ, et nisi[Pg xxvij] illas reddiderint, distringet illos dominus Ludovicus, pro legale posse suo, per feoda, et per terras eorum, quæ de feodo suo movent, ad illas reddendas; et, si hæc facere noluerint, sint extrâ pacem istam.—Fædera, conventiones, litteræ et cujuscunque generis acta publica, vol. I, part 1. Londini, 1816, in-fol., p. 148, col. 1; et Recueil des Historiens des Gaules et de la France, tome XVII, p. 111, E.
7 Rex, Angero de Sandwico, etc. Mandamus tibi quod denarios quos Eustachius le Moyne et homines justicie arestaverunt, quos habes in custodia, liberes dilecto nostro W. archidiacono Tantoniensi, custodiendos, quia mandavimus ei quod illos a te recipiat. Teste me ipso, apud Gillingeham xiij. die novembris. Per Philippum de Lucy (A. D. 1205, anno 7o Joannis).—Rotuli litterarum clausarum in Turri Londinensi asservati, accurante Thomas Duffus Hardy. vol. I, ab anno MCCIV. ad annum MCCXXIV. printed by command of his Majesty William IV. Under the direction of the commissioners on the public records of the kingdom. (Londini) MDCCCXXXIII, in-fol., p. 57.
Mandatum est W. archidiacono Tottoniensi quod denarios quos Eustachius le Moyne et homines justicie arrestaverunt, quos Angerus de Sandwico habet in custodia, capiatis ab eodem Angero custodiendos, in manu domini regis, quia mandatum est ipsi Angero quod illos eidem W, liberet.—(A la suite de la précédente, au bas de la col. 1.)
Rex, vicecomiti Norfolcie, etc. Scias quod dedimus respectum Eustachio Monacho de XXti marcas quas nobis debet usque ad festum sancti Andree, et ideo tibi mandamus quod demandam quam ei inde facis ponas in respectum usque ad predictum festum; duas autem marcatas7a terre [Pg xxviij] unde idem Eustachius saisitus fuit in balliva tua et quam cepisti in manum nostram ipsum in pace habere permittas quamdiu fuerit ad presens in servicio nostro, et quamdiu nobis placuerit. T. G. filio Petri, apud Westmonasterium .xiij. die octobris, per eundem coram barones de Scaccario. (A. D. 1212, an. 14o Johann.) Close Rolls, t. I, p. 126, col. 1.
Rex, constabulario castri Porcestrie, salutem. Mandamus tibi quod milites et fratrem Eustachium Monachum, quos homines Philippi de Albiniaco duxerunt usque Porecestriam, salvo custodias in castro predicto, eodem modo videlicet quod inde velis et debeas respondere, et invenias eis ad commedendum de suo quamdiu habuerunt unde hoc fieri possit. Et si voluerunt, invenias eis nuncium unum ad eundum ad amicos suos qui eis necessaria inveniant. Servientes autem .xiij. qui præter predictos adducti sunt liberes vicecomiti Sudhamptoniensi ducendos usque Wintoniam, sicut ei mandavimus. Teste, me ipso, apud Sanctum-Edmundum .iiij. die novembris. (A. D. 1214, an. 16o Johann.) Close Rolls, t. I, p. 177, col. 1.
Mandatum est vicecomiti Norfolcie quod faciat habere Willelmo de Cuntes terram que fuit Eustachio Monacho in Swafham, que est de honore Britannie, quam dominus Rex ei concessit. Teste, me ipso, apud Lincolniam .xxiij. die februarii. (A. D. 1216, an. 17o Johann.) Close Rolls, vol. I, p. 248, col. 2.
On ne trouve aucune mention d'Eustache dans le Registrum honoris de Richmond (a Rogerio Gale). Londini: impensis R. Gosling, MDCCXXII, in-fol., ni dans la notice [Pg xxix] sur Swaffham, qu'on lit dans an Essay towards a topographical history of the county of Norfolk, by Francis Blomefield and Charles Parkin, etc., volume III, Lynn: printed and sold by W. Whittingham... 1769, in-fol., p. 496.
7a Marquée, étendue de terre du revenu d'un marc d'or ou d'argent. Voyez le Glossaire de Du Cange aux mots MARCATA TERRÆ, MARCHATA TERRÆ, MARCATA; et le Supplément de D. Carpentier, aux mots MARCATA et MERCHATA.
8 «Per terram nostram propriam conductum libenter præstabo; sed si forte incideris in manus Eustachii Monachi, vel aliorum hominum Ludovici, qui custodiunt semitas maris; non mihi imputes, si quid sinistri tibi contingat.»—Matthæi Paris Historia major, ed. Guil. Wats. Lond., Richard Hodgkinson, 1640, in-fol., tome I, p. 281, ligne 41; et Recueil des Historiens des Gaules et de la France, tome XVII, p. 721, E.
9 His ita se habentibus, rex Francorum per literas de constantia hortatur et unanimi concordia et virili instantia, promittens eis suppetias quantùm, salvis treugis quæ inter ipsum et regem Johannem erant, eis subministrare poterat. Spondet quoque quod neminem de omni potestate sua permittet venire in auxilium regis contra barones; machinas etiam suas bellicas per Eustachium Monachum eis transmisit, etc.—Ex Radulphi Coggeshale abbatis Chronico Anglicano. (Recueil des Historiens des Gaules et de la France, vol. XVIII, p. 108, ligne 9.)
10 Venientes igitur universi (Ludovicus ac sui) ad Caleis portum, invenerunt ibi sexcentas naves, et quater viginti coggas bene paratas; quas Eustachius Monachus contra adventum Ludovici ibidem congregaverat.—Recueil des Hist. des Gaules, etc., tome XVII, p. 722, B.
Ludovicus, filius Philippi regis Franciæ, transmisit a Calesia, ubi in ejus adventum dictus Monachus 600 naves [Pg xxx] et 80 coggas bene paraverat, ad Thanet in Cantia.—Ex historia Gervasii monachi ecclesiæ Christi Cantuariæ. (Johannis Lelandi Collectanea, tome I, part. 1, p. 265.)
11 Combat où les barons rebelles et les François ligués avec eux furent vaincus. Il eut lieu dans la semaine de la Pentecôte de l'an 1217. Il y a dans l'Archæologia, vol. VIII, p. 195-208, un mémoire curieux par le Rev. Samuel Pegge, intitulé a circumstantial Detail of the Battle of Lincoln, A. D. 1217, Henry III. Dans le volume XXII, p. 426-428 de la même collection, on trouve la gravure du sceau de Louis et une charte latine de ce prince, datée du siége d'Hertford, le 21 novembre 1216, par laquelle il donne à William de Huntingfeld, pour son hommage et service, la ville de Grimesby, etc.
12 Igitur in die apostoli sancti Bartholomæi, classis Francorum Eustachio Monacho viro flagitiosissimo commissa est: ut eam sub salvo conductu ad urbem Londoniarum conduceret et integram Ludovico præsentaret. Ingressi itaque mare milites supradicti, habuerunt a tergo flatum turgidum, qui eos versùs Angliam vehementer urgebat; sed insidias paratas sibi penitùs ignorabant. Cum itaque rapido volatu multam maris viam emensi fuissent, piratæ regis Angliæ ex obliquo venientes, recensentes in parte adversa naves quater-viginti magnas, et plures de minoribus et galeis armatis bene timuerunt bellum conserere navale cum navibus paucis, quæ inter galeias et naves alias numerum quadragenarium non excesserunt, computatis omnibus: sed tandem de casu, qui apud Lincolniam acciderat, in quo pauci de multis triumpharunt, animati, audacter a tergo irruerunt in hostes. Quod cum Francigenæ [Pg xxxi] cognoverunt, ad arma prosiliunt: et hostibus viriliter, licet non utiliter, restiterunt. Philippus quoque de Albeneio et balistarii cum sagittariis, inter Francos tela mortifera dirigentes innumeram ex obstantibus in brevi stragem fecerunt. Habuerunt præterea galeias ferro rostratas, quibus naves adversariorum perforantes, multos in momento submerserunt. Calcem quoque vivam et in pulverem subtilem redactam, in altum projicientes, vento illam ferente. Francorum oculos excæcaverunt. Fit gravissimus inter partes conflictus: sed pars Francorum quorum usus non fuerat prælium navale conserere in brevi erat funditus infirmata. Nam ab Anglis bellatoribus et in marino prælio eruditis, telis confodiebantur et sagittis, lanceis perfodiebantur, cultellis jugulabantur, gladiis trucidabantur, navibus perforatis mergebantur, calce cæcabantur, spes auxilii et succursus penitus evacuabatur, fuga non patebat: unde multi, ne caperentur ab hostibus vivi, sese sponte in maris fluctibus projecerunt, eligentes potius mori, quam arbitrio et voluntate adversariorum tractari, secundum illud Senecæ: Arbitrio inimici mori, est bis mori. Omnibus igitur subjugatis, qui vivi remanserant ex nobilioribus Francigenis, victores Angli naves omnibus viribus obtentas, funibus colligabant atque cum lætissima victoria versus Doveram æquora sulcantes, Deum in suis operibus collaudabant. Videntes ergo milites castelli inopinatam Dei virtutem, exierunt obviam venientibus Anglis: atque Gallos infelices vinculis arctioribus constrinxerunt. Inter cæteros autem, de fundo et sentina cujusdam navis extractus est, diu quæsitus, et multum desideratas Eustachius Monachus, proditor regis Angliæ et pirata nequissimus. Qui cum se deprehensum cognovisset, obtulit pro vita sua et membris inestimabilem pecuniæ quantitatem: et quod de cætero sub rege Anglorum fideliter militaret. [Pg xxxij] Quem arripiens Richardus, filius regis Johannis nothus12a, ait: «Nunquam de cætero falsis tuis promissionibus quemquam in hoc sæculo seduces, proditor nequissime;» et sic educto gladio caput ejus amputavit.—Matthæi Paris Historia major, ed. cit., p. 298, ligne 15, ou édit. de Paris, M. DC. XLIV, in-fol., p. 206, col. 1, F; et Recueil des Historiens des Gaules et de la France, tome XVII, p. 740, B, et suiv. Au bas de la page qui contient ce récit, on trouve dans le Ms. Cotton., Nero, D. V., fol. 214, une représentation au trait de ce combat naval: notre ami M. Dudley Costello l'a reproduite avec une fidélité étonnante dans l'eau-forte qui est en regard du frontispice de ce volume. Il existe aussi dans un manuscrit de l'Historia major, conservé dans la bibliothèque du Corpus Christi College, à Cambridge, sous le no C. V. XVI, une illustration presque semblable: elle est gravée dans le Horda Angel-Cynnan, etc., de Joseph Strutt. London: printed for the author. MDCCLXXIV-VI, 3 vol. in-4o, planche XXXI12b. Ce dernier ouvrage, comme on le sait, a été traduit en français par M. B*** (Boulard), et publié [Pg xxxiij] sous le titre d'Angleterre ancienne, etc. A Paris, chez Maradan, M. DCC. LXXXIX, 2 vol. in-4o, dont le second contient les planches de l'édition angloise.
12a Le Ms. Royal, marqué 14. C. VII, dans lequel, en cet endroit, le texte est combiné avec la variante rapportée dans la note 14, porte: Quem quidam ex Anglis truculenter arripiens ait, etc.—Fol. 103, vo, col. 1, ligne 5.
12b Dans cette planche, on aperçoit sur le vaisseau d'Eustache quatre étendards dont nous n'avons pu blasonner les armoiries, au reste, fort simples, et qui ne sont probablement que le fruit de l'imagination du vieil artiste. L'un d'eux, le premier vers la proue, porte trois croissants: seroit-ce à croire que l'auteur de ce dessin a voulu faire allusion au séjour d'Eustache parmi les Maures de Tolède, et a pensé qu'il avoit embrassé le mahométisme? Cependant, cette dernière imputation n'a point été élevée sur le compte de notre héros; et si, dans les chroniques, il est appelé apostat, c'est uniquement pour être entré en commerce avec le diable et avoir déserté le cloître.
13 Ici se trouve un passage que nous avons rapporté plus haut, note 5.
14 Acceptis igitur secum præelectis militibus, videlicet Henrico de Turbevilla et Richardo Suard cum quibusdam aliis, sed paucis, optimam navem intravit habens secum quosdam de Quinque-Portubus maris peritos. Erant autem nutui suo circiter XVI naves benè communitæ, sine naviculis commitantibus, quæ ad XX sunt recensitæ. Perrexerunt igitur audacter, obliquando tamen dracenam, id est, loof14a, ac si vellent adire Calesiam. Quod cùm vidisset [Pg xxxiv] Eustachius Monachus dux Francorum, ait: «Scio quod hi miseri cogitant Calesiam quasi latrunculi invadere, sed frustrà; benè enim præmuniuntur.» Et ecce Angli subitò, cùm comperissent ventum exhausisse, versâ dracenâ ex transverso vento jàm eis secundo, irruerunt in hostes alacriter, et cùm attigissent puppes adversariorum, uncis14b injectis, attraxerunt eas ad se, et intrantes quantociùs, securibus præacutis præciderunt rudentes et antennas malum supportantes, et cecidit velum expansum super Francos ad instar retis super aviculas irretitas, et nobilioribus parcendo incarcerandis, in frusta cæteros detruncabant: inter quos Eustachium, qui se defiguraverat, quem etiam in sentina invenerunt latitantem, extraxerunt et decollaverunt.... Cum autem Hubertus victor miraculosus ad littus lætus pervenisset, perrexerunt ei obviam omnes episcopi qui erant cum militia et populo, sacris induti vestibus, cum crucibus et vexillis, cantantes solemniter et Deum collaudantes.—Recueil des Historiens des Gaules et de la France, tome XVII, p. 741, note (a), et variantes lectiones à la fin des deux éditions citées de l'Historia major.
14a Le Ms. Cotton., Claudius, D. VI, qui contient ce même passage avec quelques variantes uniquement de mots, porte dracenam que vulgariter dicitur lofa.—Fol. 49, vo, col. 2, ligne 7.
(Fragment d'un Roman de Tristan, appartenant à feu M. Francis Douce, fol. 11, ro, col. 1, v. 1583.)
Vien du lo.—Pantagruel, chap. XXII, liv. IV, fin de la tempeste. Ce mot n'a pas été expliqué par le Duchat.
«Loof (partie de l'avant du vaisseau, appelée aussi en françois le lof du vaisseau, Fr.), the after part of a ship's bow; or that part of her side forward where the planks begin to be incurvated as they approach the stem: hence, the guns which lie here are called loof-pieces.» (A new universal dictionary of the Marine; etc., by W. Falconer, W. Burney's edition, London, printed for T. Cadel and W. Davies, 1815, in-4o, p. 245, col. 2.)
14b Le Ms. Royal, 14. c. VII ajoute et anchoris; ce qui se rapporte davantage avec la gravure que nous donnons en tête de ce volume.
15 Recueil des Historiens des Gaules, etc., tome XVIII, p. 719, E; Annales de Trivet, Oxford, 1719, in-8o, tome I, p. 169. Le passage de Trivet a été copié mot pour mot par Thomas de Walsingham, Ypodigma Neustriæ, etc. [Pg xxxv] Londini, in ædibus Joannis Daij, 1574, in-fol., p. 57, ligne 13.
16 Vigilia sancti Bartholomæi apostoli, x kal. septembris. Eustachius cognomento Monachus, cum multis aliis in mari decapitatus est, et decem magnates cum pluribus nobilibus capti sunt, et omnes naves hostium ferè centum quæ ibi erant, aut captæ sunt, aut submersæ, quindecim tantum de omni navigio fuga elapsis. Auctores hujus facti fuerunt Richardus, filius Johannis regis et Hubertus de Burgo, et nautæ Quinque-Portuum cum XVIII navibus tantum.—Recueil des Historiens des Gaules, etc., t. XVIII, p. 205, E.
17 Robertus de Corteneïo, cognatus regis, et multi alii magni viri, collecto exercitu, mare ingressi sunt ut succurerent Ludovico. Dum autem essent in medio mari, compererunt paucas naves levi cursu de Anglia venientes; quibus compertis, fecit Robertus de Corteneïo navem in qua erat, dirigi ad eas, credens de facili eas occupare posse. Naves autem aliorum sociorum ipsius non sunt secutæ eum. Sola ergo navis, congressa quatuor navibus anglicis, in brevi superata et capta est, et Eustachius cognomento Monachus, miles tam mari quàm terrâ probatissimus, et Droco Romam rediens clericus, et multi alii qui in eadem navi capti fuerunt, decollati sunt, etc.—Recueil des Historiens des Gaules, etc., tome XVII, p. 111, B.
C'est aussi ce que dit l'auteur de la chronique du monastère de Mortemer, qui rapporte ce combat en quelques lignes. La chronique de Rouen se contente de dire que Robert de Courtenai fut pris avec Guillaume de Barres et une foule d'autres, ajoutant qu'Eustache le Moine fut décapité. Voyez le Recueil des Historiens des Gaules, etc., tome XVIII, p. 356, B, et p. 361, D.
[Pg xxxvi]18 Franci verò in manu valida et navium multitudine copiosa venientes vice prima in medio maris victoriam adepti optatum litus possederunt; sed vice versâ a domino disponente congregatis undique nautis iterum in medio maris ad invicem obviantes congressione facta Angli victoriam obtinuerunt et archipiratam Francorum Eustachium Monachum18a militem quemdam cognomine Matheum appellatum cum aliis innumeris occiderunt. (Cod. Cott. Claudius, D. vii, fol. 176, vo, col. 1, ligne 3618b.)
18a Dans le Ms. ce mot est biffé, et chaque lettre a sous elle un ou plusieurs points; ce qui, dans les Mss., indique nullité.
18b Quand nous avons dit qu'il n'existoit qu'un seul Ms. de cette chronique, nous n'avons pas entendu parler de la copie faite sur papier dans le XVIIIe siècle, d'après ce même Ms., laquelle copie se conserve dans la Bibliothèque Harléienne, nos 3424 et 3425; ni de l'extrait écrit sur papier aussi par une main moderne, lequel se trouve dans le Ms. Harl., no 96, fol. 121-180.
19 Adventus Eustachii Monachi cum multis armatis de Francia proceribus.
Mémes cest an, le jur Seint Barthelmeu le apostole, sur Angleterre vint oue graunt navie en la costere de Sandwiz un moygne appellé Eustace, e en sa compaygnie plusurs grauns du poer de Fraunce, en seure esperaunce tost la tere avoyr cunquys plus par la queytitisesic de cel moygne apostota ke de lure force, kar trop de nigromaunce savoyt. Dunt se fièrent tuz tant en ces pramesses par la pruve des voydies ke mustré lur avoyt en lur pays, ke femmes et enfauns plusurs en lurs bers ovekes eus menèrent pur la tere tost enhabiter; e kaunt en la havene de Sandwiz vindrent plusurs de ceus neefs, ver les pout-hum apertement tuz hors pris cele neef ou dediens estoyt Eustace: sur cele de sa sorcerie taunt fest avoyt ke veuwe ne pout [Pg xxxvij] estre de nul humme. Si n'y apparust riens où cele neef estoyt flotaunte si nun soulement euwe ou remenaunt de la mer semblable. Dunt les gens de la vile de cel host sy sodeynement venu trop estoyent affrays; si n'avoyent lors poer as enemis rester suffisaunt, pur quey en Deu lur espoyr mistrent et amèrement lermauns de ly socur prièrent dévoutement ke pur l'amur sun apostle seint Barthelmeu, de ky cel jur en seinte Eglise estoyt feste mémorie sollempne, de eus en preist de sa pité mercy, e la tere sauvast du poer des enemis survenus. E sur ceo à ly vowèrent ke un chapele en le honur seint Barthelmeu leveroyent, en laquele perpetueument establir froyent une chaunterye en sun honur par ici ke des enemis la victorye avoir puysent. Si estoyt un home lors en la vile Estefne Crabbe appellé, lequel jadis du moygne avaunt dist Eustace munt estoyt privé et taunt cher le ama ke des queintises dunt trop savoyt plusurs cy enseyna. Dunt cil par my la vile entre autre passauns armés et la crie des gens pytouse oyaunt, as plus grauns de la commune dist: «Port de graunt honur taunt ke ensa ad ceste vile esté; mès si ore Deu de nous n'eyt pité defeste sera e la tere perdue; mès ke tel deshonour au réaume par my l'entrée de ceste vile ne aviegne en repruse de nostre saunc pur le tens à venir, ma vie huy pur le honur de la tere sauver duneray; quar cest enemy chief survenu Eustace veu de la gent ne purra estre sinun de celi ke cel art bien conust; mès jeo actun tens cele queyntise de ly apris. Si durrai cest jour ma vie pur la sauvatiun de ceste tere; quar la mort esturdre ne purroye kaunt sa neef entré serray, pur les grans gens ke ouekes ly sunt.» Sur ceo tauntost en une des troys neefs ke soulement cuntre la graunde navie venue se appareylèrent pur la vile défendre se mist cely Estefne; e cum à la neef où Eustace dediens estoyt approcha, hors de sa neef sallist, si entra la neef Eustace; [Pg xxxviij] mès quidoyent tute gent ke ly virent sur l'euwe estre e combatre ne savoyent à ky, sy dysoyent ke ses sens out perdu ou ke mal espirit en furme de ly à eus apparust. Si copa la testes ilukes de Eustace, e tauntost la neef à tote gent clerement apparust, ke, vivaunt cet moygne apostota, tote estoyt invisible. E fust cely Estevene hastivement ilukes occis e par pèces menues hors de la neef gettu, tut le cors horriblement demembré. E survint une rage de vent de par la tere ke en plusurs lyus les arbres fist aracer e les mesuns ausy reversa; si entra la havene e les nefs des enemys jà tuz sauns demure fist afundrer; mès à ceus de la vile ke la tere furent défendauns mal ne fist ne moleste, fors ke soulement de la pour ke en eurent trop estoyent tuz affrays. Si dysoient les Engloys ke les enemys tuz périrent par le signe de un humme ke en le heyr lur apparust tut ausi cum de vermayl revestu; e comencèrent à crier ceus ke le virent disaunt: «Seint Barthelmeu, de nous eyez mercy e socur nous facés des enemys survenus.» E tauntost une voiz oyrent cestes paroles soulement sonaunte: «Barthelmeu suy appellé; en eyde de vous maundé suy. Des enemys ne covient doter.» E s'envanist à cele parole; plus n'estoyt veu ne voiz oye.
¶ Dunt cum malice puyst valer finaument ke ent se fye, en cesti puys remirer ke trop savoyt nigremauncie.
De hospitali Sancti-Bartholomei juxtà Sandwicum fundato.
Puys kaunt en cele manère avoyent la gent de Sandwiz de Eustace e des enemis la victorie, tauntost une place ne gères loynz hors de la vile, as custages de la comune, purchacèrent e une chapele fesoyent lever, laquele fust dediée en le honur de seint Barthelmeu, e puys mesuns à cele joygnauns hi fesoyent plaunter pur hummes e femmes de la vile veez si par cas avenist en lur veilesse en povreté [Pg xxxix] chéir. Si purchacèrent teres e rentes à cel hospital pur perpetueument sustenir les veus povres en cel demeurauns e la chaunteryne dévoutement. E si ordinèrent entre eus ke chescun an se doyt la comune en la vile de Sandwiz assembler en le jur seint Barthelmeu e à l'avaunt-dist hospital lur processiun fere sollempne cirges portauns.—Ms, de la Bibliothèque Harléienne, sur vélin, du commencement du XIVe siècle, no 636, fol. 201, vo, col. 2. Ce Ms. contient une chronique d'Angleterre et principalement de Canterbury, depuis Brutus jusqu'à 1313, la 7e année du règne d'Edward II.
Cette histoire de la fondation de l'hôpital de Saint-Barthélemy, à Sandwich, n'est pas confirmée par les historiens du comté de Kent. Il fut établi, suivant les autorités rapportées par Tanner, par Thomas Crompthorn, esq., et Maud son épouse, qui étoit de la famille de Sandwich, vers l'an 1190, ou, selon Strype, dans la vie de l'archevêque Parker, p. 114, par sir John Sandwich. Voyez Notitia monastica; or, an account of all the abbies, priories, and houses of friers, formerly in England and Wales, etc, reprinted by James Nasmith. Cambridge: printed at the university press, by John Archdeacon, for John Nichols... MDCCLXXXVII. in-fol. L. II. Kent. 2. Le Monasticon Anglicanum (vol. VI, part. 2. London: printed for Joseph Harding... 1830, in-fol., p. 764, col. 2) attribue aussi sa fondation à Thomas Crompthorn, vers 1190; il n'y a que William Boys qui avoue qu'il est impossible de dire à quelle époque ou par qui cet hôpital fut commencé. «Il sembleroit, ajoute-t-il, si l'on en croit une bulle du pape Innocent IV, datée à Lyon, de la seconde année de son pontificat, que cet établissement fut fondé par sir Henry Sandwich, vers l'an 1244; mais il résulte évidemment des actes relatifs à cet hôpital qu'il commença plusieurs années [Pg xl] avant ce temps. La tradition et quelques manuscrits donnent le mérite de la première fondation à Thomas Crawthorne et à Maud sa femme, en l'an 1190;» mais Boys n'est pas de cette opinion: il est malheureux qu'il n'ait pas connu le récit que nous venons de rapporter. Voyez Collections for an history of Sandwich in Kent. With notices of the other Cinq-Ports and members, and of Richborough. By William Boys, esq. F. A. S. Canterbury: printed for the author by Simmons, Kirkby and Jones, MDCCCXCII (1792), in-4o, p. 1. La bulle dont nous avons parlé se trouve p. 22, appendix A.
20 Radulphi Coggeshale abbatis Chronicon Anglicanum.—Recueil des Historiens des Gaules, etc., tome XVIII, p. 113, ligne 5. Il y dit que la flotte commandée par un certain Eustache, autrefois moine, se composoit de soixante navires.
Bartholomæi Cottonis Chronicon, Codex cottonianus, Nero, c. V, fol. 190, ro.
Chronica de Mailros20a, recueil de Thomas Gale, tome I, p. 193.
Chronicon Henrici de Silegrave. Cotton. Ms. Cleopatra, A. XII, fol. 42, ro, col. 1. Cet auteur dit que les barons de France qui envahissoient l'Angleterre furent tués à Sandwich ainsi qu'Eustache le Moine (Stacius Monachus) qui étoit leur chef et leur prince.
Robert of Gloucester's Chronicle transcrib'd, and now [Pg xlj] first publish'd, from a Ms. in the Harleyan library by Thomas Hearne, M. A. Oxford, printed at the Theater, M. DCC. XXIV, 2 vol. in-8o, vol. II, p. 55. Notre héro y est appelé sir Eustas the Moine. Le Ms. du collége d'armes cité, note 10, même page, porte: de Moygne. Voyez ce Ms. coté LVIII, fol. 301, vo, vers 4. Dans le récit en prose que contient le même volume, on lit, fol. 289, ro, col. 1: Eustas icleped Stace the Monck.
Chronicon Johannis abbatis S. Petri de Burgo.—Historiæ Anglicanæ Scriptores Varii, e Codicibus Manuscriptis nunc primum editi (a Josepho Sparke). Londini: typis Gul. Bowyer. M. DCC. XXIIVsic, in-fol., p. 97. Eustache y est appelé pirata cruentus.
Chronicon londinense, Ms. des archives de la ville de Londres, dont il se trouve une copie dans le Ms. Harléien, no 690. Voyez cette dernière, fol. 23, vo.
Rogerii de Hoveden Annales per anonymum continuatæ.—Recueil des Historiens des Gaules, etc., tome XVIII, p. 184, D.
Chronique d'Angleterre, inédite et en françois, Ms. du Musée Britannique, Bibliothèque du Roi, 20. A. III, fol. 195, ro.
Les Anchiennes Cronicques d'Angleterre, par Jean de Waurin, Ms. de la Bibliothèque Royale, à Paris, nos 6746 et 6749, fol. CCLXVII, vo, col. 2.
Scala chronica, par Gray.—Joannis Lelandi Collectanea, tomi primi pars secunda, p. 356. L'auteur y dit, comme celui des chroniques de l'abbaye de Waverley, que quinze navires parvinrent à s'échapper.
Booke of chroniques in Peter College Library.—J. Lelandi Collectanea, tome I, 2e partie, p. 471.
Caxton's chronicle. Imprinted at London by Wynkyn de Worde, the yere of our lorde God. M. CCCCCC. et .XXVIIJ.[Pg xlij] the .ix. daye of Apryll, in-folio, fol. lxxxvii, v, col. 2.
A Chronicle of London, from 1089 to 1483, etc. (edit. by Nicholas Harris Nicolas), London: printed for Longman, etc. M. DCCC. XXVII, in-4o, p. 9.
The History of Great Britaine, etc., by John Speed. Imprinted at London, anno 1623, gr. in-fol., p. 521, col. 2, ligne 9. Il appelle notre pirate the ruffianly apostata, (who of a monke becoming a demoniacke), etc.
Annales, or, a general chronique of England: Begun by John Stow. Londini, impensis Richardi Meighen, 1631, in-fol., p. 177, col. 1.
Voyez aussi l'Histoire d'Angleterre de Larrey. Rotterdam, 1707, in-fol., part II, p. 890; celle de John Lingard. London, printed for J. Mawman, MDCCCXXIII, in-8o, tome III, p. 103, etc., etc.
Il est à remarquer que les historiens françois, ou ceux qui ont écrit sous l'influence de la France, ont évité de parler d'Eustache et même du combat naval dans lequel il succomba. Les Chroniques de Saint-Denis n'en disent pas un mot, et le moine de la même abbaye, continuateur de la chronique de Guillaume le Breton, s'exprime ainsi: «Rex Johannes, nimio terrore et timore perterritus, non multo post mortuus est. Barones Angliæ Henrico filio Johannis regis Angliæ statim adhæserunt, Ludovicum turpiter relinquentes, spreto moderamine juramenti quod ei fecerant. Comperta ab eo proditione Anglorum, Ludovicus rediit in Franciam.»—Recueil des Historiens des Gaules, etc., t. XVII, p. 114, B.
On lit dans une autre chronique, qui est inédite, ce qui suit:
¶ Et quant li rois Jehans vit que il perdoit ensi sa terre, si manda ses barons et lor cria merchi, et dit que il lor amenderoit à lor volenté et meteroit tout son règne [Pg xliij] en lor main, et toutes ses forteresches, et pour Dieu il euscent merchi de lui.
¶ Quant li baron le virent ensi humiliiet si lor en prist pités, et on dist piècha: Vrais cuer ne puet mentir et mult aime mieux son droit seignour que .j. estrange. Si prisent de lui le sairement que il s'amenderoit à lor volenté et meteroit tout son règne en lor mains, et furent bien saisis des forteresches et vinrent à monseignor Loeis et li disent: «Sire, sachiez de voir que nous ne porriemes plus sousfrir le damage nostre roi, quar il se vient amender envers nous, et bien sachiez que nous ne serons plus vostre aidant, anchois serons contre vous.»
¶ Quant mesire Loeys les entendi si fut molt courouchiés et lor dist: «Comment, biel seignour! dont m'avez-vous traï?» Et ils respondirent: «Il vient mult miex que nous vous falons de couvenant que nous laissons nostre seignour exillier et destruire; mais pour Dieu! r'alés-vous-ent, si ferez que sages; quar la demourée en ces païs ne vous est preus.»
¶ Quant mesire Loeys vit que autrement ne pooit estre, si fist atourner sa navie et s'en revint en France, et ne pot estre rassols dusques adont que li ostages fussent rendu.—Musée Britannique, addit. Ms. no 7103, fol. 62, vo; et Ms. de la Bibliothèque Royale, fonds de Sorbonne, no 454, fol. 15, col. 1.—Ce passage a été littéralement transcrit dans les Chroniques de Normandie, Musée Britannique, Royal Mss. 15. E. VI, fol. cccc. xlvij, ro, col. 1.
Enfin, voici ce qu'on lit dans l'ouvrage de l'Écossois Jean Mair, mort vers 1540:
... Et per idem tempus romanus legatus dictus Gualo Ludovicum et ei adhærentes excommunicavit: unde magnam Anglorum partem ab eo avertit, sic quod Ludovici [Pg xliv] pars multo inferior effecta est. Quocirca tractabatur de ejus in Gallias reditu, et pro impensis mille sterlingorum libris donatus, pacifice, et cum procerum magna societate ad mare associatus est.—Historia majoris Britanniæ, tam Angliæ quam Scotiæ, per Johannem Majorem, etc. Edimburgi, apud Robertum Fribarnium, M. DCC. XL. in-4o, p. 142.
20a Mon ami M. Joseph Stevenson, auquel je suis redevable d'un grand nombre de renseignements pour la présente publication, a actuellement sous presse, à Edimbourg, pour le Bannatyne club, une nouvelle édition de cette chronique que Gale n'a donnée que très-incorrectement. Le seul Ms. connu qui la contienne se trouve dans la Bibliothèque Cottonienne, Faustina, B. IX.
21 In primordiis istius novi regis (Henrici III) erat quidam tyrannus ex Hispania cognomine Monachus. Hic cum multas exegisset prædas multaque loca suo subjugasset imperio, tandem anhelavit ad regnum Angliæ conquirendum; cumque quæsisset à suis qualis esset terra et quis rex, respondissentque ei: «Terra quidem optima, et ejus rex puer parvulus,» confestim subintulit: «Dignius est quidem puerum regi quam regere, quomodò regere potest cui necesse regi est? Eamus igitur, et deponamus eum.» Statimque magna classe congregata cum immenso apparatu et exercitu Angliam appetiit; et cum esset in mari adhuc longe a terra, cognoscentque marinarii de portibus adventum ejus et timuissent cum eo quod mala prædicabantur de hoc homine, dixerunt inter se: «Si applicuerit tyrannus iste, vastabit omnia, eo quod terra non est præmunita et longe distat à nobis rex cum auxilio suo. Ponamus igitur in manibus nostris animas nostras, et aggrediamur eos dum adhuc in mari sunt, quoniam virtus eorum misera et veniet nobis auxilium de excelso.» Et intulit unus cujus edicto cæteri favebant: «Est-ne vestrum aliquis qui hodie pro Anglia mori paratus est?» Et ait unus: «Ecce ego.» «Tolle, inquit, tecum securim, et si videris nos cum navi tyranni congredi, statim navis ipsius malum ascende, et vexillum quod in altum erigitur deprime, et sic dispergantur et pereant cæteræ naves dum ducem non habeant neque [Pg xlv] præcessorem.» Festinanter itaque conscenderunt naves suas, et laxatis ad ventum velis cum immense impetu irruerunt in hostes, tradiditque Dominus eos in manus eorum, et multis submersis et peremptis reversi sunt cum gaudio et præda magna, etc.—Chronica Walteri Hemingford, recueil de Gale, tome III, p. 563, sub anno 1217. Henry de Knyghton, chanoine de Leicester, dans son livre De Eventibus Angliæ, lib. II, col. 2428 de l'Historiæ anglicanæ Scriptores X de Roger Twysden, édit. de Londres, M DC LII, in-fol., rapporte la même chose dans les mêmes termes, à l'année 1216.
22 Nous avons cru devoir publier cette pièce à la suite de cette notice.
23 La description de ce manuscrit se trouve à la suite de la notice du Roman de la Violette. Paris, Silvestre, 1834, in-8o, p. xlj.
FIN DES NOTES DE LA NOTICE.
FOL. 21, RECTO.
[Pg lj]Cette pièce a déja été publiée, mais très-incorrectement, par M. Nich. Harris Nicolas, p. 195 de son édition de a Chronicle of London.
Voyez l'histoire de la trahison et du supplice de Thomas Turbevyl ou de Turbeville (1295) dans la chronique de Henry de Knyghton, chanoine de Leicester, dans les Historiæ anglicanæ scriptores X, ed. Roger Twysden, Lond. m dc lii, in-fol. col. 2502-2504; dans l'Histoire d'Edward Ier par Walter Hemingford (Walterii Hemingford canonici de Gisseburne. Historia de rebus gestis Edvardi I. Edvardi II, e t Edvardi III. E codicibus MSS. nunc primùm publicavit Thom. Hearnius. Oxonii, è Theatro Sheldoniano, MDCCXXXI. 2 vol. in-8o, tome I, p. 58-61); dans la vie d'Edward I, par Pierre de Langtoft, en vers anglo-normands de 12 syllabes, Ms. du Collége d'armes, à Londres, no xiv, chap. xxiiij, fol. 139, r, col. 1; dans la Peter Langtoft's Chronicle, etc. ed. Thom. Hearne. Oxford, printed at the theater, M. DCC. XXV, a vol. in-8o, t. II, p. 267-270; dans la chronique du chanoine de Lanercost, Ms. de la Bibliothèque Cottonienne, Claudius, D. VII, fol. 203, ro, col. 2; enfin dans celle de Barth. Cotton, Ms. de la même collection, Nero, c. v. fol. 240, ro, ligne 25. Dans ce dernier ouvrage, inédit et en latin comme le précédent, on trouve une lettre en françois qu'auroit écrite le traître au prévôt de Paris, et la description de son supplice ainsi:
«Il vint de la Tur monté en povre hakeney en une cote de raye et chaucé de blaunche chauces et sa teste [Pg lij] coverte de une houel et ses piez lyez desus le ventre del chival et ses meyns lyez devant lui; et furent chivauchaunz entur luy sis turmenturs à la furme de le deble atiretz et le un mena saen freyn et le hangeman sa chevestre; kar le chival ke luy porta aveyt le un et l'autre. Et en tel manère fut-il mené de la Tur dekes à Weymocter par my Londres, e feu jugé al dès en la graunt sale, et sire Roger Brabazun24 luy dona soen jugement ke il fut treyné et pendu et ke il pendeseyt taunt come ren feut enter de ly. E il feut treyné sur un quir de bof frès de Weymocter al cundut de Lundres e arère as furches. Et là est-il pendu de une chène de fer e pendra taunt que ren de ly durer pura. (fol. 241, ro, ligne 2.)
24 Voyez, sur la famille de Brabazon, qui étoit originaire de Normandie, Genealogical history of the family of Brabazon, from its origin, down to sir william Brabazon, lord treasurer, and lord chief justice of Ireland, temp. Henri VIII. who died in 1552 (by Hercules Sharp.)... Paris, printed by J. Smith (for private distribution only). July, 1825, in-4o; et sur Roger, p. 4 et 5.
Nous devons à notre ami, M. Thomas Duffus Hardy, la communication tardive de cette charte, qu'il a collationnée sur l'original, et qui doit bientôt reparoître dans ses patent Rolls.
Rex omnibus ballivis portuum maris, etc. Mandamus vobis quod, si Eustachius Monachus non reddiderit Willelmo Le Petit navem suam quam cepit, sicut illi mandavimus, sitis eidem Willelmo in auxilio quod illam habeat ubicumque illam invenerit in terra nostra. Et in hujus rei testimonium has litteras nostras patentes inde vobis mittimus. Teste W. de Wroth, archidiacono Tautoniensi, apud Suhamton .xiij. die aprilis (A.D. 1205, an. 7o Johann.)—Rotuli selecti ad res anglicas et hibernicas spectantes ex archivis in domo capitulari West-Monasteriensi deprompti cura Josephi Hunter, s. a. s. (London) 1834, in-8o, p. 26.
Le Roi, à tous les baillis des ports de mer, etc. Nous vous mandons que, si Eustache le Moine ne rend pas à Guillaume Le Petit le navire qu'il lui a pris, ainsi que nous le lui avons ordonné, vous aidiez audit Guillaume à ravoir son bâtiment en quelque lieu de notre terre qu'il le trouve; en foi de quoi nous vous envoyons ces lettres-patentes. [Pg liv]Témoin, W. de Wroth, archidiacre de Taunton, à Southampton, le 13 avril.
Notre ami et ancien compagnon à l'école des chartes, sous MM. de l'Épine et Tourlet, M. Berbrugger vient de trouver à la Tour de Londres, où il est employé à la transcription des patent Rolls, les chartes suivantes que nous regrettons de n'avoir pas connues assez tôt pour les donner en leur lieu. Les voici d'après sa copie que nous avons collationnée nous-même sur l'original, bien que son talent en lecture diplomatique nous fût assez connu pour nous dispenser de ce soin.
Rex, omnibus ballivis portuum maris et aliis ad quos presentes littere pervenerint, etc. Sciatis quod concessimus Eustachio Monacho quod salvo et secure possit venire in terram nostram, et stet ibi et redeat usque ad octabum sancti Johannis Baptiste, anno, etc. viijo; ita tamen quod respondeat mercatoribus de terra comitis Namurci et de terra nostra et aliis, si qui de eo conquesti fuerint de toltā qua eis fecerit. Teste, Gaufredo filio Petri, apud Portesmuth .xxv. die mai.—Patent Rolls. A. D. 1206, an. 8o Johann.
Le Roi, à tous les baillis des ports de mer et aux autres à qui les présentes parviendront, etc. Sachez que nous avons accordé à Eustache le Moine de pouvoir venir en toute sûreté dans notre terre, y rester et s'en retourner, jusqu'à l'octave de S. Jean-Baptiste, de la huitième [Pg lv] année de notre règne; pourvu qu'il réponde au marchands de la terre du comte de Namur, de notre royaume et autres, s'il est quelqu'un qui se plaigne d'avoir été dépouillé par lui. Témoin, Geffrei Fitz-Peter. A Portsmouth, le vingt-cinq mai.
Rex, omnibus, etc. Sciatis quod concessimus Eustachio Monacho salvum et securum conductum, in veniendo in terram nostram Anglie et in morando ibi et redeundo, usque ad Pentecosten, anno regni nostri nono. Et in hujus rei testimonium has litteras nostras patentes ei fecimus. Teste, Gaufredo filio Petri, apud Geldeford .vja. aprilis.—Ex rotulo litterarum patentium, anno regni regis Johannis nono, no 4.
Le Roi, à tous ceux, etc. Sachez que nous avons accordé à Eustache le Moine un sauf conduit pour venir dans notre royaume d'Angleterre, y séjourner et s'en retourner, jusqu'à la Pentecôte de la neuvième année de notre règne (1207). Et en témoignage de ceci nous lui avons fait dresser ces lettres-patentes. Témoin, Geoffrey Fitz-Peter, à Guildford, le 6 avril.
Page xxviij, ligne 20.
A la suite de cette charte où, égaré par la table des close Rolls, vol. I, p. 710, col. 3, j'ai lu fratrem Eustachium Monachum, pour fratrem Eustachii Monachi, s'en trouvent deux autres qui ont été placées dans l'ordre inverse du sens, et que je rapporterai parce qu'elles sont [Pg lvj] le complément de la première. Les voici rangées comme elles devroient l'être:
Rex vicecomiti Sudhamptonie, salutem. Mandamus vobissic quod recipias de constabulario Porcestrie quatuordecim servientes25 qui capti fuerunt in insula de Serke26, quos tibi liberabit, et illos sub salva custodia ducatis Wintoniam et ibi eos liberes Matheo de Wallopio. Et ei mandavimus quod illos de te capiat. Teste, me ipso, apud Sanctum-Edmundum, quarto die novembris.
Rex Matheo de Wallopio, salutem. Precipimus tibi quod recipias quatuordecim servientes qui capti fuerunt in insula de Serk, et illos in salvo in fundo carceris custodias. Has litteras, etc. Teste, me ipso, apud Sanctum-Edmundum, .iiij. die novembris (A. D. 1214, an. 16o Johann.). Close Rolls, t. I, p. 177, col 1.
Le Roi au vicomte de Southampton, salut. Nous vous mandons que vous receviez du constable de Porchester quatorze [Pg lvij] serjans qui ont été pris dans l'île de Serk et que cet officier vous délivrera; que vous les conduisiez à Winchester sous bonne garde, et que là vous les remettiez à Matthieu de Wallop: nous lui avons mandé qu'il les reçoive de vous. Témoin, moi-même, à Saint-Edmond, le 4 novembre.
Le Roi à Mathieu de Wallop, salut. Nous vous ordonnons de recevoir quatorze serjans qui ont été pris dans l'île de Serk, et de les garder en sûreté au fond d'un cachot. Nous vous envoyons ces lettres-patentes. Témoin, moi-même, comme dessus.
Nous ajouterons ce passage d'une charte que nous avons omis parce qu'il n'a pas été indiqué à la table des close Rolls:
Rex, etc. W. thesaurario et G. et R. camerario, salutem..... Et liberate Rogero de Chautoñ et Terrico de Ardeñ qui duxerunt fratrem et avunculum Eustachii Monachi prisones de insula de Serke, quadraginta solidos, per eundem episcopum (Petrum Wintoniensem episcopum)... Teste, domino Wintoniensi episcopo, apud Westmonasterium .iiij. die novembris (A. D. 1214, an. 16o Johann.).—Close Rolls, t. I, p. 175, col. 2.
Le Roi, etc., à W. le trésorier, à G. et à R. le chambellan, salut..... Et délivrez à Roger de Chauton et à Thierri d'Ardenne qui ont conduit le frère et l'oncle d'Eustache le Moine, prisonniers de l'île de Serk, quarante sols, par les mains du même évêque (Pierre, évêque de Winchester)... Témoin, le lord évêque de Winchester, à Westminster, le 4 novembre.
[Pg lviij]Voici maintenant deux nouvelles chartes inédites, relatives toujours aux prisonniers de l'île de Serk:
Rex, constabulario Porcestrie, salutem. Mandamus tibi quod sine dilatione liberes presencium latoribus, fratri Hugoni de Sancto-Wolmaro et Bensom clerico, prisones subscriptos qui capti fuerunt in insula de Serk et sunt in custodia tua, scilicet: Isaac de Wylre, Baldewinum de Alvingetoñ, Baldewinum de Werchin, Arnulfum de Asincort, Bric̃ de Brunesverd et Jacobum fratrem Eustachii Monachi27. Et ex hoc capias ab eisdem presencium latoribus literas suas patentes et testificantes quod eos receperint, et literas illas nobis sub festinatione mittas. Hoc autem totum fiat per visum et testimonium legalium hominum et discretorum. Et in hujus rei testimonium, etc. Teste, me ipso, apud Londonias apud Novum Templum Lond. .vij. die januarii, anno regni nostri ut supra (xvjo, A. D. 1215).
Le Roi, au constable de Porchester, salut. Nous vous mandons que sans délai vous délivriez aux porteurs des présentes, frère Hugues de Saint-Saumer et Bensom le clerc, les prisonniers ci-après nommés qui ont été pris dans l'île de Serk et qui sont sous votre garde, c'est à savoir: Isaac de Wylre, Baudouin de Alvington, Baudoin [Pg lix] de Werchin, Arnould de Asincourt, Bric̃ de Brunesverd et Jakemin frère d'Eustache le Moine. A ce sujet, vous aurez à prendre des porteurs des présentes leurs lettres-patentes attestant qu'ils ont reçu lesdits prisonniers, et à nous envoyer ces mêmes lettres promptement. Mais que tout cela se fasse au vu et en la présence de personnes légales et discrètes. En foi de quoi, etc. Témoin, moi-même à Londres, au Temple Neuf de Londres, le 7 janvier, la 16e année de notre règne.
Rex, Joscelino de Montibus, constabulario Porcestrie, etc. Mandamus vobis quod, statim visis litteris istis, deliberetis a prisona omnes illos qui capti sunt in insula de Serke, homines videlicet Eustachii Monachi, si adhuc in prisona nostra apud Porcestriam detinentur. Nec omittatis eos deliberare, licet nomina eorum in litteris presentibus non imprimantur, quod nomina eorum ignoramus. Et in hujus, etc. vobis mittimus. Teste, me ipso, apud Novum Templum Londonias, .xx. die aprilis, anno regni nostri .xvjo.—Patent Rolls, 16th of John.
Le Roi, à Joscelin des Monts, constable de Porchester, etc. Nous vous mandons qu'aussitôt ces lettres vues vous délivriez de prison tous ceux qui ont été pris dans l'île de Serk, savoir les hommes d'Eustache le Moine, s'ils sont encore détenus dans notre prison à Porchester; et n'oubliez pas de les délivrer quoique leurs noms ne soient point marqués dans les présentes, et cela parce que nous les ignorons. En foi de quoi nous vous envoyons les présentes lettres-patentes. Témoin, moi-même, au Temple Neuf à Londres, le 20 avril, la 16e année de notre règne.
DELIBERACIO OBSIDUM.
Rex, abbatisse de Wiltoñ, salutem. Mandamus vobis quod liberetis Eustachio Monacho filiam et obsidem suam quam habetis in custodia. Et in hujus, etc. Teste ut supra (Teste rege, apud Runimed, .xxj. die junii, anno regni ejusdem .xvijo.)—Patent Rolls, 17th of John.
DÉLIVRANCE DES ÔTAGES.
Le Roi, à l'abbesse de Wilton, salut. Nous vous mandons que vous délivriez à Eustache le Moine sa fille et son ôtage que vous avez en votre garde. En foi de quoi, etc. Témoin comme dessus (Témoin le Roi, à Runimed, le 21 juin, la 17e année de notre règne).
Il est à remarquer que cette charte se trouve parmi celles ordonnant la reddition des ôtages donnés au roi Jean par les barons révoltés contre lui.
Rex, Wilielmo de Albrincis, salutem. Sciatis quod, si veneritis ad nos, nos remittimus vobis omnem iram et indignacionem quam erga vos concepimus usque in hodiernum diem, sive pro Eustachio Monacho qui applicuit apud Folkestañ, sive pro aliis. Et damus vobis salvum conductum nostrum in veniendo ad nos, morando et recedendo et omnibus illis qui vobiscum venient. Et in hujus rei testimonium, etc., vobis mittimus. Teste me ipso, apud Doveram .xviija. die septembris, anno regni nostri .xvijo. Per dominum Wintoniensem episcopum.—Patent Rolls, 17th of John, memb. 16, no 54.
[Pg lxj]Le Roi, à William de Albrinc, salut. Sachez que si vous venez à nous, nous vous pardonnons toute la colère et l'indignation que nous avons conçue contre vous jusqu'à présent, soit pour Eustache le Moine qui a débarqué à Folkestan, soit pour d'autres causes. Et nous vous donnons, à vous et à tous ceux qui viendront avec vous, notre sauf-conduit pour venir auprès de nous, y rester et vous retirer. En foi de quoi nous vous envoyons ces lettres-patentes. Témoin, moi-même, à Douvres, le 18 septembre, la 17e année de notre règne. Par le lord évêque de Winchester.
Nous terminerons en rapportant les passages suivants de la chronique du prieuré de Dunstaple, dont les deux premiers surtout sont trop importants pour ne pas trouver ici leur place:
«Et tunc, mense martio (1211), venerunt ad regem in Angliam, Henricus, frater imperatoris Otonis et comes de Hollande, et comes Boloniæ. Et rex Franciæ cepit omnes naves Angliæ, quæ applicuerunt in terra sua; et ideo rex Angliæ cepit multos de Quinque-Portubus. Et tunc Eustacius pirata, dictus Monachus, aufugit a nobis ad regem Franciæ cum quinque galeis, quia comes Boloniæ insidiabatur ei.»—Chronicon sive Annales prioratus de Dunstaple, una cum excerptis e chartulario ejusdem prioratus. Thomas Hearnius e codicibus Mss. in Bibliotheca Harleiana descripsit, primusque vulgavit. Oxonii e Theatro Sheldoniano, MDCCXXXIII, 2 part. in-8o, p. 58.
«Burgenses etiam de Quinque-Portubus navali exercitu homines, arma et victualia, quæ Lodowicum sequebantur, interceperunt: et sic factum est prælium non solum in [Pg lxij] terra sed etiam in mari. Nam Eustachius dictus Monachus, pyrata fortissimus, et Galfridus de Luchi (vel Luci) ex parte Lodowici insulas regis ceperunt, et multas seditiones ei moverunt.»—Ibid., p. 76.
«.... Cum, ad dictæ Blanchæ instantiam, multi nobiles et potentes de Francia venissent in succursum Lodowici; episcopus, et comes Salesbyriæ, et justiciarius, cum regis exercitu, apud Doroberniam eos navali bello ceperunt; et, inter infinitos, Eustachium Monacum occiderunt, qui utriusque partis prævaricator extiterat, solos nobiles vitæ reservantes.» (An. 1215.)—Ibid., p. 82.
«Et alors, au mois de mars, Henri, frère de l'empereur Othon et comte de Hollande, et le comte de Boulogne vinrent au roi (Jean) en Angleterre. Et le roi de France prit tous les navires anglois qui abordèrent dans sa terre et, pour cette raison, le roi d'Angleterre en prit un grand nombre des Cinq-Ports. Et alors Eustache, pirate surnommé le Moine, s'enfuit de nous au roi de France avec cinq navires, parce que le comte de Boulogne lui dressoit des embûches.»
«De leur côté, les bourgeois des Cinq-Ports, ayant rassemblé une flotte, interceptèrent les hommes, les armes et les vivres qui suivoient Louis: et ainsi il y eut combat sur terre et sur mer; car Eustache, dit le Moine, pirate intrépide, et Geoffroi de Luchi (ou Luci) s'emparèrent pour Louis, des îles du roi et excitèrent contre celui-ci beaucoup de séditions.»
«Plusieurs nobles et puissants seigneurs de France étant venus au secours de Louis, d'après les instances de Blanche [Pg lxiij] susnommée; l'évêque et le comte de Salisbury et le justicier avec l'armée du roi les firent prisonniers dans un combat naval; et, ne laissant la vie qu'aux seuls nobles, ils mirent à mort, parmi une foule d'autres, Eustache le Moine qui avoit forfait contre l'un et l'autre parti.»
25 Voici les noms de ces serjans tels que nous les donnent les close Rolls, t. I, p. 202, col. 2:
Nomina servientium qui capti fuerunt in insula de Serke.
Eustachius le Borñ—Radulphus de Creki.—Taffin de Tuberville.—Petrus de Carmer.—Tasin de Bauchukeham̃.—Phelippes.—Rakedale.—Gyles de Freisnes.—Giles Maikes.—Engerandus de Vreci. Masekin.—Gerardus de Fankes. Colin Gerardin.—Huet de Badom.
26 Serk ou Sark, petite île, à six milles à l'est de Guernsey, longue d'environ trois milles, et large environ d'un. Voyez une notice sur elle dans The History of the island of Guernsey... With particulars of the neighbouring islands of Alderney, Serk and Jersey. Compiled... by William Berry, etc. London, published by Longman... 1815, in-4o.
27 Ils sont ainsi nommés dans la liste déjà citée qui a été publiée dans les close Rolls sous la 16e année du règne de Jean (A. D. 1215):
Nomina militum qui capti fuerunt in insula de Serk.
Jakemin.—Isaac de Vyrre.—Brituis de Colesburc de Vreci.—Arnulfus Desincort. Baldewiñ Dallingetuñ.
Chi comment li Romans de Witasse le Moine.
ET
Page 1, vers 3.
Saint-Saumer, ou mieux Samer (Sanctus Vulmarus), abbaye de l'ordre de saint Benoît, située à quatre lieues de la ville de Boulogne-sur-Mer. Elle est ainsi appelée parce que, après être né dans le lieu qu'elle occupa depuis. Vulmar, aidé des secours de son frère, de son père, et de Ceadwalla roi des Saxons occidentaux, qui lui donna soixante sous, la fonda l'an 688. Nous ne savons pourquoi l'abbé Expilly la dit «fondée en 608 par Wilme, comte de Boulogne.» Voyez, sur Samer, le Gallia Christiana, tome X, col. 1593.
Page 1, vers 7.
Tolède avoit dans le moyen âge la réputation d'être le siége d'une fameuse école de magie.
Virgile et Maugis d'Aigremont28 y vinrent faire leur apprentissage.
On lit dans un conte dévot qu'après la mort de sainte Léocade, les Tolédans voulurent avoir son corps. Sur ce, le vieux rimeur s'écrie:
(De seinte Léocade, par Gautier de Coinsi, v. 2031. Fabliaux et Contes, édit. de 1808, t. I, p. 336.)
Renard
(Renart le nouvel, tome IV du Roman du Renart publié par Méon, p. 107, v. 2949.)
On lit dans une pièce sans nom d'auteur, qui se trouve à la suite d'un manuscrit du Roman de la Rose, lequel est en ma possession:
On trouve dans un ancien livre espagnol une histoire intitulée: De lo que contescio a un Dean Sanctiago con don Illan el magico que morava en Toledo29, et dans le Second Livre des serées de Guillaume Bouchet, sieur de Brocourt (à Rouen, chez Louys Loudet...M.DC.XXXIV, in-8o, dixneufiesme serée, p. 193) on lit: «Il falloit...que le miroüer fust fasciné, et garny de magie diabolique de Tolette.»
Enfin, voyez Morgante maggiore, canto XXV, ottava 42, 81 et 259, et Pantagruel, liv. III, chap. 23, et consultez, sur les écoles de magie d'Espagne, Walter Scott, the Lay of the last Minstrel. London: printed for Longman... 1805, in-4o, p. 235-38. Dans une note de H. Weber (Metrical Romances, vol. III, p. 329), on lit l'histoire d'un magicien qui, après avoir étudié en Espagne, étoit parvenu à enfermer le diable dans une bouteille, mais par malheur la bouteille se brisa.—On sait que l'étude de l'astrologie, de la magie et des sciences naturelles étoit l'occupation favorite des Arabes d'Espagne, et qu'un nombre prodigieux de leurs livres étoient déjà traduits en latin dans le XIIe siècle, et répandus ainsi par toute la chrétienté. «Irrepsit hac tempestate (XIIIo sæcul.) etiam turba astrologorum et magorum, ejus farinæ libris una cum aliis de arabico in latinum conversis.—Hermanni Conringii de Scriptoribus XVI post Christum natum seculorum commentarius,[Pg 88] etc. Wratislaviæ, apud Michaelem Hubertum, M DCC XXVII, in-4o, p. 125. Voyez enfin Warton's History of english Poetry, édit. de 1825, t. II, p. 235 et suiv.
Nigremanche, magie noire, ars nigra, black art, et non pas divination par les morts, νεχρομαντεἱα, comme on l'a dit souvent. Je sais bien que cette étymologie est contraire aux principes de la science; mais nos pères n'y regardoient pas de si près.
Page 1, vers 10.
Le mot caudes signifie évidemment ici queues, soit que l'auteur se soit servi d'une expression qui s'est conservée de nos jours parmi le peuple, soit qu'il ait fait allusion à une pratique magique qui nous est inconnue.
Page 1, vers 14.
Malfé, mauvais, le diable. Nos ancêtres craignoient de nommer le diable par son nom; pour cela il le désignoient par l'épithète de mauvais ou d'ennemi30. Les exemples tirés de nos anciens auteurs étant trop nombreux, il est inutile de les citer, nous nous bornerons à renvoyer à Pantagruel, liv. III, chap. XI, et à rappeler qu'il existe un livre intitulé les Temptacions de l'Ennemi31, et que dans la pièce de Shakspeare, Measure for measure, acte II, scène 2, Angelo s'écrie:
Voyez Illustrations of Shakspeare and of ancient manners, etc., by Francis Douce. London: printed for Longman, etc. MDCCCVII, deux volumes in-8o, t. I, p. 128, et surtout p. 99-101.
[Pg 89] Il paroît que parler au diable lui-même étoit une grande distinction pour un magicien. Dans le Miracle de Théophile, par Rutebeuf on lit: Ici vient Théophiles à Salatin, qui parloit au deable quant il voloit.—Ms. 7218, fol. 298, vo.
Page 2, vers 18.
Espiremens est, sans aucun doute, pour esperimens, experimenta.
Page 2, vers 20.
Probablement lire le pseautier à rebours, pratique magique très-usitée dans les conjurations du moyen âge.
Page 2, vers 23.
L'opération magique indiquée dans ce vers s'appelle lecanomanie, de λεχἁνη, bassin, et μαντἱα divination. Elle se pratiquoit généralement par le moyen d'un bassin plein d'eau du fond duquel on entendoit des réponses, après y avoir jeté quelques lames d'or et d'argent ou des pierres précieuses sur lesquelles étoient gravés des caractères. Voyez Pline, liv. XXX; Apulée, dans son Apologie, édit. de Casaubon, Heidelb. 1594, in-4o, p. 52; Martino Del Rio, Disquisitionum magicarum libri VII, etc. Venetiis, apud Vincentium Florinum, M DC XVI, in-4o, liv. IV, sect. 4, p. 541, B; le dictionnaire de Bayle, art. Pythagore; celui de Trévoux; et Noël, Dictionnaire Mythologique.
Voici l'indication d'un autre procédé dans un passage d'un livre du moyen âge:
«Et en disant ce (Nectanebus), entra en sa chambre et empli ung grant bacin d'eaue de pluye et l'emply tout plain de nasselles de cire et les mist dedens l'eaue32.»
[Pg 90] «Et print une verge de pommier, et en regardant l'eaue l'enchanta, etc.»—Le Livre et la vraie Histoire du bon roy Alixandre. Ms. du Musée Britannique, Bibliothèque du Roi, no 15. E. VI, fol. j. col. 2 et vo, col. 1.
Le roman anglois publié dans le tome I de la collection de Henry Weber, porte à ce même endroit le passage suivant:
(King Alisaunder, p. 9, v. 104.)
Page 2, vers 29.
L'espère, la sphère.
Page 4, vers 90.
Ici nous avons cru devoir corriger le manuscrit, qui porte que ch'orent.
Page 8, vers 202.
Voyez, sur l'expression hari, le glossaire du Roman de la Rose, édition de Méon, à ce mot, et les Fabliaux et Contes, édition de 1808, t. II. p. 269, v. I on lit dans ce dernier ouvrage,
(Le Dit des rues de Paris, par Guillot de Paris, v. 450.)
Dans la Bourgogne et dans le Beaujolois, on dit encore hari aux bœufs et aux vaches pour les faire guenchir.
[Pg 91] Page 8, vers 202.
On juroit dans le moyen âge par toutes les parties du corps de Jésus-Christ dont on supprimoit le nom pour éviter les peines établies par Dieu et par les hommes contre les blasphémateurs. «Par la vertus, dist frère Jan, du sang, de la chair, du ventre, de la teste, etc.»—Pantagruel, liv. IV, chap. 19. Voyez, sur cette habitude, les Fabliaux et Contes, édit. de 1808, t. I, p. 461, col. 1, au mot Coiffe. C'est ainsi que maintenant encore beaucoup de gens disent sacrebleu ou bigre, en place d'autres mots presque identiques qu'ils se feroient un scrupule de prononcer.
Page 9, vers 234.
(Lai de Horn, Ms. Harléien, no 517, fol. 71, vo, col. 2.)
Voyez, sur l'habitude de se faire saigner au moyen âge, les Poésies de Marie de France, t. I, p. 127, note (1).
Page 10, vers 246.
Malheur à mon cou si, etc. On trouve à tout instant dehait dans les ouvrages de nos trouverres, et dathet him ay se lit dans le Sir Tristem de Walter Scott.
Page 10, vers 248.
Ce proverbe, qui se trouve plus loin, p. 76, v. 2097, est aussi dans le Roman de la Violette. L'auteur parle:
(Page 214, v. 4533.)
[Pg 92] Page 10, vers 266.
Esraelie, Israélite, sorcière.
Page 15, vers 285 et suiv.
Bazin et Maugis sont les deux héros d'un roman de chevalerie qui se trouve, en vers, à la Bibliothèque Royale, et qui, dans le XVe siècle, a été traduit en prose, et imprimé plusieurs fois dans le XVIe, entre autres à Paris par Allain Lotrian, in-4o, goth., sans date, dans la même ville, par Jean Trepperel, en 1527, même format, et à Lyon, par Olivier Arnoullet, 1551, in-4o, goth.
Page 11, vers 290 et 291.
Joyeuse étoit l'épée de Charlemagne; Courtain, celle d'Ogier-le-Danois; Hauteclère, celle d'Olivier, et Durendal, celle de Roland. Voyez, sur elles quatre, Velant le Forgeron, etc. Paris, F. Didot, M DCCC XXXIII, in-8o, p. 39, 40, 44, 45, et les notes correspondantes.
Page 11, vers 298.
Allusion au fabliau de Barat et de Haimet, ou des trois larrons, par Jean de Boves, imprimé dans les Fabliaux et Contes, édit. de 1808, tome IV, p. 233.
Page 12, vers 305.
Il s'agit probablement ici de Courset, village du Boulonnois, actuellement dans le département du Pas-de-Calais, à cinq lieues et dans l'arrondissement de Boulogne.
Page 12, vers 306.
Le manuscrit porte Bulkes. Malgré toutes nos recherches, nous n'avons rien pu trouver au sujet de ce nom de Busquet qui se lit dans la liste des poètes qui ont contribué [Pg 93] à un recueil fort rare intitulé: Palinodz, chants royaux, ballades, rondeaux et épigrammes à l'honneur de l'Immaculée Conception de la toute belle Mère de Dieu (patronne des Normans), presentez au puy à Rouen, composez par scientifiques personnaiges, etc. A Paris, à l'enseigne de l'Éléphant (chez Fr. Regnault), petit in-8o, sans date, mais vers 1525.
Page 12, vers 310.
Basinguehans. Bazinghem, commune du département du Pas-de-Calais, dans l'arrondissement et à cinq lieues et un quart de Boulogne.
Page 12, vers 311.
Heresinguehans désigne ou Rassenghiem, seigneurie de la Flandre, ou Hardinghem, commune du département du Pas-de-Calais, à cinq lieues et dans l'arrondissement de Boulogne, ou Herneclinghem, une des douze anciennes baronnies de l'ancien comté de Guines; ou enfin Hervelinghem, village du Boulonnois.
Page 12, vers 316.
Buffe, soufflet. On dit encore en anglois buffet, dans ce sens.
Page 13, vers 350.
Il est ici question de Marquise, bourg du département du Pas-de-Calais, à trois lieues et dans l'arrondissement de Boulogne; il est situé dans le bas de la prairie du vallon de la Slacq, ruisseau qui baigne le côté oriental du bourg, et côtoie la partie méridionale.
Page 14, vers 362.
Le manuscrit porte Estagles. Étaples est une ville située[Pg 94] dans le département du Pas-de-Calais, à l'embouchure de la Canche dans la Manche. Elle est à cinq lieues sud-est de Boulogne et dans l'arrondissement de Montreuil.
Page 14, vers 371.
Cette circonstance est à remarquer parce qu'elle est d'une des meilleures preuves de la vérité des faits rapportés dans cet ouvrage. La persuasion de l'infaillibilité du jugement de Dieu étoit tellement enracinée chez nos pères, qu'un romancier se fût bien gardé de faire succomber le champion d'un innocent.
Page 15, vers 388.
Hardelo, changé ailleurs en Vardello et en Cardello, désigne la forêt d'Hardelot ou d'Ardelot qui est située dans le Boulonnois, et qui appartient à la couronne. Philippe de France, comte de Boulogne, par suite de son mariage avec Mahaut fille de Renaud, fit construire à Hardelot un château pour empêcher les courses des peuples du Nord dont on craignoit encore les descentes, dans le commencement du XIIIe siècle.
Page 16, vers 430.
Clairmarais (Clarus mariscus), abbaye régulière de l'ordre de Cîteaux, filiation de Clairvaux, dans l'Artois, au diocèse (autrefois de Terouenne) et à deux lieues au nord-est de Saint-Omer, fondée, l'an 1140, par Thierri Ier, comte de Flandre. Voyez le Gallia Christiana, tome III, col. 525.
Page 18; vers 479.
Ce proverbe se trouve exprimé de la même manière dans le Roman du Renart, tome I, p. 154, v. 4100; et dans le Fabel d'Aloul, Ms. de la Bibliothèque Royale, [Pg 95] no 7218, et Fabliaux et Contes, édit. de 1808, tome III, p. 355, v. 943.
Page 20, vers 537.
Hues de Belin est nommé dans la chronique de Geoffroi de Ville-Hardouin. Recueil des Historiens des Gaules et de la France, tome XVIII, p. 483, C.
Page 20, vers 538.
Lens est une petite ville du département du Pas-de-Calais, dans l'arrondissement et à cinq lieues de Béthune. Quant à Hénin-Liétard, c'est une commune du même département et du même arrondissement, à sept lieues et demie du chef-lieu.
Page 20, vers 539.
Aufrans de Caieu, appelé, p. 61, v. 1685, Ansiaus (Anselmus) fit une figure assez belle en son temps. Voyez sur lui le Recueil des Historiens des Gaules, etc., tome XVIII, passim; il était fils d'Arnoul de Caieu et d'Adelis de Bavelinghem. Voyez André du Chesne, Histoire généalogique des maisons de Guines, d'Ardres, de Gand et de Coucy, etc., à Paris, chez Sébastien Cramoisy, M. DC. XXXI, in-fol., liv. I, p. 31.
Page 20, vers 541.
Wales de la Capiele étoit en effet vassal de Renaud, comte de Boulogne. Il est nommé Wallo de Cupella dans une charte de ce dernier qui se trouve à la Tour de Londres, parmi les Rot. cart. 14 Johann., et qui a été imprimée dans le Recueil de Rymer, 2e édit., tome I, p. 50; dernière édit., vol. I, part. 1, p. 104; et dans le Recueil des Historiens des Gaules, etc., tome XVII, p. 87, B.
Page 22, vers 584.
Le manuscrit porte sachoit.
[Pg 96] Page 28, vers 760.
Après meilleure information, je pense qu'à la place de Wistasces, trop long d'une syllabe, on doit lire Waces, qui, quoi qu'en dise M. l'abbé de la Rue (Archæologia, t. XII, p. 63), n'est qu'une abréviation du précédent. La même rectification doit avoir lieu dans tous les cas où elle est nécessaire.
Page 29, vers 777.
Esclavine, étoffe grossière et habit qui en étoit fait. Voyez une note curieuse sur ce mot dans les Metrical Romances de Ritson, t. III, p. 278.
(Fragment d'un Roman de Tristan, fol. 13, vo, col. 2.)
Page 30, vers 806.
Andeli, les Andelys, ville de Normandie dans le département de l'Eure, chef-lieu d'arrondissement.
Page 37-39.
On trouve une aventure presque semblable dans un roman inédit:
Ffouke e ces compaignouns siglèrent vers Engleterre. Quant vyndrent à Dovre, entrèrent la terre e lessèrent Mador on la nef en un certeyn leu là où il ly porreyent trover quant vodreyent. Ffouke e ces compaignons aveient enquis des paissantz qe le roy Johan fust à Wyndesoure, e se mistrent privément en la voie vers Wyndesoure. Les jours [Pg 97] dormyrent e se reposèrent les nuytz, errèrent tan qu'il vyndrent à la foreste, e là se herbigèrent en un certeyn lyw où yl soleynt avant estre en la forest de Wyndesoure, quar Ffouke savoit yleqe tous les estres. Donqe oyèrent veneours e berners corner, e par ce saveyent qe le rey irroit chacer. Ffouke e ces compaignons s'armèrent molt richement. Ffouke jura grant serement qe pur pour de moryr ne lerreit qu'il ne se vengeroit de le roy, q'à force e à tort ly ad deshéryté, e qu'il ne chalengereit hautement ces dreytures e son hérytage. Ffouke fist ces compaignons demorer yleqe, e il meymes, ce dit, irreit espier aventures. Ffouke s'en ala, e encontra un viel charboner portant une trible en sa meyn; si fust vestu tot neir come afert à charboner. Ffouke li pria par amour qu'il ly volsist doner ces vestures et sa trible pur du seon. «Sire, fet-il, volenters.» Ffouke ly dona .x. besantz, e ly pria por s'amour qu'il ne le contast à nully. Le charboner s'en va; Ffouke remeynt, e se vesty meyntenant de le atyr qe le charboner ly avoit donéé, e vet à ces charbons, si comence de adresser le feu. Ffoukes vist une grosse fourche de fer, si la prent en sa meyn saundreyt et landreyt ces coupons. Atant vynt le roy ou treis chevaliers tot à péé à Ffouke là où yl fust adresaunt son feu. Quant Ffouke vit le roy assez bien le conust, e gitta la ffourche de sa meyn, e salua son seignour e se mist à genoyls devant ly molt humblement. Le roy e ces trois chevaliers aveyent grant ryseye e jeu de la norçurté e de la porreté le charboner; esturent ileqe bien longement: «Daun vyleyni, fet le roy, avez vou nul cerf ou bisse passer par ycy?» «Oyl, mon seignour, pieçà.» «Quele beste vectez-vus?» «Sire mon seignour, une cornuée, si avoit longe corns.» «Où est-ele?» «Sire mon seignour, je vous say molt bien mener là où je la vy.» «Ore avant, daun vyleyn, e nous vous siworoms.» «Sire, [Pg 98] fet le charboner, prendroy-je ma forche en mayn? quar si ele fust prise, je en averoy grant perte.» «Oyl, vyleyn, si vus volez.» Ffoukes prist la grosse fourche de fer en sa meyn, si amoyne le roy pur archer; quar il avoit un molt bel ark. «Sire mon seignur, fet Ffouke, vus plest-il attendre? e je irroy en l'espesse, e fray la beste venir cest chemyn par ycy.» «Oïl,» ce dit le roy. Hastivement sayly en le espesse de la forest, e comanda sa meyné hastivement prendre le roy Johan, «quar je l'ay amenéé sà folement ou treis chevaliers; e tote sa meysné est de l'autre part la foreste.» Ffouke e sa meyné saylyrent hors de la espesse, e escrièrent le roy e le pristrent meintenant, etc. (Roman de Foulques Fitz-Warin, Ms. du Musée Britannique, fonds du Roi, no 12 .c. xii, fol. 116, vo, ligne 17 et suiv.)
On nous pardonnera de citer ici un autre passage de ce roman qui contient une histoire plus vieille qu'on ne le croit généralement.
....Ffouke vist un maryner qe sembla hardy e feer, e le apela à ly e dit: «Bel sire, est ceste nef là vostre?» «Sire, fet-il, oyl.» «Q'est vostre noun?» «Sire, fet-il. Mador del Mont de Russie, où je nasqui.» «Mador, fet Ffouke, savez-vous ben cest mester, e amener gentz par mer en diverses régions?» «Certes, syre, il n'y ad terre renommée par la cristieneté qe je ne saveroy bien e salvement mener nef.» «Certes, fet Ffouke, molt avez perilous mester. Dy-moi, Mador, bel douz frère, de quel mort morust ton père?» Mador ly respond qe neyetz fust en la mer. «Coment ton ael?» «Ensement.» «Coment ton besael?» «En meisme la manère, e tous mes parente qe je sache tanqe le quart degréé.» «Certes, dit Ffouke, molt estes fol hardys qe vous osez entrer la mer.» «Sire, fet-il, pur quoy? chescune créature avera la mort qe ly est destinée. Sire, fet Mador, si vous plest, responez à ma demande.[Pg 99] Où morust ton père?» «Certes en son lyt.» «Où son ael?» «Ensement.» «Où votre besael?» «Certes, trestous qe je sai de mon lignage morurent en lur lytz.» «Certes, sire, fet Mador, depus qe tot vostre lignage morust en litz, j'ai grant merveille que vous estes oséé d'entrer nul lyt.» E donqe entendy Ffouke qe ly mariner ly out vérité dit qe chescun home avera mort tiele come destinée ly est, e ne siet lequel en terre ou en ewe. (Roman de Foulques Fitz-Warin, Ms. du Musée Britannique, Bibliothèque du Roi, no 12 .C.XII, fol. 113, vo, ligne 28.)
Page 37, vers 1015.
Le manuscrit porte cachiés.
Page 42, vers 1147.
Voyez le Roman du Renart, tome I, p. 63, v. 1660. L'interjection xi xi que profère encore le peuple pour exciter deux chiens à se battre, n'est autre chose que le mot occi, ou ochi, tue.
Page 43, vers 1185.
Neuf-Castel, village du département du Pas-de-Calais, dans le canton de Samer et l'arrondissement de Boulogne, ville dont il est éloigné de trois lieues.
Page 45, vers 1240.
Voyez le Roman du Renart, tome I, p. 192, v. 5150. Ce proverbe se retrouve aussi parmi les Proverbes rurauz et vulgauz, Ms. de la Bibliothèque Royale, fonds de Notre-Dame, no 274 bis, fol. II, recto, col. 1.
Dans le monument de Louis de Brezé, mort en juillet 1531, et mari de la fameuse Diane de Poitiers, qui le lui fit élever dans la cathédrale de Rouen, «sur la frise du premier ordre, au-dessous de quelques figures portant [Pg 100] des festons, on lit cette devise: Tant grate chevre que mal giste.»—Rouen, Précis de son histoire, etc., par Théod. Licquet. Rouen, Édouard Frère, 1830, in-12o, p. 49.
Page 48, vers 1321.
Sangatte est un village du département du Pas-de-Calais, à une lieue ouest-sud de Calais, et à sept de Boulogne. Voyez une notice sur cet endroit dans les Annales de Calais et du Pays reconquis (par Pierre Bernard). A Saint-Omer, de l'Imprimerie de Louis-Bernard Carlier, 1715, in-4o, p. 545-547.
Page 50, vers 1366 et suivants.
Cette coutume étoit orientale. Voyez la Bibliothèque orientale de d'Herbelot aux mots Harmosan et Omar; l'Histoire des Croisades de M. Michaud, dernière édition, tome II, p. 332; les Extraits des Historiens arabes relatifs aux Croisades, par M. Reinaud, p. 197; et l'Histoire de Saladin, par Marin, tome II, p. 22; voyez aussi le Roman de Rou, tome II, p. 188, v. 12554 et suiv., et 12564. On lit dans le Roman de Godefroi de Bouillon:
(Ms. de la Bibliothèque Royale, supplément françois, no 5408, fol. 82, vo, col. 1, v. 23. )
Page 51, vers 1399 et suivants.
Voyez sur les lépreux une note dans les Metrical Romances, [Pg 101] publiés par Weber, t. III, p. 365, et Tristan le voyageur, ou la France au XIVe siècle, par M. de Marchangy. A Paris, chez F. M. Maurice, M DCCC XXV, in-8o, tome I, p. 94 et suiv.; mais les renseignements les plus satisfaisants qu'on peut désirer sur cette matière se trouvent dans les statuts d'un hôpital de Saint-Julien ou de lépreux, datés de 1329, et qu'on lit dans l'Auctarium addimentorum, annexé à l'Historia major de Mathieu Paris, édit. de Londres, 1640, p. 247-260. Quant à la cliquette que portoient les lépreux, c'étoit un instrument composé de deux petites planchettes réunies à leur extrémité par une charnière, et qui servoit à avertir les passants de la présence de ces malheureux. Dans une gravure sur bois qui se trouve dans le Miroir de la Rédemption humaine, Paris, pour Antoine Verard, sans date, in-folio, gothique, feuillet signé & iii, on voit le povre ladre couché, ayant derrière lui une besace et une cliquette à la main. On lit dans Pantagruel, liv. II, chap. XIX, «Et...faisoyt son, tel que font les ladres en Bretaigne avec leurs cliquettes.» Enfin, dans un fragment d'un Roman de Tristan, appartenant à feu M. Francis Douce, on lit les vers suivants:
(Fol. 4, ro, col. 1.)
Page 51, vers 1400.
Le mot flavel et non flanel, comme nous l'avons écrit, signifie sonnette selon Lacombe, et flageolet, suivant Roquefort. Voyez ci-dessus la citation du Roman de Tristan.
[Pg 104] Page 52, vers 1422.
Estachier (et non escachier), homme qui marche à l'aide d'une jambe de bois. Le mot estache, d'où vient estacade, signifie poteau, pieu, chose à laquelle on attache. Voyez le Glossaire de M. de Roquefort, au mot estac.
(Roman de Godefroi de Bouillon, Ms. supplém. franç., no 5408, fol. 136, vo, col. 1, v. 37.)
Les croisés parcourant Jérusalem disent:
(Id. ibid., fol. 142, vo, col. 1, v. 31.)
Page 54, vers 1499.
Nous avons commis ici une erreur; le W surmonté d'une abréviation qu'on lit dans le Ms. signifie Williaumes, nom que nous avons plus haut suivi d'un autre presque semblable à Mont-Chavrel. Voyez p. 20, v. 532.
Page 55, vers 1506.
On trouve un fait semblable dans un roman que nous avons déjà cité:
«Le roy fist grant damage mout sovent à sire Ffouke, e sire Ffoukes tot fust-il fort e hardy, yl fust sages e engynous; quar le roy e sa gent pursiwyrent molt sovent sire Ffouke par le esclotz des chyvals, e Ffouke molt sovent fist ferrer ces chyvals e mettre les fers à revers, issint qe le roy de sa sywte fust desçu e engynéé. (Roman de Foulques Fitz-Warin, Ms. du Roi, Musée Britannique, no 12.c. XII, fol. 109, vo, ligne 13.)
On lit dans une chronique que le fameux Robert Bruce [Pg 105] usa de ce stratagème pour échapper à Jean Comyn, qui l'avoit trahi:
«Contigit quòd in crepusculo nix immanis descenderat, et totam terræ superficiem coöperuerat. Unde (Robertus Bruce) vocavit quendam fabrum, et in stabulo, nemine sciente præter fabrum, stabularium et secretarium, fecit amovere omnia ferramenta trium suorum optimorum equorum, et retrogradè affigi ungulis caballorum.»—Joannis de Fordun Scotichronicon, etc., ed. curâ Walteri Goodall. Edinburgi: typis et impensis Roberti Flaminii. M.DCC.LIX, 2 vol. in-fol., vol. 2, liv. 12, p. 226.
Page 58, vers 1601.
Le Ms. porte enmenra.
Page 59, vers 1633.
Gargate, gosier. Ce mot se trouve dans Chaucer:
(Canterbury Tales. The Nonnes Preestes Tale, v. 15341.)
Page 61, vers 1698.
Buens, volontés. Ce mot s'est conservé dans l'anglois, boon.
Page 62, vers 1707.
Baudouin d'Aire est nommé dans une charte comme ôtage de Race de Gaure. Cette charte se trouve dans Baluze, Miscellanea, tome VII, p. 250, et dans le Recueil des Historiens des Gaules et de la France, vol. XVII, p. 105.
Page 63, vers 1732.
Il est ici question de Montreuil-sur-mer, chef-lieu d'arrondissement dans le département du Pas-de-Calais.
[Pg 106] Page 63, vers 1736.
Beaurains est un village du département du Pas-de-Calais, à une lieue et dans l'arrondissement d'Arras.
Page 63, vers 1737.
Guillaume de Fiennes, l'une des baronnies du comté de Guines, appelée anciennement dans les chartes Filnes. Fielnes et Fienles, étoit fils d'Enguerrand qui, ayant accompagné Philippe, comte de Flandres, en Terre sainte, y fut tué par les Sarrasins. La mère de Guillaume étoit Sybille de Tingry, sœur et héritière de Guillaume Faramus, sire de Tingry. Guillaume de Fiennes épousa en premières noces Agnès de Dammartin, sœur de Renaut, comte de Dammartin et de Boulogne, et deux fils qu'il en eut furent, suivant une charte que nous avons déja citée à propos de Wales de la Capelle, donnés en ôtage au roi Jean d'Angleterre par leur oncle. Voyez le Recueil des Historiens des Gaules, etc., tome XVIII, p. 579; André du Chesne, ouvrage déja cité, liv. III, p. 85 et 86; et les Pères Anselme et Simplicien, Histoire généalogique de la maison royale de France, etc., 3e édit., tome VI, p. 168, B.
Page 63, vers 1741.
Cance, rivière qui sépare l'Artois de la Picardie.
Page 63, vers 1745.
Le mot Jumiaus désigne peut-être Jumièges, ancienne abbaye de bénédictins en Normandie, au pays de Caux et sur la Seine.
Page 63-64.
Pareille aventure arriva à Robin Hood.
(A lyttel geste of Robyn Hode. The fourth fytte, v. 153. Robin Hood, etc., by Joseph Ritson. London: William Pickering, etc., 1832, petit in-8o, tome I, p. 44.)
Page 64, vers 1756 et 1757.
Ces vers sont imparfaits de quelques mots qui ont été grattés dans le Ms.
Page 64, vers 1768.
Escouce, secoue, fouille.
Page 69, vers 1894.
Le mot maisnie ou mesnie, qui signifie maison, se retrouve dans l'adjectif anglois menial, qui veut dire domestique.
[Pg 108] Page 69, vers 1914.
Le mot Genesies désigne les îles de Jersey et Guernesey.
Page 70, vers 1931.
Godehiere n'est autre chose qu'une altération des mots anglo-saxons gode here qui signifient bon seigneur.
Page 70, vers 1932.
Vincenesel semble composé des mots anglois Vincence (Vincent), et help (aide). Vincenti, adjuva. Nous demandons à rapporter pour exemple de cette exclamation un fabliau inédit qui se trouve dans le Musée Britannique. Ms. Cottonien, Cleopatra, A. XII, fol. 64, ro.
Del Harpur a Roucestre.
Si l'on admet notre explication de Vincenesel, l'on remarquera le choix du saint, qui étoit Espagnol.
Page 71, vers 1954.
Le mot Hareflue désigne Harfleur, ville du département de la Seine-Inférieure, à deux lieues et demie et dans l'arrondissement du Havre-de-Grâce.
Page 71, vers 1961.
Il est ici question de Pont-Audemer, ville qui est chef-lieu d'arrondissement dans le département de l'Eure.
Page 71, vers 1964.
On trouve à cette époque un Cadoc chef de routiers. Voyez le Recueil des Historiens des Gaules, etc., tome XVII, passim, et tome XVIII, p. 767, B.
Page 71, vers 1977.
Saint Winape, invoqué ici, est probablement le même que saint Winoch, ou Winoc, Winnocus, abbé de Wormhout, en Flandres, l'an 695, mort vers l'an 717, et honoré le 6 novembre.
Page 76, vers 2112.
Barfleur, département de la Manche, dans l'arrondissement et à six lieues de Valognes. Cette ville est appelée Barbefluet dans le Lai de Milun34; Barbeflue dans le Roman du Brut35; Barbeflo, par Benoît de Sainte-More36;[Pg 112] Barbefleot, par Raoul de Coggeshale37, et Barbeflet, par Roger Hoveden38.
Page 78, vers 2168.
Voyez, sur la viele au moyen âge, le Roman de Mahomet, p. 32, note 2.
A ce propos nous cédons au désir que nous éprouvons de publier une charmante chanson de Colin Muset, qui se trouve dans le Ms. de la Bibliothèque de l'Arsenal, B. L. F., in-fol., no 63, fol. 237, ro, col. 2.
Page 79, 2185.
Voyez, pour le mot estrelins, Annals of the Coinage of Britain and its dependencies, by the Rev. Rogers Ruding. London: printed for Lackington, etc., 1819, 5 vol. in-8o et atlas in-4o, tome I, p. 19-25.
[Pg 114] Page 79, vers 2191.
Nohubellande, le Northumberland, comté d'Angleterre.
Page 79, vers 2193.
Gaudale, good ale. C'est de ce mot que vient l'expression godailler.
Berte
(Roman de Berte aux grands pieds, p. 43, v. 6.)
On trouve couillon de guodalle dans Pantagruel, liv. III, chap. XXVIII.
Nous croyons faire plaisir à nos lecteurs en rapportant une chanson à boire du XIIIe siècle, inspirée par la cervoise ou bière:
LETABUNDUS.
(Ms. du Roi, Musée Britannique, 16. E. VIII, fol. 102, ro.)
Voyez sur la fabrication de la cervoise au commencement du XIVe siècle, le treytyz ke mounsire Gauter de Bibelsworth fist à madame Dyonisie de Mounchensy, pur aprise de langwage. Ms. du Musée Britannique, fonds d'Arundel, no 220, fol. 300, ro, col. 1, v. 5 et suivants.
[Pg 116] Page 79, vers 2195 et 2196.
Le vin d'Argenteuil est cité dans la Bataille des vins par Henri d'Andeli. Voyez les Fabliaux et Contes, édition de 1808, tome I, p. 153, v. 28, et p. 154, v. 77 et suiv.
(Chroniques de S. Magloire, dans les Fabliaux et Contes, édit. de 1808, tome II, p. 222).
Page 79, vers 2200.
(Le Roman du Renart, tome II, p. 96, v. 12154.)
(La Bataille des vins, p. 158.)
Ce mot paroît n'être autre chose que la corruption de God it wot, Dieu le sait, expression qu'on retrouve à tout moment dans les anciens auteurs anglois, et surtout dans Chaucer, the Clerkes Tale, v. 8031; et the Persones Prologue, v. 17355.
Page 80, vers 2204 et suiv.
Le Roman d'Agoulant, ou li Siéges d'Aspremont, se retrouve en vers dans les Mss. de la Bibliothèque Royale, nos 8203 et 7618; celui d'Aimon ou des IV fils Aymon, dans le Ms. 7182; la Somme de Blanchandin, dans le Ms. 6987; et le Dit de Flourenche de Romme39, dans le [Pg 117] Ms. no 198, fonds de Notre-Dame. Une partie du Roman d'Agoulant a été publiée par Bekker, en tête de son édition du roman provençal de Fierabras, et le Roman de Flourenche de Romme, traduit en vers anglois, a été donné par Ritson parmi ses Ancient engleish metrical romanceës, tome III, p. 1.
Page 80, vers 2225 et suivants.
Ici se trouve encore un rapprochement, quoique moins frappant que celui que nous avons déja noté, entre Eustache et Robin Hood. La tradition veut que la maîtresse du célèbre outlaw de la forêt de Sherwod ait été empoisonnée par le roi Jean. Voyez the Death of Robert, earle of Huntington, otherwise called Robin Hood of merrie Sherwodde: with the lamentable tragedie of chaste Matilda, his faire maid Marian, poysoned at Dunmowe, by King John. Acted, etc. Imprinted at London, for William Leake, 1601, in-4o, gothique. C'est la seconde partie d'un [Pg 118] drame sur Robin Hood. Elle est d'Anthony Mundy et de Henry Chettle.
Page 82, vers 2267.
Il y a un Radulphus de Tornella, nommé comme plège de Robert de Courtenai, dans une charte que nous avons déja citée. Voyez le Recueil des Historiens des Gaules et de la France, tome XVII, p. 107.
28 .... Virgille s'en estoit allé à Tolette pour apprendre, car il apprennoit trop voluntiers, et moult fut sage des ars de nigromence... Et estoit bel homme et sage, mais plus sçavoit de nigromence que nul homme vivant.—Les Faicts merveilleux de Virgille. Paris, par Guillaume Nyverd, sans date, in-16o, goth., p. 6 et 7.—Quant Maugist fust en aage qu'il eut advis en luy il fut enseigné et endoctriné. Si avoit ycelle fée (Oriande) ung frère lequel avoit nom Baudris, lequel sçavoit tous les ars de magie et de nigromance et lequel avoit longtemps estudié à Tollete et estoit de l'aage de cent ans. Si mist celluy Baudris toute son entente à apprendre et enseigner Maugist, et paresseux ne fust pas d'apprendre, etc.—Les deux très-plaisantes Hystoires de Guerin de Montglave et de Maugist d'Aigremont, etc. Paris, par Michel le Noir, le XV juillet 1518, in-fol., goth., feuillet lxi, ro, col. 1.
29 El conde Lucanor, compuesto por excelentissimo principe don Juan Manuel, etc., impresso in Sevilla, en casa de Hernando Diaz, año de 1575, in-4o, fol. 33, vo; et édition de Madrid, por Diego Diaz de la Carrera, año M. DC. XLII, in-4o, fol. 70, ro, capitu. XIII.
Ce conte a été traduit en françois par l'abbé Blanchet, et publié parmi les Apologues et Contes orientaux, etc., à Paris, chez Debure, fils aîné M. DCC. LXXXIV, in-8o, p. 121.
30 Voyez plus haut, p. 23, v. 614.
31 Paris, pour Antoine Verard (vers 1503), petit in-4o, gothique.
32 Ici est une miniature représentant la conjuration par le bassin, miniature répétée avec des différences au haut de la page.
33 Voyez, sur ce nom, un mémoire de Percy dans ses Reliques of ancient english Poetry, édit. de 1775, tome I, p. 70-78; et un autre de Ritson dans ses ancient engleish metrical Romanceës, tome III, p. 257 et suivantes.
34 Vers 320. Poésies de Marie de France, t. I, p. 350.
35 Vers 1 et 2 d'un fragment cité à la fin de l'Histoire pittoresque du Mont-Saint-Michel et de Tombelène, par Maximilien Raoul (Charles Le Tellier), à la librairie d'Abel Ledoux, Paris, MDCCCXXXIII, in-8o, p. 251.
36 L'Estoire a la généalogie des dux qui uni esté par ordre en Normandie. Ms. Harléien, no 1717, fol. 102, vo, col. 2.
37 Recueil du Historiens des Gaules, etc., tome XVIII, p. 99, A.
38 Collection d'Henry Savile, édit. de Francfort, p. 517, dernière ligne; p. 538, avant-dernière ligne, et p. 540, ligne 6.
39 Dans les deux Bordéors Ribaus, fabliau publié par M. de Roquefort à
la suite de son Traité sur l'ancienne poésie française, un Jongleur se
vante de connoître ce roman, en disant comme Eustache:
Si sai de
Florance de Rome.—P. 305, v.
1.
Addition à la note de la page 12, vers 306:
Dans l'ouvrage du P.
Jacques Malbrancq, on lit, sous la date de 1199, la charte suivante:
Ego Lambertus Morinorum episcopus notum facio quod Willelmus vavasor de
Billech, comitatum cum redditibus, quos habet in parochia de Kelmes,
pignore obligavit abbati S. Bertini pro 35 marcis parisiensis monetæ, et
omnes proventus inde percipiendos eidem ecclesiæ pro anima patris sui et
suorum.—De Morinis et Morinorum infulis, etc. Tornaci Nerviorum,
ex officina Adriani Quinqué et viduæ ejus, M. DC. XXXIX.—LIV, 3
vol. in-4o, tome III, p. 434.
1e Ce nom de Billech, que l'éditeur change en Bilque dans un sommaire en marge, ne seroit-il pas le même que Bulkes ou Busques?
2e Dans l'original n'y auroit-il pas, au lieu de Willelmus, un W tout seul, qu'il faudroit traduire par Wistacius?
Pg. x | Barthelemy | → | Barthelemy | "... l'apotre saint Barthelemy...." |
Pg. xxvij | Thoma | → | Thomas | "... Thomas Duffus Hardy." |
Pg. xx | repetent | → | repetent | "... vue qu'ils repetent...." |
Pg. xxxvi | Sandwis | → | Sandwiz | "... en la havene de Sandwiz ..." |
Pg. xl | Cinque-Ports | → | Cinq-Ports | "With notices of the other Cinq-Ports...." |
Pg. xlvii | Turbelvile | → | Turbeville | "Thomas Turbeville ot a non." |
Pg. liij | Guillame | → | Guillaume | "... Guillaume Le Petit...." |
Pg. lviij | Euschii | → | Eustachii | "... fratrem Eustachii Monachi." |
Pg. xxxij | Heros | → | Hero | "... compte de notre hero." Also p.
xlj "Notre hero y est appele...." |
Pg. 18, l. 486 | Warie | → | Marie | "... Sainte Marie!" |
Pg. 22, l. 597 | aleure | → | aleure | "Wistasce grant aleure." |
Pg. 25, l. 679 | kil' | → | k'il | "... garde k'il ne s'aperchoive,...." |
Pg. 28, l. 750 | Cler-Mares | → | Cler-Mares | "Andoi de Cler-Mares estoient. |
Pg. 33, l. 901 | pelerin | → | pelerin | "Wistasces comme pelerin...." |
Pg. 39, l. 1080 | Li potiers | → | Lipotiers | "Lipotiers devint carbonniers :...." |
Pg. 48, l. 1320 | M ais | → | Mais | "Mais onques...." |
Pg. 54, l. 1481 | Espaigne | → | Espagne | "... riche cheval d'Espagne." |
Pg. 86 | in-16 | → | in-16o | "... sans date, in-16o,...." |
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