— Note de transcription —
Les erreurs clairement introduites par le typographe ont été corrigées. Il y a une note plus détaillée à la fin de ce livre.
DICTIONNAIRE
DE
NOS FAUTES
CONTRE
La Langue Française
PAR
RAOUL RINFRET
MONTREAL
CADIEUX & DEROME
EDITEURS
CONTENANT
PAR
RAOUL RINFRET
MONTREAL
CADIEUX & DEROME
EDITEURS
Enregistré conformément à l’Acte du Parlement du Canada, l’an mil huit cent quatre-vingt-seize, par Raoul Rinfret, au Ministère de l’Agriculture.
Typ. John Lovell & Son.
Le livre que je publie est, en grande partie, un résumé de tout ce qui a été écrit au Canada relativement à nos fautes contre la langue française (la liste des ouvrages mis à contribution est donnée plus bas). Quelques ouvrages français, qui traitent des locutions vicieuses en usage en France, ont été consultés. J’ai ajouté un assez grand nombre de termes locaux, que j’avais commencé à recueillir il y a quelques années.
Afin de ne pas surcharger ce dictionnaire, je ne corrige pas les fautes que font seules les personnes sans instruction, ni les fautes qui se commettent dans l’emploi des mots techniques des professions et des métiers; à moins que ces mots n’appartiennent au domaine public.
Il nous faut apprendre le français tel qu’il existe en France. Il ne peut être question pour nous de créer une langue spéciale. Je suis forcé de condamner, bien à regret, une foule d’expressions employées ici tous les jours, mais qui ne sont plus correctes parce qu’elles ont vieilli ou changé de signification. Si nous commençons à nous écarter, de propos délibéré, du véritable français, tel qu’il est parlé et compris de nos jours, en conservant nos archaïsmes, où nous arrêterons-nous?
Il est inutile d’ajouter que je ne condamne pas les mots de la langue canadienne qui n’ont pas d’équivalents en France.
Nous somme obligés d’apprendre l’anglais. Apprenons-le bien. Mais quand nous parlons le français, évitons d’y mêler des mots à moitié anglais. Je signale avec soin les anglicismes, cette plaie de notre langue.
Le génie d’une langue ne peut s’apprendre dans les dictionnaires, a-t-on dit. C’est vrai. Mais avant d’essayer de nous pénétrer du génie de la langue française par la lecture des bons auteurs, débarrassons-nous au moins des fautes grossières que nous commettons contre elle. Ce petit dictionnaire nous aidera, j’espère, à atteindre ce but.
M. Fréchette a recueilli des notes très complètes sur notre langue canadienne. Je le remercie de tout cœur de me les avoir communiquées. Elles m’ont été bien utiles. Elles contiennent un grand nombre d’expressions vicieuses qui ne sont pas mentionnées dans les autres ouvrages.
Le dictionnaire est divisé en plusieurs parties. Il s’est glissé quelques erreurs dans la disposition des articles. Il a été difficile, dans certains cas, d’établir une ligne de démarcation entre la première et la deuxième partie.
La première partie contient nos fautes contre la langue française, et leurs corrections.
La deuxième partie contient les mots dont le genre est douteux ou quelquefois changé; la définition des mots qu’on peut confondre à cause de leur synonymie ou de leur paronymie; les difficultés et les règles relatives à nos fautes contre la langue. J’ai ajouté quelques articles oubliés dans la première partie, préférant les donner hors de leur place, plutôt que de ne les pas donner du tout.
La troisième partie traite de la prononciation. Je ne cite que les mots que nous prononçons mal, et nos principaux défauts de prononciation. Ces défauts sont: 1o de faire ordinairement a trop grave (V. A); 2o de ne pas prononcer g assez de la gorge (V. G); 3o de ne pas faire sentir les consonnes d, l, m, n, r, lorsqu’elles sont doubles; 4o de mal prononcer les diphthongues oi, un. (V. Oi, Un).
Nous commettons beaucoup de fautes de prononciation par une négligence inexcusable.
Quatrième partie. Nous nous servons tous les jours de la langue anglaise; ce qui nous fait parfois mal épeler un mot français parce que son orthographe ressemble à celle du mot anglais correspondant. J’ai recueilli ces termes paronymes, retranchant ceux qui sont employés rarement.
La cinquième partie donne les mots dont l’accent circonflexe est quelquefois oublié.
OUVRAGES CANADIENS.
Manuel des Difficultés les plus communes de la Langue Française, suivi d’un Recueil de Locutions Vicieuses.
Québec, 1841; l’Abbé T. Maguire, V. G.
Recueil des Expressions Vicieuses et des Anglicismes les plus fréquents.
Québec, 1860; par un membre de la Société Typographique de Québec.
Le Mémorial des Vicissitudes et des Progrès de la Langue Française en Canada.
Montréal, 1879; Bibaud.
L’Anglicisme, voilà l’Ennemi.
Québec, 1880; J. P. Tardivel.
Glossaire Franco-Canadien et Vocabulaire de Locutions Vicieuses usitées au Canada.
Québec, 1880; Oscar Dunn.
Petit Vocabulaire à l’usage des Canadiens-Français.
Trois-Rivières, 1880; l’Abbé N. Caron.
Manuel des Expressions Vicieuses les plus fréquentes.
Ottawa, 1880; J. F. Gingras.
Dictionnaire des Locutions Vicieuses du Canada (lettre A).
Québec, 1881; J. A. Manseau.
Anglicismes et Canadianismes.
Québec, 1888; A. Buies.
Fautes à Corriger.
Québec, 1890; Alphonse Lusignan.
La Langue Française au Canada.
Québec, 1890; Napoléon Legendre.
A propos d’Education.
Montréal, 1893; Louis Fréchette.
Notre Langue Technique (Conférences).
Québec, 1890; C. E. Gauvin.
Dictionnaire Canadien-Français.
Montréal et Boston, 1894; Sylva Clapin.
“Corrigeons-nous” de “La Patrie.”
Montréal, du 18 juillet 1893 au 6 juillet 1895; Louis Fréchette.
Notes, contenant environ 4500 mots, recueillies par M. Fréchette, et mises à la disposition de l’auteur.
OUVRAGES FRANÇAIS.
Du Bon Langage, et des Termes et des Locutions Vicieuses à éviter.
Paris, 1876; comtesse Drohojowska.
Les Omnibus du Langage avec le Corrigé des Locutions Vicieuses.
Paris; D. Lévi Alvarès, père.
2000 Locutions et Fautes à corriger.
Paris. Collection “Cent Bons Livres.”
Petit Dictionnaire raisonné des Difficultés et Exceptions de la Langue Française.
Paris, 1886; Soulice et Sardou.
R. R.
Montreal, juillet 1896.
A.—On entend souvent l’expression: Sept à huit personnes. C’est une faute. Il faut dire: Sept ou huit personnes. Voici la règle: entre deux nombres consécutifs, il faut employer la conjonction ou lorsque le substantif qui suit est indivisible, et à s’il est divisible: Il y avait sept ou huit personnes. Il y a cinq à six lieues. Dans cette dernière phrase, on devra dire: cinq ou six lieues, si l’on veut spécifier que c’est l’une ou l’autre de ces deux quantités.
Ne dites pas: j’ai plusieurs endroits à aller; mais: il me faut aller à plusieurs endroits.
à matin, à soir, sont des expressions fautives que l’on entend tous les jours pour ce matin, ce soir.
On doit dire: cent bottes de foin par et non à l’arpent.
C’est une faute d’employer à, aux, pour de lorsqu’il s’agit de désigner la substance qui compose un mets. Il faudra dire: compote de pommes; marmelade de pêches; confitures d’abricots; fricassée de poulet; gelée de veau, pâté de lièvre, salade de homard, etc. L’emploi de à indique que la substance mentionnée n’est qu’un accessoire, ou désigne la manière dont un mets est apprêté: omelette aux fines herbes, gelée au rhum, macaroni au gratin.
Cette laitue monte à graine, à la graine, sont des expressions fautives. Il faut dire: Cette laitue monte en graine.
On ne doit pas dire: il insiste, il demande, il consent à ce que vous veniez; mais: il insiste que ou pour que, il demande que, il consent que vous veniez.
A ne saurait être employé pour de exprimant un rapport de possession. Le pré d’un tel, et non: le pré à un tel. L’Académie fait une exception pour la locution populaire: La barque à Caron. On emploie aussi quelquefois à, dans ce cas, par plaisanterie.
Il faut dire: ne servir de rien, et non: ne servir à rien. Cela ne sert de rien d’essayer de le convaincre.
Ne dites pas: Il est parti à Québec, mais pour Québec.
AA1, A1.—Ces expressions anglaises peuvent se traduire par marqué à l’A. Larousse dit: “Proverbe. C’est un homme marqué à l’A. Se dit d’un individu d’une haute probité, d’un noble caractère, d’une intelligence distinguée. Ce proverbe a été emprunté des monnaies fabriquées à Paris et qui sont marquées de la lettre A. Il est des bons, il est marqué à l’A (H. Estienne).”
Abandonner une poursuite.—Expression vicieuse, en termes de procédure. Dites: Renoncer à une poursuite, se désister d’une poursuite. D’après Bescherelle, il est préférable de spécifier et de dire: Se désister d’une demande, d’une plainte, d’un appel.
Abord.—De premier abord n’est pas français. Dites: de prime abord, au premier abord, tout d’abord.
D’abord que signifie en français aussitôt que. C’est une faute de lui donner le sens de pourvu que, puisque, du moment que, comme dans ces phrases: d’abord qu’il le dit (puisqu’il le dit); d’abord qu’il viendra (pourvu qu’il vienne).
Aboutant.—Est le part. prés. d’abouter. Il faut se servir d’aboutissant, et non d’aboutant, pour désigner les parcelles de terre voisines dans le sens de la longueur. Mentionner les tenants et les aboutissants.
Abrier, s’Abrier.—Signifient: mettre quelque chose, se mettre à l’abri du vent. Ne sont plus français dans le sens d’envelopper quelqu’un, de s’envelopper de couvertures; il faut dire: Couvrir quelqu’un, se couvrir. Couvrez l’enfant comme il faut, et non Abriez... Couvrez-vous en vous couchant, et non: Abriez-vous...
Abuser quelqu’un.—Signifie en français le tromper. Abuser les esprits faibles. C’est un anglicisme de donner à ce mot le sens d’insulter, d’injurier, comme dans cette phrase: Il l’a abusé. Dites: Il l’a insulté, injurié; il l’a abreuvé, accablé d’injures.
Accaparer (s’).—Signifie: être accaparé: Les blés s’accaparent en ce moment. Il ne faut pas dire: Il s’est accaparé tout le blé du marché, mais: Il a accaparé...
Accent.—V. Circonflexe.
Acceptance.—Mot anglais. Dites: acceptation (d’une lettre de change, etc.), et non acceptance.
Accommodation.—N’est guère employé qu’en termes de philosophie, de linguistique, de physiologie et de théologie. C’est un anglicisme de lui donner le sens de confort, commodité, espace. Au lieu de: Ce bateau manque d’accommodation, il faut dire: Ce bateau manque de confort; ou bien manque de cabines, si l’on veut parler de l’aménagement, de la grandeur.
Billet d’accommodation est un anglicisme. En français, on dit billet de complaisance (terme de commerce).
Accomplissement.—Anglicisme dans le sens de talent, mérite, qualités. (Il avait autrefois ce sens.) Signifie, en français, exécution, réalisation d’une chose projetée, promise ou souhaitée. Accomplissement d’un vœu.
Acconnaître.—N’est plus français. Dites: Connaître, savoir. On le trouve dans les vieilles formules du droit: Lui fait acconnaître et assavoir.
Accord.—Mettre d’accord signifie concilier. Le juge les mit d’accord (c-à-d., les concilia). En parlant d’un instrument de musique, dites: Accorder et non mettre d’accord; accorder un violon, un piano.
Accorder un contrat.—V. Contrat.
Accoster.—Est un verbe actif. Ne dites pas: accoster au quai, contre le quai, mais accoster le quai: Ce navire a accosté le quai.
Accoter (s’).—V. Appuyer (s’).
Accouder (s’).—V. Appuyer (s’).
Accoupler.—Il faut dire: attacher des wagons, et non accoupler. Accoupler signifie: réunir deux à deux.
Accoupleur.—N’est pas français. Celui qui attache ensemble les wagons n’a pas, en France, de nom particulier. Il s’appelle homme d’équipe.
Accrochoir.—N’est pas français. Dites portemanteau (morceau de bois ou de fer fixé au mur pour suspendre des habits), crochet, patère.
Acculer.—Signifie: pousser quelqu’un dans un coin où il ne puisse plus reculer. Il ne faut pas donner à ce mot le sens d’éculer (rabattre en marchant le quartier de sa chaussure). Souliers éculés, et non acculés.
Acculoir.—N’est pas français. Dites avaloire, subst. fém. (pièce de harnais), ou reculement.
Achalant.—N’est pas français. V. Achaler.
Achaler.—N’est pas français. Dites: Il m’ennuie, il me fatigue, il m’importune, et non il m’achale.
Acompte.—Dites: J’ai reçu cent dollars à compte et non en acompte. Ou bien: J’ai reçu un acompte de cent dollars sur ce qu’il me doit.
Acoustique.—Le cylindre évasé qu’on se met à l’oreille pour communiquer par le téléphone ne s’appelle pas acoustique, mais récepteur.
Est du féminin. L’acoustique de cette église est bonne.
Acquêt.—Terme de jurisprudence. Dans ce genre de phrase: Vous avez autant d’acquêt, pour signifier gain, profit, acquêt n’est plus employé.
Acter.—Signifie: signer des actes, ou les faire rédiger (peu usité). N’est pas français dans le sens de tenir un rôle (dans une pièce de théâtre). C’est un anglicisme très usité et très condamnable: Ce jeune homme joue très bien, et non acte très bien.
Addition.—On dit additions en parlant de ce qu’on ajoute à un livre, à un document. C’est un anglicisme de lui donner le sens étendu qu’il a dans les phrases de ce genre: addition à une bibliothèque, pour désigner de nouveaux livres;—addition à une salle, pour un ou des meubles ajoutés; de l’employer pour signifier un agrandissement quelconque fait à une maison; pour signifier une annexe.
Additionnel.—C’est un anglicisme de donner à ce mot le sens de supplémentaire. Ne dites pas: Employé additionnel, mais: Employé supplémentaire. Signifie, en français: qui doit être ajouté. Ordonnance additionnelle.
Adjectif.—On emploie quelquefois à tort, comme adverbes, certains adjectifs qui ne peuvent l’être. Ne dites pas: moi pareil, pour moi pareillement; il viendra sûr, pour sûrement; j’y serai certain, pour certainement.
Admission.—Signifie: action d’admettre ou d’être admis. Admission aux ordres sacrés. N’est pas français dans le sens d’aveu. Ne pas dire: admission d’un crime, mais aveu d’un crime. Au lieu de: Pas d’admission, dites: Entrée interdite. Au lieu de: L’admission de Terre-Neuve dans la Confédération, dites: l’entrée...
Carte d’admission doit se dire: Billet d’entrée.
Adon.—N’est pas français. Dites hasard, bonne chance.
Adonner (s’).—Le verbe s’adonner veut dire: s’attacher particulièrement à une chose, s’y complaire avec passion: s’adonner à l’étude, à la boisson. Il signifie en outre: se convenir, s’unir, sympathiser, en parlant des choses morales: Deux caractères s’adonnent. C’est une faute de dire: Je m’adonnais à passer, lorsqu’il s’est mis à la fenêtre. Dites: Je passais, lorsqu’il... Autre faute: Vous voilà? cela s’adonne bien; j’avais affaire à vous. Dites: Cela tombe bien...
On entend dire souvent aussi: Je m’adonne bien avec cette personne. Ce n’est pas français. Dites: Je sympathise bien avec cette personne; nos caractères s’accordent bien.
Adosser (s’).—V. Appuyer (s’).
Adresse.—Quand on écrit à un avocat, à un médecin, à un notaire, etc., on adresse la lettre: Monsieur Un Tel, avocat, et non: Monsieur l’Avocat Un Tel.
Ne dites pas: Cette petite fille a lu une adresse à son père à l’occasion de sa fête, mais: Cette petite fille a souhaité la fête à son père. Il est cependant correct de dire: L’adresse de la Chambre des députés, en réponse au discours du trône (Acad.)
Adresser un auditoire.—Est un anglicisme. Il faut: S’adresser à un auditoire, adresser la parole à un auditoire, ou haranguer un auditoire.
Adverse.—On dit bien: la partie adverse, fortune adverse; mais il vaut mieux dire: opinion opposée, contraire, plutôt que: opinion adverse.
Affaire.—Il faut dire: J’ai affaire à lui parler, et non de lui parler, si c’est dans le sens d’avoir besoin de.
Faire son affaire, en parlant de quelqu’un, c’est, en français, le châtier ou même le tuer: Il lui a fait son affaire. Faire son affaire d’une chose c’est s’en charger. Faire son affaire ne veut pas dire en français, gagner de l’argent. Au lieu de: Il fait son affaire, dites: Il fait bien ses affaires, il réussit bien.
On dit en français: un homme d’affaires, un agent d’affaires, mais on ne peut faire un qualificatif de ce terme et dire: Il est d’affaires, pour signifier: habile en affaires. C’est un anglicisme.
Affecter.—C’est une faute de donner à ce mot le sens d’influencer, et de dire affecter un vote, affecter la majorité, au lieu de: Influencer un vote, la majorité.
Affiquiot.—Corruption d’affûtiau. Signifie tout l’attirail dont on a besoin pour faire une chose.
S’emploie, mais aussi à tort, dans le sens d’affiquet (ornement de femme, etc.); affiquet est français, mais populaire.
Affirmative.—Ne dites pas: Répondre dans l’affirmative. C’est un anglicisme (to answer in the affirmative); mais: répondre affirmativement.
Affronter quelqu’un.—Signifie: braver avec audace sa colère, ses menaces. N’est pas français dans le sens de faire un affront. Ne dites pas: il l’a affronté devant tout le monde, mais: il lui a fait un affront...
Agacer.—On dit: agacer les dents, les nerfs, un chien, etc., mais c’est une faute d’employer ce mot dans le sens d’émousser, et de dire: agacer un instrument tranchant.
Agate.—Nom anglais de la parisienne ou sédanoise, caractère d’imprimerie plus petit que la nonpareille. En français agate, désigne une pierre précieuse. Ne pas confondre ce mot avec le nom propre Agathe.
Âge.—Etre en âge de... signifie: être assez âgé pour... Etre en âge, employé pour signifier être majeur, n’est pas français. Ne dites pas: Il est en age, mais il est majeur.
Agent de station.—Anglicisme. Dites: Chef de gare.
Agir.—De ce qu’agir, dans un grand nombre de cas, est synonyme d’en user, il ne faut pas croire qu’il est permis de dire aussi en agir. Cette manière de s’exprimer est condamnée par tous les grammairiens. Au lieu de: Il en a mal agi dans cette affaire, dites: Il a mal agi dans cette affaire.
Agoniser.—Signifie: être à l’agonie. Ne dites pas: agoniser quelqu’un d’injures, mais: agonir d’injures (c’est-à-dire, accabler d’injures); ou simplement agonir: Il a agoni son adversaire.
Agrafe.—Dites fermoir, pour désigner cette agrafe qui sert à tenir un livre fermé.
Agrain.—Signifie en français: amas de grains en gerbe pour attirer le gibier. Il faut dire du farrago, si l’on veut désigner un mélange de diverses sortes de grains, et non des agrains.
Agrès.—On dit les agrès d’un vaisseau, d’un gymnase; mais il faut dire engins de pêche, et non agrès.
Aigrefin.—Signifie en français souple, adroit, et parfois même escroc (è-skro). C’est une faute de lui donner le sens de faible de constitution.
Aigrette.—Désigne la huppe des oiseaux. N’est pas français dans le sens de chènevotte (partie ligneuse du lin et du chanvre quand elle est dépouillée de la filasse).
Air.—Substantif masculin. On fait souvent la faute de le mettre au féminin, comme dans cette phrase: Que l’air est bonne! il faut dire: Que l’air est bon!
Air de vent, pour brise, souffle du vent, est une locution vicieuse. Ne dites pas: Il n’y a pas un air de vent, mais, Il n’y a pas un souffle, pas la moindre brise. Mais aire de vent est français, pour désigner la trente-deuxième partie de la boussole dont les divisions représentent tout l’horizon.
Ne dites pas: je connais les airs de la maison, mais les aîtres ou les êtres de la maison; c’est-à-dire ses différentes parties, la distribution des pièces dont elle se compose.
Avoir l’air à, expression vicieuse. Au lieu de: Il a l’air à vouloir se corriger, dites: Il a l’air de vouloir se corriger.
Aléner.—V. Enclaver.
Alentour.—Est adverbe, et ne doit donc pas être suivi de la préposition de. Dites: Les enfants jouent autour de la maison, et non alentour de la maison. Alentour peut être suivi de de, si ce dernier mot ne lui sert pas de complément: il y avait alentour des soldats étrangers. C’est-à-dire: Il y avait des soldats...
Ne dites pas aux alentours de, dans les alentours de, dans le sens d’à peu près, d’environ: Il lui doit environ, à peu près cent dollars.
Alise.—Fruit de l’alisier. On donne à tort, en certains endroits, ce nom à la bourdaine, au fruit de la bourdaine, qui croît dans les lieux humides, et atteint une hauteur de douze à quinze pieds. Ce fruit est une baie successivement verte, rouge et noire.
Alitré.—N’est pas français. Dites: avivé. Plaie, peau avivée.
Allége.—Désigne en français une espèce de barque; est aussi un terme d’architecture et de chemin de fer. Ce mot n’est pas un adjectif, et l’on ne peut dire: Une voiture allége, pour: une voiture non chargée. Ce doit être une corruption du terme de marine lége, qui signifie: n’ayant pas son chargement complet. Navire lége.
Allégué.—Est un participe et non un substantif. Ne dites pas: Un allégué, mais: Une allégation.
Aller.—C’est un anglicisme de dire: Il est allé pour vous voir (he has been to see you). Dites: Il a été vous voir, ou: Il a été chez vous pour vous voir.
Une rumeur allant à dire (going to say) est un anglicisme. Il faut: On dit que, on rapporte que, le bruit court que.
Ne dites pas: aller en procès, mais intenter, faire un procès.
Alley.—Terme anglais. Se traduit par boulet: espèce de bille en verre de couleur; ou par calot: grosse bille de pierre dont les enfants se servent au jeu.
Allouance.—Signifie allocation (d’une somme). Est peu usité. Ne dites pas: allouance des chemins, mais réserve pour chemins (espace qui est réservé pour les chemins lorsqu’un terrain est subdivisé en terres pour la culture).
Allumer.—Ne peut s’employer absolument pour signifier allumer sa pipe. Dites: Je vais allumer ma pipe, et non: je vais allumer, tout court.
Allusion.—Faire allusion à quelque chose signifie: en éveiller le souvenir. Mais dans une de ses acceptions anglaises, ce mot signifie mention. Dites: Le procès dont il a été fait mention, et non: auquel il a été fait allusion.
Alsphate.—Il faut dire asphalte et non alsphate.
Est du masculin. L’asphalte est plus pesant que l’eau.
Allumelles.—N’est plus français dans le sens de lame de couteau.
Aluminum.—Il ne faut pas dire, comme les Anglais: aluminum, mais aluminium (masculin).
Amais.—N’est pas français. Dites point de repère: marque, signe par lequel on reconnaît sa position dans une forêt.
Amais s’emploie aussi à tort pour direction d’une ligne. Ce mot est une corruption d’amers, terme de marine qui signifie: marques apparentes sur les côtes, telles que les moulins, les clochers, etc., propres à guider les navigateurs.
Amalgamation.—En français signifie: la séparation de l’or et de l’argent de leur minerai à l’aide du mercure. C’est un anglicisme de s’en servir pour exprimer la fusion de deux sociétés commerciales, de deux entreprises industrielles, de deux intérêts. Au lieu de: L’amalgamation de ces deux banques, dites: La fusion de ces deux banques.
Amancher.—N’est pas français. Corruption de emmancher (an-mancher): munir d’un manche. Au lieu de amancher des tuyaux, dites: aboucher des tuyaux.
Amarinage.—V. Amariner.
Amariner.—Ce mot signifie: habituer quelqu’un à la mer, fournir un vaisseau de son équipage. Par conséquent, on ne peut pas amariner des cornichons.
Amarinage est l’action d’amariner un navire. Il s’en suit que les amarinages n’ont guère de rapport avec le hors-d’œuvre auquel on donne ce nom ici. Ce hors-d’œuvre doit s’appeler cornichons confits au vinaigre, ou simplement cornichons: Veuillez me passer les cornichons, et non les amarinages.
D’autres disent les marinages: ce qui n’est pas plus correct. Marinage est l’action de mariner des vivres.
D’autres enfin disent marinade. Ce qui est une faute encore. Marinade se dit de la viande marinée; d’une sauce particulière; d’une saumure pour la conservation des viandes. Le mot anglais pickles s’emploie maintenant en France.
Amarrer.—Terme de marine. Signifie: lier, attacher avec des amarres. Par extension, il veut dire attacher avec des cordes. Mais on ne peut dire amarrer des souliers, une coiffure, un cheval, pour attacher des souliers, une coiffure, un cheval.
Ambigu.—Employé comme substantif ou comme adjectif masculin, il s’écrit sans tréma; mais employé comme adjectif féminin, il en prend un sur l’e: Réponse ambiguë. Ambiguïté: prend un tréma sur l’i.
Ambitionner.—Est actif, et exige un complément: ambitionner les honneurs. Il ne peut être neutre. Il ne faut donc pas dire: vous ne devez pas ambitionner, mais vous ne devez pas avoir trop d’ambition, d’exigences.
Ameer.—Mot anglais. Se traduit par Emir: chef arabe d’un gouvernement ou d’une tribu.
Amendement.—C’est un anglicisme que de dire: Proposer quelque chose en amendement. Dites: Proposer un amendement, ou faire une proposition par voie, ou sous forme d’amendement.
Amender.—Signifie corriger, modifier, etc. Il est vieux et peu usité dans le sens de ramender (diminuer de prix). Dites: La farine a ramendé, et non amendé.
Amener.—Amener des preuves, anglicisme (to bring proof); dites: donner, produire des preuves.
Amicablement.—N’est pas français. Dites: amicalement, à l’amiable, selon le cas.
Amont.—Terme dont on se sert pour indiquer le côté d’où vient un fleuve, une rivière. Ne s’emploie guère qu’avec la préposition de. Le vent est d’amont, il souffle d’amont. En amont de la ville, du pont. Mais on ne doit pas dire: Amont la côte, pour en haut de la côte.
Amour.—Etre en amour, tomber en amour. Ces deux expressions doivent être évitées à tout prix comme choquantes. Elles n’ont pas du tout en français le sens qu’on leur donne ici et ne s’appliquent qu’aux animaux. Ne dites donc pas: Il est en amour, ils sont tombés en amour, mais: Il est amoureux, ils s’aiment. Etre en amour, tomber en amour, dans le sens qu’on leur donne ici, sont des anglicismes.
Amourettes.—Terme populaire. Moelle que l’on détache des reins du veau et du mouton, et dont on fait des plats recherchés. Ne pas confondre ce mot avec animelles.
Ampas.—Corruption de lampas: engorgement ou allongement de la membrane qui tapisse le palais du cheval près des dents incisives.
Amunition.—Dites: munition (pour la chasse, l’armée, etc.). Ce mot s’emploie surtout au pluriel. Des munitions. Amunition était français autrefois, mais n’est plus employé.
Amusard.—Corruption du mot musard: qui perd son temps à des bagatelles.
Anguille brûle (l’).—Se dit en bon français cache-tampon: jeu d’enfants dans lequel on cache un mouchoir roulé en tampon; celui qui le trouve s’en sert pour frapper ses camarades en les poursuivant.
Animaux.—On appelle animaux, tous les êtres vivants et animés qui ne sont pas doués de raison. Le moustique comme l’éléphant est un animal. Les bestiaux sont l’ensemble des animaux domestiques faisant partie d’une ferme ou d’une exploitation agricole. C’est donc une faute d’employer animaux pour bestiaux. Dites: Le commerce de bestiaux.
On doit employer les verbes suivants pour désigner le cri de certains animaux: pour abeille, bourdon, frelon, guêpe, hanneton, mouche, bourdonner; âne, braire; dindon, glouglouter; colombe, gémir; corbeau, croasser; grenouille, coasser; rossignol, gazouiller; serpent, merle, serin, siffler; lion, rugir; loup, hurler; pie, babiller, causer, jacasser; pigeon, roucouler; poule, glousser, caqueter; renard, glapir, aboyer; cheval, hennir (ha-nir); mouton, bêler; bœuf, mugir, meugler, beugler.
Anneau.—On dit: coulant de serviette, rond de serviette, et non anneau de serviette.
Annonce.—V. Réclame.
Annoncer.—Ne dites pas: ce jeune homme annonce bien, pour signifier: il se fait connaître sous un rapport favorable, mais: ce jeune homme s’annonce bien.
Anticiper.—Signifie devancer, prévenir. Mais c’est un anglicisme que de dire: J’anticipe quelque malheur, quelque difficulté. Il faut: je pressens, je prévois quelque malheur, etc.
Antiquités.—Signifie entre autres: les objets anciens qui nous restent d’une nation: peinture, inscriptions, ustensiles, etc. Il ne faut pas confondre cette expression avec antiquailles, qui signifie vieux objets sans valeur, et qui comporte une idée de mépris: Ramasseur, chercheur d’antiquailles.
Anvaler.—Corruption d’avaler.
Anxieux.—Est un anglicisme dans le sens de désireux, impatient. Il signifie en français: inquiet, alarmé, perplexe. Ne dites pas: Je suis anxieux d’arriver; mais: Je suis impatient, désireux d’arriver.
Aplomb.—Ecrivez d’aplomb ou à plomb, et non aplomb d’un seul mot, lorsque vous voulez dire verticalement. Cette colonne est posée à plomb ou d’aplomb. Aplomb est substantif. Mur qui conserve son aplomb, l’aplomb.
Apologie.—Signifie: discours, écrit pour défendre, justifier. C’est un anglicisme de l’employer dans le sens d’excuse, comme dans faire apologie; dites: présenter des excuses, avouer son erreur.
Apothicaire.—Vieux mot. On emploie de préférence aujourd’hui le mot pharmacien.
Appareiller.—Veut dire: mettre ensemble des choses pareilles: appareiller des tableaux. Est aussi un terme d’architecture et un terme de marine. C’est une faute de lui donner le sens de préparer (un dîner, une chambre); habiller (des enfants); dresser (une table, un lit), etc. Il ne faut pas lui donner le sens d’apparier, qui veut dire: réunir la paire, en parlant de gants, bas, etc.
S’appareiller signifie: se joindre à un pareil à soi; s’accoupler, surtout en parlant des oiseaux. C’est donc une faute de lui donner le sens de se préparer; s’apprêter à sortir; c’est une faute encore de lui donner le sens d’appareiller, c’est-à-dire mettre à la voile.
Appartement.—Veut dire en français: logement composé de plusieurs pièces de plain-pied, au même étage, de grandeurs diverses, et propres chacune à un usage particulier. Est généralement composé d’une antichambre, d’une salle à manger, d’un salon et de plusieurs chambres à coucher. Appartement ne peut donc désigner une seule chambre, une seule pièce.
Appelable.—En parlant des personnes, le mot anglais appealable se traduit par: pouvant être accusé de.... pouvant être mis en accusation. Ne dites pas: Il est appelable pour ce crime; mais: il peut être mis en accusation pour ce crime.
Appeler des noms.—V. Noms.
Appétit.—Est du masculin: Un grand appétit. Pour l’appétit de, n’est pas français. Dites: par le désir de s’approprier, d’obtenir, etc. Ne dites donc pas: Pour l’appétit de quelques sous, il expose sa vie; mais: Pour l’appât de, par le désir d’obtenir quelques sous....
Applicant.—On dira d’un ouvrage qu’il est applicant; c’est-à-dire, qu’il demande une grande attention. Cette locution est française, mais populaire. C’est un anglicisme de donner à ce mot le sens de pétitionnaire, solliciteur, qui sollicite. Au lieu de: Il y a beaucoup d’applicants pour cet emploi, dites: il y a beaucoup de personnes qui sollicitent cet emploi.
Application.—Faire application pour une place est un anglicisme. Dites: adresser une demande, une requête, une supplique dans le but d’obtenir un emploi, une position. Demander une position; solliciter un emploi.
Appoint.—Signifie: le solde d’un compte. N’est pas français dans ces phrases: Je ne veux pas attendre ses appoints, être à tous ses appoints; c’est-à-dire: être le jouet de ses caprices.
Appointement.—Au singulier, est un terme de jurisprudence. C’est un anglicisme de l’employer dans le sens de nomination, de rendez-vous, etc. (V. Salaire); et de dire: c’est un bon appointement (pour une nomination heureuse); j’ai un appointement avec lui pour telle heure pour: je dois le rencontrer à telle heure, j’ai un rendez-vous avec lui à telle heure.
Appointer quelqu’un.—A un poste, à une situation, est un anglicisme. Il faut dire nommer. Il a été nommé caissier, et non: appointé caissier. Appointer un commis, un intendant, signifie, en français, donner des appointements à ce commis, à cet intendant; et non: le nommer à une position.
Approbation (En).—N’est pas français dans le sens qu’on lui donne ici. Au lieu de: Donner un ouvrage en approbation (avant de le faire imprimer), dites: le soumettre à l’approbation de quelqu’un, à la critique de quelqu’un. Ne dites pas qu’un marchand envoie des marchandises en approbation, mais qu’il les envoie pour que l’acheteur fasse son choix; qu’il les envoie à l’essai, au choix.
Approcher quelqu’un.—Signifie: avoir un accès libre, facile, auprès de lui. C’est un anglicisme de donner à cette locution le sens de: faire des propositions à quelqu’un; chercher à l’entraîner, en lui proposant quelque avantage, à se faire aider dans une chose secrète et peu honorable.
Appropriation.—Signifie: action de s’approprier; de rendre propre à un usage un objet quelconque.—Approprier signifie: rendre propre à une destination, etc. C’est donc une faute de donner à appropriation le sens de crédit, somme votée par la législature ou par des corporations pour certaines fins. Ne dites pas: Une somme appropriée, mais: affectée, destinée à telle fin.
Approprié.—On dit en français: Expression appropriée à la pensée de l’auteur, c’est-à-dire adaptée à la pensée. C’est un anglicisme d’employer ce mot absolument et de lui donner le sens de conforme, propre, juste. Ne dites pas: Ses remarques étaient appropriées, mais ses remarques étaient justes. Au lieu de: C’est le mot approprié, dites: C’est le mot propre.
Approprier.—V. Appropriation.
Approvisionné.—Veut dire muni de provisions. Au lieu de: approvisionné d’argent, dites: muni, pourvu d’argent.
Appuyer (s’).—Si l’on s’appuie sur le côté, c’est s’accoter; sur le coude, c’est s’accouder; sur le dos, c’est s’adosser. On emploie souvent, par erreur, s’accoter, pour s’adosser, s’accouder.
Après.—Ne doit jamais être employé pour exprimer un rapport de position ou de jonction; on doit dire: la clef est sur la porte, et non: est après la porte. J’écris, et non je suis après écrire; attacher un cheval à un poteau, et non: après un poteau; il a une tache à son habit, et non: après son habit.
Arasage.—N’est pas français. Dites: Arasement (d’un mur).
Arcade.—Ne dites pas les arcades d’une église, mais les galeries d’une église. V. Jubé.
Arche.—On dira en français l’arche d’un pont; arche d’assemblage (terme de construction); mais il faut dire arc, en parlant de cette construction élevée sur un chemin, une rue, par laquelle doit passer une procession, un cortège: L’arc était rond, et non pas: l’arche....
Archevêque.—Dites archevêque et non archévêque.
Archidiocèse.—N’est pas français, bien qu’archidiocésain le soit. Dites: archevêché (diocèse d’un archevêque).
Aréolithe, Aréostat.—Dites: Aérolithe, aérostat, et non aréolithe, aréostat.
Argent.—Est du masculin. Ce qui n’empêche pas la plupart des gens de dire: De l’argent neuve, de la bonne argent, pour: De l’argent neuf, de bon argent.
Argent de papier doit se dire: papier monnaie, billet de banque; argent dur, doit se dire: monnaie d’argent, argent monnayé, espèces.
Les argents, expression que l’on entend dire souvent, dans le sens de somme d’argent, est un anglicisme. Argent ne s’emploie au pluriel que lorsqu’on veut désigner un fragment ou échantillon de minerai: De tous ces argents, celui-ci est le plus pur.
Argenté.—N’est pas français dans le sens de pourvu, muni d’argent. On peut dire dans le langage populaire, argenteux, mais il vaut mieux dire pourvu d’argent, muni d’argent.
Argenteries.—Dans le sens de vaisselle d’argent, argenterie n’a pas de pluriel. Par conséquent, c’est une faute de dire: acheter des argenteries, vendre ses argenteries, au lieu d’acheter de l’argenterie, vendre son argenterie.
Arguer.—Signifie en français: contredire, accuser, tirer une conséquence. C’est un anglicisme de dire: Arguer une cause, une question. L’avocat doit dire: j’ai plaidé ma cause, discuté la question, fait valoir mes arguments, etc.
Argumenter.—Est ordinairement neutre. En l’employant activement, on ne doit pas dire: argumenter une cause, bien qu’on dise argumenter quelqu’un (lui adresser des arguments). Dans ce dernier sens, il est peu usité. Dites: prouver une cause par arguments.
Armette, armède germain.—Corruption de l’expression souvent usitée en France dans le langage populaire: remué de germains. Dites: cousin issu de germain, et non cousin armette germain, armède germain.
Armoire.—Armoire montante n’est pas français; dites: monte-plats.
Armoiries.—Anglicisme (armory). Dites: Arsenal: lieu où l’on met les armes. Armoiries est synonyme, en français, d’armes, en terme de blason.
Arome.—C’est une faute d’écrire arôme (avec un accent circonflexe).
Arpentage.—Strictement parlant, l’arpentage consiste à mesurer les terrains, à en calculer la superficie et à en dresser le plan. Au lieu d’arpentage de rivière, de chemin, il faut dire: Lever de rivière, de chemin, etc., ou lever des plans de...; au lieu d’arpentage préliminaire d’un chemin de fer, dites: Etude du tracé d’un chemin de fer; au lieu d’arpentage définitif d’une voie ferrée, dites tracé définitif...; au lieu d’arpentage d’un lac, d’une ville, dites: Lever du plan, ou lever d’un lac, d’une ville.
Arpenteur.—Désigne celui qui mesure la superficie des terres. Dites arpenteuse et non arpenteur, pour désigner une certaine chenille. On dit une arpenteuse, ou une chenille arpenteuse.
Arrangements d’hiver, d’été.—Dites: Service d’hiver, d’été, d’un chemin de fer.
Au lieu de: C’est un homme d’arrangement, dites: c’est un homme facile en affaires, d’humeur conciliante.
Arranger.—Ne pas employer ce mot dans le sens de raccommoder, réparer. On dira: Réparer une voiture, une machine; raccommoder une robe, une chaussure, et non arranger.
Arrangeur.—Désigne, en français, celui qui donne une forme définitive à un canevas, à une ébauche, à une idée. C’est une faute de désigner par ce mot celui qui répare, comme dans arrangeur de montres (dites: horloger); arrangeur de parapluies (dites: qui répare...).
Arrestation.—Ne dites pas: mandat d’arrestation, mais: mandat d’arrêt.
Arrière.—Ne dites pas: Cette montre, cette horloge est en arrière, prend de l’arrière; ce sont des expressions vicieuses. Dites: Cette montre, ou cette horloge retarde, elle est en retard. On peut dire aussi: je retarde de vingt minutes, pour indiquer que ma montre retarde de vingt minutes. V. Avant.
Arrimer.—N’est qu’un terme de marine. Il est toujours actif. Il ne faut pas lui donner le sens d’arranger, disposer; ni l’employer absolument, en disant; allez-vous venir à bout d’arrimer? C’est-à-dire: allez-vous réussir, allez vous terminer?
Artichoux.—Corruption d’artichaut. Ce que nous appelons ici, à tort, artichaut, se nomme en français bardane.
Article.—C’est une faute d’employer l’article dans ce genre de phrases: donnez-moi du bon lait; vous avez du bon argent; voilà des jolis enfants; il vend du bon vin. Il faut: donnez-moi de bon lait; vous avez de bon argent; voilà de jolis enfants; il vend de bon vin. Voici la règle de l’Académie: On fait usage des articles du, des, etc., devant un nom auquel on veut donner un sens partitif: Voilà du pain, de l’eau, des cerises, etc.; c’est-à-dire, une certaine quantité de pain, d’eau, etc. Cependant, si le nom ayant un sens partitif est précédé d’un adjectif, l’article se remplace par de: Voilà de jolis fruits, de beaux jardins, etc. Si l’adjectif fait partie d’un nom composé, comme dans belle-mère, beau-père, petit pois, ou si l’adjectif joint à un nom en fait une sorte de nom composé, comme dans jeunes gens, jeunes personnes, grand homme, etc., il faut maintenir l’article: il y a des beaux-pères, des belles-mères, qui valent de véritables parents; voilà des jeunes gens passionnés pour l’étude.
Dites: La rose est la fleur que j’aime le mieux, et non la mieux. Voici la règle: L’article, placé devant plus, mieux, moins, varie si l’adjectif est au comparatif. L’article est invariable lorsque l’adjectif est au superlatif: C’est auprès de ses enfants que cette mère est le plus heureuse; ou lorsque plus, mieux, moins modifient un verbe ou un adverbe: ce sont les travailleurs que l’on estime le plus.
Artistiquement.—Est un néologisme. Il signifie artistement.
Aspect de la moisson, etc.—Désigne le coup d’œil qu’elle présente. Mais si l’on veut parler de ce qu’elle laisse espérer, il faut dire: les apparences, les promesses de la moisson. Aspect n’a pas cette signification.
Assaut et batterie.—Sont des anglicismes (assault and battery). Assaut, en français, signifie: attaque de vive force contre une ville, une place de guerre, etc. Le mot anglais assault peut se traduire par: voies de fait; et par coups et blessures pour une attaque plus sérieuse. Batterie, en français, signifie bien, entre autres choses, querelle de gens qui se battent; mais n’est pas fort usité en ce sens. Au lieu de: Il a été arrêté pour assaut et batterie, dites: il a été arrêté pour voies de fait ou pour coups et blessures. Assaut simple se dit en français voies de fait, et assaut grave se dit coups et blessures.
Assaut indécent est un autre anglicisme. Dites: Attentat à la pudeur.
Assavoir.—N’est plus français; est remplacé par savoir, connaître. Ne s’emploie que par plaisanterie ou dans les formules juridiques.
Assermenter.—On assermente quelqu’un, jamais quelque chose. Un fonctionnaire, un témoin, peuvent être assermentés, mais non un document, une déposition. Dites: Attester, certifier un document, etc., sous serment; attester un fait avec serment.
Assessment roll.—Expression anglaise. Se traduit par rôle des impôts, ou rôle des contributions.
Assesseur.—Signifie: magistrat suppléant. N’est pas français dans le sens d’estimateur. C’est un anglicisme (assessor).
Assez.—N’a pas le sens de tant. Ainsi l’on ne doit pas dire: il a assez ri qu’il en a été malade, pour: il a tant ri... Assez ne peut non plus signifier tellement.
Assez ne peut modifier un nom. Il ne faut pas dire: il est assez orateur, pour assez bon orateur.
Assistance.—N’est pas français dans le sens de présence. Dites: le livre de présence; la moyenne, la régularité de la présence des enfants à l’école, et non: le livre, la moyenne, etc., de l’assistance. C’est une faute qu’on trouve même dans les rapports des écoles de la Province.
Associer.—On dit associer une chose à une autre, et non avec. On emploie à ou avec lorsqu’il s’agit de société, d’union commerciale: il s’est associé à ou avec son frère dans cette entreprise.
Associé signifie: compagnon dans une entreprise, dans un travail, etc., mais n’a pas le sens d’ami. Ce terme est fréquemment usité, par erreur, dans ce sens, et aussi dans le sens de compagnon de voyage.
Assumer.—On dit: assumer une responsabilité, assumer sur sa tête des haines: mais l’expression assumer une dette est un anglicisme (to assume a debt). Dites: Se charger d’une dette.
Assureur.—Désigne la compagnie d’assurance considérée dans ses rapports avec l’assuré. C’est une faute de donner à ce mot le sens d’agent d’assurances, comme on le fait souvent.
Astérique, Astérisque.—Ne pas confondre ces deux mots quant à l’orthographe. Astérique est adjectif, et a rapport à l’astronomie.—Astérisque, masculin, signe en forme d’étoile (*). L’astérisque est employé pour indiquer un renvoi.
Atome.—Est du genre masculin: L’air est rempli d’atomes malsains. C’est une faute d’écrire ce mot: atôme (avec l’accent circonflexe).
Attaqué.—Ce mot ne doit se dire d’un fruit que lorsqu’on veut indiquer qu’il est rongé par des vers. Alors on dit: Cette pomme est attaquée par les vers, et non simplement est attaquée. C’est une faute d’employer attaqué en parlant d’un fruit pour dire qu’il est meurtri, blet, qu’il commence à se gâter.
Attelage.—Ne doit pas être pris dans le sens de harnais. Signifie en français: action ou manière d’atteler; bêtes de somme employées ensemble à tirer la charrue; une ou plusieurs paires de chevaux. L’attelage suait, soufflait, était rendu. Ces deux chevaux font un bel attelage.
Atteler.—Signifie: attacher un cheval à une voiture, et non mettre le harnais au cheval. Dites: harnacher. On attelle un cheval à une voiture, et non sur une voiture. On dit aussi: atteler une voiture.
Attendre.—Peut être suivi de pour, lorsque vient ensuite un infinitif: Attendez pour lui donner des conseils. Mais attendre pour quelqu’un, quelque chose, est un anglicisme (to wait for). Dites: attendre quelqu’un, quelque chose. On dit: Attendre après quelqu’un, après quelque chose, dans le sens d’avoir un besoin pressant, souhaiter avec impatience: Attendre après le médecin, attendre après son salaire.
Attraper.—Ne dites pas: Attraper un but, mais Atteindre un but. Cette faute se fait souvent en parlant du tir.
Aubelle.—N’est pas français. Dites aubier pour désigner la partie tendre et blanchâtre qui est sous l’écorce de l’arbre.
Aucun.—Dans les phrases suivantes, l’emploi d’aucun est un anglicisme: En aucun temps (at any time) (pour: en quelque temps que ce soit, en n’importe quel temps, en tout temps, à toute heure); aucune personne (any person) (pour: toute personne).
Auditer, Auditeur, Audition.—Auditer n’est pas français. Au lieu de: auditer un compte, dites: vérifier, apurer, contrôler.
Auditeur de comptes, audition de comptes, sont des expressions françaises, mais seulement en termes d’administration de l’Etat. Il faut dire: Expert comptable, au lieu de: Auditeur de comptes; et: vérification de comptes, d’écritures, au lieu de: Audition de comptes.
Augurer.—Bescherelle dit: “Nous augurons, mais les choses n’augurent pas. Les choses présagent, et nous présageons.” Dites: Je n’augure rien de bon de cette affaire, et non: Cette affaire augure mal.
Aussi.—Ne dites pas: Je n’ai pas aussi tort que vous le pensez, mais aussi grand tort. Au lieu de: aussi grand comme, dites: aussi grand que: Il n’est pas aussi grand que vous le dites.
Aussi, autant, doivent être suivis de que et non de comme: aussi grand que vous, autant que vous. V. Si.
Autant, En autant que.—En autant que, très employé, n’est pas français. Dites: pourvu que. Je le questionnerai, pourvu qu’il veuille répondre; et non: Je le questionnerai en autant qu’il voudra répondre.
Autant comme autant. Vieille expression dans le sens de même quantité. N’est pas français dans le sens de souvent, plusieurs fois: Je te l’ai dit autant comme autant; dites: Je te l’ai dit souvent, ou plusieurs fois. V. Aussi.
Autographe.—Dites testament olographe (du grec olos, entier; graphô, j’écris) pour désigner le testament écrit en entier de la main du testateur, et non autographe.
Avalange.—Vieille forme d’avalanche: masse de neige qui se détache des montagnes.
Avance, Rabat.—Se disent à tort pour avant-toit, saillie au bord d’un toit.
Avance (d’). Ne dites pas: Cet ouvrier est d’avance; cet ouvrage n’est pas d’avance, mais: cet ouvrier est vif; cet ouvrage ne se fait pas vite, ne peut se faire vite.
Avancé.—Est, en français, un terme de droit. C’est l’ordonnance du président qui a pour objet de faire passer un procès avant son tour de rôle. Donner un avancé sur le rôle. Ce mot est employé ici, à tort, dans le sens d’assertion, d’allégation. Je nie vos allégations, et non vos avancés.
Avancer.—On dit: Faire avancer une voiture, et non: l’avancer.
Avancer à quelqu’un ne peut s’employer absolument. Dites: avancer des marchandises, etc. à quelqu’un.
Avant.—Ne dites pas: Cette montre est en avant, prend de l’avant, mais: cette montre est en avance, elle avance. Avance, substantif, désigne le côté vers lequel il faut pousser une aiguille spéciale (le retard), pour accélérer le mouvement de certaines horloges et des montres. V. Arrière.
Avant longtemps est un anglicisme (before long). Dites: Avant peu, sous peu.
Avarie.—Dites: Ma voiture a subi un accident; et non une avarie. Avarie ne se dit que pour les vaisseaux, les embarcations.
Avec.—Dites: Quitte envers quelqu’un, et non avec quelqu’un.
Aveindre.—Mot français peu usité. Tirer un objet, une chose, du lieu où ils sont. Participe passé: aveint, et non: aveindu. Nous aveignons, ils aveignent, et non nous aveindons, ils aveindent.
Avenir.—Verbe qui a vieilli. Il a le sens d’advenir, qui est plutôt employé. Ne sert qu’à la troisième personne. Il avient que; quoi qu’il avienne. C’est une faute de lui donner le sens de convenir. On ne doit pas dire: Cela vous avient bien, mais: vous convient bien, vous sied bien.
Average, Averager.—Average, mot anglais qu’on emploie à tort dans le sens de moyenne; au lieu de: l’average de ses dépenses par jour, dites: la moyenne de ses dépenses par jour.
De ce mot, on a fait le verbe averager. Ne dites pas: Ces pieux averagent dix pieds, mais ont une moyenne de dix pieds.
Aviron.—Terme générique pour désigner la rame. Ce que nous appelons aviron est une pagaie: petite rame dont on se sert sans l’appuyer sur le bord du bateau.
Aviseur.—Corruption de l’anglais (adviser); n’est pas français. Dites: conseiller.
Avoir.—Plusieurs mettent un accent circonflexe sur ait, troisième personne du singulier du subjonctif; c’est une faute.
Avoir, auxiliaire, exprime plutôt l’action, et être, l’état: Il a passé par là hier soir, et non il est passé par là hier soir. Ces fautes sont très communes.
Awning.—Toile qu’on tend sur l’auvent d’une boutique, d’un magasin. Se traduit par banne, auvent, ou simplement par toile.
Banne désigne aussi les toiles qui servent à couvrir les marchandises sur les voitures, ou celles qui sont exposées à l’air. On dit aussi bâche, prélart, dans ce dernier sens de banne.
Babiche.—Désigne, en français, une petite chienne au poil long et soyeux. Se dit ici à tort pour signifier une lanière, une courroie étroite de cuir. Dans nos campagnes on dit, à tort, coudre avec de la babiche, pour désigner l’opération consistant à assembler deux pièces de cuir avec des lanières au lieu de fil: ce qui en français s’appelle bredir.
Backer.—Verbe français. Terme technique, venant de l’anglais (to back), usité dans le service des chemins de fer et des bateaux à vapeur, pour reculer. C’est une faute de donner à ce mot le sens d’appuyer quelqu’un; lui fournir l’argent nécessaire pour mener à bonne fin une entreprise; reculer, retirer sa parole, manquer à un engagement; et de dire: ce marchand est backé par un tel. Il avait promis de fournir telle somme, mais il a backé. Dites: Un tel fournit l’argent à ce marchand. Il avait promis de fournir telle somme, mais il a manqué à sa promesse.
Backgammon.—Terme anglais. Se traduit par jacquet.
Bâdrant, Bâdreux.—Anglicismes très usités et nullement français. Dites: importun, ennuyeux. V. Bâdrer.
Bâdrer, Bâdrement.—Bâdrer, de l’anglais to bother. Expression absolument incorrecte. Dites: ennuyer, fatiguer, importuner, déranger. Bâdrement n’est pas plus français. On peut dire: ennui, embarras, dérangement.
Bagages (Chambre de).—Est un anglicisme. Dites: consigne (endroit d’une gare de chemin de fer où l’on dépose les bagages). V. Chèquer.
Bagoulard.—N’est pas français, bien que bagoulage et bagouler le soient. Dites bavard, vantard, fanfaron. Bagouler signifie: bavarder avec volubilité et assurance, et bagoulage signifie bavardage.
Bagpipe.—On a le tort d’employer souvent ce mot anglais pour désigner la cornemuse.
Bague.—Ne dites pas: bague d’engagement (ce qui est un affreux anglicisme), mais anneau des fiançailles. V. Engagement.
Dites manchon et non bague pour désigner la virole qui couvre le joint des tuyaux de fonte, de fer.
Baguette.—Ne dites pas baguette (en termes d’arpentage) mais jalon (bâton pour prendre des alignements afin de tracer une ligne).
Baie.—N’est pas français dans le sens de savane telle qu’on l’entend au Canada; c’est-à-dire, un espace de terrain plat, sans arbres ou presque sans arbres, et généralement d’un sol humide.
Bâiller, Bayer.—Il ne faut pas confondre ces deux verbes. C’est une faute de dire: bâiller aux corneilles (regarder niaisement en l’air). Dites: bayer (ba-ié ou bé-ié) aux corneilles.
Bailleur de fonds.—Terme de commerce. En français, celui qui fournit les fonds dans une entreprise. Pas français pour désigner celui qui a l’hypothèque du vendeur.
Bailli.—Vieux mot. Le bailli était un magistrat, et non un huissier. C’est un anglicisme (bailiff) de lui donner le sens d’huissier.
Ne pas oublier que dans huissier l’h n’est pas aspirée.
Balai (petit).—N’existe pas en France. Est français pour nous.
Balancé.—Esprit bien balancé, anglicisme. Dites: esprit bien équilibré, ou simplement équilibré.
Balancine.—Est un terme de marine; c’est le nom des cordages qui supportent l’extrémité des vergues. Il n’a aucune autre signification.
Ce que nous appelons ici balancine, c’est-à-dire cette pièce de bois mise en équilibre sur un point d’appui élevé, et à chaque extrémité de laquelle des personnes peuvent s’asseoir pour se balancer, se nomme en français balançoire. La balançoire est aussi une sorte d’escarpolette, qui consiste en cordes volantes soutenant un siège sur lequel peuvent s’asseoir et se balancer une ou plusieurs personnes.
Balanciner.—N’est pas français. Dites: Se balancer.
Ballant.—Ne dites pas: Etre en ballant, mais: être en balance (en suspens, dans l’indécision). En français, ballant est adjectif: s’en aller les bras ballants; ou substantif: Donner du ballant à un grappin qu’on veut lancer.
Banc.—Dites gradin, et non banc, pour désigner une série de tablettes superposées sur lesquelles on met des plantes.
Au lieu de petit banc dites tabouret (petit escabeau sur lequel on pose les pieds).
Dites escabeau et non banc, si vous voulez parler d’un siège de bois élevé sur quatre pieds, sans bras ni dossier.
Banc n’est pas français dans le sens de magistrature.
Au lieu de monter sur le banc, dites: Entrer dans la magistrature, ou siéger, selon le cas.
Au lieu de banc des juges, dites siège des juges.
Bandage.—Désigne en français la bande de fer ou d’autre métal qui entoure une roue. Il faut dire embatage pour signifier l’action de poser un bandage à une roue. L’embatage des roues est une opération difficile, et non le bandage. V. Bander.
Bande.—Expression vicieuse employée pour désigner un groupe de musiciens. Dites fanfare, corps de musique. La fanfare n’est formée que d’instruments de cuivre. Dans le corps de musique il y a en outre d’autres instruments.
Bander.—L’expression bander un fusil ne s’emploie plus. Dites: armer un fusil.
Bander une roue est une expression fautive. Dites: Embatre une roue; des roues embatues. V. Bandage.
Bandeur.—Anglicisme (binder). N’est pas français. Il faut dire tortoir, moulinet ou garrot (bâton sur lequel on passe une corde pour la serrer en tordant).
Banque (petite).—Dites tirelire: petit tronc avec une fente en haut par laquelle on fait entrer les pièces de monnaie.
Banquettes ministérielles.—Expression baroque qui s’emploie à tort pour désigner les sièges du parlement qu’occupent les partisans du pouvoir, les amis du gouvernement.
Bar.—Est français dans le sens de buvette, débit de boissons. Il est du masculin: Un bar spacieux.
Barauder.—N’est pas français. Le mot employé en France est fringaler, pour désigner le mouvement d’une voiture à deux ou à quatre roues, qui est renvoyée d’un côté et de l’autre, mouvement dû, soit à la vitesse du cheval, soit à l’état glissant du chemin, soit à ce que les roues ne sont pas bien fixées.
Barbot.—On appelle ainsi, à tort, un insecte du genre des scarabées. Dites escarbot. Barbot volant est un terme impropre pour désigner le hanneton.
Barbot. Presque tous les écoliers appellent ainsi, mais à tort, une tache d’encre, un pâté.
Bargain.—Terme anglais de commerce qui peut se traduire par occasion.
Barkeeper.—Ce mot anglais se traduit par garçon de buvette, de salle, débitant de boissons.
Barley.—Mot anglais. Se traduit par orge. Soupe à l’orge.
Barre.—Prisonnier à la barre (anglicisme); se dit en bon français, inculpé, prévenu, accusé.
Barre du jour n’est pas français: dites aurore, aube.
Il ne faut pas écrire: La barre à Plouffe, mais l’abord, endroit où l’on aborde, où l’on prend terre.
Dites paratonnerre et non barre à tonnerre.
Barreau.—Se dit à tort pour désigner une barre de châssis, entre deux vitres. Dites croisillon.
Barrène ou Marraine.—Mots par lesquels on désigne à tort le jeu d’enfants qui consiste à pousser, à cloche-pied, un palet entre des lignes tracées sur le sol. Dites marelle ou mérelle.
Barrer, Bâcler.—une porte signifie la fermer en mettant une barre ou bâcle par derrière; et la débarrer ou débâcler, ôter cette barre ou bâcle. C’est une faute de se servir de l’expression barrer ou bâcler pour fermer à clef, et de débarrer pour ouvrir une serrure.
Barrure.—C’est une faute d’appeler barrure ce qui sert à barrer, à assujétir une porte. (V. Barrer.) Il faut dire barre, bâcle, ou verrou, selon le cas.
Bas.—On confond toujours, ici, les bas, les chaussettes, les chaussons. En France, les bas montent jusqu’aux genoux au moins; les chaussettes ne montent qu’à mi-jambe; les chaussons couvrent le pied seulement. V. Chaussons.
Le bas d’une porte désigne la partie inférieure de la partie mobile de la porte. Il ne faut pas dire le bas, mais le pas de la porte, si l’on veut parler de la pierre que l’on met au bas d’une porte, et qui diffère du seuil en ce qu’elle avance au delà du mur, en manière de marche: Etre sur le pas de la porte. Le seuil est la pièce de bois ou de pierre qui est au bas de l’ouverture de la porte. Cette distinction n’est pas observée dans la pratique, et l’on peut indifféremment dire le pas ou le seuil de la porte.
Bascul.—(Ba-cu). Désigne, en français, une pièce du harnais. Est une faute dans le sens de palonnier: pièce du train d’une voiture à laquelle sont attachés les traits.
Basement.—Le mot soubassement est souvent employé ici comme traduction du mot anglais basement. La vraie traduction de basement est sous-sol. Quant au soubassement, c’est la partie inférieure d’une construction sur laquelle semble porter tout l’édifice.
Bâtiment.—A chaque instant, on voit dans les journaux ce mot employé dans le sens de dépendances. C’est une faute.
Bâtiment est un terme générique désignant tous les édifices publics et privés, plus particulièrement ceux qui servent à l’habitation. On dit bâtiments de service pour désigner les écuries, les granges, les hangars et les communs.
Bâtir.—On ne doit pas employer le mot se bâtir, d’une façon absolue, dans le sens de se construire une demeure, et dire: Il va se bâtir, au lieu de: Il va se construire une maison, une demeure. On ne doit pas dire non plus: C’est lui qui va bâtir un tel, bâtir les Frères, etc.; mais: C’est lui qui va construire une maison, une grange, une école (selon le cas), pour un tel, pour les Frères; etc. C’est encore une faute de dire: Bâtir une terre, dans le sens d’y élever les constructions nécessaires à son exploitation.
Bâtisse.—Ici, on prend bâtisse comme synonyme de construction, édifice. C’est un anglicisme, la traduction littérale de building.
Bâtisse est tout ce qui concerne la maçonnerie d’un bâtiment. Bâtisse en bois pour maison en bois est donc un contresens, parce que bâtisse n’est pas une construction, et de plus ne saurait être en bois.
Bâtisses parlementaires. V. Parlementaire.
Batiste.—Il ne faut pas confondre la batiste et la lustrine. La batiste est une espèce de toile de lin très fine et très serrée: mouchoir de batiste. La lustrine est un tissu de coton apprêté et lustré, qui est généralement employé comme doublure. On donne souvent, mais à tort, le nom de batiste à la lustrine.
Bâton de chaise.—N’est pas cette petite barre qui va d’un montant à l’autre dans une chaise. Il faut dire barreau. Le bâton est un des quatre montants d’une chaise.
Il faut dire hampe, et non bâton, pour désigner le morceau de bois auquel est attaché un drapeau, une bannière.
Batte-feu.—N’est pas français. Dites: briquet (petite pièce d’acier dont on se sert pour tirer une étincelle d’un caillou).
Batterie.—N’est pas français dans le sens d’aire, place préparée pour battre le blé. Batterie désigne un certain nombre de pièces de canon. Est aussi un terme de marine, de physique, etc. V. Assaut.
Batteux.—V. Moulin.
Battu.—Ne dites pas: Etre battu de l’asthme, du mal de tête, de la goutte; mais: être sujet aux attaques de l’asthme, ou être asthmatique; être sujet au mal de tête, à la goutte.
Bauche.—Est en français une espèce de mortier. N’est pas français dans le sens de course. Au lieu de: Prendre une bauche, dites: Faire une course.
On donne aussi à ce mot, mais à tort, le sens d’allure rapide, surtout en parlant de celle du cheval: Cet homme a fait le voyage rien que d’une bauche, pour dire qu’il a fait le voyage aussi vite que l’allure de son cheval le lui a permis.
Baudet.—Pas français dans le sens de lit. Il faut dire Lit de sangle.
Bavaloise, Bavaroise.—On emploie à tort ces deux mots pour désigner la pièce de pantalon qu’on appelle en français pont. Bavaloise n’est pas français; bavaroise, substantif, désigne une espèce de boisson; est aussi adjectif, et signifie: de Bavière.
Bavassement.—Il y a bien le mot bavasser, qui veut dire: babiller; mais bavassement n’est pas français. Dites des bavardages, et non des bavassements.
Bec.—Ne signifie baiser que dans le langage très familier. V. Gueule.
Béchée.—Se disait autrefois pour becquée: la quantité de nourriture qu’un oiseau prend avec le bec. N’a pas d’autre sens. C’est donc une faute de l’employer pour désigner ce qu’on peut enlever avec une bêche.
Bêcher.—Signifie: remuer, creuser la terre avec la bêche. N’est pas français dans le sens de piquer une tête, tomber par terre la tête la première, comme dans cette phrase: En courant il a bêché. Dites: En courant il est tombé la tête la première.
Bedeau.—Dites bedeau et non bédeau.
Beef-Steak.—V. Steak.
Béguer.—Corruption de bégayer.
Beigne, Beignet, Croquignole.—Beigne n’est pas français. Beignet, en France, est une sorte de pâte frite à la poêle, enveloppant le plus souvent un fruit coupé par tranches: beignets de pomme, beignets d’abricot, de pêche. C’est un mets très employé surtout aux fêtes du carnaval. Le beignet se fait aussi sans fruit, et alors s’appelle soufflé. Les pets de nonne ou pains d’orange sont une variété de ce genre de soufflés: ils sont faits assez fréquemment à la fleur d’oranger. Ce nom pet de nonne paraît venir de ce que ces soufflés sont parfois fabriqués dans les communautés religieuses. Croquignole est une pâte sèche et très dure. Beignet et croquignole ne désignent donc pas, en français, la pâtisserie à laquelle nous donnons ces noms. Cette pâtisserie, dans laquelle entre du beurre, des œufs, du sucre, est de forme ronde; le centre est découpé en branches auxquelles on donne des formes fantaisistes. On la fait cuire dans un bain de graisse bouillante. C’est un mets national; il n’y a pas de mot français pour la désigner. Beignet et croquignole, désignant déjà des pâtisseries, peuvent prêter à l’erreur pour les Français, si nous nous en servons pour notre mets national; ce qui n’arriverait pas si nous nous en tenions exclusivement au mot beigne.
Beignet, corruption de benêt. En français niais, sot.
Béloné.—Corruption de l’anglais Bologna (sausage). En français, on dit mortadelle. Espèce de gros saucisson.
Béquille.—On donne à tort ce nom aux échasses (longs bâtons garnis d’étriers pour marcher à une certaine hauteur du sol). La béquille est un bâton surmonté d’une petite traverse que les vieillards et les infirmes placent sous l’aisselle ou sous la main, pour s’aider à marcher.
Berda.—N’est pas français. Au lieu de: Faire le berda, dites: Faire le ménage. Au lieu de: Faire le grand berda, dites: faire le grand nettoyage de la maison.
Ne dites pas: qui mène ce berda? mais: qui fait ce bruit?
Ne dites pas non plus: Quel berda dans cette chambre! pour: quel désordre!
Berdasser.—N’est pas français. S’emploie à tort pour faire du bruit: qui berdasse là? ou pour agiter: berdasser les plats, etc., ou pour bouleverser les meubles, dans une chambre etc.
Berne.—Il ne faut pas confondre, comme il arrive souvent, pavillon en berne avec pavillon à mi-mât. Un pavillon en berne est hissé, mais roulé sur lui-même. Le pavillon à mi-mât est toujours déployé.
Bêtises.—Dans le sens d’insultes, injures, invectives, n’est pas français. Au lieu de: Il lui a dit des bêtises, dites: Il lui a dit des injures, il l’a injurié, etc.
Bêtiseux.—N’est pas français. Dites: sottisier.
Bette.—Se dit à tort pour betterave. Le genre bette renferme six ou huit espèces; la betterave est une de ces espèces.
Beurrée.—Une beurrée est, en français, une tranche de pain sur laquelle on a étendu du beurre. La tartine est une tranche de pain recouverte de beurre ou de quelque autre substance facile à étendre. Ainsi, lorsque la tranche de pain est recouverte de beurre, vous pouvez tout aussi bien l’appeler une tartine ou une beurrée; mais si elle est recouverte de miel, de confiture, de crème, il faut dire une tartine, et non une beurrée.
Beurrer.—N’est pas français, dans le sens de: enjôler, tromper par des paroles flatteuses. C’est une corruption de leurrer. Ne dites pas: Il l’a bien beurré! mais: il l’a bien trompé, ou bien leurré!
Bic (de) en blanc.—Dites: de but en blanc. Signifie: sans mesure, sans précaution: On ne parle pas comme cela de but en blanc.
Bien.—Etre bien, pour être à l’aise, avoir de la fortune, n’est pas français, quoique souvent employé.
Au lieu de: Etes-vous bien? dites plutôt: Comment vous portez-vous? comment allez-vous?
Bill.—Est français dans le sens de projet de loi, pour l’Angleterre et ses colonies. C’est une faute de donner à ce mot le sens de mémoire, facture, lettre d’envoi, compte, note, addition (dans un restaurant), affiche.
Bill of fare se traduit par menu, carte du menu.
Bill of lading se traduit par connaissement (déclaration contenant un état des marchandises chargées sur un navire).
No bill se traduit par ordonnance de non lieu.
Bille.—On ne doit pas dire bille, mais boule quand il s’agit du jeu de quilles, et qu’on veut désigner la boule qui sert à les abattre.
Billot.—Ce mot n’est pas français dans le sens que nous lui donnons au Canada. C’est, ici, une pièce de bois rond ordinairement de douze pieds de long, destinée à être équarrie ou sciée en planches. Nos traducteurs la désignent par les mots bois en grume: ce n’est pas tout à fait cela. Bois en grume est un terme générique qui désigne tout bois encore revêtu de son écorce, tandis que notre billot n’est pas seulement un tronc brut, mais a surtout pour caractéristique le fait d’être coupé d’une longueur déterminée. Le mot français est bille: Une bille de douze pieds; une bille de pin.
Biner.—C’est une faute de donner à ce verbe le sens de: reculer, retourner, abandonner, comme dans ce genre de phrase: Je l’ai fait biner, il a biné. Se dit, en français, d’un prêtre, qui, lorsque la nécessité l’exige, dit deux messes le même jour.
Biscuit de matelot.—Doit se dire: biscuit de mer, ou simplement biscuit.
Bisque.—N’est pas français dans les expressions: de bisque en coin, de bisque et de coin. Il faut dire: de biais, en biais, diagonalement, de travers.
Bitters.—Ne dites pas bitters, mais bitter (prononcez: bitère): liqueur amère à laquelle on attribue des vertus apéritives.
Black and tan.—Expression anglaise. Se traduit par noir et feu, pour désigner un genre de couleur du chien. Dites: Un chien noir et feu, et non un chien black and tan.
Blackeye.—Terme anglais trop usité. Dites œil poché, ou œil au beurre noir.
Blacking, Blackball.—Termes anglais. Dites cirage.
Blaguer quelqu’un.—Signifie en français: le tourner en dérision, s’en moquer: Il l’a spirituellement blagué. C’est une faute de lui donner le sens d’enjôler ou de tromper quelqu’un.
Blanc de Cyrus.—Expression impropre pour blanc de céruse.
Blanc-mange.—Corruption de blanc-manger.
Blasphème.—S’écrit avec un accent grave, et non blasphême.
Blette, Belette.—Blette, substantif, désigne en français une plante potagère; est aussi adjectif féminin et signifie trop mûre en parlant d’une pomme, etc. Poire blette.
Belette est un petit animal du genre putois. Il faut le prononcer comme il est écrit: be-lette, et non blette.
Blé-d’Inde.—Est un mot français, et signifie maïs, mais ne s’emploie plus en France pour désigner le maïs (ma-iss).
Bloc.—Un bloc de maisons est un anglicisme. Dites un pâté de maisons, un îlot.
Blond.—C’est une faute d’employer ce mot pour désigner la couleur d’un cheval. Il faut dire: bai-clair: Cheval bai-clair; ou alezan-clair: cheval alezan-clair; ou un alezan-clair.
Blonde.—N’est pas français dans le sens d’amie, d’amoureuse, de fiancée, comme on l’emploie journellement ici, mais à tort: Il est allé voir sa blonde.
Bloqué.—On dit ici qu’un étudiant a bloqué quand il a manqué ses examens. Ce n’est pas français. Dites qu’il a été refusé, ou même qu’il a été blacboulé. Retoqué a le même sens, mais est par trop populaire.
Bloquer.—Ne dites pas bloquer, mais enrayer une roue (l’empêcher de tourner au moyen d’un sabot, ou d’un bâton placé entre les rais).
Blouse.—Est, en France, un vêtement commun, ordinairement de couleur bleue, qui a la forme d’une chemise, et que les ouvriers et les paysans portent en guise d’habit, la laissant pendre pardessus le pantalon. Il faut dire veston pour désigner le vêtement qu’on appelle ici à tort blouse.
Bluff.—Mot anglais. Dites poker, substantif masculin: jeu de cartes originaire d’Amérique et qui tient de l’écarté et de la bouillotte.
Bœuf.—Le bœuf mis au pot-au-feu s’appelle ici, à tort, bœuf de la soupe. Le véritable terme est bœuf nature, ou, dans le langage usuel, bouilli.
Bois.—Il ne faut pas appeler petits-bois, mais jonchets, les petites fiches fort menues que l’on jette confusément les unes sur les autres pour jouer à qui en retirera le plus, à l’aide d’un crochet, sans en faire remuer d’autres que celle qu’on cherche à dégager: Des jonchets d’os, de bois; jouer aux jonchets. Le crochet s’appelle touche (substantif féminin).
Au lieu de terre en bois debout, dites: terre boisée.
Boisson.—Etre en boisson, en fête, sont des expressions vicieuses pour dire qu’un homme est pris de boisson, est sous l’effet de l’alcool.
C’est une faute d’employer le mot boisson seul pour désigner les boissons alcooliques ou spiritueuses, et de dire: Il vend de la boisson, il a pris de la boisson. Mais il est français de dire: excès de boisson, adonné à la boisson.
Boisure.—N’est plus employé en français pour désigner la menuiserie en bois plat dont on revêt les murs d’une salle, d’un appartement. Il faut dire boiserie.
Boîte.—Ne dites pas boîte de pipe, mais fourreau de pipe, ou mieux étui de pipe.
Dites chenil, et non boîte à chiens.
Boîte d’alarme est une expression vicieuse. Il faut dire appareil d’alarme, avertisseur d’incendie, ou simplement avertisseur.
Dites: nécessaire à ouvrage, panier à ouvrage, ou boîte à ouvrage, mais sans confondre ces expressions.
Les boîtes en carton dans lesquelles se mettent les chapeaux s’appellent en français étuis à chapeaux, cartons à chapeaux, et non boîtes à chapeaux, qui est un terme populaire.
Il ne faut pas dire boîte des témoins (witness box), mais banc des témoins. Au lieu de l’expression: Le témoin qui est dans la boîte, dites: qui est à la barre du tribunal, ou simplement, à la barre.
Au lieu de boîte aux accusés, dites: banc des accusés.
Boiter.—Boiter, boiteux s’écrivent sans accent circonflexe. N’écrivez pas boîter, boîteux.
Boitte.—Ce qu’on appelle ici, à tort, boette, boitte ou bouette c’est-à-dire cette nourriture que l’on prépare avec du son et des herbes pour les bestiaux et les porcs, se nomme en français, branée, brenée, brenade. Boitte ou bouette se dit, en français, d’un petit poisson que les pêcheurs de morue emploient comme appât.
Bol.—Est du masculin: Un grand bol. Dites: bassin ou cuvette lorsque vous voulez désigner le vase dans lequel on se lave, et non bol.
Bolée.—Est une espèce de plante. N’est pas français pour désigner le contenu d’un bol. Au lieu d’une bolée de lait, dites: un bol de lait. Bolée est un terme usité en Bretagne et en Normandie, dans le langage populaire. Une bolée de cidre.
Bolt.—Mot anglais. Se traduit par boulon à vis, ou par boulon tout court. (Cheville de fer dont un bout est taraudé et l’autre a une tête).
Bombarde.—N’est plus usité. Dites Guimbarde.
Bombe.—Ne dites pas bombe, mais: bonde d’un tonneau: trou rond pour y verser le liquide. On appelle aussi bonde le bouchon qui sert à fermer ce trou.
Il ne faut pas dire bombe, ni canard, mais bouilloire, ou coquemar, ou bouillotte pour désigner le vase dans lequel on fait bouillir l’eau.
Bôme.—Corruption du mot anglais boom. En français, on dit: estacade flottante (servant à retenir le bois flottant).
Bommer.—N’est pas français. Dites: flâner; passer son temps à boire, à courir les buvettes; mener une vie dissipée.
Bon.—L’expression être bon pour ne peut s’employer dans le sens qu’on lui donne ici. On dit en français: Ce commerçant, ce négociant est bon, vous pouvez lui prêter de l’argent, lui avancer des marchandises. Mais on ne peut dire: il est bon pour telle somme.
Il ne faut pas confondre, comme il arrive souvent, les locutions Homme bon et Bon homme. Homme bon signifie: homme serviable, obligeant.—Bon homme, signifie: homme simple, d’un caractère droit et candide. V. Homme.
Bonhomme.—Mot impropre pour désigner l’épouvantail: mannequin grossièrement fait que l’on place dans un champ, dans un jardin pour effrayer les oiseaux. Au pluriel, ce mot se prononce bon-zomme et non bon homme. Il dessine des petits bonshommes sur son ardoise.
Bonne, Borne.—Ne sont pas français pour désigner un bateau plat. Il faut dire bachot (petit bac).
Bonnement.—On ne doit pas dire: je ne sais pas bonnement. Ce mot ne s’emploie plus dans le sens de précisément, au juste. Bonnement signifie de bonne foi, naïvement, avec simplicité. Dites: Je ne sais pas précisément.
Bonnet.—On dit: la mitre d’un évêque; la toque d’un juge, d’un avocat; la barrette d’un cardinal; et non le bonnet.
Boodlage.—Du mot anglais boodle; n’est pas français. Il faut dire concussion, pour désigner l’action d’un fonctionnaire public qui reçoit des pots-de-vin pour prix de son influence. Boodlage s’emploie aussi à tort pour le pot-de-vin lui-même.
Boodler.—Verbe, du mot anglais to boodle. Se dit, à tort, de l’action du fonctionnaire public recevant des pots-de-vin pour prix de son influence, ou de la personne qui donne ces pots-de-vin, pour acheter l’influence du fonctionnaire public. Faire de la concussion est l’expression française.
Boodleur.—Tiré de l’anglais boodler, (V. les deux mots précédents). Se dit à tort de celui qui fait du boodlage.
Boom.—Mot américain; n’est pas français. Plus-value subite et factice dans les valeurs immobilières d’une localité, d’un pays, par suite d’agiotage ou de spéculation. Le boom peut aussi s’appliquer aux actions de chemins de fer, de banques, etc.
Boomer.—Barbarisme, tiré du verbe anglais to boom. Se dit des spéculateurs qui manœuvrent de telle sorte, qu’ils créent subitement une hausse factice soit sur des valeurs immobilières, soit sur des actions de chemins de fer, de banques, etc. Boomer une ville signifie la lancer, créer une hausse formidable sur les terrains à bâtir.
Bord.—Ne dites pas: Venez de mon bord, il est allé de ce bord, mais: venez de mon côté, il est allé dans cette direction. Au figuré, bord signifie, entre autres choses, avis, parti: Soyez de mon bord, c’est-à-dire, de mon parti. Ne dites pas: de bord en bord, pour de part en part: L’épée le traversa de part en part.
Ouvriers de bord, expression impropre pour désigner les débardeurs, chargeurs et déchargeurs, selon le cas.
A bord est un terme de marine. Au lieu d’à bord du tramway, dites: dans le tramway; dans une, ou dans la voiture du tramway. V. Chars.
Borne.—V. Bonne.
Boss.—Expression anglaise qui se traduit par maître, bourgeois, maître d’atelier, patron, selon le cas.
Bosser.—Est un terme de marine. Dites bossuer, pour signifier: déformer par des bosses; bossuer un plat, un chapeau. Ne pas confondre avec bosseler, terme d’orfévrerie.
Botter.—On peut dire qu’un cheval s’est botté, lorsqu’il a de la neige, de la terre attachée aux pieds; mais il est incorrect de dire que la neige botte, lorsqu’elle est un peu humide, qu’on en fait facilement une boule.
Botter est aussi une corruption de l’anglais to butt; dites rogner, en parlant des pièces de bois.
Boucane.—Le mot boucane dans le sens de fumée n’est pas du tout français. On dit bien: de la viande boucanée pour de la viande fumée; mais, dans ce cas, le verbe boucaner ne vient pas de boucane, mais de boucan, qui est le lieu où les sauvages faisaient fumer leurs viandes, et le gril de bois dont ils se servaient pour cette opération.
Boucané.—Au lieu de hareng boucané, dites: hareng saur, ou hareng sauret.
Boucherie (Faire).—N’est pas français pour désigner l’action de tuer un bœuf, un mouton, un cochon. Boucherie signifie: le commerce de boucher, l’étal où se vend la viande en détail.
Boucle.—Ne pas dire: Une boucle de cravate, mais un nœud de cravate. Une boucle est un nœud simple: Ce nœud est à deux boucles.
Bouffie.—N’est pas français. Dites bulle de savon; boursouflure, enflure, bouffissure de la peau, suivant le cas.
Bougie.—V. Chandelle.
Bougon.—Désigne en français celui ou celle qui aime à gronder, qui en a l’habitude. Mais bougon de pipe n’est pas français; dites brûle-gueule.
Bougon est encore une faute dans le sens d’homme très petit, petit garçon qui se donne de l’importance: Regardez donc ce bougon!
Bougrine.—N’est pas français. On lui donne à tort le sens de vareuse, ou bourgeron, ou veston, selon les endroits où ce mot est employé.
Bouillir.—Dites: Je bous, tu bous, il bout, nous bouillons, et non: je bouille, tu bouilles, il bouille; dites: je bouillirai, je bouillirais, et non; je bouillerai, je bouillerais.
Bouilloire.—Est un anglicisme (boiler) dans le sens de chaudière de machine à vapeur. La bouilloire, en français, est un vase de cuisine destiné à faire bouillir l’eau.
Boulevari.—Quelques-uns disent à tort boulevari, au lieu de hourvari, pour signifier un grand tapage.
Bouncer.—Du mot anglais to bounce, n’est pas français. Dites berner.
Bouquet.—N’est pas synonyme de fleur. Au lieu de: Un jardin plein de bouquets, dites: plein de fleurs.
Bouquet jaune, nom donné à tort à la renoncule âcre qui infeste les champs. Donné à tort également à une sorte de laiteron, ornant les jardins.
Bouragan.—Corruption de bouracan (sorte de grosse étoffe).
Bourasser.—N’est pas français. Dites: malmener, traiter durement, bourrer.
Bourguignon.—Signifie en français: glaçons isolés en mer. On donne à tort ce nom de bourguignons aux grumeaux de glace qui se forment quelquefois dans un chemin ou sur la glace d’une rivière, après une pluie en hiver.
Bourreur.—N’est pas français. Dites bourrelier (fabricant de harnais).
Bourrure.—N’est pas français. Dites rembourrement d’un collier, d’une selle, d’un fauteuil, et non bourrure.
Au lieu de bourrure, dites bourre; amas de poils de certains animaux pour bourrer ou rembourrer. Le foin sert de bourre, et non de bourrure.
Bouscaud.—N’est pas français. Dites courtaud, e; celui, celle qui a la taille courte, grosse et ramassée.
Bout de temps (un).—Dites: Il y a quelque temps qu’il est parti, et non un bout de temps; Attendez un moment, et non un bout de temps; Dans l’espace d’un instant, et non dans un petit bout de temps.
Bouteille.—Ne dites pas: La bouteille à l’huile, au vinaigre, d’un huilier; mais la burette à l’huile, au vinaigre.
Dites plutôt flacon d’odeur, de parfum, que bouteille d’odeur.
Il faut dire isoloir et non bouteille, si l’on veut désigner le morceau de verre qui supporte le fil du télégraphe ou du téléphone.
Boyard.—Ecrivez boïard, et non boyard, sorte de civière.
En France, on dit plutôt bard, ou bayard, ou bayart; mais plus couramment civière, ou brancard.
Bracket.—Mot anglais. Il faut dire en français petite console (sur laquelle on pose des statuettes, etc.), applique.
Brai.—Dites poix (des cordonniers), et non brai.
Braid.—Terme anglais. En français on dit soutache, galon ou passementerie, selon le cas. V. Miret.
Brailler.—Signifie: crier très haut, chanter faux. Dans le sens de pleurer, c’est un terme populaire à éviter. Dites plutôt pleurer.
Brancard.—N’est pas français pour désigner ce qui reste de cartes après la distribution faite à chaque joueur. Il faut dire talon. Brancard est en français une espèce de civière; la limonière d’une charrette, etc.
Branche.—Anglicisme (branch), dans les expressions suivantes: branche des arpentages, des douanes. Dites: division des arpentages, des douanes.
Brancher.—Dites: Cet arbre (qu’on abat) s’est encroué, et non s’est branché: c’est-à-dire, s’est embarrassé dans les branches d’un arbre debout.
Braquer.—Signifie: tourner, placer dans une direction déterminée une pièce d’artillerie. Les expressions braquer des lunettes, braquer les yeux sur quelqu’un, sont françaises; mais on ne peut dire: Il m’a braqué là, dans le sens de: il m’a planté là.
Se braquer n’est pas français: Il a été se braquer devant moi, pour: se placer...
Braquette, Brequette.—Corruption de broquette: petit clou à tête plate. Dites: Acheter de la broquette, et non des broquettes; clouer avec de la broquette, et non avec des broquettes.
Bras d’escalier.—N’est pas français. C’est rampe qu’il faut dire. La main courante est une pièce de bois qui est placée sur toute la longueur d’une rampe en fer. Rampe se dit aussi en français pour main courante.
Brasse-corps (à).—Corruption d’à bras-le-corps. Saisir à bras-le-corps, et non à brasse-corps.
Brassée.—Brassée de savon, de sucre. Expression vicieuse. Dites: brassin de savon, de sucre: quantité que l’on cuit à la fois.
Brasser les cartes.—C’est battre, mêler, faire les cartes qu’il faut dire, et non brasser. Ne dites pas: brasser la salade, mais remuer la salade. Ne dites pas: Il s’est fait brasser comme il faut, mais secouer.
Brasseur.—N’est pas français pour désigner celui qui donne les cartes. Dites le donneur. Il est préférable de se servir d’une périphrase et de dire: c’est à vous, à lui, à moi de donner, au lieu de: Vous êtes, il est, je suis le donneur.
Braye.—Corruption de broie. Instrument en bois qui sert à broyer la tige du chanvre, du lin, et à séparer la fibre de la chènevotte. La broie s’appelle aussi macque. V. Aigrette.
Brayer.—Signifie enduire un vaisseau de brai chaud et liquide. Dites: broyer ou macquer du lin, du chanvre, et non brayer.
Brayet.—N’est pas français. Dites maillot, caleçon de bain.
Brelander.—Signifie en français: jouer continuellement aux cartes; mais n’a pas le sens de: hésiter, se faire prier, ne savoir que faire; raconter des faits plus ou moins croyables, plus ou moins confus. Au lieu de: Qu’est-ce qu’il brelande là, on peut dire: Qu’est-ce qu’il raconte là?
Bretter.—C’est une faute de lui donner le sens de flâner, fureter. Le vrai sens en est: ferrailler, aimer à se battre à l’épée.
Bricole.—A plusieurs significations en français; mais c’est une faute de lui donner le sens de bretelles de pantalon.
Brigade du feu.—Anglicisme (fire brigade). Se traduit par corps des pompiers, ou simplement les pompiers.
Brimbale.—Est en français le bras d’une pompe, et par extension la perche en bascule pour tirer l’eau d’un puits. Tollenon a en français ce dernier sens, mais est inusité.
Brin.—Ne dites pas: un petit brin d’eau, mais un peu d’eau.
Brin de scie n’est pas français; c’est une corruption de bran de scie, expression vieillie; sciure de bois est préférable.
Briquade.—Ne dites pas briquade, mais briqueterie: lieu où l’on fait la brique. Briquade n’est pas français.
Brique à feu.—Anglicisme (fire brick). Dites brique réfractaire (brique rendue infusible par sa composition).
Briqueleur.—Corruption probable du mot anglais bricklayer; n’est pas français. Dites briquetier, pour désigner celui qui fait ou vend la brique, et briqueteur pour celui qui travaille à des ouvrages en briques, qui emploie la brique dans les constructions.
Brise-fer.—N’est pas français. Dites: brise-tout.
Broche.—C’est une faute d’appeler broche le fil de fer. Clôture en fil de fer, et non en broche.
Ne dites pas broche à cheveux, mais épingle à cheveux: épingle à deux branches pour retenir les cheveux.
Brocher.—V. Enclaver.
Brochure.—V. Pamphlet, à la deuxième partie.
Broque.—Est français; mais c’est une faute de lui donner le sens de tire-fiente, sorte de fourche à fumier; ou le sens de hoyau, sorte de houe à deux fourchons servant à retourner la terre.
Brosse.—N’est pas français dans le sens de ribote, orgie. Au lieu de prendre une brosse, dites: s’enivrer, se mettre en ribote.
Brosser.—N’est pas français dans le sens de boire beaucoup, de s’enivrer, de boire habituellement.
Brou.—Est du masculin. Signifie: écale verte de la noix; n’est pas français dans le sens d’écume, de mousse.
Brouillon.—Est français. Se dit bien d’un homme qui aime à brouiller, à mettre le désordre; mais en parlant d’un cheval, c’est une faute de donner à ce mot le sens d’emporté, de fougueux.
Brûlé.—N’est pas français pour désigner tout ou partie de forêt, de tourbière brûlée.
Brûler.—C’est une erreur de dire: Cet homme a brûlé sa maison, dans le sens que sa maison a été détruite par le feu sans qu’il y ait de sa faute. On ne peut, non plus, employer brûler absolument, et dire: Il a brûlé, pour signifier qu’il a perdu, dans un incendie, sa maison ou quelque autre bâtiment.
Brûleur.—N’est pas français dans le sens de bec de lampe. C’est un anglicisme (burner).
Brumasser.—Il brumasse signifie, en français: le temps brumeux qu’il fait. Au lieu de dire: il brumasse, dites: il bruine, il tombe de la bruine (petite pluie froide et fine).
Brun.—Ne dites pas: un cheval brun, mais bai brun. Le mot brun ne s’emploie pas seul pour désigner la couleur du cheval, du bœuf, etc.
Brunante (à la).—Cette expression n’est pas française. Il faut dire: à la brune, sur la brune.
Buberon, Buveron.—Corruption de biberon: petit vase à bec ou à tuyau pour faire boire un enfant.
Bûcheur.—Par extension, veut dire travailleur. C’est un bûcheur, c’est-à-dire, il travaille avec constance, énergie. Mais n’est pas français dans le sens de bûcheron: manœuvre qui abat des arbres dans une forêt.
Buckboard.—Nom anglais de la voiture que nous appelons barouche. Au mot barouche, Bescherelle dit: “Substantif masculin, sorte de voiture.” Comme cette voiture est inconnue en France, il n’y a sans doute pas de faute pour nous à mettre barouche au féminin.
Buggy.—Mot anglais. Se traduit par boghei (bo-gué).
Bun.—Mot anglais. Se traduit par brioche. Sorte de pâtisserie.
Bureau.—Le meuble de chambre à coucher que nous appelons bureau se nomme en français commode.
Bureau des échevins est un anglicisme (board of aldermen). Conseil des échevins, ou conseil municipal, sont les expressions propres.
Butin.—Signifie ce que l’on prend à l’ennemi; ce que l’on se procure par le travail, par des recherches; aussi profit, richesse. C’est à tort qu’on donne à ce mot le sens de vêtements, d’objets personnels, même de meubles, comme dans cette phrase: Il a perdu tout son butin dans l’incendie.
Cabale.—Signifie en français: coterie, intrigue, menées secrètes de gens qui s’entendent pour un même dessein. C’est donc une faute de dire d’un homme: Il fait de la cabale, il forme une cabale, lorsqu’on veut dire qu’il fait de la propagande politique; qu’il visite les électeurs dans l’intérêt d’un candidat.
Cabaler.—Signifie en français: faire une cabale (V. ce mot); s’associer secrètement, dans un mauvais dessein ordinairement, avec d’autres personnes. C’est une faute de lui donner le sens de faire de la propagande politique; travailler dans une élection au profit d’un candidat; d’aller solliciter les votes au domicile des électeurs. C’est une double faute d’employer comme verbe actif, cabaler, qui est neutre, et de dire: cabaler quelqu’un. Dites: Chercher à gagner quelqu’un à la cause d’un candidat, chercher à faire de quelqu’un un partisan d’un candidat, etc.
Cabaleur.—Ceux qu’on nomme ici à tort des cabaleurs ne sont, en français, que des meneurs électoraux, des faiseurs d’élections; ce sont les gens qui vont de porte en porte faire de la propagande, qui visitent les électeurs à domicile. Pour parler correctement, les cabaleurs sont plutôt les membres de tout comité qui dirigent la bataille électorale, qui déterminent les menées secrètes auxquelles on recourra.
Cabasser.—Signifiait: amasser, voler, mentir, etc. N’est plus usité dans ces sens. Se dit dans quelques provinces en France, pour: rompre la tête. C’est donc une faute de donner à cabasser le sens de tracasser, fatiguer, inquiéter. Au lieu de: Ce procès le cabasse, dites: Ce procès le tracasse, le fatigue, etc. Au lieu de: Cet homme est cabassé, dites: Cet homme est fatigué, abattu, las.
Caboche.—Dites: Tête de pavot, et non caboche. C’est une faute d’appeler caboche, les capsules des plantes.
Cabrouet.—Dites haquet, et non cabrouet, pour désigner cette sorte de charrette longue, étroite et sans ridelles, pouvant prendre une inclinaison qui facilite le chargement et le déchargement de barils, de ballots, etc. Le cabrouet est, d’après Bescherelle, une petite charrette en usage dans les colonies pour porter les cannes à sucre au moulin.
Dites camion, et non cabrouet, pour désigner la voiture basse à quatre roues que l’on emploie beaucoup dans le commerce en gros pour transporter les marchandises.
Cachette.—Est français, mais non dans le sens de jeu d’enfants. Dites: cache-cache. Au lieu de: Jouer à la cachette, dites: Jouer à cache-cache.
Cadre.—Bordure dans laquelle on place un tableau, un objet d’art, etc. Le cadre d’un tableau, d’une glace. Mais il ne faut jamais donner ce nom à la gravure, au tableau lui-même.
Ne dites pas: filet à trois cadres, tringle à six cadres, mais filet à trois carres, tringles à six carres.
Caduc.—Signifie en français vieux, qui a perdu ses forces. C’est une faute de lui donner le sens de triste, abattu.
Cage.—C’est une faute de donner à ce mot le sens de train de bois, ou radeau; assemblage de bois de charpente ou autre, assujetti avec des liens, qui est entraîné par le courant d’une rivière.
Le train de bois est composé de différentes parties assemblées, que l’on appelle ici à tort crib, mot anglais qu’il faut traduire par: coupon (d’un train de bois), ou brelle.
Au lieu de: homme de cage ou raftman, dites: flotteur.
Cager.—Verbe. N’est pas français. Au lieu de: cager du bois, dites: composer un train de bois.
Au lieu de: cager de la planche, des madriers, dites: empiler de la planche, des madriers.
Cageux.—N’est pas français. Dites Radeau.
Caille.—Est seulement substantif en français, et désigne un oiseau. N’est pas français pour signifier: tacheté de noir et de blanc, en parlant des animaux, bien qu’il soit employé dans ce sens, en France, dans le langage populaire et surtout campagnard. Dites: vache pie, et non vache caille. Au lieu de: yeux cailles, dites: yeux gris, ou yeux pers (entre le vert et le bleu).
Caillette.—Dites présure, et non caillette, pour désigner cette matière acide destinée à faire cailler le lait, et qui se trouve dans le quatrième estomac du veau. Cet estomac s’appelle caillette.
Calant.—Pour désigner le bois trop pesant pour flotter, c’est une faute de dire du bois calant. L’expression française est bois fondrier ou bois canard, ou substantivement du fondrier.
Ne dites pas d’un terrain qu’il est calant, mais mouvant.
Calculer.—Anglicisme dans cette phrase: Il calcule partir lundi; dites: il se propose de, il compte, il pense partir lundi.
Calé.—N’est pas français pour signifier chauve: celui dont les cheveux sont en partie ou complètement tombés.
Calèche.—La calèche, en français, est une voiture à quatre roues. Ce qu’on appelle ici improprement calèche, surtout à Québec, doit se dire: cabriolet à ressorts.
Caleçon.—Il ne faut pas dire: une paire de caleçons, mais un caleçon. Un caleçon de laine.
Calembourg.—Il faut écrire calembour, et non calembourg.
Caler.—Est un terme de marine. Navire qui cale. Ne dites pas d’un homme qu’il cale, mais qu’il enfonce (dans la neige, dans la boue.)
Ne dites pas d’un homme qu’il se cale, qu’il s’est calé pour dire qu’il perd, qu’il a perdu de l’argent (dans une entreprise). Un homme calé est, en français, un homme riche.
Câline.—N’est pas français pour désigner un genre de coiffure; il faut dire bavolet.
Calomnie (fausse).—Est un pléonasme. Toutes les calomnies sont des assertions fausses de choses dommageables à quelqu’un. On ne peut pas plus dire: calomnie fausse, que: mensonge faux, puisque la calomnie est un mensonge, et que le mensonge est toujours faux.
Calotte.—La calotte est un petit bonnet que portent notamment les religieux. Ce que nous appelons ici calotte se nomme en français casquette.
Caluron.—N’est pas français. Dites casquette.
Cambric.—Mot anglais; se traduit par batiste: toile de lin très fine.
Canaillerie.—Est français, mais populaire. Dites plutôt: coquinerie, vol, malhonnêteté.
Canard.—V. Bombe.
Canceller.—C’est un anglicisme de dire: Ce train a été cancellé. Il faut: a été contremandé.
Canelle.—V. Fuseau.
Canisse, Canistre.—Sont tous les deux français. Le premier est un terme employé dans la culture des vers à soie; le second désigne une espèce de panier. Mais c’est une faute de leur donner le sens de bidon. Dites Bidon au pétrole, au lait, et non canistre. Il faut dire: Poire à poudre, et non canistre à poudre. Ne dites pas: Une canistre de saumon, mais: une boîte de conserves de saumon.
Canthook.—Mot anglais. Se traduit par renard. Levier muni d’un crochet mobile.
Caoutchouc.—Il ne faut pas dire un caoutchouc pour désigner ce qui sert à effacer l’écriture au crayon, mais une gomme. Se prononce ca-outt-chou.
Quelques-uns font la faute de l’épeler caoutchoug.
Cap.—Ne dites pas le cap, mais la capsule d’un fusil.
Employé pour désigner une coiffure, cap est un mot anglais. Dites casquette.
Il ne faut pas donner à cap le sens de rocher à pic, escarpé. Le cap, en français, est une pointe de terre élevée, s’avançant dans la mer.
Capable.—C’est une faute de dire: C’est un homme capable, dans le sens de fort au physique, musculeux, ou pour signifier qu’il a de l’endurance. Ne dites pas: Je ne suis pas capable d’aller chez vous; mais: Il m’est impossible d’aller chez vous.
Capacité.—C’est un anglicisme de dire: En sa capacité de, pour en sa qualité de: C’est en sa qualité de secrétaire qu’il a signé et non: en sa capacité.
Capine.—N’est pas français. Dites capeline. V. Capuche.
Capital politique.—Cette expression est un anglicisme. Au lieu de dire: chacun fait du capital politique de la question des écoles du Manitoba, dites: Chacun essaie de tirer un avantage politique de la question, etc.
Capot.—N’est pas français dans le sens de pardessus, paletot, pelisse. Le pardessus se porte sur le vêtement complet. Le paletot est aussi fait pour se porter pardessus un autre vêtement. La pelisse est un pardessus garni de fourrures, ou fait complètement de fourrures, et c’est ce qu’on appelle ici à tort un capot de poils. V. Duster.
Capuche.—Au lieu de capuche, dites: capeline. Selon le tissu dont elle est faite, la capeline peut garantir ou du soleil ou du froid.
Carapet ou Crapet.—N’est pas français. Est employé à tort pour désigner un poisson d’eau douce de la forme de la sole.
Cardure.—Est un terme de botanique. N’est pas français dans le sens de retirons: laine qui reste prise dans le peigne de la carde.
Carisé.—Ecrivez Cariset: étoffe de laine croisée.
Carlet.—Ecrivez carrelet. Grosse aiguille angulaire du côté de la pointe, à l’usage des bourreliers, des selliers, des emballeurs. Est aussi un filet pour la pêche.
Carré.—Le mot carré n’est pas français pour désigner un jardin public établi sur une place; il faut dire square. Le square St Louis. Mais on dira: La place Jacques-Cartier, et non le square, parce qu’il n’y a pas de jardin. Le mot square est un mot anglais francisé. Si le jardin public prend de grandes proportions, on l’appelle plutôt jardin que square. Le jardin Viger.
Carreau.—Le carreau d’une porte vitrée est, en français, simplement une vitre. C’est à tort que l’on donne ce nom à l’ouverture au-dessus de la partie mobile de la porte; il faut dire imposte (féminin) pour désigner cette ouverture.
On donne à tort le nom de carreau au vasistas, qui est la vitre d’une fenêtre ou d’une porte, dont on peut se servir sans ouvrir la porte ou la fenêtre, afin de donner de l’air.
Carreauté.—Carreauté n’est pas français. Au lieu de: plafond carreauté, étoffe carreautée, dites: plafond à caissons, étoffe à carreaux ou du quadrillé.
Carriéreur.—N’est pas français. Dites carrier (ouvrier qui extrait la pierre).
Carrosse.—Dites: voiture de place pour désigner la voiture d’un cocher de place, que cette voiture soit une victoria, un landau, etc. A Paris, le terme usité est fiacre.
Carte-poste.—Anglicisme; traduction littérale de postcard. Il faut dire en français carte postale.
Cash.—Tous savent que ce mot n’est pas français, et cependant on l’entend tous les jours. Dites: Acheter, vendre comptant, ou au comptant, au lieu de: Acheter, vendre cash; payer comptant, au lieu de payer cash.
Casque.—Est, en français, une coiffure militaire en cuir ou en métal. Au lieu de casque, il faut dire bonnet fourré, ou bonnet de fourrure. Casque de loutre, de vison, doit se dire: Bonnet de loutre, de vison.
Casseau, Cassot.—N’ont pas le sens, en français, de boîte en carton pour contenir les allumettes, les chapeaux, etc. V. Boîte.
Casse-glace.—Dites brise-glace, et non casse-glace. Espèce d’arc-boutant qu’on met en avant des piles d’un pont pour briser les glaces.
Casser.—Ne dites pas: Casser une loi, bien qu’il soit correct de dire: casser un arrêt, une sentence. Il faut: Annuler, abroger, abolir, rapporter une loi.
Casserole.—On donne souvent à ce mot, mais à tort, le sens de cendrier (vase de fonte attaché au-devant d’un poêle, pour recevoir les cendres qui s’en échappent).
Castille.—Est un anglicisme (cast steel) dans le sens d’acier fondu.
Castor.—(Huile de).—Cette expression qu’on trouve dans le dictionnaire, est inusitée. Dites plutôt: Huile de ricin. Le ricin est une plante dont la racine fournit une huile purgative et vermifuge.
Casuel.—C’est une faute de donner à ce mot le sens de cassant, fragile.
Catalogne.—Est en français une espèce de prune. C’est une faute d’employer ce mot pour désigner les tapis communs faits à la maison. Le mot catalogne est peut-être une corruption de castelogne, sorte de couverture de lit faite de laine très fine.
Catiche.—N’est pas français pour désigner un homme qui s’occupe des choses ordinairement réservées aux femmes. Il faut dire: Tâte-au-pot, tâte-poule, jocrisse, manette.
Catin.—C’est une faute de donner à ce mot le sens de poupée.
Catiner.—N’est pas français. L’expression jouer à la poupée rend le sens que nous donnons à ce mot catiner.
Catsup, Catchup, Ketchup.—Termes anglais. Ne se traduisent pas en français.
Cattle-guards.—Mot anglais. Désigne une espèce de boîte profonde que l’on met de chaque côté d’une route à l’endroit où le chemin de fer la coupe. Cette boîte n’existe pas en France. M. l’abbé Caron, dans son “Petit Vocabulaire à l’usage des Canadiens-français,” lui donne le nom de garde-bestiaux. L’expression française saut de loup a à peu près le sens de garde-bestiaux.
Causer à quelqu’un.—Est une expression vicieuse. Au lieu de: Il m’a longtemps causé de ses affaires; allez lui causer de cette nouvelle, dites: Nous avons longtemps causé ensemble de ses affaires; allez causer avec lui de cette nouvelle.
Cautère.—Désigne en français une plaie entretenue pour faciliter l’écoulement des humeurs, et séton est le cordon qui passe dans les chairs de cette plaie. C’est donc une faute d’appeler le séton, cautère.
Caution, Cautionnement.—Ne pas confondre ces deux mots. La caution est la personne qui donne ou fournit le cautionnement; le cautionnement est la garantie ainsi donnée ou fournie.
C’est une faute de dire: Cet homme est mon caution; il faut: cet homme est ma caution.
Cavalier.—Ce mot n’a pas le sens d’amant, prétendu, prétendant; qui fait la cour à une jeune fille; amoureux, aspirant, poursuivant, etc. C’est une faute que l’on entend très souvent.
Cavreau.—Corruption de caveau. Dites cave, pour les pommes de terre, de préférence à caveau.
Cédille.—Est du féminin: une cédille. Il faut prononcer les l mouillées et non comme s’il n’y avait qu’une seule l.
Cenellier.—N’est pas français. Dites aubépine. Le fruit de l’aubépine s’appelle cenelle ou senelle.
Cent.—On ne peut dire: Il a acheté un cent de poules, mais: il a acheté cent poules. Dites: Il doit cent dollars, et non un cent dollars.
Cent.—Monnaie. V. Centin.
Centaine.—N’est pas français, dans ce genre de phrase: Je veux en avoir la centaine; dites: Je veux en avoir la clé, l’explication, l’éclaircissement, le fin mot.
Centin.—N’est pas français. Est employé, à tort, au Canada pour désigner la centième partie du dollar. Il faut dire cent (masc.). Un cent. La monnaie divisionnaire adoptée dans les colonies françaises (Tonquin, Inde, Indo-Chine) s’appelle cent en vertu d’une récente décision ministérielle. Cette monnaie répond à notre centin comme centième partie de la piastre. Le mot cent est donc francisé et doit avoir cours ici, préférablement à sou qui a été suggéré, mais qui est peu usité en France.
Cercle.—Dites cerceau, pour désigner ce cercle de bois que les enfants font courir en le poussant avec un petit bâton. Jouer au cerceau; faire courir un cerceau.
Cerne.—Dites halo, pour désigner le cercle ou l’ensemble de cercles ou d’arcs colorés ou lumineux qui entourent le soleil, et la lune: Les halos.
Cerner.—Ne dites pas cerner une pipe, mais culotter une pipe.
Chacun s’accorde à dire.—Cette phrase est incorrecte. Il faudrait: Tout le monde s’accorde à dire; chacun est prêt à dire. Un seul homme (chacun) ne peut s’accorder à dire une chose: il faut être plusieurs pour cela.
L’expression un chacun a vieilli. S’emploie par plaisanterie, en français.
Chagriner (se).—Ne peut se dire du temps. Dites: Le temps se couvre, s’obscurcit, au lieu de: Le temps se chagrine.
Chaînage.—Au lieu de chaînage continu, qui est un anglicisme, dites longueurs cumulées.
Chaîner.—N’est pas français dans le sens de s’enfuir rapidement, courir avec vitesse, détaler.
Chair.—Il faut écrire bonne chère et non bonne chair. Faire bonne chère.
Chalet.—Ecrivez chalet sans accent circonflexe, et non châlet. Maison des paysans en Suisse. Maison de campagne construite en bois.
Chaloupier.—Signifie, en français: matelot qui fait partie de l’équipage d’une chaloupe; mais il faut dire passeur pour désigner celui qui conduit un bac, un bateau pour passer l’eau, et non chaloupier.
Chambranler.—Ce mot n’est pas français. Dites: chanceler, tituber, zigzaguer.
Chambre (en).—L’expression en chambre dans le sens de: au parlement, devant les chambres, n’est pas française.
Chance.—N’est pas français dans le sens de billet de loterie. Dites: Dix sous le billet, et non: dix sous la chance.
Chanceux.—Outre le sens que nous lui connaissons, c’est-à-dire, qui a bonne chance, est bien servi par le hasard, chanceux signifie aussi: incertain, qui dépend du hasard en parlant d’un résultat. Entreprise chanceuse, affaire chanceuse. Dans ces phrases, chanceuse veut dire: incertaine, dont le résultat peut être heureux ou malheureux, mais est peu usité dans ce sens.
Chandelier.—On donne à ce mot un sens trop général. Les chandeliers à plusieurs branches que l’on met sur une table s’appelaient girandoles. Maintenant, ils prennent généralement le nom de candélabres. Les flambeaux ne portent qu’une seule bougie, ont à peu près un pied de haut, et vont généralement par paires. Le bougeoir est un petit chandelier portatif et plat.
Change.—Ne dites pas: Avez vous du change pour cinq dollars? mais: Avez-vous le change, la monnaie de cinq dollars?
Ne dites pas: Change pour change, mais: troc pour troc. Ils ont échangé leurs chevaux troc pour troc, et non: Ils ont échangé leurs chevaux change pour change.
Changement de venue.—Est un anglicisme. En français on dit: Distraction de juridiction. C’est le transport d’une cause d’un tribunal à un autre.
Changer.—Changer de cheval signifie: laisser son cheval pour en prendre un autre. Quand on veut exprimer l’idée de deux personnes qui troquent réciproquement leur cheval contre un autre, il faut dire d’elles: Qu’elles font échange de chevaux, ou qu’elles échangent leurs chevaux, et non qu’elles changent de chevaux.
Chanter le coq.—N’est pas français. Il faut dire: Chanter victoire. Au lieu de l’expression: Poule qui chante le coq, dites: Poule qui chante comme un coq, ou: qui imite le chant du coq.
Chantier.—N’est pas français pour désigner une cabane faite de troncs d’arbres. Chantier désigne en français, entre autres choses: une enceinte où l’on entasse de grandes piles de bois de chauffage et de charpente; l’endroit où l’on construit les vaisseaux; les pièces de bois sur lesquelles on met les tonneaux à la cave; dans ce cas-ci on dit: chantiers de cave.
Aller en chantier n’est pas français pour signifier: aller travailler à l’exploitation du bois de commerce, pendant l’hiver.
Chape.—Signifie en français: sorte de grand manteau d’église, partie d’une poulie, etc. Mais c’est une faute de lui donner le sens d’écharpe: bande d’étoffe ou de dentelle que les femmes portent sur les épaules.
L’expression: Se faire lever une chape n’est pas française; dites: Se faire réprimander vertement.
Chapeau de castor.—Se nomme en français: chapeau haut-de-forme; chapeau de soie; ou haute-forme tout court. Les expressions chapeau de castor, ou simplement castor, ont vieilli.
Chapelle.—Signifie en français entre autres choses: enceinte ménagée dans une grande église pour y renfermer un autel sous l’invocation particulière de quelque saint. Dites: transept et non chapelle pour désigner la partie d’une église qui forme les bras de la croix de chaque côté de la nef.
Chaque.—Ne peut se mettre à la fin d’une phrase. Il faut employer chacun. Au lieu de: Ces livres me coûtent un dollar chaque; ces pommes se vendent un sou chaque, dites: un dollar chacun, un sou chacune. Après avoir parlé de livres, etc., on dit: chacun coûte un dollar et non chaque coûte un dollar.
Char.—Est un mot impropre pour désigner une voiture de chemin de fer, un wagon (prononcez vagon). Les expressions suivantes sont françaises: Wagon-salon, wagon-dortoir, sleeping car, wagon-lit, wagon-restaurant, voiture à lits, wagon de luxe.
Au lieu de: Char de la malle, char à marchandises; dites: wagon-poste, wagon ou voiture à marchandises; au lieu de: char à bagages, on emploie les expressions: fourgon, fourgon à bagages, bagages, voiture à bagages, wagon à bagages.
Au lieu de: Les chars sont arrivés; les chars partent, dites: Le train est arrivé, le train part. On dit: Monter en chemin de fer, dans le train, et non: embarquer dans les chars.
Char urbain, petit char, sont des expressions incorrectes. Dites: tramway, voiture de tramway. Un tramway électrique. On dit: Monter dans une voiture du tramway, ou dans un tramway, et non: monter dans les petits chars, monter à bord des chars, prendre les petits chars. V. Bord (à).
Charbon.—Au lieu de charbon mou, dites houille grasse. Au lieu de charbon dur, dites houille maigre. Charbon mou, charbon dur, sont des anglicismes (soft coal, hard coal).
Charge.—Dans le sens de plaidoirie du procureur général ou de son substitut, est un anglicisme. Dites: réquisitoire (masculin).
C’est encore un anglicisme de désigner par charge l’allocution du juge aux jurés. Il faut dire: Le résumé des débats.
Chargeage.—N’est pas français. Dites chargement, pour signifier: action de charger.
Charger.—On m’a chargé tant pour cette marchandise est un anglicisme. Dites: On m’a demandé, on m’a pris tant. Charger le prix d’une marchandise, charger un compte, sont des expressions correctes qui signifient: exagérer, grossir. Au lieu de: combien chargez-vous pour cet ouvrage? dites: combien demandez-vous pour cet ouvrage, combien coûte cet ouvrage?
Chariot.—C’est une faute de donner à ce mot le sens de corbillard: voiture dans laquelle on transporte les morts au lieu de leur sépulture.
Charretier.—Est celui qui gagne sa vie à voiturer divers colis dans une charrette, un tombereau, un chariot, etc. Ce mot ne doit donc pas s’employer en parlant d’un cocher, de celui qui mène un carrosse ou toute autre voiture servant au transport des personnes.
Charrue.—Ce que nous appelons, à tort, charrue pour la neige est une traduction littérale de l’anglais: Snow plough. On se sert en France du mot chasse-neige (masculin).
Chartre.—S’est dit autrefois. On doit dire maintenant charte.
Châssis, Fenêtre.—Ne pas confondre ces deux mots. La fenêtre est une ouverture pour donner du jour dans un bâtiment: c’est une faute d’employer châssis dans le sens de fenêtre, parce que le châssis est le cadre mobile où sont enchâssées les vitres. Fenêtre a aussi le sens de châssis.—Croisée a les deux sens de fenêtre: ouverture pour donner du jour, et de châssis: partie mobile portant les carreaux. Il faudrait une fenêtre ici pour donner de la lumière, non un châssis. Fermez la fenêtre, la croisée, ou le châssis.
Château.—Corruption de chanteau: morceau coupé à un grand pain, à un des bouts.
Chaudière.—C’est une faute d’employer ce mot pour désigner le seau de fer blanc ou de zinc qui sert à transporter l’eau. La chaudière est un vase servant à faire cuire, bouillir quelque chose.
Au lieu de chaudière aux eaux sales, dites: seau aux eaux sales (se place près d’un lavabo pour recevoir les eaux sales).
Chaudiérée.—N’est pas français. Dites: Chaudière d’huile, de lessive, pour désigner le contenu d’une chaudière.
Chaufferie.—C’est à tort qu’on appelle chaufferie la salle où l’on fait sécher le bois de menuiserie. C’est séchoir qu’il faut dire.
C’est une faute de donner le nom de chaufferie à un grand tube en bois dans lequel on soumet, a l’action de la vapeur, le bois qui doit être courbé.
Chaumé.—Ne dites pas: Des œufs chaumés, mais: chaulés (traités à la chaux pour leur conservation).
Chaussée.—Signifie, entre autre choses: levée de terre au bord d’une rivière, d’un étang; levée servant de chemin; partie bombée d’un chemin. C’est un terme populaire dans le sens de barrage, écluse, en travers d’une rivière.
Chaussette.—V. Bas.
Chausson.—N’a pas en français le sens de bas très court: il désigne surtout une chaussure de feutre ou de lisière qu’on met en guise de pantoufle.
N’est pas français dans le sens de: lourdaud, d’homme sans culture, d’avare.
Check.—Au lieu de: check, qui est un mot anglais, dites: contrôle, vérification, en terme d’arpentage ou de comptabilité. On doit dire: Ligne de vérification, et non: ligne qui sert de check. De même: Ce calcul servira de contrôle pour ce compte, et non: servira de check.
Chemise.—Etre en chemise signifie en français: n’avoir sur soi que sa chemise; ce qu’on appelle à tort être en queue de chemise.
Si l’on veut dire qu’un homme n’a le haut du corps couvert que d’une chemise, ou qu’il n’a pas de vêtement couvrant les manches de sa chemise, il faut dire qu’il est en manches de chemise, ou en bras de chemise: et non qu’il est en chemise.
Chenail.—Corruption de chenal: le côté le plus profond d’une rivière; passage creusé dans un fleuve, une rivière. Pluriel: Chenaux.
Cheniquer.—N’est pas français. Il faut dire: ne pas aller jusqu’au bout; renoncer honteusement à la partie; manquer de courage; reculer, suivant le cas.
Chenu.—Signifie en français: blanchi par l’âge (tête chenue); couvert de neige (montagne chenue); dont la cime est dépouillée (arbre chenu). C’est donc une faute de donner à ce mot le sens de mal mis (homme chenu); mal meublé (chambre chenue).
Chèquer.—Ce mot n’est pas français. C’est un verbe tiré du mot anglais to check. Au lieu de: chèquer un compte, on doit dire: vérifier, apurer, contrôler un compte.
Au lieu de: chèquer les listes électorales, il faut dire: les pointer.
Chérant.—N’est pas français. Dites: Ce marchand est cher, il surfait sa marchandise, et non: il est chérant.
Chétif.—Veut dire en français, entre autres significations, faible: Enfant chétif. C’est une faute de donner à ce mot le sens de méchant, malicieux, mauvais, etc. Il faut prononcer f, et ne pas dire chéti.
Cheval.—Se dit à tort pour séchoir. Cadre de bois sur lequel on étend le linge pour le faire sécher.
Au lieu de: cheval de famille, dites plutôt: carrossier, cheval de voiture, cheval de luxe (mais on dit bien: voiture de famille).
Au lieu de l’expression: Cheval à cheval, il faut dire: manche à manche; manche signifie dans ce cas: première et seconde partie, quand on est forcé d’en jouer trois pour savoir quel est celui qui gagne, au jeu de cartes.
Au lieu de: cheval fendu, dites: cheval fondu; jeu où plusieurs enfants sautent l’un après l’autre, sur le dos de l’un d’entre eux qui se tient courbé: Jouer au cheval fondu.
Chevalet.—C’est une faute d’appeler ainsi cet assemblage de bois fait d’une double croix de St-André, sur lequel on pose le bois à scier. Il faut dire: chèvre, ou ixe (masculin), ou X.
Cheveu.—Ne dites pas le cheveu, mais le spiral d’une montre.
Cheville.—N’est pas français pour atteloire: pièce de fer qui sert à fixer les traits au timon ou aux brancards.
Chicane.—N’est pas synonyme de querelle. C’est l’abus des formalités de la procédure, les subtilités captieuses en matière de procès, les tracasseries, les mauvaises guerres, les contestations futiles.
Engendrer chicane à quelqu’un n’est pas français. Il faut dire: Chercher querelle à quelqu’un, c’est-à-dire: le provoquer.
Chigner.—Signifie en français: gronder toujours. Peu usité. Il ne faut pas lui donner le sens de rechigner: prendre un air maussade, montrer de la mauvaise humeur, marquer de la répugnance, du dégoût, du mécontentement.
Chignon, Tignon.—Dites quignon de pain, et non chignon ni tignon. Gros morceau de pain.
Chipoterie.—Signifie en français chicane. Il ne faut pas lui donner le sens de confusion de choses, dégât, mélange condamnable d’objets, etc.
Choc.—Il ne faut pas donner à ce mot le sens d’altercation, prise de bec, dispute; comme dans cette phrase: Ils ont eu un choc, un petit choc. Mais dites: Ils ont eu une altercation, une prise de bec, etc.
Choisir.—Ne dites pas: Il a été choisi président, secrétaire; mais il a été choisi pour président, ou: il a été élu président.
Au lieu de: choisir à la main, dites: trier.
Choix.—L’expression: Votre choix pour cinq sous est un anglicisme (your choice); on peut dire: A choisir ou au choix pour cinq sous.
Chouler, Souccer, Souquer.—Ces mots ne sont pas français pour signifier: envoyer un chien sus à quelqu’un, ou l’exciter à aboyer après quelqu’un ou à mordre quelqu’un. Dites lancer. Lancer un chien sur un vagabond.
Chrome.—S’écrit sans accent circonflexe.
Chrysostome.—S’écrit sans accent circonflexe.
Chute.—S’écrit sans accent circonflexe.
Cime.—C’est une faute d’écrire ce mot avec un accent circonflexe sur l’i.
Cireux.—Signifie en français: qui a la consistance de la cire: Matières cireuses. Ne dites pas yeux cireux, mais yeux chassieux, dans lesquels il y a de la cire, ou mieux, de la chassie.
Cisailler.—Signifie en français: couper avec des cisailles (sorte de ciseaux avec lesquels on coupe des plaques de métal). C’est donc une faute d’employer ce mot dans le sens de couper maladroitement; tirer continuellement sur les guides du cheval; donner des saccades aux guides; et de dire: cisailler la bouche d’un cheval; il a cisaillé cette étoffe en la coupant.
Ciseaux.—Les grands ciseaux qui servent à couper le gazon s’appellent en français une tondeuse.
Cité.—Il se fait presque toujours des anglicismes dans l’emploi de ce mot. Quand vous adressez quelque chose à une personne de la ville où vous êtes, dites: En ville, et non cité. Il faut dire: charte de la ville de Montréal; poursuite contre la ville; la ville doit considérer, et non: La charte de la cité; poursuite contre la cité, etc.
Le mot cité doit s’employer seulement comme terme administratif.
Civilien.—Ce mot n’est pas français. Il nous vient de l’anglais civilian. Au lieu de: Etre en habit civilien, dites: être en habit bourgeois, ou mieux être en civil.
Clair (Je suis).—Expression imitée de l’anglais, qui s’emploie, à tort, pour dire qu’on a fini une tâche, un ouvrage; qu’on a été disculpé d’une accusation.
Clairer.—Est en français un terme de métallurgie. C’est un anglicisme de donner à ce mot le sens de ne pas obstruer (clairez le chemin); de vider (clairez la maison); de congédier (cet employé a été clairé); de reconnaître innocent (l’accusé a été clairé); de faire un profit de: (clairer du dix pour cent); d’élargir (clairer un prisonnier).
Il ne faut pas dire: Le temps se claire, mais s’éclaircit.
Claque.—Il faut plutôt dire caoutchoucs (ca-outt-chou) que claques pour désigner la chaussure en caoutchouc qui préserve de l’humidité. Claque s’emploie peu en France.
Claret.—Le vin clairet est un vin rouge, léger et peu foncé en couleur. On dit plus ordinairement du clairet. Les anglais donnent le nom de claret aux vins de Bordeaux. C’est commettre un anglicisme de parler ainsi.
Classe.—Ne dites pas: Du bois, de l’étoffe de première classe, mais de première qualité.
Clenche.—Est, en français, la pièce principale du loquet d’une porte, celle que le mentonnet reçoit et qui tient la porte fermée. Il faut appeler loquet, la pièce où l’on appuie le pouce pour lever la clenche. C’est donc une faute d’appeler clenche, le loquet et même la poignée qui se trouve en-dessous du loquet, à l’extérieur de la porte.
Clencher.—N’est pas dans le dictionnaire, mais est usité autant que loqueter.
Clerc.—Ne dites pas clerc avocat, mais étudiant en droit. Clerc de poll, anglicisme (poll clerk), dites: greffier de bureau de vote. C’est ainsi que la loi désigne cet officier.
Cléricale.—Erreur cléricale, veut dire: erreur imputable au clergé. Est un anglicisme (clerical error) dans le sens de: erreur de plume, faute de copiste.
Cléricature.—C’est une faute d’appeler cléricature le temps pendant lequel dure l’étude du droit, de la médecine, du notariat. Il faut dire: Il a fait sa médecine, son droit, son stage (étude du notariat) chez un tel, à tel endroit, et non: il a fait sa cléricature chez un tel, etc.
Clinquant.—Désigne en français, en dehors du figuré, une petite lame d’or ou d’argent qu’on met dans les broderies. C’est une faute d’appeler ainsi le mica.
Clipper.—Terme anglais. Se traduit par tondeuse. Instrument pour couper les cheveux.
Cloche à vache.—C’est clochette qu’il faut dire et non cloche à vache, pour désigner la sonnette pendue au cou des bestiaux qu’on fait paître dans les forêts.
Clocher.—Ne dites pas: Ce cheval a un fer qui cloche, mais qui loche.
Cloison vitrée.—Dites vitrage, et non cloison vitrée, pour désigner le châssis de verre servant de cloison.
Cloque.—Anglicisme (cloak); dites: pardessus.
Clos, Clôture.—Il ne faut pas confondre ces deux mots, comme il arrive souvent. Le clos est une étendue de terrain fermé de murailles, de haies, de fossés, etc. clos de dix arpents.—La clôture est l’enceinte qui entoure le clos. Clôture en bois, en fil de fer.
Au lieu de clos de bois, dites chantier: grande enceinte où l’on dispose, où l’on entasse des piles de bois à brûler, de bois de charpente ou de charronnage. Ce marchand de bois a son chantier bien garni.
Clôture.—Il faut dire échalier, et non clôture d’embarras, pour désigner la clôture d’un champ faite d’arbres coupés ou de branches d’arbre.
Au lieu de clôture en pierres, dites plutôt: mur de clôture. V. Clos.
Club.—Swinging club, espèce de massue dont se servent les amateurs de gymnastique, se traduit par mils (subs. masc. plur.), qui se prononce mil.
Co-accusé.—Est une faute. Il ne faut pas de trait d’union. Coaccusé.
Coal dust.—Terme anglais. Se traduit par poussier (masculin) de charbon, et non par poussière de charbon.
Coat.—Terme anglais. Se traduit par veston: vêtement à basques courtes qui tient lieu d’habit, ou par jaquette.
Coaxer.—Tiré de l’anglais to coax. Au lieu de ce barbarisme, servez-vous des mots cajoler, enjôler.
Cocktail.—Terme anglais. Se traduit par grog: boisson faite d’eau de vie, d’eau chaude ou froide, de sucre et de citron. Cocktail tend cependant à s’introduire en France.
Cocoa.—Mot anglais, se traduit par cacao: amande du cacaoyer qui sert à faire le chocolat.
Cocotier.—Est le nom de l’arbre qui produit le coco. Mais si vous voulez désigner le petit vase dans lequel vous mangez les œufs, dites: coquetier et non cocotier.
Coercion.—Est français, mais n’est pas usité. Il faut dire coercition: pouvoir, action de contraindre.
Col.—Le faux col est l’article de toilette qui se met autour du cou et qui ne fait pas partie de la chemise; ne pas dire col, ni collet. S’il fait partie de la chemise il s’appelle col.
C’est une faute de dire col pour cravate. V. Collet.
Collatérale.—Garantie collatérale n’est pas français. Tout au plus, pourrait-on comprendre qu’il s’agit d’une garantie d’un parent, comme on dit succession collatérale. Dans le sens que nous donnons à cette expression, il faudrait dire: garantie supplémentaire, garantie accessoire.
Colle (bois de).—Dites bois de rebut, et non bois de colle. Bois qui a été rejeté par l’inspecteur comme n’étant pas assez bon. Colle est ici un anglicisme (cull).
Collecter.—Signifie: recueillir, réunir en collection; quêter, faire une collecte. C’est un anglicisme de donner à ce mot le sens de recouvrer des créances, de l’argent.
Collecteur.—Est un terme de physique. Ce mot désigne aussi celui qui fait des collections de tableaux, de timbres-poste. Celui qui va toucher les échéances à domicile s’appelle garçon de recettes, ou agent de recouvrements, et non collecteur.
Collection.—C’est un anglicisme de donner à ce mot le sens de rentrée de crédits, perception, recouvrements. Au lieu de: La collection est mauvaise, dites: la rentrée des crédits, ou simplement la rentrée est difficile.
Coller.—Est un anglicisme dans le sens de cuber ou de classer le bois.
Collerette.—Est, en français, un petit collet de linge dont les femmes se couvrent quelquefois la gorge et les épaules. C’est une faute d’appeler collerette, la pèlerine qui a la forme d’un grand collet rabattu et qui couvre la poitrine et les épaules. Dites: Pèlerine en fourrure, et non collerette en fourrure.
Collet.—Le collet est la partie de l’habillement qui est autour du cou: collet d’habit. Il ne faut pas appeler collet, le faux col ou le col de la chemise. Le col de la chemise est la partie de la chemise qui entoure le cou. V. Col.
Colletailler.—N’est pas français. Dites: lutter à bras-le-corps. V. Colleter.
Colleter.—Signifie: saisir quelqu’un au collet pour le renverser; n’a pas le sens qu’on lui donne ici, à tort, de lutter à bras-le-corps. Se colleter signifie, en français, se battre, se prendre au collet. Colleter, verbe neutre, signifie: tendre des collets pour prendre des lapins, des lièvres, des oiseaux: s’amuser à colleter.
Colleur.—C’est un anglicisme (corruption de culler) de donner à ce mot le sens de mesureur, de classeur de bois.
Combine.—Ce mot anglais se traduit par monopole. Bescherelle dit au mot monopole: “convention inique d’un ou de plusieurs marchands réunis qui achètent quelque marchandise en si grande quantité, que ceux qui veulent s’en procurer sont obligés de s’adresser à eux et de payer le prix qu’ils exigent.” Les manufactures de cigarettes ont fait un monopole. Dans ce cas on peut traduire combine par accaparement.
Lorsque le combine consiste dans une entente entre les manufacturiers ou les marchands pour simplement rendre uniforme et élever le prix d’une marchandise, il faut alors dire monopole. Il n’y a plus là d’accaparement, et ce mot ne peut traduire combine.
Combiner (se).—N’est pas français dans le sens de faire un monopole. (V. Combine.) C’est un anglicisme. Les filatures de coton ont fait un monopole, se sont érigées en monopole, et non se sont combinées.
Comité.—Ce sont des anglicismes de dire: comité des chemins, au lieu de commission de la voirie; comité de santé, au lieu de commission ou conseil d’hygiène; comité du feu, au lieu de commission des incendies; comité des finances, au lieu de commission des finances.
Comme.—La locution comme tout est condamnée par Littré. Il cite l’exemple suivant comme l’un des plus barbares: Cet homme est riche comme tout, pour très-riche. Bescherelle donne cette locution comme populaire.
Comme de juste.—Littré rejette cette expression. “De juste n’est pas français, dit-il, et ne le devient pas davantage pour être joint à comme.” Ne dites pas: aussi bien comme, mais: aussi bien que. Après aussi, autant, si, tant, aussitôt, on ne doit pas employer comme, au lieu de que, pour lier les deux termes d’une comparaison. Autant, tant, aussitôt qu’il voudra, et non comme.
Voici des anglicismes à éviter dans l’emploi de comme. Ne dites pas: Un tel a été élu comme député, mais élu député; X... a résigné ses fonctions comme maire de..., mais X..., maire de... a résigné ses fonctions; la nomination de X... comme représentant, mais la nomination de X... à la position de représentant; la presse conservatrice comme libérale, mais la presse conservatrice et la presse libérale.
Ne dites pas: pareil comme, mais pareil à.
Comment.—Est souvent employé, mais à tort, pour combien. Comment vendez-vous cela? signifie: de quelle manière; est-ce à la verge ou à la pièce, etc.? Mais si vous voulez demander le prix, dites: Combien vendez-vous cela?
Commerce.—C’est une faute de donner à ce mot le sens de tapage. Quel tapage font ces enfants? et non quel commerce?
Commercial.—C’est un anglicisme de donner à ce mot le sens de commerçant dans les expressions suivantes: Une nation commerciale, des pays commerciaux. Dites: une nation commerçante, des pays commerçants.
Commutation ticket.—Cette expression anglaise se traduit par billet de circulation: billet qui donne le droit d’aller et venir sur un chemin de fer pendant un certain laps de temps.
Comparition.—Ancien mot. Il faut dire maintenant comparution.
Compérage.—En français désigne la relation entre le parrain et la marraine, et aussi la relation du parrain et de la marraine d’un enfant avec ses parents. C’est une faute de désigner par compérage la réunion de diverses personnes pour un baptême.
La fête donnée à l’occasion d’un baptême s’appelle baptême et non compérage.
Compère, Compagnon.—Doit se dire: compère et compagnon.
Compétition.—Signifie en français: prétention rivale, etc. C’est un anglicisme de donner à ce mot le sens de: concurrence, rivalité de commerce.
Complétion.—N’est pas français. Tiré de l’anglais completion. Dites: achèvement. L’achèvement de son travail dépendra de sa santé.
Compliment.—Compliments de la saison. Cette expression ne veut rien dire en français. C’est la traduction littérale de l’anglais compliments of the season.
Complimentaire.—Désignait en français celui qui représentait une société commerciale. N’est plus usité. Au lieu de billet complimentaire, qui est un anglicisme (complimentary ticket), dites: billet de faveur.
Comportement.—Vieux et inusité. Ne dites pas: Ce jeune homme a un bon comportement, mais une bonne conduite.
Compter.—Dans le sens de se proposer, croire, ne prend pas la préposition de devant un infinitif: Il compte partir demain (Acad.); et non: il compte de partir. On dit pour s’assurer qu’une chose sera: comptez que vous me trouverez toujours prêt à vous servir (Acad.); c’est-à-dire croyez que, etc. Dans ce sens, compter ne peut s’employer avec un autre verbe à un temps présent ou passé. C’est donc mal s’exprimer que de dire: Je compte que vous travaillez à ce que je vous ai demandé. Dites: je crois, je pense, je présume que vous travaillez, etc.
Concession.—Est français, mais non pour désigner les paroisses qui ne touchent pas au fleuve, comme dans cette phrase: Il demeure dans les concessions.
C’est encore une faute d’appeler concession un rang de terres. Le premier rang au sud de la rivière, et non la première concession.
Concourir.—Concourir dans l’opinion de quelqu’un est un anglicisme. Dites: partager l’opinion de quelqu’un, être de l’opinion de quelqu’un.
Conducteur.—C’est une faute d’appeler conducteur de malles, le chef du wagon-poste. Il faut dire: chef de l’ambulant.
Dites: maître de cérémonies, et non: conducteur de deuil. Conducteur de bande se dit, en français, chef d’orchestre (dans un théâtre) et chef de musique (lorsqu’il s’agit d’une fanfare, d’un corps de musique militaire).
Confesser jugement, confession de jugement.—Sont des anglicismes. Le défendeur confesse jugement en déclarant, devant le protonotaire, qu’il consent que jugement soit rendu contre lui.
Confie.—Le féminin de confit est confite, et non confie: Une poire confite.
Confiserie.—Ce mot désigne en français l’art du confiseur, son atelier, son magasin. C’est une faute d’employer ce mot dans le sens de bonbons.
Conforme.—Il faut dire: conforme à et non avec. Son humeur est conforme à la vôtre.
Conformité.—Dites: en conformité de, et non à, ni avec. En conformité des ordres, et non en conformité aux ordres, ou avec les ordres.
Congress.—Les chaussures, ordinairement connues sous le nom de congress, se nomment en français bottines à élastiques.
Conjoint.—Il se commet beaucoup de fautes dans l’emploi de ce mot. Au lieu de: comité conjoint des deux Chambres, dites: comité mixte; action conjointe de deux parties, dites: action commune des deux parties; efforts conjoints, dites: efforts réunis; lettre conjointe des membres de l’épiscopat, dites: lettre collective.
Connecter.—Veut dire: Unir, assembler. Mais c’est un anglicisme de se servir de ce mot en terme de chemins de fer, si l’on veut parler de deux lignes où les voyageurs peuvent passer de l’une à l’autre. On doit dire qu’elles sont en correspondance, et non: qu’elles connectent, ni qu’il y a connexion entre elles. S’il s’agit de la jonction matérielle de deux voies, il faut dire qu’elles se raccordent, qu’elles sont en raccordement, et non qu’elles connectent, ni qu’il y a connexion entre elles.
Connétable.—Ce mot s’emploie pour désigner un officier de police dans les îles anglo normandes (Jersey, Guernesey, etc.) Il a à peu près le sens que nous donnons à high constable. Il en serait une meilleure traduction que grand constable.
Connexion.—C’est un anglicisme de donner à ce mot le sens de correspondance, raccordement, entre deux lignes de chemin de fer. V. Connecter.
Conseil.—Ne dites pas: le gouverneur en conseil, mais l’exécutif, le conseil des ministres.
Conseiller.—Il faut dire: cet avocat est le conseil du défendeur, et non le conseiller.
Consentant.—Comme adjectif ne s’emploie qu’en jurisprudence. Voici ce que nous lisons dans Bescherelle: “On ne dit pas, dans le langage ordinaire, j’en suis consentant, elle en est consentante; on dit: j’y consens, elle y consent.”
Conséquence (par).—N’est pas français. Dites: en conséquence, conséquemment, par conséquent.
Conséquent.—C’est une faute de dire: Un homme conséquent, au lieu d’important; somme conséquente, au lieu de considérable; affaire conséquente au lieu d’importante.
Conserves.—Conserve, en français, désigne une espèce de confiture dont les fruits sont conservés à l’état naturel. Ce mot s’emploie spécialement dans l’expression: conserves alimentaires: mets de toute espèce, volailles, poissons, légumes, gibier, fruits, laitage, cuits et préparés avec soin dans des boîtes de fer-blanc ou dans de grosses bouteilles soigneusement privées d’air. Il ne faut pas désigner par conserve les confitures. (Les fruits de celles-ci ne conservent pas leur forme).
Consistant.—Signifie: solide, ferme de caractère, etc. C’est un anglicisme de lui donner le sens de conséquent. Il est conséquent avec lui-même; et non: il est consistant avec lui-même.
Consister.—Signifiant: être composé de, formé de, régit la proposition en. Le commerce de ce pays consiste en blés, vins, fourrages, etc. (Acad.); et non: consiste dans les blés, dans les vins, etc.
Consomptif.—Adjectif, s’est dit autrefois des caustiques propres à consumer les chairs. Et substantivement, on disait dans le même sens: un consomptif. Dites: phtisique, poitrinaire, pour désigner celui qui est atteint de consomption, de phtisie, et non: consomptif, qui est un anglicisme dans ce sens.
Conspiration.—Est un anglicisme dans cette phrase: Conspiration (conspiracy) pour faux; dites: complicité de faux.
Constable.—C’est une faute de donner à ce mot le sens de suisse: celui qui veille au bon ordre dans une église.
Constituant.—Signifie en français: qui constitue une rente en faveur de quelqu’un, qui fait partie d’une assemblée constituante, etc. C’est un anglicisme de lui donner le sens de: électeur, commettant, mandant.
Consulte.—Ce mot a vieilli. Il faut dire consultation (d’un avocat, d’un médecin).
Contemplation (en).—Anglicisme. Ne dites pas: l’objet en contemplation, mais l’objet en vue; ni l’entreprise en contemplation, mais l’entreprise projetée.
Contempler.—C’est un anglicisme de donner à ce mot le sens de: avoir en vue, projeter, avoir l’intention de.
Contingent.—En français signifie: part que chacun doit fournir ou recevoir dans la division de quelque chose; nombre d’hommes à fournir pour le service militaire. C’est un anglicisme (contingency) de donner à ce mot le sens de somme affectée aux dépenses imprévues.
Contracter.—On peut contracter un engagement, de bonnes habitudes, une maladie, etc.; mais c’est un anglicisme de donner à ce mot le sens d’entreprendre. Au lieu de: Il a contracté pour la construction de cette maison, on peut dire: Il a obtenu le contrat de la construction de cette maison; il a entrepris la construction de cette maison.
Contracteur.—Contracteur, en français, est un ustensile de cuisine. Dans le sens d’entrepreneur, il n’est pas français. C’est un anglicisme (contractor).
Contrat.—En français signifie entre autres choses: marché écrit fixant les conditions d’une entreprise, les obligations des parties contractantes, etc. C’est un anglicisme de donner à contrat le sens d’entreprise. Ne dites pas: Le contrat a été accordé à un tel, mais l’entreprise, les travaux ont été donnés, concédés à un tel.
Contre.—L’e ne s’élide jamais: contre-enquête, contre elle.
Dans les mots composés commençant pas contre, il n’y a pas de règle pour l’emploi du trait d’union. Contredire, contre-coup.
De contre est une expression vicieuse. Au lieu de: Il a des amis et il parle de contre, il faut dire: et il parle contre eux.
Dites côte à côte et non contre à contre. Ils marchaient côte à côte.
Par contre: Bescherelle dit: “Cette expression est fautive, et doit être évitée; ne dites donc pas: S’il est pauvre, par contre, il est honnête; mais: S’il est pauvre, du moins il est honnête.”
Le “Dictionnaire des difficultés de la langue française” dit: “contre s’emploie souvent dans le sens de auprès de, près de, proche de; mais il ne doit se dire alors qu’avec un régime nom de chose: sa maison est contre la mienne. J’étais assis contre le mur. Ainsi c’est mal s’exprimer que de dire: passer contre quelqu’un, être assis contre quelqu’un; dites: passer près de quelqu’un, être assis près ou auprès de quelqu’un.”
Contredit.—Avoir du contredit avec quelqu’un est une expression vicieuse. Dites: se quereller, se disputer avec quelqu’un.
Contrefaire.—V. Satisfaire, à la partie grammaticale.
Contrevention.—Corruption de contravention: infraction, action par laquelle on contrevient à une loi, à une ordonnance, à un règlement, à un traité ou à un contrat qu’on a fait.
Contribution.—Il ne faut pas dire: contribution à un journal, à une revue, mais collaboration.
Contrôlable.—Il se commet dans l’emploi de ce mot les mêmes anglicismes que dans l’emploi de contrôle et contrôler. V. ces deux mots.
Contrôle.—Voici des anglicismes à éviter: l’incendie est sous contrôle; (dites: l’incendie est dominé; les pompiers maîtrisent l’incendie); il a deux employés sous son CONTRÔLE (sous ses ordres); il exerce un grand contrôle à l’hôtel de ville (il a une grande influence à l’hôtel de ville).
Contrôler.—Signifie en français: reprendre, critiquer, censurer: quel droit avez-vous de le contrôler? Mais ce sont des anglicismes de donner à ce mot les acceptations qu’il a dans les phrases suivantes: contrôler quelqu’un (dites: le gouverner); contrôler la foule (la maîtriser); contrôler l’incendie (s’en rendre maître).
Convention.—C’est une faute de donner à ce mot le sens de réunion, comme dans cette phrase: la convention des anciens élèves de....
Conviction.—Est un anglicisme dans le sens de démonstration ou déclaration de culpabilité. Il faut dire: La déclaration ou la démonstration de culpabilité de l’accusé, et non la conviction de l’accusé.
Copiage.—N’est pas français; il faut dire: plagiat; imitation; transcription (d’un acte, d’un document); copie (faire de la copie).
Copie.—Anglicisme dans le sens d’exemplaire. Dites: J’ai reçu un exemplaire, et non une copie, de votre livre.
Coppe.—N’est pas français. Est employé à tort pour distinguer le cuivre pur du laiton. L’église de Notre-Dame est couverte en cuivre, et non en coppe.
Une coppe, faute: dites un cent.
Coq l’œil.—Corruption probable de Coclès. N’est pas français. Dites: borgne. Un borgne, un homme borgne.
Coquerelle.—Est en français un terme de blason. Mais c’est une faute de donner à ce mot le sens de blatte ou cafard: insecte qui vit dans les boulangeries, cuisines, moulins malpropres.
Cordeaux.—Se dit à tort pour guides ou rênes servant à conduire un cheval. Guide est du féminin.
Corder du bois.—Cette expression signifie en français: mesurer le bois mis en corde. Ce qu’on entend ici pour corder du bois, doit se dire empiler du bois.
Cordon.—Ce mot n’est pas français dans le sens d’un quart de corde (de bois).
C’est une faute d’appeler cordon, la ligne de front et l’arrière-ligne d’un rang de terres.
Cordonner.—Cordonner une terre, un rang. Cette expression n’est pas française; il faut dire: tracer l’arrière-ligne, la ligne de front (selon le cas) d’un rang, d’une terre, et non les cordonner.
Cornailler.—Est, en français, un terme de menuiserie. C’est une faute de l’employer pour signifier corner, encorner, frapper avec les cornes, en parlant d’un bœuf, d’un bélier. Ce bœuf a corné, a encorné son maître, et non, a cornaillé son maître.
Cornet.—Quelques-uns désignent à tort par cornet l’instrument que nous nous mettons à l’oreille en conversant par le téléphone. Il faut dire récepteur. La partie dans laquelle on parle est le transmetteur.
Cornettiste.—Anglicisme (cornettist); n’est pas français. Dites cornet pour désigner la personne qui joue le cornet. De même on dit: un cor, un tambour, une trompette, une clarinette pour celui qui joue ces instruments.
Corn-starch.—Terme anglais. Se traduit par amidon de maïs.
Corporation.—Une corporation est une communauté civile composée des habitants d’une localité, et qui existe légalement en vertu d’une charte émanant de la couronne ou de nos législateurs. C’est un anglicisme de donner à corporation le sens de municipalité (signifiant le territoire administré par des officiers municipaux); ou de désigner ainsi le corps des officiers qui administrent une municipalité. Il faut dire: La municipalité de Québec renferme maintenant St. Sauveur, et non la corporation.... La municipalité de Montréal a décidé que.... et non la corporation de Montréal... L’hôtel de ville est appelé, mais à tort, corporation.
Corporence.—N’est pas français. Corruption de corpulence.
Corps.—On dit, à tort, un corps de flanelle, un corps de laine, ou simplement un corps pour désigner le vêtement que l’on porte sous la chemise. L’expression française est gilet (de flanelle, de coton, ou de laine, selon le cas). On dit quelquefois aussi tricot et camisole, en français.
C’est une faute d’appeler corps mort un tronc d’arbre étendu par terre dans une forêt. Corps mort désigne en français des poutrelles enterrées au bord d’une rivière où l’on construit un port, et aussi une espèce de bouée.
Corvée.—Cette journée de travail que se prêtent mutuellement nos cultivateurs, dans un moment de besogne pressante, ne peut s’appeler corvée, car ce mot implique non un travail volontaire, mais un travail obligatoire. Les seules expressions françaises qui me paraissent rendre l’idée sont journée d’aide, ou simplement coup de main. (M. Fréchette, Patrie du 9 mars 1895). Il lui a donné un coup de main, pour ramasser ses récoltes.
Costume.—Le costume est l’habillement qui distingue les personnes constituées en dignité ou chargées de fonctions publiques. Le costume de ministre. Mais il faut dire uniforme, et non costume, pour désigner l’habillement porté par les élèves d’un collège ou d’un pensionnat de jeunes filles, et celui des militaires.
Côté.—Ne dites pas: à chaque côté, ni chaque côté du chemin, mais de chaque côté du chemin. Ne dites pas: dans l’autre côté, mais de l’autre côté (dans la chambre voisine).
Coteau.—Ecrivez coteau, sans accent circonflexe, et non côteau.
Côtelettes de veau.—Ne doit s’employer que pour les côtelettes du veau, et non pour traduire veal cutlets (qui se dit en français: tranches de veau).
Coti.—Ce qu’on appelle ici à tort bois coti, se nomme, en français, bois échauffé, pouilleux, malandre ou cani, c’est-à-dire, du bois qui commence à pourrir. Coti est français, mais populaire, et signifie meurtri; ne se dit que des fruits: pomme cotie.
Cotir.—Se cotir ne se dit en français que des fruits; signifie se meurtrir, s’écraser en tombant. Au lieu de dire: ce bois cotit, dites s’échauffe, commence à pourrir. V. Coti.
Cotiseur.—N’est pas français, dites estimateur.
Coton.—Ne dites pas: coton de feuille, mais nervure de feuille ou côte de feuille; ne dites pas: coton de blé d’Inde, mais râpe, rachis ou râfle de maïs; ne dites pas coton de chou, mais trognon de chou.
Cotonné.—N’est pas français dans le sens de mêlé, pris en paquet, comme dans l’expression: cheveux cotonnés. Cette dernière expression signifie en français: cheveux courts, frisés, comme ceux des nègres.
Cotonnier.—Désigne en français l’arbuste qui produit le coton. Il ne faut pas traduire cotton-wood, cotton-tree par cotonnier, mais par liard ou peuplier du Canada.
Cotton-waste.—Terme anglais. Se traduit par déchet de coton, bourre de coton, ou simplement par bourre (féminin).
Couac.—Est, en français, un son faux et discordant d’un instrument ou d’un chanteur. Faire un couac. N’est pas français pour désigner le butor: échassier du genre héron; ni le charlatan. Ce dernier sens est un anglicisme (quack).
Couche-chaude.—Est, en français, une couche dressée avec du fumier de cheval en fermentation. Dites bâche, abri ordinairement vitré sous lequel on cultive des plantes délicates ou des primeurs. Ce qui recouvre la bâche est un châssis et non des vitraux. V. Vitraux.
Couette.—C’est une faute de donner à l’expression: couette de cheveux, qui n’est pas française, les divers sens de tresse, de natte, de bande, de cadenette de cheveux.
Coulée.—N’est pas français dans le sens de ravin, petite gorge.
Coup.—Un coup que n’est pas français. Dites: Dès que, du moment que. Dès que, du moment que la pluie est finie, et non un coup que la pluie...
Coupant.—L’expression au plus coupant est incorrecte. Dites: au plus court, le plus vite possible.
Coupe.—Dites tranchée ou coupée et non coupe pour désigner l’excavation au fond de laquelle passe le chemin de fer.
Couper.—L’expression couper les gages n’est pas française. Dites: réduire les gages.
Ne dites pas couper l’eau à un cheval, pour rompre l’eau à un cheval: interrompre un cheval pour qu’il boive à plusieurs reprises, surtout quand il a trop chaud; couper l’eau à un cheval, en français, c’est y ajouter du son pour qu’elle soit moins dure.
Cour.—Il ne faut pas donner à ce mot le sens de tribunal ou d’audience. Au lieu de: ce procès a passé par toutes les cours; j’ai assisté à la cour de ce matin, il faut: ce procès a passé par tous les tribunaux; j’étais à l’audience de ce matin.
Courant.—Au lieu de: Le dix courant, dites plutôt le dix du courant, c’est-à-dire: Le dix du mois courant.
Courir.—Courir comme, courir pour, dans le sens d’être candidat, se porter ou se présenter comme candidat sont des anglicismes.
Ne dites pas: courir les campagnes, les champs: mais courir à travers, parcourir les campagnes, les champs.
Course.—Tirer une course n’est pas français. Dites: prendre part à une course, ou simplement courir.
La trace circulaire que suivent les chevaux dans un champ de courses, s’appelle la piste et non la course. La piste a un quart de mille de long.
Au lieu de course sur une banque, qui est un anglicisme, dites: demande de remboursements.
Court.—L’on peut être court d’argent, mais l’on ne peut être de court d’argent.
Court, dans ce genre de phrase, est adverbe: Il coupe les cheveux court. Elle demeura court après les premières paroles.
Coûtances, Coûtements.—Ne sont pas français. Dites coût, dépense.
Couteau à poisson.—L’espèce de couteau qui sert à dépecer le poisson s’appelle truelle.
Coûter.—Il faut écrire: Les douze cents dollars que cette maison m’a coûté, et non coûtée, ni coûtés, parce que coûter est neutre.
Couvé.—Ne dites pas: un œuf couvé, mais couvi (à demi gâté). Des œufs couvis.
Couvert.—L’expression à couvert signifie en français, à l’abri des intempéries. Il s’est mis à couvert. Ne dites pas: Demander, donner à couvert mais le couvert: On lui donne le vivre et le couvert pour la nuit.
Ne dites pas le couvert d’un livre, mais la couverture d’un livre; ni le couvert d’une boîte, d’un vase, mais le couvercle. Le couvert d’une montre se dit, en français, la boîte d’une montre.
Couvert, adjectif. Montre couverte est une expression vicieuse. Dites savonnette, montre à savonnette, montre à double boîtier.
Couverte.—Il faut dire une couverture de lit, et non une couverte. La couverture dont se servent les militaires s’appelle cependant couverte.
Couverture.—Le mot couverture, en matière de construction, ne doit pas être confondu, comme il arrive souvent, avec les mots toit, toiture ou comble. Ceux-ci désignent tout ce qui recouvre une maison, un édifice, charpente et le reste. La couverture spécifie simplement l’assemblage d’ardoises, de tuiles, de zinc, de plomb on de bois qui recouvre la charpente. Toit plat, comble en croupe, couverture d’ardoise.
Cow-catcher.—Terme anglais. Se traduit par chasse-pierres, bien que l’appareil employé en France pour débarrasser la voie ne soit pas fait exactement comme notre cow-catcher.
Cracker.—Terme anglais. Se traduit par craquelin, biscotin.
Crampe.—Dites crampon, pour désigner cette pièce de métal recourbé et à pointes parallèles, et non crampe. L’espèce de crampon qui attache et lie deux pièces de bois ensemble s’appelle happe et non crampe.
Cran.—Ce mot n’est pas français pour désigner un roc vertical, à pic, une côte raide et élevée, une falaise.
Crane.—Terme anglais. Se traduit littéralement. On dit: une grue.
Craque.—Est français comme terme de minéralogie: cavité pleine de cristaux dans une roche. Signifie aussi menterie, mensonge, en terme populaire. C’est une faute de dire craque pour fissure, fêlure (d’un vase); fente (entre deux planches); crevasse (d’un mur, de la terre).
Craqué.—N’est pas français. Dites: terre, mur cravassé, planche fendue, sol fendillé, vase fêlé, peinture craquelée; poutre à demi cassée, bonnet, dentelle tuyautée.
Craquer.—Ne dites pas: Craquer une ruche, un bonnet, une dentelle, mais tuyauter.
Crasse.—Les expressions: Il est crasse, c’est une crasse, sont incorrectes; il faut: Il est canaille, fripon; c’est un coquin.
Crasserie.—Signifie, en français: avarice sordide. C’est une faute de lui donner le sens de coquinerie, malhonnêteté.
Crasseux.—Signifie en français: sale, avare, sordide. C’est une faute de lui donner le sens de canaille.
Créature.—Il ne faut pas donner à ce mot le sens de femme. Dans cette réunion il n’y avait pas d’hommes, il n’y avait que des femmes, et non des créatures.
Crédit.—Il faut dire: Donner à quelqu’un crédit de quelque chose, et non le crédit de quelque chose.
Crème.—Ce mot s’écrit avec un accent grave: crème; et non avec un accent circonflexe: crême.
Crémone.—La crémone en français est une ferrure à poignée servant à fermer les fenêtres. C’est une faute de dire crémone pour désigner la grosse cravate dont on se couvre le cou et la bouche pour se garantir du froid; il faut dire cache-nez.
Crest.—Ce mot anglais, que l’on entend souvent, se traduit par armes. Famille qui a des armes. Voici en quoi consiste ses armes.
Crever.—Se crever, être crevé; dans le sens de contracter, avoir contracté une hernie; se percer, s’être percé le ventre, n’est pas français.
Cri.—Dites: Le sifflet de la locomotive, du bateau à vapeur, et non le cri. Entendre le sifflet du bateau.
Crib.—V. Cage.
Crible.—Le crible est un instrument percé de trous pour nettoyer le grain; Il s’appelle aussi sasseur. Mais il faut dire tarare (masc.) pour désigner cette machine qui sert à vanner et à nettoyer le grain. Le crible est une partie du tarare.
Crier.—Il faut dire siffler et non crier en parlant du bruit que fait entendre une locomotive, un bateau à vapeur. La locomotive siffle près de chaque chemin que la voie traverse.
Crieur.—Anglicisme (crier); dites audiencier ou huissier audiencier: celui qui appelle les causes à la cour.
Crigne.—Corruption de crinière.
Criminel.—Cour criminelle est un anglicisme (criminal court). Dites cour d’assises.
Crique.—Est du féminin; signifie petite baie. C’est un anglicisme (creek) de lui donner le sens de ruisseau, petite rivière.
Criquet.—Dites grillon et non criquet, pour désigner le petit insecte qui se tient dans les lieux chauds et qui fait entendre un cri aigu et perçant. Cri-cri est le nom vulgaire du grillon.
Croche.—Les jambes courbées en arc s’appellent en français jambes arquées, et non jambes croches. Celui qui a des jambes arquées est bancal. On appelle cagneux celui dont les jambes sont tournées en dedans.
Idée croche, raisonnement croche. Ces expressions ne sont pas françaises. On peut dire: Idée fausse, folle; raisonnement mal fondé, erroné, faux, absurde, suivant les cas.
Crochet.—L’instrument qui sert à boutonner les gants, les bottines, ne s’appelle pas crochet, mais tire-boutons.
Crochi.—N’est pas français; dites crochu.
Crochir.—N’est pas français. Dites: courber, recourber, plier, fausser.
Croc.—(prononcez cro). On donne, à tort, à ce mot le sens de favoris. Mais il est correct de dire: Les crocs de la moustache, lorsqu’elle est relevée et courbée en croc.
Croire.—Il faut écrire à l’imparfait de l’indicatif: nous croyions, vous croyiez, et au subjonctif: que nous croyions, que vous croyiez, et non croyons, croyez.
Dites: Je crois bien faire, et non, je crois de bien faire.
Croire quelqu’un, c’est ajouter foi à ce qu’il dit. Croire à quelqu’un c’est croire à son existence. Croire aux sorciers, aux revenants.
Croquignole.—Est du féminin: Une croquignole. Désigne en français une pâtisserie sèche et croquante. Pour la correction, v. Beignet.
Crouston.—Corruption de croûton (de pain).
Croûte.—Dosse, et non croûte, est le mot français pour désigner la première et la dernière planche qu’on lève en sciant le bois en grume ou les billes. V. Slab.
Crow-bar.—Terme anglais, qui se traduit par pince: barre de fer aplatie par un bout, et dont on se sert comme d’un levier.
Cru.—Ne dites pas de la toile crue, mais de la toile écrue: qui n’a pas subi la préparation du blanchiment. On dit indifféremment de la soie crue ou écrue (qui n’a été ni lavée, ni teinte).
Ne dites pas: Le temps est cru, mais il est froid, humide.
Cruche.—Ne dites pas: cruche empaillée, mais dame-jeanne. On dit généralement, en français, dame-jeanne tout court, et non dame-jeanne clissée, lorsque la bouteille est recouverte de paille, et bonbonne lorsqu’elle est en verre ou en grès.
Cruel.—Enfant cruel. Cette expression est vicieuse pour désigner un enfant qui pleure beaucoup et cause de la fatigue à ceux qui en prennent soin.
Cueillir.—Le futur et le conditionnel sont: je cueillerai, je cueillerais, et non je cueillirai, je cueillirais.
Cuiller.—Cuiller à chaussures n’est pas français; il faut dire chausse-pieds. On dit aussi par altération et dans le langage populaire, corne, si ce chausse-pied est en corne.
Cuiller à poisson. Cette expression n’est pas correcte. La cuiller qui est employée pour servir le poisson s’appelle truelle, parce qu’elle a la forme de cet instrument.
Cuir.—Cuir à patente ou cuir patent. Ces expressions ne sont pas françaises; dites cuir verni.
Culvert.—Terme anglais. Se traduit par ponceau ou dalot.
Custard.—Terme anglais. Se traduit par œufs au lait, et aussi par flan.
Cut.—Terme anglais. Se traduit par vignette, et aussi par planche gravée (avec laquelle on tire des épreuves et qui sert de cliché pour imprimer).
Cuvot, Cuvotte.—Ne sont pas français. Il faut se servir des mots: cuveau, baquet, petite cuve.
Dalle.—Mot impropre pour désigner la construction qui sert à conduire et laisser tomber l’eau sur la roue d’un moulin. Dites: auge (féminin).
Dalot.—Désigne, en français, une ouverture pour faire écouler l’eau hors d’un navire. On donne à tort ce nom au tuyau qui reçoit l’eau de la gouttière et qui la conduit à terre. Il faut dire: tuyau de descente.
Dalton.—Corruption des mots de laiton. Dites: fil de laiton, et non fil dalton.
Dame.—Ne dites pas: Il est venu avec sa dame, mais avec sa femme; ni: Comment se porte votre dame? mais, comment se porte madame? Il vaut mieux cependant ajouter le nom propre, et dire: Comment se porte madame X..?
Ne dites pas dame mais barrage: digue formant obstacle à l’écoulement de l’eau d’une rivière, d’un ruisseau. Dame est un anglicisme (Dam).
Dangereux.—Dites dangereux et non dangéreux.
Dans.—Dans mon opinion est un anglicisme. On dit en français selon moi, à mon avis. Dites: Deux hommes peuvent faire cet ouvrage en trois jours, et non dans trois jours. Au lieu de: Vêtements faits dans les derniers patrons, dites: sur les derniers patrons. Ne dites pas: Dix heures dans un quart, mais moins un quart. L’expression: Cinquante sous dans le dollar est vicieuse; il faut: cinquante pour cent. Un failli qui paie soixante pour cent.
Ne dites pas: Dans par la moitié, mais par la moitié.
Par dans est une expression vicieuse qui était française autrefois. Au lieu de: Il a passé par dans le champ, dites: il a passé par le champ, à travers le champ.
Dans mes pieds est une expression incorrecte. Dites: J’ai mes pantoufles, ou je porte mes pantoufles; j’ai mes pantoufles à mes pieds, et non dans mes pieds.
Danse-vive.—Anglicisme (fast dance). Dites danse tournante, danse à deux.
Darder (se).—N’est pas français dans le sens de s’élancer, se jeter sur. Ce chien se jette, s’élance sur les passants, et non se darde...
Darte.—Corruption de dartre.
Date.—Dites: En date du quinze décembre, et non à la date du quinze décembre.
Dater.—Dites: Daté du cinq mars, et non daté le cinq mars.
De.—De se contracte en des avec l’article les, mais non avec le pronom les. Je viens de les voir passer, et non: des voir passer. Dites: à part cela, et non à part de cela; augmenter en volume, et non de volume; marcher à reculons, et non de reculons; j’ai reçu un acompte sur ce qu’il me doit, et non de ce qu’il me doit; il est connaisseur en tableaux, et non de tableaux; la maison en face, et non d’en face.
Sac à sel, sac de sel; un panier à fruits, un panier de fruits. Il ne faut pas, comme il arrive souvent, confondre ce genre d’expressions. Un sac à sel est un sac servant à contenir du sel; mais sac de sel est un sac plein de sel, désignant aussi la quantité contenue dans un sac à sel.
Ne dites pas: Il est arrivé de la semaine dernière, il est mort de la semaine dernière; mais il est arrivé, il est mort la semaine dernière.
Il faut dire: Otez-vous de là, et non de delà.
Débagager.—N’est pas français; dites: déménager.
Débarquement.—Il ne faut pas employer ce mot pour désigner l’endroit où l’on débarque d’un bac. Dites: débarcadère. Quelques-uns disent par erreur: débarque-à-terre.
Débarquer.—Est un terme de marine. C’est une faute de donner à ce mot le sens de descendre de voiture, de chemin de fer, de tramway.
Débarrer.—V. Barrer.
Débenture.-Est un anglicisme. Dites obligation. Les obligations de la ville de Montréal, de la compagnie des Tramways.
Débiter.—Se dit à tort pour dépecer (une volaille), découper (des viandes). Débiter un bœuf signifie en français: le découper en morceaux pour le vendre.
Débouler.—C’est une faute de donner à ce mot le sens d’ébouler. Ebouler se dit de certaines constructions, d’amas de terre qui tombent, qui glissent. Débouler signifie, en français: partir subitement, en termes de chasse; et par extension, s’applique aux personnes.
Décager.—N’est pas français. Dites: défaire un train de bois, en retirer le bois.
Décapoter (se).—N’est pas français. Doit se dire: ôter, enlever, quitter son pardessus. V. Capot.
Décarcaner.—N’est pas français. Dites: ôter le carcan.
Décharge.—N’est pas français dans le sens de libération (d’un prisonnier). C’est un anglicisme.
Déchargeage.—N’est pas français. Dites déchargement: action de décharger un vaisseau, une voiture, etc.
Décharger.—C’est un anglicisme de donner à ce mot le sens de libérer (un accusé); de congédier (un employé).
Déchets.—Déchets de charbon n’est pas l’expression propre pour désigner les morceaux de charbon imparfaitement brûlés et mêlés aux cendres. Il faut dire escarbilles (fém.).
Déclin.—N’est pas français pour désigner une certaine manière de lambrisser les maisons: lambrisser en déclin; pour désigner la planche qui sert à faire ce lambrissage: acheter du déclin pour lambrisser. Déclin vient sans doute du terme de marine clin, qui est la disposition des planches qui se joignent à recouvrement pour former le bordage d’une embarcation. Il faudrait dire: lambrisser à clin, avec de la planche à clin, au lieu de lambrisser en déclin, avec du déclin.
Décolleter.—Il faut dire: Cette femme se décollète, se décollètera, et non, se décolte, se décoltera.
Dedans.—L’expression en dedans n’est pas française, dans le sens d’en moins de. Ne dites pas: Ce cheval court son mille en dedans de trois minutes, mais en moins de trois minutes.
Défalcataire.—N’est pas français. Dites: C’est un concussionnaire, il est coupable de détournement de fonds, et non, c’est un défalcataire.
Défalcation.—En français signifie: retranchement, déduction, soustraction. C’est un anglicisme de lui donner le sens de concussion, détournement de fonds.
Définitif (en).—Bescherelle donne cette expression, quoiqu’il lui préfère en définitive. L’Académie n’admet qu’en définitive.
Défranchiser.—N’est pas français. Anglicisme (disfranchise). Dites: priver des droits politiques. Il y a bien, en français, le verbe désaffranchir; mais il signifie: assujétir de nouveau, faire retomber dans la servitude.
Dégouttière.—N’est pas français. Dites gouttière. Etre sous les gouttières.
Dégrader.—Terme de marine. Se dit d’un vaisseau entraîné hors de sa route. Nous ne devons pas dire: Je me suis trouvé dégradé par la tempête de neige, mais retardé, arrêté en chemin... Ne dites pas: je l’ai dégradé, mais je l’ai distancé, je l’ai laissé en arrière (en allant plus vite que lui).
Degré.—Dites degré et non dégré.
Dégréer.—Est, en français, un terme de marine. Dégréer un bâtiment, c’est enlever les voiles, les cordages, les agrès. C’est une faute de donner à dégréer, se dégréer, le sens de se défaire, d’ôter son pardessus (dégréez-vous); d’ôter les meubles de (dégréer une chambre).
Déguenillé.—Dites déguenillé et non déguénillé.
Déjeté.—Signifie en français: courbé, tordu. Peu usité. Il ne faut pas donner à ce mot le sens de rejeté. Il est rejeté de tout le monde, et non déjeté.
Démancher.—Signifie en français: ôter le manche. Démancher une cognée. Ne dites pas: Il s’est démanché le bras, la jambe, mais: il s’est démis, disloqué le bras, la jambe.
Demander.—Demander une question est un anglicisme (to ask a question). Dites: faire, poser une question.
On ne doit pas dire: Il a été demandé pour cette soirée, mais il a été invité à cette soirée.
Faire demander quelque chose à quelqu’un signifie en français: faire poser une question à quelqu’un. J’ai fait demander à mon ami s’il viendrait. Il ne faut pas donner à cette expression le sens de: faire donner un ordre à quelqu’un. Dites: Mander quelque chose à quelqu’un. J’ai mandé à mon fermier de payer cette somme, et non: J’ai fait demander à...
Démarche.—L’expression prendre des démarches est un anglicisme (to take steps). Dites: Faire des démarches.
Démarrer.—Terme de marine: démarrer un bâtiment, un cordage. Ne dites pas démarrer, mais détacher des souliers, un cordon, un ruban, un cheval.
Démêler.—N’est pas français dans le sens de délayer dans un liquide. Dites: détremper de la farine, et non démêler de la farine. On dit en français: Démêler du fil, une affaire, le vrai du faux, etc.
Démence.—Signifie en français, folie, aveuglement. Ne dites pas: Maison en démence, mais: maison en ruine, qui tombe en ruine, qui s’en va en ruine.
Demeure, Résidence.—Ne pas confondre ces deux mots. Votre résidence est à Montréal ou à Saint-Henri, c’est-à-dire que vous demeurez dans l’une ou l’autre de ces deux villes; mais votre demeure ou domicile est dans telle rue, à tel numéro. C’est un anglicisme de donner à résidence la sens de demeure, domicile.
A demeure signifie en français, d’une manière stable, à n’être pas déplacé. Poser un châssis à demeure. Il ne faut pas donner à cette expression le sens d’entièrement, tout à fait. Il ne faut donc pas dire: Il est adroit à demeure, cet arbre est coupé à demeure, mais tout à fait, entièrement.
Demoiselle.—Ne dites pas: Comment se porte votre demoiselle? mais comment se porte mademoiselle votre fille, ou comment se porte votre fille? selon le degré d’intimité qui existe entre les interlocuteurs. Dites: Il a passé avec sa fille, et non avec sa demoiselle; comment se porte sa fille? et non sa demoiselle. L’abréviation est Mlle.
Démonstration.—On peut faire des démonstrations d’amitié, d’intérêt; mais lorsqu’il s’agit de désigner l’expression publique d’un sentiment, d’une opinion, il faut dire manifestation. Des manifestations bruyantes. Faire une manifestation en faveur de la France.
Dent.—Dites: Il n’y en a pas pour sa dent creuse, ou sa creuse dent, et non pour sa grosse dent.
Dentelé.—Signifie en français: découpé en manière de dent. Ne dites pas: Homme bien dentelé, mais bien endenté; ni bouche bien dentelée, mais bouche bien garnie de dents.
Dépareillé.—Signifie en français: ôté de son pareil, séparé de deux ou plusieurs autres choses pareilles. Cheval dépareillé, mouchoirs dépareillés. N’est pas français dans le sens d’extraordinaire, qui n’a pas son pareil. Cet homme a une force extraordinaire, peu commune, et non dépareillée.
Déparler.—Signifie: cesser de parler. Déparlera-t-il? (cessera-t-il de parler?). Il ne faut pas donner à ce mot le sens de divaguer. Ce malade a divagué dans un accès de fièvre, et non a déparlé.
Département.—C’est un anglicisme de dire: département des tailleurs, des modistes, pour désigner l’espace, dans un grand établissement de nouveautés, réservé aux tailleurs, aux modistes. Dites comptoir, rayon des tailleurs, des modistes.
Dépêche.—C’est un anglicisme de dire: Le parlement est convoqué pour la dépêche des affaires; dites: pour l’expédition des affaires.
Dépeindre.—Ne s’emploie plus littéralement, mais au figuré seulement. Dites: dessiner, peindre un oiseau, etc., et non dépeindre un oiseau.
Dépense.—On donne à ce mot dans les dictionnaires, entre autres significations, celle de: chambre où l’on serre les provisions, dans les grands établissements. Dites: office (féminin) ou garde-manger, et non dépense, et encore moins pantry, pour les maisons particulières.
Déposer.—Il ne faut pas employer déposer absolument, et dire: Je dépose à la caisse d’épargne; mais: Je dépose mon argent à la caisse d’épargne.
Dépôt.—C’est un anglicisme d’employer ce mot dans le sens de gare ou de station de chemin de fer.
Député.—Signifie, entre autres choses, en français: représentant du peuple, délégué, envoyé. Ce sont des anglicismes de dire député-ministre, pour sous-chef de ministère; député-greffier, pour greffier adjoint; député-shérif, pour sous-shérif. V. Membre.
Déqualification.—Signifie en français: perte d’une qualification, action de déqualifier. C’est une faute de donner à ce mot le sens de perte des droits politiques, d’inhabilité politique (perte du droit de voter et d’être candidat politique). Déqualification est peu usité, en français.
Déqualifier.—Signifie: dépouiller de sa qualification ou de sa qualité, déqualifier les nobles. On donne à tort à ce mot le sens de priver des droits politiques.
Déranger (se).—Signifie en français, entre autres choses: mener une vie peu réglée. Ce jeune homme se dérange depuis qu’il voit mauvaise compagnie (Acad.). Se déranger n’est pas français dans le sens de se griser, s’enivrer.
Dérêner.—N’est pas français. Dites: Relâcher la rêne d’un cheval.
Derrière.—Ne dites pas: vent derrière, mais: vent arrière, (aller vent arrière, et non le vent arrière). C’est une locution adverbiale.
Au lieu de: derrière de l’église, dites: bas de l’église (endroit qui se trouve à l’intérieur près des portes).
Des.—V. De.
Désabrier.—N’est pas français. Est employé à tort dans le sens de découvrir une personne, une chose (ôter ce qui couvre cette personne, cette chose).
Se désabrier n’est pas français non plus. Dites: Se découvrir, se débarrasser (au lit) de ses couvertures.
Désaccord.—Signifie en français manque d’accord. Etre en désaccord sur quelque chose. Ce mot n’est pas adjectif. On ne peut donc dire: Ce piano est désaccord; dites: ce piano n’est pas d’accord.
Désenfarger.—N’est pas français. Dites: désentraver (ôter les entraves d’un cheval, d’un bœuf).
Déserté.—Sa terre est presque toute désertée. Expression vicieuse; on ne peut pas donner à ce mot le sens de défriché.
Déshabiller (se).—Déshabillez-vous: manière tout à fait impropre de demander à une personne d’ôter son chapeau, d’enlever son manteau, son paletot, etc. Dites: débarrassez-vous, enlevez votre manteau, votre paletot, etc., ou bien débarrassez-vous tout court.
Désordre.—Ce mot ne peut s’employer adjectivement. Ne dites pas: Une personne désordre, mais sans ordre.
Désoublier.—Ce mot n’est pas français. Dites oublier.
Dessein.—L’expression sans dessein signifie en français sans volonté, sans but. Peu usité. C’est une faute de donner à ce mot le sens de doué de peu d’intelligence; comme dans l’expression: C’est un sans dessein.
Dessous.—Dessous de plat ne veut dire en français que la partie inférieure du plat. Dites: garde-nappe pour désigner ce qu’on met sous les plats, sous les bouteilles pour empêcher la nappe de se salir.
Prendre quelqu’un par-dessous le bras, suppose plutôt qu’on veut l’aider, et n’a pas tout à fait le sens de prendre le bras de quelqu’un, de marcher bras dessus bras dessous avec quelqu’un.
Destitution.—On ne peut dire: La destitution des classes pauvres. C’est un anglicisme, destitution n’ayant le sens que d’action de priver quelqu’un d’un emploi, d’un grade. Dites: Le dénuement des classes pauvres.
Détailler.—V. Tie.
Détailleur.—Ce mot a vieilli et est peu usité. Il faut se servir de détaillant. C’est un détaillant (Acad.) (marchand qui vend au détail).
Détasser (se).—N’est pas français dans le sens de se moins presser les uns contre les autres, en parlant de personnes.
Détorse.—Ne s’emploie plus. Dites entorse. Distension violente des tendons et des ligaments d’une articulation.
Dévaliser.—Ne se dit que des personnes, et signifie: enlever les effets, les hardes de...: dévaliser un voyageur. C’est donc une faute de dire: dévaliser un tronc d’église (enlever le contenu d’un tronc), un magasin.
Devant.—L’expression devant que ne s’emploie plus. Au lieu de: devant que de partir, dites: avant de partir.
Devenir.—Ne dites pas: Aller et devenir; mais aller et revenir, aller et retour. Au lieu de: D’où deviens-tu, ou d’où est-ce que tu deviens; dites: d’où viens-tu?
Devinaille.—Ancien mot. Ne s’emploie plus. Dites devinette.
Dévirer.—Terme de marine. N’est pas français dans le sens de tourner. Tournez à droite; ne tournez pas la tête, et non dévirez, ne dévirez pas. Au lieu de se dévirer, dites se tourner, se retourner. Ces expressions sont très condamnables.
Devise.—Il ne faut pas donner à ce mot le sens d’énigme, de devinette. Devise signifie: sentence; figure emblématique accompagnée de mots qui l’expliquent.
Dévoilement.—On peut dire: Le dévoilement des secrets du cœur, des mystères; mais non le dévoilement d’une statue; c’est l’inauguration d’une statue que l’on doit dire. Dévoilement (d’une statue) est un anglicisme. C’est la traduction littérale de unveiling.
Devoir (en).—Anglicisme (on duty). Dites: Ce soldat est de service; cette sentinelle est en faction, et non en devoir.
Dévotieux.—Signifie en français: qui pousse la dévotion à l’excès. C’est une faute de dire: église, chapelle dévotieuse. Dites: église, chapelle qui porte à la prière, qui inspire la dévotion, la piété.
Diary.—Se traduit par agenda (a-jinda): carnet où l’on inscrit, jour par jour, ce que l’on a fait ou ce que l’on doit faire.
Dickey.—Ce plastron postiche que l’on appelle à tort ici: dickey, se nomme en français, devant de chemise, ou chemisette.
Différence.—Il ne faut pas dire: Partager la différence par la moitié; mais le différend par la moitié.
Différencer.—N’est pas français. Dites: différencier. Distinguer la différence, mettre la différence. Il ne faut pas confondre différencier avec différentier, qui est un terme de mathématiques.
Difficile.—Ne dites pas: Ces livres sont difficiles à se procurer, mais: il est difficile de se procurer ces livres.
Difficulté (en).—En français, ce mot est un terme de turf. C’est une faute de dire: Ce marchand est en difficultés; cet homme est en difficulté avec son voisin. Dites: ce marchand est en faillite, ou les affaires de ce marchand sont mauvaises, selon le cas; cet homme est en procès, en mauvaise intelligence avec son voisin, aussi selon le cas.
Digue.—N’est pas français dans le sens de crue des eaux, d’inondation. Digue désigne, en français, un massif de pierre, de terre, destiné à contenir les eaux pour un moulin; ou ayant pour objet de défendre les rives des fleuves, le rivage de la mer.
Dinde.—Est du féminin. Prendrez-vous de la dinde? et non du dinde.
Dites dindon, et non dinde, en parlant de l’oiseau de basse-cour: troupeau de dindons.
Dîner.—Ne dites pas: J’ai dîné avec un poulet, mais j’ai mangé du poulet à mon dîner.
Directory.—Terme anglais. Se traduit par Almanach des adresses.
Discrétionnaire.—Ne s’emploie guère, en français, que dans cette locution: pouvoir discrétionnaire. Au lieu de: Il sera discrétionnaire au juge; dites: il sera laissé à la discrétion du juge, il sera loisible au juge.
Discrimination.—N’est donné dans Bescherelle que comme terme de philosophie. C’est la faculté de discerner. C’est un anglicisme de dire: Il a agi avec discrimination; dites: il a agi de parti pris. Au lieu de: Il agit sans discrimination, on peut dire: il agit à la légère, sans discuter le motif de ses actions.
Discompte.—N’est pas français. Anglicisme (discount); dites escompte.
Disgrâce.—Signifie en français: perte des bonnes grâces d’une personne puissante; infortune, malheur; mauvaise grâce en parlant du maintien et de la démarche, etc.; mais n’a pas le sens de honte, déshonneur, qui lui est souvent donné, comme dans ce genre de phrase: C’est une disgrâce! quelle disgrâce! C’est un anglicisme.
Disgracieux.—Signifie en français: qui manque de grâce, qui déplaît à l’œil; fâcheux, contrariant: rencontre disgracieuse. C’est un anglicisme de donner à ce mot le sens de honteux, déshonorant, comme dans cette phrase: Scène disgracieuse.
Disparution.—Parce que l’on dit comparution, il ne faut pas conclure qu’il faille dire disparution. C’est disparition qui est le terme propre.
Disputer.—C’est une faute de donner à ce mot le sens de réprimander, gronder. Père qui réprimande, qui gronde son enfant, et non qui le dispute.
Disqualification.—Est en français un terme de turf. C’est un anglicisme de donner à ce mot le sens de perte des droits politiques.
Disqualifier.—Est un terme de turf. Au lieu de: disqualifier quelqu’un, qui est un anglicisme; dites: priver quelqu’un de ses droits politiques.
Dissatisfaction.—N’est pas français; c’est un mot anglais. Dites mécontentement.
Dissident.—On entend souvent dire: Juge dissident (qui diffère de l’opinion des autres juges dans un jugement). Il n’y a pas lieu en France de se servir de cette expression. Quand un jugement est rendu par plusieurs juges, l’opinion de la majorité seulement est connue, et non celle de la minorité. Dissident de l’expression anglaise juge dissident est employé dans son sens propre et il n’y a pas de faute à dire: juge dissident.
Divisable.—N’est pas français. Dites divisible.
Dommage.—Action en dommages est une expression vicieuse. Dites: intenter une action en dommages et intérêts, ou en dommages-intérêts, et non une action en dommages.
L’expression beau dommage s’emploie en France, mais dans le langage populaire. Certainement, sans doute, naturellement, comment donc ont, pour presque tous les cas, le sens que l’on donne ici à beau dommage.
Dompe.—Corruption de l’anglais dump. Dites: remblai (terre rapportée sur laquelle est établie une voie de chemin de fer).
Dompleine.—N’est pas français. Tiré de l’anglais dumpling. Il faut dire: beignet (pâte frite qui enveloppe une tranche de fruit). Beignet de pomme. Le mot français chausson traduit assez correctement dumpling.
Donaison.—N’est pas français. Corruption de donation.
Donner.—Le professeur de musique donne une leçon de musique et les élèves la reçoivent. Un élève ne doit pas dire: Je vais donner ma leçon de musique, mais la prendre.
Ne pas dire: donner la charité, mais faire la charité.
Dites: faire la commande d’un habit, et non donner la commande d’un ou pour un habit.
Se donner à quelqu’un, dans le sens de: lui faire donation de ses biens, n’est pas français.
Dont.—Il faut dire: La forêt, l’île d’où il sort, et non dont il sort. On emploie d’où toutes les fois qu’il s’agit d’une action physique de sortie, de départ, d’éloignement.
Doré.—Poisson. Il faut dire une dorée, et non un doré.
Double.—Ne dites pas un lit double, mais un grand lit (lit pour deux personnes).
Doucine.—Est en français une espèce d’outil, une sorte de moulure, un instrument de musique. Ce mot n’est pas français dans le sens qu’on lui donne ici. Dites cuir à rasoir.
Doutance.—A vieilli. Ce mot avait le sens de doute, incertitude, défiance.
Drab.—Terme anglais. Se traduit par beige. Etoffe beige.
Drave.—N’est pas français. Corruption du mot anglais drive. Il faut dire: le flottage du bois, et non la drave du bois.
Draver.—Corruption de l’anglais to drive. Il faut dire en français flotter le bois, et non le draver.
Draveur.—N’est pas français. Corruption de l’anglais driver. Homme qui fait le flottage du bois. Se nomme en français flotteur.
Drawback.—Ce mot anglais est devenu français et est adopté dans le langage commercial. C’est un terme de douane. Il ne faut pas lui donner le sens de contretemps, désavantage.
Dredge.—Terme anglais. Se traduit par bateau dragueur, dragueur, cure-môle.
Drill.—En français désigne une espèce de singe et un instrument d’agriculture. Le mot anglais drill se traduit par exercice militaire, et drill camp par camp d’exercice.
Drill se traduit aussi par foret: instrument de fer ou d’acier pour faire des trous dans le métal, la pierre.
Driller.—Signifie, en français: vagabonder; faire l’aimable, le bon drill; ramasser les chiffons, etc. Se prononce en mouillant les ll. C’est un anglicisme de donner à ce mot le sens de faire faire l’exercice (aux soldats); ou de faire l’exercice. Ne dites pas: Driller la pierre, les métaux (ce qui est encore un anglicisme), mais forer la pierre, etc.
Drogué, Droguette.—Corruption de droguet: étoffe de laine dont la trame est ordinairement de fil et de coton.
Droguer.—Signifie en français: altérer la qualité d’une substance. Droguer du vin. C’est une faute de donner à ce mot le sens de: faire prendre un narcotique. On lui a fait prendre un narcotique pour le dépouiller, et non: On l’a drogué pour...
Drôle.—C’est une faute de donner à ce mot le sens d’attrayant, intéressant. Au lieu de: Il n’est pas bien drôle, on peut dire: Il n’est pas intéressant, il est assez ordinaire.
Dû.—Le train est dû, est un anglicisme. Il faut dire: Le train doit arriver, ou est attendu, ou entre en gare (suivant le cas) à telle heure.
Dude.—Terme anglais. Equivaut à gommeux, pschutteux, fashionable, dandy, faraud, gandin, etc. Jeune homme qui exagère la mode, qui s’habille avec recherche. Ces désignations varient en France comme la mode.
Dumb-bell.—Terme anglais. Se traduit par haltère (masc.). Un haltère.
Dur.—Est adverbe dans les expressions: entendre dur, taper dur. Au lieu de dormir dur, dites: dormir profondément.
Cette partie de la fressure du cochon, nommée à tort dur, s’appelle en français foie.
Durant, Pendant.—Beaucoup de personnes emploient, à tort, ces deux mots indifféremment. Ils ne sont pas cependant synonymes. Durant exprime l’idée d’une durée sans interruption. J’ai habité la campagne durant votre voyage; c’est-à-dire tant que votre voyage a duré. Pendant exprime un moment, une époque dans la durée. En Orient, on se baigne pendant le jour, c’est-à-dire à un moment dans la journée.
Durson.—N’est pas français. Dites: Dur, rude, brusque, bourru.
Duster.—Terme anglais. Se traduit par cache-poussière: pardessus d’étoffe légère destiné à préserver les habits de la poussière. Duster commence à s’employer en France.
Ébasourdi.—Corruption d’abasourdi. Etre absourdi par une nouvelle affligeante; par un coup sur la tête.
Ébourifflé.—Corruption d’ébouriffé. Cheveux ébouriffés.
Écale.—On dit bien: Des écales de noix, d’œufs, mais il faut dire: Des écailles d’huître, de tortue, de poisson. On appelle aussi écaille et non écale, la croûte qui se forme sur le fer vivement chauffé.
Écart.—C’est à tort que l’on donne ce nom à l’éparvin: excroissance qui survient au jarret d’un cheval.
Écartant.—C’est une faute de dire d’un bois, d’un jardin, d’un grand bâtiment, etc., qu’il est écartant, pour signifier qu’il est facile de s’y égarer.
Écarter.—Dans le sens d’égarer, de perdre, n’est pas français. J’ai égaré, perdu mon parapluie, et non: J’ai écarté mon parapluie.
C’est une faute de donner à s’écarter le sens de s’égarer, se perdre. Il s’est égaré dans la forêt, et non: il s’est écarté.
Ecclésiastique.—Le nom d’ecclésiastique signifie en général membre du clergé, et s’applique au pape, aux évêques aussi bien qu’aux prêtres et jusqu’aux clercs initiés dans les premiers ordres. Ceux que l’on appelle, à tort ici, ecclésiastiques se nomment séminaristes, en français.
Échaffourée.—Corruption d’échauffourée.
Échanger.—Ne dites pas échanger le linge, mais l’essanger: le passer à l’eau, avant de le mettre à la lessive.
Échappe.—Ne dites pas échappe, mais déversoir pour désigner l’endroit du barrage d’un moulin où l’eau se perd quand il y en a en trop grande quantité. Échappe (masc.) est, en français, un terme de fauconnerie.
Échapper.—Ce verbe est presque toujours neutre. C’est une faute de dire: J’ai échappé ma canne, mon chapeau. Il faut: Ma canne, mon chapeau m’a échappé; j’ai laissé échapper, tomber, j’ai lâché mon chapeau.
Écharogner.—N’est pas français. Dites: tailler mal, inégalement; découper, dépecer irrégulièrement (un rôti), rogner, etc., suivant le cas.
Écharpe.—Ne dites pas écharpe, mais écharde, si vous voulez parler de l’épine, de l’éclat de bois, etc., qui entre dans les chairs.
Échelle.—Ne dites pas échelle, mais échelette, pour désigner ce qu’on met aux extrémités d’une charrette lorsqu’on veut transporter des fourrages.
Échiffe.—Est, en français, un terme d’architecture. Dites: chiffe et non échiffe, si vous voulez désigner les vieux morceaux de linge qui servent à faire du papier. Chiffons est plutôt employé dans ce sens maintenant.
Échiffer.—N’est pas français. Dites: Effiler (du câble), peigner, écharper (de la laine), effilocher, éfaufiler (un ruban).
Échiffoir.—N’est pas français. Dites: Peigne des cardeurs.
Écho.—L’expression: Le temps est écho n’est pas français. Dites: L’atmosphère est sonore; il y a de l’écho.
Échoir.—Ce billet écherra tel jour, et non échoira.
Éclater.—Ne dites pas: Il s’est éclaté de rire, il s’est éclaté en sanglots. Cette expression, jadis employée en français, a vieilli. Il faut dire: Il a éclaté de rire, il a éclaté en sanglots.
Écolleté.—Est un terme d’orfèvrerie. Ne pas dire écolleté pour décolleté: qui a la gorge et les épaules découvertes.
Écopeau.—N’est pas français. Corruption de copeau.
Écore.—Dites: Une côte accore, et non écore, c’est-à-dire élevée, fortement inclinée. Les bords de la rivière sont accores, et non écores.
Écornifler.—Signifie en français: chercher à manger aux dépens d’autrui. N’a pas le sens qu’on lui donne à tort de: s’introduire quelque part pour épier, espionner; chercher à connaître les secrets des autres.
Écornifleur.—Désigne, en français, celui qui cherche à manger aux dépens d’autrui. Dites: fureteur, et non écornifleur, pour désigner celui qui s’enquiert de tout, qui cherche à tout savoir, soit par curiosité, soit pour son profit. V. écornifler.
Écourtiller.—N’est pas français. Dites écourter. Habit écourté, cheveux écourtés (courts).
Écran.—Est, en français, un meuble qui se place devant la cheminée pour garantir du feu ou de la lumière. Écran désigne aussi un éventail employé dans le même but. C’est une faute d’appeler écran le meuble composé de châssis couverts de papier ou d’étoffe destiné à garantir du vent ou à masquer la vue. Dites paravent. Paravent à quatre, à six feuilles.
Écrapoutir.—N’est pas français. Dites écraser, aplatir complètement. Et au lieu de s’écrapoutir, dites: s’écraser, s’aplatir.
Écrivain.—N’a pas le sens de copiste, expéditionnaire. Il est copiste chez un tel, et non écrivain; il est expéditionnaire au département des terres, et non écrivain. L’expéditionnaire est le commis chargé de faire des copies officielles.
Écurer.—Écurer le plancher est une expression vicieuse. Dites: récurer le plancher. Cette locution, sans doute, est due à ce que certaines personnes se servent de sable pour nettoyer le plancher.
Écuyer.—Désigne, en français, celui qui fait des exercices à cheval dans un cirque; celui qui dresse des chevaux au manège, etc. C’est un anglicisme de l’employer comme titre (esquire); c’est une faute ridicule, qui, heureusement, tend à disparaître.
Éditeur.—C’est un anglicisme d’appeler éditeur le rédacteur d’un journal. L’éditeur est celui qui imprime le journal et qui est responsable de ce qui s’y imprime; c’est aussi le propriétaire ou le gérant. Le rédacteur, en français, rédige le journal.
Éditorial.—N’est pas français. Tiré de l’anglais. Ne dites pas article éditorial, mais article de fond, premier-Montréal, premier-Québec.
Effardocher.—N’est pas français. Dites essarter: enlever les broussailles, les jeunes pousses et les buissons.
Effet.—À l’effet que est une expression vicieuse. Au lieu de: C’est une clause à l’effet que, dites: C’est une clause statuant que. On donne aussi, mais à tort, à cette locution le sens d’à savoir, c’est-à-dire.
Effrayamment.—N’est pas français. Dites effroyablement.
Effrayant, Effroyable.—Il y a peu de différence entre ces deux mots. Quelquefois cependant on emploie, à tort, effrayant au lieu d’effroyable. Il faut dire: dépense effroyable (excessive), et non effrayante; l’étendue des cieux est effroyable (prodigieuse), et non effrayante; l’effroyable (étonnante) fécondité de l’abeille, et non l’effrayante fécondité. C’est-à-dire qu’effroyable a le sens d’effrayant; et en outre celui de prodigieux, étonnant, excessif. Cet adjectif effrayant est employé très fréquemment ici, mais à tort, avec un sens extensif qu’il n’a pas en français, comme dans ces phrases: Il fait froid, c’est effrayant. Il y avait du monde, c’est effrayant.
Effrondement, Effronder.—Corruption d’effondrement, d’effondrer.
Égousser.—N’est plus français. Dites écosser des pois, des fèves, des haricots.
Égrandir.—N’est pas français. Corruption d’agrandir.
Égrémiller.—N’est pas français. Dites égrener (des épis), émietter (du pain).
Éjamber.—Signifie en français: détacher la côte longitudinale des feuilles de tabac. Ne pas confondre ce mot avec enjamber, qui veut dire: faire un grand pas pour franchir. Enjamber un fossé.
Éjarrer.—Est en français un terme employé par les pelletiers (ouvriers qui préparent les fourrures). Au lieu de: Il s’est éjarré au coin de la rue, il faut dire: Il est tombé par terre en glissant; les pieds lui ont manqué, et il est tombé au coin de la rue. Il s’est éjarré veut surtout dire, ici, que quelqu’un est tombé parce que ses pieds ont glissé en s’écartant.
Élévateur.—Il ne faut pas dire élévateur, qui est un anglicisme (elevator), mais ascenseur, pour désigner l’appareil servant dans les maisons à transporter les personnes, les meubles, etc., d’un étage à l’autre.
Élingué.—Signifie en français: qui n’a pas de langue; et est aussi un terme de marine. Ce mot est français dans le sens de grand, de fluet, bien que le dictionnaire ne lui donne pas cette signification. On peut aussi dire échalas (la), escogriffe.
Élonger (s’).—Élonger est un terme de marine. Élonger terre. S’élonger n’est pas français. Dites: s’allonger. Il passe son temps à bâiller, à s’allonger.
Émanation.—Ne dites pas l’émanation d’un mandat d’arrêt, d’un bref, d’une injonction, mais l’émission.
Émaner.—Ne dites pas émaner, mais émettre un bref; décerner, émettre un mandat d’arrêt; lancer une assignation.
Embarquement.—Il ne faut pas employer ce mot pour désigner l’endroit où l’on embarque dans un bac. Dites: embarcadère. V. Débarquement. Embarquement désigne en français l’action d’embarquer, etc.
Embarquer.—Bescherelle admet embarquer en voiture; mais cette manière de s’exprimer est peu usitée, et doit être évitée. Dites: Monter en voiture, en chemin de fer.
Embarras.—Les expressions: Il n’y a pas d’embarras, il n’y a pas de soin, ne sont pas françaises dans le sens qu’on leur donne ici.
Embelle.—Corruption d’embellie, qui signifie: circonstance favorable, bonne occasion. Profiter de l’embellie, avoir une embellie, et non profiter de l’embelle, avoir son embelle, avoir embelle.
Emberlicoter.—Corruption d’emberlificoter, qui signifie embarrasser. Emberlificoter quelqu’un. Il s’est emberlificoté dans son discours. Emberlificoter est populaire et peu usité.
Emmalicer (s’).—N’est pas français. Dites: Devenir plus méchant, plus acariâtre; s’aigrir.
Emmouracher (s’).—Corruption de s’amouracher.
Empaillure.—N’est pas français. Dites: Le fond de la chaise, et non l’empaillure. Empaillage est français, et signifie: action d’empailler. Empaillage de chaises, c’est-à-dire: action de faire en paille le fond d’une chaise.
Emphase.—L’expression avec emphase signifie en français: avec une majesté affectée ou une exagération prétentieuse. C’est un anglicisme de lui donner le sens de: avec sincérité, avec énergie, comme dans cette phrase: Il a répété avec emphase (pour avec énergie, avec conviction) ce qu’il avait déjà dit.
Empathiquement.—Signifie, en français: avec emphase, avec une majesté affectée ou une exagération prétentieuse. C’est un anglicisme de lui donner le sens d’avec énergie, avec sincérité, en disant: Il a nié empathiquement l’accusation. Il faut: Il a nié avec énergie, énergiquement.
Empille.—Corruption d’empile: sorte de fils déliés auxquels on attache un hameçon.
Empocher.—En jouant au billard, ne dites pas empocher, mais blouser une bille. V. Poche.
Empois.—Est du masculin. Colle faite avec de l’amidon. Il ne faut pas dire empois, mais amidon pour désigner la poudre blanche du commerce.
En.—En outre de cela, est une expression vicieuse. Dites outre cela, ou en outre.
En bas. Dites: Dix degrés au-dessous de zéro, et non en bas de zéro.
Dites: Je m’en suis allé, il s’en est allé, et non: Je me suis en allé, il s’est en allé. Aussi: Donne-m’en, passe-t’en, et non: donne-moi-z’en, passe-toi-z’en.
Encadrage.—N’est pas français. Dites: Encadrement (action d’encadrer).
Encan.—Vente par encan est un anglicisme (by auction). Dites: Vente à l’encan.
Encanter.—N’est pas français, de sorte qu’on ne peut employer ce mot pour signifier: vendre ou mettre à l’encan.
Ne dites pas: encanter, mais canter: mettre sur le can (ou cant), mettre de champ une pièce de bois.
Au lieu de: Il était encanté sur le lit, dites: Il était à demi couché.
Encanteur.—Est français, mais peu usité. Dites: Commissaire-priseur, crieur d’enchères, ou simplement crieur.
Encapoter (s’).—N’est pas français. Dites: Mettre son pardessus, son paletot, sa pelisse. V. Capot.
Encaver.—Signifie en français: mettre dans une cave. On ne peut donc pas dire: Encaver une plaque de fer dans le bois, dans le sens de: faire une entaille dans le bois dont la profondeur égale l’épaisseur de la plaque de fer, pour y fixer cette plaque. Dites encastrer.
Enclaver, Aléner, Brocher.—C’est une faute de donner à ces mots le sens d’anneler (mettre un anneau au groin d’un cochon).
Enclope.—N’est pas français. Dites abot: sorte d’entrave en bois, et plus ordinairement en fer, que l’on met au pied de devant des chevaux à l’endroit appelé paturon, pour les retenir, surtout dans les pâturages.
Endormir (s’).—S’endormir veut dire en français: entrer dans le sommeil. C’est une faute de donner à ce mot le sens de sentir le besoin de sommeil. Il faut dire, dans ce cas: Avoir sommeil. J’ai tellement sommeil, ce soir, que je m’endors malgré moi.
Endurer.—On endure les choses, mais non les personnes. On tolère, on supporte les personnes.
Enfaîter.—Signifie: couvrir le faîte de: enfaîter une maison. Mais n’a pas le sens de combler (une mesure).
Enfarge.—Ne dites pas enfarge, mais entrave: lien que l’on met aux pieds d’un cheval ou d’un autre animal pour l’empêcher de s’éloigner. Bescherelle, dans le supplément de 1894, donne enfarge avec le sens d’entrave, mais il est peu usité.
Enfarger.—enfarger un cheval n’est pas français. Dites: Entraver. Ne dites pas: Il s’est enfargé les jambes, mais: il s’est engagé, empêtré, embarrassé les jambes.
Enflammation.—Corruption d’inflammation.
Engagé.—Substantif, se dit en français d’un soldat ou d’un marin enrôlé volontairement; mais c’est une faute de dire des domestiques, des serviteurs, que ce sont des engagés.
C’est un affreux anglicisme de donner au mot engagé le sens de fiancé. Ils sont fiancés depuis un mois, et non ils sont engagés.
The line is engaged, en parlant du téléphone, se traduit par: La ligne est occupée; ou par ces seuls mots: En communication, et non par: La ligne est engagée. Ne dites pas, en parlant d’une salle, qu’elle est engagée, mais qu’elle est occupée.
Engagement.—Signifie en français: action de mettre en gage; obligation, promesse; enrôlement militaire, escarmouche, etc. Mais ne veut pas dire fiançailles, ni rendez-vous. Leurs fiançailles datent de tel jour, et non: leur engagement date, etc. L’anneau des fiançailles, et non la bague d’engagement. J’ai rendez-vous avec quelqu’un pour telle heure, et non: j’ai un engagement. L’emploi d’engagement dans ces différentes phrases est un anglicisme.
Engager.—Ne dites pas engager, mais retenir (un cocher, une voiture).
Engin.—On dit en français: engins de guerre (machines, instruments de guerre); mais c’est un anglicisme d’appeler engin, une locomotive, ou la machine d’une usine, d’une scierie, etc.
Engraisser (s’).—L’expression: le temps s’engraisse est fautive. Dites: Le temps se couvre, s’obscurcit.
Engrener.—Laisser engrener le mal. Expression vicieuse. Dites: Il ne faut pas laisser le mal s’enraciner, s’envenimer, et non: Il ne faut pas laisser engrener le mal.
Enregistrer.—Lettre enregistrée est un anglicisme (registered letter). Dites: Lettre recommandée. Au lieu de: Faire enregistrer une lettre, dites: recommander une lettre (faire constater sur le registre de la poste l’envoi d’une lettre chargée). Il ne faut pas écrire avec l’accent enrégistrer, enrégistrement, mais enregistrer, enregistrement.
Entêter (s’).—Dans le sens de s’obstiner, s’entêter ne s’emploie qu’absolument. Dites: Il s’obstine à vouloir partir, et non: il s’entête à vouloir partir.
Entrée.—Il ne faut pas donner à ce mot le sens de vestibule (pièce qui s’offre la première lorsqu’on entre dans une maison). On dira: Suspendez votre paletot dans le vestibule, et non dans l’entrée. L’entrée est la porte elle-même.
Entretenir.—Les expressions: Entretenir l’idée de, l’opinion de, des doutes, sont des anglicismes dans le sens d’avoir l’idée de, d’avoir des doutes. Il est cependant correct de dire: entretenir des doutes (pour: nourrir des doutes), entretenir ses idées (pour: rêver, méditer). C’est encore un anglicisme de dire: Entretenir quelqu’un, dans le sens de le recevoir chez soi, comme dans cette phrase: Cette dame a entretenu plusieurs de ses amies hier; il faut: a reçu plusieurs de ses amies.
Envaler.—Corruption d’avaler.
Envoi.—C’est un anglicisme (invoice) de donner à ce mot le sens de facture; de note (donnée par un marchand à l’acheteur, indiquant en détail, la nature, la quantité, la qualité et le prix des marchandises).
Épailler.—Est, en français, un terme de métallurgie. Épailler de l’or (le purifier). Il ne faut pas donner à ce mot le sens de disperser, éparpiller, jeter çà et là.
Épergne.—Mot anglais, malgré son apparence; se traduit par surtout: grande pièce de vaisselle d’argent ou de cristal qu’on place au milieu de la table, dans un dîner.
Épeurer.—N’est pas français. Dans le sens actif, dites: effrayer, faire peur à. Épeuré est cependant français et signifie saisi de frayeur.
Épingles.—Jouer aux épingles est une expression vicieuse. Dites: Jouer à la poussette. Jeu d’enfants qui consiste à mettre deux épingles en croix en les poussant l’une sur l’autre.
Épinglette.—Est en français une petite épingle. L’ornement de toilette de femme que l’on appelle ici, à tort, épinglette, se nomme en français broche.
Éplan.—N’est pas français. Dites éperlan: petit poisson de mer.
Éplucher.—Signifie en français: enlever ce qu’il y a de mauvais dans des herbes, des graines: éplucher de la salade, des pois. C’est une faute de dire: éplucher des pommes de terre, des oignons. Dites: peler, bien que l’on dise quelquefois: éplucher une poire.
Éplure.—N’est pas français. Dites: pelure de pomme de terre, de pêche, d’oignon.
Époussetoir.—Est en français un petit pinceau à l’usage du diamantaire. Dites plumeau, plumail, si ce qui sert à épousseter est fait de plumes; et brosse, s’il est fait de poils durs.
Équiper.—Signifie en français: pourvoir des choses, des vêtements nécessaires: Soldat équipé. Ce mot n’a pas le sens de malpropre, sale. Il est tombé dans la boue, il est bien malpropre, et non: bien équipé.
C’est une faute de donner à s’équiper le sens de salir ses vêtements. Comme tu t’es sali en travaillant! et non: comme tu t’es équipé!
Équipollent.—Ne dites pas en équipollent, mais à l’équipollent; c’est-à-dire à proportion. Vous payerez à l’équipollent de ce que vous avez reçu, et non: en équipollent.
Éridelle.—Ne dites pas éridelle, mais ridelle pour désigner chacun des deux côtés d’une charrette.
Ermite.—Ne dites pas: jeu de l’ermite, mais jeu du solitaire, ou simplement le solitaire: tablette de bois percée de trous, dans lesquels on introduit des fiches de bois, d’os ou d’ivoire. Il faut qu’il ne reste qu’une seule fiche, après avoir pris les autres comme on prend au jeu de dames.
Érocher.—N’est pas français; dites: épierrer; (enlever les pierres de...) Epierrer un champ.
Erres.—Vieux mot. On dit maintenant arrhes (féminin): argent donné pour la garantie d’un marché. Donner des arrhes. Lorsqu’il s’agit d’un contrat de location, les arrhes qu’il est d’usage de donner s’appellent denier à Dieu. Donner le denier à Dieu.
Escabeau.—Ne dites pas escabeau, mais tabouret, pour désigner le petit meuble qu’on se met sous les pieds lorsqu’on est assis. Escabeau est en français un siége de bois élevé sur quatre pieds, sans bras ni dossier. Si vous voulez désigner l’échelle à deux montants réunis par une charnière, dites échelle double et non escabeau. Mais il faudra dire échelle de peintre ou échelle de tapissier, si vous voulez parler de deux échelles réunies par le bout, et que l’on écarte à la base en les assurant au moyen d’un crochet ou d’une corde.
Esclopé.—Corruption d’éclopé: boiteux, estropié.
Escouer.—Corruption de secouer.
Escousse.—Ne dites pas: j’attends depuis une bonne escousse, depuis une petite escousse; mais: J’attends depuis longtemps, depuis quelques instants, quelques minutes. Quelques personnes croient, à tort, qu’escousse est une corruption de secousse, et elles diront, j’attends depuis une bonne secousse.
Espagnol.—Ne dites pas: Un chien espagnol, mais un chien épagneul, ou simplement un épagneul.
Espérer.—Il ne faut pas donner à ce mot le sens d’attendre. Attendez-moi un instant, et non espérez-moi un instant.
Espérer ne peut s’employer que pour les choses futures. Au lieu de: J’espère que vous vous êtes bien amusé, dites: J’aime à croire que vous vous êtes bien amusé. On dit cependant: J’espère que vous vous portez bien; pour: je suppose, je pense, je crois que vous vous portez bien.
Essuie-main.—C’est une faute d’appeler essuie-main la serviette de toilette. L’essuie-main est le linge qui sert spécialement à essuyer les mains.
Estampille.—C’est une faute d’appeler estampille le petit cachet volant que l’on colle sur les lettres pour les affranchir. Dites, timbre-poste, ou simplement timbre. On appelle indifféremment estampille ou timbre, l’empreinte appliquée sur les lettres pour indiquer la date et le lieu de leur départ ou de leur arrivée.
Estèque.—Ne dites pas: C’est l’estèque, mais: C’est le bouquet (la meilleure, la plus belle et la dernière chose). Orateur réservé pour le bouquet de l’assemblée, et non l’estèque. Estèque, en français, désigne un outil de potier.
Estimé.—N’est pas substantif en français. C’est un anglicisme (estimates) de lui donner le sens d’estimation budgétaire, de calcul approximatif des dépenses à faire, de budget.
Estimer.—C’est une faute de donner à ce mot le sens d’aimer. Estimer signifie: avoir une opinion avantageuse de quelqu’un, mais n’implique pas l’idée d’amitié ou d’amour.
Étage.—Le premier étage est immédiatement au-dessus du rez-de-chaussée. Le rez-de-chaussée est la partie d’une maison qui est au niveau du terrain (il est souvent, mais à tort, appelé le premier étage).
Ne dites pas: A chaque étage de la procédure. C’est un anglicisme (stage). Il faut se servir du mot phase: A chaque phase de la procédure.
Étale.—Est un terme de marine. Mer étale: mer qui ne monte plus et qui ne baisse pas encore. C’est à tort que l’on donne à ce mot le sens d’égal. En cherchant à se renverser l’un l’autre, ils sont demeurés égaux, et non étales.
Étaler (s’).—Signifie en français: être étalé. Ces marchandises s’étalent bien. C’est aussi un terme de marine. Deux vaisseaux s’étalent lorsqu’ils naviguent de conserve avec une vitesse absolument égale. Il ne faut pas donner à ce verbe le sens de rester égaux. L’un ne l’emporte pas sur l’autre: ils restent égaux, et non, ils s’étalent.
Étampe.—Ne dites pas étampe, mais estampe, pour désigner l’empreinte, l’impression que donne sur le papier ou sur toute autre matière, une planche de métal gravée. La planche de métal gravée, ou l’outil qui sert à faire l’estampe, s’appelle estampe, ou étampe.
Étamper.—Veut dire en français: percer de trous un fer à cheval. Dites estamper ou étamper pour signifier: imprimer au moyen d’une estampe. Estamper du cuir.
Étape.—V. Goût.
États.—Il faut dire les États-Unis et non les États.
Étemperche.—Désigne, en français, une pièce de bois verticale qui fait la base de tout échafaud, mais ne signifie pas: perches sur lesquelles on étend du linge, des peaux pour les faire sécher. Dites tendoir.
Étendre.—Ne dites pas étendre des pièges, des attrapes, mais tendre.
Être.—Comment êtes-vous? dans le sens de comment vous portez-vous? est un anglicisme (how are you?).
Étriver.—Est un terme de marine. C’est vulgaire de donner à étriver, faire étriver le sens de taquiner, railler, gouailler.
S’étriver, terme de marine. N’a pas le sens, en français, de s’impatienter, se mettre en colère.
Étroite.—Ce mot est adjectif. Il ne faut donc pas appeler étroite l’endroit où un lac offre peu de largeur.
Étudiant.—Beaucoup de personnes font la faute de prononcer étudiant médecine. Il faut dire: étudiant en médecine.
Évaluateur.—Désigne, en français, ce qui sert de comparaison à ce qu’on évalue, et ce qui en détermine la valeur: Le métal est toujours pris pour évaluateur commun des produits. Il ne faut pas donner à ce mot le sens d’estimateur: celui qui a la charge de peser une chose, d’en déterminer la valeur. C’est un anglicisme (valuator).
Évidence.—Signifie en français: caractère de ce qui est évident, manifeste. C’est un anglicisme de lui donner le sens de témoignage, ensemble de témoignages, réseau de preuves, et de dire: mon évidence est finie, pour: ma preuve est faite.
Éviter.—Eviter ne peut avoir de complément indirect construit avec à; quand un complément de cette nature se trouve dans une phrase, on emploie le verbe épargner. On ne dit pas: Je vous éviterai l’ennui de cette démarche, mais je vous épargnerai l’ennui de cette démarche. On évite une chose purement et simplement; on ne l’évite ni à soi ni aux autres.
Évoquer.—Signifie rappeler (évoquer un souvenir); appeler (évoquer les ombres). Mais c’est une faute de donner à ce mot le sens de citer en faveur de, d’en appeler à. Dites: Invoquer un témoignage, un fait, une loi en faveur de quelqu’un, et non évoquer.
Exceller.—Est un verbe neutre. Il ne faut pas dire: Exceller les autres, mais les surpasser.
Excuse.—Demander excuse est une expression vicieuse. Dites: Faire des excuses, demander pardon.
Faire excuse signifie en français s’excuser (particulièrement lorsque l’on contredit). Vous dites qu’il n’est pas venu? Je vous fais excuse; il est venu et il est reparti.
Exemplifier.—N’est pas français. C’est un anglicisme (to exemplify). Signifie: ajouter les détails à un dossier, à un jugement; expliquer par des exemples, amplifier.
Exercer.—Ne dites pas: exercer un cheval, mais l’entraîner (le préparer à la course); ni exercer un drame, mais le répéter.
Exhibit.—Mot anglais. Se traduit par document. Les documents du dossier, les pièces à l’appui, les pièces justificatives, et non les exhibits.
Existence (en).—Cette expression est vicieuse. Ne dites pas: C’est le plus rapide coureur en existence, mais qui existe; du monde, etc.
Exploitateur.—N’est pas français. Il faut dire exploiteur.
Exposé.—L’expression: exposé financier est vicieuse (employée souvent en langage parlementaire). Dites: exposé de situation, état budgétaire.
Exposer.—L’expression: exposer des vols, des fraudes, etc., est un anglicisme. Dites: dévoiler, faire connaître, rendre public des vols, des fraudes, un secret.
Exposition.—Ne dites pas: exposition de comté, mais exposition agricole.
L’expression usitée en France est: exposition des comices agricoles. Les comices agricoles sont des associations dont le but est d’améliorer les procédés de culture et les races les plus utiles d’animaux domestiques. Ces associations font des expositions annuelles.
Exprès.—L’expression faire un exprès n’est pas française. Au lieu de: J’ai fait un exprès pour aller le voir, dites: Je suis allé expressément pour le voir; je suis allé dans la seule intention de le voir.
Exprès, adjectif, signifie en français: qui est exprimé d’une manière précise, formelle, positive. Dire son opinion en termes exprès. Au lieu de: J’ai fait un voyage exprès, dites: J’ai fait un voyage tout exprès, dans ce but, pour cela.
Express.—L’expression anglaise jobbing express peut se traduire par voiture de déménagement, ou par voiture de factage.
Extra.—On dira en français: Faire de l’extra; plat, d’extra (qui ne fait pas partie de l’ordinaire), etc.; mais c’est une faute de donner à ce mot le sens de supplémentaire. J’ai deux commis supplémentaires, et non deux commis extra.
Il ne faut pas donner à extra le sens de supplément. Revue avec un supplément, et non avec un extra.
Extra ne saurait être adjectif. Ne pas dire: Vin extra, mais excellent vin; très bon vin.
Faciliter.—On facilite une tâche à quelqu’un, mais on ne facilite pas quelqu’un dans sa tâche. On facilite une chose, non une personne. Je vous faciliterai cette tâche, et non je vous faciliterai dans cette tâche.
Façon.—Signifie, en français, entre autres choses: travail par lequel on rend une chose propre à l’usage auquel on le destine; mais n’a pas le sens du prix de ce travail. On doit dire: La façon de cet habit coûte cinq dollars, et non est de cinq dollars.
Dites: avoir bonne façon, et non avoir de la façon; bien que l’on puisse dire: ne pas avoir de façon.
C’est une faute de donner à façon le sens de mode. C’est la mode maintenant de porter des chapeaux de telle forme; et non, c’est la façon.
Facterie.—N’est pas français. Corruption de l’anglais factory. Dites fabrique (de chocolat, d’allumettes); manufacture (de soie, de glaces); usine, en parlant des fonderies, verreries, etc.
Fafiner, farfiner.—Ne sont pas français. Dites: Se faire prier; simuler l’indécision (dans le but de tromper); faire le Normand, finasser.
Fair, Fair play.—Expressions anglaises. Au lieu de: C’est fair, c’est fair play, dites: C’est juste, c’est loyal. Ne dites pas: Il lui a donné fair play, mais: Il a agi avec justice envers lui; il l’a traité loyalement, avec équité. Dites: C’est injuste, déloyal, inique, et non, ce n’est pas fair play. Donner fair play peut se dire traiter loyalement; donner une occasion de se refaire (au jeu); laisser avoir les coudées franches.
Faire.—Ne dites pas: Faire fortune contre bon cœur, mais faire contre fortune, bon cœur.
Au lieu de: Ça ne fait pas, dites: Ça ne convient pas; c’est déplacé; c’est injuste, suivant le cas.
Faire les terres signifie en français: leur donner les labours et les engrais nécessaires; mais c’est une faute de dire faire de la terre, dans le sens de la défricher.
Ne dites pas: Il va faire un prêtre, un avocat; mais: il va se faire prêtre, avocat.
Au lieu de: faire une assemblée; dites: tenir, convoquer une assemblée.
Ne dites pas: Cet habit lui fait bien, mais lui va bien, lui sied bien.
Il fait soleil est une expression impropre. Dites: Il fait du soleil, le soleil brille.
Faiseur.—Dans la locution le faiseur d’un billet, faiseur est un anglicisme. C’est la traduction littérale de maker. Dites: Le souscripteur d’un billet.
Fait.—Cela est dû au fait que. Anglicisme. Traduction littérale de This is owing to the fact that. Dites: Cela est dû à ce que.
Le fait que vous avez raconté cela est une expression vicieuse. Dites: Le fait d’avoir raconté cela.
Falbana, falbena, farbena.—Corruptions de Falbala: bandes d’étoffe plissées qu’on met pour ornement à une robe, à des rideaux.
Fanal.—Est, en français, un réverbère. Dites: falot, lanterne, et non fanal, pour désigner la petite caisse garnie de panneaux transparents en corne ou en vitre, dans laquelle on met une chandelle ou une lampe, et qui sert à garantir la lumière du vent et de la pluie.
Fanil.—Corruption de fenil (prononcez fenile): lieu où l’on serre les foins.
Dites: abat-foin et non porte du fenil: ouverture au-dessus d’une écurie pour jeter la paille, le foin.
Fard, Fars.—Ce dernier mot n’est pas français. Fard est français et signifie: composition pour donner plus d’éclat au teint. C’est une faute de donner à fard le sens de farce: hachis qui se met dans l’intérieur d’une volaille ou d’une autre viande avant de la faire cuire.
Fardé.—Dites: œuf hardé et non œuf fardé (œuf pondu sans coquille).
Fardoche, Fredoche.—Ne sont pas français. Dites: broussailles, écrues (bois qui ont crû spontanément sur des terres labourables).
Fastener.—Ce mot anglais se traduit par attache-feuilles. Petit clou à double pointe, ordinairement en cuivre, qui sert à retenir ensemble des feuilles de papier.
Faux.—Ce qu’on appelle ici, à tort, une fausse porte se nomme contre-porte, en français. La fausse-porte est une imitation de porte pratiquée dans un mur ou une cloison pour le coup d’œil ou la symétrie.
On peut dire fausse manche, ou garde-manche (garde-manches au pluriel) pour désigner la manche mise sur la manche de l’habit ou de la chemise pour la garantir. Au lieu de fausse sangle, dites: sous-ventrière (courroie attachée aux deux limons d’une charrette et qui passe sous le ventre du limonier, c’est-à-dire du cheval qu’on met dans les limons d’une voiture).
L’expression fausse arrestation n’est pas française. C’est un anglicisme (false arrest). On doit dire: arrestation illégale.
Fender.—Lorsqu’il s’agit du fender du foyer, ce mot anglais se traduit par garde-cendre (des garde-cendres).
Fendre.—Est un verbe actif, excepté dans les expressions: la tête me fend, le cœur me fend. Au lieu de: Cet arbre a fendu par le froid, cette planche va fendre si vous la mettez près du feu, dites: Cet arbre s’est fendu, cette planche va se fendre.
Ferrée.—N’est pas français. Dites bêche.
Fesse.—Ne dites pas une fesse, mais un gigot (de mouton, d’agneau, de chevreuil), un jambon (de cochon).
Fête.—Ne dites pas: Etre en fête, faire une fête, mais être ivre, faire la fête, s’enivrer, faire la noce. Il est ivre depuis hier, et non en fête... Il a fait la fête, il a bu durant trois jours, et non il a fait une fête de trois jours.
Fêter.—N’est pas français dans le sens de s’enivrer, de boire, etc. Il passe son temps à boire, et non à fêter.
Feton.—N’est pas français. Dites: atteloire (cheville avec laquelle on fixe les traits aux limons).
Feu.—Au lieu de: Poste du feu, station du feu, dites: Poste des pompiers. Station du feu est un anglicisme (fire station).
Dites: assurance contre l’incendie, et non: assurance contre le feu, qui est un anglicisme.
Passer au feu n’est pas français. Dites: Une maison a été incendiée, a été détruite par le feu, et non: a passé au feu. La maison, les bâtiments de cet homme ont été détruits par le feu, et non: Cet homme a passé au feu.
Fève.—Au lieu de fèves en gousses, ou gousses de fèves, dites haricots verts (gousses mêmes du haricot assez tendres pour être mangées vertes avant le développement de la graine). On dit aussi mange-tout (masc.). Des mange-tout.
Fiable.—Ce mot qui n’est plus français avait autrefois le sens qu’on lui donne ici. Il faut maintenant dire: digne de foi, de confiance; à qui on peut se fier.
Ficelle.—Dites cordeau et non ficelle, pour désigner cette petite corde que l’on frotte avec de la craie et qui sert à tracer des lignes droites sur le bois.
Fier.—Veut dire en français altier, arrogant, superbe, audacieux, intrépide, noble, élevé, etc. C’est une faute de donner à ce mot le sens d’heureux, de satisfait. Au lieu de: Cette nouvelle l’a rendu fier, on peut dire: Cette nouvelle lui a fait plaisir, l’a rendu heureux. Il ne faut non plus pas donner à fier le sens de vaniteux.
Figure.—Ne dites pas figure, mais feuillure, si vous voulez désigner l’entaille pratiquée dans l’embrasure d’une fenêtre ou d’une porte, pour maintenir, affleurée au nu du mur, la menuiserie de la porte ou des châssis de croisée.
File.—Dites à la file (à la suite les uns des autres), et non de file. Soldats marchant à la file.
C’est une faute de donner à l’expression de file le sens de sans interruption. Débiter un discours sans arrêt, sans interruption, et non: de file. Ne dites pas: Attendre deux heures de file, mais deux heures d’affilée, deux heures de suite.
Dites: La série, la liasse, la collection d’un journal, et non la file d’un journal. File est dans cette expression un anglicisme (file).
File est le nom anglais de la planchette qui sert à retenir ensemble des papiers, et se traduit par classe-papiers.
Filer.—L’expression filer un document est un anglicisme (to file). Dites: Produire, mettre un document, une pièce au dossier.
Filigramme.—Corruption de filigrane, substantif masculin (ouvrage d’orfèvrerie travaillé à jour).
Fille.—Fille générale. Expression impropre. Dites: Bonne, servante à tout faire.
L’expression bonne fille, que l’on voit dans les annonces, ne signifie pas: fille laborieuse, sachant bien faire son ouvrage, mais plutôt fille qui a bon cœur, qui est dévouée. C’est une bonne fille, elle a bien soin de sa mère.
Il faut éviter d’employer seul le mot fille. Il se prend alors en mauvaise part.
Financer.—Signifie en français: débourser de l’argent. Vous ne vous tirerez pas de cette affaire sans financer. C’est une faute de donner à ce mot le sens de: se procurer de l’argent, par escompte ou par un emprunt quelconque, pour faire face à des paiements pressants.
Fine.—En jouant au billard, dites: frapper une bille fin. Vous avez frappé ma bille trop fin, et non trop fine.
Finfoin.—Corruption de sainfoin: plante légumineuse employée comme fourrage.
Finir.—Finir avec, finir de quelque chose sont des expressions vicieuses. J’ai fini de me servir de ce livre, et non: j’ai fini avec ce livre, j’ai fini de ce livre.
Fiscale (l’année).—Anglicisme. Dites l’année financière, ou simplement l’exercice. Ce terme embrasse non seulement les opérations du fisc, mais toutes les opérations d’une année en matière de finances publiques.
Fixtures.—Les fixtures (mot anglais) d’un magasin, ou plutôt d’une boutique, sont des meubles à demeure et attache fixes. Dites: comptoirs et rayons, et non fixtures. On dit aussi installation.
Flacoter.—N’est pas français. Dites clapoter. Se dit du bruit que fait un liquide lorsqu’on agite le vase qui le contient.
Flamber.—Signifie, en français, entre autres choses: faire passer par le feu: flamber un poulet. L’expression: Il s’est flambé la cervelle n’est pas française. Dites: Il s’est brûlé la cervelle.
Flask.—Terme anglais; se traduit par flacon de poche ou de voyage, ou par gourde (bouteille clissée servant en voyage).
Flat.—Terme anglais. Dites bachot pour désigner un petit bateau plat, et non flat.
Flau.—Corruption de fléau, instrument servant à battre le grain, formé d’un manche, et d’un battoir reliés l’un à l’autre par des courroies.
Au lieu de flau d’une balance, dites fléau.
Flauber.—N’est pas français. Dites, battre, rosser quelqu’un, et non le flauber.
Fleur.—La fleur de farine est, en français, la partie la plus belle et la plus fine de la farine. C’est une faute d’appeler fleur la farine ordinaire. Dites: un quart de farine, cent livres de farine; et non un quart de fleur...
Floral.—V. Tribut.
Flottant.—Corruption de flétan. Espèce de poisson.
Flouque.—Tiré de l’anglais fluke. Dites raccroc: au billard, coup inattendu. Faire une bille par un raccroc, par raccroc, de raccroc, et non faire une flouque.
Flush.—Mot anglais qui se prononce floche. S’emploie à tort pour signifier plein d’argent, libéral, prodigue.
Flûte.—Ce qu’on appelle à tort flûte de fer-blanc est en français un flageolet, c’est-à-dire une flûte sans clefs. La flûte ordinaire a des clefs.
Foin.—Ne dites pas: Le temps des foins, mais le temps de la fenaison, ou simplement, la fenaison. Dans tout le cours de la fenaison. Ce mot désigne aussi l’ensemble des travaux pour la récolte des foins.
Folâtreux.—N’est pas français. Dites folâtre: qui aime à jaser, à badiner.
Foncé.—N’est qu’adjectif en français. Ne dites pas: Elle était habillée en foncé, je voudrais avoir du foncé, mais: ses vêtements, sa robe, étaient d’une couleur foncée; je voudrais avoir une couleur foncée.
Dites: Une robe de couleur foncée, et non, une robe foncée.
Fonds.—Ne dites pas: fonds baptismaux, mais fonts baptismaux. Fonts vient du latin fons, fontis.
Foolscap.—Terme anglais. Le papier foolscap s’appelle en français papier ministre.
Forçail.—N’est pas français. Au lieu de l’expression au forçail, dites: à la rigueur, en toute rigueur, au pis aller, en dernière ressource.
Force.—Venir en force se dit en français de l’ennemi. Si vous voulez parler d’une loi, d’un règlement, dites: Entrer en vigueur. Ne dites pas: Dans la force de la chaleur, de la maladie, etc., mais dans le fort de la chaleur......
Foreman.—Terme anglais. Au lieu de foreman dans une imprimerie, dites: prote; foreman d’un atelier dites: contre-maître; foreman d’un jury, dites: chef du jury.
Forger.—C’est un anglicisme de donner à ce mot le sens de contrefaire, imiter une signature; falsifier les écritures, commettre un faux en écriture; se rendre coupable de faux, faire un faux.
Formance.—N’est pas français. Au lieu de: Il n’avait plus formance d’homme, on peut dire: Il n’avait plus la forme, l’apparence d’un homme; ou même dans certains cas: Ce n’était plus qu’une masse de chair.
Forsure.—Corruption de fressure. C’est l’ensemble des gros viscères, cœur, foie, rate et poumons.
Fort-à-bras.—Corruption de Fier-à-bras. Bescherelle donne le pluriel, des fiers-à-bras, et Littré, des fier-à-bras.
Fortiller.—Corruption de frétiller. Les poissons frétillent lorsqu’on les sort de l’eau. Le chien frétille de la queue.
Fourchetée.—Signifie en français: ce que peut enlever une fourchette. Dites: fourchée, si vous voulez désigner la quantité de foin, de paille que peut contenir une fourche. Donner une fourchée de foin à un cheval.
Fournaise.—La fournaise est, en français, un grand four où l’on peut allumer un feu considérable. Les trois enfants furent jetés dans la fournaise. C’est un terme impropre pour désigner le calorifère: toute espèce de construction, d’appareil propre à chauffer l’intérieur des appartements, les étuves, les séchoirs, etc., de manière à utiliser la plus grande partie possible de la chaleur produite par la combustion. Calorifère à air, à eau, à vapeur. Maison chauffée au moyen d’un calorifère à eau.
Fournir.—Ne dites pas: fournir une chambre, un appartement, pour meubler, garnir. Fournir est dans ce sens un anglicisme.
Foxer.—N’est pas français. On doit dire: faire l’école buissonnière. Aller jouer ou se promener au lieu de se rendre à l’école. On dit aussi renarder.
Fraîche.—Est un terme de marine pour désigner un certain vent. Ne dites pas: Prendre la fraîche, se mettre à la fraîche, mais prendre, respirer le frais; se mettre au frais.
Frais.—Ce mot, en français, est toujours au pluriel, excepté dans le sens de fraîcheur. On ne doit donc pas dire: C’est un grand frais de faire ce voyage; mais: c’est un voyage qui exige beaucoup de fatigues, de dépenses; ce n’est pas peu de faire un tel voyage (suivant le cas). Dites: La peine d’aller là, et non: le frais d’aller là.
Ne dites pas: Etre en frais d’écrire, de jouer du piano, mais être en train d’écrire, de jouer du piano.
Il ne faut pas donner à se mettre en frais de, le sens de s’apprêter à, se préparer, se disposer à. Je l’ai trouvé qui se disposait, se préparait, à écrire une lettre.
Frame.—Terme anglais (se prononce fraime). Se traduit par cadre (d’un tableau); charpente (d’une maison, d’un toit); bâti (d’une machine, d’un châssis).
Franc.—Ne dites pas cheval franc, mais cheval franc du collier. Cheval qui tire de lui-même sans qu’il soit besoin de lui donner des coups de fouet.
Dites du bois dur, et non du bois franc.
Fredoche.—V. Fardoche.
Freight.—L’expression anglaise freight car se traduit par fourgon, ou wagon de marchandises; et freight shed par gare aux marchandises.
Freight se traduit par marchandises, quand il s’agit de marchandises transportées par terre (chemin de fer qui transporte des marchandises); et par fret, quand elles sont transportées par eau (bateau qui a beaucoup de fret).
Frelasser.—N’est pas français. Dites qu’une voile bat au vent, lorsque le vent tombe et que la voile est agitée; mais dites qu’elle fasie, lorsque le plan de cette voile est amené volontairement dans la direction du vent et qu’elle bat le long du mât.
Fréquentation.—Ce mot n’a pas, en français, le sens de cour que fait un jeune homme à une jeune fille. On peut dire relations habituelles entre amoureux; visites assidues d’un amoureux.
Fréquenter.—Fréquenter une jeune fille. C’est à tort que nous donnons à ce mot le sens de faire la cour à, courtiser. On lit dans Bescherelle: “Fréquenter, verbe neutre, se dit dans quelques provinces pour faire la cour à une femme, se disposer à se marier. Cet homme fréquente. Ce jeune homme fréquente.”
Fret.—Est un terme de marine. C’est un anglicisme de lui donner le sens de marchandises transportées par terre; il ne doit être appliqué qu’au louage ou au chargement d’un navire.
Au lieu de char de fret, dites: wagon de marchandises, ou fourgon; au lieu de train de fret, dites, train de marchandises.
Friche.—Un terrain en friche désigne, en français, un terrain sans culture. Dites: Terre en pâturage, en pacage, en pâture, et non terre en friche.
Fricher.—N’est pas français. Dites: Laisser un terrain en friche, et non le laisser fricher. V. Friche.
Frill.—Terme anglais. Se traduit par fraise: une espèce de collet à plusieurs doubles et à plusieurs plis. Une fraise de dentelles déchiquetées à jour. Frill se traduit aussi par ruche. Porter une ruche de tulle autour du cou.
Frison.—Désigne, en français, une espèce d’étoffe, un rebut de chiffons, etc. C’est une faute de lui donner le sens de moutons, de vagues blanchissantes; vagues ayant de l’écume.
Froc.—Est, en français, du masculin, et désigne l’habit des moines: Prendre le froc. Ce qu’on appelle, ici à tort, froc se nomme en français blouse, vareuse, redingote.
Froid.—Prendre du froid est une expression vicieuse. Dites: prendre froid.
Fromagier.—Fromagier s’emploie dans une partie de la France, mais il faut dire fromager si l’on veut parler correctement.
Fronde.—Désigne, en français, un instrument servant à lancer des pierres, des balles. Ne signifie pas furoncle (masculin), ou clou.
Frotter.—Ne dites pas: frotter, mais cirer, décrotter les chaussures.
Frotteur.—Ne dites pas frotteur pour désigner celui qui décrotte les chaussures, mais décrotteur.
Fugère.—Corruption de fougère.
Fuseau.—Ne dites pas fuseau, ni canelle, mais bobine, pour désigner le petit cylindre de bois qui est garni d’un rebord à ses deux extrémités et sur lequel on enroule le fil, la soie.
Futur.—L’expression dans le futur est un anglicisme (in the future). Dites à l’avenir, désormais, dorénavant.
Gadille, Goudille.—Ne dites pas gadille, ni goudille, mais roupie, pour désigner l’humeur qui découle du cerveau et pend au nez par gouttes. Gadille est, en français, un des noms vulgaires du rouge-gorge. Goudille n’est pas français.
Gagne.—Désigne en français l’action de gagner, et est du féminin. C’est donc une faute de dire: Il y a du gagne à cet endroit, signifiant: qu’on y trouve facilement de l’emploi; que les ouvriers, les manœuvres y sont recherchés.
Gagne s’emploie aussi, mais à tort, dans le sens de gain au jeu.
Gagné.—Est un participe passé. Ne peut être employé comme substantif. On ne peut pas dire: Dépenser le vieux gagné, pour: dépenser l’argent amassé, les épargnes, les économies.
Gaiters.—Terme anglais. Dites bottines à élastiques, et non gaiters.
Galanter.—N’est pas français. Dites: Prodiguer des galanteries à; entourer de galanteries; être galant avec; faire un brin de cour à.
Gale.—Est une maladie contagieuse de la peau. On emploie ce mot à tort pour désigner les escarres ou croûtes brunes qui se forment sur les plaies lorsqu’elles se cicatrisent. Quand une plaie se couvre de croûtes on dit, en français, qu’elle s’escarrifie, qu’il y a escarrification.
Galerie.—Est, en français, une pièce dans une grande maison; un chemin souterrain; un local réservé à une collection d’objets d’art; un balcon dans un théâtre, etc. C’est une faute d’appeler galerie la construction qui fait le tour des maisons ou en longe la façade. Il faut dire balcon, véranda, ou péridrome. Le balcon est petit, et s’applique plus généralement sous les fenêtres ou portes-fenêtres. La véranda est couverte, vitrée ou non vitrée, et règne sur toute la longueur de l’habitation. Le péridrome est couvert, et règne autour de l’édifice. Ce dernier terme est peu usité.
Galette.—Dites ricochet, et non galette, pour désigner le bond que fait une pierre plate jetée obliquement sur la surface de l’eau.
Galféter.—Corruption de Calfater. V. ce mot.
Galipote.—N’est pas français. Au lieu de courir la galipote, dites, suivant le cas: s’amuser d’un côté et de l’autre; perdre son temps; boire; courir la prétantaine (ou prétentaine).
Galon.—Dites chaîne de poche en roulette, ou simplement roulette mais jamais galon, pour désigner la mesure qui s’enroule dans une petite boîte circulaire en bois, et plus fréquemment en cuir.
Gang.—Ce mot anglais est employé souvent par des personnes qui savent cependant qu’il n’est pas français. Au lieu d’une gang de monde, d’enfants, on peut dire: un rassemblement, une foule, un attroupement; au lieu d’une gang d’amis, on dira une troupe d’amis, bon nombre d’amis, plusieurs amis.
Dans une scierie, ce qu’on appelle à tort gang de scies doit se dire: un jeu de scies.
Gangway.—Le pont volant que l’on pose entre un quai et un navire pour l’embarquement ou le débarquement, et que les anglais d’ici appellent gangway, se nomme en français: planche volante, planche de débarquement; ou simplement planche, si l’objet se trouve suffisamment désigné.
Ganse.—Dites tirant, et non ganse, pour désigner les bandes de cuir ou d’étoffe cousues à l’intérieur d’une tige de botte pour aider à la chausser.
Garantir.—Au lieu de: Je vous garantis que je viendrai, dites plutôt: Je vous assure, je vous promets que je viendrai.
Garde.—Ne dites pas garde, mais sous-garde, pour désigner la pièce de fer, en forme de demi-cercle, placée au-dessous de la détente d’une arme à feu pour la protéger et empêcher qu’elle ne se débande par accident.
Garde-chien.—N’est pas français; dites: suisse pour désigner celui qui veille au bon ordre dans une église.
Garder.—Il ne faut pas employer d’une façon absolue ce mot pour signifier: garder la maison pendant que les autres vont à la grand’messe le dimanche.
Garde-soleil.—N’est pas français. Dites: parasol, ombrelle.
Garde-z-yeux.—N’est pas français. Dites: œillère (partie de la bride qui garantit l’œil du cheval et l’empêche de voir de côté).
Gargoton.—N’est pas français. Dites: pomme d’Adam (saillie du larynx).
Garni.—Ne dites pas du garni, mais des garnis, ou mieux du blocage, pour désigner le menu moellon, les pierrailles pour remplir les vides dans un ouvrage de maçonnerie. Le garni, en français, est l’action de remplir les vides. Pour faire le garni, on se sert de pierrailles, de blocage.
Garrocher.—N’est pas français. Dites: Jeter, lancer des pierres à quelqu’un, et non le garrocher.
Gas.—Ecrivez gars et non gas; et prononcez gâ. Signifie: garçon, jeune homme. Un grand gars.
Gaspil.—N’est pas français. Dites gaspillage.
Gaudriole.—Veut dire en français: plaisanterie sur un sujet un peu libre. C’est une faute de lui donner le sens de grain mêlé, moulu ou non, destiné aux bestiaux.
Gazelier.—Ce mot est anglais, malgré sa tournure française. Le mot français est lustre, surtout quand il s’agit de quelque chose de vaste et de luxueux; dans le cas contraire on dit suspension.
Gazetter.—Anglicisme (to gazette). Au lieu de: Il a été gazetté, dites: sa nomination est officielle, a été publiée dans la gazette officielle. Au lieu de: Telle chose est gazettée, dites: telle chose est publiée officiellement, est annoncée officiellement.
Gente.—N’est français que comme féminin de l’adjectif gent, qui veut dire gentil (a vieilli dans ce sens). Comme substantif et pour signifier race, espèce, c’est gent qu’il faut employer: la gent hypocrite, la gent moutonnière. Le t se prononce seulement devant une voyelle ou une h muette.
Gentil.—Signifie en français: mignon, doux, bon, etc., mais n’a pas le sens de: loyal, droit. Il est loyal, droit, il tient sa parole, et non: il est gentil.
Gentilhomme.—(Le pluriel gentilshommes se prononce jantizomme). En français, ce mot désigne un homme de race noble. C’est un anglicisme (gentleman) de lui donner le sens de: homme droit, loyal, honorable, de bon ton, distingué, qui sait vivre. Il a ce sens en français quand il est précédé d’un qualificatif, comme dans ces mots: C’est un vrai gentilhomme.
Gentilhommerie.—Signifie, en français: qualité de gentilhomme, d’homme noble; l’ensemble des gentilshommes. C’est une faute de donner à ce mot le sens de loyauté, distinction, droiture, honorabilité.
Gentillesse.—C’est une faute de donner à ce mot le sens de loyauté, droiture, honorabilité. Dans cette affaire, il a agi avec droiture, et non avec gentillesse.
Gérer à.—C’est moi qui gère à mes affaires; c’était lui qui gérait à cela, sont des expressions vicieuses. On ne peut gérer à. Il faut dire: C’est moi qui gère mes affaires; c’était lui qui voyait à cela, qui réglait cela.
Germe.—Ne dites pas germe, mais bourbillon, pour désigner le corps blanchâtre et filamenteux qu’on trouve au centre d’un furoncle, d’un clou.
Germine.—Dites cousine germaine, et non cousine germine.
Gerrymandering.—Terme anglais qui se traduit par remaniement ou répartition des districts ou colléges électoraux, ou des circonscriptions électorales. Reconstruction topographique de l’électorat est une expression donnée par Alphonse Lusignan comme provenant d’un journal parisien.
Geste.—Signifie entre autres, en français: mouvement extérieur du corps servant à exprimer nos sentiments, nos désirs, etc. Faire des gestes signifie gesticuler. C’est une faute de donner à cette expression le sens de: Se donner des airs, poser. Gestes ne veut pas dire en français manières affectées.
Gesteux.—N’est pas français. Dites: affecté, apprêté, maniéré, recherché, mijaurée (femme pleine d’affectation, doucereuse et maniérée), cérémonieux, empesé, etc. Tous ces mots ont à peu près le sens qu’on donne à gesteux.
Gigier.—N’est pas français. Corruption de gésier.
Gilet.—Ce qu’on appelle ici, à tort, gilet est une veste ou un veston en français. Le gilet en France est ce qu’on appelle ici, à tort, veste.
Glas.—Le glas, et non les glas, annonce la mort d’une personne. Le glas sonne, et non les glas.
Glissette.—N’est pas français. Dites glissade (j’ai fait une glissade et je suis tombé); ou glissoire, si vous voulez désigner l’endroit où l’on glisse.
Gnochon.—N’est pas français. Dites: niais, benêt, borné, naïf, etc. Ce mot s’emploie, mais encore à tort, pour désigner le dernier enfant de la famille.
Godendard.—Ce qu’on appelle à tort godendard se nomme, en français, passe-partout. On trouve dans Larousse que passe-partout, en terme de marine, veut dire, entre autres choses: une espèce de grande scie qui sert à couper les plus gros arbres. (V. Passe-partout). Bescherelle donne le même sens à scie passe-partout, ou scie à tronçonner. Godendard est un provincialisme.
Godronner.—Ce mot a vieilli dans le sens de goudronner. Goudronner un mât, et non le godronner.
Gorgerette.—Est, en français, une espèce de collerette. S’emploie à tort pour bride. V. Gorgette.
Gorgette.—N’est pas français. Dites brides pour désigner les rubans de bonnet ou de chapeau qui s’attachent sous le menton.
Dites une sous-gorge (des sous-gorge), et non une gorgette pour désigner le morceau de cuir qui passe sous la gorge du cheval et retient la bride en position.
Gortons.—Corruption de cretons.
Gosse.—Ne dites pas: gosse de fèves, d’ail, de pois; mais gousse. On dit aussi cosse de fèves.
Gosser.—Il n’y a pas de mot équivalent en français à ce mot canadien. On peut dire: tailler, entailler, couper avec un couteau. Qui a entaillé cette table, ce meuble avec son couteau, qui a coupé cette tablette? Ces expressions peuvent remplacer, plus ou moins bien, gosser. Nous donnons aussi à gosser le sens de: s’amuser à faire des copeaux avec un couteau.
Gouffre.—Est, en français, un substantif. C’est donc une faute de dire qu’une pointe (de couteau, d’outil, etc.) est gouffre, pour obtuse; que le taillant d’un instrument tranchant est gouffre, pour émoussé ou épais, suivant le cas.
Goule.—Signifiait autrefois gourmandise. N’est pas français dans le sens de bouche. Signifie appétit (fam.).
Gouleron.—N’est pas français. Dites goulot (de bouteille, de cruche).
Goût.—L’expression marchandises de goût et d’étape se met souvent dans l’annonce des marchands de nouveautés. Elle est une imitation de l’anglais (fancy and staple goods). Il n’y a pas lieu de traduire cette expression; il n’y a qu’à se servir du mot nouveautés, qui comprend toute espèce de tissu de lin, de soie, de coton, de laine, etc. (marchandise désignée par staple); et aussi toutes sortes d’objets de fantaisie, en mercerie (haberdashery), bijouterie, etc., qui sont les fancy goods de l’expression précitée.
Goûter.—Dans le sens d’avoir goût de... est un anglicisme. Ainsi on ne doit pas dire: cette liqueur goûte le vinaigre, mais cette liqueur a goût de vinaigre.
Gouvernement.—Le gouvernement désigne: l’action, la manière de gouverner, la constitution d’un état, la réunion de ceux qui gouvernent. Il ne faut pas dire: les lois du Gouvernement, mais les lois de l’Etat.
Grade.—Mot anglais qui se prononce graide. Se traduit par pente ou rampe, en terme de chemin de fer. Rampe, pente faible, forte.
Graduer.—Ne dites pas: Ma fille a gradué, graduera l’année prochaine; mais a été graduée, sera graduée. De même pour les élèves des facultés de théologie, de droit, de médecine, de sciences et de lettres. La faculté les gradue, ou ils se font graduer, ou ils prennent leurs degrés: Il est gradué de l’université, et non, il a gradué à l’université.
Graffigner.—Est français, mais populaire. Dites égratigner.
Graffignure.—N’est pas français. Il a une égratignure sur le visage, et non: une graffignure.
Grain.—Il tombe des grains de pluie est une expression vicieuse. Il faut dire: il tombe des gouttes de pluie. Un grain, en français, signifie une pluie soudaine accompagnée de vent.
Ne dites pas le grain, mais la cheminée d’un fusil: petit cylindre saillant, dans le centre duquel est creusé le trou de la lumière et sur lequel on place la capsule d’amorce dans les armes à percussion.
Grand.—Ne dites pas: Cette étoffe se vend à grand marché, mais se vend bon marché, ou à bon marché.
Grandement.—C’est une faute de dire être grandement, pour: être spacieusement, au large, avoir assez ou beaucoup d’espace, habiter un logis suffisamment grand ou très grand (suivant le cas).
Grandeur.—Dites format cabinet, plutôt que grandeur cabinet, pour désigner une photographie d’une certaine dimension.
Grappin.—Est en français une petite ancre, etc. N’a pas dans le dictionnaire le sens de crampon (qu’on attache aux pieds pour ne pas glisser en marchant sur la glace), mais est usité dans ce sens en France.
Graquia.—V. Toque.
Gras de Jambe.—Signifie mollet, en français. L’expression ironique: cela lui fait un beau gras de jambe n’est pas française. On peut dire: c’est une belle affaire, une bonne aubaine pour lui! Cela lui fait une belle jambe!
Gratte.—Dites petite houe ou houette (instrument de fer, large et recourbé, pour remuer la terre), et non gratte, qui est une espèce de sarcloir en français.
Gratte-pied.—N’est pas français. Dites: décrottoir pour désigner la lame de fer, ou la boîte garnie de brosses sur laquelle, en entrant dans une maison, on décrotte sa chaussure.
Gravé.—Ne dites pas: chemin gravé, mais chemin macadamisé, empierré.
Gravois.—Signifie en français: la partie la plus grossière du plâtre après qu’on l’a sassé; menus débris de démolition. Il faut dire gravier ou gravats, et non gravois, pour désigner le sable à gros grain composé en grande partie de petits fragments arrondis de différentes roches.
Gravouiller.—N’est pas français. Chercher, gratter peuvent remplacer gravouiller dans la plupart de ses acceptions.
Grébiche.—Dites: C’est une harpie, une femme acariâtre, désagréable, et non, c’est une grébiche. Ce mot désigne, en français, un portefeuille sur le dos duquel sont tendus des fils pour passer des cahiers.
Gredin.—Se dit, en français, d’un homme sans honneur, d’une personne qui ne mérite aucune considération; mais n’a pas le sens de ladre, mesquin, lésineur, sens qu’on lui donne à tort ici.
Gréement.—Gréement ou grément est un terme de marine: ce qui est nécessaire pour gréer un navire. Au lieu de l’expression vicieuse: gréement d’outils, dites: affûtage. L’affûtage comprend la varlope, le rabot, le guillaume, etc.
Gréer.—Est un terme de marine. Signifie: mettre un bâtiment en état de naviguer en le garnissant de voiles, etc.; n’est pas français dans le sens de mettre (la table), meubler (une chambre), habiller (un enfant pour sortir), assortir (un magasin), etc.
Au lieu de se gréer, dites: s’acheter du linge pour son usage, etc. Il est fait un grand abus de ces mots gréer et se gréer.
Greffier.—Est, en français, un fonctionnaire qui tient le greffe, qui écrit les arrêts, les actes de la justice, et assiste le juge. Au lieu de greffier de la Chambre des députés, dites: Secrétaire-rédacteur de la Chambre.
Grelot.—N’est pas français pour désigner une petite pomme de terre. Grelot est une petite boule de métal creuse, renfermant un morceau mobile de métal.
Grémillons.—C’est une faute d’appeler grémillons, les grumeaux de glace qui se forment quelquefois après une pluie en hiver, dans le chemin, sur la glace de la rivière ou sur la neige. Grémillon n’est pas français.
Gretons.—Corruption de cretons.
Gribouille.—Désigne, en français, un homme peu avisé, facile à tromper. C’est une faute de dire: Il y a de la gribouille dans le parti; ils sont en gribouille, au lieu de: Il y a de la bisbille, de la dissension dans le parti; ils sont brouillés, il y a de la bisbille entre eux, ou ils ne s’entendent plus, etc.
Gricher.—Ce mot, qui signifiait autrefois grincer, n’est plus usité. Dites grincer des dents et non gricher des dents.
Grichoux.—N’est pas français. On peut dire: quel enfant maussade, revêche! etc., au lieu de quel grichoux!
Griller.—N’est pas français dans le sens de brûler le teint, en parlant du soleil. Au lieu de: se laisser griller, dites: se laisser hâler, basaner par le soleil. Teint basané, hâlé, et non grillé...
Au lieu de: griller un cochon, un poulet (pour enlever le poil, les restes de plumes), dites: flamber.
Grimpigner.—N’est pas français. Dites grimper.
Grincher.—Est, en français, un terme de boulangerie. Ne dites pas grincher des dents, mais grincer.
Gripper (se).—Signifie en français: se prévenir défavorablement, sans raison. Dites: saisir une branche, se cramponner à une branche, gripper une branche, et non se gripper à une branche.
Groceur, Grocerie.—Ne sont pas français. Tirés des mots anglais grocer, grocery. Dites: épicier, épicerie. Ce dernier mot désigne la marchandise de l’épicier aussi bien que sa boutique.
Grosse-gorge.—Est en français une espèce d’oiseau. Dites goître, masc., et non grosse-gorge, qui est un provincialisme dans le sens de goître.
Gueule.—En parlant des personnes, on ne se sert du mot gueule que populairement ou par mépris: Cet homme a la gueule fendue jusqu’aux oreilles. En parlant des chevaux ou autres animaux qu’on monte ou qu’on attelle, on dit la bouche: la bouche d’un cheval, d’un âne, d’un mulet, d’un bœuf. On dit aussi la bouche d’un éléphant, d’un lapin, d’un singe, d’un mouton, etc., d’une grenouille. De même en parlant de certains poissons: la bouche d’une carpe, d’un saumon.
On emploie le mot gueule en parlant de la plupart des quadrupèdes carnassiers et de la plupart des poissons: la gueule d’un chien, d’un chat, d’un loup, d’un lion, d’un requin, d’un brochet.
Ne dites pas qu’un cheval est dur de gueule; dites qu’il est gueulard.
Bec se dit pour les oiseaux, les tortues.
Guichet.—Ne dites pas guichet, mais vasistas (masc.), pour désigner le carreau de châssis qui s’ouvre quand on veut donner de l’air.
La petite ouverture longue et étroite pratiquée dans la barre centrale d’un double châssis, et qui se ferme avec une planchette retombante, n’a pas de nom spécial en français. On peut dire guichet.
Guillaume.—Corruption du mot anglais gingham. Etoffe de coton généralement de belle qualité, lisse, glacée, pour robes, cravates, etc.; avec fils de couleur teints presque toujours en nuances claires. Se nomme en français, guigan; ou guingamp, parce qu’elle était fabriquée originairement à Guingamp (ville de France). (guin-gan).
Habillement.—Désigne, en français, l’ensemble des choses dont on est habillé, vêtu. L’habillement des Egyptiens était fort simple. Mais lorsqu’on veut signifier l’ensemble du pantalon, du gilet et du veston ou paletot, il faut dire: un complet; ou un habillement complet, et non simplement un habillement. Je me fais faire un complet, un habillement complet.
Habit.—Ne dites pas habit à queue, mais frac ou habit de soirée, ou simplement habit. L’habit, le frac est de rigueur ce soir. Il ne faut pas confondre habit nouveau et nouvel habit. Un habit nouveau est un habit de nouvelle mode. Un nouvel habit est un habit neuf, ou un habit différent de celui que l’on vient de quitter.
Hache.—Ce qu’on appelle ici à tort une grande hache se nomme en français une doloire: hache à lame très large dont se servent les charpentiers pour doler ou unir le bois.
L’expression: fait à la grande hache, dans le sens de grossièrement fait, doit se dire en français: fait à la serpe, taillé à coups de serpe. Meuble fait à la serpe.
Haleine.—Ne dites pas d’un cheval qu’il a l’haleine coupée, mais qu’il est cornard, qu’il est atteint de cornage (vice dans l’exercice de la respiration qui se manifeste par un bruit que font entendre en respirant certains chevaux lorsqu’ils courent ou trottent avec vitesse).
Haler.—Est, en français, un terme de marine. Haler une amarre, une ancre. Ce mot est employé à tort dans le sens de tirer (une porte, quelqu’un par le bras, sur un câble), de tirer bien, en parlant d’un cheval.
Hangar.—Au lieu de hangar à fret, en termes de chemin de fer, dites hangar à marchandises. V. Fret.
Hardes.—La locution hardes faites n’est pas française. Il faut dire vêtements confectionnés, ou confections. Magasin, marchand de vêtements confectionnés, de confections. En termes de tailleur, la confection c’est l’action de faire des habillements à l’avance; c’est l’habillement lui-même; c’est aussi la partie d’un magasin où sont ces habillements.
Haria.—Ce mot s’épelle aria. C’est une faute de le prononcer connue s’il commençait par une h aspirée. Signifie en français: embarras, amas d’objets entassés pêle-mêle. Quel aria!
Harnois.—Est aujourd’hui inusité, sauf dans quelques locutions. Dites Harnais.
Harrier.—N’est pas français. Dites: hallier, fourré: lieu planté de harts, de branches, d’arbrisseaux très épais.
Haut.—Ne dites pas: Jeter haut en bas, mais de haut en bas, ou du haut en bas.
Hauteur des terres.—Cette locution ne s’emploie plus. Dites: partage des eaux, ou ligne de faîte.
Hello!—Terme anglais. Se traduit par allô, interjection employée dans l’usage du téléphone, pour attirer l’attention de la personne avec laquelle on va converser.
Hère.—N’est pas français dans le sens d’acariâtre, qui s’impatiente facilement. Il signifie: homme sans fortune. Un pauvre hère.
Heure.—A bonne heure est une expression vicieuse. Il faut dire de bonne heure. Se coucher de bonne heure. A bonne heure s’emploie dans une partie de la France, mais n’est pas reçue. L’expression à la bonne heure est française, et signifie à propos (arriver à la bonne heure); aussi marque l’approbation (vous le voulez, à la bonne heure; je ne m’y oppose point).
Dites: Il est arrivé de meilleure heure qu’hier, et non plus de bonne heure qu’hier; il est venu de trop bonne heure, et non trop de bonne heure; venez d’assez bonne heure, et non assez de bonne heure.
Hint.—Ce mot anglais se traduit de différentes manières. Donner un hint à propos de quelque chose peut se dire en français: Attirer l’attention d’une manière détournée sur quelque chose; faire entendre, ou suggérer quelque chose à mots couverts ou d’une manière indirecte. Donner un hint signifie aussi: donner de bons avis dans une affaire.
Hivernement.—Ne dites pas hivernement, mais hivernage, pour désigner le temps qu’un navire est en relâche durant l’hiver; que les bestiaux sont dans une étable à cause du froid. Le Montréal est en hivernage à Sorel; l’hivernage des bestiaux dure de cinq à sept mois dans la province de Québec. Hivernement, en français en termes de zoologie, se dit de l’engourdissement de certains animaux pendant l’hiver, comme la marmotte, l’ours, etc.
Hiverner.—N’est pas français dans le sens de garder durant l’hiver (hiverner dix vaches). Dites: Garder dix vaches en hivernage. Mais on dira: Les oiseaux vont hiverner dans des climats plus doux.
Hobby.—Terme anglais. Au lieu de: C’est son hobby, dites: C’est son dada, c’est son idée favorite, c’est sa marotte, c’est ce qu’il aime de préférence.
Homme.—L’expression: On demande de bons hommes est incorrecte. Bon homme signifie: homme simple, d’un caractère droit et candide; ne peut désigner en français: un homme laborieux; habitué à, habile à l’ouvrage; un bon travailleur. Si l’on écrit: On demande des bonshommes, bons et hommes ne forment qu’un seul mot, qui signifie: des hommes simples, peu avisés. V. Cage.
Horse-power.—V. Moulin.
Horum.—Corruption du mot anglais hoarhound, qui se traduit par marrube. Hoarhound candy se traduit par sucre de marrube.
Hose.—Mot anglais. Dites une manche ou un tuyau d’arrosage quand il s’agit du tuyau servant à arroser les trottoirs; et boyau d’incendie dans l’autre cas.
Hot-scotch.—Terme anglais. Se traduit par whiskey écossais chaud, ou par punch au whiskey écossais. Le mélange de boisson forte, de sucre et d’eau s’appelle punch quand la boisson est chaude, et grog quand elle est froide.
Hucher.—Signifie en français: appeler à haute voix ou en sifflant; n’est usité qu’à la chasse. Au lieu de: Huche ton père, dites: appelle ton père.
Huile.—Huile de charbon. Anglicisme (coal oil). Se dit en français pétrole. Du pétrole. Huile de pétrole ne se dit plus.
Huilier.—Quelques-uns disent à tort: Un beau huilier, une burette du huilier. L’h n’est pas aspirée. Dites: Un bel huilier, une burette de l’huilier.
Huissier.—L’h n’est pas aspirée. L’huissier, de l’huissier, et non: le huissier, du huissier.
Hydrant.—Terme anglais. Se traduit par: borne-fontaine.
Hypolite.—Ecrivez Hippolyte, et non Hypolite, Hyppolite, Hypollite. Cette dernière orthographe contient quatre fautes. Hippolyte vient du grec hippos, cheval, et luô, je délie.
Identifier.—Signifie en français: rendre identique, comprendre deux choses sous une même idée. C’est un anglicisme de donner à ce mot le sens d’établir, constater l’identité de. Au lieu de: Le cadavre a été identifié, la personne arrêtée hier a été identifiée, il faut dire: On a constaté l’identité du cadavre, on a reconnu le cadavre, on a établi l’identité de la personne arrêtée hier.
Ignorer.—Bescherelle dit: “Dans le style soutenu, et surtout en poésie, il signifie quelquefois: Ne pas connaître, et en ce cas il peut avoir un nom de personne pour complément: se dit quelquefois en ce sens dans le langage ordinaire.” C’est un anglicisme de donner à ignorer quelqu’un le sens d’affecter de ne pas voir: de ne pas penser à; de laisser de côté (dans une invitation), etc.
Imaginer.—Ce verbe ne doit jamais être suivi de que, ni d’un infinitif; on ne doit pas dire: j’imagine qu’il le fera; il imagine être bien vu: mais, je m’imagine, il s’imagine.
Imbattable.—N’est pas français. Signifie: qui ne peut être vaincu, surpassé.
Immatériel.—Signifie, en français: qui est sans mélange de matière. C’est un anglicisme de donner à ce mot le sens de sans importance. Au lieu de: Détail immatériel; c’est immatériel, dites: Détail qui a peu d’importance; c’est secondaire.
Imparfait.—C’est une faute de donner à ce mot le sens de maussade, taquin; que cet enfant est maussade! et non: imparfait.
Incendiat.—N’est pas français. Il n’y a pas de mot correspondant en français. Au lieu de: Il est accusé d’incendiat, on peut dire: Il est accusé d’être un incendiaire ou du crime d’incendie.
Incompétent, Récusable.—Le témoin incompétent est celui qui n’a pas les connaissances voulues pour être témoin. Le témoin récusable est celui qu’on peut refuser d’entendre pour cause de parenté, etc.
Inconsistant.—Veut dire, en français: qui n’a pas de consistance morale. C’est un anglicisme de donner à ce mot le sens d’inconséquent.
Incontrôlable.—Voici des anglicismes à éviter: L’incendie est incontrôlable (dites: l’incendie ne peut être maîtrisé); cheval incontrôlable (dites: cheval qu’on ne peut dompter ou maîtriser, dont on ne peut se rendre maître). V. Contrôle et Contrôler.
Inconvénient.—Ne dites pas: Je ne vois pas d’inconvénient de partir maintenant, mais: Je ne vois pas d’inconvénient à partir, ou: je ne vois pas l’inconvénient de partir.
Incorporation.—Signifie en français: action d’incorporer. (V. ce mot.) L’expression acte d’incorporation est un anglicisme (Incorporation act). Dites: constitution légale, ou autorisation d’une société, d’une compagnie; constitution en corporation.
Incorporer.—Signifie en français: mêler intimement, faire entrer une partie dans un tout. C’est un anglicisme de donner à ce mot le sens de constituer ou ériger en corporation. Au lieu de: compagnie incorporée, on peut dire: compagnie érigée ou constituée en corporation.
Indictment.—Mot anglais. Se traduit par acte d’accusation.
Indivisable.—N’est pas français. Dites: indivisible. Un point est indivisible.
Infliger.—Signifie en français: ordonner, prescrire une peine, une punition, pour quelque transgression, quelque faute. Infliger une pénitence, un supplice, un châtiment. Ce sont des anglicismes de dire: Coup infligé par une main inconnue; blessure infligée à la tête, par des glaçons tombés d’un toit; pour coup reçu... blessure faite, reçue...
S’infliger signifie s’imposer: s’infliger des privations. Ne dites pas: Il s’est infligé des blessures en tombant, mais: Il s’est fait, il a reçu des blessures...
Informalité.—N’est pas français. C’est un anglicisme (informality). Dites: manque de forme, vice de forme.
Informé.—C’est un anglicisme de donner à l’expression bien informé le sens d’instruit, bien renseigné, possédant des connaissances variées.
Informeur.—Est un anglicisme (informer). Dites: dénonciateur, délateur.
Infraction.—Signifie en français: transgression, violation, action d’enfreindre. On ne peut dire: Infraction à la langue, pour: fautes contre la langue.
Ingénieur.—Celui qui conduit une locomotive, une machine, n’est pas un ingénieur, mais un mécanicien, un machiniste. Dans ces acceptions, ingénieur est un anglicisme (engineer). L’ingénieur, à proprement parler, est celui qui trace, conduit les travaux de fortifications, chemins de fer, aqueducs, etc. Il y a les ingénieurs civils, militaires, des mines, des ponts et chaussées, géographes, etc.
Ingénieur sanitaire. Il vaudrait mieux dire ingénieur du bureau d’hygiène.
Ingérer (s’).—Signifie en français, entre autres choses: se mêler de choses qui ne nous regardent pas. On donne à tort à ce mot le sens de: se charger de la gérance de, de la conduite de, etc. C’est lui qui voit à cette affaire, qui dirige cette affaire, etc., et non qui s’ingère de cette affaire.
Injurier.—Anglicisme dans le sens de faire du mal à, blesser. Il s’est blessé, il s’est fait mal en descendant du tramway, et non il s’est injurié.
Inrassasiable.—N’est pas français. Dites: Insatiable.
Insécrable.—N’est pas français. Dites: Exécrable. Tyran exécrable.
Inserviable.—Signifie en français: qui n’est pas serviable, c’est à-dire: qui n’aime pas à rendre service. Ne se dit que des personnes. Dites: Outil hors de service, qui ne peut plus servir, impropre à tout usage, et non, inserviable.
Instalement.—Pas français. De l’anglais instalment. Il faut dire versement ou terme. On dit aussi tempérament pour l’achat de marchandises. Acheter à tempérament.
Intention.—L’expression: Dans l’intention de la loi est un anglicisme. Dites: D’après l’esprit de la loi.
Interbolisé.—N’est pas français. Dites: Il demeura interdit (et non interbolisé) en entendant ces paroles. Quelques-uns donnent, à tort, à interboliser le sens d’ennuyer, de déranger.
Interjeter.—La lettre t se double devant une syllabe muette: j’interjette, il interjette.
C’est une faute de dire: Ce jugement va être interjeté en appel, ou devant le conseil privé d’Angleterre. On n’interjette pas un jugement. Il faut dire: Appel de ce jugement va être interjeté, ou bien: X... va interjeter appel de ce jugement devant le....
Intermission.—Signifie en français: interruption, discontinuation: Il travaille sans intermission. C’est un anglicisme de lui donner le sens d’entr’acte (masculin).
Introduction.—Signifie, en français, entre autres choses: action d’introduire quelqu’un. Son introduction dans leur société ne doit pas vous surprendre. C’est un anglicisme de donner à ce mot le sens de: présentation d’une personne à une autre; action de faire connaître deux personnes l’une à l’autre en indiquant leurs noms et qualités.
Introduire.—Signifie, entre autres choses: faire admettre une personne dans une société, auprès de quelqu’un: Introduire quelqu’un à la cour. Mais c’est un anglicisme d’employer ce mot pour signifier présenter une personne à une autre.
Ne dites pas: introduire, mais présenter un bill (à la chambre).
Inventionner (s’).—N’est pas français. Dites: S’aviser (de traverser une rivière dans une mauvaise embarcation), et non s’inventionner; s’aviser (de monter sur un toit), et non s’inventionner.
Investir.—En français, signifie: cerner avec des troupes ou mettre solennellement quelqu’un en possession d’une dignité. Investir de l’argent dans une entreprise, est un anglicisme (to invest). Dites: Placer de l’argent, faire un placement dans une entreprise.
Investissement.—Signifie: action d’investir, de cerner: Investissement d’une ville. N’est pas français dans le sens de placement. C’est un anglicisme (investment.) Ses placements n’ont pas été heureux, et non ses investissements.
Iste.—Corruption du mot anglais yeast. Dites levure: écume que fait la bière quand elle bout, et dont les boulangers et les pâtissiers se servent quelquefois au lieu de levain.
Item.—Au pluriel ce mot ne prend pas d’s. Des item. C’est un anglicisme de mettre une s au pluriel.
Jaconet.—Corruption de Jaconas (Ja-co-na). Espèce de mousseline demi-claire.
Jambe.—Ne dites pas: Jambe de botte, mais tige de botte.
Au lieu de: Cet homme a les jambes croches, dites: a les jambes tortues, contrefaites, arquées, ou cet homme est bancal ou bancroche.
Jambette.—Signifie en français: petite jambe, petit couteau de poche. Donner une jambette se dit à tort pour donner un croc-en-jambe: passer le pied entre les jambes de quelqu’un pour le faire tomber. Le dictionnaire cite l’expression: donner la jambette, signifiant: donner un croc-en-jambe. Cette expression est inusitée.
Jap.—N’est pas français. Dites jappement. Entendre le jappement d’un chien.
Jaquette.—C’est une faute d’appeler jaquette, la chemise de nuit. La jaquette, en français, est un vêtement à taille qui descend jusqu’aux genoux, et qu’on appelle ici, à tort: morning coat.
Jardinages.—Il faut employer ce mot au singulier. Mener une voiture de jardinage au marché. (Acad.). Terrain en jardinage.
Jauge.—Le mot anglais gauge, qui est un terme de chemin de fer, ne se traduit pas par jauge, mais par: largeur de la voie.
Job.—Mot anglais, dont il est fait un grand abus. Au lieu de dire: Il a obtenu une telle job, l’on peut dire: Il a obtenu une telle entreprise.
Job, selon le cas, se traduit par entreprise véreuse, tâche, travaux d’impression, petits ouvrages, etc.
Ouvrage fait à la job se dit à tort pour ouvrage à forfait: ouvrage fait pour un prix déterminé, à perte ou à gain; ou pour ouvrage fait à la pièce.
Job lot. Expression anglaise. Désigne: une quantité de marchandises défraîchies ou passées de mode, existant encore en magasin à la fin de la saison et qu’on vend en bloc et au rabais. Ces marchandises s’appellent, en français, solde. Un solde de marchandises.
Jobbing express.—V. Express.
Johnny cake.—Expression anglaise. Se traduit par gâteau de maïs.
Joindre.—C’est un anglicisme de dire: Joindre une société, un syndicat pour: devenir membre d’une société, d’un syndicat.
Jonction.—Dites raccordement et non jonction, en parlant de deux lignes de chemin de fer qui se raccordent. Voie de raccordement signifie en français: voie qui réunit deux lignes ou deux voies entre elles.
Jongler.—Signifie en français: faire des tours d’adresse. Au lieu de: Jongler à une affaire, expression qui n’est pas française, dites: méditer une affaire. On donne à tort à jongler le sens d’être pensif, rêveur.
Jongleur.—Signifie en français: faiseur de tours de passe passe. C’est une faute de lui donner le sens de songeur.
Jouc, Jouquois.—Ne sont pas français: dites juchoir. Juc était français autrefois, mais ne s’emploie plus. C’est une perche préparée pour faire jucher les oiseaux. Juchoir signifie aussi l’endroit où se juchent les poules, etc. On dit aussi perchoir dans ce dernier sens.
Jouer.—Ne dites pas jouer à l’argent, mais jouer de l’argent.
Joug.—Dites gorge, et non joug, pour désigner le morceau de bois échancré que se mettent sur les épaules les porteurs d’eau.
Jouir.—Signifie: avoir un usage avantageux. C’est une faute de dire: Jouir d’une mauvaise réputation, d’une mauvaise santé, pour: avoir une mauvaise réputation, une mauvaise santé. On dira: Jouir d’une bonne santé, d’un privilège.
Jour.—Ce jour signifie: en ce jour, ce jour-là, et non aujourd’hui.
Jour juridique. Cette expression n’est pas française. C’est jour plaidable, jour utile, jour d’audience, ou jour où l’on peut plaider, qu’il faut dire. Jour plaidoyable a vieilli. Jour d’audience doit être employé de préférence.
Jour ne doit pas s’employer pour journée, lorsqu’on veut désigner le travail d’un jour. Cet homme gagne un dollar par journée d’ouvrage, et non par jour d’ouvrage. Il a fait cinq journées cette semaine.
Dites: Voyager, partir, arriver de jour, de nuit, et non, le jour, la nuit.
Journalistique.—N’est pas français. Anglicisme (journalistic). Dites article de journal, carrière du journalisme, et non article, carrière journalistique.
Jubé.—Désigne en français: un lieu élevé dans une église, en forme de galerie, entre la nef et le chœur, et où l’on monte, les jours de fête solennelle, pour chanter l’épître et l’évangile. C’est une faute de donner ce nom à la galerie, qui est une espèce de tribune construite avec une balustrade, dans le pourtour, ou sur les bas côtés d’une église.
Jugement renversé.—Anglicisme; dites: Jugement réformé.
Juger.—Ne dites pas: Il a jugé de faire cela, mais: il a jugé à propos de faire cela.
Junior.—Terme anglais. Se traduit par cadet (son frère cadet); et par fils (lorsque le père et le fils portent les mêmes noms de baptême).
Jury.—Prononcez juri, et non à l’anglaise, juré. Ne pas confondre jury et juré. Le jury est le corps des jurés, et aussi l’ensemble de tous les citoyens qui peuvent être jurés. Un juré est un membre du jury.
Grand jury et petit jury sont des anglicismes. On devrait dire, au lieu du grand jury, le jury d’accusation (qui décide s’il y a lieu à accusation); et, au lieu du petit jury, le jury de jugement (qui déclare si l’accusé est coupable des faits qu’on lui impute).
Kid.—Mot anglais. Dites gants de chevreau, et non gants de kid.
Kiosque.—Est, selon Littré, un belvédère situé dans un jardin, sur une terrasse; un pavillon turc ouvert de tous côtés, dont on décore les parcs, les jardins; une petite boutique sur les boulevards de Paris ou des grandes villes où l’on vend les journaux aux passants. Mais il faut dire pavillon pour désigner le logement où se mettent à l’abri de l’intempérie des saisons, les cochers de place. On dit abri pour signifier la construction qui protège de la pluie, du soleil, les gens qui attendent que le tramway passe, ceux que surprend un orage.
Kiss.—Ce mot anglais, en terme de billard, se traduit par contre. Rencontre fortuite de deux billes.
Lacrosse.—Il ne faut pas dire: une partie de lacrosse, le jeu de lacrosse (ce sont des anglicismes); mais: le jeu de crosse, une partie de crosse.
Lady’s fingers.—Expression anglaise. Se traduit par biscuits à la cuiller: biscuits, longs et minces, et fort légers.
Laise.—Corruption de laize. Une laize de satin. C’est la largeur d’une étoffe entre les deux lisières. On dit aussi: un lé (d’étoffe, etc.).
Laisser.—Ce mot s’emploie souvent, mais à tort, pour quitter, partir. Dites: J’ai quitté Montréal lundi (et non j’ai laissé); il vient de quitter son ami au coin de la rue (et non il vient de laisser); l’orateur a quitté son siège (et non laissé); le convoi part à trois heures (et non laisse). Quand nous quittez-vous? (et non quand nous laissez-vous?) Il a quitté sa femme, c’est-à-dire a abandonné (et non laissé). Il a quitté la ville pour aller demeurer à la campagne (et non il a laissé). Ce malade est assez fort pour quitter le lit (et non pour laisser).
Mais il faut dire laisser si l’on se sépare d’une personne qui reste dans l’endroit dont on s’éloigne: J’ai laissé mon frère chez lui. On dira d’un homme qui meurt qu’il quitte sa femme et ses enfants, et qu’il laisse une femme et des enfants.
Lambre.—N’est pas français. Dites: amble (masculin): allure d’un cheval dans laquelle il lève ensemble les deux jambes du même côté. (V. les deux mots suivants.)
Lambrer.—Lambrer, aller sur le lambre, sont des expressions vicieuses. Il faut dire: ce cheval va à l’amble, ou va l’amble. Le verbe ambler ne s’emploie plus. V. Lambre.
Lambreur.—N’est pas français. Ambleur, adjectif, se dit d’un animal qui va l’amble. Cheval ambleur. (V. les deux mots précédents.)
Lancette.—Ne dites pas: la lancette d’une abeille, d’une guêpe, mais l’aiguillon, le dard.
Languette.—La tringle sur laquelle glisse un tiroir s’appelle coulisseau, et non languette. Dites marchette, et non languette, pour désigner la planchette ou toute autre machine qui tient un piège tendu et que l’oiseau fait détendre lorsqu’il se pose dessus.
Laundry.—Mot anglais. Se traduit par buanderie, blanchisserie, lavoir.
Lave-main.—Est, en français, un vase dans lequel on se lave les mains. Peu usité. Dites: lavabo, pour désigner le meuble sur lequel on se lave les mains, et non lave-main.
Laveuse.—C’est une faute de donner à ce mot le sens de planche à laver. Laveuse est, en français, entre autres, une machine à laver.
Lavier, Lévier.—Corruption d’évier. C’est une pierre creusée ou un vase de métal qui a un conduit pour l’écoulement des eaux de la cuisine.
Lecture.—Est un anglicisme dans le sens de conférence. Donner une conférence sur l’agriculture, et non une lecture.
Lecturer.—Anglicisme. Dites: donner, faire une conférence, des conférences.
Lectureur.—Anglicisme (lecturer). Dites: conférencier.
Ledger.—Terme anglais. Se traduit par grand-livre: le plus grand des livres ou registres dont le commerce fait usage, et qui est destiné à recevoir et à classer les articles du journal.
Légal.—Légal veut dire: qui est conforme à la loi, qui est établi par la loi, qui résulte de la loi. La carrière légale, la profession légale, sont des anglicismes. Dites: la profession d’avocat, la carrière du barreau. Au lieu de: des gens de la profession légale, dites: les gens de la robe, de robe.
Leghorn.—Nom anglais de Livourne, ville d’Italie.
Chapeau leghorn se dit en français: chapeau de paille d’Italie.
Législater.—Dites plutôt légiférer. Législater, d’après Bescherelle, s’emploie ironiquement. Dites: Je légifèrerai, et non légiférerai. Signifie: faire des lois.
Lendroit.—N’écrivez pas: lendroit, mais l’endroit (d’une étoffe).
Lenvers.—N’écrivez pas: lenvers, mais l’envers (d’une étoffe): côté qui ne doit pas être exposé à la vue.
Lessi.—N’est pas français. Dites: lessive, eau de lessive. Eau chaude avec de la cendre de bois ou de la potasse pour laver le linge.
Lettre morte.—Anglicisme (dead letter). Dites: lettre en rebut ou tombée en rebut. Dead letter office se traduit par: Bureau des rebuts. Lettre morte est, en français, un écrit sans valeur. Cette loi est une lettre morte.
Lever.—C’est un anglicisme de donner à lever le sens de réception (de l’évêque, du gouverneur). Se disait du moment où le roi recevait dans sa chambre après son lever.
Lévier.—V. Lavier.
Libèche, Rubandelle.—Ces mots ne sont pas français. Dites: bande de cuir, de drap, etc. Courroie désigne spécialement une bande de cuir. Dites bande, lisière (de drap); lanière (de cuir), courroie.
Libérale.—L’expression conditions libérales est un anglicisme. Dites: conditions avantageuses. Vendre à des conditions avantageuses.
Licencié.—On dit en français: soldat licencié (qui a été congédié); licencié en droit, etc. (qui a pris ses degrés de licence dans une faculté). C’est un anglicisme d’appeler licencié celui qui a une licence pour la vente des spiritueux, de la poudre.
Licher.—Corruption de lécher.
Life-preserver.—Terme anglais. Se traduit par bouée de sauvetage ou ceinture de sauvetage.
Ligne.—Les expressions: ligne centrale, ligne du centre (d’un chemin de fer) sont des anglicismes (centre line); dites: L’axe d’un chemin de fer.
C’est un anglicisme de donner à ligne le sens de branche de commerce, de partie d’industrie. Dites: Cet homme est dans la nouveauté, dans telle branche de commerce, dans l’industrie du chemin de fer; et non dans la ligne des marchandises sèches, dans telle ligne de commerce, dans la ligne du chemin de fer. On dira aussi: Il est épicier, et son fils embrassera la même partie, et non: la même ligne.
Ligneux.—Adjectif. Signifie en français: de la nature, de la consistance du bois. Mais dites ligneul pour désigner le fil enduit de poix dont se servent les cordonniers.
Lime-juice.—Expression anglaise. Se traduit par eau de cédrat. Le cédrat est une espèce de citronnier.
Limite.—Anglicisme (du mot anglais limit) dans le sens de: terrain où l’on peut couper du bois en vertu d’une autorisation du gouvernement. Dites: Vente (coupe qui se fait dans un bois à des époques réglées). Ventier est celui qui achète une coupe de bois.
Limitée.—Anglicisme pour désigner: une société en commandite, à responsabilité limitée pour chacun de ses membres. Il faut dire en français: société, compagnie anonyme, et non société, compagnie limitée.
Linceuil.—Corruption de linceul. L’on prononce linceul ou linceuil.
Liquor-stand.—Terme anglais. Se traduit par cave à liqueurs: petit meuble dans lequel on met des liqueurs.
Lisable.—N’est pas français. Dites lisible.
Lisse.—Ne dites pas lisse de chemin de fer, mais rail, qui se prononce à l’anglaise rêle, ou à la française raille (ll mouillées).
Lisse est aussi une corruption du mot anglais yeast. V. Iste.
L.L.B.—Il faut écrire LL.B. et non L.L.B. (legum baccalaureus). L’abréviation d’un mot pluriel se fait souvent en doublant la première lettre de ce mot et sans mettre de point entre les deux lettres. MM. (messieurs); mmss. (manuscrits). C’est pourquoi il faut écrire LL. qui est l’abréviation de legum, mot latin pluriel. Cette abréviation n’est pas employée en France. L’expression française est bachelier en droit.
Loafer.—Ce verbe n’est pas français. Anglicisme. Dites: flâner, baguenauder, passer son temps à boire; mener une vie de bohême.
Local.—Au lieu de local, qui est un anglicisme dans les expressions suivantes, dites: provincial. Parlement, Gouvernement provincial; Chambre, Législature provinciale, et non Parlement, Gouvernement local.
Localisation.—C’est un anglicisme de donner à ce mot le sens de Tracé définitif d’un chemin de fer.
Localiser.—Est un anglicisme dans le sens de tracer un chemin de fer, faire le tracé définitif d’un chemin de fer.
Lock-jaw.—Se traduit par: tétanos.
Locre.—Dites ocre, de l’ocre, et non du locre. Terre argileuse, rouge ou jaune.
Logement.—On dit très souvent: Il y a beaucoup de logement dans cette maison, pour indiquer qu’elle est grande, qu’il y a de l’espace. Ce n’est pas français. Dites: cette maison a plusieurs logements; elle peut contenir bon nombre de personnes, plusieurs ménages, etc.
Logement est synonyme d’appartement; cependant il présente généralement l’idée d’un local moins vaste, moins riche et moins cher.
Loger.—Loger une plainte est un anglicisme (to lodge a complaint). Dites: porter plainte, déposer une plainte.
Il ne faut pas donner au mot loger le sens de contenir. Dites: Cette maison peut contenir trois familles, et non: loger.
Loquet.—Un loquet sert à fermer une porte. C’est un anglicisme de lui donner le sens de médaillon (locket) que l’on pend à une chaîne de montre ou à un collier.
Lorgnon.—Le lorgnon n’a qu’un seul verre qui est serti dans un cercle de métal, de corne, etc. C’est une faute d’appeler lorgnon, le pince-nez qui a deux verres et se tient sur le nez au moyen d’un ressort.
Lot.—C’est une faute de donner à ce mot le sens de terre, de lopin de terre, de parcelle de terre. Je possède dans ce rang deux lopins de terre, et non deux lots.
Loyer.—Etre à loyer est une expression vicieuse. Dites: être locataire, n’être pas propriétaire. Mais on peut dire prendre quelqu’un à loyer.
Lumière.—Ne dites pas lumière, mais phare, pour désigner la tour surmontée d’un fanal, qu’on établit le long des côtes, pour éclairer les navigateurs pendant la nuit.
Lunette.—Lunettes d’opéra ne s’emploie plus. Dites: jumelles, lunette de spectacle. On dit surtout, en français: lorgnette.
Cette espèce de lunette dont les dames se servent, et qui se tient à la main par une tige, s’appelle, en français, face à main.
Lutte.—L’expression faire la lutte, en parlant d’une candidature, n’est pas française. Au lieu de: X... fait la lutte dans tel comté, dites X... est candidat dans tel comté. On dira: X... est l’adversaire de Z..., et non fait la lutte à Z...
Lyre.—Est, en français, un instrument de musique. C’est une faute de donner à ce mot le sens de lubie, caprice, fantaisie.
Lyreux.—N’est pas français. Dites capricieux, fantasque, difficile à satisfaire.
Machinerie.—Ne dites pas la machinerie d’un steamer, d’un bateau à vapeur, mais la machine. S’il s’agit d’une filature, d’une manufacture, on dira outillage ou machinerie pour désigner l’ensemble de toutes les machines autres que celles du pouvoir moteur.
Mâchouiller.—N’est pas français. Dites: Mâchiller (mâcher lentement et sans effort.)
Maçonne.—N’est pas français. Il faut dire maçonnerie, ou maçonnage, suivant le cas. La maçonnerie est l’ouvrage fait par le maçon. Un mur qui contient dix verges cubes de maçonnerie. Le maçonnage est le travail du maçon. Il est dû cinq dollars pour le maçonnage. Maçonnage mal fait.
Maganer.—N’est pas français. Dites: malmener, maltraiter une personne; friper, salir un habit.
Magasin.—L’expression magasin de seconde main est vicieuse. Dites: magasin de revendeur.
Magasin et boutique ne sont pas synonymes. Le magasin est plus important, plus considérable que la boutique.
Mahogany.—Terme anglais. Se traduit par acajou, bois d’acajou. Des meubles en acajou. Arbre d’Amérique dont le bois est rougeâtre et fort dur. Les mots mahogon, mahogani, mahogoni sont français, mais sont peu usités.
Main.—Main est un anglicisme dans le sens d’ouvrier. Manufacture qui emploie cent ouvriers, et non cent mains.
Ne dites pas: être à main, mais être à la main (obligeant). Il est vraiment aimable et fort à la main (P.L. Courrier).
En mains. Dites: tenir, vendre, avoir une certaine marchandise, et non avoir en mains. Au lieu de: Nous avons en mains un assortiment complet de dentelles, dites: nous avons, nous tenons, etc. Ne dites pas: nous avons en mains ce que vous demandez, mais nous vendons, nous tenons, nous avons ce que, etc.
Mais.—Mais que. Cette locution a vieilli. Dites lorsque, quand. Quand il viendra, et non: mais qu’il vienne.
Maison.—Maison de pension est un anglicisme (boarding-house). Dites pension: maison où l’on est logé et nourri, ou bien, où l’on est nourri seulement.
Maître.—L’expression maître de station est un anglicisme (station master). Dites: Chef de gare.
Majuscules.—Les anglais écrivent avec des majuscules les noms de jour et de mois. C’est une faute de les imiter. Ecrivez: C’est mardi, le vingt-un janvier, et non, c’est Mardi, le vingt-un Janvier.
Mal.—Mal à main n’est pas français. Dites: Désobligeant.
Mal engueulé n’est pas français. Dites: Égueulé, mal embouché. Egueulé s’emploie substantivement, et se dit d’une personne qui dit des grossièretés: C’est un égueulé. Etre mal embouché, signifie: être grossier, mal appris dans son langage; avoir l’habitude de dire ou des injures ou des paroles indécentes. Un homme mal embouché. Embouché est plus usité qu’égueulé.
Maladif.—Être maladif signifie en français: être sujet à de fréquentes maladies. C’est un état passif. Une température variable peut engendrer des maladies, mais elle ne saurait en avoir. Il ne faut donc pas dire: Nous avons un temps maladif.
Mal-appris.—Est une faute. Ecrivez, mal appris en deux mots, ou malappris, en un seul; s’emploie adjectivement ou substantivement. Etre malappris, mal appris; être un malappris.
Malchanceux.—Est un néologisme. Signifie: malheureux, qui n’a pas de veine, de chance.
Malcommode.—N’est pas français. Dites: incommode.
Malentente.—N’est pas français. Dites: malentendu.
Malgré.—Malgré que ne s’emploie que suivi du verbe avoir, comme dans l’expression: malgré qu’il en ait, c’est-à-dire: quelque mauvais gré qu’il en ait. Ainsi ne dites pas: malgré qu’il ait promis de venir, mais: bien qu’il ait promis de venir.
Maline.—Le féminin de malin est maligne, et non maline.
Malle.—La malle de Québec arrive à telle heure. Malle est correct dans ce sens, mais courrier est préférable. Malle désigne plutôt les sacs renfermant les lettres: les malles d’Europe.
Ne dites pas: dépouiller sa malle, faire sa malle, mais dépouiller son courrier, faire son courrier.
Maller.—Signifie, en français: couvrir d’engrais. Maller un pré. C’est un anglicisme (to mail) de se servir de ce mot pour vouloir dire: mettre à la poste.
Manche.—Ne dites pas: manche de pipe, mais tuyau de pipe. Ne dites pas: manche de plume, mais porte-plume; ni le manche de la pompe, mais la brimbale. Au lieu de manche de ligne, dites: perche de ligne, canne à pêche.
Fausse manche. V. Faux.
Manchette.—Dites garde-manche, et non manchette, pour désigner la manche mise sur celle de l’habit ou de la chemise pour la garantir. On dit aussi fausse manche.
Manchon.—Ne dites pas les manchons de la charrue, mais les mancherons.
Manchonnier.—Est, en français, un ouvrier qui fait les ouvrages de verre. Dites: fourreur, marchand de fourrures, et non manchonnier, pour désigner celui qui vend, qui apprête les fourrures.
Manger.—Au jeu de dames, ne dites pas manger, mais prendre. Prendre un pion.
Manquer.—Dans le sens d’être sur le point de, faillir, est français: J’ai manqué me noyer (et non de me noyer). Manquer quelqu’un, dans le sens de souffrir de son absence, est un anglicisme.
Mantelet.—Désigne, en français, une sorte de manteau de soie, de velours ou de drap que les femmes portent sur leurs épaules et sur les bras. Il ne faut pas le confondre avec le casaquin, qui est un vêtement de femme qui se plisse autour de la taille, dont la jupe est très courte, et qu’on appelle, à tort, mantelet.
Manufacture.—V. Facterie.
Mappe.—N’est plus usité dans le sens de carte géographique. La carte du Canada, et non la mappe. Mappemonde est une carte géographique qui représente la surface de tout le globe terrestre.
Marabout.—Désigne en français, en terme populaire, un homme grossier, laid, sale, mal bâti; mais n’a pas le sens, qu’on lui donne à tort, de désagréable, grondeur, désobligeant, bourru.
Marbre.—Ne dites pas marbre, mais coussinet, pour désigner la pièce sur laquelle s’appuient les tourillons d’arbres de couche animés d’un mouvement circulaire.
Marchand.—L’expression marchand général est un anglicisme. On désigne ainsi, mais à tort, le marchand qui vend de la quincaillerie, des nouveautés et des épiceries. Il n’y a pas d’expression correspondante en français. En France, on appelle ordinairement épicier celui qui, à la campagne, tient toutes ces choses. Au lieu de marchand général, on peut simplement dire marchand.
Ne dites pas petit marchand pour désigner celui qui va dans les villages vendre des marchandises de menue mercerie, de bijouterie, etc., mais dites: colporteur ou porteballe.
Ne dites pas marchand de seconde main, mais fripier, revendeur, marchand à la toilette, ou marchand de friperie: marchand qui achète et vend de vieux habits, de vieux meubles.
Marchandises.—Marchandises sèches n’est pas français. Anglicisme (dry goods). Dites: nouveautés. Magasin, marchand de nouveautés, et non magasin, marchand de marchandises sèches.
Marche.—N’est pas français dans le sens de promenade. Au lieu de prendre une marche, qui est un anglicisme (to take a walk), dites: faire une promenade, se promener.
Marché.—N’écrivez pas marché, mais marcher, pour signifier démarche, allure, manière de marcher.
Marchepied.—N’est pas le mot propre pour désigner la pierre qu’on met sur les trottoirs et qui sert à monter à cheval ou en voiture. Il faut dire montoir.
Marcher.—Ne dites pas: les trains, le moulin marche, mais les trains circulent, le moulin fonctionne.
C’est une faute d’employer marcher absolument, comme dans cette phrase-ci: ça marche mal pour dire que le chemin est difficile, que l’on y marche mal.
Marcher au catéchisme n’est pas français. Dites: suivre les exercices du catéchisme pour la première communion.
Mardi gras.—Ne dites pas mardi gras, mais bien masqué pour désigner une personne masquée et déguisée qui court les rues, les chemins pendant les jours gras, qui court le mardi gras.
Marguerite.—Marguerite jaune désigne en français une fleur. Ce qu’on appelle ici, à tort, marguerite jaune est la renoncule âcre.
Marguiller.—Ecrivez marguillier et non marguiller.
Marier.—Le prêtre marie un homme et une femme; un père marie sa fille à un bon parti; mais c’est un anglicisme de donner à ce mot le sens d’épouser. Il va épouser une jeune fille de Québec, et non il va marier. Faute très commune.
Marinade, Marinage.—V. Amariner.
Marmoussin.—Corruption de marmouset. Petit garçon; petit homme mal fait.
Marque.—L’expression faire sa marque est un anglicisme. Dites: fournir une belle carrière; compter pour quelqu’un.
Marquer.—Ne pas donner à ce mot le sens d’entrer, d’inscrire un achat dans un livre de compte. Ce que j’ai acheté est-il entré, inscrit? et non: est-il marqué?
Marraine.—V. Barrène.
Masse.—En masse signifie en français: tous ensemble, en totalité. Se porter en masse; faire une levée en masse. On fait un abus de cette locution adverbiale. Les expressions suivantes sont vicieuses: Il pleut en masse (à verse, abondamment); nous avons eu du plaisir en masse (beaucoup de plaisir); il a des amis en masse (un grand nombre d’amis); il y a de la terre en masse (tant qu’il faut) pour remplir cette dépression du terrain.
Matcher.—Tiré de l’anglais (to match), n’est pas français. Dites: assortir des couleurs l’une avec l’autre, et non les matcher; appareiller les chevaux d’un attelage, et non les matcher; mariage bien assorti, et non bien matché; X... ne peut lutter avec N... et non ne peut le matcher.
Matériel.—C’est un anglicisme de donner à ce mot le sens de notable, essentiel, considérable, important. On dira: changement notable, essentiel; progrès considérable, important, et non matériel.
Matins, Soirs.—C’est une faute d’écrire: Nous paierons nos employés les vendredis soirs, les samedis matins. Soir et matin, en ce cas, ne prennent pas la marque du pluriel. On doit écrire: les vendredis soir, les samedis matin, comme si l’on disait: les vendredis au soir, les samedis au matin. Cette dernière formule est, du reste, considérée comme la plus correcte.
Maturité.—C’est un anglicisme de donner à ce mot le sens d’échéance. On doit dire: Ce billet sera payé à son échéance, et non à sa maturité.
Mauvaiseté.—Vieux mot. Il est préférable de dire méchanceté.
M. D.—Cette abréviation est anglaise. Il faut écrire en français: D. M. (Docteur médecin).
Mean.—Ce mot anglais est employé par une foule de personnes qui savent cependant qu’il n’est pas français. Dites, suivant le cas: bas, vil, méprisable, mesquin, chiche, etc.
Méchant.—On emploie souvent, à tort, méchant dans le sens de mauvais. Ainsi les expressions suivantes sont vicieuses: méchant chemin, méchant temps, méchante santé, méchante habitude, méchante cause, méchante foi, méchants bruits, méchante compagnie. Dites: Mauvais chemin, mauvais temps, mauvaise santé, etc.
Mèche.—L’expression: en avoir pour une mèche n’est pas française. Dites: en avoir pour longtemps.
La mèche d’un fouet est, en français, le bout de ficelle qui termine le fouet. C’est une faute d’appeler mèche la lanière du fouet.
C’est encore une faute d’écrire ce mot avec un accent circonflexe. Mèche, et non mêche.
Médecin.—Ne dites pas le médecin de santé, mais le médecin hygiéniste de la ville.
Meeting.—Ce mot est francisé dans le sens d’assemblée politique, en Angleterre. Ne dites pas: meeting, mais prêche (masculin), pour désigner l’assemblée religieuse des protestants.
Mégard (par).—N’est pas français. Dites: par mégarde. Il a brisé ce verre par mégarde.
Meilleur.—L’expression au meilleur de ma connaissance est un anglicisme (to the best of my knowledge). Au lieu de: au meilleur de ma connaissance, il n’est pas arrivé; au meilleur de ma connaissance, il y a deux ans. Dites: il n’est pas arrivé, que je sache; il y a deux ans, si je me rappelle bien. Ou bien servez-vous de quelque autre tournure de phrase.
Melleton.—Corruption de molleton: étoffe tirée à poil, douce, chaude et mollette.
Membre.—On dit en français: Il est membre du Parlement; mais il ne faut pas dire: Il est membre de ou pour tel comté; c’est un anglicisme. L’expression française est: Il est député, ou représentant de tel comté; il fait partie de la Chambre des députés pour tel comté. V. Député.
Menoire.—V. Travail.
Menoque.—Corruption de manoque: petite botte de feuilles de tabac sèches et triées qu’on lie ensemble.
Menotte.—Signifie en français: un lien de fer ou de corde avec lequel on attache ensemble les mains d’un prisonnier. Dites mitaine, et non menotte, pour désigner le gant qui n’a qu’une division pour le pouce et ne couvre que la première phalange des doigts.
Mépris.—L’expression mépris de cour est un anglicisme (contempt of court). Il faut dire, suivant le cas, résistance ou injure au tribunal.
Merci.—C’est l’usage en France de répondre au mot merci par: Il n’y a pas de quoi. C’est un anglicisme de répondre: vous êtes bienvenu.
Mère.—Ne dites pas: Une mère d’ours, une mère moutonne, mais une ourse, une moutonne, ou plutôt une brebis.
Meris.—N’est pas français. Dites merisier pour désigner l’arbre qui produit la merise.
Mérite.—Plaidoyer, plaider au mérite sont des anglicismes; c’est plaidoyer, plaider au fond qu’il faut dire.
Messager.—Ne dites pas: Messager du bureau du gouvernement, mais: huissier du contingent administratif. Messager pris dans ce sens est un anglicisme.
Messire.—Ce titre qui s’appliquait autrefois aux médecins, aux avocats, aux prêtres, ne s’emploie plus que par ironie. Dites: Monsieur l’abbé A. C., si vous parlez d’un prêtre séculier; et le Révérend Père A. C., si vous parlez d’un membre d’un ordre religieux, ou d’un ministre protestant.
Mesure.—Ne dites pas: à la mesure que, mais à mesure que. A mesure que l’un avançait, l’autre reculait.
C’est un anglicisme de donner à ce mot le sens de projet de loi. Au lieu de: Introduire une mesure, dites: soumettre à la Chambre un projet de loi.
Métail.—Désigne une composition formée de la combinaison de plusieurs métaux. Une porte de métail. (V. Hugo). C’est une faute d’employer le mot métail pour métal. Il avait autrefois ce sens.
Metre.—Terme anglais. Se traduit par compteur (à gaz, à eau, à électricité).
Meublier.—N’est pas français. Dites ébéniste pour désigner l’ouvrier qui fait des meubles; et marchand de meubles, pour celui qui les vend. On dit aussi: ouvrier ébéniste.
Midi.—Midi ne s’emploie point au pluriel. On doit dire: Je m’y rendrai sur le midi, et non sur les midi. Quoique midi soit l’équivalent de douze heures, on ne peut pas dire: Midi sont sonnés, car midi signifie plutôt le milieu du jour que le nombre d’heures écoulées depuis minuit. On dit: Midi est sonné. Au lieu de: Je sors tous les midis; dites: Je sors tous les jours à midi. Ne dites pas: Ce midi, mais à midi.
L’usage veut qu’on écrive midi et demi, et non midi et demie.
Mingler.—N’est pas français. Corruption de l’anglais (to mangle). Dites: calandrer, passer à la calandre (les draps, les étoffes), c’est-à-dire les presser, les lustrer.
Minoucheries.—N’est pas français. Dites: minauderies: mines et manières affectées dans l’intention de plaire.
Miret.—N’est pas français. Dites: milleret: agrément pour les bordures de robes de femmes.
Misdeal.—Terme anglais. Se traduit par maldonne: action de se tromper en donnant les cartes. Faire maldonne.
Mise.—Ne dites pas la mise, mais la lanière d’un fouet. V. Mèche.
Misère.—Il ne faut pas donner à misère le sens de peine, difficulté. Ne dites pas: J’ai eu beaucoup de misère à me rendre ici, mais: J’ai eu beaucoup de difficulté, de peine...
Mode.—Ne dites pas: Il est le médecin à la mode, c’est le jeu à la mode; mais le médecin en vogue, le jeu en vogue. Un homme fort à la mode, une femme fort à la mode signifient en français: un homme fort recherché, une femme beaucoup fêtée.
Modeuse.—Signifie en français: Ouvrière en dentelles d’Alençon. Ne pas lui donner le sens de modiste: ouvrière en modes; qui s’occupe principalement de tout ce qui concerne les ornements superficiels de l’habillement des femmes, et spécialement des chapeaux.
Modiste.—C’est à tort que l’on donne à ce mot le sens de tailleuse, couturière. Modiste signifie: qui fait ou vend des articles de mode, qui s’occupe surtout de faire et vendre des chapeaux. Tailleuse signifie: qui coupe les vêtements de femme; couturière: ouvrière en couture.
Moi.—L’expression: Moi pour un est un anglicisme (I for one). Dites: pour moi, quant à moi, en ce qui me regarde, en tant que ceci me concerne, etc.
Ne dites pas: donnez-moi-le, menez-moi z’y, mais donnez-le-moi, menez-y-moi.
Moindrement.—Dites: le moindrement, et non la moindrement. Pas le moindrement du monde, terme populaire.
Moine.—Dites: Toupie, et non moine, pour désigner le jouet en forme de poire que les enfants font tourner. On appelle aussi toupie, le jouet de forme à peu près semblable, mais qui est creux et percé de trous, et fait du bruit en tournant. Moine s’emploie en France, mais dans quelques départements seulement, pour toupie.
Moins.—Dites: Vous ne l’aurez pas à un sou, ou pour un sou de moins; et non: pas un sou à moins.
Money order.—Expression anglaise, qui se traduit par mandat de poste.
Monopoliseur.—N’est pas français. Anglicisme (monopolizer). Dites: monopoleur. Le verbe cependant est monopoliser, et non monopoler.
Montant.—Signifie en français: total d’un compte, d’une recette, d’une dépense. Montant de la recette, de la dépense. Il ne faut pas donner à ce mot le sens de somme. Dites: Il a reçu une forte somme; j’ai besoin d’une certaine somme; voici la somme qu’il doit; voilà le montant des sommes dépensées, et non: Il a reçu un fort montant; j’ai besoin d’un certain montant. Le montant qu’il doit, etc.
En montant. Ne dites pas: Un dollar en montant, mais un dollar et au-dessus.
Montrer.—Cela montre bien est un anglicisme (it shows well). Dites: cela paraît bien.
Monument national.—Est une expression ridicule pour désigner le grand édifice construit à Montréal par la Société Saint-Jean-Baptiste. Pourquoi ne pas se servir de Salle Saint-Jean-Baptiste, comme cela a déjà été suggéré plusieurs fois?
Mop.—Mot anglais, qui se traduit par balai à laver ou par tête de loup (balai a long manche), ou par flaubert.
Morfondu.—Signifie en français: qui a été saisi de froid après avoir eu chaud (en parlant des hommes, des chevaux). C’est une faute de donner à morfondu le sens de rendu, fourbu.
Morning coat.—Expression anglaise, qui se traduit par jaquette (vêtement qui descend jusqu’aux genoux).
Mortalité.—Est, en français, la condition de tous les êtres organisés d’être sujets à la cessation définitive de la vie. Ce mot signifie aussi: mort d’un grand nombre d’hommes ou d’animaux. Mais c’est une faute de dire: Il y a de la mortalité dans cette maison, pour indiquer que quelqu’un y est mort.
Morvaillon, Morvasson.—Ne sont pas français. Dites: morveux. Terme de mépris donné à un petit garçon ou à un jeune homme.
Moteur.—N’est pas français dans le sens d’auteur d’une proposition, de proposant, de proposeur.
Motivé.—Ne dites pas: le motivé d’un jugement, mais les motifs d’un jugement. Motivé est un participe passé seulement, et non un substantif.
Motor-man.—Terme anglais. Se traduit par mécanicien. Homme qui conduit un tramway électrique.
Motonné.—Corruption de moutonné (adj.): frisé et annelé comme la laine d’un mouton. Est aussi substantif. Du moutonné, et non du motonné.
Motto.—Mot anglais. Se traduit par papillote: dragée enveloppée d’un papier frisé. On dit aussi devise.
Cracking mottoes se traduit par papillotes à pétard.
Mou.—Bois mou opposé à bois dur, n’est pas français. Bois tendre est le mot employé par quelques auteurs et par la législation, en France.
Mouche.—Ne dites pas mouche à patate, mais punaise à pomme de terre.
Mouillasser.—N’est pas français. Dites: Il tombe une pluie fine, une petite pluie. Pluviner avait autrefois ce sens, mais n’est plus usité que dans quelques départements, en France.
Mouiller.—Signifie, en français, tremper, aussi jeter l’ancre, etc., mais n’a pas le sens de pleuvoir. Il pleut, et non il mouille. On dira: Il tombe une petite pluie qui mouille, fort; être mouillé par l’orage.
Ne dites pas pierre mouillée, mais pierre moyée (qui contient des couches tendres qui la font se déliter).
Moulange.—N’est pas français. Dites: meule de moulin, ou simplement meule.
Moulée.—Moulée de scie est une faute. Dites: bran de scie, ou sciure de bois. Moulée en français désigne, entre autres choses, le dépôt qui se trouve au fond de l’auge de la meule.
Moulin.—On dit bien: moulin à café, à fouler l’étoffe, à écosser, mais il faut dire, machine à coudre (et non moulin à coudre); faucheuse (et non moulin à faucher); moissonneuse (et non moulin à couper); machine à scier, ou scierie mécanique ou scierie de bois (et non moulin à scies).
Ne dites pas moulin à battre, mais batteuse ou machine à battre. La batteuse comprend le moteur, qu’il ne faut pas appeler horse-power, et le batteur, qu’il ne faut pas appeler batteux. V. Silon.
Ne dites pas moulin à cardes, mais moulin à carder. Dites: machine à tricoter, machine à laver ou laveuse, et non moulin à tricoter, à laver. Au lieu de moulin à farine, dites minoterie.
Mouver.—Est français. Signifie: remuer un liquide, un corps en fusion; remuer la terre d’un pot, etc.; mais ne signifie pas déménager. C’est un anglicisme de lui donner ce dernier sens.
Mule.—Ne dites pas mule, mais meule de foin, de paille. Mettre du foin en meule. Mulon est français, et signifie: grand tas de foin.
Mûre.—Désigne, en français, le fruit du mûrier. Il faut appeler meuron ou mûre sauvage le fruit de la ronce. C’est le seul que l’on trouve dans nos campagnes.
Musique.—Ce qu’on appelle à tort musique à bouche se nomme, en français, harmonica.
Naveau.—Larousse dit à ce mot: “nom vulgaire des navets dans quelques provinces.” Dites plutôt navet que naveau.
Navelure.—Corruption de nervure: petite bande de soie, de drap qui règne sur la couture d’un habit.
Neau.—Corruption de noue (féminin): entrailles, foie et langue d’une morue.
Net.—Mot anglais. Se traduit par résille (ré-zille, ll mouillées). Filet qui enveloppe les cheveux.
Niagara.—Dites la chute du Niagara, c’est-à-dire du fleuve Niagara, plutôt que la chute Niagara.
Nippe.—Signifie populairement, en France comme ici: vêtements vieux, sans valeur. Mais le sens propre est: L’ensemble des vêtements, des meubles, et de tout ce qui sert à l’ajustement et à la parure. Avoir de belles nippes.
Nom.—Ne dites pas: Donner des noms, mais donner des sobriquets.
Nombrer.—Est un verbe actif. Signifie: trouver le nombre, compter, relater, énumérer. C’est un anglicisme de dire: Les Acadiens nombrent (number) 108,655 âmes; Dites: sont au nombre de; la population des Acadiens est de, etc.
Non-résident.—Est un anglicisme. Désigne, en termes de répartition de taxes, etc.: celui qui ne demeure pas sur sa propriété. Il n’y a pas en français de mot équivalent. On peut donc se servir du mot non-résident. Le terme non-résidence est français, et signifie: absence du lieu où l’on devrait résider.
Notice.—Signifie en français: extrait raisonné d’un livre; courte description. Notice biographique, etc. C’est un anglicisme de donner à notice le sens d’avis public.
Notifier.—On notifie quelque chose à quelqu’un; on ne notifie jamais quelqu’un de quelque chose; c’est là un anglicisme.
Noyade.—Signifie: l’action de noyer une ou plusieurs personnes: le supplice de la noyade. Noyade ne signifie pas du tout le fait de se noyer accidentellement ou volontairement.
Nuage.—N’est pas français dans le sens de fichu de laine, qui sert aux femmes à s’envelopper le cou, la tête.
Nuit.—Dites: Partir, arriver, voyager, etc., de nuit, et non la nuit.
Nul.—Nul doute est un anglicisme (no doubt). Dites: Sans aucun doute. C’est un homme qui, sans aucun doute, atteindra son but; et non qui, nul doute, atteindra son but.
Obituaire.—Désigne, en français, le registre où l’on inscrit le nom des morts et la date de leur sépulture. C’est une faute de donner à ce mot le sens de nécrologie, comme en le voit quelquefois dans les journaux.
Objecter (s’).—On dit en français: Je me suis objecté la difficulté de l’entreprise. C’est-à-dire: Je me suis opposé, représenté à moi-même... mais s’objecter à une chose, est un anglicisme. Dites: s’opposer à une chose, se prononcer contre une chose.
Obtenir.—Ne dites pas: obtenir, mais atteindre un but.
Occuper.—L’emploi de ce mot donne lieu à des expressions vicieuses. Ne dites pas: Ce que je lui ai dit l’occupe, mais l’inquiète. Ne dites pas: Cela ne m’occupe pas, mais cela m’importe peu; m’est égal, indifférent.
Octroi.—Désigne en français: les taxes qui se perçoivent sur les objets de consommation à l’entrée des villes et à leur profit. C’est une faute de donner à octroi le sens de subvention, allocation faite par une ville, un gouvernement, pour favoriser une entreprise.
Office.—Ne dites pas l’office d’un notaire, mais l’étude; ni l’office d’un avocat, mais le cabinet. Office se dit quelquefois correctement, par imitation de l’anglais, pour bureau. Office de publicité, de correspondance. Ce mot est toujours du masculin; excepté lorsqu’il désigne une pièce généralement placée auprès de la salle à manger, où se prépare le service du dessert, où se gardent le linge de la table et la vaisselle. Ainsi office est du masculin dans le sens de service (rendre un bon office); de devoir (il s’acquitte bien de son office); de fonction (un office lucratif); de destination spéciale (le remède a fait son office); etc.
Officier.—Ce titre se donne bien, il est vrai, à toute personne qui a un service à remplir, une charge, une fonction à exercer; mais en français, pour désigner le président, le secrétaire et le trésorier d’une compagnie ou association, on dit le bureau, les membres du bureau, et non les officiers, qui est un anglicisme.
Officier rapporteur signifie, en français: rapporteur d’un conseil de guerre. L’expression, en termes d’élection, officier rapporteur, est une traduction littérale de l’anglais (returning officer). Président d’élection ferait mieux. Au lieu de sous-officier rapporteur, dites: président du scrutin.
Olivette.—Il faut dire godet, et non olivette, pour désigner l’auget qui est attaché à la noria, dans une minoterie, et qui sert à remonter le son, la farine. Olivette est en français un champ d’olives, un terme de joaillerie, etc.
Ombrageux.—Se dit, au propre, des animaux craintifs qu’effraye jusqu’à l’ombre des objets. Au figuré, signifie: soupçonneux, défiant: cheval ombrageux, caractère ombrageux. Il ne faut pas donner à ombrageux le sens d’ombreux: qui donne de l’ombre. Forêt ombreuse. Ombreux signifie aussi: qui est couvert d’un ombrage épais. Vallée ombreuse.
On.—On s’emploie constamment ici, mais à tort, pour nous. C’est peut-être la faute qui se commet le plus souvent. Ce sera peut-être aussi celle qui disparaîtra le plus difficilement. On va s’amuser ce soir signifie en français: certaines gens (dont vous parlez) vont s’amuser. On va s’amuser au carnaval de Québec, c’est-à-dire: les gens vont s’amuser, le monde va s’amuser. Mais c’est une faute de donner à cette phrase le sens de: nous allons nous amuser. On ne doit jamais être employé dans le sens de nous.
Il est vrai que la nuance entre les deux pronoms est tellement vague quelquefois, qu’ils peuvent s’employer indistinctement.
Ondain.—Dites andain, et non ondain, pour désigner le foin fauché en longues rangées. Laisser le foin en andain (ne pas l’étendre).
Opérateur.—L’expression opérateur de télégraphe est un anglicisme. On dit en français: un télégraphiste.
Opération (en).—L’expression en opération est vicieuse. Au lieu de dire que la loi, la fabrique, le chemin de fer, la banque, la compagnie d’assurance, la mine, la scierie, etc., sont en opération, dites: La loi est en vigueur; la fabrique est en activité; le chemin de fer marche, fait le service; la banque, la compagnie d’assurance commence, continue ses opérations; la scierie fonctionne; la mine est en exploitation. Le verbe fonctionner peut souvent remplacer cette expression impropre en opération.
Opinion.—L’expression: Je suis de votre opinion est française; mais c’est un anglicisme de dire: Je suis d’opinion que. Il faut: Je suis d’avis que.
Opposer.—On commet un anglicisme quand on dit: opposer un homme, un candidat, dans le sens de le combattre. On peut dire: opposer un candidat à un autre, pour signifier: susciter un adversaire à ce dernier; mais on ne peut pas dire: opposer une candidature, dans le sens de s’y opposer.
Opposer quelqu’un de faire quelque chose, dans le sens de l’en empêcher, est encore un anglicisme.
Opposition.—Est un anglicisme dans le sens de concurrence. Ces deux marchands se font une forte concurrence, et non une forte opposition. Les vins de Malte font concurrence aux spiritueux, et non font opposition.
Oppressé.—Ce mot ne s’emploie plus dans le sens d’opprimé. Prendre la défense des opprimés, et non des oppressés.
Ordonner.—Ordonner le dîner veut dire en français: prescrire l’ordre du dîner. Pour signifier faire servir, dites commander le dîner, et non ordonner, qui est un anglicisme. Commander un habit, et non ordonner un habit.
Ordre.—Est du masculin. Ne dites pas: J’ai ordre de... mais J’ai reçu ordre de...
C’est un anglicisme de donner à ce mot le sens de commande. Au lieu de: J’ai donné l’ordre pour un pantalon dites: J’ai donné la commande pour un pantalon, je me suis commandé un pantalon.
Ordre en conseil est une expression vicieuse. C’est la traduction littérale de l’anglais (order in council). Il faut dire: arrêté du conseil, ou arrêté du conseil des ministres, ou arrêté de l’exécutif.
Il faut dire: l’ordre du jour, et non les ordres du jour qui est un anglicisme (orders of the day): travaux d’une assemblée délibérante réglés d’avance pour un jour déterminé.
Oreiller.—Est du masculin. Un oreiller blanc. Dites: coussin de voiture, de fauteuil, et non oreiller.
Orgueilleux.—N’est pas français pour désigner l’orgelet: petite tumeur inflammatoire, de la nature du furoncle, qui se développe près du bord libre des paupières, particulièrement vers l’angle interne, et qui a la forme d’un grain d’orge. Orgelet aigu, orgelet chronique. On dit aussi orgeolet.
Originer.—N’est pas français. C’est un anglicisme (to originate). Dites: Cette histoire a pris naissance, a commencé, et non a originé. On donne aussi, mais à tort, à ce barbarisme originer le sens de tirer son origine.
Oripiaux.—N’est pas français. Dites: oreillons (inflammation des glandes voisines de l’oreille).
Os.—C’est une faute d’appeler os, la cliquette: instrument fait de deux os, de deux morceaux de bois, etc., qu’on met entre les doigts et dont on tire des sons en les faisant frapper l’un contre l’autre. Elle diffère de la castagnette, qui est composée de deux petites pièces de bois en forme de coquille.
Ostination.—Corruption d’obstination. Ce mot signifie en français: opiniâtreté, entêtement. Il ne faut pas lui donner le sens d’affirmation ou de dénégation persistante en opposition aux assertions d’une autre personne; ni le sens de discussion, de prise de bec.
Ostiner.—Corruption d’obstiner. Il ne faut pas employer obstiner absolument. Au lieu de: Il obstine toujours, dites: Il contredit toujours; il ne veut jamais se rendre à l’opinion des autres.
Où.—Dites: C’est à Québec que Champlain est mort, et non où Champlain est mort. Cette expression: c’est à X... où, c’est là où, ne s’emploie plus.
Ouillé.—Se dit, en français, d’une barrique, d’un tonneau rempli jusqu’à la bonde. N’est pas français pour désigner un animal que l’on engraisse pour la boucherie, et qui ne peut plus manger parce qu’on lui a donné une trop grande quantité de nourriture.
Ouillé se dit encore, mais à tort, d’une personne fatiguée de la même nourriture.
Outrage.—Est du masculin. Signifie en français: violente injustice, grave injure. C’est un anglicisme de l’employer absolument comme dans cette phrase, cette transaction est un outrage. Pour que la phrase soit correcte, il faut dire: cette transaction est un outrage au bon sens, à la morale publique, etc.
Outre.—En outre de est une expression vicieuse. Ne dites pas: en outre de cela, en outre du rapport, mais: outre cela, outre le rapport. En outre doit toujours s’employer sans complément.
Ouvrier.—V. Bord.
Overall.—Mot anglais. Désigne une étoffe brune; s’emploie à tort pour salopette: pantalon que les ouvriers, et notamment les peintres en bâtiments, passent par-dessus leur pantalon ordinaire pour le protéger pendant les heures de travail.
Pad.—Mot anglais. Ce qu’on appelle à tort papier en pad, se nomme en français bloc-notes (assemblage de petites feuilles de papier réunies en bloc, et faciles à détacher, servant à prendre des notes). Ecrire sur un bloc-notes.
Pagée.—N’est pas français. Dites une travée de clôture, et non une pagée.
Paillasse.—L’expression: Paillasse à ressort est un anglicisme (spring mattress). Dites: sommier élastique, ou simplement sommier.
Pain.—L’expression: Pain brun est un anglicisme (brown bread); dites: pain bis.
L’expression: prendre, se prendre en pain n’est pas française. On peut dire: se coller; se coller ensemble; se prendre en une masse, former une masse, se réunir en une masse, se joindre en une masse, en parlant des grains, de la terre, des abeilles, du tabac, du sel, des atacas gelés, etc; et se coaguler, se figer, se cailler, en parlant du sang et de certaines autres matières liquides.
Pair.—Ne dites pas le pair, mais le pis d’une vache, d’une chèvre, etc.
Paire.—Ne dites pas: une paire de pantalons, de culottes, des pantalons, des culottes, si vous ne voulez désigner qu’un seul vêtement, mais un pantalon, une culotte. La culotte ne descend qu’au genou. Cependant l’usage permet d’appeler le pantalon, culotte.
Palette.—Ne dites pas: palette de casque, mais visière. (V. Casque.) Dites: garde-vue (masculin) ou abat-jour, et non palette, pour désigner l’espèce de visière qui sert à garantir la vue.
Dites: une tablette de chocolat, de sucre, de gomme, et non une palette. La partie de la rame et de l’aviron qui trempe dans l’eau s’appelle pale (féminin), et non palette.
Palissade.—Désigne en français: une clôture faite de pieux ou palis, ou d’arbustes taillés. C’est une faute d’appeler palissade la clôture ordinaire.
Palot.—Désigne en français: un villageois fort grossier. C’est une faute de donner à ce mot le sens de: lourd, au physique; qui manque d’agilité.
Panage.—Signifie en français: droit que l’on paie pour mettre dans une forêt les porcs qui s’y nourrissent de glands. Panage est une corruption de panache dans le sens de: cornes rameuses des bêtes fauves. Dites: bois, panache d’un cerf, d’un daim, d’un caribou, d’un orignal, d’un élan, d’un renne, etc., et non panage.
Panneau.—Ne dites pas panneau, mais abattant, pour désigner la partie mobile d’une table qui se lève et s’abaisse.
Le morceau détaché qui s’ajoute à une table pour l’allonger ne s’appelle pas un panneau, mais une rallonge.
Pantalon.—V. Paire.
Pantomine.—Corruption de pantomime: acteur qui exprime par des gestes les passions, les idées, sans recourir à la parole. On peut dire indifféremment un pantomime ou une pantomime, en parlant de cet acteur.
Pantomime est du féminin lorsqu’il désigne l’art d’exprimer par des gestes les passions, etc.
Pantry.—V. Dépense.
Pape.—Ne dites pas: les Etats du pape, mais les Etats de l’Eglise, ou Etats pontificaux, ou Etats romains.
Paper-clip.—Cette expression anglaise se traduit par pince-notes: pince à ressort servant à retenir ensemble des feuilles de papier.
Papier.—Ne dites pas: du papier sablé, qui est un anglicisme (sand paper), mais du papier de verre: papier enduit de poudre de verre, dont on se sert pour polir les pièces de bois ou de métal.
Paquet.—V. Poste.
Par.—Par ici signifie en français: par cet endroit-ci, vers cet endroit-ci, en parlant du lieu où l’on est. Passez par ici; venez par ici. C’est une faute de donner à cette locution adverbiale le sens de: dans cette localité. Ne pas dire: Les gens de par ici, mais les gens de l’endroit, de la localité, de cette localité.
Dites: Cinq pour cent, dix pour cent, et non cinq par cent.
Paraître.—Je l’ai paru belle est une expression vicieuse. C’est la corruption de: Je l’ai paré belle. Je l’ai échappé belle a le même sens.
Parapel.—N’est pas français. Corruption de parapet. Parapet est un terme de fortification, et veut aussi dire muraille ou garde-fou à hauteur d’appui sur les côtés d’un pont, d’un quai, etc. C’est donc une faute de donner à ce mot le sens de trottoir, perron, véranda. V. Galerie.
Parc.—Prononcé à tort por. Dites: porcherie, soue, et non parc aux cochons; dites stalle, box (masc.) et non parc d’une étable. Un parc aux cochons est, en français, un enclos à découvert.
Parcel delivery.—Expression anglaise qui se traduit par factage: action de transporter les paquets, les marchandises d’un endroit à un autre dans une ville. Factage désigne aussi la compagnie de transport qui fait le factage. Le factage parisien.
Pardessus.—La sous-chaussure, qu’on appelle à tort pardessus, se nomme en France snow-boot. Les pardessus sont, en français, des caoutchoucs bas.
Ne pas confondre, quant à l’orthographe, pardessus en un seul mot, qui est le vêtement, et par-dessus, avec un trait d’union, qui est une locution adverbiale et un terme de commerce. Le treizième exemplaire pour le par-dessus. (Peu usité dans ce dernier sens.)
Paré.—Signifie en français orné. Autel magnifiquement paré. C’est une faute de donner à ce mot le sens de prêt: Je suis prêt, et non je suis paré. Cependant paré a, en français, la signification de prêt dans certaines locutions de marine.
Parent.—Il ne faut pas dire: Etre parent avec quelqu’un, mais être le parent de quelqu’un. Il est mon parent, et non il est parent avec moi.
Parfait.—Au parfait est une ancienne locution adverbiale. Dites: d’une manière parfaite, parfaitement, parfaitement bien. Elle a joué du piano d’une manière parfaite, parfaitement bien.
Parlement.—Le temps légal d’existence d’une Chambre élue n’est pas un parlement, mais une législature. Sixième session de la septième législature.
Il ne faut pas donner le nom de Parlement à la Chambre prise comme réunion délibérante. Dites: La Chambre a voté une certaine loi, et non le Parlement.
Parlementaire.—L’adjectif parlementaire signifie: qui a rapport au parlement. Régime, discussion, éloquence, usages, procédures, discours parlementaires. C’est une faute de dire: édifices parlementaires; une double faute de se servir de l’expression bâtisses parlementaires. (V. Bâtisse.) On doit dire: Le palais législatif, les édifices du parlement. Dites: L’enceinte du parlement ou du palais législatif, et non l’enceinte des édifices parlementaires.
Parler.—Entendre parler que est une expression vicieuse. Dites: J’ai entendu dire qu’il est arrivé un accident, et non j’ai entendu parler qu’il....
Parler du bout de la langue est une expression vicieuse. Dites: zézayer, bléser. (V. Temps.)
Paroisse.—La paroisse est une expression impropre pour désigner l’église de Notre-Dame, à Montréal. Il y avait lieu autrefois d’appeler cette église la paroisse, lorsqu’elle était seule à Montréal, puisque, en français, paroisse désigne l’église de la paroisse.
Part.—Ne dites pas: à part de lui, de moi; mais: à part lui, à part moi. Personne n’y est allé à part lui.
Ne dites pas: en quelque part qu’il se trouve, mais quelque part qu’il se trouve. Quelque part où il se trouve se disait autrefois, mais n’est plus employé.
C’est une faute de donner à part le sens d’action de banque, de chemin de fer, d’une compagnie quelconque. Au lieu de part payée, qui est un anglicisme (paid up share), dites: action acquittée.
Parti.—Ne dites pas: Un parti d’arpenteur est à tracer certaines lignes, mais une brigade d’arpenteur.
Particulier.—Il ne faut pas donner à ce mot le sens de minutieux, soigneux, attentif, exigeant, délicat, susceptible. C’est un anglicisme.
Partir.—Prend l’auxiliaire être dans ses temps composés, dans toutes ses acceptions, excepté lorsqu’il s’agit d’une arme à feu. Le fusil a parti tout à coup.
Partir est employé ici à tort dans une foule de phrases comme celles-ci: Partir un journal (fonder un journal); partir un magasin (ouvrir un magasin); partir une ligne de tel point (terme d’arpentage: partir une ligne en partant de tel point, ou en commençant à tel point); partir quelqu’un (commanditer quelqu’un dans un commerce, aider quelqu’un à débuter dans une profession). Ce sont tous là des anglicismes.
Partisannerie.—N’est pas français. Remplacez ce barbarisme par: préjugés de partisan, ou esprit de parti.
Partner.—Mot anglais. Il y a le mot correspondant français: partenaire. Dites mon cavalier, mon danseur, ma danseuse, et non mon, ma partenaire, pour désigner la personne qui danse avec vous.
Pas.—L’expression pas mal exige la négative. Il n’y a pas mal de monde. Je ne me porte pas mal; il ne s’est pas mal amusé. Mais on dira: vingt-cinq mille hommes pas trop mal équipés; il a essuyé pas mal de déboires; parce qu’il est impossible de mettre ne dans ces phrases. V. Bas.
Passable.—C’est une faute de dire: chemin passable (dans lequel on peut passer sans trop de difficultés.) Dites: chemin praticable.
Passage.—Ne dites pas: le passage d’une loi, mais la votation, l’adoption d’une loi.
Le passage dans une maison est un corridor court et étroit. Il ne faut pas le confondre avec le vestibule, qui est la pièce par laquelle on entre dans une maison, qui s’offre la première, et qui sert de passage pour aller aux autres pièces. Grand vestibule.
Passager.—Ne se dit que des personnes qui prennent passage sur un navire. C’est un terme de marine. C’est un anglicisme de donner à ce mot le sens de voyageur (en chemin de fer, en tramway, en omnibus).
Passation.—L’on dit bien: la passation d’un acte, d’un contrat; mais il faut dire: la votation, l’adoption d’une loi, et non la passation.
Passe.—Ne dites pas une passe, mais un permis de circulation: autorisation pour voyager gratuitement sur une ligne de chemin de fer, accordée par la compagnie. Quand il ne s’agit que d’un passage gratuit, on dit un permis, tout simplement.
Passe-galon.—N’est pas français. Dites passe-lacet: espèce d’aiguille au moyen de laquelle on passe un lacet dans la coulisse d’un vêtement, dans les œillets d’une bottine.
Passe-partout.—On appelle ici, à tort, passe-partout une scie à chantourner.
Passeport.—Dites faire des tours de passe-passe, et non de passeport.
Quelques-uns font la faute d’écrire passe-port au lieu de passeport.
Passer.—Ne dites pas: Passer une loi, un règlement, passer des remarques (ce sont des anglicismes); mais: adopter, voter une loi, un règlement, faire des remarques.
Au lieu de: Il passe une heure, dites: il est une heure passée.
Passer un billet à l’ordre de quelqu’un signifie, en français: lui en transmettre la propriété par endossement. C’est une faute de donner à cette expression le sens de souscrire un billet à quelqu’un. Un débiteur souscrit un billet à son créancier pour ce qu’il doit à ce créancier, et non: passe un billet à l’ordre de son créancier.
Passer au feu. V. Feu.
Passerelle.—C’est à tort que l’on donne le nom de passerelle à la planche volante ou planche de débarquement. (V. Gangway.) La passerelle est une sorte de pont étroit qui ne sert qu’aux piétons; et un petit pont léger, dans la partie centrale d’un bâtiment à vapeur, où se tient l’officier de quart.
Patate.—La patate, en français, désigne une espèce d’igname, aux racines tuberculeuses, telle que la patate sucrée. C’est une faute d’appeler patate la pomme de terre.
Patente.—C’est un anglicisme d’appeler patente, le brevet d’invention. Obtenir, prendre un brevet, et non une patente.
Patenter.—C’est un anglicisme de donner à ce mot le sens de breveter. Faire breveter une invention, et non faire patenter. On peut écrire: Je brevète, tu brevètes, il brevète, ou je brevette, tu brevettes, il brevette.
Patriotique.—Dites patriotique en parlant des choses: but, chant patriotique; mais patriote en parlant des personnes. C’est un homme patriote, et non un homme patriotique.
Patronage.—Est en français la protection qu’un homme puissant accorde à un inférieur; que certaines associations donnent aux pauvres. N’est pas français dans le sens de pratique, clientèle. Un marchand qui désire avoir la pratique, la clientèle de quelqu’un, et non le patronage.
Patroniser.—Ce sont des anglicismes de dire: Patroniser une entreprise (pour: la favoriser); patroniser quelqu’un (pour: le seconder, l’appuyer). Dites: Patronner quelqu’un, et non le patroniser (l’introduire dans le monde, dans la haute société). Patroniser, en français, signifie protéger, en parlant d’un homme puissant: Le ministre patronise cette institution.
Patte.—Ne dites pas: la patte, mais le pied d’une table, d’un banc, d’une brouette.
Il faut dire le pied, la jambe, et non la patte, pour l’âne, la biche, le bœuf, le cheval, le chameau, la chèvre, le cochon, l’éléphant, le mouton, et pour tous les animaux chez lesquels cette partie est de corne. Patte, c’est le pied des quadrupèdes qui ont des doigts, des ongles ou des griffes, comme les singes, les lièvres, les chats, les chiens, les crapauds, les lions, les loups, les ours, les rats, etc. Patte se dit encore des oiseaux autres que les oiseaux de proie (pour ceux-ci on dit serre), et de certains animaux aquatiques, comme l’écrevisse, le homard, etc., et de certains insectes, comme le hanneton, l’araignée, la mouche, etc.
Il faut dire: Un cheval qui se cabre, se dresse sur les pieds de derrière; ce cheval s’est cassé la jambe. Dites aussi: Ragoût de pieds de cochon.
Ne dites pas: marcher sur une patte, mais marcher à cloche-pied.
Patté.—Ne dites pas: ces volailles sont pattées, mais pattues, c’est-à-dire qu’elles ont de la plume aux pattes.
Paver.—Ne dites pas: paver mais joncher de branches, d’herbes, de fleurs. L’église était jonchée de fleurs. On dit paver quand il s’agit de cailloux, de grès, de briques.
Pawner.—Anglicisme. Au lieu de pawner sa montre, dites: la mettre au mont-de-piété, l’engager.
Payant.—C’est un anglicisme de dire: emploi, commerce, ouvrage payant. Dites: lucratif.
Payer.—Ce sont des anglicismes de dire: payer une visite (pour: faire ou rendre une visite, suivant le cas): payer un compliment (pour: faire, adresser un compliment); cette affaire va payer beaucoup (pour: va rapporter beaucoup, va donner beaucoup de profit).
Payer pour, signifie entre autres choses, en français: expier en place de. Cette victoire publique qui doit payer pour tout le monde. C’est un anglicisme de dire: payer pour un achat, payer pour son loyer, etc., au lieu de: payer un achat, son loyer. Au lieu de la menace: tu vas payer pour, dites: tu vas payer cela.
Ne dites pas: une lettre payée, payer une lettre (c’est un anglicisme), mais une lettre affranchie, affranchir une lettre.
Le présent de l’indicatif est: nous payons, l’imparfait de l’indicatif et le présent du subjonctif: payions.
Paylist.—Terme anglais. Se traduit par bordereau (d’appointements, de salaires, de gages, etc., selon le cas).
Paymaster.—Mot anglais employé par nombre de personnes qui savent pourtant qu’elles font une faute. Se traduit par payeur.
Pea-nut.—Expression anglaise. Se traduit par arachide ou pistache de terre: plante de la famille des légumineuses, originaire de l’Amérique.
Pêche.—C’est à tort que l’on appelle pêche, la bordigue: enceinte formée avec des claies, des perches, etc., sur le bord de la mer pour prendre du poisson, ou pour retenir et garder du poisson vivant.
Peigne.—Peigne de corne désigne, en français, un peigne fait de corne, qu’il soit petit ou gros. C’est à tort que l’on appelle ainsi le démêloir (peigne à grosses dents).
Peigne n’est pas français pour avare, pingre. C’est une corruption de pingre.
Pelote.—On dit: une pelote de laine, de toilette (pour épingles), de neige; mais au lieu de: jeu de pelote à la main, dites: jeu de paume.
Peloter (se).—Signifie en français: être mis en peloton. Cet écheveau de fil se pelote aisément. Aussi, en terme populaire, signifie: Se battre, se maltraiter de coups. C’est une faute de donner à ce mot le sens de: se jeter des boules de neige.
Pénalité.—N’a pas en français le sens d’amende. C’est un anglicisme de dire: Sous une pénalité de, pour: sous peine d’une amende de. Dites: L’amende imposée par la loi est de... et non: la pénalité imposée...
Pendant.—V. Durant.
Pendriloque.—Corruption de pendeloque: pierre ordinairement en forme de poire, ajoutée aux boucles d’oreilles, à une chaîne de montre; morceau de cristal taillé en poire; morceau d’étoffe qui pend d’un habit déchiré. On dit aussi, mais à tort, pendrioche pour pendeloque.
Pension.—Signifie en français, entre autres choses: le prix que l’on paie pour la nourriture et le logement, ou pour la nourriture seulement; et aussi désigne l’endroit où l’on mange et couche, ou bien où l’on mange seulement. C’est une faute de donner à pension le sens de qualité de la nourriture, et de dire: As-tu une bonne pension? pour demander si la nourriture est bonne. Dites: as-tu une bonne table?
On ne doit pas dire, maison de pension, mais simplement pension. Maison de pension privée est un anglicisme baroque (private boarding house). Il faut simplement dire pension.
Maîtresse de pension désigne en français: celle qui dirige une maison d’éducation appelée pension. C’est une faute d’appeler maîtresse de pension celle qui tient une pension pour la nourriture et le logement, ou pour la nourriture seulement.
Pensionner.—Signifie en français: donner, faire une pension à quelqu’un. Pension est pris ici dans le sens de somme d’argent donnée à des intervalles fixes et périodiques. Pensionner un soldat. C’est une faute de donner à ce mot le sens de prendre sa pension, d’avoir en pension. Dites: Je prends ma pension à tel endroit; ces gens ont plusieurs personnes en pension, et non, je pensionne à..., ces gens pensionnent plusieurs personnes.
Peppermint.—Terme anglais, se traduit par menthe poivrée. L’article de commerce qui consiste en une pâte sucrée contenant de la menthe se nomme pastille de menthe, et non peppermint.
Percentage.—Signifie en français: droit de tant pour cent. Le percentage prélevé par la douane sur les marchandises venues de l’étranger. C’est un anglicisme de lui donner le sens de taux, remise, commission. On dira: Je vous donnerai une commission de tant pour cent; une remise de dix pour cent, faite par un marchand, et non un percentage de tant pour cent, de dix pour cent.
Perdre.—L’expression: Perdre une motion est vicieuse. Dites: la motion de X... a été rejetée, et non: X... a perdu sa motion.
Perron.—Est, en français, un escalier extérieur composé de plusieurs marches avec plate-forme. C’est une faute d’appeler perron le balcon, la véranda, le péridrome. (V. Galerie.)
Personnel.—Ami personnel voudrait dire à la rigueur: ami égoïste. C’est un anglicisme condamnable de donner à l’expression ami personnel le sens d’ami intime.
Pesant.—Ne dites pas: avoir le pesant, mais avoir un cauchemar. Pesant, substantif, signifie entre autres: poids. Cet homme vaut son pesant d’or.
Pétaque, pataque.—Corruption de patraque: machine usée, ou de peu de valeur. Cette montre n’est qu’une patraque, et non qu’une pétaque.
Pétard.—Il ne faut pas appeler pétard le claque qui est un jouet d’enfant. C’est un papier plié de telle sorte qu’un mouvement rapide de la main le fait ouvrir avec un bruit rappelant celui d’un coup de fouet.
Péter.—On dira en français: Ce vin mousseux a fait péter toutes les bouteilles, c’est-à-dire: les a fait crever avec détonation, rompre avec bruit. Au lieu de: Ce verre est pété, dites: est fêlé, cassé, fendillé.
Pétiller.—Signifie: éclater avec un petit bruit réitéré (le feu pétille); étinceler (ses yeux pétillent). C’est une faute de donner à ce mot le sens de fendillé (vernis fendillé), fêlé (vase fêlé); crevassé (terre crevassée).
Philippina.—C’est philippine, et non philippina, qui est correct. Faire philippine est une sorte de jeu qui consiste à partager avec quelqu’un une amande contenant deux fruits. Celui des joueurs qui, à la première rencontre, dit à l’autre: Bonjour Philippine, ou Philippine tout court, a gagné l’enjeu ou un cadeau, suivant ce qu’on a convenu.
Philippine est du féminin: Perdre une philippine.
Piastre.—M. Fréchette s’exprime ainsi: “A propos du dollar, je ne dirai pas que c’est un péché d’appeler piastre notre monnaie de cent sous; mais pour l’uniformité du langage, il vaudrait mieux nous servir du mot dollar, qui est adopté par tous les lexicographes français, et en particulier par l’Académie. Le mot piastre ne désigne pas une monnaie française, mais une monnaie turque ou espagnole.” Il ne peut cependant y avoir de faute à se servir du mot piastre qui, comme cent (V. Centin), a été récemment adopté dans les colonies françaises de l’Asie, en vertu d’une décision ministérielle.
Picasse, Picouille.—Ces mots ne sont pas français, et s’emploient à tort pour désigner un mauvais cheval, une rosse, une haridelle, une bourrique.
Picosser.—N’est pas français. Dites: becqueter (donner des coups de bec) en parlant des oiseaux. Fruits becquetés par les poules. Je becquète, je becquetais, je becquèterai.
Picot.—On dit en français: picot de dentelle. Picot désigne aussi une sorte de filet. C’est une faute de dire: couvert de picots, pour désigner un patron d’étoffe, ou la couleur d’un animal. On peut se servir des expressions: Oiseau tacheté, moucheté de gris (au lieu de: couvert de picots gris); étoffe à fond noir avec points blancs, avec pois blancs, et non picots blancs.
Picote.—Quelques-uns font la faute d’écrire ce mot avec deux t. Ecrivez picote, et non picotte.
Pied.—L’expression aux pieds (au pluriel) ne doit s’employer que pour les personnes. C’est donc une faute d’écrire: aux pieds de l’autel, du balustre, de l’escalier, de la montagne, pour au pied de.....
Pierre.—Ne dites pas: Pierre à moulange, mais pierre meulière (espèce de silex propre à faire les meules de moulin).
Ce qu’on appelle à tort simplement pierre (qui est l’objet placé devant les maisons et qui sert à monter à cheval ou en voiture) se nomme en français montoir.
Dites bouteroue, chasse-roue, et non pierre ou poteau, pour désigner ce qui empêche que les essieux de voiture ne brisent les angles des bâtiments, les garde-fous, les parapets, etc.
Pierre de sable est un anglicisme (sandstone). Dites: grès (pierre formée de petits grains de quartz agglomérés et agglutinés par une substance insaisissable).
Pierroter.—N’est pas français. Dites: empierrer, macadamiser, caillouter (un chemin, une route).
Pigeon-hole.—Terme anglais. Se traduit par trou-madame: sorte de jeu qui consiste à faire passer des billes par des ouvertures marquées de chiffres.
Piger.—En français, est un terme du jeu de bouchon. C’est une faute de donner à ce mot le sens de choisir (dans un plat en se servant), de prendre des cartes au talon.
Piler.—Veut dire en français broyer, écraser. C’est une faute de donner à ce mot le sens de: mettre en pile. Au lieu de piler, dites empiler (du bois) (V. Corder); ameuloner (des gerbes), emmeuler (les foins).
Au lieu de piler sur les pieds de quelqu’un, dites: lui marcher sur les pieds.
Pilier.—Ne dites pas les piliers, mais les piles d’un pont. Pilier en français est entre autres une colonne, un poteau.
Pilot.—Pilot signifie en français: pieu de pilotis, tas de sel en forme de cône, etc. Ce sont des anglicismes de dire pilot (qui est le terme anglais) au lieu de pilote; et pilot branché (branch-pilot) au lieu de pilote lamaneur: pilote reçu et commissionné, après des études spéciales, pour entrer et sortir des rades, havres, toute espèce de bâtiment.
Piloter.—Signifie en français: conduire en qualité de pilote (piloter un bâtiment); établir un pilotis; mais n’est pas français dans le sens de fouler avec les pieds (la neige, la terre, etc).
Pincée.—Ne dites pas donner une pincée, mais une pince ou une pinçade, faire un pinçon (action de pincer). Pincée désigne en français la quantité que l’on peut prendre avec deux ou trois doigts. Une pincée de sel.
Pintocher.—N’est pas français. Dites: pinter, boire avec excès.
Pioche.—N’est pas français dans le sens de houe, bêchoir. Pioche désigne l’outil qui s’emmanche par le milieu, dont le fer est d’un côté terminé en pointe comme celui d’un pic, et de l’autre en un tranchant semblable à celui de la houe, mais d’une largeur très variable, suivant l’usage auquel on destine l’outil. Le pic diffère de la pioche, en ce qu’il a les deux côtés terminés en pointe.
Piocher.—Signifie en français: remuer avec la pioche: piocher la terre. C’est une faute de donner à ce mot le sens de piaffer: frapper du pied la terre, en parlant du cheval.
C’est encore une faute de donner à piocher le sens de prendre des cartes au talon.
Pipe.—Il faut appeler lance, et non pipe, la partie en cuivre qui termine le boyau d’incendie. Porte-lance est le nom de l’homme qui porte la lance.
Quelques-uns appellent à tort pipes, les tuyaux, les conduits pour l’eau et le gaz (de l’anglais pipe).
Pipée.—Est, en français, un terme de chasse. C’est une faute d’employer ce mot pour désigner la quantité de tabac que peut contenir une pipe.
Piquée.—N’est pas français. Au lieu de piquée d’une charrue, dites entrure: profondeur plus ou moins grande à laquelle le soc pénètre dans le sol.
Piquer.—Ne dites pas: piquer au plus court, mais prendre au plus court. Au lieu de suivre le chemin, il a pris au plus court.
Au lieu de piquer à travers les champs, dites: passer à travers. Mais on dira d’un cavalier: qu’il a piqué (son cheval sous-entendu) vers tel endroit.
Piquet.—Signifie en français: jalon pour prendre un alignement; petit pieu pour retenir les cordes d’une tente, etc. Mais il faut dire pieu de clôture, et non piquet.
Piton.—Est en français un fer tourné en anneau et ayant une queue à vis ou à pointe. C’est une faute d’appeler piton le clou qui est un morceau de métal (fer, cuivre, etc.) formé d’une tête qui affecte différentes formes, et d’une queue à pointe. Le clou en cuivre se plante dans les murs d’une salle et sert à y suspendre les tableaux, etc.
Pivelé.—N’est pas français. Dites: moucheté (satin moucheté); aussi tacheté: oiseau tacheté de points blancs, gris. V. Picot.
Place.—C’est une faute de dire: C’est une belle place pour y construire une maison de campagne (au lieu de: bel endroit); c’est une bonne place pour un moulin (un bon endroit). Au lieu de: les gens de la place, dites les gens de l’endroit.
Place n’est pas français dans le sens de plancher, parquet; ni pour signifier à terre, par terre (dans une maison). Qui a jeté mon chapeau à terre? et non dans la place. J’ai trouvé mon ami par terre sans connaissance, et non: dans la place.
Place d’eau est un anglicisme. Dites ville d’eau. Le mot ville dans ce cas s’applique aux moindres endroits. On dit aussi station d’été.
S’il s’agit d’un endroit où l’on prend des bains d’eaux minérales, on l’appelle station balnéaire. Si les eaux sont chaudes, il faut dire station thermale. Aller aux eaux signifie se rendre dans une localité où il existe des sources d’eaux minérales naturelles, afin d’y suivre un traitement.
Plaider.—Plaider coupable, plaider non coupable sont des anglicismes (to plead guilty, to plead not guilty). Au lieu de plaider coupable, dites: faire des aveux; avouer sa culpabilité, son crime; se reconnaître coupable. Au lieu de plaider non coupable, dites: nier sa culpabilité, protester de son innocence.
Ne dites pas: plaider des circonstances atténuantes, mais invoquer des... Au lieu de: plaider au mérite, dites: plaider au fond. Ces deux dernières expressions vicieuses sont des anglicismes.
C’est un anglicisme de donner à plaider le sens de: fournir, par écrit, ses moyens de défense dans une cause.
Plan.—L’oiseau qui sert pour appeler les autres et les faire venir dans les filets ou à portée de fusil, s’appelle, en français, un oiseau appelant, et non un plan.
L’original d’un plan qui demeure chez l’arpenteur s’appelle en français plan-minute, et non plan-brouillon.
Planche.—Etre sur les planches est une expression incorrecte. Dites: Etre exposé. (Lit de parade: sur lequel on expose un mort).
Ne dites pas: un terrain planche, mais plan, égal, c’est-à-dire plat, uni, sans inégalités. Une terre plane, égale, d’un bout à l’autre.
Au lieu de planche de couchette, dites goberge, fonçaille.
Plancher.—Ne dites pas le plancher de bas et le plancher de haut, mais le plancher et le plafond.
Un plancher en pierre n’est pas français; c’est dallage qu’il faut dire. Le pavement en briques s’appelle carrelage. Quand il est en pièces de bois de petites dimensions, il se nomme parquet. S’il est en ciment, en mosaïque, en marbre, on dit tout simplement: pavement en ciment, en mosaïque, en marbre.
Plançon.—En français, plançon désigne un grand corps d’arbre qu’on refend à la scie pour en faire du bois de charpente. Dites: bois refait, et non plançon, pour désigner le bois de charpente équarri et dressé sur toutes ses faces.
Plaque.—Ne dites pas la plaque mais la platine d’un fusil: pièce à laquelle sont attachées toutes celles qui servent au ressort d’une arme à feu.
Plaquer.—Signifie, en français: appliquer une chose mince et plate sur une autre. Plaquer un meuble. L’expression plaquer un arbre est incorrecte. Dites: faire une plaque à un arbre. La plaque est faite en enlevant l’écorce au moyen d’une hache.
Plarine.—Corruption de praline: amende rissolée dans du sucre.
Plastrage.—N’est pas français. De l’anglais plastering. Dites plâtrage: ouvrage fait de plâtre, etc.
Plaster.—Mot anglais. Dites: taffetas d’Angleterre ou taffetas gommé: espèce de sparadrap préparé qu’on applique sur une coupure pour tenir les chairs rapprochées.
Plastereur.—N’est pas français. De l’anglais plasterer. Dites: plâtrier.
Platine.—Ne dites pas platine, mais torquette de tabac: feuille de tabac roulée très serré et pressée.
Pleumer.—N’est pas français. C’est une corruption de plumer: arracher les plumes de. Plumer une oie. Pour signifier enlever la peau, il faut dire écorcher, et non plumer. Ecorcher une vache, une anguille. Dites: peler, écorcer un arbre, et non le pleumer. Ne dites pas: bois pleumé, mais bois pelard (écorcé, pelé).
Plomber.—L’expression: le soleil plombe, signifiant qu’il est ardent, brûlant, n’est pas dans le dictionnaire, mais ne peut cependant être condamnée.
Plombeur.—Est un anglicisme (plumber) pour désigner le plombier. Plombeur est français, mais désigne celui qui plombe les marchandises, les étoffes, en appliquant un sceau de plomb, pour marquer qu’elles ont payé les droits.
Plonge.—Est, en français, un terme technique. Chandelle à la plonge. C’est une faute de donner à ce mot le sens de plongeon. Faire un plongeon, et non faire ou prendre une plonge.
Plug.—Terme anglais. Dites torquette de tabac et non plug: feuille de tabac roulée très serré et pressée.
Plumat.—N’est pas français. Dites plumail ou plumet pour signifier la plume servant d’ornement à un chapeau; mais pour désigner un balai de plumes, dites plumail, plumasseau, plumard ou plumeau, et non plumat.
Poche.—Ne dites pas: Etre à la poche, mais être à la besace (être ruiné).
Dites plutôt un sac de farine qu’une poche de farine. Poche s’emploie peu dans ce sens et est un terme populaire.
En termes de billard on dit une blouse, et non une poche.
Ne dites pas: la poche sent toujours le hareng, mais la caque sent toujours le hareng (proverbe): on se sent toujours de la bassesse de son extraction.
Pochetée.—N’est pas français; on dit une pochée, c’est-à-dire: le contenu d’une poche.
Poêle.—Désigne, en français: le fourneau de fonte, de terre, servant à chauffer un appartement. Au lieu de poêle de cuisine, dites fourneau de cuisine, fourneau domestique, ou simplement fourneau. Ne dites pas poêle à gaz, poêle à pétrole, mais fourneau à gaz, fourneau à pétrole.
Poignée.—Ne dites pas poignée de porte, mais bouton, pour désigner la partie que l’on tourne à la main pour ouvrir la porte. Dites de même, bouton de tiroir et non poignée. On dira poignée de porte, lorsque cette partie est faite en forme de crampon et est fixée à la porte.
Poigner.—N’est pas français. Dites empoigner, saisir (quelqu’un par le bras, au collet), attraper (quelqu’un en courant), attraper (un rhume), prendre (un poisson), etc.
Poignet.—Le poignet en français est la bande plate dans laquelle on resserre l’ampleur de la manche d’une chemise, d’une robe. Dites manchette pour désigner l’article de toilette qui se porte aux poignets de la chemise.
Poil.—Poil de chèvre. A cette expression, Bescherelle dit: “Nom donné assez improprement à une étoffe dont la trame est en laine peignée et la chaîne de coton.” Pour désigner la soie à coudre, il faut dire cordonnet, et non poil de chèvre.
Poinçon.—Est, en français, un outil de fer ou d’autre métal qui se termine en pointe. Sert à graver, etc. Dites: chasse-pointe, chasse-clou, repoussoir, et non poinçon, pour désigner l’outil qui sert à chasser les pointes ou clous plus loin que ne peut le faire le marteau.
Pointe.—Dites chardons, et non pointes, pour désigner les crocs dont on garnit une clôture, un mur, pour empêcher de passer, d’escalader.
Pôle.—Au lieu de pôle (à rideaux), qui est un anglicisme, dites tringle, si l’objet est en fer, et bâton à rideaux s’il est en bois. C’est encore un anglicisme de dire pôle pour désigner la pièce de bois aux deux côtés de laquelle on attelle les chevaux. Le nom français est timon.
Police.—Ne dites pas: Le poste de la police, mais: le poste des gardiens de la paix, ou simplement le poste; le bureau de police.
L’expression police riveraine est vicieuse. Dites: gendarmerie maritime. Au lieu de: police montée, qui est un anglicisme (mounted police), dites gendarmerie à cheval; et gendarme à cheval au lieu d’homme de la police montée.
Dites: un agent de la police, un sergent de ville, un gardien de la paix, et non un homme de police.
Polka.—Beaucoup de personnes semblent ignorer que ce mot est du féminin. Je viens de danser une polka.
Poll.—En français signifie: constatation des votes au moyen des registres. Dépouillement du poll. Demander le poll. Mais il faut dire: bureau de vote, du scrutin, et non maison du poll. Prononcez polle.
Pollué.—Signifie en français: profané, souillé, violé: Temple pollué. Mais on ne peut pas dire une eau polluée; c’est un anglicisme (polluted). Employez les mots: contaminée, corrompue, infectée.
Pomme.—Ne dites pas: la pomme de la main, mais la paume (prononcez pôme). Au lieu de pomme de choux, dites tête de choux. Mais on peut dire en français: un chou pommé (formé en pomme).
Ponce.—En français désigne une pierre. De la ponce, ou de la pierre ponce. C’est une faute d’appeler ponce un punch ou un grog: boisson faite d’eau-de-vie, d’eau chaude ou froide, et de sucre. V. Hot-scotch.
Pontage.—Signifie en français: construction d’un pont. C’est une faute de donner à ce mot le sens de pavage en bois (d’une étable, d’un chemin); de tablier (d’un pont).
Ponter.—Terme de marine: mettre un pont à un navire. Ne dites pas: Ponter un chemin, chemin ponté, mais paver un chemin, chemin pavé en bois.
Pop-corn.—Ce terme anglais désigne un mets inconnu en France. M. Fréchette suggère maïs grillé, comme traduction; et pour corn-popper, grilleur de maïs.
Populacerie.—En français, ce mot veut dire mœurs, habitudes de la populace. Nous avons donc tort de l’employer comme synonyme de popularisme: cour basse et servile faite au peuple. C’est grâce à son popularisme qu’il a été élu. Il ne faut pas non plus donner à populacerie le sens de démagogie; moyens, menées que l’on emploie pour devenir influent parmi le peuple, pour se concilier la faveur populaire.
Poque.—Désigne en français un jeu de cartes qui n’est plus joué. C’est une faute de donner à ce mot le sens de marque, impression, petite cavité faite à un objet (telle qu’à un meuble, un plancher). Les enfants désignent à tort par poque, la marque que fait la pointe d’une toupie à une autre toupie; il faut dire gniole. La poque est plus courte et plus profonde que l’éraflure.
Porridge.—L’espèce de bouillie qu’on appelle en anglais porridge, et en canadien soupane, s’appelle en France potage américain, ou potage à l’américaine, ou oatmeal.
Port.—L’expression vin de Port est un anglicisme. Dites: vin de Porto (ville du Portugal).
Porte.—Ne dites pas: la petite porte d’un poêle, mais la tirette, pour désigner le morceau de fonte qui se glisse sur la petite ouverture pratiquée dans la porte d’un poêle pour en régler le tirage.
Dites la portière d’un carrosse, d’une voiture, et non la porte.
Porte-chapeau.—Est, en français, une plante. Dites patère pour désigner l’ornement dont on se sert pour accrocher les chapeaux.
Portefaix.—Désigne en français un homme dont le métier est de porter des fardeaux. Dites porte-brancard ou anse, et non portefaix, pour désigner la partie du harnais en forme d’anneau dans laquelle entre le brancard ou le limon.
Portefeuille.—Est, en français, une enveloppe servant à mettre des papiers, composée ordinairement de deux feuilles de carton ou de cuir réunies ensemble par un de leurs côtés. C’est une faute d’appeler portefeuille, le porte-monnaie. Des porte-monnaie.
Porte-ordure.—N’est pas français. La petite pelle dont on se sert pour enlever les balayures se nomme pelle à main, ou simplement main.
Porte-panier, Porte-paquet.—Ne sont pas français; dites: rapporteur, cancanier, médisant, suivant le cas.
Porte-queue.—Désigne, en français, l’individu chargé de porter la queue de la robe d’une dame ou d’un grand personnage. Dites: trousse-queue ou culeron, pour désigner la lanière qui passe sous le haut de la queue d’un cheval. Croupière désigne toute la pièce qui part de la selle ou du bât du harnais, et qui vient passer sous la queue.
Porte-voix.—Désigne en français un instrument destiné à porter la voix au loin. Si l’on veut parler des tubes destinés dans les maisons à transmettre la voix d’un point à un autre, il faut dire: tubes, ou tuyaux acoustiques, et non porte-voix. Le porte-voix désigne en termes de marine, entre autres choses, les longs tuyaux servant à transmettre les commandements à bord des vaisseaux.
Positif à, Positif de.—Sont des anglicismes d’un emploi continuel. Au lieu de: Il est positif à dire cela, je suis positif de cela, il faut: Il dit cela d’une manière positive, formelle; il dit la vérité, j’en suis sûr, certain.
Possible.—L’expression si possible est un anglicisme (if possible). On peut dire: S’il y a possibilité, si c’est possible.
Postage.—Est en français un terme technique de faïencerie fort peu employé. C’est un anglicisme de lui donner le sens de port: prix qu’on paie pour le transport des lettres.
Poste.—Le maître de poste désigne en français celui qui fournit les relais de la poste. L’expression maître de poste est un anglicisme (post-master) pour désigner celui qui administre un bureau de poste. Dites: Directeur de la poste. Le directeur général des postes sont les termes corrects pour: maître général des postes. Ne dites pas homme de la poste (autre anglicisme, postman), mais facteur: celui qui distribue les lettres et journaux à domicile.
L’expression: Poste aux paquets est un anglicisme (parcel post). Dites: Département des colis postaux; et au lieu de paquet, dites: colis postal.
Poste-carte.—De l’anglais post-card. Dites: carte postale.
Poster.—On dit en français: Poster un chasseur à l’affût, poster des troupes, une sentinelle, etc., mais c’est un anglicisme de donner à ce mot le sens de mettre à la poste.
Se pôster, terme venant de l’anglais, doit se dire en français: se mettre au courant. Au lieu de: C’est un homme bien pôsté, dites: bien renseigné, bien au courant.
Posthume.—Signifie en français: enfant né après la mort du père. N’est pas français dans le sens de pus, sanie, matière purulente.
Postillon.—Est, en français, un homme attaché au service de la poste aux chevaux pour conduire les voyageurs. Dites, au lieu de postillon, courrier pour désigner celui qui conduit la malle ou la malle-poste (voiture pour le service de la poste aux lettres qui prend aussi des voyageurs). C’est encore une faute d’appeler postillon, le facteur qui distribue les correspondances à domicile.
Post-office.—Anglicisme. Dites: bureau de poste. Lorsque l’édifice est important, comme dans une grande ville, on dit aussi l’hôtel de la poste, des postes.
Pot.—Au jeu de cartes, pot est un terme anglais. Dites une poule, et non un pot. Gagner une poule.
Poteau.—V. Pierre.
Potence.—Ne dites pas: monter sur la potence, mais subir la peine de la potence. Le condamné monte sur l’échafaud, mais demeure sous la potence, à laquelle est attachée la corde qui le suspend.
Pour.—Pour, joint à un mot qui exprime le temps, signifie pendant, mais avec le sens du futur. Je pars pour quinze jours, je vous interromps pour un instant, je vous quitte pour une minute. Mais c’est un anglicisme de dire: Il est resté à Paris pour un mois; il s’est absenté pour une heure.
L’expression: Cruauté pour les animaux est un anglicisme baroque (cruelty for animals). Dites cruauté envers les animaux.
Ne dites pas: Acheter pour le meilleur marché; mais au meilleur marché.
Pourvoir.—C’est un anglicisme (provided) de dire: il est pourvu par la loi. Il faut dire: prévu, statué, réglé.
Poussailler.—Poussailler, se poussailler ne sont pas français. Dites: pousser, bousculer; se pousser, se bousculer.
Pousser.—Ne dites pas qu’un champ pousse du grain, mais qu’il produit du grain; bien que l’on dise d’un arbre qu’il pousse des feuilles, des fleurs.
Poussière.—V. Coal-dust.
Poutine.—Corruption de pouding: mets composé de mie de pain, de moelle de bœuf, de raisin, etc.
Pouvoir.—Pouvoir d’eau n’est pas français. C’est un anglicisme (water power). Se dit: force ou puissance hydraulique. Cette chute d’eau a une force hydraulique de cent chevaux.
Praline.—Ecrivez sans accent circonflexe, et non prâline: amande rissolée dans du sucre. La saucisse plate qu’on appelle ici, à tort, praline se nomme en français crépinette.
Prêche.—Signifie en français: sermon prononcé dans une église protestante. Aller au prêche. N’a pas le sens de réprimande. On ne peut donc pas dire: Il lui a fait un prêche, pour: il l’a réprimandé.
Préférentiel.—N’est pas français. Dites: créance privilégiée, actions privilégiées, et non dette préférentielle, actions préférentielles, qui sont des anglicismes.
Préjugé.—Signifie, en français, dans cette expression: question, affaire préjugée: décidée avant d’avoir été approfondie. C’est un anglicisme de lui donner le sens de prévenu (contre quelqu’un).
Prélart.—Est, en français, une toile goudronnée qui sert à recouvrir les marchandises, une construction, etc., qu’on veut garantir de la pluie. Dites linoléum, et non prélart, pour désigner le tapis fait de jute et enduit d’huile. Dites toile cirée pour les prélarts en général.
Prélat.—Est, en français, un dignitaire ecclésiastique, aussi une espèce de toile cirée servant dans l’artillerie. C’est une faute d’appeler du prélat, ou un prélat, le linoléum. V. le mot précédent.
Prémisses.—Anglicisme (premises) pour: maison, demeure, lieux, local. Nous avons examiné les lieux, la maison, le local, et non les prémisses.
Il ne faut pas confondre prémisses et prémices. Le premier désigne les propositions d’un syllogisme. Prémices signifie: les premiers produits de la terre ou du bétail. Ces deux mots s’emploient surtout au pluriel.
Premier.—C’est un anglicisme d’employer ce mot seul pour désigner le premier ministre.
Ne dites pas: Son premier nom est Jean. C’est un anglicisme (first name); mais son prénom, son nom de baptême est Jean.
Prendre.—Ne dites pas: Prendre commerce, mais ouvrir un magasin. Au lieu de prendre les chars, dites prendre le train, le chemin de fer, ou monter en chemin de fer. Dites: L’idée lui est venue, et non: l’idée lui a pris. Ne dites pas: Ces allumettes ont pris en feu, mais ont pris feu, se sont enflammées. La maison a pris feu ce matin, et non a pris en feu.
Prendre en considération, en parlant d’un projet de loi, dans le sens de l’examiner, de le discuter, de le mettre à l’étude, est un anglicisme. En français prendre quelque chose en considération, c’est, dans une décision quelconque, y avoir égard, la faire entrer dans la balance, en tenir compte.
En termes parlementaires, en français, la prise en considération est un vote par lequel une assemblée politique, après avoir entendu le développement d’une proposition par son auteur, décide si elle doit être examinée dans les bureaux et soumise de nouveau à la discussion pour être convertie en loi.
On dit bien: s’emparer d’un morceau de terre, s’en assurer la possession; mais se prendre une terre est une locution vicieuse.
Prénom.—En français, il est d’habitude presque générale d’écrire au long le prénom que l’on porte, sans ajouter l’initiale d’un autre prénom, quand même il y en a plusieurs autres. Victor Hugo s’appelait Victor-Marie-Hugo, et il ne signait pas Victor M. Hugo. Alphonse Karr portait les prénoms de Jean-Alphonse-Karr, mais signait Alphonse Karr, et non Alphonse J. Karr. C’est une habitude anglaise de signer en donnant un prénom et l’initiale d’un autre, comme John H. Taylor.
Préparation.—Préparation aux diplômes est une expression vicieuse. On peut dire: Préparation aux examens pour obtenir un diplôme d’instituteur, de bachelier, etc.
Préserves.—N’est pas français. De l’anglais (preserves). Dites: confitures.
Presquement.—N’est pas français. Dites: Presque.
Presse.—Signifie en français: travail pressé. Dans cet atelier, il y a de la presse. Ne dites pas: Il n’y a pas de presse, mais il n’y a rien qui presse; il n’y a pas lieu de se presser.
Presser.—On peut dire: Le temps presse, mais c’est une faute de se servir de l’expression j’en presse, en parlant de quelque chose, pour signifier: j’en ai un besoin pressant.
Preuve (en).—Il est en preuve que, tel fait est en preuve sont des anglicismes. Dites: Les témoignages établissent que; il est prouvé que; la preuve de telle chose est faite.
Privé.—Ne dites pas le secrétaire privé d’un ministre, d’un gérant, d’un administrateur, mais le secrétaire particulier. Secrétaire particulier signifie: secrétaire attache à une personne, et ne dépendant pas de l’administration que cette personne dirige.
Prix.—Prix de départ est une expression vicieuse. Dites: mise à prix. Signifie, dans une vente à l’enchère: déclaration du prix d’un objet par le commissaire priseur.
Procédé, Procédure.—On emploie souvent, mais à tort, procédé pour procédure. Procédure est une forme, une manière de procéder en justice, et procédé est une manière d’agir à l’égard de quelqu’un. Un avocat peut dire à son confrère: Vos procédés sont charmants, mais vos procédures ne valent absolument rien.
Ne dites pas: les procédés d’une séance, mais le procès-verbal.
Processionniste.—N’est pas français. C’est un anglicisme. Il ne semble pas y avoir de mot dans la langue française pour désigner la personne qui suit une procession. Il y a bien processionneur, euse, mais il signifie: personne très assidue à suivre les processions; et est, du reste, fort peu employé.
Profession.—C’est une faute de dire: Homme de profession pour désigner un avocat, un médecin, un ingénieur, etc. Dites: Un homme de profession libérale.
Programme.—Est un anglicisme dans le sens de carnet de bal: petit cahier dans lequel les danseurs et les danseuses inscrivent le nom des personnes avec lesquelles ils ou elles ont promis de danser.
Prolongation.—Signifie en français: action de prolonger, d’accorder un délai, un surcroît de temps, de durée. Désigne aussi le temps ajouté à la durée d’une chose. Prolongation de congé. C’est un anglicisme de dire: prolongation d’une ligne, dites: prolongement. Ce dernier mot s’applique à l’étendue, tandis que prolongation s’applique au temps.
Prometteur.—En français désigne celui qui promet légèrement. C’est un anglicisme d’appeler prometteur le souscripteur d’un billet.
Promettre.—Dites: Je vous assure que c’est la vérité, et non je vous promets.... Promettre ne peut avoir le sens d’assurer, certifier.
Promissoire.—Est en français un terme de jurisprudence et de théologie, et ne s’emploie que dans l’expression serment promissoire. C’est un anglicisme de dire billet promissoire. Dites simplement billet. Souscrire un billet à son créancier, et non souscrire un billet promissoire à..
Promoteur.—Celui qui fait une proposition, une motion dans une assemblée délibérante se nomme le proposant, le proposeur, et non le promoteur. Ce mot-ci désigne en français celui qui prend le soin principal d’une affaire, qui lui donne la première impulsion. V. Moteur.
Promouvoir.—Promouvoir quelqu’un signifie en français: le porter, l’élever à une dignité. C’est un anglicisme de dire promouvoir les intérêts. Dites favoriser les intérêts.
Propriétaire.—Propriétaire de limite à bois. V. Limite.
Provision.—L’expression: provision d’une loi est un anglicisme. Dites: disposition d’une loi. Dites: marchand de comestibles, et non, marchand de provisions. Provisions, en termes de marine, désigne les vivres consommés par les officiers de l’équipage.
Public.—L’expression notaire public n’est plus usitée en français. Dites simplement notaire.
Publier.—C’est une faute d’employer ce mot sans complément et de dire: Il va publier dimanche prochain, pour signifier: le premier, le second ban de son mariage va être lu... Le premier et dernier ban (de son mariage) sera lu le...
Puissance du Canada.—M. Fréchette dit: “En donnant le nom de Puissance du Canada à la Confédération canadienne, non seulement nous commettons une faute de français, mais encore nous nous rendons ridicules.
“Les géographes français, tout en riant de nos bévues, sont bien forcés de nous appeler comme nous nous appelons nous-mêmes. Est-ce qu’ils ne disent pas le Céleste Empire en parlant de la Chine?”
Puissance se dit d’un pays considéré dans ses rapports avec les autres pays. La France est une des grandes puissances européennes. Mais c’est une faute de dire: les chemins de fer, les canaux de la Puissance, pour: les chemins de fer, etc., de la Confédération, de l’Etat. Il serait moins incorrect de dire: les canaux du Dominion, que les canaux de la Puissance.
Pullman.—Dites: wagon-salon, wagon-dortoir, sleeping car, wagon-lit, wagon de luxe, et non pullman. (Prononcez vagon.)
Punch.—Mot anglais. Dites chasse-pointe, chasse-clou, et non punch. Instrument qui sert à chasser les clous plus loin que ne peut le faire le marteau seul.
Quai.—Ne dites pas les quais, mais les piles, les culées d’un pont: massifs de maçonnerie, ou constructions en bois remplies de pierre, qui servent à soutenir les arches, les travées d’un pont.
La muraille qui borde un bassin, une rivière, et contre laquelle se placent les bâtiments pour recevoir ou livrer leur cargaison, s’appelle en français quai, mais il faut dire jetée, et non quai, pour désigner la construction qui s’avance dans l’eau et qui est affectée au même usage que les quais.
Qualification.—Est, en français, l’attribution d’un titre. Qualification de faussaire. Est aussi un terme de jurisprudence, de turf, etc. C’est un anglicisme de donner à ce mot la signification de cens électoral, de cens d’éligibilité.
C’est encore un anglicisme de donner à l’expression avoir la qualification pour, le sens de: posséder les qualités requises pour; être apte à, capable de.
Qualifier.—On dira en français: qualifier quelqu’un de hautain; conduite que l’on s’abstient de qualifier, etc. Mais c’est un anglicisme de donner à ce mot la signification de: donner le cens d’éligibilité.
Qualifié signifie en français: qui est de qualité; est aussi un terme de jurisprudence, de turf, etc.; mais c’est un anglicisme dans le sens de: propre à; possédant les qualités requises pour; apte à, capable, en état de; possédant le cens d’éligibilité.
Question.—L’expression: comme question de fait est un anglicisme (as a matter of fact). Dites: au reste, du reste, de fait.
Quêter.—Signifie, en français: faire une quête (dans une église, etc.). A quelquefois la signification de mendier, mais est peu usité dans ce sens. Dites plutôt mendier, que quêter, pour désigner l’action du mendiant qui va de porte en porte, demandant l’aumône.
Quêteux.—Corruption de quêteur: celui qui quête, c’est-à-dire qui demande des aumônes dans une église ou de porte en porte, dans un but de charité ou pour un autre; mais il faut dire mendiant pour désigner celui qui demande l’aumône pour lui-même, de porte en porte.
Queue.—Le jeu qui consiste à marcher en file les uns devant les autres ne s’appelle pas à la queue du loup, mais à la queue leu leu.
Queue de chemise. V. Chemise.
Ne dites pas la queue d’une pipe, mais le talon d’une pipe.
L’expression queue d’éronde est une corruption de queue d’aronde. Tenon taillé en queue d’aronde.
Qui perd gagne.—Il faut dire: Jouer à qui perd gagne, et non au qui perd gagne. On appelle coquimbat le jeu de dames à qui perd gagne.
Quotation.—N’est pas français; au lieu de quotations de la bourse, qui est un anglicisme, dites les cotes de la bourse. Dites citation (d’un auteur, etc.), et non quotation, qui est le mot anglais.
Rabat.—C’est une faute d’appeler rabat la banne: toile que l’on étend devant une vitrine, une fenêtre, pour garantir du soleil. V. Awning.
Rabâter.—N’est pas français. Au lieu de: Il s’est fait rabâter, dites: il s’est fait gronder, corriger d’importance, battre, etc.
Que me contes-tu là? Que me rabâches-tu là? et non: Qu’est-ce que tu me rabâtes là?
Raboudiner.—N’est pas français. Dites: grommeler; parler d’une manière peu intelligible; mal rapiécer, suivant le cas.
Raccord.—Signifie, entre autres choses: accord que l’on établit entre deux pièces contiguës d’un ouvrage. Le raccord de deux planches. C’est une faute de lui donner le sens de réconciliation, de raccommodement entre personnes qui étaient brouillées.
Raccordement.—On dit en français: le raccordement de deux bâtiments (réunion et ajustement convenable); de deux voies de chemin de fer; de deux terrains inégaux (par une pente, etc.). Mais ce mot n’a pas en français le sens de réconciliation, de raccommodement.
Raccorder, se Raccorder.—N’ont pas, en français, le sens de se réconcilier, se raccommoder.
Raccourci.—Signifie en français: abrégé (raccourci d’un chant); aussi: qualité de ce qui est rendu plus court. Chemin de raccourci n’est pas français; dites: chemin de traverse.
Raccroc.—Signifie en français: coup inattendu. Faire un raccroc au billard. C’est une faute de lui donner le sens de détour, coude. Le chemin, la rivière fait un coude, un détour à cet endroit, et non un raccroc.
Race.—Il ne faut pas dire: la race ovine, bovine, etc., mais l’espèce. On dit, en français, race pour désigner une partie de l’espèce: la race des (vaches) Durham, la race des (chevaux) percherons. Toutes les races de chiens composent l’espèce du chien.
Racérer.—N’est pas français. Corruption d’acérer: mettre de l’acier au taillant d’un outil tranchant. Acérer une hache. Quelques-uns disent, mais aussi à tort, resserrer, pour acérer.
Racinage.—Ce mot sert quelquefois pour désigner l’ensemble des racines alimentaires. Est aussi un terme de reliure. C’est une faute de lui donner le sens de racines, ou de plantes médicinales.
Racoin.—N’est pas français. Corruption de recoin: coin plus caché, moins exposé à la vue. Les recoins des rochers.
Racoquiller, Racotiller.—Corruption de recoquiller: retrousser en forme de coquille. Feuille recoquillée. Si l’on veut signifier: se retirer et se replier à l’action d’une chaleur trop vive, il faut dire: se recroqueviller, et non se recoquiller. Le parchemin, la peau se recroquevillent auprès du feu.
Radouer.—Corruption de radouber. Terme de marine. Radouber un navire. Dites: réparer une voiture, un meuble, et non les radouer, les radouber.
Rafle.—On dit en français: faire rafle de tout (tout enlever). Se dit au jeu de dés, quand les dés amènent chacun le même point. Rafle de six. Au lieu de: rafle d’une montre, etc., dites: Mise en loterie d’une montre.
Rafler.—Signifie en français: enlever très promptement. Les ennemis ont tout raflé. C’est une faute dans le sens de: mettre en loterie. V. Rafle.
Ragoton.—N’est pas français. Corruption de rogaton. Restes de viandes ramassées. Besace pleine de rogatons.
Ne dites pas ragoton, mais ragot: gros et court. Femme ragote. Ragotin signifie homme ridicule et contrefait.
Raie.—Ne dites pas une raie, mais un rai de roue. Rais, substantif masculin pluriel, désigne les pièces qui entrent par un bout dans le moyeu de la roue et par l’autre dans les jantes. Remettre des rais à des roues. Les rais d’une roue. Dans ce sens, il a un singulier, rai. Il y a un rai rompu à cette roue (Acad.). Remettre un rai à une roue (id.).
Rail.—Est français; se prononce ra-i, ou comme en anglais rêle. Est du masculin. Un rail et non une rail.
Railing.—Terme anglais. Au lieu de railing, que l’on entend souvent, dites: garde-corps, garde-fou (d’un pont, d’une terrasse); balustrade (d’un balcon, d’une véranda); rampe, main courante (d’un escalier).
Rain de vent.—Corruption de rumb ou rhumb de vent (chacune des trente-deux aires du vent). Est employé à tort dans le sens de direction. Ces deux lignes ont la même direction, et non le même rhumb de vent.
Rajuster.—On dit bien en français, rajuster un habit, des gens brouillés, des poids, etc., mais c’est un anglicisme de se servir de l’expression rajuster un tarif (readjust). Dites: remanier un tarif.
Rallonger.—Dites: Les jours allongent, et non rallongent. Rallonger signifie en français: rendre une chose plus longue en y ajoutant une pièce.
Ramancher.—N’est pas français. V. Remmancher.
Ramancheur.—N’est pas français. Dites: rebouteur: celui qui fait le métier de remettre les membres disloqués, les fractures. V. Remmancher.
Ramer.—Il ne faut pas dire: faire ramer des pois, des haricots, etc., mais: ramer des pois, etc., c’est-à-dire: les faire grimper à une petite perche, (qui s’appelle rame) fichée en terre.
Rance.—Est, en français, une pièce de bois qu’on place sur les côtés d’un vieux bâtiment pour le consolider, ou qui sert de chantier pour les futailles. Prendre en rance est une expression vicieuse. Au lieu de: Prendre une bille en rance, on peut dire: lever, pousser une bille au moyen d’un levier.
Rapailler.—Est en français un substantif (mauvais bois de peu de valeur; espèces de broussailles); n’a pas d’autre sens. Dites: Rassembler des choses éparses, et non les rapailler.
Rappel.—Ne dites pas le rappel (repeal) d’une loi, ce qui est un anglicisme, mais l’abrogation, la révocation, l’abolition d’une loi.
Rappeler.—Ne pas dire: rappeler une loi (c’est un anglicisme), mais abroger, abolir, rapporter, annuler une loi. Ne dites pas: rappeler d’un jugement, mais appeler d’un jugement, interjeter appel d’un jugement.
Se rappeler. Dites: je me rappelle un tel, telle chose, et non je me rappelle de.... Rappelez-vous votre promesse, et non de votre promesse. Vous le rappelez-vous? et non vous en rappelez-vous?
Rapport.—L’expression par rapport que n’est pas française. Dites: parce que, à cause que, pour la raison que.
En rapport avec. Monsieur X..., avocat de Québec, est en cette ville en rapport avec des affaires professionnelles, est une phrase incorrecte. Dites: pour affaires professionnelles. En rapport avec signifie, en français: en proportion de, en accord avec. Le style n’est pas en rapport avec le sujet; sa dépense n’est pas en rapport avec sa fortune. En rapport avec ne doit donc jamais remplacer relativement à, pour, concernant, par suite de, à la suite de, au sujet de.
C’est une faute d’élider par dans la locution prépositive par rapport, et de dire: Il a fait ce voyage rapport à lui.
Rapport est un anglicisme (report) dans le sens de compte rendu, procès-verbal d’une assemblée.
Rapportable, Retournable.—Le jour auquel une ordonnance d’exécution doit être produite est celui de l’échéance. Ainsi au lieu de l’anglicisme: L’ordonnance est rapportable, retournable le 15 mai, on devra dire: L’ordonnance, échoit le 15 mai. Ordonnance échéant le 5 juin.
Rapportée.—C’est reportée, et non rapportée qu’il faut dire, lorsqu’il s’agit d’une somme transportée d’une page à une autre, dans un livre de compte. Report signifie en français: action de reporter une somme, un total; aussi la somme, le total même qu’on a reporté.
Rase, Raser.—Rase est en français une composition pour enduire les navires afin de les préserver des vers. Dites: racloire ou radoire, et non rase, pour signifier l’instrument que le mesureur passe sur le bord de la mesure et qui fait tomber tout ce qui excède la mesure rase.
Ne dites pas raser; mais rader une mesure de grains.
Ratatouille.—Signifie en français: râgout mal préparé. Ne dites pas d’un homme qu’il est une ratatouille, mais qu’il est méprisable, vil, coquin, etc.
Râtelier.—Est, en français, l’ensemble des dents naturelles d’une personne. Ce mot râtelier a aussi le sens de dentier: série de dents artificielles.
Ratelle.—Corruption de l’anglais rat-tail; mèche de mineur. Ratelle en français est un terme de l’art vétérinaire.
Ratour.—N’est pas français. Corruption de retour (ruse, artifice). Etre plein de retours.
Ratoureur.—N’est pas français. Signifie: Qui est rusé, retors.
Ratteler.—N’est pas français. Dites, atteler de nouveau, ou atteler, suivant le cas.
Raugmenter.—N’est pas français. Corruption d’augmenter.
Ravages.—N’est pas français dans le sens de pistes, erres, traces, foulée, foulure, menées, randonnée, voies, etc. (des caribous, orignaux, chevreuils, etc.).
Ravaud.—N’est pas français. Au lieu de faire le ravaud, on peut dire: faire du tapage. Ravauder, en français, signifie, entre autres choses: tracasser dans une maison, s’occuper à ranger les meubles, etc. Il n’a fait que ravauder durant toute la journée (Acad.). Ravauder est peu usité dans ce sens.
Rave.—L’expression rave de cheval est un anglicisme (horse radish). Raifort est le nom français de cette racine.
Raveindre.—N’est pas français. Dites: retirer, aveindre.
Ravoir.—S’emploie surtout à l’infinitif, et quelquefois au futur, et aux temps qui en dérivent. Ne dites pas: j’avais prêté un livre et je l’ai reu, mais je l’ai eu.
Rayé.—On dit du papier réglé, et non du papier rayé.
Réaliser.—On dit en français: réaliser une promesse, sa fortune, etc., mais c’est un anglicisme de donner à ce mot le sens: d’être ramené à la réalité, de se rendre compte de... Il reconnut, il se rendit compte de sa triste position, et non il réalisa sa...
Rebattre (se).—C’est une faute de donner à se rebattre, le sens de se corriger, se réformer. Il faut se corriger de ses mauvaises habitudes, et non: se rebattre de... Rebattre signifie: battre de nouveau, répéter inutilement et d’une manière ennuyeuse.
Rebours.—Est du masculin. Il faut dire au rebours, ou à rebours. Au rebours, à rebours du bon sens, et non à la rebours.
Rebrasser.—Rebrasser les cartes n’est pas français. Dites: battre les cartes de nouveau, les remêler, les refaire. Vous ayez oublié une carte; remêlez, refaites.
Rechange.—Ne dites pas un rechange, mais un habit de rechange. Bescherelle dit: “Les matelots appellent de rechange, toutes les hardes, tous les vêtements qu’ils possèdent en sus de ce qu’ils portent habituellement.”
Réclame.—V. à la Deuxième Partie.
Reconsoler.—Signifie en français: consoler de nouveau. On lui donne souvent, mais à tort, le sens de consoler. Se reconsoler n’est pas français; dites: se consoler.
Record.—Est un ancien mot de jurisprudence. C’est un anglicisme de lui donner le sens de registre, archives, dossier. Au lieu de demeurer de record, dites: rester dans les archives. Au lieu de mettre de record, dites: consigner aux archives. Ne dites pas: Avocat de record, ni avocat du dossier; mais: procureur en titre.
Recouvrer, Recouvrir.—Recouvrer signifie: acquérir de nouveau ce qu’on avait perdu. Recouvrir signifie: couvrir de nouveau, cacher. C’est donc une faute de dire: Il a recouvert la vue, pour: il a recouvré la vue.
Recueillement.—Est en français l’action de se recueillir. Profond recueillement. Ne dites pas le recueillement, mais la perception des impôts.
Reculons.—Dites à reculons, et non de reculons.
Rédacteur.—Ecrivez: Rédacteur en chef, sans traits d’union, et non rédacteur-en-chef, comme on le voit souvent.
Redouble.—N’est pas français, bien que redoubler, redoublement le soient. Quatre est le double de deux, et non le redouble.
Redresser.—Dites: ça fait dresser les cheveux, et non redresser les cheveux.
Reel.—Terme anglais. Se traduit par touret (de canne à pêche ou perche de ligne).
Réfection.—Dites: manger, dormir sa réfection, et non à sa réfection. En certains endroits, on prononce, à tort, rafection. Réfection est peu usité en français.
Référer.—Ce verbe, en français, s’emploie dans le sens de: faire rapport, de rapporter une chose à une autre; et de: s’en rapporter à quelqu’un ou à un ouvrage pour décider sur quelque matière. Référer à la Chambre; référer un passage d’un livre à un autre passage; en référer à quelqu’un pour la décision de quelque chose. Mais on fait un anglicisme lorsqu’on dit: Je vous réfère à un tel, je référerai à tel document. Dites: Je vous renvoie à un tel; je consulterai tel document.
Regagner.—Regagner du terrain signifie: reprendre le terrain perdu, repousser l’ennemi après avoir été forcé par lui de reculer. S’emploie souvent, à tort, pour gagner. On dira: gagner du terrain, le feu gagne, la faim nous gagne; et non regagner du terrain, le feu regagne, la faim nous regagne.
Regarder.—C’est un anglicisme de donner à ce mot le sens de paraître, sembler. Au lieu de: cela regarde mal, dites: cela paraît mal.
Régistrateur.—Le fonctionnaire que nous appelons le régistrateur s’appelle en France conservateur des hypothèques. Régistrateur désigne, en français, certain officier de la chancellerie romaine.
Régler.—On dit en français régler une affaire (la terminer); régler un compte (s’assurer qu’il est exact, ou l’acquitter); mais on ne peut employer régler absolument, et dire: c’est un débiteur qui vient régler, qui a réglé, pour: qui vient acquitter son compte, qui a acquitté son compte.
Le futur: je réglerai, et non je règlerai.
Regricher.—N’est pas français. Au lieu de cheveux regrichés, dites: relevés sans ordre, ou dressés. Cela fait dresser les cheveux, et non regricher les cheveux.
Reinche.—N’est pas français. Dites rumination: action par laquelle certains animaux font revenir à leur bouche, pour les mâcher une seconde fois, les aliments qu’ils avaient déjà avalés et introduits dans leur estomac.
Relais.—Ne dites pas: travailler sans relais, dans le sens de: travailler sans interruption, sans repos; mais travailler sans relâche. Relâche dans ce sens est du masculin. Il n’est du féminin qu’en termes de marine: Faire une relâche.
Relance.—N’est pas français. Dites relan (masculin): action de relancer, de renvier au jeu. Renvi à le sens de relan, et est plutôt employé. Un renvi de quatre fiches.
Relève.—Désigne, en français, l’action de relever des ouvriers au travail. C’est une faute d’appeler relève la personne qui, à certains jeux de cartes, prend la place des perdants.
Relever.—Relever quelqu’un signifie, entre autres choses: le reprendre avec aigreur, etc. Ne dites pas: Il va relever son père (ce qui n’est pas français), mais il va remplacer son père; il va lui succéder dignement.
Relever n’est pas français dans le sens de: prendre la place des perdants, à certains jeux de cartes.
Rembarrer.—Rembarrer quelqu’un signifie en français: rejeter avec fermeté les propositions qu’il fait. C’est une faute de donner à cette locution le sens de: lui répondre de manière qu’il ne puisse répliquer; le mettre à quia; ou le sens de l’embarrasser au point qu’il ne réponde que difficilement.
Rembrisser.—Corruption de lambrisser: couvrir d’un lambris.
Remercier.—On peut dire en français: Je vous remercie pour mon ami; mais ce sont des anglicismes de dire: Je vous remercie pour votre bonté, pour le livre que vous m’avez prêté, pour vous être occupé de moi. Il faut remplacer pour par de. Je vous remercie de votre bonté, du livre,... de vous être.........
Je vous remercierai pour du pain est un anglicisme plus condamnable que ceux qui précèdent. Dites simplement: Veuillez me passer le pain.
Remettre.—Dites: Se remettre quelque chose, quelqu’un (dans le sens de: se le rappeler), et non se remettre de quelque chose, de quelqu’un. Je me remets ce fait, son nom, et non je me remets de ce fait, de son nom. V. Rappeler.—S’en remettre de quelque chose à quelqu’un, signifie, en français: s’en rapporter à lui, à ce qu’il dira, ou fera.
Remmancher.—Prononcez ran-man-ché. Signifie: emmancher de nouveau. S’emploie à tort pour: remettre les membres disloqués, réduire une fracture.
Rempirer.—Signifie en français: empirer de nouveau. Est souvent employé, mais à tort, dans le sens d’empirer. Ce malade empire. Mais on dira: son état s’était amélioré un peu, mais voilà qu’il rempire.
Remplir.—Ne dites pas remplir un but, mais atteindre un but.
Renard.—Ne dites pas: Faire le renard, mais faire l’école buissonnière: aller jouer ou se promener au lieu de se rendre à l’école, renarder.
Renchaussage, Renchausser.—Corruption de rechaussement, rechausser. Rechaussement: action de rechausser (remettre de la terre au pied de). Rechausser des pommes de terre; avoir fini le rechaussement. Renchaussage, renchausser, s’emploient en France, mais sont populaires. Ils ne sont pas donnés par Bescherelle.
Rencontrer.—Voici des anglicismes à éviter. Il faut dire: faire un payement, et non rencontrer un payement; faire face, subvenir aux dépenses, et non rencontrer les dépenses; combler un déficit, et non rencontrer un déficit; combattre une objection, et non rencontrer une objection; avoir, recevoir l’approbation, et non rencontrer l’approbation.
Rendre.—Un chemin peut se rendre jusqu’à tel endroit, mais il faut percer, ouvrir un chemin jusqu’à tel endroit, et non rendre un chemin jusqu’à......
Renfort.—Il faut dire contrefort, et non renfort, pour désigner la pièce de cuir qui sert à renforcer l’arrière d’une chaussure.
Renfroidir.—Corruption de refroidir. Le temps se refroidit.
Renoter.—Signifie en français: noter de nouveau. C’est une faute de lui donner le sens de rebattre, de rabâcher: répéter inutilement et d’une manière ennuyeuse; revenir sur ce qu’on a déjà dit.
Rénumérer.—Corruption de rémunérer, qui vient du latin re et munus. Signifie récompenser.
Renverser.—L’expression: Renverser un jugement est un anglicisme (to reverse a judgment). Dites: casser un jugement.
Renvoi d’eau.—Cette expression n’est pas française. Dites larmier, jet d’eau, et non renvoi d’eau, pour désigner la pièce de bois, mise en saillie au bas d’un châssis, d’une croisée, d’une porte, pour empêcher l’eau de pénétrer dans l’intérieur.
Réouvrir.—On dit en français réouverture, mais il faut dire rouvrir, et non réouvrir.
Réparage.—Réparage, en français, est l’action de réparer, de déguiser les défauts d’un ouvrage qui sort du moule; de réparer ou achever un ouvrage ébauché, etc. C’est une faute de donner à ce mot le sens de réparation, de raccommodage, dans l’habillement, la cordonnerie, la menuiserie, la charpente, la maçonnerie.
Réparer.—On dit en français: réparer une maison, un mur, une voiture, mais il faut dire, suivant le cas: raccommoder, repriser, rapiécer un habit, et non réparer.
On dit bien: le temps perdu ne se répare jamais, mais on ne peut dire: Le temps se répare, dans le sens de s’éclaircit, se met au beau.
Il ne faut pas donner à réparer le sens d’orner. Cette maison neuve orne le village, et non le répare.
Réponse.—Dites les répons de la messe, et non les réponses.
Repoussis.—N’est pas français. Dites rejet: nouvelle pousse, rejeton, nouveau jet, que pousse par le pied une plante, un arbre.
Reprendre (se).—C’est une faute de donner à ce verbe le sens de prendre sa revanche (au jeu de cartes, de dames, etc.). Nous allons reprendre la partie; je vais prendre ma revanche, et non nous allons nous reprendre, je vais me reprendre.
Réservé.—Reserved seat ticket ne se traduit pas par billet de siège réservé, mais par billet de location.
Résidence.—V. Demeure.
Résident.—Signifie en français: envoyé qui réside auprès d’un gouvernement étranger, et qui est moins qu’un ambassadeur. C’est un anglicisme de donner à ce mot le sens de citoyen, habitant. Les citoyens, les habitants de Lévis, et non les résidents, qui est un terme vieilli.
Résidant est le participe présent du verbe résider. Il est résidant à Terrebonne cet été.
Résignation.—Au lieu de résignation, dites démission (d’une charge, d’un emploi): action de prendre sa retraite. Résignation a vieilli dans ce sens.
Résine.—Dites colophane (fém.), ou arcanson (masc.), et non résine, pour désigner ce qui sert à frotter l’archet des instruments de musique à cordes.
Résolu.—Signifie déterminé, etc. Mais c’est une faute de lui donner le sens de robuste, gros, etc.
Au lieu de: Il est résolu que, dites plutôt: Il est arrêté que...
Résolution.—“Proposition adoptée, projet de loi qui a reçu l’approbation de l’une des deux chambres” (Littré). Dans notre langue parlementaire, nous lui donnons, comme en anglais, mais à tort, le sens de: Proposition soumise à la chambre basse, et destinée, après un vote favorable, à servir de base ou de charpente à un bill ou projet de loi dont seront saisies les deux chambres du parlement. Le mot français est proposition de loi.
Au lieu de résolution (d’une assemblée délibérante), dites: décision.
Dites adopter, rejeter une proposition, et non passer, rejeter une résolution. Tous ces emplois fautifs de résolution sont des anglicismes.
Respect.—L’expression porter respect à quelqu’un signifie, en français: avoir du respect pour lui, le respecter. Elle n’est pas l’antonyme (l’opposé) de tutoyer. Dites: dire vous à quelqu’un, lorsque vous voulez désigner l’action d’user du mot vous en lui parlant.
Respir.—N’est pas français. Dites respiration, souffle. Vent qui coupe la respiration.
Responsabilité.—N’est pas français dans le sens de solvabilité. C’est un anglicisme. On dira: c’est la solvabilité de l’endosseur qui donne de la valeur à ce billet, et non: c’est la responsabilité.
Responsable.—Signifie, en français, entre autres choses: qui est garant, qui répond de quelque chose. Mais c’est un anglicisme de lui donner le sens de solvable.
Ressayer.—N’est pas français. Dites: essayer de nouveau.
Ressorer.—N’est pas français. Corruption d’essorer: exposer à l’air pour faire sécher.
Ressource.—S’emploie à tort pour source, dans l’expression: eau de ressource. Dites: eau de source.
Ressoudre.—N’est pas français. Corruption de sourdre. L’eau sourd près d’un rocher. Quelques secondes après être tombé à l’eau, il est revenu à la surface, il a émergé, et non il a ressous.
Dites: Il est arrivé inopinément, et non il a ressous tout d’un coup. Cette expression vient du terme de marine: nuage qui sourd à l’horizon, c’est-à-dire qui s’élève, qui surgit à l’horizon.
Restant.—Ce mot est souvent employé, à tort, pour reste. Restant ne se dit absolument que des choses matérielles, que de ce qui reste d’une quantité ou d’une somme exacte. Reste s’emploie au moral et dans le sens abstrait, comme au propre. Un reste de lumière, d’honnêteté, de sensibilité, et non un restant. Le reste des hommes, et non le restant des hommes. Le reste, et non le restant du troupeau.
Restaurant.—Lorsque vous voulez désigner l’endroit où l’on s’arrête pour manger, en voyageant en chemin de fer, dites buffet, et non restaurant (qui désigne l’endroit où l’on donne des repas à des prix convenus).
Rester.—Au lieu de rester bête, dites: demeurer sot, abasourdi, à quia, déconcerté, interdit.
On emploie très souvent ici le mot rester dans le sens de demeurer, habiter: il reste dans telle rue, à tel étage. Ce n’est pas français. Rester a bien le sens de demeurer, par opposition à s’en aller (nous sommes restés trois mois à Montréal), mais il ne doit jamais s’employer dans le sens de résider.
Resté dans le sens de fourbu, rendu, exténué, las, n’est pas français.
Restituer.—N’a pas, en français, le sens de vomir, rendre.
Résumer.—Signifie en français: faire un résumé de. Résumer un débat. C’est un anglicisme (to resume) de donner a ce mot le sens de reprendre, continuer (un débat, un travail, etc.).
Retaper.—Retaper un chapeau, une robe signifie en français: remettre à neuf. C’est une faute de donner à ce mot le sens de duper, flouer, rouler. Il s’est fait flouer, duper, etc., dans ce marché-là, et non il s’est fait retaper.
Réticent.—N’est pas français. De l’anglais reticent. Dites: circonspect, muet; qui ne veut pas parler, pas desserrer les dents.
Retirer.—Ne dites pas: Je me retire à l’hôtel de.... mais je loge, je suis descendu à l’hôtel de....
Retiré. C’est une faute de donner à ce mot le sens de pâle, changé, blême, livide, amaigri. Dites visage, traits tirés, ou étirés, et non retirés.
Retontir.—N’est pas français. Corruption de retentir. Le tonnerre retentit dans la montagne. S’emploie aussi, mais à tort, pour rebondir: sa tête a rebondi sur la glace, et non retonti.
Retournable.—V. Rapportable.
Retracer.—Signifie en français: tracer de nouveau, décrire un événement, etc. C’est un anglicisme de donner à ce mot le sens de remonter à la source, à l’origine (d’une erreur, etc.).
Rétraction.—Veut dire en français: raccourcissement, contraction d’une partie rétractile. Rétraction des muscles. Ne pas employer ce mot pour rétractation, qui est l’action de se rétracter.
Réussi.—Est adjectif verbal. Ne dites pas: un réussi, mais une réussite (aux cartes). Faire une réussite. Je vous souhaite du succès, et non du réussi.
Rêver.—Signifiant faire des songes, rêver demande la préposition de. J’ai rêvé de vous la nuit dernière, et non j’ai rêvé à vous. Rêver à signifie: réfléchir à. Rêver à une affaire. A quoi rêvez-vous? Rêver sur signifie: méditer profondément. Rêver longtemps sur une affaire. Cette dernière expression est peu usitée.
Révérend.—Ce titre est réservé aux pasteurs protestants et aux membres des différents ordres religieux. Quand il s’agit des prêtres séculiers, il faut dire M. l’abbé X..., et non le Révérend M. X...
Revire.—N’est pas français. Dites retourne: carte qu’on retourne à certains jeux.
Revirer.—Est un terme de marine, et veut dire: tourner d’un autre côté. Il ne faut pas l’employer pour rétrograder, retourner.
Au lieu de: revirer quelqu’un, dites: lui refuser net ce qu’il demande, le mal recevoir, suivant le cas.
Revise.—Dites: la revision d’un compte, des listes électorales, etc., et non la revise.
L’expression revise d’une épreuve (pour revision) n’est pas dans le dictionnaire, mais est d’un usage fréquent en France; ce n’est donc pas une faute de s’en servir.
Revoler.—Signifie en français: voler de nouveau. N’a pas le sens d’être jeté violemment ou au loin. Son chapeau a été emporté au loin, et non a revolé. Cet homme a été jeté violemment par terre, et non a revolé à terre.
Revolin.—Signifie en français: effet du vent lorsqu’il est réfléchi, renvoyé par un objet quelconque. Dites embrun, et non revolin, pour désigner l’espèce de brume que les vagues forment en se brisant. Quelques-uns disent, à tort revolis (qui n’est pas français) pour embrun.
Révoquer.—On dit en français: révoquer un employé, un ordre, un testament. Mais au lieu de révoquer une loi, dites annuler, abroger, abolir, rapporter une loi.
Revue.—Ne dites pas: à la revue, mais au revoir.
Rideau.—L’expression rideau en net, n’est pas française; dites rideau de dentelle; et quand celle-ci est à mailles, dites: rideau en filet.
Rien.—Dites: cela ne sert de rien, et non: cela ne sert à rien; ne faire semblant de rien, et non faire semblant de rien.
Rif, Rifle.—N’est pas français. C’est une espèce de dartre. Le nom technique est impetigo larvé.
Ripe.—La ripe est en français un outil dont se servent les tailleurs de pierre pour terminer la taille des pierres calcaires dures. Pour désigner le bois qui est retranché par les outils du menuisier, il faut dire planures, rabotures, copeaux, et non ripes.
Ripousse, Ripouste.—Ne sont pas français. Dites rejetoir: piège qui sert à prendre des lièvres. Il consiste en un arbrisseau courbé, au bout duquel est un collet. L’arbrisseau, en se relevant, tient le lièvre suspendu.
Au lieu de: son cheval est parti, est venu comme une ripousse (ou ripouste), dites: son cheval est parti soudainement, est venu très vite.
Risée.—Signifie, en termes de marine: augmentation subite et de peu de durée dans la force du vent. C’est une faute d’appeler risée, l’allure rapide d’un cheval. Aller vite, filer rapidement, et non aller sur la risée.
Roast-beef.—Terme anglais. Il faut, en français, écrire et prononcer Rosbif.
Robe de cariole.—Cette expression n’est pas française. Dites: couverture de voyage. Peau de bison doublée, servant à garantir du froid en voyage.
Rod-man.—Terme anglais. Se dit en français porte-mire. Homme chargé de porter la mire qui sert au nivellement.
Rogne.—Est en français une espèce de gale. C’est une faute de lui donner le sens de vaurien, chenapan.
Rognon.—Ne dites pas: Rognon de peau, mais oreillon de peau, rognure de peau. S’emploient surtout au pluriel.
Romaine.—Est en français une balance à levier, à bras inégaux. Dites: une balance à ressort, un peson à ressort, ou, plus techniquement, un dynamomètre, pour désigner la balance appelée ici, à, tort, romaine.
Romanesque.—Est souvent employé à tort pour romantique. Romanesque se dit de tout ce qui peut figurer à bon droit dans un roman. Les aventures romanesques de Robinson Crusoé.
Romantique se dit de lieux champêtres et de sites comparables à ceux que décrivent les poètes et que représentent les peintres. Le lac de Belœil est un des sites les plus romantiques qu’on puisse voir.
Rond.—Ce que nous appelons rond à patiner, pavillon des patineurs se nomme en France skating-rink, ou simplement rink. Alphonse Lusignan propose patinoir au lieu de skating-rink.
Ne dites pas le rond, mais la piste (où courent les chevaux).
Dites nez aquilin, busqué, et non nez rond.
Ronde.—Dites: rouelle de bœuf, et non ronde (partie tranchée qui est ronde).
Ronde de lait. Cette expression n’est pas française. Elle désigne l’ensemble des clients d’un laitier. C’est un anglicisme (milk run). Dites: tournée d’un laitier.
Rondousse.—N’est pas français. De l’anglais (round house). S’emploie à tort pour timonerie: petite construction souvent de forme ronde, avec vitrage, où se trouve la roue du gouvernail. Rondousse s’emploie encore à tort pour tambour (qui couvre les roues d’un bateau à vapeur).
Ronge.—Est en français un terme de vénerie: N’est employé que dans cette locution: le cerf fait le ronge (il rumine). C’est une faute d’appeler ronge, le frein. Cheval qui ronge son frein, et non qui mâche son ronge.
Rouâpe.—N’est pas français. Dites: râble. Instrument de fer à long manche de bois, espèce de râteau qui sert à remuer les tisons du four, à retirer la braise.
Roue de fortune.—Est, en français, un tambour en forme de roue où l’on enferme les numéros d’une loterie, pour les tirer au sort. Ce qu’on appelle ici, à tort, roue de fortune se nomme en français tourniquet, lorsque la roue est verticale. Quand la roue est horizontale, il faut dire roulette.
Roue d’erre n’est pas français. Dites volant, régulateur: sorte de grande roue, ordinairement en fonte, qui sert à corriger les écarts de vitesse d’un mécanisme.
Rouge.—C’est une faute de se servir du mot rouge pour désigner la couleur d’un cheval. Il faut dire bai (bai brun, bai cerise, bai châtain, bai marron, etc., selon le cas).
Rough.—Terme anglais, employé par grand nombre de personnes qui savent que ce mot n’est pas français. Dites: rude (au toucher, ou de caractère), bourru, grossier, mal élevé, trivial.
Roulant.—Le substantif roulant désigne, en français: un homme qui parcourt les campagnes, où il fait un petit commerce. C’est une faute de donner à ce mot le sens de matériel: ensemble des machines, ustensiles, outils et moyens d’exécution de toute sorte qui sont nécessaires à une fabrique, à une usine, à une exploitation quelconque, soit agricole, soit industrielle. Le matériel d’une imprimerie, d’une fabrique, d’un chemin de fer, etc. (Acad.). L’expression matériel roulant désigne, en français, les wagons, les machines d’une exploitation de chemin de fer.
Roulette.—Dites rondelle, et non roulette, pour désigner les pièces rondes, de métal, de cuir, percées par le milieu et qu’on place entre l’écrou et le bois.
Roulif.—N’est pas français. Corruption de roulé. Bois roulé; bois dont les crues annuelles n’adhèrent pas entre elles.
Round robin.—Expression anglaise. Le Round robin existe en France, dans les grands ateliers; on l’appelle pétition en rond. C’est une pétition où les signatures sont disposées en cercle, allant du centre à la circonférence, moyen adopté pour ne pas faire connaître celui qui a signé le premier.
Roupie.—La roupie est, en français, une monnaie, un oiseau, etc. Ne dites pas la roupie d’un dindon, etc., mais la caroncule: excroissance charnue, molle, dénuée de plumes, qui sert d’ornement au front, (ou vertex,) à la gorge et aux sourcils de certains oiseaux.
Il faut dire: qu’un paon, qu’un coq d’Inde fait la roue, et non fait la roupie.
Rousselé.—N’est pas français. Dites: avoir des rousseurs, des taches de rousseur, et non être rousselé.
Route.—Ne dites pas: Un cheval de route, mais un cheval de voyage: cheval qui est bon marcheur, capable de fournir une longue traite.
Rubandelle.—V. Libêche.
Rug.—Terme anglais. Se traduit par: 1o paillasson (natte de paille ou de jonc pour essuyer les pieds); 2o moquette (étoffe à chaîne et à trame de fil, veloutée en laine, et dont on couvre les sièges); 3o descente de lit; 4o tapis de foyer; 5o carpette (tapis presque carré qui se place au milieu d’une pièce).
Rumeur.—L’expression: Il est rumeur est un anglicisme. Dites: Le bruit court, on dit....
Run.—Terme anglais. Au billard, se traduit par série. J’ai fait une série de trente points, c’est-à-dire: une suite ininterrompue de trente points.
Au lieu de run (sur une banque) dites: demande de remboursement.
Rupturer.—N’est pas français. De l’anglais (to rupture). Dites: Rompre, casser, fracturer. Il s’est fracturé, cassé, rompu un bras.
Saboter.—Veut dire en français: jouer au sabot (espèce de toupie), etc.; mais n’a pas le sens qu’on lui donne: secouer rudement, cahoter. Nous nous sommes fait cahoter, secouer dans ce chemin, et non saboter.
Sac.—Le petit sac qu’on remplit d’avoine, et qu’on attache à la tête des chevaux pour les faire manger, s’appelle musette, et non sac.
Sacre.—Est, en français, une cérémonie religieuse dans laquelle on procède à la consécration d’un évêque, d’un roi. Mais ce mot n’est pas français dans le sens de juron, jurement, blasphème. Pas de jurons ici! et non: Pas de sacres!
Safe.—Terme anglais, employé par nombre de personnes qui savent cependant qu’il est anglais. En français on dit: coffre-fort, armoire de sûreté.
Safreté.—N’est pas français. Dites: Safrerie (populaire), avidité à manger.
Sago.—Terme anglais (se prononce ségo). Se traduit par sagou (fécule retirée de la moelle de certains palmiers).
Sagou.—Corruption de sagouin: homme malpropre et sans soins.
Salaire.—Est, en français, le payement pour le travail de l’ouvrier. Ce mot est employé, bien à tort, pour la plupart des termes suivants: Gages (pour les domestiques); appointements et traitement (pour les employés publics, les hommes en place); solde (pour les soldats et les officiers); honoraires (pour les magistrats et les hommes de profession libérale); vacation (pour chaque dérangement des hommes de loi); pension (pour les fonctionnaires retirés du service); feux (pour les acteurs chaque fois qu’ils jouent); courtage (pour les courtiers); indemnité (pour les députés), et liste civile (pour le souverain).
Salle.—On peut dire, en français, qu’un acteur fait salle comble, mais c’est un anglicisme de traduire a good house par une bonne salle. Dites: la salle (du concert, de l’opéra) était pleine; l’auditoire était nombreux.
Salle à dîner est un anglicisme (dining room ou dining hall). Dites: Salle à manger.
Salon.—Anglicisme (saloon) dans le sens de: buvette, auberge, bar, débit de boisson, cabaret, estaminet, taverne.
Salop.—N’est pas français. Dites: salaud, ou salope (adjectif des deux genres). Ce dernier mot n’est plus guère employé qu’au féminin.
Saloperie.—Désigne, en français: une grande malpropreté, une dégoûtante saleté. C’est une faute d’appeler saloperie, un fétu, un grain de poussière et de dire: j’ai une saloperie dans l’œil.
Sang.—Ne dites pas tourner les sangs, mais tourner le sang: causer tout à coup une frayeur extrême.
Saoulade.—N’est pas français, bien que saoul, saouler (ou soûl, soûler) le soient. Dites: orgie, soulaison.
Sapinage.—Désigne, en français, l’opération qui consiste à humecter d’huile les poils des fourrures que l’on prépare. Ce mot est employé à tort pour désigner un lieu planté d’arbres résineux petits et rapprochés.
Sapoudrer, Soupoudrer.—Ne sont pas français. Corruptions de saupoudrer: couvrir légèrement de poudre. Saupoudrer de farine, de sel, de sucre.
Satchel.—Terme anglais. Dans le sens de sac de cuir ou d’étoffe qu’on porte avec soi en voyage, satchel peut être traduit à la rigueur par sac de voyage, valise, portemanteau; mais on dit généralement sac de nuit.
Satisfait.—C’est un anglicisme de donner à ce mot le sens de convaincu, persuadé. Je suis convaincu, persuadé de la culpabilité de l’accusé, et non je suis satisfait.
Saucée.—Signifie en français: averse, forte pluie. Dites: plumée, et non saucée, pour désigner la quantité d’encre que peut contenir une plume. Une plumée d’encre.
Sassepanne, sassepinte, chassepinte.—Ne sont pas français. Tirés de l’anglais sauce-pan. Se disent en français casserole: ustensile de cuisine.
Saucier.—Désigne, en français, celui qui compose ou qui vend des sauces; mais le vase dans lequel on met les sauces se nomme saucière, et non saucier.
Sault.—Ancienne orthographe de saut: chute d’eau. Sault-au-Recollet.
Sautereau.—Est, en français, une partie de certains instruments de musique. N’est pas français dans le sens de vison.
Sauver.—On sauve un malade, les débris d’une armée, un navire, son honneur, son âme, les apparences, etc.; mais on ne sauve pas de l’argent, on l’économise; on ne sauve pas tant (dans une transaction commerciale), mais on fait un profit de tant; on ne sauve pas du temps, mais on l’épargne. Tous ces emplois fautifs de sauver sont des anglicismes.
Savaneux.—N’est pas français. Au lieu de: Terrain savaneux, dites: terrain marécageux, humide.
Savater.—N’est pas français. Corruption de saveter: gâter un ouvrage en le faisant ou le raccommodant malproprement. Il ne faut pas donner à ce mot le sens de gâter, friper (un habit, etc.).
Scarfer.—De l’anglais (to scarf). Dites: abouter (assembler deux pièces de bois par leurs extrémités).
Scène.—Ce qu’on appelle ici, à tort, scènes d’un théâtre, se nomment en français décors, c’est-à-dire: les toiles qui garnissent la scène et qui représentent tantôt une rue, tantôt une forêt, tantôt un intérieur, etc. Les décorations sont les dorures et les peintures d’une salle, et enfin tout ce qui sert à la décorer.
Scie.—Ne dites pas scie à raser, ni scie de rase, mais scie à araser (petite égohine).
Scrap-book.—Terme anglais. Se traduit par album à découpures, ou album à collection.
Scraper.—Terme anglais. Se prononce scré-peur. Désigne, en termes de chemin de fer, une espèce d’excavateur de la forme d’une grande pelle à laquelle sont adaptés des mancherons, et qui est tirée par un cheval ou plusieurs chevaux.
Sec.—Dites: pommes tapées, et non pommes sèches, qui est un anglicisme (dried apples).
Section.—Anglicisme dans le sens d’article de loi (chaque prescription distincte).
Sécurité.—C’est un anglicisme de donner à ce mot le sens de garantie. Donner des garanties d’un payement, et non des sécurités.
Ségo.—V. Sago.
Seine.—Dites trouble ou truble (féminin), et non seine, pour désigner un filet en forme de poche, dont la partie inférieure, en ligne droite, repose sur le sol, et dont la partie supérieure est montée sur un demi-cercle; il est traversé par un bâton terminé en fourche qui sert de manche. La seine est un autre genre de filet.
Semblance.—N’est plus employé. Dites: un semblant d’amitié, et non semblance.
Semblant.—Dites: Il ne fait semblant de rien, et non il fait semblant de rien.
Semelle.—Etre en semelle de bas est une expression vicieuse. Dites: n’avoir que ses bas.
Semence.—Le temps des semences est une expression incorrecte. Dites: Le temps des semailles. La semence c’est le grain qu’on sème; la semaille, c’est l’opération de l’ensemencement du grain.
Semer.—On ne sème pas les pommes de terre, on les plante.
On appelle planter (par extension): mettre en terre, avec la main, un noyau, un pépin, une amande, une noix, et généralement toute graine qui ne se sème pas confusément. On plante des oignons, des fèves, des citrouilles, etc.; on sème des grains (blé, orge, avoine, etc.), des pavots, du sainfoin, etc.
Séminariste.—On appelle souvent, ici, séminaristes les élèves des petits séminaires; c’est une erreur. Les séminaristes sont les élèves en théologie (que l’on appelle à tort ecclésiastiques. V. ce mot).
Senior.—Mot latin anglicisé. Se traduit par père, lorsque le père et le fils portent le même nom de baptême: Alexandre Dumas père. Il se traduit par aîné, en parlant de deux frères, ou de l’oncle et du neveu. Coquelin aîné.
Sens.—L’expression d’un sens est vicieuse, pour signifier: A un certain point de vue, sous un certain jour, d’une certaine manière, etc.
Sentence.—Ne dites pas: recevoir une sentence, c’est un anglicisme. Au lieu de: ce prisonnier a reçu sa sentence hier, on peut dire: a entendu sa sentence hier; la sentence de ce prisonnier lui a été donnée hier, a été prononcée hier.
Sentiment.—C’est une faute de donner à ce mot le sens d’odorat. Le chien a l’odorat développé, et non le sentiment. Il avait autrefois cette signification.
Série.—Est, en français, une suite, une succession: une série de biographies. Si des biographies sont publiées séparément, on ne doit pas dire, à chaque biographie, première série, deuxième série, mais première biographie, deuxième biographie.
Sérieux.—L’expression: Etes-vous sérieux? n’a pas, en français, la signification que nous lui donnons ici. En disant: Etes-vous sérieux, nous voulons dire: Est-ce sérieux? En France, cette question: Etes-vous sérieux? laisse supposer que l’on considère comme frivole la personne à qui l’on parle. Cette expression, avec le sens que nous lui donnons ici à tort, est un anglicisme. On peut dire: Parlez-vous sérieusement, est-ce sérieux?
Serper.—Signifie en français: lever l’ancre d’une galère, etc., sans cabestan. Serper une ancre. C’est une faute de donner à ce mot le sens de couper avec la serpe. La serpe est un instrument tranchant, recourbé vers la pointe, servant à émonder les arbres.
Servante.—L’expression servante générale est un anglicisme. Il faut dire: Une bonne à tout faire.
Serviable.—Signifie en français: qui est prompt, zélé à rendre service; qui est officieux. C’est une faute de donner à ce mot le sens d’en état de servir, en parlant d’une chose. Meuble, outil encore bon, qui peut encore servir, et non encore serviable.
Service civil.—Anglicisme. Ce qu’on appelle ici, à tort, service civil, se nomme en français: les administrations publiques.
Être de service signifie, en français: exercer actuellement les fonctions de sa charge. C’est une faute de donner à cette expression le sens de serviable, qui aime à rendre service.
Servir.—C’est un anglicisme de traduire to serve a summons par servir une sommation. Dites: signifier une sommation.
Servir un terme d’emprisonnement est un anglicisme. Il faut dire: purger une sentence.
Set.—Mot anglais; s’emploie à tort pour les mots suivants: Un meuble de salon (l’ensemble des meubles qui garnissent un salon); un service de vaisselle; une bande ou une clique dangereuse; un cercle d’amis; une parure de diamants; plusieurs couples de danseurs; un jeu de boutons. Ne pas dire: un set de salon, de vaisselle, de gens dangereux, d’amis, de diamants, de danseurs, de boutons.
Seul.—Caractère seul est une expression vicieuse. Dites: C’est une personne qui aime à être seule, qui n’est pas expansive, pas communicative, et non c’est un caractère seul.
Shaft.—Terme anglais. Se traduit par arbre de couche (d’un bateau à vapeur); puits (d’une mine); arbre moteur (dans une usine), etc.; puisard (d’un égout).
Shampoo.—Terme anglais. Ne dites pas un shampoo, mais un schampooing (Larousse), ou shampooing (Bescherelle). Nettoyage de la tête au moyen d’un liquide particulier, employé par les coiffeurs.
Shaver.—Se prononce chévé. N’est pas français. Verbe tiré de l’anglais to shave. Dites: Tel marchand surfait ses marchandises, et non shave. Cet homme prête à usure, et non shave.
Shaver.—Terme anglais, qui se prononce chéveur. Est employé à tort pour usurier: qui prête à des gros intérêts.
Shed.—Mot anglais. Se traduit par appentis, hangar, remise. (Freight shed, v. Freight).
Sherry, Xérès.—Il ne faut pas confondre le sherry, qui est une sorte de madère alcoolisé, et le xérès (se prononce quérèss) qui est un vin d’Espagne.
Shipper.—N’est pas français. De l’anglais to ship. Expédier des marchandises, et non les shipper. Chiper est français, mais populaire. Il signifie voler. Chiper des marchandises.
Shirting.—Terme anglais. Se traduit par calicot. Toile de coton qui sert entre autres choses à faire des chemises.
Short.—Terme anglais. Acheter short, vendre short, veulent dire: acheter des titres ou des marchandises sans en déposer la valeur, ou vendre des titres ou des marchandises qu’on ne possède pas encore. Cela s’appelle en français, acheter, vendre à découvert.
Si.—Ne dites pas: Il n’a pas si tort, il est si en colère, mais, il n’a pas si grand tort, il est si fort en colère, dans une telle colère. V. Aussi.
Side-board.—Est un mot anglais; on dit buffet en français.
Siding.—Terme anglais. Se traduit par voie d’évitement ou de garage.
Siège.—Il ne faut pas dire que le député X... a été maintenu dans son siège; mais que: l’élection du député X... a été validée; ni que: le député X... a abandonné son siège, a résigné son siège, mais: qu’il a remis son mandat. Toutes ces fautes sont des anglicismes.
Ne dites pas siège de bicyclette, mais selle.
Siffler.—Ne dites pas siffler, mais souffler, au jeu de dames. (Siffler s’écrit avec deux f, et persifler avec une seule).
Siffleux.—Corruption de siffleur. Nom vulgaire de la marmotte.
Siler.—Est un terme de botanique (se prononce si-lerr). Siler, verbe, n’est pas français. Dites: Les oreilles me tintent, et non me silent; ce chien se plaint, et non sile; j’ai entendu siffler la balle, et non siler.
Silon.—Ne dites pas le silon (d’une batteuse), mais le tambour batteur. Silon n’est pas français. V. Moulin.
Simples.—Est, en français, le nom générique des herbes et des plantes médicinales. Ce médecin soigne avec des simples. C’est un anglicisme de donner à ce mot le sens d’échantillons (samples).
Sink.—Terme anglais. Dites évier. V. Lavier.
Siroteux.—N’est pas français. Dites sirupeux: qui est de la nature et de la consistance du sirop. Liqueur sirupeuse.
Sirouenne.—N’est pas français; de l’anglais sirloin. Se dit en français surlonge: la partie du bœuf qui reste après qu’on a levé l’épaule et la cuisse, et où l’on prend les aloyaux.
Site.—Signifie en français: partie de paysage considérée relativement à l’aspect qu’elle présente: site pittoresque. Ne dites pas: Chicago a été le site d’une grande exposition (c’est un anglicisme), mais le siège, le théâtre d’une...
Sky-light.—Ce mot anglais se traduit par abat-jour, lorsqu’on veut désigner l’ouverture pratiquée dans un toit pour donner de la lumière. Quand c’est tout simplement une ouverture vitrée, pratiquée dans la déclivité d’un toit, pour éclairer une mansarde, le sky-light se traduit par fenêtre à tabatière.
Slab.—Terme anglais. Se traduit par dosse. Première et dernière planche qu’on lève, en refendant un arbre, laquelle est sciée d’un côté, tandis que l’écorce reste presque toujours entière de l’autre. V. Croûte.
Slack.—Ce qu’on appelle slack ici s’appelle mou en français. Raidir une amarre se dit embraquer. Ainsi au lieu de: haler le slack, il faut dire: embraquer le mou.
Slaquer.—N’est pas français; de l’anglais (to slacken). Dites: larguer, lâcher, relâcher une amarre; se détendre, mollir, faiblir, suivant le cas.
Sleigh.—Terme anglais, se traduit par traîneau. Le répertoire, en France, de noms de voitures d’hiver est très restreint.
Slip.—Mot anglais. Se traduit par cale: partie inclinée d’un quai ménagée pour faciliter le chargement et le déchargement des bateaux.
Smart.—Ce mot, que l’on sait être anglais, s’emploie à chaque instant, à tort, pour habile, entendu, industrieux, adroit, etc.
Smoking cap.—Expression anglaise. On dit en français: bonnet grec, fez, et même toque.
Snack.—Terme anglais. Dites: régal, repas somptueux, festin.
Snap.—Terme anglais. Se traduit par agrafe: espèce de boucle ou crochet à ressort qui entre dans certaines parties du harnais.
Snoque.—N’est pas français. Ne dites pas: Jouer à la snoque, mais à la tapette: jeu dans lequel les enfants lancent, tour à tour contre un mur, une bille qui retombe à terre et roule par contre-coup à une certaine distance; le gagnant est celui dont la bille, en roulant, touche une de celles qui sont déjà sur le jeu.
Soc.—Ne dites pas le soc d’un cochon, mais l’échinée: l’échine avec la viande qui y est attachée.
Soin.—V. Embarras.
Soirs.—V. Matins.
Solage.—Est en français un vieux mot qui signifiait sol. Solage bien fumé. Dites fondements, fondations, et non solage, pour désigner l’ensemble des constructions qui sont au-dessous du rez-de-chaussée, et qui supportent le reste de l’édifice.
Solide.—Ne dites pas: ce bijou est en or, en argent solide, mais en or, en argent massif.
Solider.—N’est pas français. Il faut dire: consolider, fortifier (une charpente, un édifice, un mur).
Somerset.—Mot anglais. Se traduit par culbute: sorte de saut consistant en une révolution complète sur soi-même, accomplie la tête en bas et les jambes en l’air, et à la suite de laquelle on se retrouve sur ses pieds. Faire la culbute, et non: faire une somerset.
Sonnant.—Dites: à six heures sonnantes, et non sonnant.
Sorcière.—L’expression sorcière de vent est fautive. Dites: bourrasque, coup de vent, cyclone, tourmente, ouragan, suivant le cas.
Sortir.—Ne dites pas: Le journal est sorti, (anglicisme the paper is out); mais: le journal a paru, est publié.
Au lieu de: Le candidat N... a sorti une lettre aux électeurs, va sortir un journal; une brochure va sortir; dites: Le candidat N... a écrit une lettre à ses électeurs, va publier, lancer un journal; une brochure va être publiée.
Ne dites pas: je sors de le voir, mais je viens de le voir; je l’ai vu, il y a un instant.
Soubassement.—V. Basement.
Souccer.—V. Chouler.
Souffle.—On ne doit pas dire qu’un cheval a le souffle, mais qu’il a la pousse, ou qu’il est poussif.
Souffrant.—On dira bien en français: une personne souffrante, une mine, un air souffrant, mais il faut dire: une maladie douloureuse, et non souffrante.
Souhaiter.—Ne dites pas: souhaitez-vous du thé, etc.? mais, désirez-vous du thé, etc.?...
Souincer.—N’est pas français. Dites: morigéner, châtier, corriger (un enfant), réprimander fortement, suivant le cas.
Soumissionner.—C’est un anglicisme de dire: soumissionner pour un marché, pour un emprunt. Il faut dire: soumissionner un marché, un emprunt. Soumissionner peut s’employer absolument en français: Soumissionner pour une telle somme (une fourniture, etc.; sous-entendu).
Soupane.—V. Porridge.
Souquer.—V. Chouler.
Sourd et muet.—Dites: sourd-muet, et non sourd et muet. Au pluriel des sourds-muets. Une sourde-muette.
Souris-chaude.—Dites: chauve-souris.
Sous.—Ne dites pas: Le gouvernement a pris cette proposition sous considération, mais en considération; c’est-à-dire: le gouvernement a déclaré par un vote que cette proposition mérite d’être étudiée, et qu’il y a lieu d’en délibérer.
Dites: sauf votre respect, et non sous votre respect.
Ne dites pas: sous ces circonstances, c’est un anglicisme, mais dans ces circonstances.
Au lieu de l’anglicisme: sous le plus court délai, dites: dans le plus court délai; et au lieu de dire: sous un avis de dix jours, dites: à dix jours d’avis.
Sous-contracteur.—N’est pas français. Dites: sous-entrepreneur ou tâcheron. V. Contracteur.
Souscrire.—Ne dites pas souscrire à, mais souscrire pour (l’érection d’une statue, pour une œuvre de bienfaisance, pour un livre). Souscrire à signifie, en français, approuver. Souscrire à un arrangement; je souscris aveuglément à ce que vous déciderez.
Span.—Mot angl. Ne dites pas une span, mais une paire de chevaux; une travée, une arche (de pont) suiv. le cas.
Spécification.—Signifie en français: expression, détermination des choses particulières en les spécifiant. C’est un anglicisme de donner à ce mot le sens de devis, (description détaillée et circonstanciée de toutes les parties d’un travail projeté).
Spoke-shève.—Terme tiré de l’anglais spoke-shave. Se dit en français: plane allemande.
Spot.—Terme anglais. Se traduit par mouche (au billard): petite marque circulaire que l’on fait sur le tapis pour indiquer où doivent se placer certaines billes.
Stand.—Ce mot s’emploie en France en termes de sport, et désigne la tribune où prennent place les spectateurs des courses. Au lieu de stand de charretiers, il faut dire: station de voitures.
Station.—V. Feu.
Steak.—Terme anglais qui se traduit par bifteck.
Steam-roller.—Terme anglais. Se traduit par rouleau compresseur: cylindre de fer de grande dimension mû soit par des chevaux, soit par la vapeur, dont on se sert pour comprimer la couche de cailloutis des chaussées empierrées.
Steam-shovel.—Terme anglais. Se traduit par excavateur: machine mue par la vapeur, destinée à faciliter les déblais et les remblais dans les travaux de chemin de fer, de canaux, etc.
Store.—Est, en français, un rideau qui se lève et se baisse, au moyen d’un ressort ou autrement. C’est un anglicisme d’employer ce mot pour magasin, boutique.
Strap.—Terme anglais. Traduisez 1o par courroie, ou courroie de transmission, pour désigner une bande de cuir ou d’autre matière dont les deux bouts sont cousus ensemble, et qui sert à communiquer à distance un mouvement circulaire; 2o par sous-pieds, lorsqu’on parle de bandes de cuir ou d’étoffe qui passent sous les pieds et qui s’attachent des deux côtés au bas du pantalon; 3o par lanière, pour désigner une bande de cuir.
Straper.—N’est pas français. Tiré de l’anglais strap. Dites au lieu de straper: attacher avec une lanière, une courroie. V. Strap.
Stripper.—Terme anglais. Se traduit tilleur (ll mouillées): certain ouvrier qui travaille dans les fabriques de drap.
Stud.—Terme anglais. Traduisez par bouton de faux col, bouton de plastron, bouton de manchette, suivant le cas. Une garniture de chemise est l’assemblage du bouton de faux col, des boutons de chemise et des boutons de manchettes.
Stuff.—Terme anglais. Dites: étoffe. En français, étoffe n’a pas la signification restreinte et spéciale qu’on lui donne ici. Il veut dire toute espèce de tissu de lin, de soie, de coton, de laine, etc., et non seulement un tissu de laine épais, employé à la confection du pantalon, du veston, du pardessus.
Subir.—Ne dites pas: le projet de loi a subi sa première, sa deuxième lecture, mais a subi l’épreuve d’une première, d’une deuxième lecture.
Subir un refus est une expression vicieuse; dites: essuyer un refus.
Subpoena.—Est une expression anglaise dérivée du latin. Un subpoena s’appelle, en français, assignation quand c’est pour faire comparaître un témoin devant les cours civiles. En affaires criminelles, correctionnelles ou de police, on dit citation. Donner, notifier une citation à un prévenu.
Suce.—N’est pas français; dites biberon: appareil employé pour l’allaitement artificiel des enfants, et qui se compose dans son état le plus simple, d’une fiole bouchée par une éponge recouverte de linge. On substitue souvent à l’éponge un bout de sein ou mamelon artificiel fait de gomme élastique. Dites sucette, et non suce, pour désigner l’éponge ou le tampon donné à l’enfant pour sucer.
Sucrage.—Désigne en français l’action de sucrer, d’introduire du sucre dans. Corriger par le sucrage un vin trop âcre. C’est une faute d’appeler sucrage, les bonbons.
Suggestion.—Signifie en français: instigation, insinuation. Se prend presque toujours en mauvaise part. Suggestion pernicieuse. C’est un anglicisme de donner à ce mot le sens d’avis, de conseil.
Suite.—De suite veut dire: l’un après l’autre, sans interruption. Ils marchaient de suite. Il ne peut dire deux mots de suite. Il n’a pas la signification de tout de suite (immédiatement, sans délai, sur le champ, aussitôt). Dans le langage familier de suite est employé avec le sens de tout de suite, comme: j’y vais de suite.
Sujet.—Ce mot est employé à tort pour objet, but, occasion. L’objet, le but d’un voyage, et non le sujet. Un beau cheval est souvent une occasion de dépense, et non un sujet.
Sulky.—Terme anglais. Se traduit par araignée: voiture légère à deux roues, servant dans les courses.
Supporter.—Signifie, en français: souffrir, endurer (supporter le froid); souffrir avec patience (supporter l’infortune); mais est loin de vouloir dire: donner son appui à, appuyer. Il est correct de dire: l’opposition supporte le gouvernement, c’est-à-dire l’endure, parce qu’elle ne peut pas faire autrement.
Dites: appuyer une proposition, et non la supporter. Ne dites pas: Cet homme supporte sa famille, mais subvient aux dépenses de sa famille, entretient sa famille.
Sur.—On dit, en français: avoir quelqu’un à sa charge, et non sur ses charges (prendre soin de, entretenir quelqu’un).
Lire quelque chose sur un journal est un anglicisme; dites: Lire quelque chose dans un journal.
C’est encore un anglicisme de dire: agir sur sa propre responsabilité (on one’s own responsibility). Dites: agir sous sa propre responsabilité.
Dites: avoir deux, quatre chevaux à la voiture, et non sur la, sur une voiture.
On dit en français: je demeure sur la rue Notre-Dame, ou rue Notre-Dame; mais: j’ai vu quelqu’un dans la rue, et non sur la rue Notre-Dame, qui est un anglicisme.
Dites: Vers onze heures, vers minuit, et non sur les onze heures, sur les minuits.
Surplus.—Signifie en français: ce qui est au-delà d’une certaine quantité, d’un certain prix. Abandonner le surplus. C’est un anglicisme de donner à ce mot le sens d’excédent: ce qu’il y a dans un nombre, une quantité, de plus que ce qu’il doit y avoir. L’excédent du budget, et non le surplus.
Surtout.—Le vêtement que l’on appelle, à tort, surtout se nomme en français redingote. Le surtout est un pardessus.
Suspect.—Signifie en français: qui est soupçonné, qui inspire de la défiance. C’est une faute de donner à ce mot le sens de susceptible: qui est facile à blesser, qui s’offense aisément.
Swell.—Terme anglais; a le sens que l’on donne ici à Dude. V. ce mot.
Swell s’emploie aussi, mais à tort, dans le sens de bien mis, habillé richement, avec recherche.
Switch.—Terme anglais. Se traduit par aiguille: mécanisme composé de rails mobiles autour d’un point fixe, servant à faire passer les voitures d’une voie sur une autre.
Switcheur, Switchman.—Au lieu de ces deux mots, dont le premier n’est ni français, ni anglais, et le second est anglais; il faut dire: aiguilleur. V. Switch.
Tabaconiste.—Est un anglicisme (tobacconist). Dites: marchand de tabac.
Table.—C’est une faute de donner le nom de petite table à la console (sur laquelle on pose des bronzes, dans un salon); au guéridon (petite table ronde à un seul pied); à la crédence (petite table de salle à manger où l’on met une cave à liqueur et des verres); au somno (petite table de nuit qui se place au chevet du lit, et qui sert en même temps d’armoire). Somno est peu usité.
Table tournante est un anglicisme (turn table) en termes de chemin de fer. Dites: plaque tournante: portion de voie posée sur un plateau circulaire, mobile sur un pivot, et dont on se sert pour tourner les locomotives.
Tag, Tacque.—Tag est un mot anglais. Tacque est en français un terme du jeu de mail. Dans le sens que nous donnons à tacque, il est tiré de tag. Jouer à la tag ou tacque est une expression vicieuse. Dites: Jouer au chat. Le dernier qui a été atteint emporte le chat.
Talle.—Désigne en français une branche enracinée qui croît au pied d’un arbre et qu’on peut couper et planter ailleurs. Il ne faut pas employer ce mot pour bosquet d’arbres; touffe, bouquet (d’arbres, de fraises, etc.).
Tambourine.—Terme anglais. Se traduit par tambour de basque.
Tamponne.—N’est pas français. S’emploie, à tort, pour désigner une grosse femme, une enfant très grasse.
Tank.—Terme anglais de chemin de fer. Se traduit par réservoir.
Tant qu’à.—Corr. de quant à. Quant à moi, et non tant...
Taper.—Ça tape, ça va taper. Ces expressions sont vicieuses dans le sens de: Il s’en faut, il va s’en falloir de peu; il ne manque pas, il ne manquera pas grand’chose.
Tapis.—Ne dites pas: tapis de piano, mais housse ou couverture de piano. Au lieu de tapis de Bruxelles, dites: tapis de moquette, ou simplement moquette.
Tapisseur.—N’est pas français. Corruption de tapissier.
Tapocher.—N’est pas français. Dites: battre, rosser, maltraiter de coups, etc.
Taquet.—Est, en français, en termes de menuiserie, un petit morceau de bois dont les ébénistes se servent pour maintenir l’encoignure d’une armoire, d’un meuble, ou pour tenir un objet qu’on est occupé à fixer. Ne dites pas taquet, mais tourniquet, pour désigner la pièce de métal ou de bois, mobile autour d’un axe, et servant à maintenir fermés un châssis, une porte d’armoire, etc.
Taraud.—Désigne, en français, l’instrument dont on se sert pour tarauder. V. ce mot. C’est une faute d’appeler taraud, l’écrou (pièce mobile dans laquelle entre la vis d’un boulon, etc.).
Tarauder.—Est, en français, l’action de creuser en spirale les parois d’un trou fait dans une pièce de bois, de métal, pour qu’elles puissent recevoir une vis. On emploie à tort ce mot pour signifier: poser un écrou, le visser.
Taupin.—Désigne, en français, un genre d’insecte auquel appartient la mouche à feu. C’est une faute d’appeler taupin un homme gros et grand, bien pris dans sa taille.
Tauraille.—Est, en français, un assemblage de jeunes taureaux ou un troupeau de bœufs. Peu usité. C’est une faute de donner à ce mot le sens de jeune taure.
Taux.—On dit en français; le taux de l’intérêt, mais c’est une faute de dire: le taux de la mortalité pour le chiffre de la mortalité, ou simplement la mortalité. La mortalité a été de cinq cents durant le mois dernier.
Teatotaler.—Terme anglais. Se traduit par teetotaliste: qui s’abstient absolument de toute boisson alcoolique.
Tel.—Il se commet souvent des anglicismes dans l’emploi de ce mot. Au lieu de: Toutes telles déclarations, aucune telle proposition, dites: Toute déclaration de ce genre, aucune proposition semblable, de cette nature.
Télescope.—Désigne surtout, en français, les instruments d’optique à miroir. C’est une faute d’appeler télescope la lunette des instruments d’arpentage.
Temps.—Parler contre le temps est un anglicisme. Signifie: faire de longs discours plus ou moins utiles, au parlement, soit pour retarder ou empêcher un vote, soit pour faire de l’obstruction, soit pour gagner du temps.
En temps est un anglicisme (on time) en parlant d’un train de chemin de fer. Dites à l’heure. Arriver à l’heure. Le train est à l’heure.
C’est une faute de donner à temps le sens de journées d’ouvrage. Au lieu de: Voici votre temps, dites: Voici vos journées d’ouvrage, la liste, le nombre des journées d’ouvrage que vous avez faites.
Dites: Son salaire, ses gages courent, et non son temps...
Tendresse.—Ne dites pas la tendresse, mais la tendreté d’un fruit, d’une plante, d’un gigot. Tendresse ne se dit que de choses morales.
Tendron.—Désigne, en français, un bourgeon, un rejeton tendre d’un arbre, d’une plante. C’est une faute d’appeler tendron, le tendon (cordon fibreux qui termine les muscles et sert à les attacher aux os ou à d’autres parties).
Tenir.—Ne dites pas: tenir le temps des ouvriers, mais pointer les heures de travail des ouvriers (tenir compte du nombre d’heures pendant lesquelles ils travaillent).
Terme.—C’est un anglicisme de donner à ce mot le sens de session de la cour. Au lieu de dire: Le terme de la cour est clos, il sera jugé au prochain terme, dites: la session de la cour est close, il sera jugé à la prochaine session.
C’est encore un anglicisme de donner à ce mot le sens de durée d’office.
Parler dans les termes est une expression vicieuse. Signifie parler correctement; aussi: avoir un langage affecté.
Terre.—Au lieu de: Faire de la terre neuve, qui est une expression vicieuse, dites: défricher, essoucher, essarter.
Ne dites pas terre neuve, mais terre nouvellement défrichée.
Terrien.—Ne dites pas: Le livre terrien, mais le livre terrier, ou mieux le terrier: registre contenant les noms de ceux qui relevaient d’une seigneurie, les droits, cens et rentes qu’ils devaient. On retrouve ce livre dans les seigneuries de la province de Québec. Terrien, en français, désigne celui qui possède beaucoup de terres. (Peu usité).
Tête.—Tête-bêche. Cette expression signifie, en français: la tête ou la partie supérieure de l’un étant auprès des pieds ou de la partie inférieure de l’autre. Se coucher tête-bêche. C’est donc une erreur de dire: livre tête-bêche pour: livre la tête en bas.
Ne dites pas tête d’oreiller, mais taie d’oreiller.
Il faut dire: fromage de cochon, et non tête en fromage.
Thébord.—N’est pas français. De l’anglais tea-board. Dites plateau.
Thépot.—N’est pas français. De l’anglais tea-pot. Dites théière.
Tie.—Terme anglais de chemin de fer; se traduit par longuerine (ou longrine) ou traverse.
Aux dés, quand les joueurs font ce que les Anglais appellent un tie, on dit en français qu’ils sont points à points, ou tant à tant.
Détailler n’est pas français dans le sens de briser le tie, ce qui amène les joueurs à jeter les dés de nouveau, pour savoir à qui l’emportera.
Tignon.—V. Chignon.
Time-keeper.—Terme anglais. Celui qui marque les heures de travail des ouvriers s’appelle, en français, pointeur ou piqueur.
Time-table.—Terme anglais. Se traduit par indicateur ou horaire: livret ou tableau qui sert à renseigner les voyageurs relativement aux heures de départ et d’arrivée des trains de chemin de fer.
Tinton.—N’est pas français. Dites: tintement (de la cloche).
Au lieu de: Il nous donne bien du tinton, dites: tintouin ou tintoin (de l’embarras, de l’inquiétude).
Tip.—Mot anglais. En termes de jeu de billard, se traduit par procédé: petit rond de cuir collé au bout de la queue de billard.
Tiraille.—Désigne, en français, une espèce de balancier dans une machine d’épuisement. Dites: tirant, et non tiraille, pour désigner certains tendons jaunâtres qui se trouvent dans la viande de boucherie.
Tirant.—Ne dites pas les tirants, mais les traits, pour désigner les courroies qui relient le collier du cheval aux limons de la voiture.
Tire.—Ne dites pas la tire, mais le tirage, (d’une cheminée, d’un poêle).
La locution adverbiale: à tire-d’aile s’écrit avec un trait d’union après tire.
Tire-pois.—N’est pas français. Dites sarbacane: tube dont se servent les enfants pour lancer des pois, etc.
Tirer.—Ne dites pas tirer du grand, mais trancher du grand, donner dans le grand: affecter la grandeur, la magnificence.
Il faut dire: jeter, lancer une pierre, une balle, etc., et non tirer.
Ne dites pas: tirer une course, mais faire une course, lutter à la course, courir.
Les expressions: tirer quelqu’un aux cartes, se faire tirer aux cartes sont vicieuses. Il faut dire: tirer les cartes à quelqu’un, se faire tirer les cartes.
Tissure.—Signifie en français: liaison de ce qui est tissu. Etoffe dont la tissure est lâche, serrée. Il ne faut pas appeler tissure, la trame (fil passé par la navette entre les fils qui forment la chaîne). La trame de cette étoffe est en laine, et non la tissure.
Toast.—Mot emprunté de l’anglais. Signifie en français: action de boire à la santé de quelqu’un, à l’accomplissement d’un vœu, au souvenir d’un événement. Mais c’est une faute d’appeler toast un morceau de pain rôti au feu. Dites: une rôtie.
Toiletter (se).—N’est pas français. Signifie: s’habiller avec recherche; aussi: faire sa toilette.
Tombe.—Désigne, en français: une grande table de pierre, de marbre, etc., dont on couvre une sépulture. C’est une faute d’appeler tombe, la bière ou le cercueil: coffre de bois, de fer, etc., dans lequel on dépose un cadavre.
Tomber.—L’expression tomber d’un mal est vicieuse. Dites: tomber du haut mal; avoir une attaque d’épilepsie; tomber du mal caduc.
Tombleur.—N’est pas français. De l’anglais tumbler. Désigne le verre à boire ordinaire. Dites grand verre.
Tondre.—Substantif féminin. Bois pourri desséché qui remplace l’amadou. Presque tout le monde fait l’erreur de mettre ce mot au masculin. Allumer sa pipe avec de la tondre, et non du tondre.
Toque, Graquia.—C’est une faute d’appeler ainsi la fleur de la plante de la bardane (ou glouteron).
Graquia n’est pas français. Toque est, en français, une coiffure: toque d’avocat, etc.
Toquer (se).—Signifie en français: devenir toqué ou s’éprendre follement de. Dites cosser (verbe neutre) en parlant des béliers, des moutons qui se heurtent la tête les uns contre les autres. Les béliers cossent.
C’est une faute de donner à se toquer le sens de: se frapper, se heurter, venir en collision, en parlant des personnes et des choses.
Tordeuse.—Désigne en français une ouvrière en soie, une machine servant à tordre les fils de fer dont on se sert pour la confection des câbles, etc. Tordeuse dans le sens de machine à tordre le linge n’est pas français; il faut dire: essoreuse.
Touche.—Fumer une touche, tirer une touche sont des expressions vicieuses. Signifient fumer un peu, ou simplement fumer. Dites bouffée, et non touche, pour désigner la quantité de fumée qui sort tout d’un coup de la bouche.
Touer.—Touer, touage s’appliquent à la navigation fluviale. Remorquer, Remorquage s’appliquent à la navigation maritime. Paquebot qui en remorque un autre en pleine mer. Le dictionnaire n’établit pas cette différence, qui existe cependant, entre touer et remorquer.
Tour.—L’expression tour de crasse n’est pas française. Dites friponnerie, vilain tour, malhonnêteté. V. Crasse.
Tourmenter.—Tourmenter quelqu’un signifie: l’importuner, le faire souffrir. Il faut éviter de donner à ce mot le sens d’insister auprès de, de solliciter; comme dans cette phrase: Je l’ai tourmenté pour venir.
Tourne-clef.—Anglicisme (turnkey). N’est pas français. Dites guichetier: personne chargée d’ouvrir et de fermer les guichets. Ce dernier mot désigne une petite porte intérieure d’une prison; une porte pratiquée dans une plus grande. On dit aussi porte-clefs, au lieu de tourne-clef.
Tourniquet.—Est en français un appareil pour compter les personnes qui entrent dans un lieu public; un instrument de chirurgie, etc. N’a pas le sens de remous, tournant d’eau, vire-vire. Ces deux derniers mots sont moins usités que remous.
Tourtière.—Est, en français, un ustensile de cuisine qui sert à faire cuire des tourtes (pâtisserie fermée remplie de viandes, de fruits). C’est une faute d’appeler tourtière le pâté de viande (fait de viande hachée).
Tout.—L’expression à toutes heures est un anglicisme (at all hours). Dites: à toute heure. Repas servis à toute heure.
Tout partout est une expression vicieuse. Dites simplement partout.
Tout à clair. Cette expression n’est pas française. Dites: de cet endroit on voit le village distinctement, on entend distinctement le bruit de la chute, et non on voit, on entend tout à clair.
Track.—Terme anglais. Se traduit en français par voie. La voie d’un tramway, d’un chemin de fer.
Traduire.—Traduire au recorder est une expression vicieuse. Dites: traduire à la cour, ou devant la cour du recorder, ou devant le recorder. En d’autres termes, on peut être traduit à ou devant un corps public (cour, parlement, concile, assemblée, etc.). S’il s’agit d’un homme on est traduit devant lui, et non à lui.
Train.—Faire le train est une expression vicieuse dans le sens de soigner les chevaux, le bétail.
Dites: Etre, n’être pas en train de rire, et non être, n’être pas sur le train.
Au lieu de faire le train, (de la maison), dites: faire le ménage, balayer, épousseter, mettre tout en ordre.
Traîne.—Est, en français, un terme de pêche, de chasse, de marine, etc. C’est une faute de dire: Laisser quelque chose à la traîne, pour laisser traîner quelque chose.
Traîneries.—C’est une faute d’appeler traîneries les choses que l’on ne serre pas, qu’on laisse traîner, qu’on laisse sans ordre, hors de place. Traînerie signifie en français: retard, lenteur désagréable dans l’exécution de quelque chose.
Traîneur.—Signifie en français: soldat qui reste en arrière de sa troupe, etc. (On dit plutôt traînard dans ce sens.) C’est une faute de donner à traîneur le sens de qui n’a pas d’ordre.
Traite.—Payer la traite. Anglicisme (to pay the treat). Se dit en français: payer une tournée, une consommation.
Traîtement.—N’est pas français. Dites traîtrement ou traîtreusement (en traître, perfidement).
Tralée.—N’est pas français, bien qu’employé dans le langage populaire en France. Dites: un grand nombre, une grande quantité, une bande, une troupe, etc., d’enfants, de personnes.
Tralée vient sans doute du mot français trôlée, qui signifie: troupe de personnes faisant route ensemble.
Tramp.—Terme anglais. Se traduit par vagabond.
Transférable.—Signifie, en français: qui peut être transféré. Toutes les valeurs sont transférables. C’est un anglicisme de dire: Billet non transférable. Il faut se servir de l’expression billet personnel: billet qui permet à une personne de voyager sur un certain chemin de fer, dans certains bateaux, sans que ce billet puisse servir à d’autres personnes.
Transfert.—Désigne, en français, un acte par lequel on déclare transporter la propriété d’une rente, etc. C’est un anglicisme (transfer) dans le sens de billet de correspondance, ou de correspondance tout simplement. Billet qui permet à un voyageur de passer d’un tramway, d’une diligence, d’un omnibus à un autre, sans payer de nouveau.
Transiger.—Verbe neutre. Signifie en français, entre autres choses: passer un acte pour accommoder un différend, un procès. Transiger par-devant notaire. Transiger des affaires est un anglicisme (to transact business). Ça ne veut rien dire en français. Dites: négocier, conclure, faire des affaires.
Transquestion, Tranquestionner.—Ces mots ne sont pas français. Il faut dire: contre-interrogatoire (examen d’un témoin par l’avocat de la partie opposée), contre-interroger.
Transverser.—N’est pas français. Dites transvaser, transvider.
Travail.—On appelle travail, à Montréal, l’assemblage de deux pièces de bois qui servent à traîner une voiture, et entre lesquelles on place le cheval. A Québec, cela s’appelle les menoires. En français, on dit le brancard, ou la limonière pour l’ensemble; et l’on dit le brancard ou le limon quand il s’agit de chacune des deux pièces. Menoire n’est pas français. (Ne pas confondre limon avec timon ou flèche, qui est la longue pièce de bois du train de devant d’une voiture, aux deux côtés de laquelle on attelle les chevaux).
Travaillant.—On dit ici, à tort, un bon travaillant, pour un homme laborieux; et des travaillants pour des ouvriers.
Travers.—C’est une faute de donner à l’expression au travers le sens de parmi. Ces pommes sont belles, mais il y en a parmi qui sont gâtées, et non il y en a au travers.
Traverse.—L’endroit où l’on passe un fleuve, une rivière ne s’appelle pas la traverse, mais le passage. Le passage est à un mille d’ici.
Traverse de chemin de fer. On a cru, à tort, par cette expression, traduire railway crossing. En français, traverse de chemin de fer désigne la pièce de bois sur laquelle repose le rail. V. Tie. Railway crossing se traduit par passage à niveau: endroit où un chemin public traverse une voie ferrée.
Traversée.—L’expression traversée de chemin de fer désigne l’endroit où deux voies ferrées se traversent. C’est une faute de lui donner le sens de passage à niveau. V. Traverse.
Traverser.—Il faut dire: J’ai traversé à Lévis hier, et non, je suis traversé. Etre traversé, c’est avoir quelque chose au travers de soi, ou être trempé par la pluie. Etre traversé par une épée.
On passe un pont, on ne le traverse pas; mais le pont traverse la rivière.
Traversier.—Est, en français, un terme de marine, d’astronomie, etc. C’est une faute d’appeler traversier l’homme qui conduit un bateau traversier ou de passage. Il faut dire passeur. Appeler le passeur.
Tremblantes (fièvres).—Cette expression n’est pas française; dites fièvres intermittentes: celles qui présentent des accès composés de frisson, de chaleur et de sueurs, avec des intervalles sans fièvre.
Trempe.—Est, en français, un substantif féminin. La trempe du fer. Les armes d’une certaine trempe. Il ne faut pas faire un adjectif de ce mot en lui donnant le sens de trempé, mouillé, humide, imbibé.
L’expression populaire: trempe comme une navette devrait plutôt être: trempé comme une lavette. La lavette est un morceau de linge servant à laver la vaisselle. La navette est un instrument de tisserand.
Tresse.—Ne dites pas une tresse d’oignons, mais un chapelet ou une corde d’oignons.
Tributs floraux.—Anglicisme (floral tributes). Dites en français: couronnes funéraires. Cette expression comprend par extension les fleurs envoyées pour des funérailles, de quelque façon qu’elles soient disposées.
Tricoler.—N’est pas français. Dites: chanceler, zizaguer, tituber.
Trictrac.—Désigne en français une sorte de jeu qui se joue avec des dames et des dés. C’est une erreur d’appeler trictrac, la crécelle qui est un moulinet de bois très bruyant, remplaçant la cloche durant une partie de la semaine sainte.
Trimer.—Signifie en français: marcher vite et avec fatigue. Faire trimer quelqu’un (le faire aller et venir pour rien). C’est un anglicisme dans le sens de parer (une jeune fille bien trimée); d’arranger (une affaire mal trimée); de rafraîchir (trimer les cheveux).
Troll.—Troll, mot anglais; se traduit par cuiller: petit instrument ressemblant à une cuiller sans manche dont on se sert pour la pêche à la ligne.
Troller.—Est en français un terme d’économie rurale. C’est un anglicisme (to troll) d’employer ce mot dans le sens de: pêcher avec une cuiller, à la cuiller. V. Troll.
Trompe.—N’est pas français dans le sens de méprise, erreur, bévue.
Tronc.—Boîte placée dans les églises pour recevoir les aumônes. Dites tirelire (féminin) lorsque vous voulez désigner le petit tronc destiné à mettre en réserve des pièces de monnaie. V. Banque (petite).
Trou.—Ne dites pas le trou, mais l’âme d’une arme à feu (canon, fusil, etc.), où l’on met la poudre et les projectiles.
Trouble.—Ce sont des anglicismes de donner à ce mot les acceptions suivantes: être dans le trouble (être dans l’embarras, dans le malheur); se donner du trouble (se donner de la peine, du mal); avoir du trouble (avoir des ennuis); causer du trouble (causer des désagréments, de la fatigue, des démarches). Voici les principales acceptions de trouble, en français: Désordre (trouble dans une assemblée); soulèvement (guerre civile); brouillerie (trouble dans les ménages); agitation (trouble de l’âme).
Troubler.—C’est une faute de donner à ce mot le sens de perdre la raison.
Ne dites pas: je vais vous troubler pour le pain. (I will trouble you for the bread). C’est un affreux anglicisme. On peut dire simplement: veuillez me passer le pain.
Trousseau.—Désigne, en français, le linge et tout ce que l’on donne à une fille qui se marie ou qui se fait religieuse. Mais lorsqu’il s’agit d’un enfant qui vient de naître, c’est layette qu’il faut dire, et non trousseau: ensemble de tous les vêtements et objets nécessaires à l’enfant naissant.
Trouvaille.—Signifie: chose trouvée heureusement. Il ne faut pas lui donner le sens de découverte, qui est l’action de trouver. La découverte, et non la trouvaille, d’une mine.
Puisque trouvaille signifie: chose trouvée heureusement, on ne peut donc pas dire: lugubre trouvaille.
Truc, Truck.—Mot français, tiré de l’anglais. Plateforme qui sert, sur les chemins de fer, au transport des gros objets, tels que tonneaux, pierres de taille, statues, voitures. Par extension: toute voiture ou tout wagon destiné à transporter des marchandises. Dites diable, et non truck, pour désigner la voiture basse à deux roues servant au transport des colis, malles, etc.
True bill.—Expression anglaise. Se traduit par accusation fondée (décision par laquelle on met un prévenu en accusation).
Truie.—Ne dites pas jeu de truie, mais jeu de bille au pot. Un des joueurs cherche à faire entrer sa bille dans un trou; l’autre cherche à l’en empêcher.
Tuer.—Ne dites pas tuer, mais éteindre (une chandelle, le gaz, le feu, une lampe). Se dit dans quelques provinces, en France.
Tuque.—Désigne en français une petite dunette dont le toit est très convexe. C’est une faute de donner à ce mot le sens de bonnet de nuit.
Tuyau.—Ne dites pas le tuyau, mais la cheminée (d’une locomotive, d’un bateau à vapeur, d’un paquebot).
Twist.—Terme anglais. L’expression: Cet homme a la twist (c’est-à-dire: a l’habitude de bien faire une chose) se dit, en français: cet homme a le tour de main, l’adresse.
Au lieu de twist, dites cordonnet: soie à coudre.
Typewriter.—Terme anglais. S’appelle en France dactylographe et machine à écrire. M. Louis Fréchette a suggéré, avec raison, clavigraphe, mot qui est très employé maintenant au Canada, et duquel on a fait clavigraphie, clavigraphier, clavigraphiste.
Universitaire.—Un universitaire est celui qui appartient au corps d’une université. C’est une faute d’appeler universitaires les étudiants qui suivent les cours d’une université.
Usher.—Terme anglais. Se traduit par huissier, lorsque l’on veut désigner celui qui est chargé d’indiquer les places au théâtre.
Usurier.—Désigne en français, celui qui prête à usure, à de forts intérêts. C’est une faute de se servir de ce mot pour signifier celui qui use ses habits en peu de temps.
Vacance.—On a tort de confondre, comme il arrive souvent, vacance, au singulier, avec vacances, au pluriel. Le premier signifie: le temps pendant lequel une place, une dignité n’est pas remplie. Durant la vacance du saint-siège. Le second se dit du temps où les classes, les tribunaux, ou les chambres vaquent: Les élèves sont en vacances; certains tribunaux n’ont point de vacances.
Vague.—Vague froide est un anglicisme (cold wave) dans le sens de vent froid, de couche d’air froid. Expression employée dans les pronostics de la température.
Vaillant.—Signifie en français: qui a de la vaillance, qui est brave, courageux, intrépide. C’est une faute de donner à ce mot le sens de prétentieux, de fanfaron.
Vaillantise.—Signifie en français vaillance. Le plus souvent il s’emploie ironiquement, en parlant d’une action téméraire, folle. N’a pas le sens qu’on lui donne à tort, ici, de forfanterie, fanfaronnade.
Valable.—Signifie, en français: qui a de la force, de la valeur, du poids. Aussi: qui est fait suivant les formes. Quittance valable. Mais on ne peut dire: Bonne et valable considération (c’est-à-dire: considération suffisante).
Valant.—Est le part. présent de valoir. Il ne faut pas le confondre avec vaillant, substantif, qui signifie: l’avoir, le bien que l’on possède. Dites: Il n’a pas un sou vaillant, et non un sou valant.
L’expression: cent dollars valant de bijoux (one hundred dollars worth of jewels) est un anglicisme. Dites: Des bijoux pour une valeur de cent dollars.
Valentin.—Il faut appeler valentines, et non valentins, les lettres qui sont écrites le 14 février, le jour de la Saint-Valentin.
Valeur.—L’expression de valeur n’est pas française. Au lieu de: C’est bien de valeur, dites: C’est fâcheux, malheureux, ennuyeux, déplorable, regrettable, c’est grand dommage, etc.
Valise.—Est, en français, un sac de voyage, un porte-manteau que l’on porte à la main. C’est une faute d’appeler valise, la malle: espèce de coffre, de forme variée, qui est propre à contenir et à transporter des hardes.
Valoir.—L’expression: Cet homme vaut vingt mille dollars, pour dire: qu’il possède vingt mille dollars, qu’il est riche de vingt mille dollars, est un anglicisme.
Valtreux.—N’est pas français. Signifie poltron, lâche; aussi chenapan, vaurien.
Végétaux (soupe aux).—Anglicisme. Dites potage jardinière, potage printanière.
Veiller.—Signifie, en français, entre autres: ne pas dormir. Veiller toute la nuit. C’est une faute de donner à ce mot le sens de passer la soirée, la veillée. Venez passer la soirée chez moi, et non, venez veiller chez moi.
Veilloche.—N’est pas français. Corruption de veillote: foin ramené en petits tas.
Velvetine.—N’est pas français. De l’anglais (velveteen). On dit en français: velvantine ou velventine. Espèce de velours.
Venir.—Ne dites pas: il vient fou, mais il devient fou.
Venir de l’avant est un anglicisme baroque (To come forward). Dites: être candidat.
Ventilateur.—Désigne, en français, un instrument propre à renouveler l’air des hôpitaux, des grandes salles, des usines, etc. C’est une faute d’appeler ventilateur, l’imposte (féminin): ouverture pour aérer, qui se trouve au-dessus d’une porte.
Ventrèche.—N’est pas français. Désigne la partie qui se trouve sous le ventre d’un poisson, préparé pour la cuisson ou servi sur la table.
Vêpres.—On doit dire: aller à vêpres, et non aux vêpres. Le premier coup de vêpres, et non des vêpres. On dit cependant: entendre vêpres ou les vêpres.
Ce mot est du féminin: Les vêpres sont dites, et non sont dits.
Verge.—N’est pas français pour désigner un dé ouvert ou un doigtier (dé qui n’a pas de fond).
Versant.—Il ne faut pas dire d’un navire, d’un canot, d’une embarcation, qu’ils sont versants, mais chavirants, qu’ils chavirent aisément, soit par défaut de construction, soit par manque de lest. Versant (adjectif) se dit des voitures: carrosse très versant.
Verser.—Se dit en français des voitures. Il faut se servir du mot chavirer en parlant des navires, des embarcations.
Veste.—C’est à tort qu’on appelle ici veste, ce vêtement sans manches qui se porte sous l’habit. En français cela s’appelle un gilet. La veste est un vêtement à basques très courtes, et sans taille, qu’on appelle ici, à tort, un coat. Le veston est plus petit, et est arrondi des basques.
Veugle.—N’est pas français. Au lieu de: C’est du veugle, dites: c’est une terre veule (terre très légère).
Viande.—Viande en conserve est une expression vicieuse. Dites: conserves de viande: viandes de toute espèce, volailles, poissons, gibier, cuits et préparés avec soin dans des boîtes de fer-blanc ou dans de grosses bouteilles soigneusement privées d’air.
Vie (pour la).—Au lieu de l’expression: condamné au pénitencier pour la vie qui est un anglicisme (for life), dites: condamné à la détention perpétuelle, à l’emprisonnement à perpétuité, aux travaux forcés à perpétuité.
Vieillard.—Quelques personnes croient, à tort, que l’expression correcte est couleur vieillard. C’est une faute; dites: vieil or.
Vilaine (faire).—Est une expression vicieuse. Signifie: ne pas faire de points, à certains jeux de cartes. Dites: être capot, faire capot. Ils sont capot.
Vire-main.—N’est pas français. Dites: en un clin d’œil, instantanément, en un rien de temps, et non en un vire-main.
Virer.—Dites: tourner une carte, et non virer. Qu’est-ce qui tourne?
Vitraux.—Est le pluriel de vitrail; un vitrail est une grande fenêtre dont les croisillons sont remplis de panneaux de verre de couleur, assemblés par compartiments.
Il ne faut pas employer ce mot pour vitrine, vitrage, ou montre d’un magasin.
Vitre.—Dites du verre cassé, pilé, et non de la vitre cassée; avoir un morceau de verre entré dans la main, et non un morceau de vitre; un encrier, etc., en verre, et non en vitre. Ce n’est pas un diamant, c’est du verre, et non de la vitre.
Le verre est la substance, et la vitre est la forme sous laquelle cette substance est employée. Vitre de fenêtre.
Vivres.—Désigne, en français, ce dont une personne peut se nourrir, et non ce qu’elle a mangé. Il faut donc dire: je digère mal mes aliments, et non mes vivres.
Vivres est au masculin. De bons vivres, des vivres frais. S’emploie surtout au pluriel, et désigne les choses qui servent à se nourrir.
Viz.—Terme anglais. Se traduit par savoir, à savoir, c’est-à-dire.
Voilier.—Un voilier est, en français, un fabricant de voiles, un navire, etc. Il ne faut pas dire: un voilier d’oiseaux, mais une volée.
Voir (aller).—C’est une faute de donner à cette expression le sens de courtiser. Il courtise mademoiselle une telle, et non il va la voir....
Voisinage.—Signifie: l’ensemble des voisins. Doit s’employer au singulier. Il se querelle avec son voisinage, et non avec ses voisinages. Visiter le voisinage, et non les voisinages.
Volet.—V. Contrevent.
Volontiers.—Est adverbe. C’est donc une faute d’en faire un adjectif, et de dire: Il est volontiers de vendre sa maison. Dites: Il désire vendre, il vendra volontiers sa maison.
Voteur.—N’est pas français. C’est un anglicisme (voter). Dites: votant (celui qui vote, qui a le droit de voter).
Voyage.—Dites charge de foin, de bois, de charbon, et non voyage (quantité de foin, etc., transportée dans une voiture).
Waiter.—Terme anglais. Se traduit par garçon; et head-waiter (dans un café) par premier garçon.
Warrant.—Signifie en français: récépissé de marchandises avec indication de la valeur, délivré par les docks et qu’on peut négocier. Ce mot a aussi, d’après Bescherelle, le sens de prise de corps, de mandat d’amener, mais n’est pas usité. Au lieu de warrant de recherche, qui est un anglicisme (search warrant), dites: mandat de perquisition.
Washer.—Terme anglais. Se traduit par rondelle: pièce ronde de métal, de cuir, etc., percée par le milieu, qu’on place entre l’écrou et le bois.
Welsh-rabbit.—Expression anglaise. Se traduit par rôtie au fromage, ou par ramequin: tranche de pain grillé couverte de fromage fondu.
Whiskey, Whisky.—Est français. Mais l’expression: Whiskey en esprit est incorrecte. Dites alcool rectifié, ou absolu, ou anhydre, c’est-à-dire: alcool privé de toute son eau.
Winch.—Terme anglais. Se traduit par cabestan, quand le cylindre autour duquel s’enroule le câble est vertical; et par treuil, quand ce cylindre est horizontal.
Wrench.—Terme anglais. Ou dit en français clef anglaise.
Writ.—Est donné comme français dans le dictionnaire, mais n’est pas usité. On doit dire: ordre, ordonnance, assignation. Délivrer une ordonnance; signifier une assignation.
Au lieu de writs d’élection, dites brefs d’élection, qui est le mot consacré par la loi, ici.
Writing-pad.—Expression anglaise. Se traduit par bloc-notes. V. Pad.
Yeast.—Terme anglais. Se traduit par levure. V. Iste.
Zarzais.—N’est pas français. Se dit à tort pour Jersiais et Guernésien. Mots qui désignent les habitants ou les natifs des îles Jersey et Guernesey, situées entre la France et l’Angleterre.
Zigonner.—N’est pas français. Signifie: rudoyer un cheval en tirant mal à propos, tantôt sur une rêne, tantôt sur l’autre.
Règles de grammaire, difficultés, définitions, etc., relatives à nos fautes les plus fréquentes.
Aboyer, Japper.—Le premier s’applique plus généralement à un gros chien, et le second à un petit chien.
Abréviation.—Les abréviations qui ne contiennent pas la dernière lettre du mot abrégé prennent un point. Ex. (Exemple), etc. (et cætera), adv. (adverbe), T.S.V.P. (Tournez, s’il vous plaît). Celles qui contiennent la dernière lettre ne prennent pas de point: Cie (compagnie), Md (marchand), Me (maître), Cpte Ct (compte courant).
Pour abréger les mots qui sont au pluriel, on double souvent la première lettre du mot à abréger, ne mettant un point qu’après les deux lettres: MM. (Messieurs), MM.SS. (manuscrits), LL.B. (Legum baccalaureus). Beaucoup écrivent par erreur L.L.B.
Acrostiche.—Est du masculin.
Adhérant, Adhérent.—Ne pas confondre ces deux mots. Adhérant est le participe présent d’adhérer, et adhérent est adjectif. En adhérant à ce que vous dites.... L’épiderme est adhérent à la peau.
Adjectif.—L’adjectif employé comme adverbe est invariable: Ces étoffes coûtent cher. (V. Couleur). On dira, suivant le cas: Mademoiselle, marchez droite (vous tenant droite), et, marchez droit (directement devant vous).
Admission.—On dit admission à quand il s’agit d’une dignité, d’un emploi, d’une charge, d’un grade, etc. Admission au grade de capitaine. On dit admission dans quand on veut parler du corps, de l’assemblée, etc., dans laquelle on a obtenu la dignité, l’emploi, la charge, le grade, etc.; admission dans l’armée, etc., et non à l’armée.
Affluant, Affluent.—Ne pas confondre ces deux mots. Affluant est le participe présent du verbe affluer. Les vaisseaux, en affluant dans ce port, en ont fait un poste important de commerce. Affluent est substantif ou adjectif: L’Ottawa est un affluent du St-Laurent.
Aide.—Signifiant secours, assistance, est du féminin. Aide prompte et puissante. Appliqué aux personnes, il en prend le genre: Cet homme est un bon aide, cette femme est une aide précieuse.
Aïeuls, Aïeux.—Ne pas confondre ces deux termes. Les aïeuls sont les grands-pères et les grand’mères; les aïeux sont les ascendants plus éloignés, les ancêtres. Ses aïeuls maternels sont morts; c’est-à-dire, son grand-père et sa grand’mère maternels. Ses aïeux viennent de France; c’est-à-dire, ses ancêtres. On doit écrire bisaïeuls, trisaïeuls au pluriel.
Air.—Prendre l’air signifie se promener, et aussi prendre la fuite. Allons prendre l’air. Ce prisonnier a pris l’air. Pour s’enfuir, on dit aussi: prendre de L’ERRE.
Air, aire, erre, sont des mots qui n’ont ni la même étymologie, ni le même sens. Cependant, en termes de marine, on dit aire ou erre d’un navire, pour signifier l’allure, la vitesse du navire: Il a ralenti son aire, ou son erre; c’est-à-dire, il a diminué sa vitesse. Il ne faut pas dire: Il a ralenti son air. Les grammairiens ne sont pas tous d’accord sur ce point; mais ils citent presque tous des exemples qui admettent pour aire et erre un sens identique par rapport à l’allure. Ce n’est donc pas une faute de se servir de ces deux expressions indifféremment.
Avoir l’air. Voici la règle: Quand l’adjectif placé après avoir l’air est de nature à pouvoir qualifier indistinctement soit le substantif air, soit le substantif précédent, on le fait accorder avec l’un ou l’autre à volonté, selon ce qu’on veut dire. Cette personne a l’air sérieux, c’est-à-dire: son visage est sérieux au moment où on la voit; mais cette personne a l’air sérieuse, signifie qu’elle paraît habituellement être sérieuse. On dira de même: Cette femme a l’air affligé, du moins en apparence; elle a l’air affligée, signifiera qu’elle semble réellement affligée.
Quand l’adjectif ne peut qualifier qu’un des deux substantifs, l’accord a lieu exclusivement avec celui-ci: cette femme a l’air haletante; c’est la femme qui est haletante, et non pas l’air. Elle a l’air rêveur, méprisant, parce que la rêverie, le mépris, ne peuvent pas constituer un état permanent, quelque chose d’inhérent à la personne, à son caractère: ces adjectifs rêveur, méprisant ne peuvent donc s’appliquer qu’au mot air.
Lorsque le premier substantif est un nom de chose, l’accord se fait toujours avec ce nom: Cette pêche a l’air mûre, c’est-à-dire: a l’air d’être mûre.
Alcôve.—Est du féminin. Bescherelle dit: “Dorat l’a employé au masculin, comme le font à tort beaucoup d’architectes.”
Aller.—Il ne faut pas employer indifféremment être et avoir avec aller. Il est allé à Rome, signifie qu’il y est encore. Il a été à Rome, signifie qu’il en est revenu.
On dit indifféremment: Aller se battre ou s’aller battre. Il faut dire: Nous nous en sommes allés, il s’en est allé, et non nous nous sommes en allés, il s’est en allé.
On écrit: va-t’en, et non: va-t-en, parce qu’il y a entre te et en élision et non liaison. Ce t n’est pas euphonique, mais il représente le pronom du verbe pronominal s’en aller.
L’impératif va prend une s euphonique devant y: vas-y. Voici l’opinion de Bescherelle: “On dit: Va à la campagne, vas-y voir ton père; mais on doit dire: Va à la campagne, va y mettre ordre; parce que, dans ce dernier cas, le pronom y est complément du verbe qui suit l’impératif, et qu’il peut y avoir une pause entre cet impératif et le pronom.” On dit également: Va en chercher; va en prendre des nouvelles, et non vas-en.
Almanach.—Est du masculin.
Alpaca ou Alpaga.—Est du masculin.
Amande, Amende.—Ne pas confondre ces deux mots quant à l’orthographe. Amande: fruit de l’amandier. Cette amande est agréable au goût.—Amende: peine pécuniaire, etc. Amende de dix dollars.
Ambre.—Est du masculin.
Amiante.—Est du masculin. Asbeste (masculin) est son synonyme.
Ammoniac, Ammoniaque.—Ces deux mots ne doivent pas être confondus. Ammoniac est l’adjectif. Gaz ammoniac.—Ammoniaque est le substantif. Est du masculin ou du féminin. Le féminin est préféré. L’ammoniaque est dangereuse à respirer.
Ancre.—Est du féminin. Est souvent mis au masculin par erreur.
Annonce.—V. Réclame.
Antimoine.—Est du masculin.
Antre.—Est du masculin.
Antwerp.—Est le nom anglais d’Anvers (ville de Belgique).
Appas, Appât.—Ne pas confondre ces deux mots. Appas n’a pas de singulier, et signifie: charmes, attraits. Appas de la gloire, du jeu. Appât est la pâture, l’aliment que l’on met pour attirer et prendre à des pièges des quadrupèdes ou des oiseaux. Désigne aussi ce qui attire, ce qui engage à faire une chose. Appât de la liberté, appâts trompeurs.
Application.—C’est un anglicisme de dire: Je fais application pour que la cause soit remise; il fait application pour un emprunt, pour une position, etc. Dites: Je demande que la cause..., il fait une demande d’emprunt; il demande une position.
En termes d’assurance, on doit dire: faire une demande, une proposition d’assurance, et non faire application pour une assurance.
Après dînée, Après-dîné, Après dîner.—Le premier est du féminin et les deux autres du masculin. Après-dînée est préféré.
On écrit après dîner (sans trait d’union), lorsqu’on veut parler d’une époque postérieure au dîner: J’irai vous voir après dîner.
Après-midi.—Est des deux genres. Le masculin est préféré.
Après-soupée, Après-souper, Après-soupé.—Le premier est du féminin, et les suivants sont du masculin. L’Académie préfère après-souper.
On écrit après souper (sans trait d’union), lorsqu’on veut parler d’une époque postérieure au souper: il est parti après souper.
Araignée.—Est du féminin.
Arc-en-ciel.—Est du masculin. Se prononce au pluriel comme au singulier.
Archet.—Est du masculin.
Artère.—Est du féminin.
Article.—Ne pas confondre les deux expressions suivantes. Il faut: N’avez-vous pas des amis? si vous voulez dire: Vous avez des amis, n’est-ce pas? Si vous ne savez pas si la personne à qui vous parlez en a, dites: N’avez-vous pas d’amis?
As.—Est du masculin.
Asseoir (s’).—Il se commet tant de fautes dans l’emploi de ce verbe, que je vais en donner la conjugaison. Indicatif présent: je m’assieds, nous nous asseyons; ou: je m’assois, nous nous assoyons, ils s’assoient. Imparfait: je m’asseyais, nous nous asseyions, ils s’asseyaient ou je m’assoyais, nous nous assoyions. Passé défini: je m’assis. Futur: je m’assiérai ou m’asseyerai, nous nous assiérons ou asseyerons, ou: je m’assoirai, nous nous assoirons. Conditionnel: je m’assiérais, ou m’asseyerais, ou m’assoirais. Impératif: assieds-toi, ou assois-toi. Subjonctif présent: que je m’asseye, que nous nous asseyions; ou: que je m’assoie, que nous nous assoyons. Imparfait: que je m’assisse, que nous nous assissions. Participe présent: s’asseyant ou s’assoyant. Passé: assis, assise.
Assortiment et Stock.—Ne doivent pas être confondus. L’assortiment est une collection de marchandises de même genre. Un assortiment de dentelles. Stock est la quantité de marchandises qui se trouvent dans un magasin, ou entrepôt. Les deux sont bien différents. Le stock peut être considérable, sans qu’il y ait de l’assortiment.
Atmosphère.—Est du féminin. Le masculin, employé quelquefois, est condamné par l’Académie.
Atteindre.—Ne suppose pas d’effort. Atteindre sa majorité. Atteindre à, suppose effort. Atteindre à la perfection.
Attention.—Faute d’attention signifie: manque d’attention. C’est faute d’attention qu’il n’a pas relevé cette erreur. On ne peut dire: une faute d’attention. Dites: une faute d’inattention (causée par l’inattention).
Auge.—Est du féminin.
Augure.—Est du masculin.
Aune.—Ce mot est des deux genres. Au masculin, il désigne l’arbre. Ces aunes sont longs. Au féminin, c’est la mesure de longueur. Une aune a 45 pouces.
Auprès de, Au prix de.—Auprès de s’emploie quand on veut comparer deux choses, sans vouloir les priser séparément. Au prix de s’emploie, au contraire, lorsqu’on s’appuie sur la valeur d’une de ces choses pour déterminer la valeur de la seconde: Tous les ouvrages de l’homme sont vils et grossiers auprès des moindres ouvrages de la nature, auprès d’un brin d’herbe ou de l’œil d’une mouche. Ma propriété est peu de chose au prix de la vôtre.
Auspice.—Est du masculin. Ne s’emploie guère qu’au pluriel. Sous de beaux auspices.
Autre.—Dans ce genre de phrase, autre, employé avec un nom de nombre, se place après le nombre: Son revenu s’élevait à six mille dollars, dont il donnait un mille aux pauvres et se réservait les cinq autres mille, et non les autres cinq mille.
Avant.—Avant que, avant que de, ne demandent pas l’emploi de ne. On dit: Avant que vous fussiez arrivé, avant que je parte, et non: avant que vous ne fussiez arrivé, avant que je ne parte.
Avantage.—Est du masculin.
Avant-midi.—Est du masculin.
Avant-scène.—Est du féminin.
Avenir.—Temps avenir, siècles avenir se disaient jadis pour: temps futur, siècles futurs. On écrit aujourd’hui: temps à venir, siècles à venir.
Averse.—Signifie: pluie abondante et subite: Quelle averse! Mais on écrira: Il pleut à verse (en deux mots).
Aveuglement, Aveuglément.—Ne pas confondre ces deux mots. Le premier est un substantif, le second un adverbe. C’est un aveuglement de suivre aveuglément les conseils d’un seul.
Avoir.—Il ne faut jamais mettre un i après y dans les temps de ce verbe. Il faut que nous ayons, et non ayions; bien que l’on dise: Il faut que nous VOYIONS.
Plusieurs mettent un accent circonflexe sur ait, troisième personne du singulier du subjonctif. C’est une faute.
Balustre.—Est du masculin. Quelques-uns font la faute de l’épeler avec deux l.
Baptistaire, Baptistère.—Il ne faut pas confondre ces deux mots. Baptistaire, adjectif, signifie: qui regarde le baptême. Registre, extrait baptistaire. Est aussi pris substantivement et désigne l’extrait de baptême. Exhiber son baptistaire. Baptistère désigne l’édifice destiné à l’administration du baptême: Le baptistère de Saint-Jean de Latran. Le p de ces mots-là ne se prononce pas.
Bonace, Bonasse.—Ne pas confondre ces deux mots quant à l’orthographe. Bonace, substantif, signifie: le calme de la mer qui précède ou suit la tempête.—Bonasse, adjectif, veut dire: simple et sans aucune malice.
Bouffes.—Est masculin pluriel. Bouffes français, parisiens, et non bouffes françaises, parisiennes. (Théâtre où l’on joue l’opéra bouffe.)
Brave.—Un brave homme est un homme honnête et bon; un homme brave est un homme courageux.
Brochure.—V. Pamphlet.
Ça, Çà, Ç’a.—Il ne faut pas confondre ces mots-là. Ça est pronom démonstratif, et une contraction de cela: prenez ça.—Çà, adverbe, signifie ici: Çà et là. Est aussi une interjection: çà, arrivez!—Ç’a, contraction de ce a. Dans l’expression ç’a été, l’e s’élide devant a. Ç’a été toujours mon opinion.
Cacheter.—Dans la conjugaison de ce verbe, le t se double devant une syllabe muette. Je cachette, tu cachettes, etc. Ne pas confondre cette termination avec celle d’acheter qui fait: J’achète, tu achètes, etc., qui prend l’e ouvert devant la syllabe muette. Voici ta lettre, cachette-la, et non cach’te-la.
Cadavéreux, Cadavérique.—Ne pas confondre ces deux mots. Le premier signifie: qui est propre à, qui appartient ou semble appartenir au cadavre: teint, air cadavéreux, odeur cadavéreuse. Cadavérique: qui a rapport au cadavre: Autopsie cadavérique, lésion cadavérique.
Calfater, Calfeutrer.—Ne pas confondre ces deux mots. Calfater est le terme de marine (garnir d’étoupe et de poix les fentes ou les trous d’un navire).—Calfeutrer signifie: boucher les fentes d’une maison, d’une porte, d’une fenêtre.
Campagne.—Aller à la campagne, aller en campagne. Ces deux expressions avaient autrefois le même sens. Aujourd’hui, aller à la campagne signifie: se rendre, se transporter à la campagne. Aller en campagne se dit surtout des troupes.
Etre en campagne veut dire: être en mouvement, pour s’enquérir de, pour trouver quelque chose.—Etre à la campagne signifie: être hors de la ville, pour prendre un repos.
Canadien-français.—C’est ainsi que nous devons écrire ce mot: Un Canadien-français. Un C majuscule, un trait d’union entre les deux mots et une petite f. Mais si ce mot composé est adjectif, il prend un petit c: le peuple canadien-français.
Cane, Canne.—Ne pas confondre, pour l’orthographe, ces deux mots. Le premier est la femelle du canard; le second désigne un bâton pour s’appuyer.
Ce.—L’e de ce s’élide et se remplace par l’apostrophe devant est, était, étaient, a été, ont été, aurait, eut été, etc. Ç’aurait peut-être été pire. Ç’eût été bon contre bon. C’étaient les vertus...... Ç’a toujours été mon opinion.
Censé.—V. Sensé.
Cent.—Prend une s au pluriel, lorsqu’il y a plusieurs fois cent, et qu’il n’est pas suivi d’un autre nombre. Trois cents hommes, cent deux hommes, deux cent cinq hommes. Il est invariable quand il signifie centième. Page quatre cent (pour quatre-centième), l’an mil neuf cent. Il faut dire: nous avions quelques cents hommes avec nous, dans le sens de: plusieurs cents. Si l’on dit: nous avions quelque cent hommes avec nous, cela signifie: environ cent.
C’est moi qui a.—Tout le monde sait que le verbe s’accorde avec le pronom, et qu’il faut dire: C’est moi qui ai, c’est nous qui avons; et non: c’est moi qui a, c’est nous qui ont; fautes très blâmables, que l’on entend commettre tous les jours.
Chambranle.—Est du masculin. C’est l’encadrement d’une porte, d’une fenêtre.
Chandelle, Bougie.—Ne pas confondre ces deux mots. La chandelle est faite de suif, et la bougie de cire ou de stéarine.
Châtain.—Bescherelle dit: “L’usage refuse à tort un féminin à ce mot. Cette exception n’est fondée ni sur l’étymologie, ni sur l’analogie, ni sur l’euphonie. Pourquoi donc craindrait-on de dire: Une barbe châtaine, une cheveleure châtaine, une femme châtaine, comme on dit: une barbe blanche, une chevelure blonde?” L’Académie n’en parle pas.
Chez.—Préposition, n’est pas suivi d’un trait d’union. Chez vous. Allons-nous-en chacun chez nous. Si chez est joint par un trait d’union à un pronom personnel, il forme une locution substantive. Avoir un chez-soi. Quand j’aurai un chez-moi je vous y recevrai.
Chlorure.—Est du masculin. Beaucoup disent à tort: de la chlorure de chaux, pour du chlorure de chaux.
Chose.—On écrit: Ce n’est pas grand’chose. Mais si l’adjectif grand, placé devant chose, est précédé de l’article ou d’un adjectif déterminatif, on doit écrire grande chose: C’est une grande chose que savoir se taire. La grande chose que voilà! Au pluriel on écrit dans tous les cas: grandes choses.
Quelque chose, signifiant une chose, est masculin singulier. Quelque chose est promis, autre chose est accordé. Quelque chose, signifiant quelle que soit la chose, est du féminin. Quelque chose que vous ayez dite contre moi, je vous pardonne.
Autre chose, employé dans un sens indéterminé, est du masculin. C’est autre chose qu’il a dit.
Cicerone.—La prononciation des dictionnaires est ciceroné, mais dans la pratique on prononce en France cicérone. Le pluriel donné par l’Académie est cicerone. Des cicerone. La plupart des écrivains et des grammairiens donnent le pluriel italien ciceroni.
Ciel.—On admet pour ciel les deux pluriels cieux et ciels. Le pluriel cieux, qui est le plus usité, s’applique à l’ensemble de la voûte céleste. Les cieux annoncent la gloire de Dieu. Le pluriel ciels s’emploie aujourd’hui pour désigner une partie limitée de la voûte céleste, la portion d’un tableau qui représente le ciel, la partie supérieure d’un lit, d’une carrière. Les ciels de la Grèce et de l’Italie sont les plus beaux de l’Europe. Ce peintre fait bien les ciels de ses tableaux. De magnifiques ciels de lit. Des infiltrations ont lieu par les ciels des carrières.
Ci-gît.—Se prononce ci-ji et non ci-jitte. Est la troisième personne singulier du présent de l’indicatif du verbe gésir. Ils gisent, ils gisaient, gisant se prononcent jisse, jissè, jissan. Mansion dit qu’on peut prononcer aussi jize, jizan.
Circonflexe (accent).—Littré condamne l’emploi de l’accent circonflexe sur l’a final, dans les mots latins, quand il s’agit d’ablatifs singuliers de la première déclinaison. Bona fide, in forma pauperis, vice-versa, et non bonâ, formâ, versâ.
On met l’accent circonflexe sur l’avant-dernière syllabe des deux premières personnes plurielles du passé défini de tous les verbes: nous aimâmes, vous finîtes, nous reçûmes, vous rompîtes (haïr seul fait exception à cette règle, ainsi qu’à la règle suivante); sur la dernière syllabe de la troisième personne du singulier de l’imparfait du subjonctif: qu’il allât, qu’il rompît; sur l’i des verbes terminés en aître ou en oître partout où l’i est suivi d’un t: il paraît, il accroît, il décroît, il décrût, il décroîtra, il paraîtra, il connaît, nous reconnaîtrions; sur les mots: dû, crû, baîller, jeûne, châsse, forêt, mûr, sûr, hâler, pour qu’on ne puisse les confondre avec leurs homonymes: du, cru, bailler, jeune, chasse, mur, foret, sur, haler; à tous les temps du verbe croître qui pourraient être confondus avec ceux du verbe croire (excepté à l’imparfait du subjonctif: que je crusse etc., et au participe passé féminin crue, crues); à la troisième personne du présent de l’indicatif du verbe plaire et de ses composés.
Circulaire.—Est du féminin. Lancer une circulaire, et non un circulaire. On dit aussi une lettre circulaire.
Coassement, Croassement.—Il ne faut pas confondre ces deux mots. Coassement désigne le cri de la grenouille; croassement, celui du corbeau.
Coïncidant, Coïncident.—Ne pas confondre ces deux mots. Coïncidant est le participe du verbe coïncider. En coïncidant, ces circonstances peuvent le faire condamner. Coïncident est adjectif. Circonstances coïncidentes.
Collation.—Est du féminin.
Collègue, Confrère.—Ne pas confondre ces deux mots. Bescherelle dit: “Collègue se dit principalement des dignitaires, des fonctionnaires, qui travaillent dans un but commun. Les membres du Sénat, de la Chambre des députés, des grandes administrations, les officiers de même grade se donnent le nom de collègue. Confrère se dit plutôt des personnes qui suivent une même carrière, tout en agissant indépendamment les uns des autres. Les avocats, les médecins, les prêtres, les marchands se traitent de confrères.” Il faut prononcer les deux l de collègue.
Colorier, Colorer.—Il ne faut pas confondre ces deux mots. Colorier se dit des couleurs artificielles: Un peintre qui colorie bien. Colorer se dit des couleurs naturelles: Le soleil colore les fruits.
Comices.—Est du masculin. On dit à tort: Les comices municipales.
Commune.—D’une commune voix signifie: à l’unanimité; d’une voix commune signifie: d’une voix ordinaire, qui manque de distinction. Ils ont consenti d’une commune voix; elle déclame d’une voix commune.
Compétant, Compétent.—Ne pas confondre ces deux mots. Compétant est le participe présent de compéter (terme de jurisprudence).—Compétent est adjectif. Il n’est pas compétent pour cela.
Il ne faut pas employer compétent d’une manière absolue, et dire: C’est un homme compétent (habile, entendu).
Compte rendu.—C’est une faute de mettre un trait d’union. Il faut écrire: compte rendu.
Conjecture, Conjoncture.—Il ne faut pas confondre ces deux mots. Conjecture signifie: opinion qui n’est fondée que sur des probabilités. Se perdre en conjectures. Conjoncture signifie: enchevêtrement, complication de faits. Se trouver dans des conjonctures difficiles.
Consommer, Consumer.—Ne pas confondre ces deux mots. Consommer signifie: détruire quelque chose dans un but d’utilité. Consommer des vivres. Consumer signifie: détruire purement et simplement. Le feu consuma la maison.
Continuer.—On emploie indifféremment à ou de, après continuer.
Ne pas oublier le tréma sur le deuxième i de la première et de la deuxième personne plurielle de l’imparfait de l’indicatif et du présent du subjonctif; nous continuïons, vous continuïez, que nous continuïons, que vous continuïez.
Contraindre.—Contraindre à, contraindre de. A suppose un but, une tendance, une action; il faut donc préférer contraindre à, toutes les fois que ces idées sont bien marquées dans la phrase; et de dans les autres cas. L’Académie a observé cette différence dans ces deux phrases. On le contraignit à se battre. La ville fût contrainte de se rendre.
Contrevent, Volet.—Ne pas confondre ces deux mots. Le contrevent est un panneau de menuiserie s’ouvrant en dehors. Le volet s’ouvre en dedans.
Convainquant, Convaincant.—Ne pas confondre ces deux mots. Convainquant est le participe présent du verbe convaincre. C’est en le convainquant qu’il a mal agi, que vous le ramènerez à de meilleurs sentiments. Convaincant est adjectif: Argument convaincant.
Convergeant, Convergent.—Ne pas confondre ces deux mots. Convergeant est le participe présent de converger: En convergeant immédiatement sur ce point, l’avant-garde et la réserve se seront bientôt réunies. Convergent est adjectif: Lignes convergentes.
Couleur.—Couleur est du masculin quand il est employé pour désigner ce qui a de la couleur. On dira: Le couleur de chair; ce ruban est d’un beau couleur de feu; on dit aussi: ruban couleur de feu.
Les mots exprimant une idée de couleur restent invariables lorsque ce sont des substantifs employés comme complément du mot couleur sous-entendu. Des rubans paille, orange, des étoffes carmin, des gants soufre. Mais on dira: des rubans roses, des étoffes cramoisies, parce que roses et cramoisies sont des adjectifs.
Lorsque deux adjectifs sont réunis pour exprimer une couleur, ils restent tous deux au masculin singulier, parce que le premier est alors employé comme nom et qualifié par le second: Tissus blanc sale, étoffe gris perle, cheveux blond pâle.
Bescherelle dit qu’il faut écrire: la couleur bleu indigo, la couleur rouge foncé, la couleur bleu clair.
Couple.—Est du masculin: 1o quand il désigne deux êtres animés unis par une volonté, par un sentiment ou toute autre cause qui les rend propres à agir de concert: un couple d’amis, un couple de fripons; 2o quand il sert à désigner des personnes unies ensemble par le mariage, ou, en parlant des animaux, le mâle et la femelle: un couple de pigeons suffit pour peupler une volière.
Il est du féminin quand il signifie simplement le nombre deux: une couple d’œufs, une couple de pigeons suffit pour notre déjeuner.
Coutume.—En parlant des personnes, on dit avoir coutume quand il s’agit d’une chose commune, assez ordinaire et qui se voit souvent. Avoir coutume de mentir, de se lever matin. Mais lorsqu’on parle d’une coutume extraordinaire, singulière, on dit: Avoir la coutume. Il y a des pays où les femmes ont la coutume de se percer le nez pour y pendre des joyaux.
Créosote.—Est du féminin. De la créosote, et non du créosote.
Crû.—Le participe passé masculin, au singulier et au pluriel, du verbe croître prend l’accent circonflexe. La rivière a crû, les torrents sont crûs. Au féminin il n’en prend pas: La rivière est crue, les rivières sont crues.
De.—Quand deux noms sont unis par la préposition de, le second nom se met au singulier ou au pluriel. Il se met au singulier quand il ne sert qu’à spécifier la nature du premier, ou quand il est employé dans un sens général ou indéterminé. Des marchands de plume (pour lit); un marchand de vin; un chargement de toile. Il se met au pluriel quand il est employé dans un sens particulier ou déterminé qui emporte l’idée de pluralité. Un marchand de plumes (à écrire); un entrepôt de vins du Midi; un chargement de toiles blanches.
Le second nom peut être au singulier ou au pluriel dans le même genre de phrases, selon le sens. Un dîner de femme est un dîner composé de manière à offrir surtout des mets qui conviennent à une femme; un dîner de femmes est un dîner où n’assistent que des femmes. Des voix d’homme, ce sont des voix qu’on reconnaît pour appartenir plutôt à l’homme qu’à la femme ou à l’enfant. On entendait des voix d’hommes (la voix de plusieurs hommes). Un peintre plein de talents (de différents talents); un peintre plein de talent (du talent de la peinture).
Décacheter.—V. Cacheter.
Décrottoir, Décrottoire.—Ne pas confondre ces deux mots. Décrottoir désigne une lame de fer, une boîte garnie de brosses, sur laquelle, en entrant dans une maison, on décrotte sa chaussure. Décrottoire, brosse dont on se sert pour décrotter les souliers.
Dégoûtant, Dégouttant.—Ne pas confondre ces deux mots quant à l’orthographe. Le premier signifie: qui donne du dégoût; et dégouttant: qui tombe goutte à goutte. Linge encore tout dégouttant.
Délacer, Délasser.—Ne pas confondre ces deux mots quant à l’orthographe. Délacer signifie: relâcher ou retirer un lacet. Délacer une bottine.—Délasser signifie: ôter la lassitude. Délasser l’esprit.
Demeurer.—Prend les deux auxiliaires avoir et être; il prend avoir pour indiquer que le sujet n’est plus au lieu ou dans l’état dont on parle: Il a demeuré pendant l’été à la campagne; il a demeuré longtemps malade. Il prend être pour marquer que le sujet n’a point changé de lieu ou d’état. Cinq cents personnes sont demeurés sur le champ de bataille. Il est demeuré infirme de ses blessures.
Demi.—Demi, adverbe, ne s’emploie qu’avec certains adjectifs auxquels il est uni par un trait d’union. Il était demi-mort. Mais on écrira sans trait d’union à demi mort, parce qu’à demi est une locution adverbiale.
Dentifrice.—Est du masculin. Pâte ou poudre à dents. Du dentifrice sec.
Dépareiller, Déparier.—Il ne faut pas confondre ces deux mots. Dépareiller signifie: séparer deux ou plusieurs choses pareilles. Dépareiller un service de porcelaine, des serviettes. Déparier, signifie: ôter l’une des choses qui font la paire. Déparier des gants, des bottes, des manchettes.
Dépecer.—Ecrivez dépecer et non dépècer.
Dérailé.—Littré écrit dérailer, et prononce derêler. Bescherelle écrit dérailler, et prononce les ll mouillées. L’usage en France n’admet que dérailler (sortir des rails, en parlant d’un convoi, d’un wagon).
Deuxième, Second.—Deuxième fait penser à troisième, second ne fait penser qu’à premier; voilà pourquoi il est mieux de ne pas dire le deuxième volume d’un ouvrage qui n’en a que deux; si l’ouvrage a plus de deux volumes, on peut dire, le second ou le deuxième volume.
Deviner.—Ecrivez deviner, et non déviner, ni diviner.
Différant, Différend, Différent.—Ne pas confondre ces mots. Différant est le participe présent du verbe différer (c’est en différant notre réponse....).—Différend est substantif (il s’est élevé un différend entre eux).—Différent est adjectif (des couleurs différentes).
Dire, Redire.—Dire, redire font: vous dites, vous redites, et non, vous disez, vous redisez, au présent de l’indicatif et à l’impératif, deuxième personne du pluriel. Tous les autres composés de dire sont réguliers: vous contredisez, vous interdisez, vous médisez, vous prédisez.
Dit (le).—Les termes ledit, ladite, mondit, nosdits, susdits, etc., s’écrivent en un seul mot.
Divinité.—Ce mot prend un D majuscule lorsqu’il est pris dans un sens absolu. On doit honorer la Divinité. Dans tout autre sens il s’écrit avec un d minuscule: La divinité de Jésus-Christ; les divinités païennes.
Doigt.—Montrer au doigt quelqu’un, c’est l’indiquer. Le montrer du doigt, c’est s’en moquer publiquement; c’est lui montrer qu’on a du mépris pour lui.
Douloureux.—V. Endolori.
Drachme, Dragme.—Se prononce drag-me. Est du féminin.
Drapeau.—Il ne faut pas appeler le drapeau, pavillon. Le pavillon est le terme de marine surtout. On dira: Le drapeau flotte sur l’hôtel des postes, et non le pavillon.
Dû.—Au masculin singulier, le participe passé de devoir s’écrit avec un accent circonflexe. Rendez ce qui est dû à la grandeur de notre Dieu. Au féminin singulier, et au pluriel, masculin et féminin, il s’écrit sans circonflexe: Honneurs dus, somme due, sommes dues.
On écrira: je lui ai fait toutes les caresses que j’ai dû (lui faire sous entendu); et non: que j’ai dues.
Dupe.—Est toujours du féminin. Il a été la dupe de sa bonne foi, et non le dupe.
Dynamo.—Abréviation d’une machine dynamo-électrique. Est du féminin. Une dynamo.
Ébène.—Est du féminin.
Écarlate.—Est du féminin.
Échappatoire.—Est du féminin.
Éclair.—Est du masculin.
École.—Faire école signifie en français: avoir des imitateurs. Faire l’école signifie: donner l’enseignement. Faire une école c’est faire une bévue, une sottise.
Écritoire.—Petit meuble qui contient tout ce qu’il faut pour écrire. Est du féminin.
Égout.—S’écrit sans accent circonflexe: égout, et non égoût.
Ellébore.—Est du masculin.
Emblème.—S’écrit avec un accent grave: emblème, et non emblême. Est du masculin.
Éminent, Imminent.—Ne pas confondre ces deux mots. Éminent signifie: haut, élevé (lieu, emploi éminent), grand (vertu éminente).—Imminent signifie: qui menace, qui est prêt à fondre sur... Malheur imminent.
Emplâtre.—Ce mot, qui a été indifféremment du masculin ou du féminin jusqu’au XVIIIe siècle, est maintenant du masculin.
Endolori, Douloureux.—Endolori s’applique plus particulièrement à ce qui ressent de la douleur (membres endoloris); et douloureux à ce qui cause la douleur (plaie douloureuse).
Ennuyant, Ennuyeux.—Ne pas confondre ces deux mots, comme il arrive souvent. Ennuyant: qui ennuie au moment actuel. Se dit d’une action.—Ennuyeux marque une qualité inhérente au sujet, et signifie: qui porte habituellement l’ennui avec soi. Cet homme, ordinairement si aimable, a été ennuyant aujourd’hui. La pluie est toujours ennuyeuse.
Ennuyer (s’) à, de.—S’ennuyer à attendre signifie: éprouver de l’ennui en attendant; et s’ennuyer d’attendre: se lasser d’attendre.
Entièrement.—Ecrivez entièrement, et non entièrément.
Entre.—Entre sert à former plusieurs verbes pronominaux. Si le verbe commence par une voyelle, on remplace l’e par une apostrophe; s’il commence par une consonne, on réunit les deux mots par un tiret. On écrira donc s’entr’aimer, s’entr’appeler, s’entr’avertir, et s’entre-choquer, s’entre-croiser, s’entre-nuire. On écrit cependant en un seul mot: s’entremettre, s’entretenir, s’entrevoir. Il ne faut pas élider l’e final d’entre. Entre eux, entre elles, entre autres, et non entr’eux, entr’autres.
Entresol.—Ce mot s’écrit sans trait d’union, entresol, et non entre-sol.
Épiderme.—Est du masculin (membrane transparente formant la surface de la peau).
Épigramme.—Etait primitivement du genre masculin. Aujourd’hui le genre féminin est seul admis (Bescherelle).
Épisode.—Ce mot, qui était autrefois indifféremment du masculin ou du féminin, est maintenant du masculin. Signifie: fait remarquable, incident.
Épître.—Est du féminin.
Épousseter.—J’époussette, j’époussetterai, et non: j’épous’te, j’épous’terai.
Équilibre.—Est du masculin.
Équinoxe.—Est du masculin.
Équivalant, Équivalent.—Ne pas confondre ces deux mots. Le premier est le participe présent d’équivaloir. Des refus équivalant à une insulte. Equivalent est l’adjectif. Chose équivalente.
Érésipèle.—Etait du féminin autrefois. Est maintenant du masculin. On dit aussi érysipèle.
Escalier.—Est du masculin.
Espace.—Est du masculin dans ses acceptions ordinaires. Il est du féminin en termes d’imprimerie seulement.
Été.—Est du masculin.
Être.—Il n’est guère possible d’établir comme règle absolue l’emploi du verbe être au pluriel devant une troisième personne plurielle. L’Académie dit: “Quand ce serait ou quand ce seraient les Romains qui auraient élevé ce monument. Ce n’était ou ce n’étaient que festins, bals, concerts. C’est eux ou ce sont eux qu’il faut récompenser.”
Dans les phrases interrogatives, on met ordinairement est-ce, si le mot pluriel est suivi de que; et sont-ce, s’il est suivi de qui: Est-ce les sons graves de l’orgue que j’entends? (Chateaubriand). Sont-ce des fièvres qui m’ont pris? (Madame de Sévigné).
Au lieu de seront-ce, fussent-ce, ont-ce été, qui sont trop durs à l’oreille, on dit toujours sera-ce, fût-ce, sont-ce. Sera-ce vos frères que l’on choisira? Fût-ce nos propres biens qu’il fallût sacrifier! Sont-ce des fièvres qui vous ont pris? Nous ferons remarquer ici que quand le verbe suivant est au futur, on peut mettre le verbe être au présent ou au futur: Est-ce vous ou sera-ce vous qui le ferez? (Acad.).
Etre marque l’état, et avoir, l’action. Sa fièvre est cessée. Le vent a changé ce matin, le vent est changé. Il se commet beaucoup de fautes contre cette règle.
Etre, dans les temps où ce verbe prend l’auxiliaire avoir, se dit quelquefois pour aller. J’ai été, fait entendre qu’on est allé à tel endroit et qu’on en est revenu; il est allé marque que celui dont on parle n’est pas encore de retour.
Bescherelle remarque: “Chose bizarre! on dit: ce sont eux, ce sont elles, et il n’est pas permis de dire ce sont nous, ce sont vous. Ici l’usage l’emporte sur la syntaxe. On dit: C’est moi, c’est toi, c’est lui, c’est elle, c’est nous, c’est vous; et c’est toi et moi, c’est lui et elle; c’est nous et vous, etc.”
Évangile.—Est du masculin.
Événement.—Ecrivez événement et non évènement.
Exact, Correct.—Il ne faut pas confondre ces deux mots. Un fait est exact s’il est conforme à la vérité; une phrase est correcte si elle satisfait aux règles de la grammaire. Le langage exact exprime précisément ce que celui qui l’emploie à envie d’exprimer; le langage correct ne pèche pas contre les règles de la grammaire.
Examen.—Est du masculin.
Excédant, Excédent.—Ne pas confondre ces deux mots. Excédant est le participe présent d’excéder, et est aussi adjectif. Sommes excédant la dette; les sommes excédantes. Excédent est substantif. Un excédent de forces. Excédant est aussi substantif, mais excédent est plutôt employé.
Excellant, Excellent.—Ne pas confondre ces deux mots. Excellant est le participe présent d’exceller. Des personnes excellant dans tout ce qu’elles entreprennent. Excellent est l’adjectif. Cœur excellent, musique excellente.
Exemple.—Est du masculin.
Expédiant, Expédient.—Ne pas confondre ces deux mots. Expédiant est le participe présent d’expédier. C’est en expédiant de la besogne que l’on avance. Expédient est adjectif ou substantif. Adjectif, il signifie, utile, convenable. Il est expédient de connaître ces particularités. Substantif: moyen de se tirer d’embarras. Il faut trouver quelque expédient.
Extravagant, Extravaguant.—Ne pas confondre ces deux mots. Extravagant est adjectif. Personne extravagante. Extravaguant est le participe présent du verbe extravaguer: Ce n’est pas en extravaguant que l’on convainc un auditoire.
Fabricant, Fabriquant.—Ne pas confondre ces deux mots. Fabricant est le substantif. Un fabricant de chapeaux, de chocolat. Fabriquant est le participe présent de fabriquer. Personnes fabriquant des chapeaux.
Faillir.—Verbe irrégulier. Le cœur me faut, et non me faillit. Je faux, tu faux, il faut, nous faillons. Je faudrai, je faudrais. Les formes: Je faillirai, je faillirais tendent à remplacer je faudrai, je faudrais.
Faire.—On prononce je fesais, tu fesais, il fesait, nous fesions, vous fesiez, ils fesaient; mais on écrit, je faisais, etc., nous faisions, etc.
Ne faire que, signifie: ne travailler à, ne s’occuper que d’une chose. Il ne fait que chanter, que sortir (il sort constamment; il sort à chaque instant). Ne faire que de, exprime une action qui vient de se faire à l’instant: Il ne fait que de sortir.
Falloir.—Il s’en faut de beaucoup, se dit lorsqu’il est question d’exprimer qu’une quantité n’existe pas à beaucoup près: Vous croyez m’avoir payé tout ce que vous me devez; il s’en faut de beaucoup. Il s’en faut beaucoup s’emploie quand il s’agit d’exprimer une grande différence de qualité entre deux personnes ou deux choses: Le cadet n’est pas si sage que l’aîné, il s’en faut beaucoup. Il s’en faut beaucoup qu’il fût aussi à plaindre que moi.
Fascicule.—Est du masculin. Livraison d’un ouvrage scientifique ou littéraire.
Fatigant, Fatiguant.—Ne pas confondre ces deux mots. Fatigant est adjectif. Travail fatigant. Fatiguant est le participe présent du verbe fatiguer. Une remontrance fatiguant celui qui en est l’objet.
Faute de.—On ne doit pas mettre de négation entre la locution prépositive faute de et un verbe. Ainsi, au lieu de: Faute de n’avoir pu se faire entendre... dites: Faute d’avoir pu se faire entendre...
Fautif.—Bescherelle dit: “Le peuple emploie souvent, mais à tort, fautif dans le sens de: Qui a failli. J’ai été réprimandé, et pourtant je n’étais pas fautif.”
Fibre.—Est du féminin.
Fixement.—Ecrivez fixement, et non fixément.
Flaque.—Est du féminin. Une flaque d’eau.
Fond, Fonds.—Ces mots sont souvent, mais à tort, pris l’un pour l’autre. Fond désigne l’endroit le plus bas, le plus reculé d’une chose: le fond d’un puits, d’une bouteille, d’une boutique, d’un port, d’un bois. Fond se dit aussi d’un terrain, par rapport à son degré de fermeté, à sa composition. Bâtir sur un mauvais fond, sur un fond d’argile. Fond désigne encore l’essentiel d’une chose par opposition à la forme. Le fond d’une doctrine.
Fonds désigne le sol d’une terre considéré relativement aux fruits qu’il produit. Cultiver un bon fonds. Aussi la propriété par opposition à l’usufruit. Il n’a que l’usufruit de cette terre, son père a le fonds. Fonds désigne une somme d’argent: N’avoir point de fonds pour payer. Vendre son bien à fonds perdu. Au figuré, on dira: Un fonds de vertu, un fonds d’idées saines.
Il faut dire fonts baptismaux, et non fonds.
Franc.—Franc de port. On peut dire: je vous envoie cette revue franc ou franche de port, car on peut à volonté considérer franc comme un adjectif qui s’accorde avec le nom qu’il qualifie, ou l’envisager comme faisant partie de la locution adverbiale franc de port, et le laisser invariable.
Froideur, Froidure.—Ne pas confondre ces deux mots. Froideur est la qualité de ce qui est froid, au propre et au figuré. La froideur de l’eau; la froideur de l’âme, d’un accueil.—Froidure désigne le froid répandu dans l’air. La froidure de la saison, du climat. Signifie aussi l’hiver. La triste froidure.
Fureter.—Ce verbe double le t dans tous les temps dont la terminaison est en e muet. Au lieu de: Je fur’te, ils fur’tent; dites: je furette, ils furettent.
Furoncle.—Est du masculin.
Fut.—Il faut écrire fut, troisième du personne singulier du passé défini du verbe être, sans accent circonflexe. Mais fût d’une arme à feu, d’une colonne; et fût, troisième personne du singulier de l’imparfait du subjonctif, s’écrivent avec l’accent circonflexe.
Gage.—Est du masculin. Il reçoit de bon gages, et non de bonnes gages. (V. Salaire à la partie de Nos Fautes.)
Galant.—Galant homme, homme galant. Il ne faut pas confondre ces deux expressions. Galant homme est celui qui joint à l’honnêteté et à la délicatesse, l’observation de toutes les convenances sociales. Vous pouvez confier votre affaire à un tel, c’est un galant homme.—L’homme galant est celui qui cherche à plaire aux dames. Femme galante se prend toujours en mauvaise part.
Il ne faut pas donner à galante femme le sens de femme aimable.
Gallon, Galon.—Ne pas confondre ces deux mots quant à l’orthographe. Le premier est une mesure de capacité. Gallon impérial. Le second est un tissu en forme de ruban. Galon de soie.
Garde.—Est du masculin lorsqu’il désigne un homme. Un garde national. Mais on dira: La garde nationale si l’on parle de l’ensemble des gardes nationaux.
Garde-robe.—Au féminin désigne une armoire, une chambre où l’on serre les habits. Au masculin, c’est un tablier pour garantir la robe.
Gens.—(Se prononce jan). L’adjectif qui précède immédiatement le mot gens se met au féminin. Ce sont de fines gens, de fort dangereuses gens. Quelles méchantes gens! Ce sont les meilleures gens du monde. Gens veut au masculin les adjectifs qui le suivent. Voilà des gens bien fins. Ce sont des gens fort dangereux.
Si l’adjectif venait à précéder le mot gens par inversion, cet adjectif ne se mettrait pas au féminin, mais au masculin. On dira donc: Instruits par l’expérience, les vieilles gens se tiennent sur leurs gardes.
Lorsque le mot gens est immédiatement précédé des mots tout, certain, quel, tel, ces adjectifs se mettent au féminin. Il s’accommode de toutes gens. Certaines gens. Lorsque tout, tel, quel, certain ne précèdent pas immédiatement le mot gens, ces adjectifs se mettent au masculin. Tous ces gens-là. Tels sont les gens d’aujourd’hui. Quels sont les gens que vous fréquentez? Certains honnêtes gens. Si cependant le mot gens était précédé d’un adjectif ayant une terminaison différente pour les deux genres, tout, certain, quel, tel se mettraient au féminin. Quelles bonnes et dignes gens! Quelles viles et méchantes gens!
Lorsque gens désigne une profession, une catégorie d’individus, telle que gens de lettres, gens de robe, gens d’épée, les adjectifs qui s’y rapportent, quelle que soit leur place, se mettent au masculin pluriel. Les vrais gens de lettres. Chez les premiers gens d’affaires.
L’expression jeunes gens forme une sorte de substantif composé; les adjectifs qui s’y rapportent se mettent toujours au masculin pluriel. Ces bons jeunes gens.
Geôlier.—Ecrivez geôlier, et non géolier, ni géôlier, et prononcez jôlier. L’é qui suit le g est là pour en adoucir la prononciation, et ne doit pas être prononcé. Il en est de même pour geôle.
Globe.—Le globe et la cheminée d’une lampe sont deux choses différentes. Le globe est une espèce de boule creuse, le plus souvent en verre dépoli, qui s’emboîte par dessus la cheminée; celle-ci est le tube en verre qui s’applique directement sur le bec de la lampe. Cette cheminée s’appelle aussi verre de lampe.
Goéland, Goélette.—Ecrivez goéland, goélette, et non goêland, goêlette. Prononcez go-élette, et non golette.
Goutte.—Ne voir goutte, n’entendre goutte. Dans ces expressions on ne doit faire usage du pronom y que lorsqu’il doit rappeler l’idée d’un mot précédemment énoncé. On dit très bien: Il fait obscur ici, je n’y vois goutte. Cette affaire est fort embrouillée, je n’y entends goutte; mais c’est mal s’exprimer que de dire: C’est un homme qui n’y voit goutte, il est aveugle. Il est sourd, il n’y entend goutte. Dans ces phrases le mot y est de trop.
Gradation, Graduation.—Il ne faut pas confondre ces deux mots. Gradation est l’augmentation successive par degré. Avec une gradation lente et ménagée on rend l’homme intrépide à tout. Graduation signifie: division en degrés. Graduation d’un thermomètre.
Grand.—Ne pas confondre les expressions grand homme et homme grand. Un grand homme est un homme illustre.—Un homme grand est un homme de haute taille. Napoléon était un grand homme, mais était petit de taille. C’est un homme grand, il a six pieds.
Voici l’orthographe des principaux mots composés commençant par grand: grand-chantre, grand-livre, grand’maman, grand’mère, grand’messe, grand-père, grand’tante.
Grand’chose, Grande chose.—Ne pas confondre ces mots. Grand’chose signifie: chose considérable. Cette expression est familière, et s’emploie le plus souvent avec la négation dans un sens de mépris: Vous ne valez pas grand’chose, aussi dans le sens de peu: Celui que les journaux peuvent dépouiller n’a pas grand’chose à perdre.—Grande chose. C’est une grande chose signifie: c’est important, c’est une chose importante. C’est une grande chose que de savoir se contenir.
Guère.—Demande la négation. Il n’a guère le temps, et non il a guère le temps.
H.—Cette lettre est du féminin, quand, d’après l’ancienne méthode, on la prononce ache. Une h muette. Elle est du masculin, quand, d’après la méthode moderne, on la prononce he, faisant à peine sentir l’e muet: un h (he).
L’h des mots commençant par habi, héca, hélio, hémi, hexa, hipp, homo, hos et hy n’est pas aspirée.
Habileté, Habilité.—Ne pas confondre ces deux mots. Habileté, c’est la qualité de celui qui est habile, entendu, perspicace, adroit. L’habilité est un terme de jurisprudence. C’est la qualité de celui qui est apte à une chose. Habilité à succéder.
Haim.—Ce mot est français, et signifie hameçon; mais la lettre h est aspirée. Près du haim, et non près de l’haim.
Haïr.—Je hais, et non je haïs. Ce verbe garde le tréma à la première et à la deuxième personne plurielle du passé défini: nous haïmes, vous haïtes. Tous les autres verbes prennent l’accent circonflexe à ces personnes. Il faut dire ils haïssent, et non ils haient.
Havre.—Ecrivez havre sans accent circonflexe, et non hâvre.
Hémisphère.—Est du masculin.
Hémistiche.—Est du masculin.
Hiéroglyphe.—Caractères écrits sur les murs des temples et sur les monuments égyptiens. Est du masculin.
Hiver.—Est du masculin.
Honnête.—Homme honnête, honnête homme. Ne pas confondre ces deux expressions. Un honnête homme est un homme qui a de la probité, ou simplement qui a un rang, de la fortune et qui jouit de l’estime publique.—Un homme honnête est un homme poli, qui observe toutes les bienséances et tous les usages de la société.
Hôpital.—Est du masculin.
Horoscope.—Est du masculin.
Hors d’œuvre.—Il ne faut pas confondre hors d’œuvre, sans trait d’union, et hors-d’œuvre, avec un trait d’union. Le premier est une locution adverbiale. Cabinet hors d’œuvre (détaché du corps du bâtiment). Cette description est hors d’œuvre (c’est-à-dire: on pourrait la retrancher sans nuire à l’ensemble).—Hors-d’œuvre avec un trait d’union est substantif masculin. Cette partie de l’édifice est un hors-d’œuvre. Cet épisode est un hors-d’œuvre.
Hortensia.—Arbrisseau du Japon, dont la fleur en boule est d’un rose tendre. Est du masculin.
Hospice.—Est du masculin.
Hôtel.—Est du masculin.
Hydre.—Est du féminin.
Hyménée.—Est du masculin. Toute l’année n’est qu’un hyménée joyeux. Si l’on veut désigner les fêtes antiques données en l’honneur du dieu Hymen, il faut mettre hyménées au féminin pluriel.
Hypothèque.—N’écrivez pas hypothêque, mais hypothèque.
Idiome.—S’écrit sans accent circonflexe: idiome, et non idiôme, mais se prononce idiôme.
Ignorant.—On dit: Ignorant en, sur et de. Quand il s’agit d’une science ou de la partie scientifique d’un art, ignorant régit en devant le nom de la science ou de l’art (il est fort ignorant en géographie, en astronomie); et sur devant une expression générale (il est ignorant sur ces matières-là). Il régit aussi la préposition de, mais lorsqu’il ne s’agit ni de science ni d’art: C’est un homme fort ignorant des choses du monde.
Imaginer.—Avec imaginer, les pronoms me, te, se, nous, vous sont compléments indirects, et ne commandent pas l’accord du participe: Elle s’est imaginé que vous la cherchiez, c’est-à-dire, elle est ayant imaginé à soi. Mais dans la phrase: Voici la chose qu’elle s’est imaginée, le participe varie, et s’accorde, non pas avec se mis pour elle, mais avec le complément direct que mis pour chose.
S’imaginer ne demande pas de préposition devant l’infinitif qui suit: Il s’imagine être un grand docteur.
Immondice.—Est du féminin.
Impasse.—Situation embarrassante. Rue qui n’a point d’issue. Est du féminin.
Incendie.—Est du masculin.
Inclinaison, Inclination.—Ne pas confondre ces deux mots. Inclinaison: obliquité des lignes droites ou des surfaces planes sur le plan de l’horizon. L’inclinaison du terrain, d’un mur.—Inclination: action de pencher la tête ou le corps. Il fit une profonde inclination de tête. Disposition et pente naturelle à quelque chose. Il ne se dit guère que des personnes. Inclinations vertueuses, vicieuses, basses.
Inconnu.—Dites: Inconnu à. Inconnu de ne s’emploie qu’en poésie. Vous est-il inconnu? Plante inconnue aux botanistes, et non des botanistes.
Infatigable.—Ecrivez infatigable et non infatiguable.
Inhabileté, Inhabilité.—Ne pas confondre ces deux mots. Inhabileté signifie: manque d’habileté. Cet ouvrier est d’une incroyable inhabileté.—Inhabilité est un terme de jurisprudence et signifie incapacité. La condamnation à une peine infamante perpétuelle emporte inhabilité à recueillir aucune succession. (Acad.)
Inquiet.—Être inquiet de exprime la cause de l’inquiétude. Elle est inquiète de ne pas recevoir de nouvelles.—Être inquiet sur exprime l’objet de l’inquiétude. Il est inquiet sur cette affaire, sur le sort de son ami.
Insulter.—Insulter quelqu’un signifie: le maltraiter de fait ou de parole: Il est allé l’insulter jusque chez lui.—Insulter à quelqu’un, à quelque chose: manquer à ce que l’on doit aux personnes ou aux choses. Il ne faut pas insulter aux malheureux. Insulter à ses juges, au public, à la misère publique.
Interligne.—Espace entre deux lignes. Est du masculin. Ce mot est du féminin en termes d’imprimerie. C’est une lame de métal pour séparer les lignes.
Intermède, Entr’acte.—Ne pas confondre ces deux mots. Intermède est le nom donné à de courtes compositions poétiques, dramatiques, musicales ou chorégraphiques, destinées à être offertes aux spectateurs entre deux pièces de plus grande dimension ou entre les actes d’une même pièce. Intermède de musique.—Entr’acte: intervalle entre deux actes d’une même pièce de théâtre: Entr’acte trop long.
Interstice.—Intervalle de temps. Espace entre les molécules des corps. Est du masculin.
Intervalle.—Est du masculin.
Intriguant, Intrigant.—Ne pas confondre ces deux mots. Intriguant est le participe présent du verbe intriguer: C’est en intriguant qu’il réussira.—Intrigant est adjectif ou subst. C’est un homme fort intrigant; c’est un intrigant.
Iode.—Est du masculin.
Isthme.—Est du masculin.
Jalousie, Persiennes.—Ne pas confondre ces deux mots. Les jalousies sont des lames mobiles que l’on met aux fenêtres, et que l’on abaisse ou relève au moyen d’un cordon; tandis que les persiennes sont les cadres de bois sur lesquels se posent les lames fixes ou mobiles, qui protègent du soleil, et que l’on place à l’extérieur des maisons.
Japper.—V. Aboyer.
Je.—Ne dites pas: sens-je, dors-je? mais senté-je, dormé-je? Lorsque l’oreille est frappée désagréablement par le son, il faut employer de préférence une autre tournure de phrase. Est-ce que je dors? etc.
Je se répète devant les verbes qui sont à des temps différents. Je sors aujourd’hui, et je sortirai tous les jours. Quand les verbes sont au même temps et qu’il n’y a pas d’opposition, on peut ne pas répéter le pronom: Je lis et chante tour à tour.
Jet d’eau.—Jet d’eau, jeu d’eau. Ne pas confondre ces deux expressions. Jet d’eau désigne l’eau qui jaillit d’un tuyau et s’élève à une certaine hauteur; et aussi la pièce au bas d’un châssis pour rejeter l’eau pluviale.—Jeu d’eau se dit de la diversité des formes que l’on fait prendre aux jets d’eau en variant les ajutages.
Jeune.—Jeune homme, homme jeune. Ne pas confondre ces deux expressions. Jeune homme: adolescent, homme peu avancé en âge. Un jeune homme est toujours bouillant dans ses caprices.—Homme jeune est un homme fait qui n’est ou ne paraît pas avancé en âge.
Jouer.—A l’imparfait de l’indicatif écrivez: nous jouïons, vous jouïez, et au présent du subjonctif: que nous jouïons, que vous jouïez.
Jouer de son reste, jouir de son reste. Ne pas confondre ces deux expressions. Jouer de son reste signifie: employer les moyens extrêmes après lesquels on n’a plus de ressources. Se dit aussi des dernières ressources, du dernier parti qu’on tire de sa place, de sa position. Ce ministre joue de son reste.—Jouir de son reste: se livrer à des plaisirs dont on sera bientôt privé.
On disait autrefois, et on dit encore souvent: toucher du piano, pincer de la guitare, sonner de la trompette, donner du cor, etc. Mais jouer se dit aujourd’hui de tous les instruments de musique (à vent, à cordes ou à clavier).
Jusque.—Suivi de là adverbe, jusque prend toujours un trait d’union. Ils en vinrent jusque-là (c’est-à-dire, à tel point) que l’on crut qu’ils allaient se battre.
Kiss.—Ce terme anglais s’emploie à tort pour désigner la meringue: espèce de pâtisserie fort délicate faite avec des blancs d’œufs et du sucre en poudre, que l’on garnit de crème fouettée ou de confitures.
Lacer, Lasser.—Ne pas confondre ces deux mots quant à l’orthographe. Lacer signifie: serrer avec un lacet: lacer une chaussure. Lasser signifie: fatiguer, importuner. Cet enfant lasse tout le monde. L’a de lacer est bref, et celui de lasser est long.
Laideron.—-Est du féminin. Signifie: jeune fille ou jeune femme laide. Laideronne comme féminin de laideron ne s’emploie plus, et l’Académie le condamne.
Lange.—Est du masculin. Couvrir un enfant de langes fins, soyeux.
Laque.—Est des deux genres. Au féminin laque désigne un suc résineux extrait de certains arbres de l’Inde. Laque verte. Au masculin, laque désigne certains ouvrages, le plus souvent en carton, recouverts d’un très beau vernis. Voilà du vrai laque. Laque, masc., est aussi le nom d’un vernis.
Latins.—Mots latins francisés. L’orthographe de ces mots est arbitraire. Il s’écrivent avec ou sans italiques: in extremis, ad rem; avec ou sans trait d’union: in partibus, in-plano; avec ou sans accent: miseréré, desideratum; avec ou sans majuscule: Un Ave, l’angelus. Le pluriel se forme d’une manière arbitraire: Pater; desiderata, Salvés, in quarto, etc. Il n’y a donc pas de règle générale, et il faut recourir au dictionnaire chaque fois qu’il y a doute.
Lazaret.—Signifie en français: établissement où l’on met en quarantaine les hommes, les marchandises. Ne s’emploie plus dans le sens de léproserie (hôpital pour les lépreux).
Le.—Le pronom le garde la forme du masculin lorsqu’il rappelle l’idée exprimée par un adjectif ou par un substantif pris adjectivement; il est mis alors pour le mot cela ou pour tel, telle. Madame, êtes-vous malade? Oui je le suis (c’est-à-dire: je suis cela, malade).
Si le pronom le rappelle l’idée exprimée précédemment par un substantif ou par un adjectif pris substantivement, l’accord de le se fait avec ce substantif; il est mis alors pour lui, elle, eux, elles. Madame, êtes-vous la malade? Oui je la suis (c’est-à-dire: je suis elle). Messieurs, êtes-vous les avocats que j’ai fait demander? Non, nous ne les sommes pas.
Leur.—On peut se trouver embarrassé sur la question de savoir si l’adjectif leur doit être écrit au singulier ou au pluriel. Il faut, dans ce cas, remplacer leur par l’article, et mettre après le substantif l’un des mots de lui, d’elle, d’eux, d’elles, de nous, de vous. Si le sens exige l’article au pluriel, le substantif et par conséquent l’adjectif leur devront être au pluriel: dans le cas contraire, ils seront au singulier. Exemples: Ils entassaient dans leurs chapeaux des pièces d’or et d’argent (dans les chapeaux d’eux). Les Visigoths furent battus à Vouillé; Alaric, leur roi, fut tué par Clovis (le roi d’eux).
On met au singulier le substantif déterminé par leur quand le sens de la phrase indique clairement que ce substantif ne représente qu’un seul objet possédé en commun. Mon père et ma mère ont vendu leur mobilier.
Au contraire, on met au pluriel leur et le substantif qu’il détermine, quand, d’après le sens du discours, ce substantif doit représenter nécessairement plusieurs objets possédés: Que de gens regrettent d’avoir quitté leurs villages pour aller habiter les villes!
Leur s’emploie aussi substantivement pour ce qui est à eux, à elles. Qu’ils gardent ce qu’ils ont, je ne veux rien du leur (Acad.).
Leurre.—Signifie appât, piège. Est du masculin: La loterie est un leurre funeste à beaucoup de gens de bien.
Liaison.—Dans quelques occasions, comme lorsqu’il s’agit de locutions toutes faites, et devenues pour ainsi dire proverbiales, comme: du blanc au noir, franc étourdi, porc-épic, on prononce: du blan-kau-noir, fran-kétourdi, por-képic.
Bescherelle dit qu’il faut prononcer: un commun-n-espoir, et non: un commu-n-espoir. C’est-à-dire que les adjectifs terminés par n se lient au substantif qu’ils qualifient, tout en conservant la nasalité.
Si un adjectif terminé par n se trouve immédiatement suivi du nom auquel il a rapport, et que ce nom commence par une voyelle ou une h muette, l’n perd le son nasal et se lie à la première syllabe du nom. Bon ouvrage, ancien ami, se prononcent bo-nouvrage, anciè-namie. Il en est de même pour un, mon, ton, son, s’ils ne sont séparés du nom que par d’autres adjectifs qui y ont rapport. Un excellent ouvrage, mon intime et fidèle ami se prononcent eun-nexcellent, mo-nintime. Hors de là, on conserve la nasalité, même quand le mot suivant commence par une voyelle ou par une h muette: Ce projet est vain et blâmable, ancien et respectable (vain-né, ancien-né).
On, avant le verbe dans les propositions positives, n’a pas le son nasal, et se lie à la syllabe suivante. On aime, on honorera se prononcent: on-naime, on-nonorera. Dans les phrases interrogatives, on étant après le verbe, ou du moins après l’auxiliaire, est purement nasal, malgré les voyelles suivantes: A-t-on eu soin? Est-on-ici pour longtemps? En aurait-on été assuré? (a-t-on-eu, est-on-ici, etc.).
Jamais les mots en an ne doivent se lier avec les voyelles qui les suivent. Ainsi, il faut prononcer sans liaison: un courtisan adroit; un ouragan affreux. Même règle pour les mots terminés en ein, comme dessein. On fait quelquefois exception pour le mot plein.
Sauf bien peu d’exceptions, que l’usage peut faire connaître, il n’y a point de liaison après les substantifs terminés en en, ein, in, ion, oin, ouin, on.
P final se prononce dans beaucoup et trop suivi d’une voyelle. Il a beaucoup étudié. Il est trop entêté. S’il n’est pas suivi d’une voyelle, on ne le fait pas sentir. Le p de coup se prononce aussi dans le discours soutenu lorsqu’il est suivi d’une voyelle. Coup inattendu. Coup extraordinaire.
Dans le discours soutenu, et surtout dans les vers, l’r finale des infinitifs en er peut très bien se lier avec la voyelle d’un mot suivant; il faut respecter et chérir la vertu; il voulait aller attaquer l’ennemi (respecté-r-et, allé-r-attaquer). Dans la conversation ces liaisons seraient affectées et ridicules.
Les adjectifs en er se lient à la voyelle du substantif suivant, même dans la conversation. Un premier amour, un dernier adieu, un léger effort (premié-ramour, dernié-radieu, légé-reffort). Mais les substantifs en er ne sont susceptibles d’aucune liaison avec le mot suivant. L’étranger est en fuite. Le meunier ajouta.... (l’étrangé-est, le meunié-ajouta). La même remarque s’applique à l’adjectif quand il n’est pas suivi d’un substantif. Au lacet meurtrier abandonner ses frères (meurtrié-abandonner).
Si, dans la lecture soutenue et à la tribune, on dit toujours: des amis attentifs (ami-zattentifs), on prononce fort bien dans la conversation: des ami-attentifs.
On ajoute une s euphonique et un trait d’union à la seconde personne de l’impératif terminée en e et suivie des pronoms y ou en. Portes-y ce livre. Donnes-en beaucoup. Cependant, si en est préposition, le verbe s’écrit à la manière ordinaire et sans trait d’union. Mange en homme bien élevé, et non pas en rustre.
Lorsque.—L’e de ce mot ne s’élide que devant il, elle, on, un, une. C’est une faute d’écrire lorsqu’eut lieu l’élection; lorsqu’Ugolin fut condamné à mourir de faim.
Losange.—Est des deux genres. Au masculin, c’est un parallélogramme dont les quatre côtés sont égaux sans que les angles soient droits. Au féminin c’est une note de musique, de la forme d’un losange, qui vaut la moitié de la carrée.
Lui.—On pourra dire en parlant d’un chat, d’un chien, auquel on est attaché: je n’aime que lui; et cependant, en parlant d’un cheval, on ne pourra pas dire qu’on ne s’est pas encore servi de lui; il faudra dire: qu’on ne s’en est pas encore servi.
On ne doit pas employer indifféremment de lui et de soi. Quand on parle en général, et sans indiquer la personne qui est le sujet de la phrase, il faut se servir de soi. Que chacun prenne garde à soi. Mais lorsque la personne qui est le sujet de la phrase est désignée, il faut mettre lui: Que cet homme prenne garde à lui. V. Soi.
Mademoiselle.—L’abréviation de mademoiselle est Mlle, et de mesdemoiselles, Mlles. On écrit ce mot au long, en adressant une lettre. Mademoiselle s’écrit avec une minuscule dans le corps d’une phrase. Excusez, mademoiselle.
Maigre.—Un repas maigre est un repas où il n’y a pas de viande, et un maigre repas est un repas où il y a peu à manger.
Majuscules, Minuscules.—Église avec une majuscule désigne la communion des fidèles, et église avec une minuscule, le temple.
Il faut écrire avec des majuscules, entre autres mots, les noms des peuples quand ils ne sont pas pris adjectivement. Un Français, un Anglais; mais on dira un paysan français, un marin anglais.
On écrit: Dieu est l’Etre suprême. Adorer l’Eternel, le Tout-Puissant, le Très-Haut, le Fils.
Ecrivez Etat, signifiant un gouvernement, un empire; Parlement, Chambre: l’ensemble des corps délibérants d’un gouvernement, des députés, surtout si ces mots sont pris dans le sens absolu (cette règle n’a pas l’air d’être rigoureuse); Apôtre quand on désigne spécialement l’apôtre saint Paul; Il, tenant la place de Dieu.
Prennent la minuscule les noms des diverses religions: le christianisme, le mahométisme; les noms des sectaires et les partisans des doctrines religieuses: les luthériens, les juifs; les noms des membres des ordres monastiques: les carmes, les ursulines; les points cardinaux: le nord, le sud. De même on dit, le czar, le bey, l’émir. (V. Saint, Monsieur.)
Malhonnête.—Adjectif des deux genres. Il a deux sens différents, et il se dit des personnes et des choses. Appliqué aux choses, il se met après le substantif; avec un nom de personne, il précède ou il suit le substantif, selon le sens. Un malhonnête homme est un homme qui manque d’honneur, de probité. Un homme malhonnête est un homme incivil.
Maltraiter.—Ne pas confondre maltraiter et traiter mal. Maltraiter signifie: traiter durement, en paroles et en actions; ou biens faire préjudice à quelqu’un. Il l’a maltraité de coups, en paroles. Cet homme a fort maltraité son fils dans son testament. Traiter mal signifie: mal régaler quelqu’un, lui faire faire mauvaise chère ou bien en user mal avec lui. Aux temps composés, le génie de notre langue exige que l’adverbe mal passe avant le participe: il m’a mal traité; de sorte qu’à la prononciation, cette expression peut se confondre avec celle-ci: il m’a maltraité. Pour éviter l’équivoque, il suffira d’ajouter un modicatif tel que bien, fort, assez, à l’adverbe mal, qui alors pourra se placer après le participe: il m’a traité fort mal.
Mânes.—Est du masculin.
Manœuvre.—Est des deux genres. Au masculin désigne un homme qui travaille des mains, un apprenti qui sert les maçons. Au féminin: action de gouverner, de conduire un vaisseau, moyen qu’on emploie pour réussir, etc.
Mansarde, Lucarne.—Ces mots ne doivent pas être confondus. La mansarde, entre autre choses, est une fenêtre pratiquée dans la partie antérieure, presque verticale, d’un comble brisé (comble composé d’une partie presque verticale et d’une autre inclinée). Lorsque la toiture a la forme d’un A, on appelle lucarne la fenêtre ménagée dans cette toiture.
Masculin.—-Les mots suivants s’emploient seulement au masculin: Amateur, artisan, censeur, chef, défenseur, docteur, écrivain, grognon, imposteur, peintre, philosophe, poète, possesseur, professeur, sauveur, successeur, témoin, traducteur: Elle fut le seul témoin de l’accident; elle est bon auteur, bon peintre, grand philosophe, etc.
Matinal, Matineux, Matinier.—Ne pas confondre ces trois adjectifs. Matinal, qui s’est levé matin (Vous êtes bien matinal aujourd’hui).—Matineux, qui est dans l’habitude de se lever matin (Il faut être plus matineux que vous n’êtes).—Matinier, qui appartient au matin. Il n’est guère usité que dans cette expression: L’étoile matinière. C’est donc une faute de dire: Je suis toujours matinal. Dites: Je suis matineux.
Méchant.—Méchant a divers sens, suivant qu’il précède ou qu’il suit le substantif. Une méchante épigramme est une épigramme sans sel et sans esprit. Une épigramme méchante est une épigramme pleine de traits malins et piquants. Méchant homme a rapport aux actions; homme méchant, aux pensées et aux discours. L’un fait des méchancetés, l’autre en pense et en dit. Avoir méchante physionomie, méchante mine, c’est avoir l’air ignoble et bas. Avoir une physionomie méchante, la mine méchante, c’est avoir la physionomie d’un méchant homme.
Meilleur.—On dit: Apportez-nous de meilleur vin, c’est-à-dire: meilleur que celui qu’on a déjà bu ou goûté; et: Apportez-nous du meilleur vin, c’est-à-dire: du meilleur que vous ayez.
Le meilleur veut le verbe suivant au subjonctif. C’est la meilleure raison que vous puissiez donner. Cependant lorsqu’on veut exprimer un fait positif, incontestable, on met l’indicatif: Je fais la meilleure contenance que je puis.
Lorsque je dis: C’est le meilleur vin que j’aie bu de ma vie, cela signifie: Je suis tenté de croire, il me semble que c’est le meilleur vin, etc. Au contraire, quand je dis avec l’indicatif: c’est le meilleur vin que j’ai bu, j’exprime un fait certain.
Mélasse.—Ecrivez mélasse, et non melasse, et prononcez mé-lasse, et non m’lasse.
Mêler.—Mêler avec, mêler à. La première expression signifie: mettre ensemble plusieurs choses et les confondre. Mêler l’eau avec le vin; mêler de l’or avec de l’argent.—Mêler à se dit des choses morales, et signifie: joindre, unir. Mêler la douceur à la sévérité.
Membré, Membru.—Ne pas confondre ces deux mots. Membré signifie: qui a les membres bien proportionnés, et ne s’emploie guère qu’avec l’adverbe bien.—Membru: qui a les membres fort gros. On l’emploie aussi substantivement: Un gros membru (terme familier).
Mer.—Mer basse et basse mer n’ont pas le même sens. La mer est basse à cet endroit, c’est-à-dire: il n’y a pas beaucoup d’eau. Il est basse mer, c’est-à-dire: la mer est à la fin de son reflux.
Métal.—Tous les noms des métaux sont du masculin.
Mètre.—Mètre et ses composés s’écrivent avec un accent grave: géomètre, baromètre, périmètre, et non avec un accent circonflexe.
Mets.—S’écrit sans accent: mets, et non mêts.
Mieux.—Après mieux que, le verbe de la proposition suivante doit être accompagné de la négation ne, si la première proposition est affirmative. Il a été mieux reçu qu’il ne croyait, c’est à-dire il ne croyait pas être aussi bien reçu qu’il l’a été. Si la première proposition est négative ou interrogative, la négation n’est pas nécessaire dans la seconde. On n’en peut pas user mieux que je fais, c’est-à-dire: mieux que j’en use.
Le mieux veut le verbe suivant au subjonctif: C’est le livre le mieux écrit que j’aie lu.
Minuit.—Minuit n’a point de pluriel et veut au singulier les mots qui s’y rapportent. C’est donc à tort que beaucoup de personnes disent: minuit sont sonnés, pour minuit est sonné, sur les minuits, pour vers minuit, à minuit.
L’usage veut qu’on écrive: minuit et demi, et non minuit et demie.
Moelle.—S’écrit sans tréma: moelle, et non moëlle. Même remarque pour les composés qu’on écrit: moelleux, moellon, etc.
Monseigneur.—S’écrit en un seul mot quand on parle aux hommes. Monseigneur le prince. On l’écrit en deux mots quand on parle à Dieu. Mon Seigneur et mon Dieu.
Au pluriel on dit: nosseigneurs. Nosseigneurs les évêques.
Monsieur.—L’abréviation de monsieur est M. ou Mr (sans point après l’r). On ne doit jamais abréger par Mons. Monsieur se prononce mo-cieu, ou meu-cieu.
Il faut écrire ce mot avec une minuscule, dans le corps d’une phrase: Je vous prie, monsieur... Oui, monsieur. On n’emploie M. qu’à la troisième personne: J’écris à M. X.....
L’abréviation du pluriel Messieurs est MM., et non Messrs., qui est l’abréviation anglaise.
Mots latins.—-V. Latins.
Moudre.—Verbe irrégulier. Je mouds, il moud, nous moulons, ils moulent, et non nous moudons, ils moudent. Je moulais, je moulus, je moudrai, que je moule, que je moulusse. Moulant (et non moudant), moulu. Ce verbe se conjugue comme s’il était de la troisième conjugaison, mais avec deux radicaux: moud avant une consonne, et moul avant une voyelle.
Mousseux, Moussu.—On dira également bien, arbre mousseux ou moussu, roche mousseuse ou moussue (couverte de mousse); mais Bescherelle condamne l’expression rose mousseuse; il faut dire rose moussue (dont la tige et le calice sont couverts d’une espèce de mousse).
Mousson.—-Vent réglé, périodique de la mer des Indes. Est du féminin.
Moustique.—Est du masculin.
Nacre.—Matière blanche et brillante qui forme l’intérieur de certaines coquilles. Est du féminin. De la nacre de perle.
Navrant.—S’écrit sans accent circonflexe: navrant.
Ne.—Gardez-vous d’offenser cet homme signifie: abstenez-vous de l’offenser, ne l’offensez pas. Gardez-vous de ne pas offenser cet homme, signifie: offensez-le sans faute, ne manquez pas de l’offenser.—Ne employé seul est l’expression négative la plus faible. Je ne puis commander au trouble qui m’agite.—Ne pas est l’expression négative moyenne; elle a plus de force que ne, et moins que ne point. La sagesse n’est pas toujours inaltérable.—Ne point est l’expression négative la plus forte. Il n’est point de noblesse où manque la vertu.
Après les verbes craindre, appréhender, trembler, et les expressions avoir peur, il est dangereux, on met ne devant le verbe suivant, quand la proposition primordiale est affirmative. Les pères ont peur que l’amour naturel des enfants ne s’efface. Mais si la proposition primordiale est négative, on supprime ne devant le verbe suivant. Je n’ai pas peur qu’il arrive. Ne crains pas toutefois que j’éclate en injures.
Si les verbes douter, nier, etc., sont employés affirmativement, on ne met jamais ne devant le second verbe. Je doute qu’il vous aime. Il me paraît absurde de nier qu’il y ait une intelligence dans le monde.
Après les verbes empêcher, éviter, prendre garde, garder (dans le sens de: prendre des mesures, des précautions), on met ne devant le second verbe, que la première proposition soit affirmative, négative ou interrogative. Evitez qu’il ne vous parle (Acad.). La pluie presque continuelle empêche qu’on ne se promène dans les cours.
Les locutions conjonctives à moins que, de peur que, de crainte que, dans la crainte que veulent toujours après elles la négation ne. Combien de fois a-t-on vu des hommes publics faire échouer des entreprises glorieuses à l’Etat, de peur que la gloire n’en rejaillit sur leurs rivaux!
Après les expressions autre, autrement, tout autre, tout autrement, plutôt que, plus tôt que, on doit employer la négation ne. On se voit d’un autre œil qu’on ne voit son prochain. Si cependant la première proposition était négative, il ne faudrait pas faire usage de ne après autre, autrement, etc. N’agissez pas autrement que vous parlez.
Négligeant, Négligent.—Il ne faut pas confondre ces deux mots. Négligeant est le participe présent de négliger. Une personne négligeant le soin de ses affaires.—Négligent est l’adjectif: Ecoliers négligents. Est aussi substantif. Une négligente.
Ni.—Si deux sujets particuliers sont unis par ni, le verbe s’accorde avec le dernier lorsqu’il y a nécessairement exclusion de l’un d’eux: Ni M. le duc, ni M. le cardinal ne sera nommé ambassadeur à Naples. (Il n’y a ici qu’un ambassadeur à nommer, un seul des deux candidats pouvant être nommé). Mais si la manière d’être peut s’affirmer des deux sans qu’il y ait exclusion nécessaire de l’un, on met le verbe au pluriel. Ni lui ni son conseil n’y peuvent rien comprendre. Si les sujets sont de différentes personnes, le verbe se met au pluriel et à la personne qui l’emporte sur les autres: Ni vous ni moi ne sommes coupables.
Les parties d’un complément unies par ni doivent être des mots de même espèce ou des locutions de même nature. On ne dira donc pas: Je n’apprendrai ni à dessiner, ni la musique. Il faudra dire: Je n’apprendrai ni le dessin, ni la musique.
Ni ne doit pas précéder sans. Il faut dire: Sans crainte ni pudeur, ou bien sans crainte et sans pudeur, et non sans crainte ni sans pudeur.
Nier.—Ce verbe prend deux i aux deux premières personnes du pluriel de l’imparfait de l’indicatif et du présent du subjonctif. Nous niions, vous niiez, que nous niions, que vous niiez.
Avec le verbe nier, le verbe de la proposition subordonnée se met au subjonctif. Nier qu’il y ait des peines et des récompenses après le trépas, c’est nier l’existence de Dieu.
On peut indifféremment mettre ou supprimer la négative. Je ne nie pas qu’il n’ait fait cela, ou qu’il ait fait cela (Acad.). Mais il faut toujours mettre la négative quand le verbe nier est sous une forme interrogative: Peut-on nier qu’il n’ait commis cette faute? Lorsque le sens de la proposition est affirmative, le verbe de la proposition subordonnée ne prend point ne. Je nie qu’il soit venu.
Nom.—Noms collectifs ou collectifs. La règle des collectifs est longue, mais elle peut se réduire à ceci. Quand le verbe a pour sujet un collectif suivi d’un nom pluriel lui servant de complément, il s’accorde avec le collectif, si le collectif est général, et avec le nom pluriel, si le collectif est partitif. L’emploi du singulier ou du pluriel dépend quelquefois de la pensée de l’écrivain. On dira: La foule des humains est vouée au malheur. Une foule de pauvres reçoivent des secours. Des enfants qui naissent, la moitié tout au plus parvient à l’adolescence. La moitié de nos concitoyens vivent et meurent loin de la patrie.
Le collectif est général lorsqu’il exprime l’idée dominante; partitif, quand l’idée dominante est surtout exprimée par le complément.
Mais les collectifs: la plus grande partie de, le plus grand nombre de, la plupart de, une infinité de, peu de, assez de, trop de, combien de, sont des collectifs partitifs qui commandent en général l’accord du verbe avec le complément qui suit l’une de ces expressions. La grande partie des citoyens, une infinité de citoyens croient que......
Lorsque les mots peu, beaucoup, la plupart, etc., sont relatifs à un substantif pluriel sous-entendu, le verbe se met également au pluriel. La plupart pensent, c’est pour: la plupart des hommes pensent. Le bonheur! tout le monde en parle, peu le connaissent.
Quand le collectif partitif est suivi d’un nom singulier, le verbe se met au singulier. La plupart du monde ne se soucie pas de l’intention ni de la diligence des auteurs.
Nu.—Nu, employé sans article et devant un substantif, demeure invariable, et se joint par un trait d’union à ce substantif: nu-tête, nu-pieds, nu-jambes. Il lui parle nu-tête (Acad.). Les courtisans vont nu-tête; les esclaves vont nu-pieds. Lorsque le substantif qualifié par l’adjectif nu est déterminé par l’article la, cet adjectif, quoique placé avant le nom, subit l’accord. Le donateur s’est conservé la nue propriété de ses biens.
Obélisque.—Pyramide élancée faite d’une seule pierre. Est du masculin.
Obsèques.—Est du féminin.
Obus.—Ou prononce obuz (Académie). Est du masculin.
Occuper.—Ne pas confondre s’occuper de et s’occuper à. S’occuper de quelque chose: y penser, en avoir la tête remplie, chercher les moyens d’y réussir. Il s’occupe beaucoup de ses affaires. Il s’occupe de détruire les abus. Il s’occupe de son jardin.—S’occuper à quelque chose: y travailler. Il s’occupe à détruire les abus. Il s’occupe à son jardin. Il s’occupe à l’étude des belles-lettres.
Œuvre.—Ce mot est presque toujours du féminin. Excepté quand il désigne la pierre philosophale (dans ce cas il est toujours accompagné de l’adjectif grand: le grand œuvre); quand il se dit de l’ensemble des ouvrages d’un musicien, d’un graveur (l’œuvre entier de Meyerbeer, de Dürer), en termes d’architecture, quand il est pris dans le sens de bâtisse (le gros œuvre de cette maison est achevé). Œuvre, dans ses acceptions ordinaires, se met quelquefois au masculin dans le style élevé.
Offre.—Ce mot, qui était autrefois du masculin, est maintenant du féminin.
Oie.—Est du féminin.
Ombrage, Ombre.—Ne pas confondre ces deux mots. Ombrage est un terme particulier et spécial; il ne se dit que de l’obscurité produite par l’assemblage des branches et des feuilles d’arbres qui s’interposent entre la source de lumière et l’objet qui est dans l’ombre. Se reposer sous les ombrages d’un parc; cette forêt offre un ombrage impénétrable aux rayons du soleil.—Ombre est l’obscurité produite par un corps opaque qui intercepte les rayons lumineux. Ce terme est général, et se dit de toutes les causes qui peuvent produire ce phénomène: L’ombre de la terre cause l’éclipse de la lune; on se met à l’ombre d’un mur, à l’ombre d’un arbre.
Omnibus.—Est du masculin.
On.—On demande toujours le verbe à la troisième personne du singulier. Quand on est chrétien, de quelque sexe qu’on soit, il n’est pas permis d’être lâche (Fénelon). On peut être honnête homme et faire mal des vers. Cependant, si le sens indique clairement qu’on parle d’une femme ou de plusieurs personnes, on doit être suivi d’un féminin ou d’un pluriel. On n’est pas toujours jeune et jolie. On n’est point des esclaves pour essuyer de si mauvais traitements.
Il faut bien prendre garde de se laisser tromper par la prononciation, et d’omettre la négation ne après on, lorsque l’e de cette négation s’élide avec la voyelle du mot suivant. Ecrivez: On n’est pas toujours jeune et jolie; et: On est toujours trop disposé à croire le mal; comme si vous écriviez, vous ne serez pas toujours jeune et jolie; vous êtes toujours trop disposé à croire le mal. Si l’on en parle bien et si l’on n’en parle bien ont une signification toute contraire, bien que la prononciation soit la même.
L’on ne s’emploie que pour éviter un concours désagréable de sons, ou bien un hiatus; ce qui arrive plus particulièrement après que, qui, quoi, si, ou, et où. De qui l’on parle; si l’on dit; et l’on croit; on se tait ou l’on parle bien; le pays où l’on va. On dira cependant: Si on lui dit, à qui on lit; et non si l’on lui dit, à qui l’on lit.
Lorsque le mot on est répété dans une phrase, il ne doit s’appliquer qu’à la même personne. Les phrases suivantes sont donc vicieuses: Quand on sent que l’on vous aime, on en est plus aimable. Quand on a été aimé avec emportement, il faut qu’on vous haïsse avec fureur. Il faut dire: Quand on sent que l’on plaît, on est plus aimable; quand on a aimé avec emportement, il faut qu’on haïsse avec fureur.
Once.—Est du féminin.
Ongle.—Est du masculin. Etait autrefois du féminin.
Onze.—-Bien que ce mot commence par une voyelle, on prononce et on écrit sans élision l’article, la préposition etc. qui le précède. De onze enfants qu’ils étaient, il n’en reste plus qu’un seul. De vingt il n’y en a plus que onze. Dans le langage familier, on dit aussi quelquefois: Il n’y en a plus qu’onze.
Opéra.—Un opéra est une pièce de théâtre entièrement chantée. Quand il y a des parties parlées, la pièce prend le nom d’opéra comique. On dit souvent: un grand opéra, quand c’est un opéra monté à grand spectacle, avec ballet, etc., mais on ajoute ordinairement l’épithète de grand au mot opéra, pour distinguer le vrai opéra de l’opéra comique.—L’opéra bouffe est un opéra comique où le sujet ou les personnages sont des caricatures.—L’opérette n’est autre chose qu’un vaudeville avec couplets et chœurs.
Opuscule.—Est du masculin.
Or.—Est du masculin, ainsi que tous les métaux.
Orage.—Est du masculin.
Orbite.—Est du féminin.
Orchestre.—Était autrefois du féminin; est maintenant du masculin.
Orge.—Est du féminin. De l’orge nouvelle. Il n’est du masculin que lorsqu’il est suivi des participes passés mondé (nettoyé) et perlé (dépouillé de ses pellicules). Une tisane d’orge perlé, d’orge mondé (Acad.).
Orgue.—Est du masculin au singulier et du féminin au pluriel. Bescherelle dit: “L’emploi de ce mot n’offre de difficulté que lorsqu’il est précédé de un de. Dans ce cas, l’application de la règle serait d’une bizarrerie choquante, et l’on ne peut dire, par exemple: Voilà un des plus belles orgues que j’aie vues. Il faut donc éviter ces sortes de phrase, ou ne donner qu’un genre au mot orgue, et dire: Voilà un des plus beaux orgues que j’aie vus, ou: voilà une des plus belles orgues que j’aie vues. L’Académie, selon son usage, ne se prononce pas sur cette difficulté.”
Orifice.—Est du masculin.
Originaire, Original, Originel.—Ne pas confondre ces trois mots. Originaire: qui tire son origine de tel ou tel lieu. Le tabac est originaire d’Amérique.—Original: qui a un caractère d’origine. Le texte original d’un ouvrage. S’emploie aussi dans le sens de singulier, bizarre.—Originel, qui remonte jusqu’à l’origine. Un vice originel.
Orme.—Est du masculin.
Orteil.—Est du masculin. Le gros orteil, et non la grosse orteil.
Orthographe.—Est du féminin.
Otage.—S’écrit sans accent circonflexe: otage, et non ôtage.
Ou.—On demande un homme ou une femme âgés, signifie qu’on demande un homme âgé, ou bien une femme âgée. On demande un homme ou une femme âgée, c’est un homme sans condition d’âge, ou bien une femme qui soit âgée.
On ne dira pas: j’apprendrai le dessin ou à danser; mais: j’apprendrai le dessin ou la danse.
Oui.—On dit: je crois que oui, ou qu’oui; le oui et le non.
Ouïe.—Est du féminin.
Ouvrage.—Est du masculin.
Padou, Padoue.—Ne pas confondre ces deux mots. Padou est un ruban tissu moitié de fil et moitié de soie.—Padoue: ville d’Italie. Saint Antoine de Padoue.
Pamphlet, Brochure.—Ne pas confondre ces deux mots. Le pamphlet est un livre dicté par un esprit de critique ou de sarcasme plus ou moins violent et spirituel, et d’un petit volume qui en facilite le débit: un pamphlet injurieux, séditieux.—La brochure est simplement un ouvrage imprimé ne contenant qu’un petit nombre de feuilles, traitant un sujet quelconque.
La brochure n’est pas nécessairement un livre broché. Une brochure peut être reliée et doit être peu volumineuse, tandis qu’un livre broché peut être très gros.
Panacée.—Signifie: remède universel. Est du féminin.
Pâque.—Pâque, fête des Juifs, est du féminin, et s’écrit avec une minuscule: Les Juifs célèbrent la pâque en mémoire de la sortie d’Egypte. Pâque, ou mieux Pâques, fête chrétienne, est du masculin, et s’écrit avec une majuscule: A Pâques prochain.
Au pluriel, Pâques est du féminin dans Pâques fleuries (le dimanche des Rameaux); Pâques closes (le dimanche de Quasimodo), et quand il veut dire la communion pascale. Faire de bonnes Pâques.
Par.—Par là, locution adverbiale, signifie: par cet endroit là, et s’écrit sans trait d’union: Allez par là.—Par-là, de la locution par-ci, par-là, s’écrit avec un trait d’union.
Parafe ou Paraphe.—Est du masculin. Désigne la marque faite d’un ou de plusieurs traits de plume, qu’on met ordinairement après sa signature. Parafe désigne aussi la signature abrégée. Dites plutôt: Mettez votre parafe sous ce renvoi, que: mettez votre initiale....
Paraître.—Le verbe paraître ne prend que le verbe avoir dans ses temps composés. Ne dites pas: Ce journal est paru pour la première fois la semaine dernière, mais a paru. Ni: c’est un des plus grands hommes qui soient parus, mais: qui aient paru.
Parallèle.—Est des deux genres. En termes de géométrie, parallèle est du féminin: Mener une parallèle à une ligne. En termes de géographie ce mot est du masculin: Tous les lieux qui sont sur le même parallèle.
Pardonner.—Pardonner veut le nom de la chose au régime direct, et le nom de la personne au régime indirect; d’où il suit qu’il ne faut pas dire: Pardonnez à quelque chose (pardonner à quelques vers faibles); ni pardonner quelqu’un (pardonner ses enfants); mais: Pardonner quelque chose (pardonner quelques vers faibles), pardonner à quelqu’un (pardonner à ses enfants). Mais on peut dire: un homme pardonnable.
Participer.—Verbe neutre. Il prend tantôt la préposition à, et tantôt la préposition de. Participer à veut dire: avoir part. Je veux que vous participiez à ma fortune, comme vous avez participé à ma disgrâce. On le prend aussi dans le sens de: prendre part, s’intéresser: Je participe à votre douleur.—Participer de signifie: tenir de la nature de. Le pathétique participe du sublime autant que le sublime participe du beau et de l’agréable.
Pas.—Pas, exprimant moins fortement la négative que point, s’emploie pour indiquer quelque chose d’accidentel. Il n’étudie pas; il ne lit pas; il ne dessine pas; c’est-à-dire: dans ce moment, à présent, actuellement, il n’étudie pas, il ne lit pas, etc.—Point s’emploie pour exprimer quelque chose d’habituel et de permanent. Il n’étudie point, il ne lit point, c’est-à-dire, il n’étudie, il ne lit en aucun temps, jamais.
Pauvre.—Ne pas confondre les expressions: Pauvre homme et homme pauvre. La première désigne un homme dans un état pitoyable, aussi un homme de petit esprit, d’intelligence faible.—Un pauvre homme peut être riche. Homme pauvre signifie: homme sans fortune.
Pèlerinage.—Ecrivez pèlerinage, et non pélérinage.
Perce-neige.—Nom vulgaire de la nivéole. Est du féminin.
Perclus.—Fait au féminin percluse, et non perclue.
Perversion, Perversité.—Il ne faut pas confondre ces deux mots. La perversion est le changement du bien en mal.—La perversité, c’est l’état de ce qui est pervers. Si un honnête homme devient une canaille, ce changement est une perversion; et son nouvel état est la perversité.
Peser.—Ecrivez peser sans accent, et non péser.
Pétale.—Est du masculin. Le pétale est chacune des parties qui composent la corolle d’une fleur.
Pétiole.—(pé-ciole). Est du masculin. Le pétiole d’une feuille est ce qu’on appelle vulgairement la queue.
Période.—Est du féminin quand il désigne un espace de temps déterminé par le retour d’un phénomène qui revient à des époques fixes. Période Julienne, dyonisienne. Aussi en termes d’astronomie, de géologie, de mathématique, de musique, de rhétorique, etc.—Il est du masculin quand il signifie le plus haut point où une personne, une chose puisse arriver. Le dernier période de la maladie; le plus haut période de la gloire. Quand période désigne un espace de temps indéterminé, il est encore du masculin. Mais Bescherelle ajoute: “En ce dernier sens plusieurs font période du féminin.”
Persiennes.—V. Jalousies.
Pire, Pis.—Ces mots sont souvent confondus, mais à tort. Pire est adjectif, et signifie: qui est plus mauvais, plus méchant, plus nuisible. Le pire état est d’être sans caractère. De toutes les calamités c’est la pire. Ce mot ne s’emploie jamais comme adverbe. On ne doit donc pas dire: Il va pire, tant pire, il va de mal en pire, mais il va pis, tant pis, de mal en pis.
Le pire est substantif masculin. Qui choisit prend le pire (Acad.).
Pis est adverbe et signifie: plus mal, d’une manière plus désavantageuse, plus fâcheuse. Pis est l’opposé de mieux. Il va pis, bien pis que jamais. On se plaignait, mais les choses vont encore pis.
Pis s’emploie aussi comme adjectif comparatif, mais il ne se joint alors qu’à des noms ou à des pronoms indéterminés. C’est bien pis. Il n’y a rien de pis que cela. Il ne saurait rien arriver de pis.
Le pis signifie: Ce qu’il y a de pire. Le pis qu’il puisse arriver. C’est le pis que j’y trouve.
Il faut dire: Faire du pis qu’on peut (et non: du pire); mettre les choses au pis (et non: au pire); au pis aller (et non: au pire).
Plain.—Écrivez plain-chant (chant de l’église), de plain-pied (sans monter ni descendre), et non plein-chant, de plein-pied.
Plaire.—Ce qui te plaît signifie: ce qui t’est agréable. Ce qu’il te plaît signifie: ce que tu veux. Donnez-moi ce qui vous plaira, signifie: ce que vous trouverez bon, ce que vous jugerez bon; ce qu’il vous plaira signifie: ce qu’il vous plaira de donner, que vous le trouviez bon ou méchant.
Pleur.—Est du masculin.
Plus.—Bien que l’expression plus d’un réveille une idée de pluralité, elle exige le verbe au singulier. Plus d’un charmant ouvrage serait perdu pour nous. Si au lieu de plus d’un, il y avait plus de trois, plus de cinquante, plus de cent, etc., on mettrait alors le verbe au pluriel.
Plutôt.—Indique la préférence. Mourir plutôt que trahir. Plus tôt, en deux mots, s’applique au temps: il arrivera plus tôt que les autres.
Poêlon.—Est, en français, une petite poêle. C’est une faute d’appeler poêlon, ou queue de poêlon, le têtard: le petit de la grenouille.
Poison.—Est du masculin. Était du féminin autrefois.
Pore.—Petit espace ou interstice qui sépare les molécules intégrantes des corps. Est du masculin.
Pont-levis.—Écrivez pont-levis, et non pont-lévis.
Porte.—Tous les mots composés commençant par porte s’écrivent avec un trait d’union: Porte-allumettes, porte-outil, porte-drapeau. Excepté: porteballe, portechoux, portechape, portecollet, portecrayon, portefaix, portefeuille, portemanteau.
Possible.—Est invariable, comme attribut d’une proposition elliptique, lorsqu’il est précédé des mots plus, moins, le plus, le moins. Ils ne songent qu’à payer le moins d’impôts possible, c’est-à-dire: qu’il leur est possible. Aux plus longues échéances possible, c’est-à-dire: au plus longues échéances qu’il sera possible.
Pourpre.—Est des deux genres. Au féminin ce mot désigne la matière colorante fournie par la cochenille; la dignité des rois, la dignité de cardinal.—Au masculin pourpre désigne la couleur même. Le pourpre des raisins; étoffe d’un beau pourpre.
Précédant, Précédent.—Précédant est le participe présent de précéder. Il vient, précédant le cortège.—Précédent est adjectif et substantif: Le jour précédent; citer un précédent.
Premier-né.—Désigne le premier des enfants mâles. Ce substantif n’a pas de féminin correspondant. En parlant d’une fille; on ne dit pas: La première-née.
Près de, Prêt à.—Près de est une locution prépositive, et signifie sur le point de.—Prêt à est une locution adjective, et signifie disposé à, préparé à, en état de. Combien de gens sont près de la mort sans être prêts à bien mourir!
Présidant, Président.—Le premier est le participe présent du verbe présider. C’est en présidant des assemblées tumultueuses qu’il s’habituera à commander à la foule.—Président est substantif: Le président des Etats-Unis.
Presque.—L’e final ne s’élide que devant île. Presqu’île. Partout ailleurs on écrit presque au long. Presque achevé; un habit presque usé; presque à la fin du livre.
Prétendre.—Verbe actif ou transitif, et quelquefois neutre ou intransitif. Prétendre, dans le sens de vouloir, ne veut pas de préposition devant l’infinitif: Je prétends vous convaincre; et, dans le sens d’aspirer à, il demande la préposition à: Sans prétendre à leur plaire.
Dans le sens de vouloir, il demande le verbe de la proposition suivante au subjonctif: Je prétends qu’il vienne. Dans le sens de croire, penser, soutenir, il veut l’indicatif: Je prétends que deux et deux font quatre. On prétend que Thésée a paru dans l’Epire (Racine).
Prier.—On écrit au présent de l’indicatif: nous prions, vous priez; à l’imparfait: nous priions, vous priiez; et au présent du subjonctif: que nous priions, que vous priiez.
Prier signifie, entre autres, inviter, convier. Il y a une différence entre prier à dîner et prier de dîner. Si j’ai l’intention de réunir mes amis dans un dîner, je les prie d’avance à dîner. S’il me survient quelqu’un au moment de me mettre à table, je prie cette personne de dîner avec moi. Ainsi, prier de est une invitation fortuite; prier à, une invitation de cérémonie.
Prix (au).—V. Auprès.
Problème.—S’écrit problème, et non problême.
Profondément.—S’écrit profondément, et non profondement.
Pronom.—On dit: Attendons-nous-y, placez-vous-y; mais le goût proscrit les locutions: Attendez-m’y, place-t’y, attendez-moi-s-y, place-toi-s-y, et même: Attendez-y-moi, places-y-toi. Il faut prendre un autre tour. Ayez la bonté de m’y attendre. Vous m’y attendrez. Tu peux t’y placer.
Le pronom complément direct d’un verbe à l’impératif se place avant le complément indirect, immédiatement après le verbe, si la proposition est affirmative: Donnez-les-moi. Il se place après le complément indirect, et avant le verbe, si la proposition est négative: Ne me les donnez pas. Excepté cependant lorsque le complément indirect est l’un des pronoms lui, leur: Ne les lui donnez pas. Il ne faut pas dire: donne-moi-le, etc.
Propos.—À propos, locution adverbiale, s’écrit sans trait d’union: vous arrivez à propos. Mais le substantif à-propos en prend un. Saisir l’à-propos.
Puisque.—L’e de ce mot ne s’élide que devant il, elle, on, un, une, ainsi. Puisque à mon tour je dois parler, et non puisqu’à.....
Pupitre.—S’écrit sans accent circonflexe: pupitre, et non pupître. Mais on écrit épître.
Que.—Après l’adverbe là, que est toujours de rigueur, et l’on ne dit pas: c’est là où, c’est par là où, c’est de là où, mais: C’est là que Dieu l’attendait pour foudroyer son orgueil. Ce fut là que cette princesse fit paraître toutes les richesses de son esprit. C’est par là qu’il a passé.
Quelque.—On écrira: Il y a quelque cent ans que la boussole a été découverte. Dans ce dernier exemple, quelque a le sens d’environ. Si quelque a le sens de plusieurs, il prend une s. Il y a quelques cents ans que l’Amérique a été découverte.
L’e final de quelque ne s’élide jamais, excepté devant un, une: quelque aimables qu’ils soient, et non quelqu’aimables.
Quelqu’un.—Quelqu’un pris absolument s’emploie pour les deux genres, et signifie une personne. Quelqu’un m’a dit; j’attends ici quelqu’un. C’est pourquoi: Quelqu’une m’a dit; j’attends ici quelqu’une ne sont point des locutions françaises. Mais on dira: Nous attendons des hommes, il en viendra quelqu’un; plusieurs femmes m’ont promis de venir, il en viendra quelqu’une. Dans ces exemples, quelqu’un n’est pas pris absolument.
Quoique.—Quoique en un seul mot signifie: bien que. Quoique peu riche, il est généreux.—En deux mots quoi que signifie quelque chose que: Quoi qu’il arrive.
La conjonction quoique ne prend l’apostrophe que devant il, elle, on. Quoique indisposé, il travaille cependant, et non quoiqu’indisposé.
R.—Est du masculin, quand, d’après la méthode nouvelle, on prononce re, et du féminin quand, au contraire, on prononce erre, d’après l’ancienne épellation, qui est encore l’épellation usuelle. Une grande r (erre), et non un grand r.
Raillerie.—Entendre raillerie, c’est bien prendre la raillerie, ne pas se froisser quand on est raillé.—Entendre la raillerie, c’est avoir le talent de railler.
Rappareiller, Rapparier.—Ne pas confondre ces deux mots. Rappareiller signifie: rejoindre à une chose, une ou plusieurs choses pareilles, lorsqu’elles manquent: Rappareiller des vases, des chevaux, des chaises.—Rapparier, c’est rejoindre à une chose une autre chose qui refasse la paire: Rapparier un gant.
Recensement.—Ecrivez recensement, et non récensement.
Réclame, Annonce.—Ne pas confondre ces deux mots. La réclame est un article que l’on insère dans le corps d’un journal, avec les nouvelles et les faits divers, et qui contient ordinairement l’éloge payé d’un livre, d’un objet d’art, etc. Faire de la réclame, c’est faire une publicité considérable, bruyante et tapageuse; chercher par tous les moyens à attirer l’attention du public sur soi, sur son œuvre, ou ses produits.
L’annonce n’est pas dissimulée, et ne s’insère pas dans la matière à lire d’un journal.
Reformer, Réformer.—Ne pas confondre ces deux mots. Le premier signifie: former de nouveau: Reformer un régiment qu’on vient de licencier.—Réformer signifie: rétablir dans l’ancienne forme, on en donner une meilleure: Réformer les lois, un monastère.
Refuser.—Refuser à signifie: refuser de donner à. Il lui refuse à manger, à boire. (Manger et boire sont ici pris substantivement.)
Registre.—Ecrivez registre, et non régistre.
Règlement, Réglément.—Le premier est substantif. Les règlements de l’université, le règlement d’un compte.—Réglément est adverbe, et signifie: d’une manière réglée, régulièrement: Vivre réglément; souper réglément à six heures.
Régner.—Le futur est: je régnerai, et non règnerai.
Repaire, Repère.—Ne pas confondre ces deux mots quant à l’orthographe. Le premier désigne le lieu où se retirent les voleurs, les bêtes féroces. Une repaire de brigands, de tigres.—Repère est une marque faite sur un mur, sur un arbre, pour donner des traits de niveau, pour aider à se retrouver, etc.
Repartir.—Signifie: partir de nouveau; aussi: répondre sur-le-champ et vivement.—Répartir signifie, partager, distribuer. Répartir une somme, des troupes.
Reste.—Au reste, du reste. Ces locutions adverbiales, qui signifient au surplus, d’ailleurs, cependant, malgré cela, ne sont pas synonymes. Au reste s’emploie quand, après avoir exposé un fait ou traité une matière, on ajoute quelque chose qui a du rapport avec ce que l’on vient de dire. C’est là ce qu’il y a de plus sage; au reste, c’est aussi ce qu’il y a de plus juste.
On emploie du reste quand ce qui suit n’est pas le complément de ce qui précède; lorsque ce qui suit n’a pas une relation essentielle avec ce que l’on a déjà dit: Il est capricieux; du reste, honnête homme (Acad.).
Rester.—Bescherelle dit: “Rester convient mieux dans les occasions où il y a une nécessité indispensable de ne pas bouger; et demeurer lorsqu’il y a pleine liberté.”
Dans ses temps composés, ce verbe prend l’auxiliaire avoir, si l’on veut faire entendre que le sujet n’est plus au lieu dont on parle. Il a resté deux jours à Québec. Mais si l’on veut dire que le sujet est encore au lieu dont il est question, rester prend l’auxiliaire être: Il est resté à Québec, et nous avons continué notre route.
Rétractation, Rétraction.—Ne pas confondre ces deux mots. Rétractation signifie: action de se rétracter, de désavouer ce qu’on a fait, dit ou écrit précédemment.—Rétraction signifie: raccourcissement, contraction (d’un muscle, etc.).
Rets.—S’écrit sans accent circonflexe: rets, et non rêts.
Ride.—Est du féminin.
Rien moins.—Précédée du verbe être et suivie d’un adjectif, cette locution à le sens de la négation. Elle n’est rien moins que belle, c’est-à-dire: elle n’est pas belle. Lorsque rien moins est suivi d’un substantif, il peut avoir le sens positif ou le sens négatif. Vous lui devez de la reconnaissance, car il n’est rien moins que votre bienfaiteur (il est votre bienfaiteur). Vous pouvez vous dispenser de reconnaissance envers lui, car il n’est rien moins que votre bienfaiteur (il n’est pas votre bienfaiteur).
Rien moins, ou rien de moins, avec un verbe impersonnel, a aussi un sens négatif. Il n’y a rien de moins certain que vos succès (vos succès ne sont point certains). Avec un verbe actif ou neutre, le sens de rien moins a besoin d’être déterminé par ce qui précède. Vous le croyez votre concurrent; il n’aspire à rien moins qu’à vous supplanter (il n’est point votre concurrent). Vous ne le regardez pas comme votre concurrent; cependant il n’aspire à rien moins qu’à vous supplanter (il est votre concurrent) (Acad.). Ces équivoques doivent être évitées.
Sableux, Sablonneux.—Ne pas confondre ces deux mots. Sableux signifie: qui est de la nature du sable (roche sableuse); ou qui contient du sable (farine sableuse, marne sableuse).—Sablonneux: qui contient beaucoup de sable: chemin sablonneux (et non sableux); terre sablonneuse (et non sableuse). Cependant, en poésie, ces mots s’emploient l’un pour l’autre.
Saint.—Le mot saint s’écrit par une minuscule, et sans trait d’union, devant le nom du saint: Les apôtres saint Pierre et saint Paul (Acad.). Lorsqu’on veut désigner la fête du saint, ou une église, une rue, un fleuve, un vin, etc., portant le nom d’un saint, ce mot s’écrit par une majuscule, et se joint au mot suivant par un trait d’union. La Saint-Joseph, l’église Saint-Jacques, le fleuve Saint-Laurent.
Quand saint est écrit par abréviation, le s est toujours majuscule: Les apôtres S. Pierre et St. Paul. (On voit que l’abréviation peut s’écrire de deux manières.)
Sang.—S’emploie quelquefois au pluriel. Avoir les sangs tournés.
Bescherelle donne sens rassis, et ajoute: “On écrit aussi sang rassis.” L’Académie condamne cette dernière expression.
Sans.—Ecrivez: sens dessus dessous, et non sans dessus dessous.
Sans que. C’est une faute de mettre ne devant le verbe qui suit cette locution conjonctive. Dites: sans que cela paraisse, sans que personne craigne la mort, et non sans que cela ne paraisse, etc.
L’expression va sans dire signifie: c’est évident, incontestable. Il va sans dire que je n’ai pas accepté son offre. Mais on écrira: Il va s’en dire des paroles à ce sujet!
Second.—V. Deuxième.
Sensé.—Signifie, en français: qui a du bon sens. Ne pas le confondre avec censé: qui est réputé, regardé comme. Vous êtes censé avoir fait cela, et non sensé.
Sentinelle.—Est du féminin. Cependant les poètes quelquefois ont fait ce mot du masculin.
Solde.—Au féminin signifie: paye allouée aux officiers et aux soldats pour subvenir à leur entretien et aux dépenses qu’exige d’eux le service militaire. La solde des troupes. Payer la solde.
Au masculin signifie: paiement qui se fait pour demeurer quitte d’un reste de compte. Donner tant pour solde, pour solde de tout compte.—Solde de compte signifie: somme qui fait la différence du débit et du crédit, lorsque le compte est vérifié et arrêté.—Solde de marchandises, ou, absolument solde: quantité de marchandises défraîchies ou passées de mode existant encore en magasin à la fin d’une saison, et qu’on vend en bloc et au rabais. Acheter un solde.
Souffre.—Je souffre (souffrir); je soufre (soufrer).
Soupeser.—Ecrivez soupeser, et non soupéser.
Stade.—Mesure itinéraire. Est du masculin. Un stade et non une stade.
Stock.—V. Assortiment.
Succomber.—Est toujours conjugué avec avoir. Le malade a succombé.
Suffocant, Suffoquant.—Ne pas confondre ces deux mots.—Suffocant est adjectif: fumée suffocante.—Suffoquant est le participe présent de suffoquer: Il s’appuyait au mur, suffoquant de chagrin.
Suppléer.—Suppléer une chose, c’est ajouter à une chose ce qui manque pour qu’elle soit entière et complète: Je suppléerai ce qui manquera (et non à ce qui). Suppléer à une chose c’est mettre à sa place une chose qui en tienne lieu. Son mérite supplée au défaut de sa naissance.
Surprendre.—Verbe actif. Il se conjugue comme prendre. Dans le sens d’être étonné, ce verbe est suivi de que avec le verbe suivant au subjonctif, ou de de ce que avec l’indicatif: Je suis surpris qu’il vienne. Je suis surpris de ce qu’il est venu si tard.
Système.—S’écrit avec un accent grave: système, et non systême.
T.—Il ne faut pas confondre t euphonique, avec t abréviation du pronom te. On écrit va-t’en, occupe-t’en, et non va-t-en, occupe-t-en; t’ représente te. Mais on écrira: va-t-il, s’occupe-t-il?
Le t euphonique demande le trait d’union. Viendra-t-il? aura-t-il besoin de vos conseils?
Temporaire, Temporel.—Le premier signifie: qui n’est que pour un temps. Pouvoir temporaire.—Temporel: qui passe avec le temps, qui n’est pas éternel. Pouvoir temporel.
Ténèbres.—Est du féminin.
Tentacule.—Est du masculin. Un tentacule. Terme d’histoire naturelle. Sorte de filaments que certains animaux tendent en avant, pour tâter le terrain, ou pour saisir des objets.
Tenu, Ténu.—Tenu est le participe passé de tenir.—Ténu est adjectif, et signifie: qui est délié, fort mince. Substance ténue; les parties ténues.
Terre.—Tomber par terre signifie: tomber seulement de sa hauteur. Etes-vous ici près, monsieur, tombé par terre? Tomber à terre signifie: tomber d’un endroit élevé au-dessus de la terre: Ramasser des noix tombées à terre.
Terre-Neuve.—Avec des majuscules, désigne l’île. Avec des minuscules, le chien. Les terres-neuves sont originaires de Terre-Neuve.
Tête-à-tête.—Avec traits d’union, est substantif masculin: c’est une conversation, une entrevue de seul à seul. Avoir un long tête-à-tête avec quelqu’un.—Tête à tête, sans traits d’union, est une locution adverbiale, et signifie: seul à seul. S’entretenir tête à tête. Etre tête à tête avec quelqu’un.
Tombeau.—Voici quelques distinctions qui ne sont pas toujours observées entre tombeau, tombe, sépulcre, sépulture. La tombe est proprement la table de pierre, de marbre ou de tout autre matière, élevée ou placée au-dessus de la fosse qui a reçu les ossements et qui contient les cendres des morts.—Le tombeau est une sorte d’édifice ou un ouvrage de l’art, érigé en l’honneur des morts, pour conserver et illustrer leur mémoire par l’éloge de leur vie, par des emblêmes, des allégories, etc.—La sépulture est proprement le lieu désigné ou consacré pour rendre les derniers devoirs aux morts, avec des cérémonies religieuses.—Le sépulcre est particulièrement le caveau, la fosse, et en général un lieu quelconque qui reçoit, engloutit, conserve les corps, etc.
Tout.—Tout à coup signifie: soudainement, inopinément: Ce mal lui a pris tout à coup, comme il y pensait le moins. Tout à coup je crus voir Vénus qui fendait les nues dans son char volant, conduit par deux colombes.—Tout d’un coup signifie: en même temps, tout à la fois, tout en une fois. Cet homme a gagné mille dollars tout d’un coup. Faire sa fortune tout d’un coup. La confiance, l’amitié naissent tout d’un coup entre les cœurs qui se ressemblent par la bonté.
Trait d’union.—Signe qui sert à marquer la liaison qui existe entre deux ou plusieurs mots. On l’emploie: 1o Entre le verbe et les pronoms je, moi, nous, tu, toi, vous, il, ils, elle, elles, le, la, les, lui, leur, y, en, ce, on, quand ces pronoms sont placés après un verbe dont ils sont le sujet ou le régime: Irai-je, viens-tu, donnait-on, laissez-moi, allez-y, portez-en, etc.
S’il y a deux pronoms, on met deux traits d’union: Laissez-le-moi, donnez-les-leur. Mais on écrit faites-moi lui parler, parce que lui est complément de parler, et non pas de faites; venez me parler, va te reposer, parce que me et te ne sont pas régis par les impératifs venez et va, mais par les infinitifs parler et reposer.
2o Avant et après ci, là, accompagnant un substantif, un pronom, une préposition, un adverbe, avec lesquels ils sont unis d’une manière inséparable: Celui-ci, celui-là, ces gens-ci, ces hommes-là, ci-dessus, ci-contre, là-dessus, là-dessous, là-bas, là-haut.
3o Pour lier même au pronom qui précède: moi-même, lui-même, eux-mêmes.
4o Pour remplacer la conjonction et dans l’expression de certains nombres: dix-sept, dix-huit, dix-neuf, vingt-deux, trente-trois, quarante-quatre, soixante-six, soixante-dix-sept, etc. Cependant, quatre-vingts et six-vingts renferment toujours le trait d’union, bien que le sens n’admette pas la conjonction et.
Règle générale: Il faut un trait d’union dans les mots composés commençant par arrière, demi, mi, quasi, sous, vice, contre; il faut le supprimer dans les mots commençant par anti, archi, co, extra, juxta.
Tout à fait, tout à coup, tout d’un coup s’écrivent sans trait d’union.
Le trait d’union ne s’emploie plus après très: Très bien.
On écrira: Par ici (par cet endroit-ci), par là (par cet endroit-là): allez par là; mais la locution adverbiale par-ci, par-là exige le trait d’union. Voir T.
Trapèze.—Est du masculin.
Travers.—À travers est toujours suivi d’un régime simple, et se dit principalement pour désigner un passage vide, libre. Passer sa main à travers les barreaux. Aller à travers les bois, à travers les champs, à travers champs. Ce n’est qu’avec l’article contracté ou exprimé et simplement au sens partitif qu’on peut dire, à travers du, à travers de la, à travers des. Le chien poursuivit le lièvre qui s’enfuyait à travers des buissons épais.
Au travers est toujours suivi de la préposition de, et se dit pour désigner un passage qu’on se procure entre des obstacles ou en traversant un obstacle. Se faire jour au travers des ennemis. Percer au travers d’un bataillon. Se jeter au travers, tout au travers des périls.
A travers, au travers. De part en part. Un coup d’épée au travers le corps, à travers le poumon.
Tréma.—Les verbes en uer, ouer prennent le tréma aux premières et deuxièmes personnes plurielles de l’imparfait de l’indicatif et du présent du subjonctif: Je louais, nous louïons, nous accentuïons, que nous influïons, insinuïons, que vous remuïez, diminuïez, jouïez.
Trophée.—Est du masculin.
Tubercule.—Est du masculin.
Tulle.—Est du masculin.
Uhlan.—L’u est aspiré: Un corps de uhlans. Des uhlans (dè ulan).
Ulcère.—Est du masculin.
Un.—L’un l’autre, dont le féminin est l’une l’autre, et le pluriel les uns les autres, s’emploie lorsqu’on veut exprimer la réciprocité: Tous deux s’aidaient l’un l’autre à porter leurs douleurs, c’est-à-dire: l’un aidant l’autre, réciproquement. Il en est de même de l’un à l’autre, l’un de l’autre, l’un par l’autre, etc. Ils se nuisent l’un à l’autre (l’un nuit à l’autre). Ils se plaignent les uns des autres (les uns se plaignent des autres, et réciproquement).
L’Académie dit vingt et un, trente et un, etc., jusqu’à soixante et un; mais à ce mot, elle avertit qu’on dit aussi, mais moins bien, soixante-un. Les auteurs emploient indifféremment l’une ou l’autre forme. La grandeur de l’enfant naissant est ordinairement de vingt-un pouces.
On s’exprime également bien en disant: Cent un ou cent et un, deux cent un ou deux cent et un.
Autrefois, on disait, un chacun, un quelqu’un; aujourd’hui on supprime cet adjectif qui est complètement inutile; on dit toujours, chacun, quelqu’un.
Dans l’expression: sur les une heure (c’est-à-dire: vers une heure, à une heure environ), on ne fait pas sentir l’s de les.
Quand deux adjectifs sont unis par et, on répète un quand on parle de deux choses, dont l’une est bonne en partie, etc., et l’autre mauvaise, etc. Il y a un bon et un mauvais goût, et l’on dispute des goûts avec fondement.
Vacant, Vaquant.—Vacant est adjectif. Maison vacante.—Vaquant est le participe présent de vaquer. C’est en vaquant aux affaires sérieusement que vous apprendrez le commerce.
Vaincre.—Pour toutes les formes personnelles, ce verbe a deux radicaux: vainc avant une consonne, et vainqu avant une voyelle: Je vaincrai, vainquez.
Vénéneux, Venimeux.—Vénéneux signifie: qui renferme un venin; se dit principalement des plantes. Fruit vénéneux.—Venimeux signifie: qui communique un venin. Il ne se dit proprement que des animaux qui transmettent eux-mêmes leur venin, ou des organes à l’aide desquels ils le communiquent. Le scorpion est venimeux.
Venise, Vénitien.—On doit écrire Venise (sans accent); et vénitien (avec accent).
Verbe.—Lorsque le même complément ne peut servir à plusieurs verbes à la fois, il faut donner à chacun d’eux le complément qu’il lui convient. Ainsi l’on ne dirait pas bien: Le roi de France avait su connaître et se servir de ses avantages. Le courrier va et revient de Québec en trois jours. Le complément de ses avantages ne peut servir en même temps aux deux verbes connaître et se servir; le complément de Québec ne convient pas à la fois aux verbes va et revient; il faut dire: Le roi de France avait su connaître ses avantages et s’en servir. En trois jours ce courrier va à Québec et en revient.
On remarquera que cette règle s’applique à tous les mots dont le sens exige des compléments de forme différente. Au lieu de: Il est utile et chéri de ses concitoyens; il a parlé en même temps contre et en faveur de ses adversaires; il faut dire: Il est utile et cher à ses concitoyens; il a parlé en même temps contre ses adversaires et en leur faveur.
Vérité, Véracité.—Vérité marque surtout une qualité des choses, leur conformité à ce qui est.—Véracité marque une qualité des personnes, la conformité de leur langage à ce qui est. La véracité d’un historien consiste à ne pas s’écarter de la vérité des faits. Cette distinction n’est pas rigoureuse.
Verni, Vernis.—Verni est le participe passé de vernir.—Vernis est le substantif.
Vertèbres.—Est du féminin.
Vestige.—Est du masculin. On n’y voit aucun vestige. S’emploie surtout au pluriel: Les derniers vestiges de cette révolution ont disparu.
Vilain.—Vilain homme se dit d’un homme au caractère faux, méchant.—Homme vilain: Celui dont le visage est déplaisant.
Ville.—Etre à la ville, signifie: n’être pas à la campagne. Il n’est pas parti pour voyage; il est à la ville.—Etre en ville: n’être pas chez soi. Il soupe en ville.
Vingt.—Quatre-vingts, adj. num. des deux genres. Quatre-vingts hommes. On l’écrit sans s quand il précède un autre adjectif de nombre: quatre-vingt-un. En vertu de cette règle on écrit quatre-vingt mille, et quatre-vingts millions, parce que mille est adjectif numéral, tandis que million est substantif.
On écrit: page quatre-vingt (c’est-à-dire: quatre-vingtième).
Violant, Violent.—Violant est le participe présent de violer: C’est en violant la foi jurée qu’il parvint à s’emparer de la ville.—Violent est adjectif: choc violent.
Vis-à-vis.—Quelques écrivains donnent à ce mot le sens de envers, à l’égard de. L’Académie ne lui reconnaît pas cette acception. Dites plutôt: sévère envers quelqu’un, que vis-à-vis quelqu’un.
Voici, Voilà.—Voici s’applique à ce qui va suivre: Voici ce que je vais lui dire.—Voilà s’applique à ce qui précède: Du pain et du fromage, voilà son déjeuner de tous les jours.
Nos Fautes de Prononciation.
A.—L’a en français est grave, il est vrai, dans certains mots, comme dans les terminaisons en ation, assion; dans cadre, théâtre, diable, mât, fable, sabre, etc., mais en général nous le prononçons grave dans une foule de mots où il est doux. Nous donnons par erreur le même son à phare et fort, tard et tort, vieillard et vieil or, etc. C’est un de nos principaux défauts de prononciation.
L’à marqué de l’accent grave est toujours doux. Çà et là, voilà.
L’â marqué de l’accent circonflexe est ordinairement grave. Les principales exceptions à cette règle sont la première et la deuxième personne des passés définis, et la troisième personne du singulier de l’imparfait du subjonctif de verbes en er: nous allâmes, vous allâtes, qu’il allât.
Abandonner.—Et non anbandonner, ni anbadonner.
Addition, Additionnel, Additionner.—Il faut prononcer les deux d: ad-dition, etc.
Aïeul.—a-ieul, et non a-ieuille (ll mouillées).
Allégeance.—al-léjance.
Allégorie, Allusion, Alluvion, Appellatif.—Prononcez les deux l: al-lusion, appel-latif, etc.
Alors.—Il ne faut jamais faire sentir l’s, même devant une voyelle (Bescherelle).
Alsace, Alsatien.—alzace, alza-cien.
Amazone.—amazone, et non amazône.
Anabaptiste.—anabatiste.
Annales, annexer, annihiler, annotation, annuaire.—Il faut prononcer les deux n: an-nalles, an-notation, etc.
Août.—ou, et non a-ou.
Appendice.—ap-pindise. Larousse ajoute: quelques-uns prononcent apandice.
Ararat.—arara.
Arcs-en-ciel.—arkanciel.
Arête.—Et non arêche.
Arrérages.—Et non arriérages.
Aurore.—orrore, et non ôrorre.
Austerlitz.—austerliss.
Avec.—avek, même devant une consonne. Avec vous: avek vou, et non avé vou.
Aveugle, Aveuglement, etc.—eu se prononce comme dans meule, et non comme dans peu.
Balayage, Balayer, Balayures.—balè-iage, balè-ié, etc., et non baliage, balier, etc.
Ballast.—bal-laste, et non à l’anglaise: bal-leuste.
Banjo.—ban-jo, et non à l’anglaise bann-djo.
Baptismal.—Le p est nul: batismal.
Bénéfice.—Et non bénifice.
Bengale.—bingale.
Benzine.—binzine, et non à l’anglaise: benn-zine.
Beurre.—Prononcez eu comme dans heure et non comme dans feu.
Blucher.—bloukère et non bloutcheurre.
Bœuf.—On prononce un beuffe, un beu gras; des beu.
Bonshommes.—Ce mot se prononce comme s’il s’écrivait en deux mots: bon-zomme, et non bonnomme. Dessiner des bonshommes sur une ardoise.
Broc.—brô, excepté dans l’expression: de bric et de broc (c’est-à-dire: de çà et de là, d’une manière ou d’une autre), où l’on prononce brok. Le c se prononce aussi devant une voyelle. Le broc est un vaisseau, etc. (le brok est....)
Bruxelles, Bruxellois.—brucel, brucelloi.
Caen.—can (ville de France).
Cafetière.—Et non cafiére.
Caleçon.—Et non canneçon.
Californie.—Et non califournie.
Calus.—càlu, et non câlu.
Canut.—canu et non canutt.
Carrousel.—carrouzel.
Cédille.—cédi-ie, ll mouillées, et non cédile.
Cénis.—céni, et non céniss.
Céruse.—Blanc de céruse, et non de cirusse.
Chardon.—Et non chadron, ni chardron.
Chèque.—shèque, et non à l’anglaise tchèque.
Chrysostome.—krisostomme, et non krisostôme.
Cicérone.—cicéroné, ou tchitchéroné (à l’italienne).
Clarinette.—Et non clairinette.
Clarté.—Et non clairté.
Cœur.—keur, et non quieur.
Colimaçon.—Et non calimaçon.
Colin-maillard.—Et non calimaya.
Collation, Collationner.—Collation (action de comparer deux écrits ensemble), collationner (comparer deux écrits ensemble) se prononcent col-lacion, col-lacionner. Il faut prononcer les deux l.—Collation (repas), collationner (faire le repas appelé collation) se prononcent: co-lacion, co-lacionner. On ne prononce qu’une l.
Commensurable, Commutation.—Il faut prononcer les deux m: com-mensurable, com-mutation.
Concombre.—Et non co-combre.
Congestion.—congesti-on, et non congession.
Constellation.—Il faut prononcer les deux l: constel-lation.
Contresens.—contresan, et non contresenss.
Coriace.—coriace, o aigu, et non couriace.
Corroyeur.—Et non correyeur.
Corvée.—Et non courvée.
Côtoyer.—Et non cotteyer.
Coutil.—couti, et non cotti.
Cuiller (ou cuillère).—cui-yère, et non cu-yère.
Czar.—kzarr, et non zarr.
Damas.—Le tissu se prononce dama, et la ville damasse.
Détritus.—détritusse.
Dévidoir.—Et non dividoir.
Digestion.—digesti-on, et non digession.
District.—distrik, d’après Larousse. Mansion dit que la t final ne se prononce plus, ou presque plus.
Dolce.—doltché.
Douloureux.—Et non douleureux.
Drachme.—drakme.
Ege, eige.—Nous prononçons trop grave la terminaison ège ou eige, comme dans neige, piège, collège, cortège, liège, siège, sacrilège, etc.
Ellébore.—Il faut prononcer les deux l: el-lébore.
Embouveter.—Et non embouffeter.
Emmancher.—an-mancher, et non a-mancher.
Encoignure.—L’i est nul: enco-gnure.
Endécagone.—indécagonne.
Ennoblir.—an-noblir.
Entame, entamer.—Et non entome, entomer.
Equerre.—ékerre, et non équière.
Errer, erreur.—Il faut prononcer les deux r: er-rer, er-reur.
Escroc.—escrô.
Estampe, estamper.—Et non étampe, étamper.
Esturgeon.—Et non éturgeon.
Eugène, Europe, Eustache, etc.—Et non ugène, urope, ustache, etc.
Exemption.—Il faut prononcer le p: examppcion.
Excuse.—eks-cuse, et non es-cuse.
Facétie.—facéci.
Fenil.—fenile, et non fani.
Fils.—fiss devant une consonne, et fiz devant une voyelle. Fils légitime (fiss); fils aîné (fiz).
Flamme.—flamme, a aigu, et non flâme.
Fossé.—fossé et non fôcé.
Fuchsia.—fuk-cia, et non fushia.
G.—Nous avons le tort de ne pas prononcer assez dur le g suivi de a ou de u. Ainsi il faut dire (gai), ghai, et non yai; (guerre) gherre, et non yerre; (guérir) ghérir, et non yérir; (gain) ghain, et non yain; (guillaume) ghillaume, et non yuillaume, etc.
Gageure.—gajure et non gajeure.
Gentiane.—janciane.
Gentilshommes.—jantizomme et non jantilhomme.
Gens.—jan et non jansse. Certaines personnes instruites disent pourtant jansse en parlant des domestiques d’une maison.
Geôle, et dérivés.—jôle, et non géôle.
Gît.—Troisième personne prés. ind. de gésir. Se prononce gi, et non gitt.
Gneiss.—ghnèss.
Godille.—Et non goudille.
Goethe.—gheute.
Gril.—gri, et non grille.
Groenland.—gro-inlan.
Guadalquivir, Guadeloupe, guano, Guatimala.—Dans ces mots gu se prononce gou: gouadalquivir, gouano, etc.
H.—L’h, selon quelques-uns, s’aspire en faisant un simple hiatus: le héros (le, éro), et, selon d’autres, elle s’aspire à l’anglaise (de la gorge).
Haïssable.—L’h est aspirée. Il est bien haïssable (bien-haïssable), et non bien naïssable.
Henri.—L’h est aspirée dans le style soutenu. Dans la conversation, il vaut mieux prononcer Saint-Henri sin-tenri.
Hennir, hennissement.—hanir, hanissement.
Hier.—L’h est muette. Avant-hier doit se prononcer avan-tière et non avan-ière.
Himalaya.—L’h est muette. Les monts Himalaya (mon-zimalaya).
Heureux.—Eu de la première syllabe se prononce comme dans heure, et non comme dans la dernière syllabe reux.
Horrible.—Prononcez les deux r: hor-rible.
Iguane.—igouane.
Imbroglio.—imbrolio.
Immanquable.—i-mmanquable, et non in-manquable.
Immense, immigration, immortel.—Prononcez les deux m, im-mense, etc.
Incognito.—incognito gn mouillés, comme dans ignorer.
Indigestion.—indigesti-on, et non indigession.
Inexpugnable.—inexpugg-nable, et non gn mouillés.
Inné, innombrable, innover.—Il faut prononcer les deux n: in-né, in-nover, etc.
Intelligent.—Prononcer les deux l: intel-ligent.
Irriter.—Prononcez les deux r: ir-riter.
Jaguar.—jagou-ar.
Jeun (à).—jun, et non jin. V. Un.
Joailler.—jo-a-yé, et non joal-lié.
Joug.—jougg, et non jou, ni jouk.
Juillet.—ju-iè, et non ju-yette.
Jury.—ju-ri, et non juré.
Knout.—Knoutt, et non noutt.
L.—En général nous ne prononçons qu’une seule l dans une foule de mots où il faut en prononcer deux. Certains mots, à titre d’exemple, sont cités à leur ordre alphabétique, dans cette partie-ci.
D’un autre côté, nous prononçons à tort deux l où il n’y en a qu’une, dans les expressions: je l’ai, tu l’as, nous l’avons, etc. Il faut dire: gelé, tu la, nous lavons, et non je ll’ai, tu ll’as, nous ll’avons, etc.
La Haye.—la-hè. Ville de Hollande.
Lèchefrite.—Et non lichefrite.
Legs.—lè, et non legg.
Lis.—liss, excepté dans: fleur de lis (li), d’après l’Académie. Larousse dit qu’il est préférable de prononcer liss dans tous les cas.
Louvoyer.—Et non lavoyer.
Magnanime, magnésie, magnétique.—Il faut prononcer gn mouillés: ma-gnanime, ma-gnésie, etc., et non mag-nanime, mag-nésie.
Maigre échine.—Et non maigrichine.
Mairie.—mè-ri, et non mairerie.
Maïs.—ma-iss.
Mameluk, ou Mamelouk.—Mamelouk.
Marc.—Le nom propre se prononce mark. Marc signifiant: monnaie, ou résidu d’une substance dont on a extrait le suc, se prononce mar.
Marengo.—maringo.
Mentor.—mintor.
Mérinos.—mérinoss, et non mérino.
Miauler.—miôlé, et non miâlé.
Michel Ange.—mikel ange.
Mil.—Plante, se prononce mi-ie, l mouillée, et non mi. Mil, adjectif numéral, se prononce mile.
Millet.—mi-iè, ll mouillées.
Minot.—mino, et non minotte.
Morigéner.—Et non moriginer.
Mortaise.—Et non mortoise.
Nenni.—na-ni.
Nerf.—Un nerf (nerff); des nerfs (ner); nerf de bœuf (ner).
Newton.—neu-ton.
Non-sens.—non-san.
Nord-est.—nordèste. Les marins disent nordè.
Nord-ouest.—nordouèste. Les marins disent norouè.
Obéir.—obé-ir, et non obéyir.
Œuf.—Un œuf (euff); un œuf frais, un œuf dur (eu frè, eu dur); des œufs (eu).
Oi.—Une de nos principales fautes de prononciation se rencontre dans la diphthongue oi. Voir, soir, mémoire se prononcent vo-are, so-are, mé-mo-are, et non comme autrefois (il y a à peine un siècle), vo-erre, so-erre, mé-mo-erre. Il faut éviter la prononciation exagérée vo-âre, so-âre, etc.
Omelette.—Et non amelette.
Oscillation.—Il faut prononcer les deux l: oscil-lation.
Ouate.—ouate. Larousse dit que la prononciation ouète, encore usitée dans quelques provinces de France, est aujourd’hui considérée comme fautive.
Ours.—ourss, et non our.
Paume (de la main).—pôme, et non pomme.
Pâturage.—pâturage (a grave), et non pàturage.
Pentagone.—pintagone, et non pantagone. Dans les mots commençant par penta, pen se prononce pin.
Péril.—périle (Larousse), et non péri.
Peur, peureux.—eu de peur se prononce aigu, comme dans heure.
Pied-à-terre, pied-en-cap.—pié-ta-terre, pié-ten-cap; et non pié-à-terre, pié-en-cap.
Pilote.—Et non pilô.
Pieu, pieux.—pieu n’a qu’une seule syllabe; pieux en a deux: pi-eu.
Plus-que-parfait.—pluss-que-parfait, et non plu-que-parfait.
Quadrille.—ka-dri-ie (ll mouillées), et non ka-drile, ni couadrile.
Quadrupède.—kouadrupède, et non kadrupède.
Quadrupler.—kouadrupler, et non kadrupler.
Quasi.—ka-zi.
Québec.—ké-bec, et non quié-bec.
Question.—kesti-on, et non kiession.
Queue d’aronde.—Et non queue d’éronde.
Quidam.—kidam, et non quidamme.
Reculer.—Et non raculer.
Reddition.—Il faut prononcer les deux d: red-dicion.
René.—Et non Réné.
Revanche.—Et non revange.
Rôtir.—Et non routir.
Saint-Saëns.—sin-san.
Saucisse.—Et non soucisse.
Seau.—Et non siau.
Séquelle.—cékelle.
Séquestre.—cékèstre.
Sobriquet.—Et non soubriquet.
Solennel, Solennité, etc.—solanel, solanité.
Solliciter.—Il faut prononcer les deux l: sol-liciter.
Sourcil.—sourci, et non souci.
Sud.—sudd, et non su.
Sud-ouest.—su-douesst. Les marins prononcent cependant sorrouè.
Suggestion.—sug-jes-ti-on, et non sujession.
Superficie.—Et non superfécie.
Suspect.—suspè.
Syllabe, Syllogisme.—Il faut prononcer les deux l: syl-labe, syl-logisme.
T.—D’après Bescherelle, lorsque t est doublé, on n’en prononce qu’un, excepté dans atticisme, attique, battologie, guttural, pittoresque, où l’on fait entendre les deux t, parce qu’ils sont des parties primitives de ces mots.
Taillant.—Nous prononçons tail trop bref et trop aigu. Il faut le prononcer aussi long que tail de tailler, mais pas aussi grave, car nous prononçons trop grave cette première syllabe de tailler.
Tarir.—Et non tairir.
Taureau.—torro, et non tô-ro.
Téléphone, Téléphoner.—téléphonne, téléphonner, et non, à l’anglaise, téléphône, téléphôner.
Tolet.—Et non talet.
Tome.—tomme, et non tôme.
Tournevis.—Et non tournavis.
Tous.—Tous deux se prononcent tou deu, et non touss deu. S finale se prononce dans tous lorsque ce mot est pris absolument et se rapporte à un nom qui précède. Tous (tou) les accusés sont venus; nous les avons interrogés tous (tousse); ils ont tous (tousse) répondu à tous (tou) nos griefs.
Trayon.—Et non tri-ion.
Tricheur.—Et non trichard.
Triennal.—Prononcer les deux n: trien-nal.
Trot.—trô, et non trott.
Trumeau.—Et non trémeau.
Trusquin.—Et non trousquin.
Un.—Cette diphthongue se prononce eun, comme eun de jeune, et non in. Très peu de personnes prononcent bien un. Chacun, aucun, brun, opportun, etc., doivent être prononcés: chakeun, aukeun, breun, opporteun, et non chakin, aukin, brin, opportin.
Vaciller, Velléité.—Prononcez les deux l: vacil-ler, vel-léité.
Vendetta.—vènn-detta.
Verrue.—Et non verrure.
Vilebrequin.—Et non virebrequin, ni virebroquin.
Vôtre.—Beaucoup, plutôt par négligence que par ignorance, prononcent le votre, le notre, au lieu de: le vôtre, le nôtre.
W.—Se nomme double v, et non double iou. Cette lettre se prononce comme v dans les mots français ou francisés, ou allemands, et comme ou dans les mots anglais.
Wagon.—vàgon, et non ouâgon.
Wagram.—vagramme, et non ouâgramme.
Wallon.—val-lon. Habitant des provinces méridionales de la Belgique.
Warwick.—ouâ-rick.
Waterloo.—vaterlo, et non ouâterlou.
Weber.—veber.
Wenceslas.—venceslass, et non ouenceslâss.
Westphalie.—vestphalie.
Worm.—vorm.
Wurtemberg.—vurtimber.
Xérès.—kérèss, et non kzérèss.
Zone.—zone, et non zône.
Mots français et mots anglais dont l’orthographe se ressemble.
A | |
Achanti | Ashantee |
Achille | Achilles |
Adresse | Address |
Agrandir | Aggrandize |
Agrandissement | Aggrandizement |
Agrégation | Aggregation |
Agréger | Aggregate (to) |
Agresseur | Aggressor |
Agression | Aggression |
Alambic | Alembic |
Alcool | Alcohol |
Alcoolique | Alcoholic |
Alcoolisation, iser, isme | Alcoholization, ize, ism |
Alger | Algiers |
Aluminium | Aluminum |
Apanage | Appanage |
Apparence | Appearance |
Appartement | Apartment |
Asile | Asylum |
Assises | Assizes |
Athènes | Athens |
Autoriser, isation, ité | Authorize, ization, ity |
B | |
Bagage | Baggage |
Baronnet | Baronet |
Baronnie | Barony |
Bataillon | Battalion |
Billard | Billiards |
Bissecter, tion | Bisect, tion |
Bobine | Bobbin |
Boghei | Buggy |
Bouledogue | Bull-dog |
Bouracan | Barracan |
Bouteille | Bottle |
Bouton, ner | Button |
Brésil | Brazil |
Busc | Busk |
C | |
Cabaleur | Caballer |
Cachemire | Cashmere |
Calcédoine | Chalcedony, ou Calcedony |
Calife | Caliph |
Calus | Callus |
Caméléon | Chameleon |
Canari | Canary |
Canevas | Canvass |
Canne | Cane |
Canon, ade | Cannon, ade |
Canonner, ier | Cannonade (to), cannoneer |
Caporal | Corporal |
Carotte | Carrot |
Carrousel | Carousal |
Céleri | Celery |
Centaure | Centaur |
Châle | Shawl |
Chamois | Shamois, shammy |
Chancelier | Chancellor |
Cigare | Cigar |
Clairet | Claret |
Comité | Committee |
Confident | Confidant |
Consistance | Consistence, Consistency |
Contorsion | Contortion |
Coquetterie | Coquetry |
Cormoran | Cormorant |
Correspondance | Correspondence |
Cote | Quota |
Coter | Quote (to) |
Coton | Cotton |
Cotonneux | Cottony |
Couperose | Copperas |
Courant | Current |
Courrier | Courier |
Cristal (crystal est français, mais peu usité) | Crystal |
Cristallin, etc. | Crystalline, etc. |
D | |
Danse | Dance |
Danser | Dance (to) |
Dard | Dart |
Déconfiture | Discomfiture |
Défense | Defence |
Déflexion | Deflection |
Démocratie | Democracy |
Dépendance | Dependence, cy |
Diagramme | Diagram |
Dictionnaire | Dictionary |
Diffamation | Defamation |
Diffamer, etc. | Defame, etc. |
Dito | Ditto |
Dommage | Damage |
Droguiste | Druggist |
E | |
Echalote | Shallot |
Elisabeth | Elizabeth |
Ellébore (hellébore est français, mais peu usité) | Hellebore |
Emballer | Embale (to) |
Ennemi | Enemy |
Enveloppe, lopper | Envelop |
Enveloppement | Envelopment |
Ermitage | Hermitage |
Ermite | Hermit |
Espionnage | Espionage |
Exagération | Exaggeration |
Exagérer | Exaggerate (to) |
Excentricité | Eccentricity |
Excentrique | Eccentric |
Exemple | Example |
Exil | Exile |
Extase | Ecstacy |
Extorsion | Extortion |
F | |
Fausset | Faucet |
Figue | Fig |
Filet | Fillet |
Flamme | Flame |
Flanelle | Flannel |
Flegme | Phlegm |
Flegmatique | Phlegmatic |
Fonderie | Foundry |
Fourrage, etc. | Forage, etc. |
Franc-maçon | Free-mason |
Franc-maçonnerie | Free-masonry |
Fret | Freight |
Friperie, etc. | Frippery, etc. |
G | |
Galamment | Gallantly |
Galant, etc. | Gallant, etc. |
Galée | Galley |
Galère, etc. | Galley, etc. |
Galerie | Gallery |
Galion | Galleon |
Galop | Gallop |
Galoper | Gallop (to) |
Galopade | Galloping |
Garant | Guarantee |
Garantie | Guaranty |
Gasconnade | Gasconade |
Gaz | Gas |
Gelée | Jelly |
Gibet | Gibbet |
Gigue | Jig |
Gobelet | Goblet |
Gober | Gobble (to) |
H | |
Hagard | Haggard |
Haïti | Hayti |
Halle | Hall |
Hallebard, etc. | Halberd, etc. |
Hamac | Hammock |
Hareng | Herring |
Hasard, etc. | Hazard, etc. |
Hermine | Ermine |
Héros | Hero |
Hommage | Homage |
Honnête | Honest |
Honnêteté, etc. | Honesty, etc. |
Honneur | Honor |
Hugues | Hughes |
Hussard | Hussar |
I | |
Inflexion | Inflection |
Inhabilité | Inability |
J | |
Jetée | Jetty |
L | |
Lacrymal, etc. | Lachrymal, etc. |
La Haye | Hague |
La Mecque | Mecca |
Laps | Lapse |
Laque (gomme) | Lac |
Le Caire | Cairo |
Leçon | Lesson |
Linotte | Linnet |
Litière | Litter |
Littéraire | Literary |
Littérature, etc. | Literature, etc. |
Losange | Lozenge |
Loterie | Lottery |
Luth | Lute |
Luzerne | Lucern |
Lyon | Lyons |
M | |
Machabées | Maccabees |
Maçon | Mason |
Maçonnerie | Masonry |
Madone | Madonna |
Maman | Mamma |
Manière | Manner |
Mannequin | Manikin |
Mariage | Marriage |
Marier | Marry |
Marseille | Marseilles |
Mascarade | Masquerade |
Matelas | Mattress |
Matière | Matter |
Mécanicien | Mechanic |
Mécanique, etc. | Mechanics, etc. |
Miroir | Mirror |
Missionnaire | Missionary |
Mississipi | Mississippi |
Mitaine | Mitten |
Momerie | Mummery |
Momie | Mummy |
Monnaie | Money |
Mouton | Mutton |
Mulet (poisson) | Mullet |
Musc | Musk |
Musulman | Mussulman |
N | |
Nicolas | Nicholas |
O | |
Ocre | Ochre |
Offense | Offence |
P | |
Palette | Pallet |
Palissade | Palisade |
Parcimonie, nieux | Parsimony, nious |
Pascal | Paschal |
Passeport | Passport |
Patriarcal, cat | Patriarchal, cate |
Pavillon | Pavilion |
Payement, paiement, ou paîment | Payment |
Peintre, ture, etc. | Painter, Paint, etc. |
Peluche | Plush |
Pensionnaire | Pensioner |
Pensylvanie | Pennsylvania |
Persistance | Persistency |
Personnage | Personage |
Personnification | Personification |
Personnifier, nalité | Personify, nality |
Pétitionnaire | Petitioner |
Pilier | Pillar |
Pilori | Pillory |
Pilote | Pilot |
Pinacle | Pinnacle |
Pionnier | Pioneer |
Pique-nique | Pick-nick |
Pitance | Pittance |
Postillon | Postilion |
Potier | Potter |
Poulie | Pulley |
Prétention | Pretension |
Primatie | Primacy |
Prisonnier | Prisoner |
Profil | Profile |
Prophétie | Prophecy |
Protonotaire | Prothonotary |
R | |
Reinette | Rennet |
Raisonnable, blement | Reasonable, bly |
Raisonnement, etc. | Reasoning, etc. |
Rançon, etc. | Ransom, etc. |
Rapsodie | Rhapsody |
Rasoir | Razor |
Ratine | Ratteen |
Rationnel | Rational |
Recommandable, dation | Recommendable, dation |
Recommander | Recommend |
Réflexion | Reflection |
Retranchement, etc. | Retrenchment, etc. |
Revenu | Revenue |
Ruban | Ribbon |
Rubis | Ruby |
S | |
Safran | Saffron |
Sapeur | Sapper |
Saphir | Sapphire |
Schall (ou châle) | Shawl |
Schelling | Shilling |
Scolastique, etc. | Scholastic, etc. |
Scolie | Scholium |
Sépulcral, cre | Sepuchral, chre |
Sergent | Sergeant |
Sermonner | Sermonize |
Shérif | Sheriff |
Sollicitation | Solicitation |
Solliciter | Solicit (to) |
Solliciteur, etc. | Solicitor, etc. |
Souple | Supple |
Souplesse | Suppleness |
Sulfureux | Sulphury |
Suprématie | Supremacy |
Symétrie | Symmetry |
T | |
Taffetas | Taffeta |
Tanger | Tangier |
Terrasse | Terrace |
Théocratie | Theocracy |
Trafic, etc. | Traffic, etc. |
Tranchée | Trench |
Tyran | Tyrant |
U | |
Unisson | Unison |
V | |
Vermillon | Vermilion |
Verveine | Vervain |
Vil | Vile |
Vilain | Villain |
Volatil | Volatile |
Z | |
Zodiaque | Zodiac |
Zoolithe | Zoolite |
Mots dont l’accent circonflexe est quelquefois oublié.
— Note de transcription détaillée —
En plus des corrections des erreurs évidentes introduites par le typographe, les corrections suivantes ont été apportées:
L’usage incohérent des italiques n’a généralement pas été corrigé.
Le livre numérisé utilisé comme source est disponible auprès de Bibliothèque et Archives nationales du Québec: http://collections.banq.qc.ca/ark:/52327/2022149