Title: Antiquités d'Herculanum, Tome II. Peintures
Author: Tommaso Piroli
Release date: December 5, 2005 [eBook #17232]
Most recently updated: January 26, 2021
Language: French
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Bibliothèque nationale de France (BnF/Gallica)
À PARIS
CHEZ:
PIRANESI, Frères, place du Tribunat, n°. 1354;
LEBLANC, Imprimeur-Libraire, place et maison
Abbatiale St.-Germain-des-Prés, n°. 1121.
Le Dieu de la poésie est représenté assis sur un trône, et jouissant de ce calme heureux, ami des vers et de l'imagination. Toute son attitude caractérise le repos, sur-tout ce bras replié sur sa tête, ainsi qu'on le voit dans plusieurs monumens antiques; sa main droite repose sur une lyre à onze cordes; une longue draperie retombe avec négligence de son épaule, glisse le long de son corps, et, laissant nu toute la partie supérieure, vient se rassembler sur ses cuisses. Le Dieu est couronné de lauriers, et près de lui s'élève un rameau de cet arbre qu'il chérit. Ce rameau rappelle l'usage des chanteurs qui tenaient à la main une branche de laurier quand ils ne s'accompagnaient pas sur la lyre, de-là l'expression proverbiale chez les Grecs, chanter au laurier; la branche de laurier pourrait aussi avoir trait aux purifications religieuses auxquelles présidait Apollon. Le peintre a peut-être voulu représenter ici Apollon Musagètes, le guide des Muses; c'est du-moins l'attribut que nous lui donnons ici, en lui faisant précéder les Muses, la tête de ce volume.
Cette peinture et les suivantes, d'égale proportion, furent trouvées ensemble dans les fouilles de Résine, en 1755; les ornemens qu'on voit au bas, sont indépendans des sujets.
SUJET PRINCIPAL.—Hauteur, 11 p°. 2 lig.—Largeur, idem.
Après Apollon, Considéré comme Dieu des arts et de la poésie, se présentent les Muses, ces aimables divinités auxquelles ont sacrifié les beaux génies de l'antiquité, et dont le culte a été transmis fidèlement jusqu'à nous. Le divin Homère, leur premier favori, les reconnaît au nombre de neuf; Hésiode les nomme dans l'ordre suivant, que nous avons adopté: Clio, Euterpe, Thalie, Melpomène, Terpsichore, Erato, Polymnie, Uranie et Calliope. On a varié souvent dans les attributs qui conviennent à chacune d'elles; aucun monument ne fait mieux autorité que les peintures précieuses de l'antique Herculanum; les inscriptions dont chaque figure est accompagnée fixent toutes les incertitudes; c'est un mérite très-rare, et qui rachète quelques légères négligences qu'on a pu remarquer dans quelques unes d'entr'elles; ces incorrections ont fait penser que l'artiste n'en était pas l'inventeur, mais qu'il les avait copiées d'après d'excellens originaux. En remontant à une plus haute antiquité, ou en supposant des modèles arrêtés, on accorderait ces figures un degré d'authenticité encore plus précieux. Quoi qu'il en soit, cette suite est vraîment inappréciable. On ne doit pas chercher dans les couleurs des draperies, des intentions particulières pour chacune de ces divinités; c'est plutôt l'effet du caprice qu'une allusion mystérieuse. On remarquera, avec plus de justesse, que les tuniques longues (talares), l'agencement modeste des draperies et l'expression douce qui règne dans les traits des Muses, conviennent aux chastes Sœurs. Cette précieuse collection, envoyée en présent par le roi de Naples, orne actuellement le cabinet de l'Impératrice, à la Malmaison.
La planche que nous avons sous les yeux offre la figure de Clio; on lit son nom et ses fonctions sur le volume à demi-roulé qu'elle tient à la main (CLIO, L'HISTOIRE). Au volume est attachée une petite feuille qui paraît destinée à porter le titre de l'ouvrage. La petite cassette cylindrique (scrinium) remplie de rouleaux, nous apprend que les bibliothèques étaient composées de semblables cassettes. Catulle y fait allusion, en disant qu'il n'en avait emporté qu'une seule à la campagne.
SUJET PRINCIPAL.—Hauteur, 11 p°. 2 lig.—Largeur, idem.
Nous sommes privés de la figure d'Euterpe qui, dans l'ordre adopté, aurait dû suivre celle de Clio: Les injures du temps l'avaient tellement altérée, qu'il fut impossible de la sauver et même de la reconnaître; nous l'aurions vue sans doute, fidelle ses fonctions, appliquée à jouer des deux flûtes.
La Muse que nous donnons ici, est désignée par l'inscription qu'on lit à ses pieds (THALIE, LA COMÉDIE); elle est couronnée et porte sur sa tête une coiffe de couleur verte. Thalie et Melpomène sont les seules qui portent cette coiffure dans ce recueil. Notre Thalie est vêtue d'une tunique verte, bordée de rouge, et dont les manches arrivent jusqu'aux poignets, d'un manteau à franges (Palla fimbriata) et d'un petit corset rouge à manches courtes. On remarque, sur-tout, la petite pièce de pourpre en quarré long, attachée sur le devant du manteau, et qui paraît être une de ces tesseræ, pièces de rapport sur les habits grecs. Le masque comique et le pedum ou bâton pastoral que porte la Muse, correspondent à l'art auquel elle préside, et à la signification du mot comédie, chant de-village, ennobli par ses succès, et que Ménandre, Plaute et Térence ont rendu digne d'amuser les citoyens les plus instruits de la Grèce et de Rome. Le pedum est aussi un symbole de la poésie pastorale et bucolique laquelle cette Muse préside, suivant la remarque de M. Visconti. Le masque, d'après la description de Pollux, 1. IV, § 149, pourrait désigner l'un de ces valets, dits conducteurs ou principaux, qui menaient l'intrigue de la pièce. Thalie signifie fleurie, ou, dans une autre acception également suivie, quoique prise d'une métaphore, signifie gaie, joyeuse. Cette dernière acception convient mieux aux fonctions de Thalie.
Hauteur, 1 P. 3 p°. 4 lig.—Largeur, 11 p°. 2 lig.
L'inscription qu'on lit en grec au-dessous de cette figure la fait connaître avec précision (MELPOMENE, LA TRAGÉDIE). Le peintre, sans s'arrêter aux diverses opinions qui balancent entre cette Muse, Euterpe et Terpsichore, l'empire de la scène tragique, paraît s'être attaché au sentiment qui lui a paru le mieux fondé ou le plus généralement reçu de son temps; c'est aussi celui qui a prévalu. La Muse a la tête ceinte d'un voile, d'une bandelette et d'une couronne; elle est vêtue d'une tunique blanche qui lui recouvre les pieds, et dont les manches s'arrêtent aux coudes, d'un manteau ou grand peplum de même couleur attaché en ceinture, et d'une autre tunique plus courte. On peut remarquer que les tuniques des acteurs tragiques devaient couvrir les pieds, à l'effet de cacher les cothurnes dont la semelle épaisse de plusieurs pouces relevait la taille de l'acteur: cette chaussure est visible dans le bas-relief représentant les neuf Muses, qui est passé du Capitole au Musée Napoléon. Notre Melpomène s'appuie de la main droite sur une massue, et dans la gauche, elle tient un masque tragique. La massue semble allusive aux actions des héros qui font le sujet de la poésie tragique, et rappelle Hercule et ses imitateurs, qui se rendirent célèbres dans l'antiquité.
Hauteur, 1 P. 3 p°. 4 lig.—Largeur, 11 p°. 2 lig.
Cette Muse préside à la poésie lyrique, ainsi que l'exprime l'inscription grecque (TERPSICHORE, LA LYRE). Les chants poétiques et les sons harmonieux de son instrument guident les danses sacrées; de son nom de Terpsichore, qui se plaît à la danse. Le chœur des danseurs se portait autour de l'autel, de la droite à la gauche, pour exprimer le mouvement de l'Univers d'orient en occident, et revenait de la gauche à la droite pour figurer le mouvement des planètes d'occident en orient (Luc. de Salt.) Ainsi, l'ode était divisée en strophe et en anti-strophe, qui répondaient dans le chant à ces deux mouvemens. Les hymnes d'Apollon se chantaient en dansant au son de la lyre ou cithare. Aussi Pindare les appelle-t-il puissans par la lyre. Celle que porte notre Muse est montée de sept cordes et se termine par une écaille de tortue; c'est la lyre citée par Horace (testudo), celle inventée par le jeune Mercure, et décrite avec des détails si précieux dans un hymne Homérique. La Muse est vêtue d'une tunique longue, de couleur changeante, n'ayant que la manche gauche comme pour laisser plus de liberté au bras droit; son manteau est bleu, et sa chevelure est retenue par une bandelette et une couronne de laurier.
Hauteur, 1 P. 3 p°. 4 lig.—Largeur, 11 p°. 2 lig.
Cette peinture est une des plus belles, des plus délicates et des plus parfaites qui soient sorties des fouilles de la Campanie. Il semble que le peintre ait voulu employer tout son art et se surpasser lui-même, en représentant sous des traits si aimables cette Muse consacrée à l'Amour et qui lui doit son nom; il l'a sans doute invoquée; inspiré et plein d'elle même, il a retracé son image. Elle est vêtue d'une tunique rose avec une bordure bleue; son manteau, d'une teinte verdâtre, voltige agréablement derrière elle, forme sur le devant des plis en forme de ceinture, et retombe avec grâce en accusant ses formes; une tresse de cheveux s'échappe sous sa couronne de laurier; elle est attentive aux sons qu'elle tire de son instrument; elle en touche les cordes d'une main avec le plectrum ou l'archet, de l'autre avec ses doigts délicats; cet instrument, garni de neuf cordes, a par le haut la forme de la lyre connue, mais il s'alonge par le bas et présente, comme dans la lyre dite testudo, un creux qui donne plus de valeur aux sons. L'inscription (ERATO PSALTRIAN) signifie les fonctions de cette Muse accoutumée à accompagner avec le jeu des instruments à cordes, les danses les plus voluptueuses. C'est ce que les Grecs entendent par le mot psallein; et en effet, les danses nuptiales étaient du ressort d'Erato. Le manteau qui voltige sur ses épaules indique peut-être que la Muse réunit au son de sa lyre, des mouvemens réglés par l'art de la danse, et cadencés sur la musique.
Hauteur, 1 P. 3 p°. 4 lig.—Largeur, 11 p°. 2 lig.
Polymnie semble être ici la Muse de la pantomime; son attitude, son doigt sur la bouche, indiquent le silence et la méditation. «Muettes rivales de la voix, les mains de Polymnie retraçaient des images sensibles; silencieuse et prudente, cette mère de la danse expliquait avec ses gestes une figure ingénieuse». Ce passage de Nonnus (Dionys., v. V. 140 et suiv.) et l'opinion de Cassiodore (I. ép. 20) prouvent la justesse de l'intention du peintre. L'inscription (POLYMNIE, LA FABLE) en donne aussi l'explication. Cette fille de la mémoire, qui lui doit particulièrement son nom, selon l'étymologie prise de l'orthographe que nous suivons ici, conserve le souvenir des actions héroïques et de l'histoire des Dieux, et vient les exposer aux hommes, dans son silence éloquent et ingénieux; C'est à ce motif qu'elle a dû, chez les Romains, le surnom de Musa tacita; mais comme la gesticulation faisait partie de l'instruction des orateurs qui doivent accompagner, avec les gestes les plus convenables, le débit de leurs harangues, il est arrivé que, par une espèce de contradiction apparente, la Muse silencieuse est devenue aussi la Muse de l'éloquence et de l'art oratoire.
Une tunique verte et un manteau bleu forment le vêtement de cette Polymnie.
Hauteur, 1 P. 3 p°. 4 lig.—Larg. 11 p°. 2 lig.
Uranie, qui tire son nom du ciel, préside à la connaissance des corps célestes, de leurs mouvemens et de leurs influences. Le globe qu'elle tient d'une main et la verge (radius) avec laquelle elle semble l'indiquer, sont des attributs qui se retrouvent dans tous les monumens où cette Muse est représentée. Ces symboles si connus ont sans doute paru suffisans au peintre pour le dispenser de donner une inscription à sa figure. Uranie est vêtue d'une tunique jaune, à manches courtes, et d'un manteau bleu; ses cheveux sont arrangés avec soin; elle porte des bracelets. Comme Clio, elle est assise sur un hémicycle; ce siége, favorable à l'application et à l'étude, ne paraît pas donné sans intention ces deux Muses.
SUJET PRINCIPAL—Hauteur, 11 p°. 2 lig.—Largeur, idem.
Calliope, la Muse de la poésie héroïque, quoique placée la dernière dans la suite d'Hésiode, paraît mériter la préséance par sa dignité et son excellence sur ses compagnes. Homère et Virgile revendiquent pour elle la première place; c'est elle qu'ils ont invoquée quand ils appellent, le premier la Déesse, le second la Muse, qui doit leur dévoiler les anciens événemens. C'est Calliope qu'Horace fait descendre du ciel quand il va chanter les Dieux; on la reconnaît ici à son attitude pleine de noblesse, au volume qu'elle tient de ses deux mains, à l'inspiration qui règne dans ses traits, au doigt levé qui semble accompagner son récit. L'inscription (CALLIOPE, LE POÈME) précise l'intention du peintre sans la rendre plus claire; la Muse est couronnée du lierre et de ses fruits, couronne ordinaire des poètes. Ses draperies, de la plus grande élégance, répondent à la dignité de son caractère; une longue tunique sans manches lui recouvre les pieds, une seconde descend au-dessous du genou, et son manteau qui retombe sur son bras vient se nouer avec grace vers le milieu du corps. Le rouleau ou volume se trouve quelquefois entre les mains de sa sœur Clio; mais les anciens artistes ont donné le plus souvent pour symbole distinctif, à Calliope, les tablettes cirées ou pugillaria, lorsque ses images ne sont accompagnées d'aucune inscription. M. Visconti a relevé fort ingénieusement le rapport plus particulier que les tablettes cirées ont avec les ouvrages en vers; elles donnent la facilité d'effacer l'écrit, de corriger ou d'améliorer les expressions. Le rouleau de parchemin ou de papyrus est par conséquent plus propre à Clio, qui écrit l'histoire en prose, qu'à Calliope, dont le style épique demande le plus grand soin.
Hauteur, 1 P. 3 p°. 4 lig.—Largeur, 11 p°. 2 lig.
La franchise et la pureté du dessin, l'accord harmonieux des couleurs et la grâce qui brille dans ces figures, charment les amateurs; mais la curiosité est ici moins satisfaite que le goût. Les rayons qui environnent la tête des deux premières figures, indiquent des Divinités; la troisième, qui porte pour couronne une branche d'olivier, serait une nymphe; elle dévoile ses charmes en étendant sa draperie; l'une des divinités la fixe avec attention, tandis que l'autre est distraite; une divinité champêtre, dont les formes se confondent avec le rocher, paraît préciser la scène par sa présence et s'y intéresser. Sont-ce les trois Gorgones dont Euryalé et Steno étaient immortelles à l'exclusion de Méduse avec Atlas changé en rocher? Est-ce l'aventure de Callisto et de Jupiter, qui prend la figure de Diane pour tromper cette nymphe, et qui se trouve ici sous les deux figures, suivant quelques exemples semblables, dans les monumens antiques? N'est-ce pas aussi la réunion du Soleil, de la Lune et de l'Aurore, enfans du vieux Hypérion. On remarque dans les trois figures une ressemblance qui ne rend pas l'explication plus facile.
SUJET PRINCIPAL.—Hauteur, 2 P.—Largeur, 2 P. 6 p°.
On regrette souvent, en admirant les beaux ouvrages de l'antiquité, de ne pouvoir en retrouver le sujet. La perte de la tradition nous rend plus nécessaire le secours des symboles et des accessoires; quand il sont obscurs et mal conservés, on risque de se perdre dans des explications plus ingénieuses que vraisemblables. On trouve, dans cette charmante peinture, quelques rapports avec une fable d'Apollonius de Rhodes (Arg. III, v. 7 et suiv.); mais on ne voit dans les personnages aucun des attributs qui conviennent aux Déesses qui font le sujet de la fable. Le poète raconte la visite que Junon et Pallas, protectrices de Jason, firent à Vénus, pour obtenir son secours en faveur du héros, dans sa périlleuse entreprise. Les Déesses trouvent la Reine des Amours sous un portique, occupée à tresser ses beaux, cheveux qui tombent sur ses épaules; Vénus, en faisant accueil aux Déesses, rassemble dans sa main ses cheveux encore en désordre, et demeure, pendant la conversation, dans l'attitude gracieuse que rappelle notre tableau; cette attitude peut bien aussi n'exprimer que le repos et l'attention. Le vase est trop grand pour être le vase aux parfums, qui accompagne assez ordinairement la figure de Vénus; c'est plutôt l'urne d'une nymphe. La figure qui est debout, le coude appuyé sur la base d'une colonne, est noble et sévère; elle parle, et ses traits sont pleins de vie. La troisième figure est remarquable par sa belle simplicité; elle est enveloppée toute entière dans son manteau; sa main levée et rapprochée du menton, d'accord avec l'expression de ses traits, indique une grande attention. Son siège a un marche-pied, et, plus élevé que celui du premier personnage, il rappelle une convenance d'usage dans l'antiquité. Quel que soit le sujet de cette rare peinture, on ne peut trop en admirer la belle ordonnance, le sentiment de convenance qui y règne, l'unité d'intérêt, le bon goût des draperies et l'harmonie des teintes.
Hauteur, 1 P. 10 p°.—Largeur, 1 P. 3 p°. 8 lig.
Cette peinture se classe au premier rang, parmi celles recueillies dans les fouilles, pour le mérite de la composition et de l'expression; mais la médiocrité de l'exécution a fait penser que ce pouvait être la copie de quelque excellent original. Le sujet paraît être l'éducation de Bacchus; la scène peut indiquer le mont Meros, que ce Dieu a rendu célèbre dans l'Inde. On voit les trois nymphes qui ont pris soin de son enfance; la plus apparente presque nue, avec une peau de chèvre qui lui traverse l'épaule, et une couronne de feuillage, se fait remarquer par une attitude pittoresque et gracieuse; elle présente un raisin au jeune Dieu, que le vieux Silène élève dans ses bras; l'enfant tend ses deux mains avec vivacité pour le saisir, et rappelle heureusement l'invention du vin, qui lui est attribuée de cette manière. Aux pieds de Silène, est son âne étendu et endormi, couronné de feuillage et portant un bât ou une espèce de selle assez semblable aux nôtres; plus loin est une panthère qui lèche un tympanum garni de grelots; sur le côté, on voit Mercure presque nu, assis sur un tonneau ou fût de colonne, touchant sa lyre de la main gauche, et tenant de la droite un archet et un autre objet difficile à reconnaître; il est coiffé du pégase aîlé; un Satyre est prêt à détacher sa chaussure aîlée (talaria), mais il est distrait par l'action du jeune Dieu. Mercure, inventeur de la lyre (testudo) et du langage, se trouve heureusement réuni avec les nourrices et l'instituteur de Bacchus. Il fait encore, avec convenance, partie de la scène, comme ayant apporté l'enfant aux trois nymphes, afin qu'elles prissent soin de son éducation.
Hauteur, 3 P. 2 p°. 8 lig.—Largeur, 2 P. 5 p°. 3 lig.
Ce sujet, expliqué par d'autres monumens antiques, est la lutte de Pan et de Cupidon. Le vieux Silène, maître et juge du combat, tient la palme destinée au vainqueur. En considérant ces deux figures comme les Génies de l'Amour et de la Nature, on trouve le sens de cette fiction ingénieuse. Sans doute l'Amour sera vainqueur et ne fera point mentir son ancienne devise, omnia vincit Amor; déjà le maître nous révèle la faiblesse de l'adversaire, en paraissant prêt à le soutenir; l'Amour est sans armes et n'a besoin que de sa propre force. Bacchus, dont le dieu Pan fut l'ami et le compagnon, témoin du combat, sourit aux efforts des deux champions. Couronné de pampres et de raisins, chaussé de cothurnes jaunes, il tient sa longue pique ornée d'une touffe de feuillage avec un ruban rouge, et armé d'un fer. Dans la suite, il changea ce fer en une pomme de pin, ou l'enveloppa dans des feuilles de lierre et de pampre, pour rendre moins dangereuses les fureurs de ses suivans. L'arme prit alors le nom de thyrse. Le Dieu, dans l'attitude du repos, a laissé glisser son manteau couleur de pourpre, et se montre à demi-nu. Derrière lui est une jeune femme vêtue de blanc et coiffée à la grecque avec un diadême d'or; ce costume qui appartient à une princesse, semble désigner Ariadne; elle ornait d'un ruban le sceptre du jeune Dieu, et s'est arrêtée pour donner son attention à la scène.
Cette peinture intéressante fut trouvée à Résine en 1747.
Hauteur, 2 P.—Largeur, 1 P. 9 p°.
Ariadne abandonnée dans l'île de Naxos, célébrée par les beaux vers d'Ovide et de Catulle, revit encore dans les belles peintures de la Campanie; cette touchante aventure est le sujet du tableau que nous avons sous les yeux, et fait celui des deux suivans, avec des circonstances différentes. La composition de ce premier est d'une belle simplicité. La malheureuse amante vient de se réveiller; elle écarte le voile qui la couvrait pendant son fatal sommeil; elle voit s'éloigner à pleines voiles le vaisseau qui emporte l'ingrat Thésée. La figure dont le mouvement annonce le commandement, paraît être celle du héros fugitif. On ne voit que l'arrière du vaisseau; il est garni de deux timons assez souvent en usage chez les anciens; on y retrouve ce plancher, dit catastroma, saillant en dehors, et qui était destiné à faciliter le combat et la descente des gens de guerre. Le sommet de la poupe, dit aplustre, est orné d'un fleuron en forme de queue d'oiseau; cet ornement est relatif à la forme totale du navire, dont la proue figurait ordinairement une tête d'oie, et tout le corps, celui de ce même oiseau qui paraît en avoir fourni le modèle. En revenant à la belle abandonnée, nous remarquerons le collier, les bracelets et le cercle d'or (periscelis) qu'elle porte au bas de la jambe, parure de distinction; le matelas, les coussins amoncelés dont les ornemens indiquent la richesse; et la draperie blanche qui lui sert de couverture. L'expression de la figure est d'une grande beauté, et se trouve fidèlement retracée dans Catulle (De Nup. Pel. et Theb.)
Du bord où vient mourir l'onde retentissante,
Tu vois fuir ton Thésée, ô malheureuse amante!
Que d'un trouble mortel tu sens ton cœur atteint!
Sur ton front pâlissant le désespoir est peint;
Ton œil n'est point trompé; d'un trop pénible songe,
L'aurore ne vient point dissiper le mensonge.
C'est toi, te voilà seule, et de ces bords affreux
L'onde emporte l'ingrat échappé de tes nœuds.
Triste enfant de Minos! sans couleur, haletante,
Dans le marbre glacé telle est une bacchante.
Tes blonds cheveux épars sont le jouet des vents;
Ton jeune sein franchit ses liens impuissans;
Ce voile à ton insu te laisse à demi-nue,
Et les pleurs sans couler sont tremblans dans ta vue.
PH. CH.
Hauteur, 1 P. 3 p°.—Largeur, 1 P. 2 p°. 6 lig.
Ariadne à son réveil, comme dans le tableau précédent, voit fuir Thésée qui l'abandonne, demi-nue, dans une attitude semblable, parée de bracelets, d'un riche collier et de pendans. Elle est accompagnée de deux figures; l'une est l'Amour pleurant, tenant son arc et ses traits renversés; l'autre une Divinité aîlée, qui prend une part très-vive à la scène, en indiquant d'un air menaçant le vaisseau qui s'éloigne. Les voiles en sont d'une teinte obscure, et rappellent l'oubli funeste qui causa la perte d'Égée, père du héros. Cette Divinité aîlée pourrait être Némésis, déesse implacable et vengeresse des torts des amans. C'est à ce titre et avec ces attributs qu'elle avait des statues à Smyrne, au rapport de Pausanias (lib. I, 33). La vivacité de son mouvement s'accorde avec cette explication, et peut faire allusion à la fatalité attachée à ces voiles obscures. Le timon qu'on voit sur le rivage est un témoin de la précipitation du héros.
SUJET PRINCIPAL.—Hauteur, 1 P. 6 p°.—Largeur, idem.
Ariadne, tranquille encore, goûte les douceurs du sommeil; elle est couchée sur un matelas à l'ombre d'une tente, la tête appuyée sur un oreiller blanc, les cheveux retenus par une bandelette et les bras parés de bracelets. Rarement une peinture antique, un monument ne se retrouve pas dans quelques passages des anciens: «Vois, dit Philostrate, vois Ariadne, ou plutôt le sommeil lui-même; à moitié nue; vois son sein, son cou renversé, sa gorge délicate; son aisselle droite est découverte, sa main gauche s'appuie sur la draperie, afin que le vent ne puisse pas dévoiler ce qui doit rester caché». Faible obstacle pour le satyre audacieux qui expose cette beauté aux regards du jeune Dieu de Naxos. «Tu ne seras pas long-temps abandonnée; tu te trouveras seule à ton réveil, cette joyeuse troupe sera partie; tu dois verser des pleurs, ainsi le veut l'Amour: mais le jeune Dieu reviendra et tu seras consolée». Bacchus en effet se retira, suivant le récit de Nonnus (Dionys., XLVII, v. 271 et suiv.), et ne revint que lorsque la belle eut bien pleuré la trahison du héros. Le Dieu s'appuie sur son père nourricier, le vieux Silène, tel que le peint Lucien (in Baccho): «ramassé dans sa petite taille, gras et pansu, les narines ouvertes, etc.». De l'autre côté, un objet plus gracieux, Cupidon, l'entraîne vers Ariadne, vive image de la force de l'amour, que nous retrouverons répétée dans une autre peinture. Dans un coin du tableau, au-dessus des rochers, paraît un petit Satyre, qui considère aussi la belle dormeuse. Dans le lointain, on distingue une Bacchante portant une corbeille ou plutôt le van mistique, et plusieurs personnages formant le cortège. Le mérite de la composition, très-supérieur à celui de l'exécution, peut faire penser que ce tableau est la copie d'un excellent original.
Hauteur, 1 P. 10 p°. 4 lig.—Largeur, 1 P. 7 p°. 3 lig.
Cette peinture est l'une de celles de la collection où brillent le plus la finesse de l'art, la grâce du dessin et la beauté du coloris; c'est l'ouvrage d'une excellente main: mais il est à regretter que le sujet en demeure obscur et incertain. Ce personnage debout, appuyé sur un pilastre ou sur un autel, est une Divinité assez clairement caractérisée par l'auréole qui rayonne autour de sa tête; la délicatesse de ses traits et de ses formes le fait reconnaître pour le fils de Latone. «Toujours jeune et gracieux, jamais le plus léger duvet n'ombragea la lèvre d'Apollon, pas même celui qui naît sur la lèvre d'une jeune fille». (Call. H. in Ap. v. 36). Son arc débandé en signe de paix ou de faveur, son carquois fermé, ses cheveux blonds et longs, ceints d'une bandelette, cette longue chlamyde de pourpre, s'accordent avec ses attributs, quoique les brodequins jaunes, remontant à mi-jambe, ne se rencontrent pas fréquemment dans ses images. La figure assise sur un siége d'une belle forme, est vêtue d'une tunique très-fine, agraffée sur le bras; un manteau d'un jaune doré la recouvre avec élégance, sa main droite en a rejeté une partie, et la tunique qui a glissé laisse à découvert l'épaule, une partie du sein et du bras: on pourrait supposer une intention dans cette négligence; l'abandon de l'attitude et l'inclinaison de la tête semblent indiquer un sentiment de soumission; l'expression du visage n'est point la tristesse, c'est plutôt un léger contentement mêlé de pudeur; ces cheveux longs, la couronne de feuillage, le rameau de laurier que porte cette jeune femme, toutes ces circonstances annoncent une initiée à la science de la divination. On pourrait penser que le peintre a voulu représenter Cassandre qui en reçoit le don d'Apollon, pour prix des faveurs qu'elle lui a promises: c'est plus probablement la Pythie ou la Sibylle frappée d'une crainte religieuse à l'aspect du Dieu qui l'inspire. Le collier d'or formé de chaînons que porte la figure, est un ornement remarquable. Il se trouvait dans le fond du tableau une troisième figure tellement altérée, qu'on n'a pu la distinguer, peut-être eût-elle jeté plus de jour sur ce sujet mystérieux.
La frise représente des Amours ou Génies jouant ou combattant avec des sangliers et une panthère.
SUJET PRINCIPAL.—Hauteur, 1 P. 3 p°. 8 lig.—Largeur, 1 P. 3 p°. 8 lig.
(XIX de l'Édition royale.)
La dispute d'Apollon et de Marsyas, et le supplice affreux auquel ce malheureux chanteur fut condamné par le jugement des Muses, sont assez célèbres dans la Mythologie. On voit ici le Dieu vainqueur, couronné, assis sur un siége orné d'un coussin, tenant sa lyre d'une main, et de l'autre l'archet (plectrum). Une Muse est à ses côtés et tient une guirlande dont elle est prête à parer la lyre; elle est vêtue d'une tunique brodée, ouvrage phrygien qui rappelle le lieu de la scène. Le jeune Olympe, portant une simple chlamyde et coiffé du bonnet phrygien, se jette aux pieds du Dieu pour implorer la grâce de son maître. Le bourreau, dont les habits tiennent au costume des barbares, attend, le couteau à la main, l'ordre d'exercer son ministère; il considère sa victime, l'infortuné Marsyas, déjà dépouillé et attaché à un arbre. Si le coloris répondait, dans cette peinture, à la beauté de la composition et à l'expression des figures, on pourrait la compter parmi les plus belles de la collection.
Hauteur, 6 p°. 6 lig.—Largeur, 1 P. 5 p°. 9 lig.
(XX de l'Édition royale.)
Cette peinture représente un Chœur bachique, tels qu'ils avaient lieu dans les fêtes du Dieu, pendant les sacrifices et autour des temples. La première figure assise joue des deux flûtes; la seconde des crotales; le vieillard prend le caractère d'un Silène et joue du tympanum; la quatrième figure tient une lyre, et la vieille assise sur un tabouret garni d'un coussin, est une prêtresse de celles dites Géraires. Ses cheveux sont enveloppés d'un linge (mitra); sa tunique est à longues manches; elle porte d'une main une patère, de l'autre une feuille qui paraît être la nymphée, servant d'aspersoir dans les cérémonies religieuses. Souvent les anciens donnaient cette forme aux éventails (flabella) dont ils se servaient pour exciter le feu sacré. Les trois jeunes femmes ont des tuniques à franges, ornement de luxe et de cérémonie; la joueuse de flûte porte une coiffe qui lui couvre le cou, et qui pourrait faire partie de l'espèce de cape propre à sa profession; la prêtresse seule est chaussée; les autres personnages ont les pieds nus. Cette distinction est fondée peut-être sur l'âge et la dignité de la prêtresse.
Cette peinture et les sept qui suivent furent trouvées dans les fouilles de Portici.
Hauteur, 6 p°. 3 lig.—Largeur, 1 P. 4 p°. 3 lig.
(XXI de l'Édition royale.)
Cette peinture représente le départ d'une Procession bachique; la marche s'ouvre par une jeune fille jouant des deux flûtes; vient ensuite une femme portant d'une main le vase pour les libations, dit guttum ou gutturnium, parce qu'il laissait échapper la liqueur goutte à goutte; elle porte dans l'autre main une corbeille ornée de rubans; elle est suivie d'une autre femme qui porte un coffre contenant les symboles mystérieux de Bacchus, ou bien peut-être l'arche sacrée, allusive à la naissance de ce Dieu, ou à sa statue forgée par Vulcain, et qui échut dans le partage des dépouilles de Troie, au grec Eurypyle. Le jeune homme presque nu, assis sur un siége d'une forme remarquable et tenant un sceptre, paraît être le directeur de la cérémonie. La femme appuyée sur un pilastre, et qui converse avec lui, peut être une des géraires ou la reine du sacrifice.
Hauteur, 6 p°. 6 lig.—Largeur, 1 P. 4 p°. 3 lig.
(XXII et XXIII de l'Édition royale.)
Ces deux tableaux sont encore relatifs aux mystères de Bacchus. Dans le premier, le jeune homme presque nu, assis et portant un thyrse, est le Dieu lui-même. Il paraît recevoir les offrandes que deux Prêtresses ou Bacchantes couronnées lui présentent; le geste de la main, déployant trois doigts, est marqué par les anciens, comme l'un de ceux dont on accompagnait la parole. Le jeune homme debout, vêtu d'une simple chlamyde, porte une bandelette et un thyrse; c'est peut-être Ampelus, jeune favori du Dieu des vendanges. La femme élégamment drapée et couronnée, est peut-être une Hiérophantesse ou l'une des nourrices du dieu Thébain.
L'autre tableau, qui fait le pendant du premier, représente la Déesse que les Latins appelaient Libera, et que les Grecs ont souvent confondue avec Proserpine, fille de Cérès et compagne de Bacchus, dans les cérémonies les plus mystérieuses. La femme largement drapée, dans l'attitude du repos, souvent répétée dans les monumens, peut être Cérès, sa mère; le Génie des mystères, un flambeau à la main, paraît lui indiquer sa fille qui est de retour des royaumes sombres. La jeune fille recouverte d'un grand manteau, portant un thyrse environné de rubans ou de bandelettes, paraît être l'Initiée laquelle on destine la couronne qui se voit dans les mains de la Déesse. Une autre figure semble en marche pour aller déposer des offrandes sur un autel, comme dans le premier tableau.
CHAQUE SUJET.—Hauteur, 5 p°. 3 lig.—Largeur, 1 P. 4 p°.
Le premier de ces tableaux représente les Noces d'un jeune Héros; il a une épée à la main. Cupidon l'escorte et le présente à l'épouse, assistée d'une autre femme qui s'appelait Pronuba par les Latins, et qui remettait la nouvelle mariée entre les bras de son époux. Deux autres femmes préparent une assiette pleine d'offrandes à poser sur l'autel des Dieux qui président aux mariages. Il n'y a pas assez de données pour déterminer le héros, dont les noces sont représentées dans ce tableau.
Le second représente les Mystères de Bacchus, que l'on appelait Ityphalliques, et où l'on considérait ce Dieu comme l'une des divinités qui présidaient la génération. Sous ce point de vue, les deux tableaux ont quelques rapports entre eux. La première figure assise, coiffée d'un bandeau dont les bouts retombent sur les épaules, vêtue d'une tunique talaire à longues manches, de couleur violette, et d'un manteau agraffé sur l'épaule, fait le geste connu du silence; suit un vieillard debout, couronné de feuillages, portant une tunique rouge, également talaire, et un manteau; il tient la main sur la poitrine et paraît pénétré d'une crainte religieuse et de respect. Ces deux figures sont probablement celles du Hiérophante et de la Hiérophantesse. La figure d'enfant, vêtu de la chlamyde qui revient couvrir mystérieusement la poitrine, la tête couronnée et le thyrse à la main, est celle de Bacchus; il tient un vase sacré, d'une forme singulière, peut-être destiné aux ablutions. Un signe remarquable par son exagération et célèbre dans ces mystères, désigne la figure plutôt pour une statue que pour un personnage. La femme voilée porte un serpent, symbole révéré des orgies.
CHAQUE SUJET.—Hauteur, 5 p°. 6 lig.—Largeur, 1 P. 4 p°. 6 lig.
(XXVI et XXVII de l'Édition royale.)
La première planche rassemble deux fragmens de Peinture, dont le second est trop altéré pour donner lieu à aucune explication. Le premier représente une Femme coiffée d'un bandeau, dont les bouts retombent sur ses épaules, parée de pendans et de bracelets, et vêtue d'une ample draperie; elle reçoit des mains d'une jeune fille une ceinture ou un collier que l'état de la peinture n'a pas permis de bien distinguer. La feuille de nymphée qu'elle tient à la main, et dont on se servait comme d'aspersoir, semble désigner une prêtresse; on aperçoit encore les jambes nues d'un jeune homme qui doit être couché ou prosterné.
Dans la seconde planche, on voit une figure de Bacchus assise, tenant un thyrse rustique et un petit sceptre; deux prêtresses portant des objets relatifs au culte, et plus loin un petit autel avec un thyrse. Cette peinture s'est aussi trouvée fort endommagée.
CHAQUE SUJET.—Hauteur, 5 p°. 6 lig.—Largeur, 1 P. 4 p°. 7 lig.
(XXIX de l'Édition royale).
Prêtresses de Bacchus ou de Cérès, toutes les deux vêtues de tuniques violettes, et couronnées de feuillages; la première tient un tympanum garni de grelots, une corbeille de feuilles nouvelles, et des bandelettes; la seconde porte une patère et une branche fleurie en forme de massue, peut-être une tige de férule; elles pourraient l'une et l'autre se préparer aux thalysies, sacrifice où l'on offrait à Bacchus et à Cérès les prémices de la terre, pendant les fêtes Haloënnes ou des Aires.
Hauteur, 2 P. 1 p°. 6 lig.—Largeur, 3 P. 2 p°.
(XXX de l'Édition royale.)
La figure de femme, qui fait l'un de ces deux sujets, est remarquable par la grâce de la pose et par la beauté du dessin. Ses draperies jetées largement laissent à demi-nu une partie du sein et le bras droit; elle porte une chevelure qui, aux Académiciens de Naples, a paru postiche; ils ont cru voir des plumes sur la tête de cette figure; mais peut-être ne sont-ce que des fleurs et des bouts de rubans. Elle tient de la main droite un instrument fort long, et qui semble, par sa forme, destiné porter un flambeau; de l'autre main, elle soutient un tube surmonté d'un aigle: on a cru voir, avec peu de vraisemblance, que c'était une trompe; ce pourrait être une partie des montans d'un siége ou trône portatif d'argent.
Le second personnage couronné de lierre, vêtu d'un simple pallium, ayant des souliers qui couvrent entièrement le pied, et qui, sans cette couronne, à sa barbe bouclée, à sa physionomie pensive, paraîtrait un philosophe, n'est probablement qu'un poète, auteur des drames ou des hymnes qui faisaient partie de la fête à laquelle ces figures paraissent faire allusion.
SUJET PRINCIPAL.—Hauteur, 1 P. 5 p°. 7 lig.—Largeur, 1 P.
(XXXIV de l'Édition royale.)
La première de ces figures représente un Hermaphrodite. Il relève avec grâce une longue draperie blanche posée sur sa tête; cette draperie retombe sur son bras gauche et la cuisse droite, en laissant à découvert les formes qui le font reconnaître. Son attitude est pleine de mollesse, et il porte cette feuille que nous avons déjà remarquée, employée quelquefois comme aspersoir et souvent comme éventail (flabellum): elle paraît destinée ici à ce dernier usage. Cette feuille, d'un jaune roux, pourrait se rapporter à l'espèce de lierre nommée par Pline (XXIV, 10) cissos erythranos; elle pourrait aussi appartenir une espèce de nymphæa. La fable de la nymphe Salmacis (vide OVID. Met. IV.) explique parfaitement le sens mystérieux que les anciens donnaient ces figures d'Androgynes; leur imagination, vive et brillante, personnifiait toutes les passions et se plaisait à en voir répéter les images. La figure d'Hermaphrodite décorait ordinairement les bains communs à l'un et l'autre sexe, et rappelait, dans ce lieu, l'allégorie de sa naissance.
La seconde figure, posant sur un ornement, qui paraît une partie de chapiteau ionique dessiné sur le côté, et soutenant un fût d'une forme capricieuse, est elle-même un ornement d'architecture. C'est un Atlas, suivant la dénomination des Grecs; un Télamon, suivant celle des Latins. Les figures de femme ainsi employées prennent le nom de Cariatides (vide VITR. IV, 10). La nudité de cette figure, la couronne, le rameau, le disque, la draperie jetée sur le bras, conviennent particulièrement un Camille ou Ministre des sacrifices. Les attributs des Télamons ou des Cariatides varient selon le caprice du décorateur, ou suivant le genre d'édifice auquel ils sont destinés.
CHAQUE SUJET.—Hauteur, 8 p°.—Largeur, 11 p°..
(XXXVII de l'Édition royale.)
Cette peinture offre une Décoration au milieu de laquelle est un personnage qui peut représenter un Camille ou Ministre de sacrifice. Il porte un rameau, peut-être allusif aux lustrations, et une corbeille qui peut contenir les restes du sacrifice, que les servans recueillaient avec soin, comme ayant la vertu de conserver la santé. Ses pieds et ses jambes sont revêtus de bandes de lin (fasciæ crurales) quelquefois en usage chez les Romains. Le jeune bouc de couleur rouge qu'on voit sur une table de marbre avancée, paraît placé là comme la statue de cet animal, et annoncer que le lieu est consacré à Bacchus. Sous les pieds du jeune homme est un tableau où l'on voit un léopard poursuivant un jeune cerf. Tout est capricieux dans cette Décoration; et, comme nous l'avons déjà observé, on ne doit supposer au peintre d'autre intention que celle de couvrir agréablement une surface par des sujets dionysiaques.
Hauteur, 1 P. 10 p°..—Largeur, 1 P. 6 p°.
(XL de l'Édition royale.)
Cette peinture représente une Victoire. Les poètes et les peintres la dépeignent aîlée, telle qu'on la voit ici, pour exprimer sa rapidité ou son inconstance; c'est à son inconstance que fait allusion cette épigramme de l'Anthologie à l'occasion d'une statue de la Victoire, frappée de la foudre à Rome:
«La Victoire a perdu ses aîles, et ne pourra jamais
s'éloigner de toi».
Cette Victoire est vêtue d'une large tunique blanche; ses cheveux arrangés sur le sommet de la tête voltigent derrière elle; elle a le bras gauche passé dans un bouclier enlevé à l'ennemi, ou symbole des trophées; elle porte à la main une couronne de chêne, telle qu'on la voit sur les médailles des Empereurs, avec la légende ob cives servatos. Les feuilles de cette couronne sont brillantées d'or pur, qu'on voit quelquefois employé comme couleur dans ces peintures antiques.
Hauteur, 1 P. 3 p°. 7 lig.—Largeur, 10 p°. 8 lig.
(XLII de l'Édition royale.)
La franchise du pinceau, l'agrément du coloris répondent, dans ces deux peintures, à la simplicité et à la vivacité de la composition. Deux Satyres velus et barbus, le front armé de longues cornes, se battent à coups de tête contre des boucs. On voit dans Béger (Th. Br. p. 154) une pierre gravée qui représente un Panisque en semblable combat. L'inclination libidineuse de ces animaux révérés chez les Égyptiens, comme symboles de la nature productive, aussi-bien que celle de leurs antagonistes, semble offrir la rivalité pour cause de ce combat. Nos Satyres résisteront mieux, sans doute, que le jeune Sybarite Cratis, qui, au rapport d'Ælien (H. A. VI, 42.) expia ses bizarres amours, victime de la jalousie de son dur et fier rival. Ils ont les bras repliés sur le dos, et combattent généreusement à armes égales: cette circonstance peut encore donner l'idée d'un jeu occasionné par les fêtes de Bacchus.
CHAQUE SUJET.—Hauteur, 8 p°.—Largeur, 11 p°.
(LIX de l'Édition royale.)
Cette peinture curieuse représente une Cérémonie et un sacrifice suivant le rite égyptien. Le feu sacré s'enflamme sur l'autel à quatre cornes, dont la forme se retrouve dans un grand nombre de médailles et de monumens. Sur la marche de l'autel, on remarque les Ibis, oiseaux sacrés chez les Égyptiens. Tous les personnages sont en action et tiennent des sistres ou différens instrumens du même genre, tels que celui formé d'une chaîne de quatre anneaux et un autre composé d'une aiguille servant d'axe à un cercle garni de grelots. La figure la plus apparente du bas du tableau, est celle d'une femme à genoux, la tête ceinte d'une couronne et dans l'attitude de faire une offrande; elle est vêtue d'une tunique blanche et d'un manteau rouge, dont une partie, retombant sur l'épaule, est ornée de franges, habillement qu'on remarque dans les cérémonies religieuses des Égyptiens. Derrière elle est un jeune homme, tenant un sistre et une branche, ayant la tête rase, nu jusqu'à la ceinture, et du reste enveloppé d'une draperie blanche; c'est le costume particulier des prêtres. Un autre costume remarquable est celui du personnage qui danse au sommet des degrés; il est d'une teinte brune, barbu et revêtu d'un habit succinct de couleur violette, qui ne couvre que le buste, en forme de cuirasse, habit qui convient un dieu guerrier et conquérant, comme l'était Osiris. Ce personnage paraît faire le sujet principal du tableau; ce n'est probablement qu'un prêtre, dans l'habit d'Osiris sortant du temple, au milieu du bruit des acclamations et des instrumens sacrés, et qui, peut-être, comme celui de Juvénal, joue l'Anubis et se moque de la superstitieuse crédulité de ses dévots. La scène se passe à l'entrée d'un temple, ou, pour mieux dire, dans le peribolos ou enceinte extérieure, comme l'annoncent les deux colonnes, les cinq degrés et l'épistyle; chaque colonne est ceinte d'une guirlande de lierre, plante consacrée à Osiris, et décorée d'une branche de palmier; au milieu est suspendue une couronne de feuillage. Tous les personnages sont pieds nus en signe de respect. Les ordres grecs, la structure du temple et le palmier qui domine le mur latéral, semblent désigner que cette solemnité se passe Alexandrie.
SUJET PRINCIPAL.—Hauteur, 2 P. 3 p°. 6 lig.—Largeur, 2 P. 2 p°. 3 lig.
(LX de l'Édition royale.)
Cette peinture, qui fait le pendant de la précédente, trouvée avec elle dans les fouilles de Portici, retrace une solemnité en l'honneur d'Isis, divinité qu'on ne séparait pas d'Osiris, son époux et son frère. Sur le devant est l'autel orné d'une guirlande; un prêtre excite le feu sacré avec un éventail, semblable à ceux encore en usage de nos jours; près de lui est un autre ministre vêtu d'une tunique blanche, étroite et à longues manches, tenant un long bâton et un autre instrument en forme de sceptre, attribut appartenant aux héraults des cérémonies (Hieroceryces); au pied des degrés est un autre ministre tenant un instrument semblable et un sistre. Les assistans sont rangés sur deux files; en tête et d'un côté est un joueur de flûte, et de l'autre, deux personnages consacrés au culte; onze degrés conduisent au parvis du temple; de chaque côté, sur un grand appui, est un Sphinx, la tête surmontée d'une feuille de lotus; une balustrade ferme l'entrée du temple. Le chef des prêtres, le Prophête, est revêtu d'une tunique talaire, et d'une sorte de mante à franges dans laquelle il enveloppe ses mains pour porter l'hydria, le vase à l'eau, symbole de la Déesse même, offert à l'adoration du peuple. Deux figures se voient sur le même plan; l'une, qui paraît un prêtre, a la tête rase, et porte une draperie au-dessous du sein; il joue du sistre, et semble regarder l'autre figure: celle-ci est une femme habillée en Isis, revêtue de longs habits et d'une chlamyde peinte de diverses couleurs; elle a les cheveux longs et porte un sistre et un seau, telle que nous voyons la Déesse dans plusieurs monumens postérieurs à la conquête d'Alexandre. On remarque les Ibis au pied de l'autel comme dans le sujet précédent. L'instant de la cérémonie paraît être celui où le prêtre congédiait l'assistance, en offrant à sa vénération le vase sacré avant de fermer le temple. (Vide. Clem. Alex. Str. v. p. 633).
SUJET PRINCIPAL.—Hauteur, 2 P. 3 p°. 6 lig.—Largeur, 2 P. 2 p°. 3 lig.
(I, t. III de l'Édition royale.)
L'inspiration et la divinité règnent dans cette belle figure d'Apollon. Le Dieu se repose et médite de nouveaux chants; sa tête est environnée d'un cercle lumineux (nimbus); ses cheveux flottans sont ceints d'une couronne de laurier; une chlamyde violette, attachée sur les épaules, laisse en liberté son bras droit et découvre une partie de ce beau corps où brille la jeunesse; sa lyre, appuyée sur un autel recouvert d'une draperie, conserve sa forme primitive et encore grossière: la lyre fut d'abord formée d'une tête de taureau dépouillée; les cornes servaient de montans pour soutenir la traverse où venaient s'attacher les cordes; le plectrum, que nous nommons archet, était un véritable pied de chèvre, et sa forme antique rappelle son origine. Cette peinture fut trouvée à Portici avec la suivante.
Hauteur, 2 P. 6 lig.—Largeur, 1 P. 6 p°. 7 lig.
(II, t. III de l'Édition royale.)
Une jeunesse éternelle est également l'apanage d'Apollon et de Bacchus; elle brille dans cette figure réunie à une mollesse, à une grâce charmante. Le Dieu du vin est couronné du lierre et de sa fleur, une double bandelette forme un diadême sur son front; appuyé d'un bras sur son autel, il élève l'autre négligemment en tenant un vase d'or d'une forme agréable, et dont les anses, qui remontent du pied jusqu'au bord, semblent désigner le vase appelé carchesium; ses cheveux bouclés retombent sur son cou; une draperie, d'un blanc jaune, glisse de son épaule sur l'autel et vient à peine envelopper une partie de la cuisse. La nudité des figures d'Apollon et de Bacchus n'est, sans doute, qu'un hommage rendu à la beauté de leurs formes. Fulgence (II, 15, l. 7) y cherche un sens mystique, en observant qu'on représente Bacchus la poitrine nue, soit parce que l'ivresse rejette les voiles de la pudeur, soit parce qu'elle découvre les secrets du cœur. Le Dieu porte un thyrse formé d'une longue canne armée d'un fer de lance, ornée de bandelettes et d'une touffe de feuillage.
Hauteur, 2 P. 6 lig.—Largeur, 1 P. 6 p°. 7 lig.
(III, t. III de l'Édition royale.)
L'aventure connue de la Lune et d'Endymion (les modernes disent, avec peu d'exactitude, de Diane et d'Endymion), fait le sujet de cette peinture. Le beau chasseur est mollement abandonné ce profond sommeil qui l'a rendu célèbre, faveur qu'il demanda au maître des Dieux, suivant une fable; punition qu'il en reçut, suivant une autre, pour avoir, comme Ixion, osé devenir amoureux de Junon. Ici le beau jeune homme ne recevra aucune punition, si le sommeil ne le prive pas de ses sens. Une Déesse descend du ciel, conduite par Cupidon; la Lune, Sélène elle-même, a quitté le char brillant de son astre; son ample manteau, de couleur changeante, voltige autour d'elle; elle paraît demi-nue; ses cheveux, arrangés avec soin sur le front et détachés derrière la tête, sont agités par l'air; sa tête est rayonnante, ses bras sont parés de bracelets. Entraînée par l'amour, sa démarche est timide et retenue; elle s'avance sur la pointe des pieds, dans la crainte d'éveiller le beau chasseur: «Ô Déesse! seule heureuse en tes ardeurs discrètes, le beau chasseur ne s'éveillera pas». Tout son corps cède à la langueur d'un repos parfait; ses doigts glissent le long de ses dards paisibles. Si pourtant on en croit les récits recueillis par Pausanias (V, 1) le beau dormeur donna cinquante filles à la Déesse. Une bandelette ou diadème ceint ses cheveux, ornement donné, peut-être ici, au roi d'Elis. Nous ne chercherons point le sens que plusieurs auteurs anciens ont supposé à cette fable ingénieuse. Le sommeil d'Endymion était passé en proverbe: mais soit que ce personnage n'ait été qu'un chasseur qui se reposait, le jour, des courses nocturnes; soit que, le premier, il ait observé le cours de la Lune, la fiction mythologique a trop de charmes pour la détruire, et nous l'adopterons avec les poètes et les peintres. De nos jours l'un de nos artistes s'en est sur-tout emparé avec succès. Qui n'a pas admiré ce tableau de M. Girodet, où Endymion est endormi à l'ombre d'un épais feuillage? Ce n'est point la figure de la Déesse qui descend du ciel, c'est elle-même dans toute sa puissance; rassemblée toute entière dans ses rayons amoureux, elle perce à travers les branches que Cupidon vient d'écarter en sa faveur, et se précipite en flots de lumière sur la bouche du tranquille dormeur. Un si bel exemple prouve que rien n'est épuisé, et que les sources du génie sont intarissables.
Hauteur, 2 P. 2 p°.—Largeur, 1 P. 10 p°.
(IV, t. III de l'Édition royale.)
Cette peinture est aussi précieuse par le sujet qu'elle représente, que par sa beauté. Voilà le fameux bélier envoyé par la nymphe Néphelé pour sauver les enfans qu'elle avait eus d'Athamas, poursuivis par la jalouse Ino. La malheureuse Hellé vient de tomber dans les flots; elle implore, de la voix et de la main, le secours de son frère, Phrixus emporté par le bélier qui fuit rapidement sur la plaine liquide. Phrixus a tendu en vain une main secourable à cette fille infortunée, elle va disparaître et laisser son nom à cette mer perfide, pour monument de son malheur. L'Hellespont rappellera sa triste aventure au voyageur qui passera le détroit entre Sestos et Abydos. Phrixus immolera le bélier à Jupiter, sur les bords du Phase; ce fameux bélier, placé dans le ciel, brillera parmi les astres, et sa riche toison deviendra un jour le sujet de l'expédition des Argonautes et la conquête de Jason. Cette toison est représentée blanche. Il faut donc croire, avec Apollonius (II. 1147) que la toison devint d'or par l'attouchement de Mercure.
Cette peinture fut trouvée à Civita, en 1760.
Hauteur, 1 P. 9 p°.—Largeur, 1 P. 2 p°. 7 lig.
(V, t. III de l'Édition royale.)
Cette peinture, dont le champ est vert, représente une Nymphe vêtue d'une tunique jaune. Ses cheveux blonds sont tressés avec soin autour d'un diadême; elle a les pieds nus, elle paraît marcher et cueillir en passant une fleur sur la tige qui s'élève auprès d'elle; elle porte une corne d'abondance où l'on voit quelques fleurs; c'est l'une des Heures, compagnes de l'Aurore ou de Flore, cueillant les fleurs qu'elle sèmera sur son passage; ou bien c'est Chloris elle-même, l'amante, l'épouse de Zéphir, régnant dans son empire. Ces Divinités sont représentées vêtues d'habits teints de vives couleurs empruntées des fleurs même. L'habillement de cette Nymphe prend le nom particulier de crocota, du crocus ou safran dont elle est teinte.
Cette peinture fut trouvée à Gragnano, en 1759.
Hauteur, 1 P. 2 p°.—Largeur, 10 p°.
(VI, t. III de l'Édition royale.)
Parmi les rapports que cette peinture pouvait offrir avec quelques traits de l'histoire héroïque, les Académiciens de Naples paraissent s'être attachés particulièrement à la reconnaissance d'Ulysse et de Pénélope. Cependant le costume du jeune guerrier devait écarter cette idée, et semble devoir fixer toutes les incertitudes. Comment ne pas reconnaître le beau Pâris dans cet habit phrygien qui s'éloigne en tout du costume grec, et qui est tel que nous l'ont décrit Euripide et Virgile! Ce bonnet, bien différent du bonnet marin que Polygnote avait approprié à Ulysse; la tunique à longues manches, les pantalons formant des plis sur les jambes désignent aussi, dans les monumens, ce favori de Vénus; ces armes lui appartiennent; c'est l'arc, ce sont les flêches, ces flêches qui tueront Achille. Au-lieu d'Ulysse et de Pénélope, M. Visconti voit ici, avec plus de vraisemblance, Pâris séduisant Hélène. L'épouse de Ménélas paraît dans ce combat de l'Amour et de la Pudeur, qu'Ovide a retracé dans ses Héroïdes, qu'un artiste grec a exprimé dans un bas-relief publié par Winckelmann, et éclairci par des inscriptions grecques. Ces yeux baissés et ce doigt levé annoncent encore l'incertitude; le fils de Priam semble vouloir la dissiper; il présente la main ouverte en signe de bonne foi. La princesse est assise sur un siége d'un beau travail et orné d'un marche-pied, circonstance qui désigne toujours une personne de distinction. Ses cheveux blonds, en partie relevés, laissent échapper de longues tresses sur ses épaules; elle est vêtue d'une tunique couleur d'or et d'un manteau violet. La négligence qu'on remarque dans l'arrangement de ses cheveux et de ses draperies, semble annoncer l'accès facile que l'hospitalité donne à son séducteur auprès d'elle. Cette peinture remarquable par la finesse et la vérité de l'expression, par la pose des figures et le costume, fut trouvée à Gragnano en 1759.
Hauteur, 1 P. 3 p°. 6 lig.—Largeur, 1 P.
(VII, t. III de l'Édition royale.)
Cette peinture ingénieuse est vulgairement désignée sous le nom de la Marchande d'Amours. En s'arrêtant à cette dénomination, on admirera l'esprit de la composition et la délicatesse avec laquelle elle est rendue. Si l'on veut faire honneur à son auteur, d'un sens mystérieux, tenant aux opinions des anciens sur l'Amour, on consultera leurs livres avec nous, et l'on trouvera que ces trois Génies peuvent représenter l'Amour dans ses différens états, le besoin, le désir et la possession. Ce sont les trois Amours de Scopas, Eros, Himeros et Pothos. C'est encore, si l'on veut, l'Amour céleste, l'Amour terrestre et leur frère, participant de l'un et de l'autre, suivant Apulée. La mère et la nourrice de l'Amour, suivant Platon, Penia (l'Indigence) sera caractérisée dans cette femme qui paraît disposer des Génies. Ses cheveux mal soignés, la coiffe (mitra) coiffure commune et négligée, la chaussure grossière, la tunique étroite et sur-tout les demi-manches (brachialia) annoncent une femme pauvre et de condition basse ou servile. La jeune femme assise, vêtue d'un habit bleu céleste et d'une tunique verte, avec des bracelets et une chaussure couleur d'or, le front couvert par le bandeau qui retient ses blondes tresses, sera Vénus, la Déesse de la Beauté; celle qu'on voit derrière elle, vêtue d'une draperie violette, sera sa compagne fidelle, Pitho ou Suada, Déesse de la Persuasion, qui attire et gagne tous les cœurs. L'un des Amours, entre les genoux de Vénus, jouit du bonheur parfait dans la contemplation de la beauté, c'est le charme de la possession; un autre que Penia tire de sa prison, tend les bras à Vénus prêt à s'élancer dans ceux de la Déesse, c'est l'ardeur du désir; le troisième, encore engourdi dans sa cage, commence à s'animer; il bat les ailes, et le besoin d'aimer et d'être heureux l'avertit de l'existence. C'est ainsi que l'ingénieux système de Platon (Voy. le Banquet) peut servir à expliquer cette peinture précieuse; mais comme ce sujet appartient aux Amours, quiconque reconnaît leur empire peut les consulter pour en pénétrer le mystère.
Hauteur, 1 P. 3 p°.—Largeur, 1 P. 7 p°. 5 lig.
(IX, t. III de l'Édition royale.)
Ce Cygne à bonnes fortunes est le grand Jupiter; la belle abusée n'est point Léda; ce cercle lumineux qui rayonne autour de sa tête annonce une divinité, c'est la déesse Némésis. Jupiter n'a pu vaincre sa sévérité, il a eu recours à la ruse. La tendre Vénus, sous la forme d'un aigle, a poursuivi cet oiseau craintif; la Déesse lui donne asyle dans ses bras; elle a quitté sa couche en désordre, et ce lit aux pieds dorés, recouvert de draperies, sera complice du sommeil perfide qui va la livrer, sans défense, à cet oiseau devenu trop audacieux. De cette surprise naîtra l'œuf merveilleux; Mercure le déposera dans le sein de Léda, et de cet œuf sortira la fameuse Hélène, dont l'épouse de Tindare ne sera que la nourrice.
On peut regarder les poètes comme les pères de la fable. Dans leur langage sublime, ils personnifiaient les passions, et la superstition du vulgaire se créait des Divinités à la place des images du discours. Cette fable (et c'est l'opinion de M. Visconti, fondée sur Pausanias) paraît avoir pris sa source dans les expressions de quelque ancien poète qui, pour exprimer l'enchaînement des malheurs dont la funeste beauté d'Hélène avait rempli la Grèce et l'Asie, avait dit que cette princesse était fille de Némésis ou de l'indignation des Dieux.
Hauteur, 2 P. 1 p°. 5 lig.—Largeur, 1 P. 6 p°. 7 lig.
(XI, t. III de l'Édition royale.)
Qui ne reconnaît pas les trois Grâces, n'est pas digne de leurs faveurs. Voici les trois sœurs de l'Amour, les compagnes inséparables de Vénus. De ces Divinités dérivent les bienfaits et la reconnaissance, commerce généreux qu'exprime leur union. (Seneca de Benef. I. 3). Ce sont elles qui font le charme de la beauté; par elles, la beauté plaît en voulant toujours plaire: heureuse condescendance qui rapporte incessamment de nouveaux tributs. «Eh! quelle chose peut jamais être agréable à l'homme sans les Grâces! elles embellissent tout; elles permettent les plaisirs et défendent les excès; amies de la paix, elles défendent sur-tout l'ivresse; elles caressent le sage qui leur sacrifie; elles se montrent nues, car toute Grâce rejette l'ornement». Autrefois elles allaient vêtues (Pausanias. IX. 35); l'Amour leur déroba leurs vêtemens pendant qu'elles étaient au bain (Anth. IV. 19. ép.. 24); mais la décence leur sert toujours de voile; elles sont en présence de Vénus, telles qu'on les voit ici. Ces filles aux belles tresses et toujours fleuries, forment un nœud indissoluble. (Hom. Pind. Hor.) Thalie, opposée aux regards, enchaîne ses deux sœurs, et ses deux sœurs, qui s'offrent de face, lui font un collier de leurs bras. (Pithœus V et. ép. ib. IV. Albricus. cap. V.). Ainsi, dans ce groupe enchanteur, l'œil embrasse la beauté sous tous les aspects. L'une des Grâces tient une pomme, les autres des rameaux et des fleurs: la pomme appartient à Vénus et aux Amours; les fleurs, les feuillages et les fruits sont donnés souvent aux Grâces dans les monumens, et peuvent faire allusion à leur ancienne signification. Elles n'étaient pas, dans la Mythologie primitive, différentes des Saisons. On ne comptait que trois Saisons dans les climats et dans les temps qui ont vu naître les fables; et ces filles de l'année sont, pour la terre et pour tous les vivans, les Ministres des Grâces du ciel.
Hauteur, 1 P. 7 p°.—Largeur, 1 P. 3 p°. 10 lig.
(XII, t. III de l'Édition royale.)
Cette peinture curieuse semble se rapporter l'aventure de Mercure avec la déesse Mania ou la nymphe Lara. Cette nymphe indiscrète révéla Junon les amours de Jupiter et de Juturne; le maître des Dieux la punit en lui arrachant la langue, et la confia à Mercure pour la conduire aux enfers. Le messager s'en rendit amoureux, et la séduisit en passant dans un bois; la nymphe devint mère des deux Lares. On reconnaît le divin messager à ses brodequins aîlés, aux deux aîles qui prennent naissance sur son front, comme on le voit dans plusieurs monumens antiques, et à la baguette qui désigne sa puissance sur les ombres. L'épée posée sur un rocher est aussi un attribut de ce Dieu; l'artiste s'est seulement écarté de la tradition, en ne la représentant pas de cette forme recourbée qui avait fait donner le nom de harpé à cette épée du fils de Maia. Les deux têtes couronnées de feuillages, dont l'une est sur la branche d'un arbre, et l'autre sur un pieu au-dessous des figures, sont, sans doute, encore relatives à une autre opinion religieuse; elles semblent représenter ces têtes feintes (oscilla) qu'Hercule fit substituer aux victimes en abolissant les sacrifices humains: ces signes se suspendaient aux arbres et sur des perches. La nymphe, parée d'un diadême d'or, d'un collier et de pendans formés de perles, s'appuie sur Mercure et semble l'écouter avec faveur; son attitude est pleine d'abandon et convient au repos qu'on cherche après une longue course; une draperie couleur de laque forme tout son vêtement; le Dieu la soulève et en rend la plus grande partie inutile. Le groupe est plein de grâce, et le site agreste et sauvage ajoute à la beauté de la composition.
Hauteur, 1 P. 8 p°. 5 lig.—Largeur, 1 P. 5 p°. 7 lig.
(XIII, t. III de l'Édition royale.)
Cette peinture dont le champ est bleu, représente une jeune et belle Femme vêtue d'une tunique longue de couleur changeante, et d'un manteau rouge qui voltige derrière elle; ses cheveux blonds sont relevés avec soin; ses bras sont parés de bracelets d'or; elle porte un arc détendu et une flêche ou plutôt un dard. Comme Diane, ou comme une nymphe de sa suite, on la voit l'épaule découverte, le sein et le bras nus. Ces habits longs, cependant, conviennent peu à une chasseresse. Diane, avec l'arc et les flêches, n'est pas toujours représentée dans l'appareil de la chasse; alors elle est armée pour punir les villes impies ou les femmes qui ont mérité sa colère: on pourrait rapporter cette idée l'intention du peintre; peut-être aussi ne doit-on voir, dans cette figure, qu'une nymphe, qui la Déesse a remis ses armes pour en prendre soin.
Hauteur, 1 P. 2 p°. 1 lig.—Largeur, 9 p°. 9 lig.
(XIV, t. III de l'Édition royale.)
Cette peinture fut l'une des premières découvertes qu'offrirent les fouilles de Résine; elle se trouvait détachée du mur. Sa grande antiquité et sa beauté la rendent également curieuse; il est regretter qu'elle soit endommagée en plusieurs endroits. Le sanglier, dont on ne voit que la hure et les pattes, peut faire soupçonner qu'elle a quelque rapport avec la fameuse chasse de Calydon, et principalement avec la guerre qui éclata entre les Curètes et les Étoliens pour ces glorieuses dépouilles. Méléagre, suivant le récit d'Homère (Ill. IX) faisait triompher les Étoliens; le héros, irrité des imprécations d'Althœa, sa mère, dont il avait tué les frères, s'obstina à ne plus combattre; les Étoliens vaincus implorèrent son secours: «leurs vieillards le priaient en supplians, et lui députaient les prêtres les plus révérés». Méléagre, après avoir résisté toutes les instances, se laissa toucher par les larmes de Cléopâtre, son épouse. Le vieillard debout, vêtu d'une draperie qui passe en écharpe sous le bras droit, ayant pour chaussure des semelles attachées avec de minces courroies, serait le député des Étoliens; la coiffure qui lui couvre la tête, peut désigner un prêtre; le bâton long, qui n'est autre chose que le sceptre antique, l'anneau qu'il porte un doigt de la main gauche, sont des marques de dignité. L'inclinaison de la tête dans celui-ci annonce un suppliant. Le vieillard assis, qui l'écoute avec intérêt, serait le roi Œnée, père de Méléagre; il s'appuie sur un sceptre; il a pour vêtement la chlamyde rejetée en arrière, selon le costume héroïque. La peinture dégradée ne permet point de distinguer l'action du jeune homme écoutant une belle femme largement drapée; c'est, sans doute, le prince, se laissant fléchir par Cléopâtre, son épouse. Le chien de chasse armé d'un collier à pointes acérées, la tête tournée vers lui, semble le désigner ingénieusement.
Hauteur, 2 P. 7 p°. 5 lig.—Largeur, 2 P. 2 p°. 3 lig.
(XV, t. III de l'Édition royale.)
Plusieurs Héros de l'antiquité se signalèrent par leur pudeur, et devinrent célèbres par les dangers auxquels la fureur d'une amante dédaignée les exposa. Bellerophon, insensible aux feux de l'épouse de Prœtus, Sténobée ou Antée, suivant Homère, fut accusé par elle, et vainquit la redoutable chimère qu'il eut à combattre. Pélée, le père du grand Achille, fameux par sa lance, respectant l'hospitalité, refusa de répondre aux voeux d'Astydamie, épouse d'Acaste, roi d'Iolchos; les Dieux l'armèrent contre les bêtes féroces, auxquelles il fut exposé, et la vertu fut encore sauvée. Mais le généreux Hippolyte, célébré chez les anciens par Euripide et Sénèque, chez nous, par notre Racine, exemple et victime de la vertu la plus pure, eut contre lui les fureurs d'une marâtre méprisée, d'un père irrité et d'un Dieu trop prompt à accomplir l'imprécation paternelle. C'est ce jeune Héros même qui nous paraît faire le sujet de la peinture antique. La détestable Œnone remplit son lâche ministère. Phèdre assise sur un trône d'un beau travail, avec un marche-pied, le front orné d'un bandeau richement brodé, paraît à demi-vêtue; elle ajuste sa tunique sur l'épaule gauche; son bras droit repose sur le dossier de son siége, recouvert d'une draperie bleue qui paraît être son manteau; elle détourne la tête, et laisse lire sur son visage l'attention, la honte et la colère. Le pudique Hippolyte, vêtu de la simple chlamyde héroïque qui retombe derrière les épaules, témoigne sa surprise et ses refus par le geste de la main droite; c'est ce noble maintien, ce front où
Brille de la vertu le sacré caractère.
Il porte la lance, arme célèbre des Héros. Un jeune écuyer, vêtu d'un habit succinct, paraît au-dehors tenant un cheval par la bride; ce qui fait allusion à la passion du fils de Thésée pour les coursiers et pour la chasse. La bride du cheval est telle qu'on la remarque dans la colonne Trajane, et semblable celle en usage de nos jours. Le poitrail est orné d'un croissant, peut-être formé de la dent d'un animal sauvage, suivant quelques auteurs, Le cheval porte une housse qui tenait lieu de selle aux anciens.
La seconde peinture (XVIII, t. III de l'Édit. roy.) représente une Néréide se jouant avec un taureau marin; ses cheveux sont arrangés avec soin et ornés d'une bandelette entrelacée de petites feuilles. Le mouvement du taureau est plein de pétulance; la nymphe l'embrasse et le regarde avec familiarité.
Sujet PRINCIPAL.—Hauteur, 2 P. 2 p°. 5 lig.—Largeur, 2 P. 7 p°.
(XVI, t. III de l'Édition royale.)
Cette peinture représente une Néréide portée par un cheval marin, qu'elle guide avec des rênes. Son manteau, enflé par le vent, est d'un rouge obscur, et fait briller la carnation délicate de son corps. Ce manteau, qu'elle retient avec grâce par un bout, rappelle l'image que Philostrate donne de Galatée (II Im. XVIII). La nymphe porte des cercles d'or aux poignets et au bas des jambes; ses cheveux blonds voltigent sur ses épaules, et le cordon des rênes vient former une croix sur sa poitrine: la souplesse de son corps répond parfaitement au mouvement de la course. La couleur du cheval marin est eau de mer: on appelait ces monstres Hippocampi, de leur désinence en queue de poisson Campa.
Hauteur, 1 P. 6 p°.—Largeur, 2 P. 2 p°. 4 lig.
(XVII, t. III de l'Édition royale.)
Ce monstre marin, couleur eau de mer, tacheté de marques rondes et obscures, peut s'appeler une panthère marine. La nymphe qu'il porte, mollement étendue sur sa croupe, .le dos nu et le sein voilé d'une draperie légère agitée par le vent. Ses cheveux blonds relevés en tresses, ses bracelets, ses pendans, formés de perles, annoncent le soin de la parure, Dans une attitude charmante, elle verse d'un vase d'or, dans une patère, une liqueur que le monstre lèche et savoure: sans-doute c'est la liqueur de Bacchus, agréable à la panthère qui lui est consacrée, et que la Néréide traite avec complaisance dans l'empire de Neptune: «Vous êtes les premières, dit Orphée aux filles de Nérée, qui avez enseigné les mystères augustes du divin Bacchus et de la chaste Proserpine»; mais en se rappelant qu'Ino, la tante et la nourrice de Bacchus, reçut l'immortalité parmi les filles de Nérée, on pourrait la reconnaître dans cette nymphe. Cette peinture, sur champ rouge ainsi que la précédente, lui servait de pendant, et fut trouvée avec elle dans les fouilles de Gragnano en 1760.
Hauteur, 1 P. 6 p°.—Largeur, 2 P. 2 p°. 4 lig.
(XXIII, t. III de l'Édition royale.)
Le costume de cette figure qui se montre demi-nue, ses cheveux ceints d'une couronne de lierre, et dont une partie retombe sur ses épaules, la lyre dont elle touche les cordes, pourraient faire reconnaître dans ce personnage, une de ces joueuses de cithare dissolues, qui étaient admises dans les festins. Sa pose droite et resserrée, l'ornement qu'elle porte sur la tête, ne démontrent, à parler raisonnablement, qu'une figure de décoration, une cariatide peinte à caprice. Cette observation semble ôter toute probabilité à l'opinion de ceux qui ont voulu reconnaître, dans cette Citharistria, une Sapho, ou une des Muses.
Hauteur, 1 P. 10 p°. 5 lig.—Larg. 1 P. 4 p°. 2 lig.
(XXIV, t. III de l'Édition royale.)
Ces deux figures semblent avoir quelque rapport entr'elles; toutes deux sont peintes sur un fond blanc. La première représente un jeune Homme n'ayant pour vêtemens qu'une tunique ronde, agraffée sur l'épaule droite, nommée par Apulée (Met. X) Ephebica; ses cheveux sont noués par derrière avec un ruban, et il tient un vase d'or de ses deux mains. L'autre jeune Homme, ayant un habillement semblable, porte d'une main une couronne d'or radiée; de l'autre un éventail formé de plumes, dont la baguette et les cercles qui la fixent sont couleur d'or: ces deux figures paraissent en mouvement, et rappellent les beaux enfans qui servaient dans les festins. L'éventail de plumes est décrit par plusieurs poètes: les plus riches étaient formés de plumes de paon (Prop. II, El. XVIII, 59.—Claud. in Eutr. I, 109); les mignons s'en servaient pour rafraîchir l'air autour de leurs maîtres. La couronne radiée était en usage dans les noces.
CHAQUE SUJET.—Hauteur, 1 P. 5 lig.—Largeur, 8 p°. 3 lig.
FIN DU SECOND VOLUME.