The Project Gutenberg eBook of Livre d'amours, auquel est relatee la grant amour et façon par laquelle Pamphille peut jouir de Galathee et le moyen qu'en fist la maquerelle This ebook is for the use of anyone anywhere in the United States and most other parts of the world at no cost and with almost no restrictions whatsoever. You may copy it, give it away or re-use it under the terms of the Project Gutenberg License included with this ebook or online at www.gutenberg.org. If you are not located in the United States, you will have to check the laws of the country where you are located before using this eBook. Title: Livre d'amours, auquel est relatee la grant amour et façon par laquelle Pamphille peut jouir de Galathee et le moyen qu'en fist la maquerelle Author: Anonymous Release date: June 26, 2009 [eBook #29251] Most recently updated: January 5, 2021 Language: French Credits: Produced by Laurent Vogel and the Online Distributed Proofreading Team at https://www.pgdp.net (This file was produced from images generously made available by the Bibliothèque nationale de France (BnF/Gallica) at http://gallica.bnf.fr) *** START OF THE PROJECT GUTENBERG EBOOK LIVRE D'AMOURS, AUQUEL EST RELATEE LA GRANT AMOUR ET FAÇON PAR LAQUELLE PAMPHILLE PEUT JOUIR DE GALATHEE ET LE MOYEN QU'EN FIST LA MAQUERELLE *** Produced by Laurent Vogel and the Online Distributed Proofreading Team at https://www.pgdp.net (This file was produced from images generously made available by the Bibliothèque nationale de France (BnF/Gallica) at http://gallica.bnf.fr) Livre d'amours: ouquel est relatee La grant amour: et façon par laquelle Pamphille peut: jouyr de galathee Et le moyen: qu'en fist la maquerelle Le dieu d'amours qui par amour loial Voulut aymer du monde la plus belle Tant par amours que son palais royal Prendre voulut et eslire avec elle Par sa bonté infinie eternelle Acroisse bruit au puissant roy de france Charles huittiesme pour lequel en substance De pamphille et galathee saige Traicté d'amours j'ay les faitz a plaisance Pour passer temps car sans quelque doubtance Siege d'amours gist en noble couraige Qui aime bien n'est jamais desloyal Mais doulx bening et gracieux a celle Qu'il veult aimer sans penser a nul mal La vraye amour doit tousjours estre telle Qui veult aymer dame ou damoiselle De pamphille maintienne l'ordonnance Et compasse ses faitz par attrempance Sans se monstrer instabile et vollaige Soit doulx parlant en termes d'ellegance Si trouvera comme en toute naissance Siege d'amours gist en noble couraige Les haultz princes ont a pié et cheval Servi amours et tenu leur querelle Joustes faisant par tout amont aval Tournes plaisans a la mode nouvelle Mais pamphille par une maquerelle L'assault gaigna: sans frapper a oultrance Sans se tuer et sans rompre la lance Galathee sumist en son servaige Et si monstra que venus par puissance Luy secourut et qu'en telle aliance Siege d'amour gist en noble couraige Prince puissant mon chief mon asseurance Mon seul escu et ma seulle esperance Prenez a gré ce trespetit ouvraige Cest passe temps une resjouyssance Et si voit on dedans que en ceste dance Siege d'amours gist en noble couraige Comme pamphille amoureux de galathee commence ses complaintes de tant qu'il ayme et ne l'ose declairer et dit [V]ulneror et clausum porto sub pectore tellum Crescit et assidue plaga dolorque michi D'ung glaive agu suis vulneré Et porte dessoubz ma poitrine Le glaive qui m'a vulneré Duquel n'ose monstrer le signe La playe croist et ne decline Point la douleur en moy enclose Tel est batu qui plourer ne ose Et ferientis adhuc non audeo dicere nomen. J'ay sus une mon cueur assis Je ne sçay se g'y perviendray Mais se une fois en grace suis Je feray ce que je vouldray C'est hault lieu mais g'y pretendray Si voit on ce que je doy craindre A trop embrasser pou estraindre Je ne sçay s'elle m'ayme ou non Mais je croy qu'elle m'aimera Et si n'ose dire son nom Par moy point on ne le sçaura Je pense que elle accordera A moy/ mais en tel differance Moult remaint de ce que fol pense Nec sunt aspectus/ plaga videre suos Ma plaie croist en toutes pars Et ne veult pas tant seulement Laisser qu'on voye ses regars Pour me donner guarissement Mais encore finablement Se je parvien a mon entente Je n'y pers que la longue attente Unde futura meis majora pericula dampnis Pourtant donc que je n'ose dire Ma douleur je suis en doubtance Que l'ung dangier l'aultre ne tire Et que je n'en aye habundance J'ay de mon salut esperance J'espoir reconfort a mon dueil Mais ung mal jamais ne vient seul Spero salutis opem nec medicina dabit. L'esperance que j'ay d'avoir Salut me donne aulcun confort Mais si fault il faire debvoir Au residu c'est du plusfort Espoir est mon seul reconfort Touteffois disent les subtilz Qu'esperance paist les chetifz Les considerations que pamphille fait devant que aler parler a galathee et les moyens qu'il doit tenir et dit Quam prius ipse viam meliorem carpere possum Quelle voye doy je donc prendre Pour la meilleure a parvenir A ce lieu ou je vueil pretendre Je ne sçay quel chemin tenir Car bien y vouldroye venir Par bon moyen se je sçavoye Mais dangier est tousjours par voye Heu michi quid faciam non bene certus eo Helas doncques que doy je faire Je craing dangier le mal parlant Mon tresgrant ennemy contraire Qu'il ne me rencontre en alant En montant ou en devallant Se je y voys c'est en ceste doubte Mal asseur va qui ne voit goute Conqueror est que mee justissima causa querelle Cum sit consilii copia nulla michi Pourtant doncques je me complains A parmoy car en ma querelle J'ay tresjuste cause de plains Quant il n'y a celluy ne celle Qui de conseil une estincelle Me presente/ ou ayt presenté Plainte n'est pas cry de santé Sed quia multa nocent opus est michi querere multa Mais pourtant qu'en telle entreprinse Plusieurs choses peuent encourir Qui seroyent cause de reprise Plusieurs moyens doy enquerir Et le plus utille querir Par art secret se ainsi peult estre Souvent ayde l'art a son maistre Si mea plaga suos denudet in ordine vultus Quis sit et unde venit armaque quis posint S'il fault que je quiere advocas Pour leur dire par ordonnance Toute ma douleur et mon cas Qui elle est dont vient sa naissance Qui cause aussi ma douleance Je craingz conseillers desloyaulx Tel se dit amy qui est faulx Perdet et ipsa sue fortassis spem medicine Spes reficit donum fallit et ipsa suum. Ainsi donc se la congnoissance De ma plaie je determine Perdre je pourray l'esperance Que j'ay d'en avoir medicine Or est esperance si fine Que son seigneur souvent repaist Et le deçoit quant il luy plaist Si tegat ex toto faciem motusque doloris Et nunquam querat plaga salutis opem. D'aultre part s'il fault que je cueuvre Du tout ma face et ma couleur Sans que aulcunement je descueuvre Les mouvemens de ma douleur Sans querir moyen de valeur Pour avoir aidance du mire Je fais doubte qu'il ne me empire Forsitan evenient pejora prioribus istis. Et me continget protinus inde mori Par trop secret mon cas tenir En grant continuation Il me pourroit: pire venir Que devant en conclusion Tellement par succession De temps que mourir en pourroye Doubter doit qui a double voie Estimo monstrari melius nam conditus ignis Defficit et subito perditur ipse calor Toutesfois a la verité Le mieulx comme je puis entendre Est que mon mal manifesté Soit a quelque ung sans plus attendre Car le feu condict en la cendre Par trop estre couvert perit Souvent cueur ploure et bouche rit Ergo loquar veneri/ venus est mors/ vitaque nostra. Ducunturque suis omnia consiliis Pourtant parleray je a venus Des amans princesse et amye A qui nous sommes tous tenus C'est nostre mort et nostre vie C'est celle qui tout seigneurie Duyt et conseille toute chose Mon mal fault que je luy expose. Comme Pamphillus salue la deesse venus et l'incite d'ouyr ses prieres. [U]nica spes vite nostre venus inclita salve Que facis imperio cuncta subire tuo Salut a toy venus haulte princesse Nostre salut nostre espoir nostre adresse Qui tous humains peulz regir et conduire Tu peulz par droit comme dame et maistresse Tout gouverner et par ta grant noblesse Toutes choses submettre a ton empire. Le seul espoir tu es de nostre vie Et des plus grans requiers estre servie Comme droit est car tu es souveraine Throsne d'honneur de beaulté la fontaine Medecine des povres langoreux Et pour ce cas chascun jour de sepmaine Salut te doit tout loyal amoureux. Quam timet alta ducum seruitque potentia regum. Supplicibus votis tu pia parce meis Tu es celle chastellaine une fois Que sert et craint la puissance des roys Des ducz aussi qui te rendent hommaige Les plus vaillans a tout leurs grans arrois Comme je voy clerement et congnois Par chascun jour viennent a ton seruaige Tu es celle qui sans quelque rigueur Les ostes hors de peine et de langueur Si vien a toy pour faire mon devoir Te suppliant que vueilles recevoir Les simples veux qu'il fault que je te face. Car pour certain je puis veoir et sçavoir Si n'est par toy que je n'auray point grace Ne sis dura michi precibus que resistere noli Ne me soyes point de dure maniere Ne resister a ma simple priere Vueilles aussi en ma necessité Esperance j'ay en toy singuliere Fay donc cella qu'il fault que je requiere Pouoir en as et seulle auctorité Tu le me peulz doulcement accorder Pas grans choses ne te vien demander Sed fac quod posco non ego magna peto Dixi non magna misero michi magna videntur. Sed tamen ista dare non tibi difficile est Non pas grandes quant au regart de toy Mais tresgrandes quant au regart de moy Qui suis dolent langoureux et debille Pour mon salut a toy recourir doy Car ce donner ne t'est point difficille Anno dic tantum jam jamque beatus habebor Et sic evenient prospera cuncta michi Dy seullement pamphille je te octroie Tes demandes et je croy fermement Que plus joyeulx n'y a que je seroye Et bien euré dessoubz le firmament Par ton octroy viendront prospereement Tous mes desirs comme dire te voys Et desclarer du tout mon pensement Plaise toy donc a escouter ma voix Comme pamphille descript devant venus la beaulté de celle dont il estoit amoureux et les causes qui le retardent de parler a elle. [E]st mihi vicina vellem non esse puella Si non subveniat gratia vestra michi. Nam solet ammoto plus ledere proximus ignis Sed si vota feret lederet ipsa minus Dame j'ay une voysine La plus plaisante poupine Qui soit pour une pucelle Ainsi comme je ymagine Se ta grace ne se incline A me mettre en grace d'elle Je vouldroie tant soit belle Que jamais n'en fust nouvelle Car tant plus on se reculle Du feu et moins on se brusle Par quoy quant elle seroit Si loing de moy qu'elle ne auroit Mes regars en façon nulle Sa beaulté ne me nuyroit Est in vicinis formosior omnibus illa. Aut me fallit amor omnibus aut superest Hec mea trajascit certis precordia tellis Que nunc inde quero vi removere mea Entre toutes autres pucelles Je croy que la plus belle soit C'est la fleur de toutes les belles Ou je dy que amours me deçoit Si tost que mon oeil apperçoit Son doulx maintien sa belle face Tout a travers de mon cueur passe Ung feu d'amours dont bruslé suys Voulentiers a force l'ostasse Mais par mon ame je ne puys Vulneris inde nude crescit dolor omnibus horis. Mutaturque color vis que calor que meus. Hoc nulli dixit nec que michi vulnera fecit Nullaque causa fuit dicere que metuit De jour en jour croist ma douleur Et d'heure en heure multiplie Qui me destruit chaleur couleur Et me trouble la fantasie La peine qui me contrarie A personne n'ay revellee De peur de honte et villennie J'ayme mieulx la tenir cellee Dicitur et fateor me melioribus orta est. Hinc igitur metuo dicere velle meum Elle est doulce moriginee Plaisante gratieuse saige Et de plus noble ligne nee Que moy je congnois son lignaige Par quoy descouvrir mon couraige Je doubte car ainsi qu'on dit Ung franc voulloir transist de raige Quant il fault qu'il soit escondit. Fertur et est verum quod me scit ditior illa Et decus et dotes copia sepe rogat Nec michi sunt dotes decus ingens copia grandis. Sed quo habere queo quero labore meo On dit et aussi je confesse Qu'elle a plus que moy de richesse C'est une chose veritable Or requiert noblesse noblesse Et avoir avoir ce me blesse Car je ne suys que ung povre diable Qui n'ay richesse ne avoir Et ne sçay moyen d'en avoir Fors du labeur que je puis faire C'est ung des poings qui me fait taire Car honneur et richesse aussi Demandent avoir grant douaire Et je ne puys fournir cecy Cum vero sit dives cujusdem nata bubulci. Eligit e nulle quemlibet illa virum Son pere a de beufz si grant somme Qu'il peut pour donner a sa fille Eslire et choisir ung homme Le mieulx a son gré entre mille C'est le plus riche de la ville Conclusion par quoy je doubte Que au long d'elle ne me reboute Par povreté a ce besoing J'ay bien cause de faire doubte De peur d'estre jetté au loing Concipit ingentes animos fiducia forme In que modum dominum non sunt esse suum. Toutesfois sont de ardeur esprins Mes membres pour sa grant beaulté Mais tout regarde et comprins Dire n'ose ma voulenté Fiance de formosité Souvent conçoit les grans couraiges Et voit on a la verité En estre atrappez les plus saiges Has de corde meo tamptem demere curas Sepius obstanti tunc magis arsit amor Toutes ces curiositez J'ay essayé hors mon cueur mettre Par prendre autres felicités Mais amour ne l'a peu permettre Ains tant que possible peut estre La ou je me ay voulu contraindre Le feu d'amours a fait acroistre Et jamais ne l'ay peu estaindre. Comme pamphille en maniere de epillogue reitere ses prieres et se plaint de venus qui ne luy respont point. En mala nostra vides et nostra pericula nosti Unde precor precibus mitis adesto meis Ainsi venus tu vois les sommes De noz maulx et perilz mortelz En quoy a toute heure nous sommes Se par toy n'en sommes ostés Par quoy je requiers tes bontés Que tu soyes doulce et benigne Aux veux qui te sont presentés Par moy qui devant toy me incline. Non michi respondes non dictis porrigis aures Non tua clara meum/ lumina lumen habent Venus tu ne me respons point Ne prestes l'oreille a mes ditz Je ne sçay se tu me escondis Ce me viendroit trop mal apoint D'autre part je regarde ung point C'est que tes loyaulx yeulx seullement Sus moy qui suis si mal en point Tourner ne veux aucunement. Aut tu tolle tuas nostre de corde sagittas. Aut tu sceva tuis/ vulnera pasce modis. Au moins se noz greves douleurs Rapaiser ne veulx et guarir Oste tes saiettes de noz cueurs Sans si asprement nous ferir Ou par moyen nous secourir Sans faire plaies si cruelles Car assez seroit pour mourir Se tu ne metz mesure en elles Quis posset tanti curam tollerare laboris Que domino flenti premia nulla daret. Qui esse qui pourra porter De si tresgrant labeur la cure Se tu ne le veulx supporter Et conforter en sa laidure Bien est la cure forte et dure Qui son seigneur par desconfort Seuffre souspirer et endure Sans luy donner aucun confort. Justo precando tibi mihi nam dolor anxius instat Assiduas que preces concipit ipse dolor Justes choses je te supplie Tu ne me dois point escondire Et si fault que je multiplie Mes prieres et te les dire Par plusieurs foys/ car le martire Que j'ay nuyt et jour me contraint Faisant doubte qu'il ne me empire Car tant plus gelle plus estraint. Quant pamphille eut parlé Devant venus en lamentant En demandant grace et mercy Des douleurs dont il avoit tant. Venus en le resconfortant Parla et dist ce qui ensuyt Que pamphille fust escoutant Doulcement sans faire grant bruit. Comme venus deesse d'amours parle a pamphille et luy enseigne les moyens pour jouyr de ses amours [N]unc venus hec inquit labor improbus omnia vincit. Quolibet et poteris ipse labore frui. O pamphille j'ay ouy tes clamours Ce dist venus la deesse d'amours Tes complaintes et lamentations Et diz que a moy seulle tu as recours Pour te donner allegence et secours En tes grandes et dures passions Tu dis avoir pené et labeuré Et des douleurs grandement enduré Mais il te fault encor en endurer Et cent fois plus que jamais labeurer Car par labeur sans aucune doubtance Vaincre pourras et de toy procurer Toutes choses ou tu as esperance Et monstrare tuos animos nulli verearis. Vix erit mille que neget una tibi Ne doubte/ soit a femme ou fille Dire et monstrer ta fantasie Car a grant peine une entre mille Tu trouveras qui te denie Que voulentiers ne soit ta mye Et pour tant sans estre paoureux Ta voulenté ne celle mie A celle dont es amoureux Quamque precando petes prius aspera forte negabit Venales sensus improbus emptor habet. Peut estre de commencement Que ung peu aspre se monstrera Mais prie tousjours doulcement Car en la fin se moderera Et ton parler escoutera Se tu es doulcement preschant Finablement tienne sera Rien n'eschappe a ung bon marchant Non mare transsisset pavidus si nauta fuisset Turgida cum primum restitit unda rati Se tu es loyal amoureux Ne crains point a demander grace Ung marinier qui est paoureux A bien grant peine la mer passe Quant il voit le vent qui dechasse Les vagues en mer rudement Et l'eaue qui l'une fois est basse L'autre grande soudainement. Ergo tuis primum si non favet illa loquelis Arte vel officio fac tamen ut faveat. Et pour tant si de prime face Elle ne obeist a ton dit Ne cuyde pas qu'elle te chasse Et ne te tien point escondit Mais par art saige et bien conduit Par obedience et service Que lui feras ainsi qu'il duyt Pourchasse tant qu'elle obeisse. Comme venus monstre a pamphille que toutes choses se font par art ou service agreable. Ars animos frangit et firmas dirruit urbes Arte cadunt turres arte levatur onus Art froisse les fermes couraiges Art abat les fermes cités Par art chaient les fors ouvraiges Tours chasteaux en hault lieu boutez Par art aussi sont haulz montez Les grans fais et pesans fardeaux Enfin art fait toutes bontés Art aussi fait faire tous maulx Et piscis liquidis deprenditur arte sub undis Et pedibus siccis per mare transit homo Par art dedans caves courans Est prins le poisson a la rayz Par art sont dessus l'eaue courans Les hommes a pié sec par quoy Pamphille considere en toy Que devant que avoir gallathee Et la convertir a ta loy Il fault que par art soit temptee Rebus et in multis ars adjuvat officiumque. Pauper sepe suo pascitur officio Tu vois ung povre loricart Par artifficiel office Devenir ung riche pinarc Et acquerir grant benefice Il n'est rien que avoir on ne puisse Par art ou service agreable En effait rien n'est plus propice En amours que estre serviable. Et quamvis juxta sedatur principis ira. Servat et illesum/ corpus opesque reus On voit souvent que le coulpable Rabat l'ire de son seigneur Combien qu'elle soit equitable Par avoir blessé son honneur Et si garde de deshonneur Ses richesses et de dommaige Son corps qui est le point greigneur Par art subtil et façon saige Et gaudet locuplex qui flere solebat egenus Et modo vaditur eques qui solet ire pedes On voit le riche en grant liesse Mener joye et felicité Qui par deffaulte de richesse Soulloit plourer en povreté Cellui aussi qui a esté Mille fois a pié par les champs Par art estre a cheval monté Art a fait mille bons marchans Quod donare sibi minime potuere parentes hoc excersenti jam dabit officium Se serviable tu te rens Envers elle/ elle te aymera Et ce que donner tes parens Ne pourroient/ te donnera Quant continuer te voirra A service lui presenter Trop fort orgueilleuse sera Se tu ne la faiz contenter Officium que tuum primum si forte recuses Tu servire tamen este paratus ei Se ton service elle reffuse Depremier que a elle viendras Ne te chaille ce n'est que ruse Point a desdaing ne le prendras Par ce point tu l'entretendras En amour tant qu'en fin finalle A ton entente parviendras Et te aymera d'amour loyalle Hiis poteris superare minas causantis amice Fiet amica tibi que prius hostis erat Par les moyens que je t'ay dis Toutes les rigueurs de t'amye Se saigement tu te conduys Suppereras n'en doubtes mye Et sera je te certiffie Enfin de toy fort amoureuse Celle qui te estoit ennemie Au devant se fort rigoreuse. Comme venus enseigne pamphille faire jeux et dire plaisantes parolles devant gallathee et frequenter les lieux ou elle frequente. In quibus esse solet loca sepius ipsa frequenta Sine potes pulchris pascere pasce jocis Il te fault aussi mettre entente A souvent les lieux frequenter Ou voulentiers elle frequente Et ou elle hante hanter Devant elle rire chanter Et la repaistre de beaux jeux Dire beaux motz doulx caqueter Et tenir termes gratieux Gaudia semper amat et ludi verba juventus Et juvenum mentes hec in amore movent Tousjours joyes ayme jeunesse Et parolles de jeu aussi Amours ne veullent que liesse Point n'y fault parler de soucy Mais de tout jeu car par cecy Et tenir termes beaux et gentz Souvent se mettent a mercy Les pensees des jeunes gens Nec non semper ei letis te ultibus offer Est cum letitia pulchrior omnis homo D'abiz te convient acoustrer Le plus mignot que tu pourras Et devant elle te monstrer Joyeux ou tu la trouveras Car plus beau tu luy sembleras De luy monstrer joyeuse face Jamais beaulté en toy n'auras S'il fault que tristesse te chasse Nec nimium taceas nec verba superflua dicas Despicit et nimio sepe puella virum De tenir trop grant gravité En langaige te dois garder Aussi en superfluyté De parolles trop habonder Car la pucelle a regarder L'homme trop pensant et songart De l'aimer se peut retarder Et ne l'appelle que busart. Exitat et nutrit/ facundia dulcis amorem. Multotiens animos mitigat illa feros La chose qui plus en ce monde Excite et nourrist amours C'est doulce et plaisante faconde Sans avoir langaige a rebours Tousjours beau parler est en cours Et si voit on les haultz couraiges Estre moderez tous les jours Et convaincus par beaux langaiges Si locus est illi jocundis vocibus insta Quod vix sperasti jam dabit illa tibi Apres agreable service Receu pour le commencement Se elle se treuve en lieu propice Dy luy quelque mot hardiement En amours tout secretement Car par adventure que adoncques Auras d'elle courtoisement Cella que avoir tu ne peuz oncques. Non scivit interdum pudor illi promere votum. Sed quod habere cupit hoc magis illa vocat Il te fault entendre que honte Ne seuffre pas aucuneffois Une pucelle tenir conte De ce qu'elle ayme touteffois Se elle trouvoit bien a son choys Lieu propice elle accorderoit La chose que souventeffois Au paravant neyee auroit. Pulchrius esse putat vi perdere virginitatem. Quam dicat de me fac modo velle tuum. A parler a la verité Pucelle croit chose plus belle Perdre a force virginité Et se tenir ung peu rebelle Que de dire a l'homme que de elle Il face a sa voulenté Jamais on ne a une pucelle Sans aucune difficulté. Hoc nimium caveas ne sit tibi circa supellex. Nesciat esse tuum pauperiam que tuam. Sus toutes choses garde bien D'avoir mauvais habillement Se tu es povre n'en dy rien A elle principallement Et si garde totallement De luy dire ta residence Ou elle puisse aucunement Savoir se tu as indigence Exiguo pulchram ducit solertia vitam Jocundo que suas ore tegit lachrimas Le saige maine vie honneste De si petit qu'il peut avoir Sans que son estat magnifeste Qu'il n'est ja mestier de sçavoir Se tu veulx faire ton devoir Garde toy de dire nulle heure Que tu as souffrance d'avoir Souvent bouche ryt que cueur pleure Quod non esses simulare potes dictis habitu que. Maxima sors parvo contigit ingenio A celle fin de mieulx attaindre Et venir a fin de ton fait Aucuneffois tu peulz bien faindre Estre tel que n'es pas de fait Le dit et l'abit en effect Aucuneffois aydent a l'homme Et apparaist estre parfait Tel qu'il ne vault pas qu'on le nomme Plurima mundus habet sua que vicinia nescit. De quibus apta sibi plura referre potest. Le monde a plusieurs povretés De quoy son voysin ne sçait rien Tel a de grans necessités Qui dit qu'il est tout plain de bien Pour ce pamphille garde bien De dire que soies souffreteux Mais dy plus tost que tout est tien Ou tu n'es point vray amoureux. Crede quod interdum multis mendatia prosunt. Et quandoque nocet omnia vera loqui Croy pamphille que bien mentir Aucuneffois est treslicite Il ne s'en fault point repentir On voit que a plusieurs il proffite Verité aussi estre dicte A toute heure n'est pas louable En une amoureuse poursuyte Mentir est souvent convenable. Comme venus admonneste pamphille de estre gratieux et habandonné aux serviteurs de la maison la ou il veult estre amoureux. Et famulos famulas que dominus sibi sepe loquentes Allice colloquus muneribus que tuis Aux serviteurs et serviteures De celle que tu aimeras Monstrer te fault a toutes heures Begnin quant a eulx parleras Par les dons que tu leur feras Et beau parler a ta mignonne Cent fois recommandé seras Et diront bien de ta personne. Ut semper referant de te bona verba vicissim Et pascant dominam laudibus usque tuis. Je te exorte estre habandonné Aux servans sans les escondire Car si tu leur as rien donné A leur maistresse le yront dire Et ta grant largesse descrire Tes vertus et grans preminence Si qu'en la fin sans contredire Elle aura en toy confidence. Dum dubio dubias mentes in pectore versat An faciat vel non nesciat velle tuum. Plusieurs doubtes elle fera Premierement que se accordez Et plusieurs fois reffusera Devant qu'en puisses aborder. Mais se tu sçaiz beau demander En la fin tu en jouyras Pourtant pense de recorder Les beaulx motz que tu luy diras Tunc illam multo certamine sepe fatiga Ut cicius possis victor amore frui Pour te cuyder rendre confus De grans raisons alleguera En tenant termes de refus Mais a l'heure que ce sera Reprouve ce qu'elle dira Par belles raisons sophistiques En quoy elle s'abusera Se sagement tu les applicques Pellitur huc animus hominum vel pellitur illuc Sepe labore brevi dum manet in dubio. Doubter ne doibz aulcunement Car le vouloir d'homme doutable Change propos incessamment Comme inconstant et variable Mais il te fault estre immuable Ferme constant en ung propos Et pourchasser comme notable Ta proye sans avoir repos Et placeat nobis interpres semper utriusque Quod caute referat hoc quod uterque cupit Je ne sçay se tu es constant A tenir nostre enseignement Ainsi que dit est et pourtant Nous qui tenon le jugement Des amans jugeron comment Tu qui es en fleur de jeunesse Auras pourchassé vaillamment Au regart de nostre vieillesse Des operations aux jeunes Doivent jugier les anciens Car par leurs oeuvres anciennes De droit ilz sont praticiens Et tous les utilles moyens Du train d'amours ilz sçayvent bien Pourtant disent les plus sciens Qu'il n'est trace que de viel chien Emula nam juvenum dijudicat acta senectus Et simul hos prohibet litigiosa loqui Quant les jeunes sont en debat Et en parler litigieux Leur ire rappaise et rafait Souvent la doctrine des vieulx Et leur deffent user entre eulx De parolles litigeuses Mais avoir termes gracieux Et en parolles amoureuses Incipe spe melius dedit et dabit omnia tempus. Non timor ullus erit in quibus esse times. Pource pamphille hardiement Commence par bonne esperance A ton joyeulx commencement Faire ne doibz quelque doubtance Le temps te donra asseurance Et ou tu craingz qu'elle repugne De vouloir faire a ta plaisance Tu ne trouveras crainte aucune Non tibi plus dicam vinces studiosus amicam Inceptum que viis mille patebit opus. Plus ne t'en dy ne te diray Mais se tu es bien studieux Tu vaincras car je t'aideray Mais il te fault estre soingneux Car par nulles voyes et lieux L'oeuvre de ton inception Apparoistra de mieulx en mieulx Pour venir a perfection Comme pamphille dit que par le conseil de venus il ne luy est point amendé Ains que sa douleur est aussi grande ou plus que devant [I]ncolumis leviter egro solatia prebet Nec minus infirmus sentit adesse malum On dit que ung sain legierement Au malade donne soulas Bien est legiere voirement L'ayde que me donne en mon cas Venus: car je me sens plus las Ou autant que devant estoye Je puys bien dire dieux helas Je croy que jamais n'auray joye Consilio veneris michi non dolor alleviatur Sed meus in tristi pectore versat amor. Le conseil de dame venus Ne m'a point la douleur ostee De qui mes membres sont tenus Ains croy qu'elle soit augmentee Et pour l'amour de galathee Que j'ay cloz dedens ma poitrine Incessantement tourmentee Du feu d'amour qui point ne fine Hactenus auxilii mihi spes fuit omnia nulla Spes modo discessit et manet ipse dolor Maintenant esperance avoye En venus que totallement Par elle conforté seroye Mais je ne apperçoy nullement Que j'aye aulcun allegement Esperance s'est separee De moy/ et m'est entierement Toute la douleur demouree Non miser evadam me nauta reliquit in undis Et portum quero nec reperire queo. Point ne esvaderay ce dangier Car le marinier me delaisse Es eaux ou je ne puis nagier C'est venus la haulte deesse Ou je cuydoye avoir adresse En ma douleur et reconfort Mais il fault bien que je congnoisse Que j'ay cherchié sans trouver port Sed modo quid faciam mea spes modo spectat ad illam Illi me noviter convenit ire loqui Maintenant que feray je doncques Plus d'esperance n'ay en elle Plus esbahy que ne fuz oncques Je suis: pour neant je l'appelle Aler me fault parler a celle Pour qui ceste douleur me tient Helas la gracieuse et belle Voycy ou vers moy elle vient Comme pamphille en appercevant galathee qui vient vers luy se esbahit tellement qu'il ne sçait quel propoz tenir vers elle tant se treuve entreprins et dit Quam formosa deus nudis venit illa capillis Quantus inesset ei nunc locus inde loqui Qu'elle est belle beau sire dieu Doulce gracieuse et honneste La voycy venir en ce lieu En beaux cheveulx toute nue teste Quel lieu pour faire ma requeste Luy seroit maintenant propice Qui de faire estoit toute preste Je ne sçay ou faire la puisse Sed subito quanti michi nunc venere timores Nec mea mens mecum nec mea verba manent Je ne sçay dont ces craintes viennent Qui me ont feru soubdainement Et de luy declairer me tiennent Ce qui gist en mon pensement Plus n'ay sens ne entendement Toutes mes parolles se changent Ma pensee pareillement Et mes espris de moy se estrangent Nec michi sunt vires tripidantque manus que pedes que Actonio nullus congruus est hatubis J'ay toute ma force perdue Mes piez tremblent incessemment Tout aussi tost que je l'ay veue A commencé leur tremblement Des mains aussi semblablement Et n'est habitude congrue De luy aler dire comment Elle me a la force tollue Mentis in affectu sibi dicere plura pavi Sed timor excussit dicere que volui. Au devant que je la trouvasse Plusieurs choses pensé avoye Qu'il failloit que luy declairasse Et que declairer luy pensoye Mais je ne sçay par quelle voye Crainte m'est venu attraper Tant que de tout ce que vouloye Ung mot ne sçauroit eschapper Non sum qui fueram vix me cognoscere possum Non bene vox sequitur sed tamen inde loquor Plus ne suis cil que j'ay esté A peine je me recongnois Puis que mon esperit me est osté Je voys et ne sçay ou je vois Si fault il parler touteffois Mon esperit n'a point de repoz Je le congnois bien a ma voix Qui ne peult suyvre mon propoz Comme pamphille salue galathee Et est si surprins et esmeu qu'il ne tient comme point de propoz Ulterius ville mea neptis mille salutes Per me mandavit officium que tibi Hec te cognoscit dictis et nomine tantum Sed te si locus est ipsa videre cupit Belle gracieuse et plaisante J'ay en ceste ville une tante Qui fort se recommande a toy Et si te mande depar moy Qu'elle est toute tienne servante De te congnoistre elle se vante De dict et de nom seulement Mais de te voir est desirante Se possible est aulcunement Illic me voluere unde retinere parentes. De quibus electis villa redundat ibi. La me ont bien voulu retenir Les parens d'une belle et gente Mais il m'en a faillu venir Car j'avoye ailleurs mon entente Ilz me ont offert douaire et rente Avecques la doulce pucelle Des aultres choses plus de trente Qu'il n'est ja mestier qu'on revelle Hii michi cum umma spondebant dote puellam. Pluraque: que non est cura referre modo. Toute leur offre entierement Refusee ay par ordonnance Sans y donner consentement Car en toy seule ay prins plaisance Et n'y a au monde chevance Argent contant ne or en masse Que pour avoir la jouyssance De ton amour ne refusasse Omnia postposui tu mihi sola placuisti Respuere pro te quicquid in orbe manet Belle ne te vueille desplaire Je ne parle qu'en m'esbatant J'aymeroye mieulx a moy taire Que de toy desplaire et pourtant Soit ton bon plaisir consentant A me ouyr parler en ce lieu Ainsi que amoureux combatant Mais ce que je dy n'est que jeu Ludendo loquimur loquitur sic sepe juventus Verbula ficta jocis jurgia nulla movent. Jeunesse parle voulentiers D'amours il est bon a sçavoir Entre les saiges et entiers Jeu honneste est a recepvoir Et si ne doivent point mouvoir Parolles de jeu nul debat Quant on peult bien appercevoir Qu'on ne les dit que par esbat Sed modo dicamus cordis secreta vicissim Dicta que preter nos nesciat alter homo Mais pourtant belle qu'il me semble Que voycy lieu assez decent Que nous pouons parler ensemble Se vostre plaisir se y consent Car le monde est de nous absent Oultre je ne desire point Rien dire qui soit indecent Et qui blasme touche ung seul point Demus et inde fidem fieri sic postea dicam Primitus incepi/ primitus inde loquar Nos modo concordes debemus vera fateri Gratior in mundo te michi nulla manet Mais devant que nous nous metton A rien dire plus amplement L'ung a l'aultre foy prometton De tout garder secretement Touteffois au commencement Je parleray c'est la rayson Car j'ay parlé premierement Et ay commencé le blason Comme pamphille dit a galathee qu'il l'aime et l'espace du temps qu'il l'a aymee sans luy dire [N]os modo concordes debemus vera fateri Gratior in mundo te michi nulla manet Maintenant nous sommes d'accord Il ne reste que recorder Chascun son faict/ c'est du plus fort Pour voir se pourrons acorder Gallathee sans me bourder Saches que ta doulce faconde Plus m'est plaisante a regarder Que toutes les choses du monde Ut te dilexi jam te pertransiit annus Nostra nec ausus eram vota referre tibi. Il y a ja ung an passé Que je t'aime d'amour certaine Et ay couru et tracassé Pour te voir par mainte sepmaine Mais craignant reproche vilaine Jamais dire la cruaulté Ne osay ne la douleur et peine Que j'avoye pour ta beaulté Tempore non longuo loquitur sapientia surdo Nos que diu frustra non decet inde loqui Je te dy mon vouloir en court Il n'y fault point de long languaige Tenir long procés a ung sourt N'est point maniere d'homme saige Je te desclaire mon couraige Mais se tu veulx faire la sourde Je pers mon temps et mon ouvrage Qui me seroit chose bien lourde Te constanter amo modo plus tibi dicere nolo. Donec tu dices quid placet inde tibi Je te aime tres constantement Maintenant plus ne t'en vueil dire Tant que tu diras plainement Pamphille que veulx tu beau sire Je ne te vueil point escondire Adoncques je me enhardiray Et la grant douleur et martire Que j'ay chascun jour te diray Comme galathee respont a pamphile et luy dit que plusieurs pucelles ont esté deceues par le doulx parler des amoureux [S]ic multi multas multo temptamine fallunt. Pamphille tu me diz aymer Mais ce ne sont que parabolles Beau parler jurer affermer En amours ne sont que frivolles Plusieurs par leurs doulces parolles Et temptation mise en voye Ont deceu plusieurs jeunes folles Comme moy se je te creoye Sic multas fallit ingeniosus amor Je sçay bien que tous amoureux Sont subtilz en temptation Puis amour est ingenieux De sa propre condition Parquoy en la deception D'amours sont souvent attrappés Ceulx qui par adulation De beau language sont frappés Infamare tuo sermone vel arte putasti. Quam falli nostro non dece ingenio Je sçay bien et me tiens asseur Que tu croys mon entendement Changier par art et par doulceur De ton amoureux parlement Mais pamphille croy fermement Que par l'art que tu peulz sçavoir Il ne apartient aulcunement Que je me laisse decepvoir Quere tuis alias in cestis moribus aptas. Quas tua falsa fides et dolus infatuet Va pourchasser aultre que moy A tes folles meurs convenables Car je ne vueil ouyr de toy Quelques regretz ou fainctes fables Tes juremens sont decepvables En tel cas ta foy n'y vault rien Pourtant va querir tes semblables Aultres que moy tu feras bien La responce de pamphille contre ce que galathee a cy devant dit et argue que les bons ne doivent point estre pugnis pour les maulvais et dit Et sic impediunt justos peccata malorum Hic nocet alterius non mea culpa michi. Ha ha galathee je regarde Que tu prens excusation Et aux oeuvres des mauvais garde/ Pour me donner objection Bien voy que l'operation Et la coulpe d'aultruy me nuyt Les maulvais sont occasion De tollir aux justes leur fruyt Sed tamen ascultet me gratia vestra benigne Et liceat domine dicere pauca mee. Mais galathee nonobstant Je vous prie que prenez espace De reposer en me escoutant Ung peu de vostre bonne grace Sans que je die ne que face Chose en quoy soit trouvé blasme Si non qu'on me donne l'audace De parler ung peu a ma dame Inde deum celi testorum quoque numina terre Non loquor ista tibi fraude vel ingenio Galathee donne moy lieu De te dire ma voulenté Du ciel je tesmoigne le dieu Et de terre la deité Que par quelque infidelité Mal engin ou abusement Ne sera par moy recité Quelque petit mot seulement Nec manet in mundo modo te michi gratior ulla. Carnis et nullum mens animusque videt J'ay dit qu'il n'y a celle au monde Qui tant me plaise que tu fais Je le dy pour la fois seconde Ainsi que j'ay dy une fois Tant chierement je voy tes fais Que cueur voulenté et couraige Et tous mes espris sont refais Quant je voy ton biau personnaige Sed loquor inde casum tua mens puerilis et etas. Quid nocet aut prodest noscere nescit adhuc Mais je parle a toy vainement Car trop es encor jeune et tendre Pour congnoistre si promptement Le bien a quoy je vueil pretendre Ton aage ne peult pas comprendre Tant est encor jeune et petite Si ce que je te donne entendre Porte dommaige ou s'il profite Junior antiqua quamvis sit acutior etas Nam cum multa senes plura vident Touteffois jeunesse est habille Pour plus ung cas tost concepvoir Que vieillesse qui est debille Combien qu'elle ait plus de sçavoir On peult souvent apparcevoir Que les jeunes ingenieulx Peuent la congnoissance avoir De plus de choses que les vieulx Et quamuis juvenis fac ut cognoscere possis Quis sim que mea res quisve meus sit amor. Combien doncques que jeune soyes Montre toy antique en prudance Et que tu congnoisses et voyes La fin ou parvenir je pense Et que par certaine science Me congnoisse et qui je suis L'amour aussi grande et immense Dont je te ayme tant que je puis Cunctarum rerum prudentia ducitur usu. Usus et ars docuit quod sapit omnis amor De toutes choses par usaige Peult on la verité congnoistre Pourtant le proverbe du saige Nous dit que l'usaige rent maistre Tout ce qui en amour peult estre Est sceu par usaige et par art Pourtant la belle tu dois mettre A me congnoistre ton regart Ire venire loqui nec non dare verba vicissim Esse simul tantum deprecor vt liceat. Aler venir secretement Parler ensemble honnestement N'est point cause de vilennie Et pourtant belle je te prie Que ce permettes seulement Estre pouons licitement Ensemble amoureurement Sans estre reprins car m'amie Aler venir secretement Parler ensemble honnestement N'est point cause de vilennie Non nisi colloquio cognoscimus intima cordis. Ipsa referre potes quid placet inde tibi Du dedans du cueur clerement La congnoissance proprement Premier par parolle est baillie Pource dy moy je te supplie Qu'il t'en plaist/ car certainement Aler venir secretement Parler ensemble honnestement N'est point cause de vilennie Et pourtant belle je te prie Que ce permettes seulement Comme galathee acorde a pamphile escouter ce que il vouldra dire qui est la premiere cause de sa deception [I]re venire loqui tibi nec cuiquam prohibebo. Quisquis ubique vias ire viator habet Aller et parler ne pourroye A toy ne a aultres deffendre Car chascun viateur peult prendre Ainsi que bon luy semble voye Tu ditz que trop rude seroye Se ton parler ne vueil entendre Aler et parler ne pourroye A toy ne a aultre deffendre Quant mille fois j'escouteroye La fin a quoy tu veulx pretendre Si ne me ferois tu pas rendre A ton plaisir mais chose vraye Aler et parler ne pourroye A toy ne a aultre deffendre Car chascun viateur peut prendre Ainsi que bon luy semble voye Convenit est et honor ut det responsa patenti. Et quoscunque videt queque puella nocet Chose convenable et decente Est a toute jeune pucelle Sans que a mal faire se consente De parler quant on parle a elle De respondre quant on l'appelle Voulentiers: chascun saluer Sans se monstrer fiere et rebelle On ne la peult redarguer Hoc concedo satis tibi tu vel quilibet alter Ut veniat salvo semper honore meo Pource pamphille je concede Que toy ou aultre parle a moy Fors que le parler ne procede Que en honneur: car d'aultre ou de toy Le parler escouter ne doy Se je apperçoy que en deshonneur Vueille touchier je ne sçay quoy Mais assés en termes de honneur A stultare licet et reddere verba puellis Convenit ista tamen ut moderanter agant Chose licite est escouter Et rendre responce aux pucelles Touteffois ilz doyvent doubter Qu'on ne touche point l'honneur d'elles Par moyen en parolles belles Respondre a ce qu'on parlera Car porteurs de faulces nouvelles Sont prestz d'ouyr ce que on dira Verbula si dederis ludendo verbula reddam Sed si forte nocent hec tibi non patiar. Pource pamphille en t'esbatant Se tu ditz parolles plaisantes Je rendray autant pour autant Toutes parolles esbatantes Mais se tu dictz choses nuysantes Jamais ne te le permettroye Se ce sont parolles cuisantes Pour rien ne les escouteroye Nos simul esse petis solos simul esse recuso Quere locum publicum non tibi sola loquar Que soyons seul a seul ensemble Tu demandes: certainement Ce n'est pas honneur ce me semble Mieulx vault parler publiquement Qu'il ne fait solitairement Dont il peult venir villennie Se faire le veulx aultrement Point ne te presteray l'ouye Nam loca sola nocent infamia nascitur inde Par ce pamphille se tu veulx Que devant tous en general Ensemble nous parlon nous deux Je l'offre de cueur liberal Car le monde est si desloial S'il voit gens ensemble parler Que plustost y pense le mal Que le bien pour le flajoller Tutius inde loqaar plebe videntur tibi Et pource quant les gens seront Presens qui de joyeuseté Ensemble parler nous verront Je parleray plus a seurté Car je sçay qu'en communité Tousjours y a quelque envieux Et a grande difficulté On se peult garder de tant de yeulx Comme pamphille remercye galathee de ce qu'elle lui permet parler a elle puys en fin lui demande ung baiser faignant n'oser ce faire. [N]on michi parva modo sed munera magna dedisti. Nempe michi tantum sufficit alloquium Gallathee ma doulce amye Humblement je te remercye De ce que m'as habandonné Tu ne m'as pas icy donné Peu de chose par courtoisie Seullement me prester l'ouye En quoy soit ma parolle ouye Je suys haultement gardonné Gallathee ma doulce amye Humblement je te remercie De ce que m'as habandonné Du demeurant ne me soucye Puis que parler en compaignie Je puys dieu me y a amené Jamais ne fuz mieulx assigné Pour faire mon oeuvre acomplye Gallathee ma doulce amye Humblement je te remercie De ce que m'as habandonné Tu ne m'as pas icy donné Peu de chose par courtoisie Hiis meritis dignas nequeo tibi reddere grates. Equari meritis non valet hoc meritum. Je ne puis graces assés dignes Te rendre a si grant merite Trop grandement a moy te inclines Louenge n'est assez licite Qui devant toy puisse estre dicte Pour ce merite equaliser Ma bouche seroit trop petite Pour suffisamment le priser Sed fortassis adhuc venient tempus que dies que Quo se monstrabit si quis amicus erit. Mais par adventure le temps Et les jours viendront qu'on voirra S'il vient ainsi comme je entens Qui est vray amy et sera Qui est amy se monstrera Ung jour qui vient ce ay je esperance Et que chascun dire pourra J'ay prins amours a ma plaisance. Nec tibi displiceat non audeo dicere plura Quamvis te peterem pauca libenter adhuc. Jamais ne fuz si a mon aise Que je le suys c'est chose vraye Gallathee ne te desplaise J'ay cella que je demandoie Plus rien demander n'oseroie Combien qu'il y ait quelque chose Que voulentiers demanderoie Elle est petite mais je n'ose Nos alternatim complexus basia tactus Ut dare possimus cum locus affuerit Si me le fault il exposer C'est s'il te plaisoit de ta grace Que l'ung l'autre peussions baiser Quant temps nous viendroit et espace Car de baiser ta doulce face Et accoller ton beau corps gent Me seroit trop plus grande grace Que avoir l'or du monde et l'argent Comme gallathee accorde que pamphille la baise et accolle seullement et pour couvrir son cas luy deffent que autre chose ne luy demande Quamvis illicitum complexus nutrit amorem Et fallunt dominam basia sepe suam. Combien que le baiser nourrisse Amour illicite et infame Et qu'il soit fontaine de vice Et de vitupere a sa dame Touteffois sans penser a blasme Pamphille se lieu vient apoint Je cuyde bien que je suis femme De ne vous escondire point Hoc patiar solum sed tu nichil amplius addas Nam cuiquam sine te talia non paterer. Pour ung baiser tant seullement Contente suys de l'accorder Fors que ce soit secretement Qu'on ne nous puisse regarder Mais garde de plus demander Car jamais ne me accorderoie Que autre me venist aborder Pour baiser je ne daigneroie Sed modo de templo venient uterque parentes. Est michi ne causer convenit ire domum A dieu te dy car je contemple Que tantost mon pere et ma mere Sont prestz de revenir du temple Je m'en voys je crains vitupere Car s'il advenoit que mon pere Fust arrivé a la maison Il me batroit c'est chose clere Je m'en vois il en est saison. Tempora sat veniant pariter quibus ambo loquimur Et memor alterius quisque sit interea Icy trop longuement je attens Je m'en voys il m'en fault aller Mais il viendra assés de temps Que pourrons ensemble parler Entrebaiser et accoller Comme dit est mais nonobstant Vueille soy tousjours recoller Chascun l'ung de l'autre entretant. Comme pamphille apres le depart de gallathee loue son beau commencement et fait plusieurs considerations pour la perfection de son oeuvre. Letior in toto me non est nec fuit orbe Figitur in rippis anchora nostra suis Or doy je bien dieu mercier Et fortune pareillement Je ne me doy point soucyer J'ay fait ung beau commencement Je croy que soubz le firmament N'y ayt plus joyeux que je suys Puys que une fois dire je puys Que j'ay ataché a son port Mon ancre est fichie sus le bort A peine pourroit eschapper Oncques més si grant resconfort En mon cueur ne se vint frapper Me subito nimium deus et fortuna beavit Nam dives redeo qui miser ante fui Or me ont bien tost dieu et fortune Fait venir a heure opportune Pour mes requestes obtenir Je croy qu'il n'est personne aucune Dessoubz le siecle de la lune Qui mieulx y eust sceu parvenir Bien en haste suys devenu Riche qui povre suis venu Et m'en retourne maintenant Bieneureux je suys obtenant Mon desir qui en grant tristesse Naguaires estoie en venant Et je m'en revois en liesse Illius et frustra quod sim memor illa rogavit Quam te mente mea nec labor excuteret Helas c'estoit bien pour nyant Qu'elle m'a prié que je fusse D'elle memor/ il m'en souvient Plus que dire peu ne luy eusse Car il n'est labeur que je peusse En tout ce monde icy porter Par lequel bonnement je sceusse Hors de mon couraige l'oster Non mecum sentit nec ut desidero noscit Sum velut ipse sui sit memor illa mei Mais la povre fille ne sçait Pas la grant amour de nature Dont je l'aime ne ne conçoit Pas le mal que pour elle endure Qui sans termination dure Si prie dieu qu'elle soit de moy Aussi souvenante en droicture Comme je le serai de soy Pluribus expedior et adhuc me plura cohercent. De quibus ipse meum nescio consilium. J'ay essayé plusieurs moyens Ains que venir en consequence Si que des plus conveniens J'ay trouvee l'experience Mais il y a grant difference Les ungs des autres sont meilleurs Et pourtant m'en fault il plusieurs Que jamais querir et trouver Pour essayer et esprouver Se a bonne fin je perviendray Mais a la verité prouver Je ne sçay quel train je tiendray. Si studiosus eam verbis que iocis que frequentes Auferet assuetas garrula fama vias S'il fault que je soye studieux A faire plaisances et jeux Devant elle on en parlera Et y aura quelque envieux Qui me trouvera sus les lieux Souvent et en murmurera Par ce point la elle pourra Encontre moy se courroucer Et a tout amour renoncer Si suys esbahi que je face Et ne sçay quel chemin penser Pour tousjours maintenir sa grace Firmet amiciciam si nulla frequentia nostram Non bene firmus adhuc forsan alibit amor D'autre part s'il fault que je laisse A luy monstrer signe d'amer Je faiz doubte qu'elle ne cesse Sans voulloir le fait confermer Bien aise est a deffermer L'ancre qui ne tient comme point Et comme je puis estimer De noz amours est en ce point Perpetuo crescit: lignis crescentibus ignis Detrahe ligna foco protinus ignis abest Tant plus on met au feu de bois Tant plus croist c'est chose congneue Mais ostez le bois une fois Le feu a sa force perdue Amour aussi se continue Par longue frequentation Pareillement se diminue Par absence et dillation. Solicitus tantis curis tantis que periculis Detrahor in quantis nescio mente modis Ainsi donc en sollicitant Si grans dangiers et adventures Des passions je seuffre tant Que jamais n'en fut de si dures Je voy cent mille conjectures Opposites aux deux cartiers L'une fois il me semblent seures L'autre je y treuve des dangiers Hac in re nullam: modo cerno prosperitatem. Non habet et tutum mens mea consilium Pour ceste cause en ceste chose Plaine de grant difficulté Je ne juge point ne suppose Qu'il y ait de prosperité Et en ceste duplicité Ma pensee ne peut trouver Bon conseil de securité Pour mieulx a son port arriver Obstat et interdum satis. fortuna virorum Propositum que suo: non scivit esse loco Aussi fortune la diverse Souventeffois les destinees Des hommes varie et renverse Et ne peuent estre menees Ou les dieux les ont ordonnees Car fortune sans nul repos Par ses malices obstinees Chascun jour change leur propos Sic multis nocuit multos tamen illa beavit Vivit in hoc mundo taliter omnis homo. Aussi en divers changemens Elle a aux ungs esté grevable Leur a donné de grans tourmens Aux autres a esté aydable En son fait n'y a rien estable Mais vella en quoy je me fonde Que soubz fortune variable Tout homme est vivant en ce monde Comme pamphille prie dieu qu'il luy vueille supporter son labeur et dit qu'il n'y a en ce monde confidence que en soy mesme et en dieu. Providet et tribuit deus et labor omnia nobis. Proficit absque deo nullus in orbe labor Parfaictement croire devon Que dieu avec labeur nous donne Toute chose que nous avon En ce monde soit malle ou bonne Dieu a son appetit ordonne Et le labeur en aucun lieu Ne peut proffiter a personne Si ce n'est par l'ayde de dieu Sit deus ergo mei custos/ rector que laboris Omne guberent opus/ propositum que meum Pourtant je pry dieu humblement Que mon oeuvre vueille tenir En si bon propoz tellement Que a bonne fin puisse venir Vueille moy tousjours subvenir Et estre de mes faiz recteur Les garder conduyre et tenir En bon estat le createur. Non meus interpres fiunt frater que nepos que Nam nullus leviter invenit unde fidem En tel cas j'ay ma confidence En dieu seul non pas a mon frere Car souvent y a diffidence De pere a filz de filz a pere Par tant pour fouyr vitupere Il n'y a frere ne nepveu Il n'y a ne pere ne mere Qui de mon estat ayt rien veu Jura fidem que nepos nescit servare nepoti. Nec frater fratri/ cum furor ille venit Maintenant n'y a point de foy Entre frere et frere on le voit Maintenant chascun est pour soy Et souvent l'ung l'autre deçoit En plusieurs lieux on l'apperçoit Que ung frere a l'autre dit injure Ou quelque opprobre s'il le sçait Pour une petite murmure. Causa pusilla nocet: sapiens nocentia vitat. Ergo nos aliam convenit ira viam. Peu de cause pour ce nuysance Le saige voulentiers evite Choses nuysantes a puissance Qui viennent de cause petite Pourtant esse chose licite De proceder qu'on ne nous voye Secretement car la mauldicte Envie est tousjours par voye. Comme pamphille propose de aller veoir une vieille de la ville et en faire sa courtiere d'amours. Hic prope degit avus subtillis et ingeniosa. Artibus et veneris apta ministra satis. Je sçay bien que assez pres d'icy Est une vieille maleureuse Laquelle vit en grant soucy Et en povreté douloreuse Mais subtille et ingenieuse Fine mauvaise et cautelleuse Pour servir aux ars de luxure C'est le mieulx que je me adventure De luy aller dire mon cas Elle m'y vauldra deux advocas Car elle a ce mestier aprins Tout consideré et comprins Je ne puys mieulx en cest office Commettre sans estre reprins Pour me faire utille service Postpositis curis ad eam vestigia tandam Et sibi consilium notificabo meum Toutes cures mises arriere Je la feray d'amours courtiere Et me yray adresser a elle C'est une droicte messaigere Une maistresse langaigere Pour attrapper une pucelle En elle seulle me fieray Mon conseil luy notiffieray En la requerant humblement Que employer son entendement Veille ainsi qu'il appartiendra Pour moy et que de son payement A chose qui soit ne tiendra Comme pamphille salue la vieille et la persuade de louenges avant que luy dire son cas Fama tue laudis nullum que tue bonitatis Causaque/ miserunt me tibi consilii Belle mere je vien a toy Pour les grans louenges de quoy On te loue en ceste cité J'ay aucunes choses en moy Pour qui avoir recours je doy A toy seulle pour la bonté Sagesse foy et loyaulté De qui tout le monde te fame En la cité plus que autre femme C'est ce qui devers toy me amaine Car je sçay que tu es certaine Juste secrete et honnourable Autant ou plus que femme humaine Pourtant soyes moy secourable Que loquor ascultet pietas et gratia vestra Alter et assensu nescit absque meo. Si te prie par amitié Que escoutes ce que vueil dire Et ayes de moy pitié Car la douleur et martire Que nuyt et jour mon cueur tire Est si grant que dire n'ose Si fault il que te l'expose Mais je te prie humblement Qu'on n'en saiche aucune chose Tenon l'ay secretement Diligo vicinam tibi/ quam noscis galatheam Ipsa suis dictis me nisi fallor amat J'ay une voisine prochaine Que j'aime d'amour souveraine Gallathee tu la congnois Je suys chascun jour de sepmaine Pour elle en douleur et en peine Tu le peulz entendre a ma voix Elle m'aime bien touteffois Veu cella que j'ay apperceu Ou par ses dictz je suys deceu Tu la congnois et peuz sçavoir Se femme est pour me decevoir Si te pry dy m'en verité Et vrayement je feray devoir De payer a ta voulenté Non loquor ut vellem nam mille pericula vtto. Quicquid in orbe nocet solicitus timeo Plus emplement Mon pensement Te diroye Et mon tourment Totallement Monstreroye Se je osoye Mais par voye Sont les dangiers incessamment Je crains ce que ja ne vouldroie Voir et aussi que je ne voie Ce que je crains totallement Ex minimo crescit sed non cito fama quiescit. Quamvis mentitur crescit eundo tamen. Il ne fault que ung peu de fumee Pour acroistre la renommee De la personne ou luy tollir Or est gallathee famee De tout le monde et renommee Je crains a vers elle faillir Car je luy pourroye abollir Plus tost son bon nom que hausser Car ceulx qui veullent mal penser Donnent plus tost le mal entendre Pour la renommee abaisser D'autruy que la voulloir deffendre. Parva nocent miseris miseros mala multa secuntur Res que laborque michi spe manet in dubia Petites choses sont nuysables Aux miserables. Le vireton aux maleureux Mille maulx et choses grevables Sont doubtables Et suyvantes les douloureux Donc pour eulx Suys paoureux Et peine qui m'est angoisseuse Tient mes besongnes en tous lieux En esperance dubieuse Tu mala nostra vides tua vox erit inter utrunque Deprecor ut nostrum crimen eundo tegas Bonne mere tu vois noz maulx Je ne t'en vueil plus exposer Tu sçaiz que c'est de telz travaux Que nous souffrons sans reposer Plaise toy donc interposer Ta voix entre moy et la belle Tant que puisses tourner vers elle Ma voye et mon appointement Mais je te pry rien n'en revelle Tien nostre cas secretement. Comme la faulse vieille respont a pamphille que plus grant que luy aime gallathee qui ne la peut avoir et que si n'est par le moyen d'elle a peine on l'aura et ce fait pour avoir des dons Alter amat quod amas: et quod petis hoc petit alter Sed tamen assensum non habet inde meum. Pamphille tu es amoureux De celle que autre ayme que toy Vous demandez avoir tous deux Ce que ung seul n'aura que par moy Tu es fort feru je le voy De gallathee la joyeuse Je ne sçay s'elle est amoureuse De toy mais je suys fort en doubte Que non car a peine se boute En amour d'aucun parsonnaige Et si ne croy point somme toute Qu'elle ayt en homme son couraige Est nimis ille probus et honesta conjuge dignus Sed michi displicuit quod dare disposuit Ung autre que toy l'aime bien Qui me pria que son moyen Envers elle je pourchassasse Mais en effait il n'y fist rien Car il n'est pas homme de bien Assez pour avoir ceste grace Cent foys me pria que j'allasse Voir se la trouveroye a point Mais il me desplaisoit d'ung point C'estoit de faire grant promesse De donner tresors et richesse A elle assez mais de ma part Qui devoye faire l'adresse Il n'avoit que ung peu de regart Promisit veteres cum pellicio michi pelles Sit sibi velle meum munus ademit opus. Bien appert que villain estoit Quant pour faire ceste façon Tant seullement me promettoit Je ne sçay quel vieil pelliçon J'entendy bien ceste leçon Autant que femme de la ville Et qu'il me reputtoit bien ville De villain don me presenter En effait oncques si abille Il ne fut d'en sçavoir gouster. Si datur ad tempus dat et affert commoda munus Jus leges que suo destruit imperio. Je suis assés saige et entens Que quant on donne a la personne Cella qu'on donne c'est a temps Car c'est raison qu'on le guerdonne Le don que aucuneffois on donne Peut porter proffit ou dommaige Et n'est loy ne droit ne usaige Sus quoy le don par son empire Ne ayt preference et avantaige Et qu'il ne les puisse destruire Quam petis ut credo per me nisi nullus habebit. Nam nimis imperio subjacet illa meo. J'ay des necessités bien grandes Chascun le voit visiblement Mais la celle que tu demandes Homme n'aura aucunement Si non par mon consentement Car plus que a femme de ce monde Elle est a mon commandement C'est la raison ou je me fonde Insuper ipsa sui sum dux et conscia facti Et facit illa meis viam consiliis En oultre plus je suis compaigne Et conducteure de son fait Tout cella que je luy enseigne Sans contredit elle le fait Et si ne fait rien en effait Que par mon conseil et doctrine Et si me ayme de cueur parfait Plus qu'elle ne fait autre voysine Non loquar ipsa diu tibi/ nam me previt altera cura. Carpat quisque vias et sibi querat opem. A toy je ne parleray plus Longuement j'ay ailleurs affaire Et face chascun au surplus Cella qu'il voirra bon de faire Ainsi qu'il luy est necessaire Chascun sçait sa necessité A dieu ne te vueille desplaire Pamphille dieu te doint santé. Comme pamphille apperçoit bien que la vielle ne luy veult point faire son moyen s'il ne marchande a elle et veult sçavoir combien Hoc mihi perstat opus nec me previt altera cura. Hanc michi si dederis omnia prestiteris Tu dis avoir a besoingnier Ailleurs que icy et aultre part Mais s'il te plaisoit de soignier A mon fait et avoir regart La ou je pense tost et tart Sans aultre cure ne soucy Tu me donroyes par ton art Tous les biens de ce monde icy Convenit externos mercari sepe labores Emptus et ut capiat premia digna labor. Toute peine requiert salaire Je le congnois c'est verité Point ne vueil aler au contraire Et pourtant de necessité Et mieulx tenir fidelité De marchander et convenir Marchié fait en bonne equité Sans difference doit tenir Nulla partem tuum frustabor crede laborem. Nunc quibus indigeo si michi provideas. De ce dont je suis indigent S'il fault que par toy pourveu soye J'ay des biens de l'or de l'argent N'espargne ne or ne monnoye Ne doubte que je ne te paye Sans te frustrer car c'est raison Et que je ne mette en ta voye Tout ce qui est en ma maison Deprecor hoc unum me credis dic inde nullum Et quodcunque mihi dixeris ipse dabo. Mais je te pry dy moy combien De moy tu demandes avoir Pour me vouloir faire ce bien S'il te plaist je le vueil sçavoir Ce que vouldras de mon avoir Dy moy je le te donneray Voulentiers sans te decepvoir Mais dy moy ce que je payeray Comme la vieille dit qu'elle ne veult point de attente en ce marchié Mais avant que commencer ouvraige voir de quoy sans promesse [P]lura volunt et plura petunt quibus instat egestas. Plusieurs choses avoir vouldroyent Ceulx qui sont en mandicité Que voulentiers demanderoyent S'ilz sçavoient sans faulceté Qu'on ne feist point difficulté D'oubtemperer a leur demande Mais te dire ma povreté Je n'ose car elle est trop grande Quantis indigeo tanta referre pudet. De dire honteuse seroye Toutes mes miserabletés Car au vray parler ne pourroye Dire toutes mes povretés Car j'ay tant de necessités Qu'il n'y a se croy creature Es quattre prochaines cités Qui tant que je fais en endure Divitias multas habui dum floruit etas Commoda nulla facit ars que labor que meus. Tant que j'ay fleury en jeunesse J'ay eu des biens par habondance Chascun prenoit en moy plaisance Et me venoit toute richesse Present me tourne a grant tristesse De estre povre car sans doubtance Tant que j'ay fleury en jeunesse J'ay eu des biens par habondance Mon art maintenant en vieillesse Ne me donne point de substance Mon labeur me laisse en souffrance Et touteffois comme princesse Tant que j'ay fleury en jeunesse J'ay eu des biens par habondance Chascun prenoit en moy plaisance Et me venoit toute richesse Si modo nostra tibi prodesse juvamina sentis. Deprecor ut pateat hinc michi nostra manus Pource pamphille se tu sens Que te puisse estre profitable Et ayder comme je consens Monstre toy large et honnorable Monstre dequoy soyes veritable Je te prie baille content Car ung tien/ est si agreable Qu'il n'y a rien au monde tant Comme pamphille luy donne de premier une quantité d'argent sans regarder combien a celle fin qu'elle voise faire son pont vers galathee. Hinc tibi nostra manus et cetera nostra patebunt. Sic que sub imperio copia nostra tuo. Tien vela de commencement A celle fin que il te apparesse Et que congnoisse clerement Que ung vray amant aime largesse Mais aussi monstre toy maistresse De faire cest appointement Tous noz biens et nostre richesse Seront a ton commendement Multum grata michi modo nos concordia junxit. Pactaque sollicitet inter utrumque fides Moult m'est ce concord agreable Et que je te puis contenter Aussi monstre toy serviable Et va mon cas soliciter Se tu peulz une fois traicter L'appointement d'elle et de moy Je pourrai dire sans doubter Que tu seras femme de foy Hinc precor vigilet solercia nostra labor que Et ratione sua rem bene provideant Pourtant je te pry que tu veilles Si convenablement que en vain Et pour neant ne te travailles Et que ton labeur ne soit vain Tu sçais que pour faire bon pain Le bon fournier ou la fourniere Regarde a faire bon levain Faire dois en ceste maniere Principium finem que simul prudentia spectet Rerum finis habet crimen et omne decus. Tu sçais que prudence regarde La fin et le commencement Et pourtant je te pry pren garde A besongnier prudentement Car la fin et consonnement De toutes choses par honneur Se bien viennent pareillement Se mal viennent le deshonneur Verbi principium fidem quoque respice verbi. Ut melius possis premeditata loqui La fin de ce que vouldras dire Et le commencement aussi Regarde pour le mieulx eslire Avant que tu partes d'icy Tu le dois faire par ainsi De parvenir a ton attente Tu n'auraz que ung peu de soucy Car tu portes parler sans crainte Comme la vieille voit galathee assise a la porte de son pere et faignant la vieille de ne la veoir point se va mettre au pres d'elle et apar soy parler et dire des biens de pamphille Si que la fille le peult ouyr Hac manet in villa nimium formosa juventus. Crescit et in cunctis moribus ipsa bonis. Dieu qu'il demeure en ceste ville Ung filz plain de belle jeunesse Gracieulx doulx honneste habille C'est des jouvenceaux la noblesse Heure n'est au jour qu'il ne croisse En vertus et en bonnes meurs C'est une parfaicte liesse De le voir entre les greigneurs Non fuit in nostro melior nec dulcior evo Suscipit ipse meam tam bene pauperiam. Je suis vieille mais en mon aage Je n'oy parler du semblable Doulx courtois gracieux et saige Compacient et amiable Que je l'ay trouvé pitoyable De l'heure que a luy suis venue Et de vouloir tant honnorable Il a ma povreté receue Precellit cunctos omni bonitate coevos. Pamphilus et socios laudibus exuperat Il precelle en toute bonté Ceulx de son aage et en beaulté Pamphille porte l'excellence De doulceur et de loyaulté Sans aulcune desloiaulté Il a sus tous la preference C'est l'honneur de ses compaignons C'est la fleur des gentilz mignons C'est des humains le plus humain C'est des aultres le souverain Ses vertus sont inestimables En son fait n'y a rien villain Mais toutes choses honnorables Est stulto stultus est miti mitis ut agnus Stultitie sapiens jure resistit homo. Il fait le fol avec les folz Et le saige avecques les saiges Il fait le doulx avec les doulx Plus que ung aigneau en tous ouvrages En luy n'y a que doulx languaiges Jamais ne partit de sa bouche Parolle d'aultres personnaiges Qui tant soit peu deshonneur touche Non manet ac tante pubes probitatis in urbe Quas acquirit opes non vorat ingluvies En ceste cité pour ceste heure A bien pamphille regarder Je ne sache point qu'il demeure Si digne enfant de collauder Prudent a saigement garder Ses biens qu'il acquiert largement Sans les despendre a gourmender Ou les dissiper folement Est nimis ille probus bona nam fuit ejus origo Arbore de dulci dulcia poma cadunt. Il est de fort bonne nature Et aussi naturellement Il est de bonne geniture Qui est ung beau commencement D'ung arbre doulx communement Chayent pommes doulces et bonnes Le bon enfant semblablement Engendre de justes personnes Premonstrat signis prolem natura frequenter. Sepe solet similis filius esse patri On congnoist coustumierement Par les oeuvres que ung enfant fait Quel fut de luy l'engendrement Et s'il y eut aulcun forfait Car souvent en dit ou en fait Le filz est semblable a son pere Mais pamphille monstre en effait Que engendré fut sans vitupere Comme apres ce que la vieille a dictes toutes ces louenges de pamphille elle se tourne vers galathee en faisant une admiration et faindre ne l'avoir point veue En juxta portam video stantem galatheam Queque locuta fui forsitan audierit. Comment dieux voicy galathee Aupres de ceste porte assise D'elle j'ay esté escoutee A ceste heure je m'en advise Au fort en ce que je devise De pamphille le triumphant Avoir ne puis quelque reprise Car c'est ung gracieulx enfant Hic non esse modo galatheam certe putabam. sed tamen ipsa nimis/ vera locuta fui Galathee certainement Pas icy je ne te cuydoye Si pres de moy presentement Que de pamphille je parloye Touteffois ce que j'en disoye Aussi vray est que l'evangille Et bref dire je ne sçauroye Toutes les vertus de pamphille Pamphilus ac certe cunctos precellit in urbe Egregie vitam providet ille suas En toutes vertus et bonté Il precelle certainement Tous les ceulx de ceste cité Tant est de beau gouvernement Il se pourvoie noblement Sans faire aulcune vilennie Bref c'est ung resjouissement Que contempler sa belle vie Illi semper honor et laus et gloria crescit Et merito nullus invidet inde sibi Tousjours luy croist honneur et gloire Non sans cause c'est bien raison Toute la cite fait memoire Du grant honneur de sa maison Qui de richesses a foison Est plantureusement fournie Et ne donne quelque achoison Qu'on doive avoir sur luy envie Est nimium locuplex et non tamen inde superbit Illius et nullum copia crimen habet. Il a richesses a planté Et n'en est point plus orgueilleux Mais tousjours en humilité Se monstre doulx et gracieulx Son fait n'est en rien vicieux Mais a tout le monde agreable Je ne croy pas que soubz les cieulx Peult estre trouvé le semblable Esset vt ipse tuus vellem galatea maritus Hanc eandem velles rem bene si saperes. Galathee ma gente fille Plust a dieu et la belle dame Que ce beau gracieulx pamphille Fust ton mari et toy sa femme Car je cuide et croy sus mon ame Se bien son estat congnoissoies Et comme chascun le reclame Toy mesmes le desireroyes Velle meum dixi sed non tamen ille rogavit. Vos simul esse meum judicat arbitrium J'ay dit que vous fussiez ensemble Mariez beaucop je desire Grant prouffit seroit ce me semble Nompas qu'il le me face dire Je ne te vouldroye pas nuyre Galathee tu le sçais bien Mais plus que a fille de l'empire Je desireroye ton bien Et genus et probitat et forma decens utriusque Mecum concendunt vos simul esse duos. Je arbitre que le mariage De vous deux seroit convenable Car la preudommie et lignaige De tous deux est assés semblable Oultre plus la forme honnorable De voz corps gracieulx et gens Monstre ceste chose traictable Autant que fut onc de deux gens Nostra modo vacuis deducimus ocia verbis. Res tamen interdum grandia parva movet E minima magnus scintilla nascitur ignis Et generat parvum grandia principium Cela que nous dison icy C'est temps perdu: mais touteffois Mariage ce font ainsi Par peu de chose aulcuneffois Ung grant feu peut faire en ung bois Une bien petite estincelle Commencer convient une fois En toute chose naturelle Mens mea concepit harum primordia rerum. Atque loqui nostris cepimus inde jocis. Jamais jour ne me apperceu Que pamphille eu le couraige De soy marier mais conceu J'ay apar moy ce mariage Puis quant j'ay veu ton personnaige Et que la chose vient a lieu J'en ay commencé le langaige Mais tout cela ce n'est que jeu Sed si rebus in hiis mea mens animus que movetur Si placet an potius desplicet inde loqui. Touteffois galathee dy moy S'il te desplaist aulcunement De ce que j'ay fait devant toy A cest heure ce parlement Car je te jure mon serment Que tu es du monde la fille Que j'ayme plus parfaictement Mais aussi bien fais je pamphille Deprecor ut dicas/ quod dixeris ipsa tacebo. Si celare velis sine referre loquar. Je te pry dy moy s'il te plaist Entre nous deux secretement Quelle ton oppinion est De cecy parle seurement Se tenir le vueil celeement Voulentiers je le celeray Se parler veulx publicquement Pareillement je parleray Dic michi ne dubita sculeum depone timorem Hic venit a sola ruscicitate timor Dy moy tout belle je te prie Se pamphille vouloit te avoir Le vouldrois tu point/ ne crains mie A me faire cecy sçavoir Pas ne vien pour te decepvoir Se tu es en difficulté Se te crainte te font mouvoir Folie et rusticité Comme galathee respont a la vieille et luy dit que les persuasions qu'elle fait ne sont que flateries et pour avoir aulcuns dons [N]on michi rusticitas stultus mihi nec pudor obstat Sermo sed admiror quo venit iste tuus. Rusticité n'y a qui viengne Ou follie pareillement Qui aulcunement me retienne De tout dire mon pensement Mais je m'esbahy grandement Qui te meult de venir icy Parler de cest appointement Dequoy tu me parles ainsi Huc miror si te casus transmisit an ille Pamphilus querit premia sermo tuus. A ce esté par cas de fortune Ou se pamphille te y envoye Le fais tu pour avoir pecune Ou quoy/ bien je m'en doubteroye Car jamais ouy je n'avoye De pamphille parler ainsi Parquoy fault que esbahie soye Qui te fait parler de cecy Comme la maquerelle se excuse et dit que elle n'y vient point pour gaing ne pour la decepvoir et dit Semper iniquorum scelus impedit acta bonorum. Penas sepe luit quas homo non meruit Tousjours le pechié des maulvais Ainsi qu'on dit notoirement Empesche des justes les faitz Et des bons j'appercy comment Tel aussi pleure tendrement Souvent les peines et folies De qui coulpable aulcunement N'est et ne les a desservies Quamvis pauper ego non sic tua premia quero Nam michi sufficiens est mea pauperies Tu cuydes pour ma povreté Que affin que de toy loyer aye Je t'ay ce messaige apporté Mais non fais je ne daigneroye Combien que povre femme soye Ainsi ne requier point ton bien Ne requerir ne le vouldroie Ma povreté me suffist bien Primitus ut dixi mea mens conceperat istud. Altera non novit conscius omnis habest. Comme j'ay dit premierement Ma pensee a cecy conceu Et pour certain ce mouvement D'aultre que moy ne fut onc sceu Homme ne s'en est apperceu Croy moy c'est chose veritable J'en suis seule a par moy coulpable Et croy que dieu me ait advertie De ce cas qui est honnorable Et qui peult estre pouvitable A l'une et a l'aultre partie Hoc satis esse potest si vos simul esse velitis Hoc et uterque potest absque pudore pati Cela suffiroit ce me semble S'en quelque lieu secretement Vous deux vouliez estre ensemble En tout honneur non aultrement Et si le peult facillement Souffrir ung chascun de vous deux Sans estre de ce fait honteux Car en ce n'y a point de honte Et me semble que pour le mieulx Faire devés de cueur joyeulx En ce point ce que je le vous conte Nobilis ille quidem nec nobilis es minus ipsa Est utriusque satis nota propago michi Quant est de meurs et de couraige Noble est et toy pareillement Je congnois assés le lignaige De tous deux d'anciennement Tous avés vescu noblement Et vivre pourrés en liesse En augmentant vostre noblesse L'ung par l'aultre en amour certaine Croy mon conseil point ne le laisse Galathee toute richesse Te viendra et en seras plaine Pulchrior hic sociis sociabus pulchrior ipsa es. Cum specie species convenit atque placet. Combien qu'il soit de biaulx mignons Et gorgias en ceste ville Si est entre ses compaignons Pour le plus beau tenu pamphille. Pour pucelle aussi belle fille Entre toutes aultres pucelles Par haulte beaulté tu precelles Et pourtant chose convenable Est voir beaultés jointes entre elles Et les beaulx avecques les belles Car c'est une chose plaisante Hoc utriusque probat par copia/ par que juventa Fama que si fieret/ ipsa probaret idem. Vous estes pareilz et semblables En richesse et en enfance De parens aussi honnorables Pareilz et de noble naissance Cecy appreuve l'abondance De tous deux et aussi feroit Renommee quant elle sçauroit Le cas tel que je le pourchasse Et bien maulvais celluy seroit Qui par sa malice diroit Qu'il n'est pas bon que ainsi se face Quando pares estis sociari jure potestis. Defficit in vobis nil nisi solus amor Puis doncques que pareilz vous estes Vous vous pouez acompaignier Par raison en amours honnestes Et par ung accord besongnier Il n'y aura point de dangier Il ne reste que amour parfait Entre vous que ce ne soit fait Pourtant belle doulce et honneste Considere ung petit ce fait Car bien te viendra en effect Se fais ce dont je te amonneste Comme galathee se excuse et dit que ce est a ses parens a qui on doit parler premierement que a elle Quod michi nunc dicis dici deberet amicis Assensa quorum conjugis opto thorum A moy dresser ne se convient De me raporter tel langaige Mais aler faire le messaige A mes amys il apartient S'aulcun pour me demander vient Voise aux amis de mon lignaige A moy dresser ne se convient De me reporter tel languaige Se leur consentement advient Que mise je soye a mesnage Ainsi le lit de mariage Desire vela ou tout tient A moy dresser ne se convient Hos prius aloquere vel tu vel pamphilus ille Va se tu veulx Parler a eulx Touchant ce cas Tu ne peulz mieulx Ou l'amoureux Sans advocas La tu sçairas Ce que feras Tu ou pamphille ou vous tous deux Quant a ce les convertiras A leur plaisir tu trouveras La chose plus belle en tous lieux Res erit ad libitum pulchrior ipsa suum A leur plaisir plus honnorable Sera la chose et agreable Que s'elle estoit faicte par moy Sans me monstrer si accordable Et a aimer homme traictable Par l'amonition de toy Car je ne doy Promettre foy Ne me acorder Sans demander Congié a ceulx a qui je voy Qui sus moy peuent commander Mes amis me doivent garder Et a mon honneur regarder Selon la naturelle loy La responce que la vieille fait a galathee quant elle se excuse sus ses parens. [C]onvenit ut tua sit concessu teda parentum Si tuus interea mulceret ignis ei Gallathee pucelle delectable Honnourable Responce tu ne me rens Disant ainsi que sans tes bons parens Vraiz conducteurs et amis apparens De ton voulloir a nul ne es mariable Mais sans fable C'est chose veritable Quelques parens que tu diez avoir Convenable est et facille a sçavoir Qu'il esconvient que ta torche et lumiere En fait d'amours procede la premiere Pour acquerir de eulx le consentement Par quoy tu peulz monstrer aucunement Pamphille de bien aymer couraige En attendant cestuy appointement A celle fin au moins que seullement Signe d'amour son ardeur assouaige Excercet corda juvenum venus ingeniosa Qnisque per hoc studium colligit ingenium Venus dame de hault paraige Sus toutes deesses tressaige La fleur de beaulté et l'eslite Ingenieuse en tout ouvraige En enseignant d'amours l'usaige Les cueurs des jeunes excercite Et a bien aimer les incite Tant que chascun s'il n'est trop rude Recueillir peut en son estude Engin et esperit pour conduyre Ses amours qui si veult reduyre Et pourtant plaisante pucelle Cecy je te suys venu dire Car saiches que venus desire Que tu te gouvernes par elle Incitat hec animos dat largis odit avaros. Letitiam sequitur tristitiam que fugit Venus incite les couraiges Des amans qui sont gratieux De ses biens elle donne aux larges Et tolz aux avaricieux Elle suyt liesse en tous lieux Et fait son repos de liesse Au contraire elle fait tristesse Car ung amoureux gent et miste S'il ensuyt venus la deesse En tout lieu et en toute adresse Jamais ne sçauroit estre triste. Narraret nullus quantum valet veneris usus. Hinc nisi pueris rustica semper eris. A homme seroit impossible Tant eust l'esprit intelligible De dire les biens qui venus/ Sont de la deesse venus Haulte princesse inconfusible Sens humain n'est point susceptible Combien eslevé qu'il puisse estre De tout son usaige congnoistre Qui tant est merveilleux et hault Ne de narrer combien il vault Car c'est liesse souveraine Paradis de nature humaine Et se tu ne viens gallathee A ceste plaisance haultaine Tu en demeureras villaine A tousjours et fille gastee. Responce de gallathee a l'incitation precedente. [P]er veneris morem virgo cito perdit honorem Igneus ille furor nescit habere modum Par la coustume decevable De venus princesse mortelle Pert son honneur une pucelle En haste c'est chose prouvable Port d'ennuy voye diffamable Souvent treuve une jouvencelle Par la coustume decevable De venus princesse mortelle Son feu ingent non reffrenable Qui tousjours art et estincelle Ne sçait tenir quelque querelle Ne mesure qui soit louable Par la coustume decevable De venus princesse mortelle De plaisant attrait est son hable Mais la demeure n'est pas telle Car depuis que l'en est en elle C'est une douleur importable Une maladie incurable Une attraction par laquelle Pert son honneur une pucelle En haste c'est chose prouvable Non leve vulnus habent vuiolenta cupidis arma Hiis male subduci queque puella timet Les fortes armes d'avarice N'engendrent point playe legiere Chascune pucelle novice Craint a tomber soubz leur banniere A y entrer a bien maniere Car quant une pucelle y est Elle ne s'en tire pas arierre A toutes les fois qu'il luy plaist Je considere assez que c'est De tout ce que tu me as promis Et qu'en la fin souvent desplaist D'avoir onc acquiz telz amis Sepius immeritas incusat fama puellas Omnia nec cessat carpere livor edax Par les communes renommees Tu congnois que c'est verité Jeunes pucelles sont blasmees Sans l'avoir en rien merité Envieuse locacité Baveresse tousjours se aproche Pour donner a autruy reproche Et prent par tout d'amont d'aval Toutes choses soit bien soit mal Sans avoir cesse de tout prendre Plus viste court que le cheval Renommee en especial Quant elle treuve que reprendre Quod petis admiterem fame nisi barba timerem Que magis in tali/ crimine lumen habent Se la commune renommee Qui legier court je ne doubtoie Et par elle estre diffamee A ton plaisir me accorderoie Ce que demandes octroiroie Mais tu sçaiz que commune fame A plus de regart a tel blasme Pour en rapporter choses folles Se ne fust cella sus mon ame A toy je me accordasse d'ame Mais je n'ose pour ses parolles Comme la vieille respont a ce que gallathee se excusoit sus la commune renommee et sentit alors la vieille qu'elle estoit vaincue Rebus in hiis major minus est infamia vero. Sed prestat verum rumor et ipse cadet. O belle qu'esse que tu dis Je m'esbahyz que dire l'oses As tu doubte des communs dictz Qui sont si tres petites choses Tu me diz icy et exposes Que par sus autres choses toutes Renommee commune doubtes Dont pourroit venir infamie Considere ma doulce amie Que c'est tout que la verité Il est vray que communité Pour peu de chose son bruyt leve Mais ce n'est que simplicité D'y penser et fatuité Car tel rumeur chiet et est brefve. Murmura rumoris curas que levabo timoris Vos vestros que rocos calliditate tegam Pour cella ne dois faire fainte Car de la rumeur les murmures Leveray et toutes les cures Desquelles tu dis avoir crainte Tu voys que je sçay chose mainte Ne te chaille je leveray Bon nom de vous et couvriray Vous et voz jeux par façon telle De cautelle que je feray Que jamais n'en sera nouvelle Nam veneris mores cognoscimus secundus artes. Et sic tuta modo res erit ingenio Tu ne te dois point abuser A faire ces vaines doubtances Car je congnois pour excuser Faiz d'amours et jeunes enfances Tu sçaiz que j'ay les congnoissances Et si ont celles de mon aage De venus sçavoir son usaige Ses ars meurs et conditions Pourtant oste suspections Et te confie seullement En nostre engin croy fermement Que ce sera chose cellee Et gouvernee saigement Sans pouoir estre revellee. Illum cum videam michi consule quid sibi dicam Quod michi tu dices tutus ipsa loquaris Conseille moy ce que tu veulx Que je dye a ton amoureux Pamphille mais que je le voye Et s'il y a entre vous deux Aucune amour/ car tu luy peuz Donner ou desconfort ou joye Mais que ton oppinion aye Plus seurement je parleray De ce pour quoy je suis envoye Pour tant dy moy que je diray Comme gallathee dit a la vieille que tant l'a temptee qu'elle fait doubte de luy reveller son couraige et dire comme elle est prinse de l'amour de pamphille [H]esito velle nostrum tibi secretum que fateri Nam dolus insidias tendit ubique suas Beaucoup doubte a te confesser Mon voulloir et secret aussi Car le mal je doy prepenser Qui pourroit venir de cecy De ce que avon parlé icy Doubte dire ma voulenté Car trayson et faulseté Vont en tous lieux leur fillez tendre Et ne sçay a la verité Se tu le faiz pour me surprendre A tout comprendre Et bien l'entendre Je suys doubteuse Et puys honteuse De raison rendre Sed tamen experiar que sit tua lingua fides que Et qua parte tuum me trahat ingenium Mais touteffois je experimenteray Et prouveray Quelle sera ta foy Pareillement ta langue tempteray Et essayeray Se au vray je trouveray Ce que je auray Ouy dire par toy Pas je ne voy Que veulx faire de moy Mais je essayeray ce que tu en veulx faire Et quelle part ton engin me veult traire Pamphilus illineum pellitur nuper amorem Nos simul et vera junxit amicicia Veu ce que tu m'as recité De pamphille il est verité Qu'il desire parfaictement Mon amour et affinité Et sans grande difficulté Je le croy aussi fermement Par ton gratieux parlement Qui disoit des biens largement Lesquelz sont en luy ce me semble Vraye amitié soudainement Pour te le dire clerement Nous a desja conjoings ensemble Vela le point Qui nous conjoinct En ung cueur deux Je n'en mens point Se l'en nous joinct C'est pour le mieulx Jeunes et vieulx Vrais amoureux Dieu grace parfaicte nous doint De bien vivre ensemble en tous lieux Sans que par ses faulx envieux Nostre assemblement soit desjoinct Sed nimis hoc cella soli sibi posco revela Non tamen incipies hac ratione sequi Je te desclare mon couraige Et ne sçay se je faiz que saige Mon honneur a toy habandonne Mais je te requier que a personne Tu n'en faces quelque langaige Tant seullement au personnaige Lequel j'ayme tant que c'est raige De cecy congnoissance donne Je te desclare mon couraige Et ne sçay se je fais que saige Mon honneur a toy habandonne Touteffois pour bien le messaige Luy faire de premier passaige Pas a luy ne t'en arraisonne Mais quelque raison ordonne Qui lui soit ung petit sauvaige Je te desclare mon couraige Et ne sçay se je fais que saige Mon honneur a toy habandonne Mais je te requier que a personne Tu n'en faces quelque langaige Illum sepe prius multo mellumine tempta. Quod dixi decet forsitan ipse tibi Ne luy dy pas du premier sault Ma responce subtillement Souventeffois tempter le fault Premier par grant efforcement Pour congnoistre et sçavoir comment Il me ayme de bonne nature Car iceluy par adventure Ainsi que je t'ay dit dira Et que de moy il n'aura cure Nonobstant ce que je suis seure Que s'il le dit il mentira Hinc modo discede fac et prior omnia caute. Et tibi que dicet cra michi cuncta refer Or te depars d'icy m'amie Et toutes choses que feras Fay les caultement je t'en prie Du tout en toy je me confie Besongne au mieulx que tu pourras Demain icy retourneras Et au vray me raporteras Toutes choses qu'il te dira Par ce que m'en reciteras Pourveu que point ne mentiras Je sçauray bien si me aymera. Comme la vieille s'en retourne vers pamphille et de commencement fait qu'elle ne a rien fait [M]ultotiens homines frustrantur spes que labor que Non res ut volumus pamphile nostra venit. Pamphille vers toy je revien Bien desconfite et esperdue A brief parler je n'ay fait rien De quoy il te vienne aulcun bien Nous n'avons que peine perdue Nostre chose n'est point venue En ce point comme j'esperoye Galathee est trop resolue Pour estre d'amours abatue Convaincre je ne la sçauroye Bien abatre je la cuydoye Par dire choses a plaisance A grant fiance grant faillance Moult souvent sont frustrés les hommes De leur labeur et esperance En la maniere que nous sommes Tardius ad vestrum nimis advocor ipsa juvamen. Nam prodesse nequit ars que labor que meus. Je suis appellee trop tart A vous donner ayde et secours Prouffiter ne peult de ma part A vous mon labeur ne mon art Ma cautelle et mes subtilz tours Car de ne aymer point par amours Galathee est determinee Soit en la ville ou aux faubours La chose va tout au rebours Qu'on ne l'avoit ymaginee Res ut testatur galathee theda paratur Miror enim cultus/ quos parat illa domi. Ainsi que la chose tesmoigne Galathee a son mariage Apresté j'ay veu la besoingne C'est grant cas comme elle besoingne Et de ce qu'el fait au mesnage C'est ung estat de hault parage De ce que a l'hostel appareille Et du train come elle mesnage Tant et si tresbien que c'est rage En effet je m'en esmerveille Se les biens sont grans a merveille La maison riche et honnorable C'est une chose non pareille Du train qu'elle y tient admirable Sunt centum cause quibus est suspicor esse Sed suus istam tamen celat uterque parens De marier elle est prochaine Il y a cent causes pourquoy Je men doubte chose certaine Veu le train que a l'hostel on maine Elle en est preste par ma foy C'est pour ung aultre que pour toy Combien que les parens d'icelle L'ung et l'autre lesquelz veuz ay Ne m'en ont dit je ne sçay quoy Mais je suis seure qu'on le celle Et bref la chose sera telle Et de bien brief je le sçay bien Car en parlant avec la belle Je l'ay assés entendu d'elle Mais ses parens n'en disent rien Hec tibi que dico/ sapientius accipe posco Mitte quod esse nequit quere quod esse potest Ce que present je te raporte Pren a gré sapientement Puis que le cas va en tel sorte Voyse a dieu ne t'en desconforte En rien/ passé l'ay doulcement Je te requier tres humblement Laisse cela qui ne peul estre Demande cela seulement Avoir en ton gouvernement De quoy tu peulx estre le maistre Et te garde de te enttremettre De cella ou tu ne peulz rien Ton honneur n'y sçauroit acroistre Et si peulz sçavoir et congnoistre Qu'il ne t'en sçauroit venir bien Comme pamphille commence a se tourmenter apres ce qu'il a ouy le raport de la faulse vieille qui au loing de sa pensee parloit et le fais soit affin de luy mettre plus fort le feu en la teste qu'il ne avoit. Heu michi quo fugiunt vires et corporis usus. Mens mea non servit nec mea lingua michi. Helas helas voicy piteux rapors Ou s'en fuyent les forces de mon corps Et l'usaige ilz en sont jectez hors Ma pensee plus ne sert de rien Ne ma langue qui n'a plus de soustien Car tous les espriz de mon corps sont tous mors Heu miser in nostris est nulla potentia membris. Horum quodque suum denegat officium O miserable que je suys Que seray je quant je ne puys Prendre avec celle ma plaisance Pour qui je seuffre tant d'ennuys Tous les jours et toutes les nuyz Et n'en puys avoir allegence Or sont tous mes membres destruiz Et de leurs office seduyz Chascun deneye sa puissance Il ne reste pour tous les fruyz De mon labeur que mort a l'huys Qui me donne le coup de lance Spes mea me lesit per spem Venus ossibus hesit. Spes procul abscessit nec tamen ignis abest. Mon esperance m'a blessé Venus a hers par esperance A mes os par ainsi blessé Ma esperance delaissé Et est allé mener la dance Au loing de moy/ nonobstant ce Le feu dont venus m'a bruslé Et fait vivre en son asserance Dure tousjours en abrasance Et n'est point de moy recullé Nulla per te suos mea cernunt carbasa portus Nec sentire potest anchora nostra solum Les voilles de mon corps/ regart Ne ont point aucun pour aviser port L'ancre ne sçait en quelle part Sentir terre pour avoir port Mon cueur vague cent foys plus fort Que nef en mer sans gouvernail En lieu de repoz j'ay travail En lieu d'espoir j'ay diffidence En lieu de seurté pestillence En lieu de plaisir desconfort En lieu de paix impatience En lieu de soustien decadence Il ne reste plus que la mort Nescit nostra suam quo querat cura salutem Fert galathea mei sola doloris opem. Nostre curiosité Pour sa grant necessité Ne sçait ou salut querir Mais galathee guarir Peult nostre debilité Seule par auctorité Galathee en dignité Peult donner allegement A la douleur et tourment Dont je suis debilité Causa mee mortis hec est et cura salutis Qua si non ponar tunc placet ut moriar Cause de ma mort Est se reconfort Ne me veult donner Sans elle regner Ne puis: je suis mort Mort au cueur me mort Galathee a tort Me fait demener Cause de ma mort Est se reconfort Ne me veult donner S'elle fust d'acort De m'aimer au fort Sans mot en sonner Bien: mais se obstiner De me mettre a bort Cause de ma mort Est se reconfort Ne me veult donner Sans elle regner Ne puis: je suis mort Comme la vieille voiant que pamphille se tourmentoit de ce que elle luy avoit raporté pour l'embraser plus fort le parsuade subtilement et dit. Stulte quid insanis cur te dolor urget inanis. Acquirit gemitus premia nulla tuus. Fol que tu es quelle douleur ou peine Te demaine Si vehementement Tu congnois bien que ta douleur est vaine Toute plaine Desperance incertaine Qui te maine/ a ce regrettement Tu souspire vainement Ton cry et gemissement Pas ne vault ton pleurement Ung festu Quel louyer par ton serment Acquiert ton souspirement Pourquoy donc si folemment Ploures tu Temperet ergo tuum modus et prudentia fletum. Terge tuas lacrimas prospice quid facias Tempere donc par mesure et prudence Le pleurement et suspirs par toy faiz Ters tes lermes regard que tu fais Celuy est fol qui a son fait ne pense Avoir ne peulx de cecy recompence Comme je t'ay desja dit une fois Tempere donc par mesure et prudence Le pleurement et souspirs par toy faiz Tu sçays que j'ay fait toute diligence Envers elle et prié plusieurs fois Qu'elle voulsist te aymer et touteffois Riens ne t'y a proffité ma science Tempere donc par mesure et prudence Le pleurement et lermes par tu faiz Ters lermes regarde que tu fais Celluy est fol qui a son fait ne pense Concipit ingentes animos majus egestas Et facit artificem sepius hec hominem Vainne povreté douloureuse Les grans couraiges en sa lice Souvent conçoit et est eureuse De mettre l'homme en son service Et souvent le fait artifice Maistre passe besongnant bien Autant que aultre de son office Au mestier dont il ne sçait rien Se tu veulx donc venir au bien Que tu as si fort appeté Qui t'enseignera le moyen Croy et pour asseuré te tien Qu'il fault que ce soit povreté Povreté a trouvé les ars Povreté a fait les sciences Povreté a mille regars Hault et bas et en toutes pars Pour faire mille diligences Ars hominis magnum superat studiosa periculum Te labor ars que vigil forte juvabit adhuc L'art de l'homme studieux Supere le grant dangier Nef ne peult a droit nagier Que par art industrieux Art et labeur curieux Te ayderont par adventure Mais il te fault mettre cure De te gouverner par eulx Se tu le faiz je te asseure Se venus ne te est trop dure Que en la fin seras eureux Comme pamphille se tourmente pour le faulx donner a entendre que la vieille luy baille Quis labor heu tantum posset superare periculum Spes mea tota perit imminet hora thori Helas quel labeur seulement Pourra ce dangier superer Car pery est totalement Mon espoir qui n'a peu durer Moult de mal me fault endurer L'heure vient de son mariage J'ay perdu peine a procurer L'amour de son beau personnaige Nec vivente suo mihi nuberet illa marito Crimen legitimos est violare thoros. Se une fois elle se marie Jamais el ne m'espouseroit Tant que son mary soit en vie Qui a ce cas s'opposeroit Et oultre plus crisme seroit Et est entre les plus grans crismes Qui violle ou violeroit Les mariages legitimes Ad nichillum prorsus/ meus est labor inde redactus Et mea cura sue/ perdidit artis opem A cest heure je apperçoy bien Que tout mon labeur et ma peine Que j'ay prins sont venus a rien Et ma curiosité vaine Ma grande cure souveraine A perdu l'ayde de son art Puis que ung aultre que moi l'emmaine Vela g'y suis venu trop tart Nulla dies mittem nec vox dabit illa quietem Semper me miserum vexat majus amor Puis que je suis en ce propoz Jamais jour quel qu'il soit ne voix Ne me donnera doulx repoz Puis que je la pers une fois Tousjours et a chascune fois Me vexe amour vaint et travaille Je pers tout cela que je fais Mon labeur n'est chose qui vaille Comme la vieille reconforte pamphille et luy declaire que galathee est preste de luy obeir et icy parlent par maniere de dialogue Sepius exigua dolor ingens labitur hora Junges et parvis imbribus aura cadit Souvent en une petite heure Chiet grant douleur soudainement Et tantost rit celluy qui pleure Par ung seul petit mouvement Grant vent aussi pareillement Chiet souvent par petites pluyes Ainsi est de toy proprement Tu pleures il fault que tu ries Est que serena dies post longuos gratior imbres Et post triste malum gratior ipsa salus. Ainsi que souvent il advient Apres longues pluyes maulvaises Le jour serain et plaisant vient Et se treuvent les gens bien aises Apres triste mal et mesaises Salut semble plus agreable Que avoir tousjours suyvy ses aises Apres amer doulx amiable Tum modo respira dolor absit tristis et ira. Sunt quoque tristitie gaudia magna tue. Adoncques maintenant respire Et soit de toy entierement Absent triste douleur et ire Pren en toy resjouyssement De ton ire presentement Sont les joyes haultes et grandes Puis que tu peulz jouyssement Avoir de ce que tu demandes Nostrum velle tua/ nobis faciet galathea. Omnino vesris fedat imperiis. Croy pamphille que galathee Du tout nostre vouloir fera Je l'ay si saigement tentee Que a nostre vouloir complaira A faire ce qu'il te plaira Du tout se donne entierement Ne en rien ne contredira Elle est a ton commandement Pamphille Ut pia promissis matrum solercia donis Plorantes pueros admonet ut taceant. Quant enfants pleurent la sagesse Des meres pour les faire taire Est user de quelque promesse Je cuide que ainsi me veulz faire Dolent suis jusque a la mort traire Tu le vois ainsi que la mere Son enfant qu'elle veult retraire De plourer c'est pareil mistere Sic me fortassis falso solamine pascis Ut dolor a tristi pectore tristis erit Plourer me vois et dire helas Je ne sçay se tu me veulz paistre De quelque vain et faulx solas Affin de la douleur hors mettre Qui en ma poitrine peult estre Comme tu voys et apperçois Et est bien facille a congnoistre S'il est ainsi tu me deçois La vieille Aucipitris volucris elapsus ab ungue feroci Auceps et cunctis hunc tuum esse locis. L'oiseau eschappe de la roy De l'oyselleur et de l'autour Beaucoup craint se trouver autour Ou l'oiseleur fait son arroy Je cuyde que ainsi est de toy Comme de l'oyseau eschappé Et que par une faulce loy On te ait aultreffois atrappé Hic me nulla tibi mentiri causa coegit Omnia que dixi vera sed invenies. Si ne doit il pas estre ainsi Car il n'y a cause apparante Ne raison pourquoy je te mente Ou vueille mentir de cecy Oste ton cueur hors de soucy A ton plaisir en jouyras De ce que je te dy icy La verité tu trouveras Pamphille Si modo vera refers et verum retulit illa Tunc dolor a nostris ossibus omnis abest Se chose vraye me raporte Et el dit chose veritable Douleur n'ay plus qui soit grevable C'est droit que je me reconforte Tristesse n'y a tant soit forte Qui me puisse estre dommagable Se la nouvelle qu'el m'aporte Est vraie non pas decepvable Sed sua non semper sequitur primordia finis Inceptum casus sepe retardat opus Mais la fin ne fuyt pas tousjours L'effect de ses commencemens Aulcuneffois tourne a rebours Et y vient des empeschemens Fortune par ses mouvemens Aulcunefois l'eure retarde Et fait cent mille changemens Qui a son estat ne regarde La vieille Rursus fatorum nescit mens ulla virorum Solius est proprium scire futura dei De rechief aulcune science Ou pensee d'homme ne congnoist Des fortunes la differance Ne laquelle la meilleure est A dieu seul a qui apparest Toute chose est de congnoistre Toutes choses et s'il luy plaist En qualités contraires mettre Desperare nocet/ votum labor improbus implet Ars que vigil magnas sepe ministrat opes. Desesperance la terrible Furieuse felle et dampnable Est a tous hommes et nuysable Mais labeur bon et honnorable Emple le veu l'art vigillable Souvent ministre grans richesses Pourtant il n'est pas convenable Que de ce labeur tu ne cesses Pamphille Noscere nonne potes hec si me diligit an non Vix celare potest intimam cordis amor. Ne peulx tu point notoirement Congnoistre s'elle m'aime ou point Je ne te requier seulement Fors que me revelle ce point Amours est de tel contrepoint Que difficillement el selle La douleur qui l'homme au cueur point Et qui est procuré par elle Forte sub ambigua spes et labor omnis habetur. Crescit principio spes tamen ipsa bono Soubz adventure dubieuse Tout labeur et toute esperance Tire a fin bonne et malheureuse Rien n'est ou il n'y ait doubtance Touteffois l'espoir d'asseurance Doit croistre en bon commencement Et monstrer qu'il y ait puissance En ung jolis entendement La vieille Dum loquor ejus adest inde mens animus que loquanti Dulciter omne meum suscipit alloquium Tu demandes se je congnois S'elle t'aime ou non seurement A elle ay parlé plusieurs fois Mais je congnois certainement Qu'elle te ayme car doulcement Toutes mes parolles escoute De couraige d'entendement Et toute sa pensee y boute Curvat et ipsa suos circum mea cola/ lacertos A te missa sibi dicere verba rogat Elle ploye au contre de moy Tant doulcement et si me prie Que parolles venans de toy Par devers elle je luy die Elle te ayme n'en doubte mie Mes ditz ne sont point parabolles Car il semble qu'elle est ravie Quant elle ot de toy des parolles Dum que tuum nullum rationis nominat ordo. Nominis admonitu/ fit stupefacta tui Tant seulement quant on te nomme Comme l'ordre de raison vient Tu serois esmerveillié comme Toute esbahye elle devient Et pourtant jugier il convient Qu'il y a de l'amour haultaine Tu jouyras se a toy ne tient Mais il y convient mettre peine Dum verbis fruimur palet que rubet que frequenter Fessa que si taceo/ me monet illa loqui Quant ensemble parlon nous deux Elle palit totalement Ainsi que vray cueur amoureux Et puis rougit soubdainement Et quant mesmes par lassement Je me tais elle me admonneste De parler incessantement Tant qu'el m'en ront toute la teste Hiis aliis que modis cognoscimus ejus amorem Nec negat ipsa michi quin sit amica tibi L'amour d'elle en telles manieres Et par aultres nous congnoisson Car ce sont choses singulieres Que de regarder sa façon Elle est a toy se bien chasson Car elle mesmes point ne nie Quelque semblant que nous façon Que grandement ne soit t'amye Pamphille [N]unc mea spes per te successus sentit adesse Crescit et auxilio gloria nostra tuo. Maintenant sent mon esperance Son succés advenir par toy Par ton aide et pourveance Toute gloire s'escroist en moy Advis m'est que desja je voy Entre mes deux bras galathee Comme elle sera je le croy Ainsi que je l'ay souhaitee Improbus interdum dubios labor expedit actus Magna que tollit inhers commodo significes. Le bon labeur aulcuneffois Expedie actes dubieux Et le meschant souventeffois Les empesche et fait maleureux Or est l'estat des amoureux Tousjours doubteux et qui ne haste Son oeuvre par labeur soigneux Aulcuneffois elle se gaste Quantumcumque potes ceptum properare laborem Nec mora segnis opus differat ulla tuum. Pourtant haste je te prie Tant que tu pourras de parfaire Ton oeuvre: qu'elle soit acomplie En ce point qu'il est necessaire Affin qu'il n'y vienne contraire Garde que ancienne demeure Ne te retarde de bien faire Ce que as commencé a ceste heure Comme la vieille persuade pamphille de luy donner son sallaire [U]t reor ecce tibi per me tua vota parantur. Sed promissa michi res manet in/ dubio. Pamphille c'est fait se tu veulx Car par moy sans aucune doubte Sont appareillez tous tes veux Et est la chose faicte toute Mais la chose de quoy je doubte C'est la celle que m'as promise Que son vouloir ne se reboute Et qu'il n'y ait de la faintise. Est mens nostra suis contraria sepe loquelis Nec factis loquimur omnia que loquimur Nostre pensee aucuneffois A ses parolles est contraire Et si dison souventeffois Cella que ne voulons pas faire Pamphille tu sçaiz mon affaire Et si comme tu peulz congnoistre Toute peine requiert sallaire Il ne suffist pas de promettre Irrita venales falunt promissa labores Cum fueris felix nil michi forte dabis. Faulses promesses decevables Souvent par leur abusion Deçoiuent les labeurs vendables Et n'y a que deception Peut estre en la conclusion Que a plaisir te voirras requier De moy ne sera mension Et ne me vouldras rien donner Pamphille Est scelus immensum si dives fallat egenum Te quoque si fallam gloria nulla michi est C'est le plus grant peché qui soit Quant par mauvaitie et cautelle Le riche le povre deçoit C'est contre bonté naturelle Et quant la chose seroit telle Que decevoir je te vouldroie Pour peu de chose telle quelle Gloire ne honneur n'y auroie. Nec te nec quemquam/ nostra fraus perdidit unquam Fama que si queras crimen nostra vacat. De fraude je ne fis jamais A toy ne autre de prouesse Qui soit ainsi je me submetz A toutes gens de ma noblesse Celuy n'y a qui me congnoisse Qui ne sçaiche de verité Que je tien foy de gentillesse Et ne use point de faulseté. Est que fides animi constans fiducia nostri Que tibi tuta facit omnia que metuit Nostre foy n'est point decevable Mais constante en noble couraige Nostre fiance est veritable Il n'y a point de fatroullaige Noblesse se monstre a l'ouvraige Pourtant doncques asseure toy Que tu auras ton vasselaige Puis que je te ay promis ma foy La vieille [P]lebs timet ingenio superari parva potentum. Jure cadit causa pauperis exigua. Tousjours doubte petite gent Des riches le superement La cause du povre indigent Souvent se pert en jugement Les puissans ont l'entendement Pour faire tout ce qu'il leur plaist Mais on voit manifestement Que tousjours ung povre desplaist Est et ubique fides prisco spoliata calore. Que tegitur sceleris actibus immineris Oultre foy n'est plus en valeur S'on la voit regner c'est a tart Perdu a sa belle couleur Et a prins habit de regnart Le monde n'a plus de regart Que a faire quelque tricherie Qui de tromper ne congnoist l'art Ce n'est que toute misserie Nulla tamen fortuna obliviscere fatis Dat mare sepe motus nulla pericula tamen Mais touteffois nulle fortune Ne peult les destinees changier Bien souvent la mer se desrune Qu'el ne porte point de dangier Ceulx qui dessus mer vont nagier Y voyent plusieurs mouvemens Souvent changier et rechangier Et si n'y a point de tourmens Que promisisti fortune munera mande Sed que promisi dona tamen capies. Au plaisir de fortune mis Soit ce dont m'as promesse faicte Quant de ce que je t'ay promis C'est une chose pure et nette Qui sans faulte sera parfaicte Vienne fortune ou infortune Par quelque peine que g'y mette Mais faulte n'y aura pas une Convenit ut vadam nunc exorare puellam Si placet ut veniat huc tibi sola loqui Affin que la chose soit telle Convenable est que je m'en voise Prier celle doulce pucelle Et la requerir qu'il luy plaise Que sans faire ne bruit ne noise Seule vienne avec toy parler Affin que puisses a ton aise La baiser bien et acoller Si vos nostra simul solertia collocat ambos Et locus affuerit te precor esse virum S'el vient ainsi comme il me semble Qu'elle viendra et que une fois Par mon art soiés mis ensemble Et lieu soit propre touteffois Monstre luy ce que tu congnois Tout realement et de fait Monstre luy en dictz et en faiz Que tu es ung homme parfait Mens animusque manet inconstans semper amantum Parva que forte dabit quod petis hora tibi. D'amans le couraige et pensee Tousjours inconstante demeure Et de lieu en lieu reversee Sans repoz ne quelque demoure Et ne fault que une petite heure Pour te donner ce que demendes Mais il est force qu'on labeure En telles choses qui sont grandes Comme la vieille vient a gallathee pour la tempter la seconde fois et fait son introite par admirations. [O]ccultare nequit sua lumina maximus ignis Occultare potest/ nec sua vota venus Gallathee je te vien anoncer Sans riens laisser De ton amy nouvelles Le tres grant feu qui brusle sans cesser Ne peut mucer Ne du tout absconser Ou rabaisser Ses ardans estincelles Venus aussi la plus belle des belles Damoiselles Ne peut par quelque voye Celler si fort son fait qu'on ne le voye Omnis vestrarum venus rerum michi panditur ordo Quarum mente memor vix teneo lachrymas. Toute l'ordre de voz faiz Je congnois cest une fois Et ce que par plusieurs fois J'ay veu retien en memoire Et m'en souvient touteffois Quant a par moy je congnois De voz amours les effaiz A peine que je ne ploure Nam cognosco satis quod non sapienter amatis. Res et ipsa sue nuncia stulticie De souspirer Et de plourer Suis toute plaine De veoir la peine Que a tous deux je vous voy tirer L'ung desirer L'autre admirer Son entreprinse souveraine Vous aimez c'est chose certaine De jour en jour amour vous lie Mais vous n'aimez que par follie Je voy et congnois clerement Auz faiz plains de melencollie Ou sagesse est toute abollie Que vous n'aymez point saigement Pallida furtivum facies manifestat amorem Atque dolore gravi rabida facta cutis Face palle est monstrative Note magnifestative Qu'il y a entre vous deux Quelque peu d'amour furtive La face est figurative Du couraige aux amoureux Apres palleur transitive Vient une rougeur hastive Ainsi que a homme paoureux Une cuyrie motive Qui contre la chair estrive Et fait le cueur douloreux. Pamphilus ille miser nimis est/ miser omnibus horis Quam male duriciam comperit usque tuam Pamphille le povre meschant Est bien meschant a toutes heures Qui cuide que pour luy tu pleures A l'heure que leves ton chant Autant en levant qu'en couchant Il vit pour toy en maleureté Quant il regarde la durté Que contre luy tu veulx tenir Las il ne sçait que devenir Amours le point de toutes pars De ses cruelz et mortelz dars Et tu ne luy veulz subvenir Nocte die que satis pueriliter ille laborat Nam sibi nulla refert semina durus ager Je voy que le povre pamphille A toute heure soit jour soit nuyt Travaille en labeur puerille Car il n'en raporte nul fruit Puis que ta grace de luy fuit A laquelle du tout il pense Et que le champ nulle semence De fertilité ne raporte Bien est meschant que tant il porte De peine de travail aussi Puis qu'il n'y a qui le conforte Et le vueille prendre a mercy Quis nisi mentis inops sua semina mandat harene Cum mercede labor gratior esse solet Le laboureur qui va semer En la gravelle de la mer Feves pois blé orge ou aveine Se doibt il point bien fol nommer Celuy aussi qui veult aimer Sans estre aimé et pert sa peine Or est ce une chose certaine Que pamphille fait en ce point Qui aime s'on ne l'aime point Helas labeur semble si doulx Quant on le salarie a point Selon l'oppinion de tous Hunc tua forma prius et postea lingua fefellit Hiisque duobus eum vulnerat acer amor. Ta grant beaulté premierement Et puis ta langue doulcement Parlante/ le navrent a mort Par ces deux poins la seulement Cruel amour hastivement Le navre sans quelque support Tousjours de plus fort en plus fort Croist sa douleur et desconfort Dont tu causes la griefve playe Se ne luy veulx donner confort Autant lui vauldroit estre mort Car jamais au cueur n'aura joye Ut promisisti sibi non medicina fuisti Sepe sibi gravior affuit ipse dolor. Une fois promis luy avoies Que sa medecine seroies Et touteffois tu n'en faiz rien Par moy mesmes tu luy mandoies Que tresparfaictement le aymoyes Et que ton cueur estoit le sien La belle tu ne faiz pas bien Ton couraige n'est pas le mien Car se ung si beau filz que pamphille Estoit a moy comme il est tien Pour son doulx et plaisant maintien Je le choisiroie entre mille. Nunc ope plagam caret dolor ejus semper abundat Et licet ipsa taces te quoque flamma gravat Sa playe a faulte de mire Qui autre chose ne desire C'est que tu luy donnes secours Pour destaindre le feu d'amours Autrement tu le veulx destruire Tu l'aymes je l'ose bien dire Mais crainte te fait escondire Ce nonobstant en ce decours Sa playe a faulte de mire Qui autre chose ne desire C'est que tu luy donnes secours De jour en jour son mal empire Et va tousjours de mal en pire Et si te regrette tousjours Il a fait pour toy mille tours Ne vueilles donc plus contredire Sa playe a faulte de mire Qui autre chose ne desire C'est que tu luy donnes secours Pour destaindre le feu d'amours Autrement tu le veulx destruire Plaga malum sepe parit inconcessa necem que. Nos quoque tectus amor sepe gravare solet Tu te tais et amours te point Mais playe qu'on ne monstre point Souvent engendre mal et mort Entens tu bien note ce point Amours sont de ce contrepoint Quant on les veult celler trop fort Descoeuvre ton cueur hardiement Et si me dy tout plainement Se tu aymes pamphille ou non Lequel t'ayme parfaictement Helas tu vois certainement Que c'est ung si gent compaignon Ergo quid inde velis celeri circonspice mente Et michi sint animi nuncia verba tui Regarde que tu me diras Et me desclaire ta pensee Se tu ne es folle ou insensee Ton vouloir me descouvriras Par moy nul deshonneur n'auras Pour chose qui soit confessee Regarde que tu me diras Et me desclare ta pensee Pense que quant tu l'aymeras Tu seras par tout avancee Tu vois la chose commencee Que se tu veulx tu parferas Regarde que tu me diras Et me desclare ta pensee Se tu n'es folle ou incensee Ton vouloir me descouvriras Comme gallathee respont a la vieille indifferentement disant que amours d'une part la contraint d'aymer pamphille et que honte de l'autre la retarde. Me premit igniferis venus improba sepius armis Hunc michi vim faciens semper amare jubet Venus par armes tresardantes Igniferes et abrasantes Souvent me foulle et admonneste De me mettre au renc des amantes Et me dit en chansons plaisantes Qu'il n'y aura que chose honneste Le tourment que j'ay en la teste Par sa grande et cruelle force Tousjours me contraint et efforce D'aymer celuy qui me demande Et reallement me commande Par son commandement royal Que je l'ayme puis qu'il me mande Qu'il m'ayme tant de cueur loyal. Me jubet pudor/ et metus esse pudicam Hiis que econtra meum nescio consilium. D'autre part je ne l'ose faire Honte me commande au contraire Et de l'accorder me retarde Je ne sçay auquel doy complaire Je ne sçay conseil ne affaire En ces choses quant g'y regarde Amour me meut/ honte me garde L'ung me appelle l'autre me tient Et ne sçay auquel appartient Que obeissance doyve rendre L'ung dit que je doy entreprendre En amours ceste hardiesse L'autre apres me le vient deffendre Et commande que je le laisse Comment la vieille respont a gallathee et lui dit que elle ne doit point avoir crainte. Sit timor ipse procul hic non est causa timoris Hiis rebus nunquam proditor ullus erit Rejette ceste crainte au loing Pour cella ne te fault point faindre En ce cas il n'y a besoing Ne quelque matiere de craindre Se venus t'a voulu attaindre De son feu doulx et gratieux Pour quoy le vouldrois tu destaindre Par la crainte des envieux Oultre plus le cas de vous deux Sera secret celuy ne celle Ne sera et eust il mil yeulx Qui en saiche aucune nouvelle Ut tuus existat hoc tantum pamphilus optat Nititur omnis ad hoc cura daborque suus Pamphille ne desire rien En ce monde tant seullement Fors que de ta grace il soit tien C'est prie honnourablement Tout son labeur entierement A ceste fin tent et sa cure Considere que largement Des douleurs pour toy il endure Mille modis acres habitus michi prodidit ignes Cum michi flens sepe talia verba refert Monstré m'a en mille manieres Qu'il t'ayme souvereinement Voire par amours singulieres Qui luy donnent moult de tourment Je l'ay congneu signantement Qu'il soit vray amoureux de toy Car tousjours en parlant a moy Plouroit et faisoit ses regrets En disant tousjours par expres Qu'il ne aymoit au monde autre femme Tu te dois de luy tirer pres Car il te ayme bien sus mon ame Et galathea meus dolor et medicina doloris Hec dare sola potest vulnus opem que michi Helas dit il gallathee est Ma douleur et ma medecine Bien me peut guarir s'il luy plaist Par sa bonté doulce et benigne Elle seulle est de guarir digne Ma playe et me donner santé Ma vie est a sa voulenté Ma mort aussi entre ses mains Tous les entendemens humains Ne sçauroient par leur science Rapaiser mes maulx inhumains Si elle mesme ne me pense Illius ad lachrymas pietas me flere coegit Et tamen in tacito pectore leta fui A voir les larmes de ses yeulx J'ay eu le cueur trestant piteux Qu'il m'est presque fondu en larmes Car il avoit plus piteux termes Que je vy onc a amoureux De le voir ainsi doloreux J'ay esté de plourer contrainte Combien que fusse fort attainte De joye dedans mon couraige En le voyant aimer sans fainte Autant que fist onc parsonnaige Omnia cernebam fieri velut ipsa volebam Ardentes sensi vos simul igne pari Toutes choses je regardoie Faire ainsi comme je vouloye Pleurs souspirs et gemissemens La grant amour consideroie De qui emflambé le veoye En ses grans et cruelz tourmens Cent regretz mille pensemens Tous signes de cueur amoureux Lors jugoye que de vous deux Seroit l'assemblee honnourable Par amour pareille et semblable Ainsi mon cueur s'esjouyssoit Qui de trouver voye louable Moyen utille et convenable Ledere flamma solet precor ipsi parcite vobis Vos que duos pariter jungere possit amor De cecy parfaire pensoit Je sçay bien que l'ung l'autre aymés Voire d'une amour souveraine Vous estes tous deux enflammés Et amy l'ung l'autre clamés C'est une chose bien certaine Flamme d'amour blesse et fait peine Et plus croist tant plus on la celle Seullement la moindre estincelle Abraseur le cueur d'amoureux Ayés donc pitié de vous deux Pardonnés vous et que amour vraye Vous puisse joindre pour le mieulx Ensemble ainsi que je vouldroie Comme gallathee respont que elle ne desire autre chose mais qu'elle n'ose et si ne peut trouver lieu secret pour parler a pamphille. [Q]uod petis affecto nil est michi carius esset Si meus annueret illud uterque parrens. Tu demandes cella que je desire Qui le moyen propre trouver sçauroit Rien au monde plus chier ne me seroit Ne que ayme tant cella ose bien dire Quant mes parens ne vouldroient contredire Et que chascun a ce s'accorderoit Tu demendes cella que je desire Qui le moyen propre trouver sçauroit Mille choses il y a pour y nuyre Que une seulle toutes rapaiseroit Quant pamphille le moyen trouveroit D'y accorder ceulx qui m'ont a conduire Tu demandes cella que je desire Qui le moyen propre trouver sçauroit Rien au monde plus chier ne me seroit Ne que ayme tant cella ose bien dire Istud enim nostris fieri non convenit ausis. Si bene vellemus non locus esset ad huc. Tu congnois assez se tu veulx Qu'il n'appartient point de noz deux Par hardiesse follement Traicter cestuy appointement Qui nous pourroit estre honteux Combien que soyons amoureux Tant que plus nous ne pourrions Encore quant le vouldrions Si y a il de l'empeschement Faulte de lieu premierement Qui sus tout y est necessaire Aviser ne puis bonnement Comme cecy se puisse faire Nam mecum modo custos michi semper habetur Tota que me servat nocte dieque domus Ma mere a toute heure me garde Ou je vois donc je vien regarde Matin ou soir soit bas soit hault Tousjours suis en sa sauvegarde Et souvent d'aller me retarde Au lieu ou de force aller fault Vella une grande raison Oultre/ de toute la maison Sont nuyt et jour fermés les huys Dy doncques par quelle achoyson A pamphille parler je puis Comme la vieille monstre a gallathee comme furtivement elle peut parler avecques pamphille et tiennent mode de dyallogue. [I]ngeniosus amor portas et claustra relaxat Vinxit quicquid obest ingeniosus amor. Gallathee ne te excuse en ce cas Tu scez que amour subtil ingenieux Oeuvre portes/ huys de hault et de bas Et ne treuve contraires ne debas Quant le vouloir y est intentieux C'est ung deduyt ung passetemps joyeux Ung droit giblier qui le cueur resconforte Quant en amours grandes peines on porte Et qu'on s'en met souvent en grant dangier Voire plus grant qu'on ne sçauroit songier Quant on treuve sa voulenté parfaicte Cella vault plus que boire et que menger Ne que chose qui soit ou monde faicte. Vanos pone metus pueriles corrige cures Mecum dulcis amor te petit ut venias Oste ces craintes qui sont vaines Corrige cures puerilles Car ilz ne te sont point utilles Dommaigables sont et villaines Tu voys demonstrances certaines De doulce amour qui devant toy Dit que t'en viennes avec moy Pour congnoistre la grant doulceur Qui est en amours doulce seur Ne redoubte point vitupere Avec moy es aussi asseur Comme avecques ta propre mere Galathee [E]s modo facta mee furtive conscia mentis Hujus et es melior pars mihi consilii Present tu es faicte sodalle De mon furtif entendement Et si es la part principale De mon conseil entierement Tu me donnes si doulcement De belles amonitions Qu'il fault que a tes peticions De obeyr soye ententive Et que ma pensee furtive Condescende a ta voulenté Contrainte de necessité Je suis de ton plaisir parfaire Je ne sçay soubz fainte bonté Se tu tires a me fortraire Ut michi consilium te deprecor utille dones Hoc te non pudeat consuluisse michi. Tu scez bien que j'ayme pamphille Plus que toutes aultres personnes Mais je te suply que me donnes En cestuy cas conseil utille Tu vois que je suis jeune fille Et en telle chose paoureuse Ne soyes point doncques honteuse De me conseiller loyaulment Tu es femme d'entendement De mon conseil la plus grant part Gist en toy/ pourtant doulcement Vueilles a moy avoir regart Est pudor atque nephas seducere fraude puellas Hoc decus et magnum crimen habere potest C'est honte et peché damnable Par fraudes seduire pucelles C'est ung crime vituperable Et ung deshonneur dommaigable S'il en est aucunes nouvelles Je ne sçay dieu le vueille sçavoir Se tu viens pour me decevoir Je vois a la bonne equité Se j'ayme par honnesteté Si n'esse pas pourtant a dire Que me doyves faire seduire Ne par ta grant subtillité Me vouloir en place conduire Que tu sçaiches qui puisse nuyre Au fait de ma virginité La vieille [N]on pudibunda tegam famam capit ante loquentem Hec me facta negas consoluisse tibi Gallathee je te conseilleray Et te diray Les choses dangereuses Planierement tout te descouvriray Et monstreray En rien ne celleray Ne couvriray Toutes choses honteuses Perilleuses A pucelles paoureuses Merveilleuses Que fouyr tu pourras Facillement quant mon conseil feras Mais tu jureras Que point ne diras Que rien dit je t'aye Ains affermeras Et asseureras Que rien n'en sçavoie Nunc quicunque meus volet huic contrarius esse Proferat hiis rebus si quid obesse potest Maintenant tout ce qu'il vouldra Il te dira n'en doubte point Mais estre il te conviendra Contraire a luy et parle a point En lui donnant de point en point En belles parolles eslites Toutes les choses opposites De ce qu'en avant il mettra Par ce moyen il congnoistra Que tu n'as point lasche couraige Et sans faulte te promettra Soudain la foy de mariaige Comme gallathee prenant le conseil de la vieille se repute ferme et vaillante de resister a la voulenté de pamphille [V]iribus hic totis veniat contendere mecum Aut victus taceat aut modo victor eat Vienne maintenant hardiement Pamphille avec moy contendre Et y emploier seurement Ses vertus generallement J'ay la façon de me deffendre Icy suis preste de l'attendre Viengne pour vaincre mon escu Ou se taise et se vienne rendre En confessant estre vaincu Nam cicius mecum ratio compescerit illud Cum ratione nichil diceret ille michi. Aussi tost qu'il arrivera Avec moy en quelque blason Voulentiers escouté sera S'il parle en termes de raison Mais s'il veult trouver achoison De me bouter en quelque voye Pour me decepvoir par trayson Jamais je ne l'escouteroye La vieille Vir bonus et pulcher genus altum copia grandis Dulcis amor vestri pars erit auxilii Il est tant bon homme et tant beau Et des biens qu'il a a monceau Est la quantité si tresgrande Que je ne croy pas qu'il demande Rien de villain/ le jouvenceau Pour ung petit mot de nouveau En joyeuseté ne m'en chault Il est de lignaige tres hault Il est bon/ beau/ riche/ honnorable Dont je croy que amour veritable Sera part de vostre conseil Et sera la chose traictable Par appointement nompareil Fama loquax taceat modo taceat murmur iniquum. Absque pudore vias res habet ista suas Pourtant que chascun de vous face Que la renommee loquace Se taise et soit la chose breve Que le grant murmure s'efface Puis que temps avés et espace Sans honte le marchié se acheve Regardés bien a vostre compte Ceste chose voyez sans honte Nul ne le sçait tu le scez bien Si non moy qui n'en diray rien Car je t'aime d'amour parfonde Et vouldroye trouver moien De te pourchasser de grant bien Autant que a fille de ce monde Les doubtes que a fait galathee de se acorder tant esprise que plus ne peult O deus in quantis animus versatur amantis Quam timor hac illac pellit amor que gravis O sire dieu tu scez tout bien En combien de choses/ combien Tourne couraige d'amoureux De repoz en luy n'y a rien Mais incessamment sans moyen Tourne en ung propoz ou en deux Deça dela crainte le maine Amour d'aultre part le demaine Grevement en divers propoz Tant qu'il n'y a point de repoz L'une fois il treuve bon port L'aultre dangereux pas de mort Couraige amoureux en effet Souvent est transmué si fort Qu'il ne sçait qu'il dit ne qu'il fait Hii duo discordes/ me nocte dieque fatigant Esse quod optat amor hoc netat esse timor Crainte et amour deux discordans Et mortelz ennemis aussi Qui jamais ne sont acordans Mais tous divers champs recordans Se treuvent tousjours a cecy Ainsi sont amans en soucy Tant que a pou que le cueur ne sent Ce que ung ayme l'aultre deffent Ce que amour desire et appete Crainte deffent et le regette Jamais en leur fait variable N'y a conclusion parfaicte Mais litigue interminable Quid faciat nescit semper per devia currens. Errat et errando vulnus amoris alit. Ung vray amant ne sçayt qu'il face Mais va tousjours de place en place Sans chemin ne sente tenir Quant il doit arrester il passe Courant tousjours passe et rapasse Sans ung propoz entretenir Tousjours erre et en errant Sans trouver secours ne garant D'amours n'auroit la grefve playe Qui luy abolit tout joye Quant il ne peult trouver adresse En cheminant l'oblique voye Qui totalement le desvoye Tant qu'il n'y a point de liesse Me sibi subdit amor illi licet usque rebellem Me que repugnantem fortius urit amor Je preuve la chose telle En moy simple jouvencelle Qui esprinse d'amour suis Amour m'a subjecte a elle Ja soit que je me rebelle Contre elle tant que je puis Je repugne assez: et puis Amour tant plus je reculle Et plus ardamment me brusle Plus fuy plus me vient querir Medecine ne sçay nulle Qui m'y puisse secourir Sic afflicta diu casso quoque fessa labore Mesta loquar quam venire malo mori Ainsi en ceste affliction De double ymagination De labeur cas vaine et lassee De parler j'ay intention Et dire mon opinion Toute dolente et courroucee En disant ma triste pensee Et estre de soucy delivre Mieulx ayme mourir que ainsi vivre Car amour par sa fellonnye Tant de cruelz assaulx me livre Que j'ayme mieulx mort que la vie Comme la vieille resconforte gallathee de ce qu'elle dit que amour luy fait si grant guerre et dit. [U]t graviora suo surgunt incendia motu Lis que repugnando major et ira furit Les chaleurs et abrasemens Se croissent par leurs mouvemens Pires que du commencement Par les divers repugnemens Moyse prent ses escroissemens Et sourt ire plus grandement Le fer par son debatement S'eschauffe vehementement Petite noise aussi dement Horrible merveilleusement Et croist innumerablement Quant son contraire la soustient Sic venus ipsa suis/ ipsi sibi noxia vellis Surgit et opposita vulnera lite favet Ainsi venus haulte deesse D'amours souveraine princesse Aux siens donne choses nuisibles Par ardeur d'amoureuse presse Et ses ardeurs haulse ou rabesse Par operations terribles Par lice opposite et contraire Elle nourrit et faire atraire Ses plaies pour les abraser Par souvent le feu atiser Il brusle incessemment tousjours Par ainsi doit on rapaiser Qui est saige le feu d'amours Non potis ergo tuas vellis extinguere flammas Sed cum pasce tuis mitior ignis erit Je sçay bien que tu ne sçaurois Reffraindre ainsi que tu vouldroyes Les ires diverses et fortes Qu'il fault que soustiennes et portes Et bonnement ne le pourroyes Mais il fault que saige tu soyes Et que rapaises doulcement Ton grant labeur et que tu voyes Ta douleur prendre amandement Imperium veneris fac dum sua miles haberis Ne tibi sit dampno lisque labor que tuus Fay de venus la singuliere Voulenté en ceste maniere Et luy obeys totalement Tant que tu es sa chevaliere Militante soubz sa baniere Faire fault son commendement Obeys luy tout doulcement Affin que peine et labouraige Ne te retourne a dommaige Car venus a ceste puissance De donner tristesse ou plaisance A ceulx qui sont soubz la cordelle Tu luy dois monstrer obeissance Pour acquerir la grace d'elle Incipiens temere male perdis gaudia vite Te que tuos que dies noxius error habet Se tu commences tes amours follement Commencement Dangereux trouveras Car les joyes perdras entierement Soudainement De ton entendement Et ne sera point ton estat eureux Tes jours en tous lieux Erreur envieux En soucy tiendra Sans recouvrer mieulx Tes jours jeunes vieulx Desplaisir prendra Tantum mente vides vultus absentis amici Nocte die que tuos non minus ipse videt. De ton amy en son absence Tu voys seullement l'insollence Et la playe qu'il a pour toy Pareillement fait il de toy Il n'en a pas moins d'aparence Se tu penses a luy il pense A toy par comparable essence Selon des amoureux la loy De ton amy en son absence Tu voys seulement l'insolence Et la playe qu'il a pour toy Se tu seuffre douleur immence Qui te tourmente sans clemence Il y a bien cause pourquoy Tu sens douleur et puis je voy Que oultre ta dure pestilence De ton amy en son absence Tu voys seulement l'insolence Et la playe qu'il a pour toy Pareillement fait il de toy Il n'en a pas moins d'aparance Alter in alterius fert tantum lumina vultus. Res dabit ambolus ista morando necem. L'ung seulement l'autre regarde En regretz et en desconfort Je m'esbahy qui vous retarde Qu'en vous ne prenés reconfort Se ne prenés en vous confort Croyez que sans difficulté Ce mal vous donnera la mort A tous deux je dy verité J'en ay gousté Yver esté Du mal d'amours Je n'ay esté En ma beaulté Par plusieurs jours J'ay fay des tours Abiles lours Maintenant en ma povreté Je me retire comme lours Qui doubte du temps le decours Quant il est en sa grant bonté Sed puto quam flammas leviter depellere credis. Hujus desiderii mors fera finis erit Je cuyde en pensant plusieurs choses Que a tout par toy tu presuposes Destaindre et soudain rappeller Les flammes d'amours que ne exposes A nully et aussi tu n'oses Mais tousjours te laisses brusler Par les celler Sans reveller De ce desir Au paraller Tost ravaller Fauldra plaisir En desplaisir La mort saisir Te viendra sans plus reculler Lors n'auras plus temps ne loysir Partir te fauldra sans choysir Et si n'en pourras appeller Parce juventuti complectere gaudia vite Leta decet letis pascere corda jocis Monstre toy bonne A ta personne Donne liesse Honte habandonne Et si pardonne A ta jeunesse Toute tristesse chasse et delaisse Embrasse joye Ayme noblesse De gentillesse Tu es en voye C'est chose vraye Que dieu envoye Toute liesse aux cueurs joyeulx Tous vrais amans qui que les voye Qui quierent d'amours la mont joye Se doivent repaistre des ieux Et modo sola veni paulisper ludere mecum Et tibi nostra domus poma nuces que dabit Maintenant ma jeune fillette Qui icy tu es toute seullette Vien me voir a nostre maison La auras tu quelque noisette Quelque pomme quelque chosette Qui y est selon la saison Ne crains point d'aultruy le blason Car il n'y a point d'achoison La chose ne sera que honneste Que l'une avec l'aultre voison Et puis tu entens la raison Que la chose sera secrette Vix est iste meus ortus sine frugibus nunquam De quibus ecce frui quolibet ipsa potes J'ay ung vergier Le plus gorrier Qu'on puisse entendre La sans dangier Pourras mengier Tout fruyt et prendre Pour tout comprendre Sans te reprendre Soit de pommier ou de poirier Prendre pourras monter descendre Rompre taillier couper et fendre Ainsi que tu verras mestier Sed modo nescio quis mea fortiter hostia movit. Vir fuit aut ventus sed reor esse virum Mais je ne sçay qui maintenant A osté les portes en somme De ce beau jardin contenant Maint arbre portant poire et pomme S'a esté le vent ou ung homme Mais ainsi comme je suppose Veu que la porte estoit bien close C'est ung homme qui a ce fait Le vent ne l'auroit point desclose Ce a esté ung homme en effet Est homo per quodam nos respicit ecce foramen Pamphilus est vultus si bene nosco suos. Or regarde j'avoye bien dit Que ung homme avoit ouvert cest huis Regarde la comme il s'en fuit De peur de nous par ce pertuys C'est pamphille se je ne suys Deceue a voir son regart Il se tapit comme ung regnart Cuydant que ne le voyon point Mains il est deceu de ce point Poursuivon l'ay tout bellement S'il ne se tourne bien a point Il ne nous verra nullement Comme la vieille faint de estre courroussee que pamphille soit la venu et comme toute marrie va tenser a luy et le increper de estre venu rompre son jardin Arte seram retro paulatin vir que reducit Ad nos ingreditur quid modo cesso loqui. Tien galathee m'amye chiere Comme il est venu reculler Par art la serrure en arriere Il l'a bien faillu esbransler Qui me fait tenir de parler Quant vers nous je le voy venir Qui esse qui me peult tenir Que je ne luy voys dire injure De m'avoir rompu ma serrure Ha de fait je ne m'en puis taire Et bref il en viendra murmure Par le dieu ou je croy j'en jure Ou il la me fera refaire Cur furiose fores confringis pamphile nostras Emptas namque meo/ destruis ere tuo Vien sa pamphille parle a moy Et me dy la raison pourquoy Rompu as furieusement Les serrures comme je voy De ce jardin est il a toy Qui t'a donné ce hardement Ne sçayt on pas certainement Que les serrures que as gastees J'ay de mon argent achatees Pour quoy me les viens tu gaster Pense d'aultres en rachater Et que tost on me les reface Ou j'en iray admonnester Le juge que justice en face Quid vis vel cujus venisti nuncius ad nos Dicere si quid habes dic celer atque redi Pourquoy viens tu en mon vergier Ou quelle cause a nous te amaine Ou de qui es tu messagier Veulx tu faire du capitaine Y viens tu pour nous faire peine Et travail parle a moy beau sire Se tu as quelque chose a dire Dy le nous tost plus ne sejourne Nous te orrons sans te contredire Et incontinent t'en retourne Comme pamphille dresse sa parolle a galathee en luy demandant qu'elle le baise O galathea mee super omnia causa salutis Da michi per longuas basia mile moras Galathee ma doulce seur ma mye Du bon du cueur/ humblement je te prie Comme cause de mon salut entier Puis que tu es en ce plaisant vergier Que me monstres ta doulce courtoysie Mille baisiers par doulce compaignie Me pourroyent guairir ma maladie Qui de mire a besoing et mestier Galathee ma doulce seur ma mye Du bon du cueur humblement je te prie Comme cause de mon salut entier Acolle moy doulce seur il m'ennuye Puis qu'il convient que mon plaisir te die Je suis pour toy en ung mortel dangier Tant que ne puis ne boire ne mengier Mon ame en toy de tous poins est ravie Galathee ma doulce seur m'amie Du bon du cueur humblement je te prie Comme cause de mon salut entier Puis que tu es en ce plaisant vergier Que me monstres ta doulce courtoysie Nec tamen hiis sumptis scitiens meus ardor abibit. Sed crescit placidis acrior ipse jocis Encore quant des baisiers mille A mon plaisir me donneras Saichiez doulce et plaisante fille Que pas encor n'estencheras Tout mon ardeur mais le feras Augmenter car feu amoureux Se allume par les plaisans jeux Nonostant belle baise moy Tout mon bien peult venir de toy Tout mon salut/ toute ma joye Sans toy vivre je ne pourroie Plaise toy de mon secourir Si n'est par toy je suis en voie En en grant dangier de mourir En ego tota meis mea gaudia claudo lacertis En amplector hominis dulce puerque michi Maintenant voy Auprés de moy En ceste place Celle parquoy Je pers esmoy Quant je l'embrasse Sa doulce face Mes maulx efface A ceste heure icy je apperçoy Que tout mal que j'ay eu se passe Quant il luy a pleu de sa grace Me monstrer que servir la doy Comme galathee s'en veult fouyr et faint que une voisine l'appelle [M]e vicina vocat illi loquar atque revertar Nam nimis hoc vereor huc modo ne veniat J'oy ma voisine qui m'appelle Pamphille laisse moy je iray Aler me fault parler a elle Mais tantost je retourneray S'elle vient honteuse seray Tu peulz considerer ce point Laisse moy ne me touche point Car s'elle venoit d'aventure Et elle nous veist en ce point Ce seroit pour me dire injure Pamphille luy respont quant elle fait semblant de crier et s'en est la vieille allee qui les a la laissez ensemble Quid clamas propero veniens hec hostia claudo Nullus enim remanet hic nisi sola domus Pourquoy cries tu/ tant que je puis En haste vien presentement De clorre et de fermer les huys On ne nous peult voir nullement Il n'y a icy seulement Que nous deux presens pour ceste heure Et la maison seulle demeure Asseure toy et point ne tremble Tu es a seurté ce me semble Et avec ton amy parfaict Nous pouons bien parler ensemble Et deviser de nostre fait Gallathee Me mea cura tenet nunc dic cito dicere quid vis Me tecum longuas non licet ire vias Maintenant la cure de moy Me tient mais sans plus differer S'il y a quelque chose en toy Dy le moy sans plus souspirer Longuement ne puis demourer Icy avec toy la saison Voycy qu'il me fault retirer Et retourner a la maison Pamphille En modo dulcis amor viridis que jnventa locus que Nos galathea movent pascere corda jocis. Doulce amour verdoiant jeunesse Le lieu bel et delicieux Me incitent de prendre liesse Avecques ma dame et maistresse Et me paistre d'amoureux jeux A ceste heure sommes nous deux Assemblez par amour certaine Ainsi que deux vrais amoureux Pour prendre liesse haultaine En lasciva venus nos ad sua gaudia cogit In que suos usus nos jubet ire simul Voycy venus la joyeuse deesse Qui nous contraint comme dame et princesse Des amoureux a ses joyes mener D'elle aussi nous adresser Ensemble aler en amoureuse adresse Qui noz deux cueurs en ung assemble et dresse Ainsi que amours se sçaivent ordonner A noz douleurs nous devons pardonner Et le salut l'ung a l'aultre donner Puis que venus la plus saige des saiges Nous desire par contrainte mener Et compeller a suivre ses usaiges Quid moror hujus ope supplex mea vota requiram. Tu patiens voti te precor esse mei Puis que ainsi est que j'ay sa grace Et qu'el me donne lieu et place De mes plaisances requerir Qui tarde que je ne le face Quant je voy la belle en la face Qui toutes mes douleurs efface Et qui me garde de mourir Belle tu me peulz secourir Vers toy mon salut vien querir Si te pry gracieuse et gente Que sans aulcun blasme acquerir Soyes de mon veu paciente Comme pamphille veult mettre les mains sus les mamelles de galathee pour venir aux atouchemens et elle faint n'en vouloir rien disant [P]amphile tolle manus te frustra nampe fatigas Nil valet iste labor quod petis esse nequit. Pamphille reculle tes mains De tes atouchemens villains Cure n'ay c'est chose certaine Je m'esbahy que tu ne craings Estre veu des voisins prochains Et oultre plus rien tu ne attains Car en effet tu pers ta peine La fin de ton labeur est vaine Rien ne vault en vain ton corps peine Ce que tu quiers estre ne peult Car je doubte honte vilaine Et puis renommee prochaine De mal dire tousjours soubdaine Et pour peu de chose on la meult Pamphile tolle manus male nunc offendis amicam. Jamque redibit avus pamphile tolle manus. Oste tes mains je t'en prie Pamphille car ton amye Tu offenses malement La vieille presentement Reviendra n'en doubte mie Ne monstre point ta folie Conduy toy par courtoysie Sans villain atouchement Oste tes mains je t'en prie Pamphille car ton amie Tu offences malement Je crains honte et vilennie Pour estre en ta compaignie Gouvernon nous sagement La vieille en escoutement Est/ pourtant s'as broillerie Oste tes mains je t'en prie Pamphille car ton amie Tu offenses mallement La vieille presentement Reviendra n'en doubte mie Comme elle se laisse manier et faint que ce soit par foiblesse disant Heu michi quam parvas habet omnis femina vires. Quam leviter nostras vincit utrasque manus. Helas tant a force petite Toute femme tant il m'a viste Vaincues les mains toutes deux Rompue je suis et destruite Trop est ung homme vertueux Et puis le couraige amoureux Qui en soy n'a point de raison Le fait bouillant et challoureux Et luy acroist force a foison Pamphile nostra tuo cum pectore pectora ledis Plangere clamando me cogit ipse dolor Pamphille je vueil que me laisses Je te pry ton oeuvre deffine Car sçaiches que avec ta poictrine La mienne grandement tu blesses Tu me foulles trop et depresses Se tu ne te veulx tost reffraindre Ceste douleur par tes presses Me contraint de crier et plaindre. Desine clamabo quid agis male detegor a te Perfida me miseram quando redibit avus Delaisse moy ou je crieray Car plus je n'en endureray Que faiz tu/ trop honteusement Me descoeuvres je te diray Laisse moy ou j'appelleray Noz voisins tout presentement Par dieu je feray du tourment A la vieille bien largement Si tost que sera revenue Car je congnois certainement Et apperçoy visiblement Que par elle je suis deceue Surge precor nostras audit vicinia lites Que tibi me credidit non bene fecit avus Je te pry sour toy et t'en voyses Noz voisins sans aucune doubte Oyent noz debas et noz noyses Car ilz sont tousjours en escoute C'est la chose que plus je doubte Et si la vieille ne a pas fait Bien/ je te le dy somme toute Elle est cause de ce mal fait Ulterius tecum me non locus iste tenebit Nec me decipiet ut modo fecit avus Oultre jamais se lieu icy Ne me tiendra avec toy Que je puisse fouyr ainsi Que a ceste heure icy je apperçoy Et si je te jure ma foy Que la vieille d'or enavant Ne me mainera avec soy Ainsi qu'elle a fait maintenant De ce fait tu seras victeur Pour ceste heure je suis trop fresle Pour convaincre tel abateur Nonobstant que je me rebelle Je treuve plus que moy rebelle Pamphille je suis convaincue Mais toute amour point ne le celle Entre nous deux est corrompue Comme pamphille tout lassé de se jouer a gallathee dit qu'il se fault reposer et la resconforte. [N]os quoque paulisper requiescere convenit ambos Dum facto cursu non anelat equus Ung petit reposer convient Tous deux le cheval est lassé Tant que grosse allaine luy vient Du grant travail qu'il a passé Moreau est rompu et cassé Trop a pené pour une pose Le boyart a fort tracassé Il est saison qu'il se repose Quid male dilecto respectum luminis offers. Cur que lavas lachrymis/ flebilis ora tuis Pour quoy offres tu yeux divers A celuy que tu aymes mieulx Pour quoy doyvent ilz estre offers Envers luy si tresmerveilleux Pour quoy aussi laves tes yeux De larmes et gemissement Pour ung passe temps gratieux Ou il n'y a qu'esbatement Sum reus ex toto modo quaslibet accipe penas Et major meritis pena sit ista meis Vela pren que je suis coulpable De tout ainsi que l'entendras Prens tez peines que tu vouldras Si fault que soie condamnable Et soit la peine plus grevable Plus orgueilleuse plus despite Cent mille foys que le merite Je seray de tout recevable Et quecunque voles patiens ad verbera presto Sic peccasse tamen non mea culpa fuit Je ne l'ay fait que pour m'esbatre S'il y a mal tu sçaiz que c'est Mais encore suis je tout prest D'endurer se tu me veulx batre Se ung coup n'est assez/ baille quatre J'endureray tout ce soucy Mais pour la verité debatre Pas ne suis cause de cecy Et modo judicium si vis veniamus ad equum Aut modo sim liber aut ratione reus. Mais courtoisement se tu veulx Venon a equal jugement Et regardon entre nous deux Qui a failly plus grandement Affin qu'on voye franchement Se coulpable seray trouvé Ou que demeure nettement Quitte du peché approuvé Ardentes oculi caro candida vultus erilis. Premierement les yeulx ardans Qui par plusieurs fois ont esté Dessus ma face regardans Et puis la chair de grant beaulté Blanche comme rose d'esté Le plaisant et noble viaire Plain de toute formosité Si beau qu'on ne sçauroit mieulx faire Verbula complexus basia grata jocus. En apres les doulx parlemens Les petiz caquez gratieux Les baisiers les embrassemens Et puis les agreables jeux Les adjournemens des doulx yeulx Le bel acueil les plaisans signes Cent mille souspirs amoureux Et plus de cinq cens mille mynes. Fomentum sceleris michi principiumque dedere Institit ortator hiis michi rebus amor Toutes ces choses devant mises Ont esté le commencement Des choses que j'ay entreprinses Et se j'ay failly nullement Combien que de l'inventement Amours ayt esté orateur Et tousjours a l'escroissement S'est demonstré mediateur Hiis furor intumuit rabies que libidinis arsit. Hortantur que michi facta nephanda sequi. Par ce point fureur de couraige S'est enflee oultre mesure Et oultre plus la dure raige Du tresbruslant feu de luxure En ceste merveilleuse arseure Se j'ay commis quelque malfait S'a esté par leur espointure Et non pas de mon propre fait Iste meos sensus subvertit pessimus error Per quam nostra tibi gratia surda fuit. Cest erreur qui est tresmauvais A subverti entierement Mes sens tant en diz comme en faiz Et m'a troublé l'entendement Par quoy vers toy totallement Nostre grace sourde a esté Sans me vouloir amendement Donner en ma necessité De quibus accusor merito culpabilis esses Fons hujus fuerat materiesque mali A bien verité adviser Tu es plus coulpable que moy De ce qu'on me veult accuser Puis que la cause vient de toy Tu es la fontaine de quoy Sourt se mal la matiere aussi Ainsi tu es comme je croy Plus que moy cause de cecy Tam gravis ira duos non convenit inter amantes. Sed si forte venit sit tamen illa brevis Entre deux amans ne fault point Que ire greve longuement dure Mais la rapaiser de tout point S'elle s'i treuve d'aventure Aucuneffois quelque murmure Pour petit de chose se lieve Et l'ung contre l'autre murmure Mais ce doit estre chose brefve Semper amans delicta pati bene debet amantis Culpe communis fert patienter onus L'ung amoureux de l'autre endure Tout jeu et tout esbatement Ainsi que droit est par nature Sans en murmurer nullement D'ung vouloir d'ung consentement L'ung amoureux pour l'autre porte Quant il luy vient aucun tourment Et seuffre d'une mesme sorte Cum remeabit avus tristes precor exue vultus. Ne nos per lacrimas sentiat esse reos Je te prie torche tes yeulx Affin que la vieille ne voye Que nous ayon joué les jeux Laisse a plourer et maine joye Je suis plus joyeux que n'estoye Pareillement tu le dois estre J'ay plus de bien que je n'avoie Mon bien ne cesse de s'escroistre Comme la vieille revient vers eulx et faint ne sçavoir rien de leur fait et demande a gallathee pour quoy elle ploure. [A]nte fores bacuis tenuit me femina verbis. Que macrum proprio vinceret eloquio Devant les portes du vergier Une femme m'a arrestee Et n'ay oncques sceu abregier Tant que je l'ay eue escoutee El m'a une chose contee Toute vaine/ mais en langaige Elle vaincroit tant est fretee Se cuyde je macer le saige Cur galathea tua corrumpis lumina fletu Nunc michi demonstres hic dolor unde venit Qu'esse que tu as gallathee Dy moy a quelle occasion Tu es en ce point tourmentee Le faiz tu par derrision Demonstre moy sans fiction Ta douleur ton empeschement Se j'en ay l'exposition G'y mettray bien amendement Absens dum fueram dic quid tibi pamphilus egit Tu galathea precor ordine cuncta refer Tant comme j'ay esté absente Dy moy que pamphille t'a fait Je ne seroie point contente Qu'il t'eust offensee en effait Gallathee dy moy le fait Tout par ordre et ne celle rien Car se pamphille te a meffait Croy que g'y remedieray bien Comme gallathee respont a la vieille qu'il est licite qu'elle coeuvre son deshonneur par aucune fiction la quelle est bien congneue. Convenit ut nostros queras quasi nescia casus Cum res consilis facta sit ista tuo Ha femme il est bien convenable Que tu demandes de noz cas Desquelz tu es la plus coulpable Comme se ne les sceusses pas Par ton conseil par ton pourchas Ceste chose faicte a esté Le moyen trouvé tu en as Par ta cautelle et faulseté Fructibus ista suis qui sic cognoscitur arbor Tu que michi factis nosceris ipsa tuis On congnoist l'arbre par ses fruiz Et juge l'en sa qualité Par tes malfaiz aussi je puis Ymaginer ta pravité Soubz umbre de bonne equité Sans penser a quelque malice J'ay perdue virginité Tu as esté cause du vice Poma nuces que michi dare non bebene disposuisti. Cum tuus iste fuit pamphilus ante fores Las ce ne fut pas pour nyant Que pommes tu me prometoyes Et des noys l'inconvenient De ceste heure la tu sçavoies Et mesmes pamphille veoyes Devant la porte du vergier Faulce femme tu ne devoies Pas me bouter en ce dangier Ut locus esset ad huc tua te vicina vocavit Quo spoliata forem virginitate mea. Ta voysine t'a appellee Se as tu dit plaine de tout vice Et d'avec nous t'en es allee Affin que lieu fust plus propice Tu as esté cause et office Tu m'as a pamphille baillee Et suis par ta grande malice De virginité despoillee O quam magna foris fecit te causa morari Quam bene nostra suas/ ars tegit insidias. O combien est la cause grande Qui t'a fait dehors demeurer Traistresse mauldicte truande Et icy seulz nous endurer Comme tu sçaiz bien procurer Par ton art ung tel vassellaige Et tes traisons coullourer Par ton deceptueux langaige Impleverit tuos scelus et fallacia cursus In laqueum fugiens decidit ipse lupus. Ton peché et grande fallace Maintenant ont emply tes cours Mais loup qui fuit de place en place Es latz voit on tumber tousjours Tu m'as joué d'ung de tes tours Cheue suis la ou je doubtoye Tu as cent fois plus fait qu'amours Et de toy point ne me gardoye Comme la vieille respont a gallathee et dit que injustement et sans cause on la blasme. [I]ncrepor injuste procul hoc michi crimen abesto. Qua ratione velis me satis expediam Injustement Presentement On me blasme Villainement Ne sçay comment Sus mon ame Jeune femme Belle dame Dy moy la cause proprement Pour qui sus moy tu dis diffame Tant d'obprobre et injure infame G'y remedieray promptement Etati nostre nomen male criminis hujus Convenit ars tanti nec studiosa mali. Fille tu me faiz grant oultraige De me vouloir en mon vieil aage Ung si villain nom imposer Jamais je n'en eu le couraige Jamais n'en sceus art ne usaige Jamais ne vy ung seul passaige Comme l'en s'i peut disposer Il te vallist mieulx reposer Que telles choses proposer Sus celle qui nul mal ne pense Je ne sçay icy que gloser Le fais tu pour me despriser Belle qui t'a peu adviser De me dire ceste insollence Si qua modo concepta jocis contentio vobis Contigit absenti que michi culpa fuit S'en faisant icy voz beaulx jeux Ainsi que font les amoureux Il y a eu contention Ou quelque noyse entre vous deux Quelque petit mot oultraigeux Ou quelque dit mal gratieux Je n'en suis pas occasion J'estoie en ma provision Ce seroit grant abusion De me arguer de ce meffait La ou participation N'ay en quelque condition Car rien qu'en bonne intention Vostre assemblement je n'ay fait Sit quecunque potest nihil ad me lis utriusque Quam monet incipiens non ego vester amor Soit vostre noyse laide ou belle Rien a moy il ne m'en chault quelle Face chascun ainsi qu'il peut Se vostre folle amour vous meut Je ne soustien point de querelle Saiches de verité la belle Que mal faiz de me dire telle Car pour quoy se le cueur te deult Soit vostre noyse laide ou belle Rien a moy il ne m'en chault quelle Face chascun ainsi qu'il peut Je ne fus oncques maquerelle Ne jamais il n'en fut nouvelle Chascun le peut sçavoir qui veult Se folle amour trop vous esmeut Point n'en doy porter la merelle Soit vostre noyse laide ou belle Rien a moy il ne m'en chault quelle Face chascun ainsi qu'il peut Se vostre folle amour vous meut Je ne soustien point de querelle Comme la vieille demande a pamphille pour quoy c'est pour donner a entendre qu'elle n'en sçait point la cause. [D]ic nuper ignoti seriem michi pamphile facti Hujus origo mali non sit operta mihi Pamphille je te pry dy moy De ce fait icy incongneu Comme peut il estre advenu De qui et la raison pour quoy Il me le fault sçavoir de toy Si te pry en propoz final Que la naissance de ce mal Qui la tient me soit descouverte Tu sçaiz que j'ay le cueur loyal Dy moy le motif principal De ceste douleur si couverte Pamphille respont a la vieille et dit qu'il n'est ja mestier que plus elle en saiche. [A]rguor e nimia si scires ordine culpa Est que michi meritis durior ira meis D'une culpe argué je suys Tres grande se tu le sçavoyes Tant courroucé que plus ne puis Je pers quasi toutes mes joyes Tourmenté suys en mille voyes De voir ceste femme plourer En cest estat et souspirer Car l'ire qu'el a tresdespite Est a justement comparer Trop plus grande que le merite Sed decet archanum celari semper amantum Nam dixisse nocet cum dolor omnis abest. Mais touteffois au vray parler Secret d'amans se doit celler Et soit devant ou soit derriere Il ne se doit point reveller A personne ne ventiller Tant soit personne familiere Car quant la douleur est allee S'on a la chose revellee Il nuyst et si est dangereux Si doit tousjours estre cellee La conduite des amoureux Tantum lenire rixas tibi convenit ire Quod superest inter nos decet esse duos Suffise toy tant seullement La noise appaiser doulcement Et ne te mesle du debat Entre nous deux l'appointement Se fera tout soudainement Ce n'est que maniere d'esbat Quelque chose que amoureux noysent Ce n'est rien tousjours se rapaisent De leur estat il se fault taire Ce n'est que demie paix a faire Que d'amis courroucez ensemble Se l'une heure les fait retraire A l'esquart l'autre les rassemble Comme gallathee dit qu'elle apperçoit bien la cautelle de la vieille. [P]amphile dic illi nostros quasi nescia casus Res ut percipiat qualiter ista venit Pamphille dy luy hardiement Comme tout va tu feras bien Il semble qu'el n'en saiche rien Et si sçait tout entierement Je voy et congnois clerement Qu'el demande ce qu'elle sçait Et si cuyde certainement En son mauldit entendement Abuser les gens tellement Que personne ne l'apperçoit Quod tibi consuluit a te quasi nescia querit Ut videatur in hoc non nocuisse michi Cella que la faulse truande T'a conseillé faire vers moy A cest heure elle te demande Et par sa malice tresgrande Dresse ses parolles a toy Et luy semble que croyre doy De verité et bonne foy Que point ne me ayt esté nuysante En cestui cas et j'apperçoy Devant mes yeulx et bien le voy Que par son art et faulse loy Elle m'a esté decevante Artibus immineris michi dema plura dedisti Sed tamen indiciis res patet ista suis Par ars innumbrables Chemins desvoiables Plusieurs m'as donnés Signes decevables A toy atrayables Plusieurs me as signés Mais tu congnois bien Que n'y as fait rien Fors tant seullement Par l'enseignement De la macquerelle Je voy clerement Et notoirement La malice d'elle Sic piscis curvum captus jam percipit hamum Sic avis humana capta videt laquea. En ceste saison Le petit poisson Apres qu'il est prins Congnoist l'ameçon L'oyseau le buysson Ou il est surprins Tout en cas semblable La veille dampnable Par qui suis deceue Est de moy congneue Monstré m'a son art La faulceté venue Mais il est trop tart Comme galathee se desconforte et dit qu'elle ne oseroit retourner chiez ses parens Et modo quid faciam fugiam captiva per orbem Hostia jure michi claudet uterque parens Las que feray je desormais Captive m'en iray en fuyte Parmy le monde a tout jamais Helas ce m'est ung entremés Le pire que jeu oncquesmais A ceste fois suis je destruitte Les faitz sont clers et apparens Que a tout jamais tous mes parens L'huys de leur maison me clorront. Et jamais bien ne me feront Et aussi ne doivent ilz faire Trop vilenés pour moy seront Jamais ne me recueilleront Helas ou me puis je retraire Meciar hac illac oculis vagantibus orbem Leta tamen misere spes michi nulla venit Je semeray parmy le monde Desa dela par toutes pars En gettant comme vagabonde En qui toute douleur profonde Plus qu'en aultre femme du monde Par tout instabiles regars Touteffois en ma desplaisance Aulcune joyeuse esperance Ne me vient ne aulcun confort En lieu de joye desconfort En lieu de plaisir desplaisir Heureuse feusse se la mort Prendre me venist et saisir Comme pamphille reconforte galathee disant qu'on ne se doit point courrousser de une chose qui ne se sçauroit reparer [U]t graviter doleat non pertinet ad sapientem. Cum dolor ad dominum premia nulla refert. Il n'appartient aulcunement Au saige de trop grefvement Se courrousser car on sçait bien Que le courroux prins largement A son seigneur donne tourment Et ne luy peult faire nul bien Le courroux est de telle sorte Que a son seigneur nul bien n'apporte Saige est donc qui courroux evite Et fol est qui se desconforte Car le courroux n'est point licite Hoc moderanter habe/ reparari quod nequit arte Quod male persuasit immoderatus amor Belle seuffre modereement Sans te tourmenter tellement Ce qui ne se peult reparer Par art quelcanque ou aultrement Qui n'y peult metre amendement C'est bien force de l'endurer Se amour immoderee a fait Que soyons venuz a ce fait C'est son droit tribut et sa rente Celuy est fol qui se tourmente De ce que amours dit par arrest Comme premiere presidente Du jugement quant il luy plaist Comme finablement la vieille leur conseille qu'ilz se marient ensemble et vivent en paix par bonne amour [C]onvenit ad nostros modus et prudentia casus Quodque sequi deceat querere consilium Puis que la chose ainsi advient Maniere saige et prudente A voz cas acquerir convient Et bon conseil il appartient Car c'est de luy dont tout bien vient Qui le croit en la consequence Vous estes en fleur de jouvence Et en vertu de corpulence En haulteur de vostre beaulté Et si croy en ma conscience Que aymez l'ung l'aultre en loyaulté Mordet enim graviter discordia pectus amantis Et fovet in bellis vulnera ceca suis Acordés vous et gardez que discorde Aveuglee ne vous greve ou morde Comme elle fait les cueurs des amoureux Et les lie d'une trop dure corde Vivez en paix et en bonne concorde Se vous voulez en ce monde estre eureux Es batailles discorde par ses voyes Aveuglees nourrit les grandes plaies Si est saige qui s'en peult abstenir Qui ayme paix quiert plaisances et joyes Cris et douleurs sont de discort les proies Celluy saige est qui s'en peult abstenir Que bene vos foveat placidem concedite pacem Pax animam nutrit pace levatur honor Ensemble paix entretenés Qui plaisantement vous nourrisse L'ung l'aultre en paix maintenés Amour l'ung a l'aultre donnés Evitez noise car c'est vice La paix est de l'ame nourrice Paix leve honner et le surmonte Noise tout honneur appetisse Et ne peult engendrer que honte Hec tua sit conjunx et sit tuus iste maritus Per me felices oste mei memores Affin que vous evitez blasme Et que le monde ne vous blasme Pamphille puis que ainsi advient Galathee sera ta femme Et obligeras corps et ame A bien l'aimer et sans diffame En ce point faire vous convient Par mon moyen ainsi serez Vivans ensemble honnestement Mais ayez memoire de moy L'ung avec l'aultre demourez Aymés l'ung l'autre et honnerez Ainsi que avez promis la foy Ce present traicté d'amours intitullé pamphille fut achevé de imprimer le .xxiii. jour de juillet Mil CCCC quatre vingz quatorze pour anthoine verard marchant libraire demourant a paris sus le pont nostre dame a l'ymage saint jehan l'evangeliste ou au palais au premier pilier devant la chapelle ou l'en chante la messe de messeigneurs les presidens [Marque d'imprimeur: I H S ANTHOINE VERAD HUMBLEMENT TE RECORDE CE QU'IL A IL TIENT DE TOI PAR DON POUR PROVOCQUER TA GRAND MISERICORDE DE TOUS PECHEURS FAIRE GRACE ET PARDON] [NOTES DU TRANSCRIPTEUR: L'orthographe et la ponctuation sont conformes à l'original. On a cependant résolu les abréviations par signes conventionnels, différencié les lettres i/j, u/v, et introduit accents, cédilles et apostrophes selon l'usage habituel. On a corrigé dans le texte français environ 40 cas de lettres interverties ou de substitutions entre lettres de formes semblables, y compris la correction suivante: Il > Je (Je crains ce que ja ne vouldroie) A défaut d'un moyen efficace de transcription électronique, on a eu la présomption de résoudre également les nombreuses abréviations du texte latin. On n'a cependant effectué aucune correction dans le latin, et conservé y compris les coquilles les plus manifestes. On a laissé comme un mot séparé la particule enclitique -que conformément à l'original.] *** END OF THE PROJECT GUTENBERG EBOOK LIVRE D'AMOURS, AUQUEL EST RELATEE LA GRANT AMOUR ET FAÇON PAR LAQUELLE PAMPHILLE PEUT JOUIR DE GALATHEE ET LE MOYEN QU'EN FIST LA MAQUERELLE *** Updated editions will replace the previous one—the old editions will be renamed. Creating the works from print editions not protected by U.S. copyright law means that no one owns a United States copyright in these works, so the Foundation (and you!) can copy and distribute it in the United States without permission and without paying copyright royalties. Special rules, set forth in the General Terms of Use part of this license, apply to copying and distributing Project Gutenberg™ electronic works to protect the PROJECT GUTENBERG™ concept and trademark. Project Gutenberg is a registered trademark, and may not be used if you charge for an eBook, except by following the terms of the trademark license, including paying royalties for use of the Project Gutenberg trademark. If you do not charge anything for copies of this eBook, complying with the trademark license is very easy. You may use this eBook for nearly any purpose such as creation of derivative works, reports, performances and research. Project Gutenberg eBooks may be modified and printed and given away—you may do practically ANYTHING in the United States with eBooks not protected by U.S. copyright law. Redistribution is subject to the trademark license, especially commercial redistribution. START: FULL LICENSE THE FULL PROJECT GUTENBERG LICENSE PLEASE READ THIS BEFORE YOU DISTRIBUTE OR USE THIS WORK To protect the Project Gutenberg™ mission of promoting the free distribution of electronic works, by using or distributing this work (or any other work associated in any way with the phrase “Project Gutenberg”), you agree to comply with all the terms of the Full Project Gutenberg™ License available with this file or online at www.gutenberg.org/license. Section 1. General Terms of Use and Redistributing Project Gutenberg™ electronic works 1.A. 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Thus, we do not necessarily keep eBooks in compliance with any particular paper edition. Most people start at our website which has the main PG search facility: www.gutenberg.org. This website includes information about Project Gutenberg™, including how to make donations to the Project Gutenberg Literary Archive Foundation, how to help produce our new eBooks, and how to subscribe to our email newsletter to hear about new eBooks.