The Project Gutenberg eBook of L'Illustration, No. 3257, 29 Juillet 1905

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Title: L'Illustration, No. 3257, 29 Juillet 1905

Author: Various

Release date: November 9, 2010 [eBook #34264]

Language: French

Credits: Produced by Jeroen Hellingman and Rénald Lévesque

*** START OF THE PROJECT GUTENBERG EBOOK L'ILLUSTRATION, NO. 3257, 29 JUILLET 1905 ***








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                                                         M. Witte,
M. WITTE, PLÉNIPOTENTIAIRE RUSSE POUR LA PAIX
interviewé par un représentant de la presse, au seuil du ministère des Affaires étrangères, quai d'Orsay.

M. Witte a fait, sur la route de Saint-Pétersbourg à Washington, une halte de quelques jours à Paris. M. Witte, sur qui tous les regards de l'univers civilisé sont fixés en ce moment, est d'une simplicité extrême: il se rend à ses visites officielles confondu parmi les piétons, ou il prend un modeste fiacre à taximètre. Mais cela ne l'empêche pas d'être, comme tous les personnages en vue, pressé et sollicité par les reporters et les interviewers, fidèles serviteurs de l'indiscrétion professionnelle. Et c'est ainsi qu'à l'issue de sa première entrevue avec notre président du Conseil M. Rouvier, le représentant d'un de nos confrères quotidiens se trouvait là, sur le seuil du ministère des Affaires Étrangères, pour arrêter au passage et interroger sans façon le célèbre homme d'État étranger... tandis qu'un photographe de l'Illustration, arrivant sur ces entrefaites, prenait le curieux instantané de cette scène inattendue.

COURRIER DE PARIS

JOURNAL D'UNE ÉTRANGÈRE

Concours du Conservatoire. La vraie «grande semaine» de l'été parisien. Mais on a voulu l'entourer de plus de faste qu'autrefois, cette «grande semaine», et c'est dans un vrai théâtre, ouvert aux curiosités de mille intrus, que les rites en sont à présent célébrés. «Ce n'est plus ça.» J'entends tout le monde répéter cette phrase, autour de moi, car j'ai la passion de ces concours et, depuis la contrebasse et l'alto qui en ouvrent la série jusqu'au trombone qui en sonnera tout à l'heure la clôture, je n'en manque pas un. C'est pour moi comme un bain d'émotion joyeuse et je ne me soucie guère, égoïste que je suis, de savoir s'il est bon ou mauvais qu'il y ait des concours du Conservatoire et ce que valent les jugements qu'on y rend, ou à quoi auront servi, dans trente ans, les victoires qui s'y remportent aujourd'hui. J'y vois s'agiter de la jeunesse; j'assiste à des batailles dont le bruit n'est fait que de musique... je jouis des gentils spectacles que donnent l'espérance, la grâce, l'ardeur de vaincre; je vois (ou je crois voir), çà et là, poindre les grandes renommées de demain et ma vanité s'en réjouit. On est toujours flatté (pourquoi? je n'en sais rien, vraiment) d'avoir été témoin de ces débuts-là, de pouvoir dire de l'artiste qu'on acclame: «Je l'ai vu remporter (ou rater) son second prix, il y a quinze ans.»

Mais ils ont raison. «Ce n'est plus ça.» Leur Opéra-Comique est un monument trop vaste et trop pompeux pour de tels exercices. Il est ouvert à trop de gens qu'une badauderie purement mondaine amène là et qui raillent ou bâillent à la vue des choses qu'on leur montre; il y a trop de loges, il y a trop de lustres; il y a trop d'escaliers, surtout, parmi lesquels on se cherche sans se rattraper.

On ne sait plus où se donner rendez-vous pour potiner, pour s'embrasser, pour s'évanouir... Leur vieux Conservatoire était idéalement approprié à tout cela et il n'y a pas de maison où j'aie passé, à Paris, de plus intéressantes minutes. On y étouffait, mais on y étouffait «entre soi»; un même fanatisme puéril y rassemblait de braves gens que les mêmes petites douleurs, les mêmes petites joies, les mêmes ambitions, les mêmes espoirs faisaient vibrer, pleurer et rire ensemble. On reconnaissait l'appariteur; on disait bonjour aux huissiers et les ouvreuses composaient une petite famille parmi laquelle on se sentait attendu. Et il y avait aussi, au vestibule du rez-de-chaussée, ce décor familier du buffet où il semblait que, chaque année, on retrouvât les babas et les orangeades de l'année d'avant. Une vaste cour bien close nous isolait des indiscrétions de la rue; c'était le parloir en plein air, la «potinière» où, pendant les entr'actes, s'assemblaient, pour bavarder, les spectateurs, les concurrents en habit noir, les concurrentes en robes claires, presque toutes jolies, toutes coquettes, et si gentiment bouleversées par l'émotion de la bataille!

Je repassais là tout à l'heure. Les grilles étaient closes. L'horloge sonnait dans la cour vide, pleine de soleil. Et j'eus pitié de la vieille maison désertée, comme de quelqu'un à qui une injustice a été faite...

La vieille Université aussi avait des habitudes charmantes, dont la disparition m'étonne. Elle aimait à célébrer par des fêtes pompeuses la clôture annuelle des classes. Il paraît que cette pompe a paru vaine à quelques pédagogues et qu'on est en train de simplifier tout cela. Le Concours général est aboli et la grande fête qui devait remplacer celle-là--on en parlait beaucoup l'année dernière--n'est point décrétée encore. Il y a bien les distributions de prix, dont la coutume subsiste; mais il me semble que l'éclat de ces solennités n'est plus le même qu'autrefois.

C'était, dans mon enfance, au pensionnat de banlieue où je fus élevée, une grave affaire que la distribution des prix. Pour rien au monde, les familles n'eussent manqué à ce rendez-vous-là. Pour celles d'entre nous qui avaient le mieux travaillé, c'était une joie--et un devoir--que de venir recevoir les prix qu'on avait gagnés; et pour les autres, c'était un devoir aussi, et comme un petit châtiment respectueusement accepté, que d'assister, les mains vides, au triomphe des laborieuses...

On ajoutait à chaque prix une couronne en papier vert--en papier doré, quelquefois--et nous tendions le front, très émues, aux deux mains gantées de blanc qui nous coiffaient de ces auréoles. Nous ne trouvions pas cela comique du tout. Mais tout change, même l'âme des écoliers. Il paraît qu'à présent les couronnes en papier les font rire; ils ne veulent plus être coiffés de ce papier-là et, dans la plupart des lycées et des écoles de Paris, on a cessé de donner aux enfants des couronnes.

On me dit même que beaucoup de parents dédaignent de se déranger pour assister à ces cérémonies. A quoi bon? «Des discours fastidieux à entendre; deux heures d'étuve à subir...» On aime mieux boucler ses malles et gagner au plus tôt la montagne ou la mer. Ainsi, d'année en année, cette «lecture du palmarès», qui était, aux yeux des petites filles de ma génération, la plus prestigieuse des cérémonies de l'année, apparaît comme une formalité risible et très vieux jeu, dont il y a quelque élégance à ne plus tenir compte. On a supprimé les couronnes, on supprimera les prix. Les médecins démontreront (ils démontrent déjà) que l'inintelligence, la paresse, l'inattention, sont des maladies et qu'il est inhumain d'humilier un enfant «malade» en glorifiant, à côté de lui, l'écolier qu'un hasard heureux de santé a fait intelligent, laborieux, attentif aux leçons de ses maîtres; les philosophes ajouteront (ils disent déjà) que la distribution de prix est une tradition antidémocratique et immorale, en ce qu'elle excite chez l'enfant la jalousie des supériorités, l'amour des honneurs, le goût de vaincre...

Ces hygiénistes, ces moralistes, ces logiciens, m'assomment. Ils nous préparent une humanité sans défauts où il me semble qu'on s'ennuiera terriblement.
Sonia.



LES DEUX YACHTS IMPÉRIAUX

Le Hohenzollern, yacht de l'empereur d'Allemagne. L'Étoile-Polaire, yacht de l'empereur de Russie.

L'empereur de Russie et l'empereur d'Allemagne ont eu, les 23 et 24 juillet, une sensationnelle entrevue.

C'est à Bjoerko, dans le golfe de Finlande, où ils s'étaient donné rendez-vous, que les souverains se rencontrèrent, Nicolas II ayant navigué sur L'Étoile-Polaire et Guillaume II sur le Hohenzollern, et c'est à bord de ces navires qu'eurent lieu alternativement les réceptions et les conciliabules.

Plus d'une fois, à l'occasion des déplacements de leurs augustes propriétaires, il a été parlé des deux yachts impériaux, remarquables par l'importance de leur tonnage et le confort luxueux de leurs aménagements; ils avaient déjà des antécédents historiques, avant l'événement mémorable, sujet de tant de commentaires.

Naturellement, touchant l'objet et le caractère des entretiens confidentiels du tsar et du kaiser, on en est réduit aux hypothèses; mais, en tout cas, on ne saurait considérer d'un oeil indifférent les bateaux derrière les cloisons desquels il a dû se passer autre chose qu'un échange de politesses.


UN DOCUMENT HISTORIQUE

L'EMPEREUR D'ALLEMAGNE ET LA MISSION FRANÇAISE À BERLIN

La mission française envoyée en Allemagne pour le mariage du kronprinz prolongea, on s'en souvient, son séjour après les fêtes, invitée par l'empereur à assister à des manoeuvres partielles. Ces manoeuvres, d'une durée de trois jours, eurent lieu sur le terrain de Doberitz, situé à une vingtaine de kilomètres de Berlin. Les journaux n'ont pas manqué de signaler les prévenances marquées dont, en cette occurrence, le chef et les membres de la mission française furent l'objet de la part du souverain; seule, la photographie était capable de fixer rigoureusement certains traits significatifs, par exemple de noter le moment précis où l'on put voir l'empereur, en uniforme de colonel de uhlans, et le général de Lacroix, gouverneur de Lyon, chevaucher presque botte à botte, avec, sur la même ligne, le colonel Chabaud, de la maison militaire du président de la République; le capitaine des Vallières, officier d'ordonnance du général, auxquels le lieutenant Cailliot, alors en permission et présent à Berlin, avait été invité à se joindre. C'est ce qu'a réalisé supérieurement l'instantané que nous reproduisons aujourd'hui en double page.

Ce document historique se rapporte à un événement qui date déjà de plus d'un mois; mais il a gardé un incontestable caractère d'actualité, car il se rattache d'une façon singulièrement antithétique à la période critique du différend franco-allemand, qui n'est point encore définitivement réglé. Quand nos lecteurs sauront que cette photographie, n'étant pas destinée à la publicité, n'a été tirée qu'à un nombre fort restreint d'exemplaires, et combien, par conséquent, il était malaisé de se la procurer, même en Allemagne, ils voudront bien reconnaître dans sa publication, même tardive, une nouvelle preuve du constant effort de L'Illustration, toujours à l'affût de documents rares, inédits, authentiques, et résolue, pour les découvrir et les obtenir, à ne ménager ni la vigilance, ni la persévérance, ni, au besoin, la patience.

LE THÉÂTRE EN PLEIN AIR DE CHAMPIGNY


LE THÉÂTRE EN PLEIN AIR.--Représentation de Sémiramis (scène du 1er acte) au théâtre de la Nature, à Champigny-sur-Marne, le 23 juillet.

Le succès obtenu par les représentations, en plein air et en plein jour, d'Orange, de Nîmes, de Béziers, de Bussang, de la Mothe-Saint-Héraye, a donné à M. Albert Darmont, artiste éclairé, l'idée de faire bénéficier de semblables spectacles les Parisiens sédentaires--par goût ou par obligation--et il a organisé, aux portes de Paris, à Champigny-sur-Marne, un théâtre «de la Nature», qui a été inauguré dimanche, avec le plus grand succès, par une tragédie de M. Peladan: Sémiramis, interprétée par Mme Segond-Weber, MM. P. Mounet, A. Lambert, Darmont, etc.

NOTRE SUPPLÉMENT EN COULEURS "LE CHEF-D'OEUVRE"

ALBERT GUILLAUME

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LE CHEF-D'OEUVRE

Au sens de l'«amateur», la définition du mot est bien simple: le «chef-d'oeuvre», c'est l'objet d'art acheté de sa main et de ses deniers. Soit que, présomptueux gogo de l'hôtel des Ventes, il ait couvert d'or la signature apocryphe d'un maître; soit que, mécène parcimonieux et avisé, il ait eu «pour un morceau de pain» le travail méritoire d'un besogneux obscur qui, un jour, sera coté, il est enchanté de son acquisition et en tire vanité.

S'agit-il, par exemple, d'un tableau, il le dispose en bonne place, sur un chevalet, lui ménage un éclairage favorable; puis il convoque le ban et l'arrière-ban de ses amis et connaissances: «Venez donc voir mon Machin; vous m'en direz des nouvelles.» On s'empresse.

Alors, l'heureux propriétaire, prenant du recul, les doigts arrondis en lorgnette, cligne de l'oeil, explique, multiplie les «hein?» provocateurs, donne le ton au choeur des visiteurs pour les litanies laudatives.

Le «snob» affecte un ébahissement tout ensemble hyperbolique et distingué; la femme du monde se pâme en faisant des effets de face-à-main; le vieil artiste, immobile, comme plongé dans une extase mystique, ne murmure que de rares paroles dédiées au culte du Beau; le critique influent, sans souci de l'inélégance de la posture, s'accroupit au bas du cadre afin de vérifier de près la technique du premier plan. Le concert d'admiration chanté devant la toile est d'autant plus doux à l'oreille du mécène qu'il lui rend à lui-même un hommage indirect, flatte ses prétentions de connaisseur expert et d'amateur au goût impeccable. Pas un instant son ingénuité ne pressent les propos dénués d'artifice que, tout à l'heure, deux au moins des invités de la présente fournée (seraient-ce le vieil artiste et le critique?) échangeront, à la sortie, au sujet du chef-d'oeuvre: «Quelle croûte!--Quel navet!»... Un tel sujet devait tenter la verve d'Albert Guillaume. En le traitant il a rendu, à son ordinaire, avec autant d'esprit que d'exactitude, les types, la mimique expressive, les jeux de physionomie des personnages jouant au naturel une des scènes les plus amusantes de la comédie humaine.



LES FÊTES COMMÉMORATIVES DE L'INDÉPENDANCE BELGE.--A Bruxelles: la place du Palais-de-justice, décorée pour le passage du cortège historique.


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L'INDÉPENDANCE BELGE.--Le tournoi de chevalerie dans le hall du parc du Cinquantenaire: la joute à la lance devant la tribune du duc de Bourgogne.

Aux fêtes commémoratives de l'Indépendance belge, à Bruxelles, un des numéros les plus pittoresques et les plus réussis du programme a été le spectacle historique donné dans le hall du parc du Cinquantenaire: un tournoi de chevalerie en Flandre, vers le milieu du quinzième siècle. La représentation de gala, particulièrement brillante, a eu lieu le 20 juillet en présence du roi et de la cour; dix mille invités se pressaient sur les gradins des tribunes toutes resplendissantes des couleurs des bannières, de l'éclat des uniformes et du chatoiement des toilettes. On a beaucoup applaudi le «pas d'armes», la «quintaine», le tournoi proprement dit, et l'on a admiré les superbes costumes de l'époque, notamment ceux de Philippe le Bon, du comte de Charolais, du duc de Clèves, reconstitués avec une scrupuleuse exactitude.



                         L'île Sakhaline.

LES JAPONAIS À SAKHALINE

Sakhaline est une île beaucoup plus importante qu'on ne le croit généralement. Sa longueur atteint 965 kilomètres, c'est-à-dire dépasse sensiblement la distance de Bayonne à Calais.

     
          Un couloir dans un bagne de Sakhaline

Sa population, il est vrai, n'est que de 40.000 habitants indigènes, auxquels il faut ajouter 15.000 forçats et déportés, ainsi que le personnel pénitentiaire.

Il y a, en outre, quelques milliers de colons dont un tiers est japonais.

Topographiquement, cette île est une longue bande constituée par une chaîne de montagnes presque rectiligne.


Entrée du port de Nicolaïewsk (Sibérie orientale), sur l'embouchure de l'Amour.

Leurs hauteurs atteignent 800 à 1.000 mètres, quelques sommets dépassent 1.600 mètres. Les parties basses sont très boisées; d'immenses forêts vierges s'étendent sur des centaines de kilomètres sans interruption. Bien que la latitude soit celle de l'Europe centrale (Korsakowsk est à la hauteur de Venise), le climat est très rigoureux, ce qui est dû surtout à une prédominance des vents du nord. La température, l'hiver, descend à 50 degrés au-dessous de zéro. Sakhaline renferme d'inestimables richesses minérales, encore à peu près complètement inexploitées.


         Le général Liapounov, gouverneur
                  russe de l'île Sakhaline.

On a seulement reconnu l'existence de mines abondantes de naphte et de pétrole, de fer et divers autres métaux, et surtout de gisements de houille étendus, presque à fleur de terre et d'excellente qualité.

Les côtes sont extraordinairement poissonneuses, en particulier dans la partie sud-ouest. Rien que dans l'année 1903, les revenus des pêcheries ont dépassé 150.000 roubles. Or, on sait que le poisson constitue, avec le riz, la base de l'alimentation du paysan au Japon; les côtes japonaises ne donnant que des ressources insuffisantes, on a dû avoir recours aux pêcheries de Sakhaline. La suppression du droit de pêche, depuis le début des hostilités, a donc entraîné pour les Japonais une gêne à laquelle ils n'ont pu remédier qu'en allant pêcher, sur les côtes de Formose et d'Indo-Chine, un poisson de qualité inférieure.


        Le Japon, l'île Sakhaline et la côte
        orientale de la Chine et de la Sibérie.


Au point de vue stratégique, cette île a, pour les Japonais, une valeur au moins aussi grande que sur le terrain économique. En effet, la mer du Japon est une véritable mer fermée, ouverte seulement par quatre portes: les détroits de Corée, de Tsougarou, de la Pérouse et de Tartarie. Les deux premiers sont, dès maintenant, aux mains des Japonais, la conquête de Sakhaline leur assurera les deux autres. Il s'ensuit que, même si la guerre actuelle ne met pas le Japon en possession de Vladivostok, la valeur de ce grand port russe, bloqué à perpétuité, sera bien diminuée. Il en est, d'ailleurs, de même de Nicolaïewsk, le port de l'embouchure de l'Amour, où l'on signale même un débarquement de troupes japonaises.

L'histoire de Sakhaline n'est qu'une suite d'efforts concurrents des Japonais et des Russes. En 1613, ce sont les premiers qui l'explorent; en 1648, c'est le tour des Russes; à partir de ce moment, les explorateurs des deux pays se succèdent; c'est en 1805 seulement que le Russe Krusenstern planta le drapeau russe à Alexandrowsk. En 1853, les Russes, après avoir progressé peu à peu, parvenaient au sud de l'île; ils pouvaient donc, à la convention internationale de 1867, se faire attribuer Sakhaline.


      Groupe de forçats russes de Sakhaline.

Toutefois les Japonais, ne reconnaissant pas cette convention, continuèrent à considérer la main-mise de leurs concurrents sur la grande île comme une usurpation. Ce n'est qu'en 1875 qu'ils renoncèrent à leurs prétentions, moyennant la cession des îles Kouriles, chapelet de petites îles sans valeur, qui s'étend d'Yéso vers le Kamtchatka. Ils avaient fait là, déclarait ces derniers temps la presse nippone, un «marché de dupes» qu'il importait de réviser.

Ce voeu, depuis quelques jours, est entré en voie d'exécution. On ne connaît pas la force du corps de débarquement que les Japonais ont jeté, le 7 juillet, dans le sud de l'île et qui s'est saisi sans grande difficulté de Korsakowsk et de tous les points importants de la région, mais il est certain qu'il comprend au moins 20.000 hommes. Déjà on parle de la prise d'Alexandrowsk.

Pour s'opposer à cette invasion, que possèdent les Russes? Une unique division d'une douzaine de mille hommes comprenant une forte proportion de volontaires recrutés parmi les forçats, avec promesse de libération après la guerre. Le général Liapounov qui la commande a dû la disperser dans l'incertitude où il était du point où pourraient débarquer les Japonais, et il est douteux que ceux-ci lui laissent maintenant le temps de la réunir.

On peut donc, suivant l'expression favorite des Nippons, considérer Sakhaline comme «virtuellement» à eux.
L. de Saint-Fégor.



LE CHAH DE PERSE À PARIS


S. M. Mouzaffer-ed-Din à la légation de Perse à Paris.
Phot. Paul Boyer, prise le 25 juillet dans le salon de la légation transformé en salle du trône.

Le chah de Perse Mouzaffer-ed-Din, après avoir achevé sa cure de Contrexéville, et avant de commencer celle de Vichy, est venu à Paris, qu'il affectionne, passer quelques jours. Il y mène une vie simple à la fois et fastueuse, recevant des fournisseurs, visitant quelque établissement public, jouant entre temps au billard avec son grand-vizir et son ministre de la cour, mais entouré d'une suite et d'impedimenta innombrables. Mardi soir, il a reçu la colonie persane de Paris dans le grand salon de la légation de Perse, transformé en salle du trône. C'est là qu'a été prise notre photographie. A droite et à gauche du souverain, des chaises en cristal avaient été disposées pour ses fils.


        Mlle CAFFARET (11 ans 10 mois).
                   1er prix de piano.
             (Prélude en ré, de Bach.
        Allegro de concert, de Chopin).

LES CONCOURS DU CONSERVATOIRE

Les divers concours du Conservatoire (chant, opéra, opéra-comique, tragédie, comédie, pour ne parler que de ceux-là) ont mis, cette année, en présence un nombre assez considérable de concurrents. Le concours d'opéra a été particulièrement brillant et a mis en valeur une artiste hors de pair, Mlle Marthe Chenal; il a permis d'apprécier aussi le talent sûr de M. Georges Petit. Un premier prix de tragédie a consacré la valeur originale, et déjà applaudie sur maints théâtres, de Mlle Ventura. Enfin, nous ne pouvons négliger de mentionner, parmi les premiers prix de piano--qui ont témoigné du merveilleux enseignement des professeurs et de la force prodigieuse des élèves--celui de Mlle Caffaret qui, à onze ans, a montré un sens étonnant du rythme et prouvé que ses petites mains avaient déjà acquis une ampleur, une netteté d'exécution, en même temps qu'une grâce et une malice prestigieuses qui se rient de toutes les difficultés.

M. CORPAIT
(27 ans 6 mois). 1er prix d'opéra (Charles VI)
Mlle MARTHE CHENAL
(23 ans 10 mois). 1er prix de chant (Alceste); 1er prix d'opéra (Armide).
M. GEORGES PETIT
(21 ans 10 mois). 1er prix d'opéra (Oedipe à Colone).

Mlle MANCINI
(23 ans 8 mois), 1er prix de chant (Alceste). 1er prix d'opéra (Patrie).
M. CARBELLY
(27 ans 11 mois). 1er prix de chant (Dardanus).
M. LUCAZEAU
(25 ans 8 mois). 1er prix d'opéra-comique (Carmen).
Mlle MIRAL
(20 ans 1 mois). 1er prix de chant (Alceste).

Mlle BERGE
(21 ans 6 mois). 1er prix de comédie (Mariage blanc).
M. BROU
(23 ans 11 mois). 1er prix de comédie (les Rantz).
Mlle VENTURA
(18 ans 11 mois). 1er prix de tragédie (Phèdre).

LAURÉATS DU CONSERVATOIRE
--Photographies Du Guy, H. Manuel et P. Boyer.



Eglogue.

L'Orpheline.                                  Madeleine.                                      Fabiola.

Le Christ au linceul.
(Collection de Mme Smith.)



QUELQUES OEUVRES DE HENNER.


JEAN-JACQUES HENNER
Mort à Paris le 23 juillet

Le peintre Jean-Jacques Henner vient de mourir.

Il n'y a pas trois mois (le 13 mai), L'Illustration avait la bonne fortune d'offrir à ses lecteurs une parfaite reproduction d'une oeuvre caractéristique de ce grand maître: une Tête de Femme, harmonie admirable de chair rosée à peine, de roux, de bleu et de rouge vibrant.

Nous avons publié dans le même numéro un court article où étaient analysées--trop brièvement--les belles qualités de ce talent savoureux de Henner, qui exerce sur les foules, comme sur l'élite des connaisseurs, une si puissante séduction.

L'artiste était alors gravement malade. Cependant, tout espoir était loin d'être perdu et même, depuis cette alerte, on l'avait vu reprendre ses forces; on pouvait croire que son robuste tempérament triompherait du mal.

Nous nous bornerons à rappeler ici les titres de quelques-unes des oeuvres maîtresses qui ont marqué les étapes de cette belle carrière artistique: 1858, la Mort d'Abel, son prix de Rome; 1865, la Chaste Suzanne; 1867, la fameuse Biblis changée en source; la Femme au divan noir, du musée de Mulhouse; 1874, Madeleine dans le désert;1876, le Christ mort; 1898, le Lévite Éphraïm, qui lui valut la médaille d'honneur, et enfin un grand nombre de figures isolées, comme Fabiola, et de portraits, dont les deux plus beaux sont celui de Chanzy et celui de l'artiste même, pour la galerie des Peintres, aux Offices de Florence.


EN NORVÈGE

Fragments d'un journal de voyage.
Suite II.--(Voir le numéro du 8 juillet.)


«Nous naviguons dans une fente longue et sinueuse
resserrée entre de hautes collines...»


         «... Nous sommes dans le Sognefiord.»

Sous l'averse, des intrépides descendent afin de faire, à Bergen, un déjeuner à la norvégienne. On hésite, mais une dame rassure tout le monde. Elle parle, dit-elle, la langue du pays. C'est une aubaine. On part.

Accueil charmant au restaurant. Marseillaise. Moins désagréable à entendre ici qu'à Paris au 14 Juillet. La dame polyglotte commande.

... Mon Dieu, ce que je vais vous conter là n'est pas neuf, mais je puis vous affirmer qu'il a fallu de l'empire sur soi-même pour ne pas pouffer de rire lorsque, après très, très longtemps que la dame eut commandé des hors-d'oeuvre et posé négligemment ses gants sur la table pour causer avec son voisin, on lui apporta... un chauffe-pieds. Un peu irritée, elle réclama (en norvégien, naturellement) et, cette fois, un énorme éclat de rire accueillit le garçon lorsqu'il revint avec une descente de lit.


                          Servantes d'hôtel.

Quelqu'un--un toqué--demanda tout simplement des hors-d'oeuvre et le garçon répondit:

--Mais, messieurs, il fallait le dire: j'entends le français!

Samedi.--Hier soir, en quittant Bergen, le ciel s'est éclairci et, vers onze heures du soir, nous avons eu un avant-goût des splendeurs promises. Soleil couchant. Pas beaucoup plus beau que chez nous, mais intéressant à cause de l'heure indue.

... Il est six heures du matin. Tout le monde est debout. On a déjeuné et nous allons partir pour Stalheim. Il ne pleut pas, mais le ciel est gris. Dans ce pays, il faudrait pouvoir ne pas dormir. Couché hier soir, au jour, à onze heures et demie, à trois heures du matin j'ouvre un oeil et ce que je vois par le hublot de ma cabine me décide à me lever bientôt. Je crois être le premier sur le pont. Erreur. Plusieurs de nos compagnons sont déjà debout et admirent. Nous sommes dans le Sognefiord. Nous naviguons dans une fente longue et sinueuse, resserrée entre de hautes collines dont les sommets ont gardé des plaques de neige et d'où découlent, à droite et à gauche, devant et derrière, des cascades blanches.

LE SOGNEFIORD

Il n'y a qu'à admirer. Si tous les fiords de Norvège ressemblent à celui-là, nous ne regretterons pas notre voyage. Mais comment en donner une idée? Supposez que, dans une chaîne de montagnes très vertes, très rapprochées, la mer ait fait invasion. Nous naviguons dans le dédale des couloirs ainsi créés. C'est superbe. Il n'y a peut-être pas deux cents mètres de ligne droite, de telle sorte qu'à chaque cinq minutes le lac, le bassin, le fleuve vert où nous venons de passer se referme derrière nous et que, sans cesse, se découvrent de nouveaux horizons. Le soleil apparaît, disparaît, se tamise derrière les nuages, fait briller au sommet des collines les taches blanches de la neige que l'été n'a pas encore fondue, donne aux arbres et à la mer des tons verts inimaginables, non encore vus. Les nuages parfois, comme de légers voiles, laissent voir en grisailles les découpures des crêtes, ou emplissent d'ouate une fissure, une excavation, là-haut. Tout à l'heure, pendant cinq minutes, nous avons vu la colline à travers un arc-en-ciel.

Ai-je dit que toutes ces montagnes sont à pic, comme des murailles vertes à peine inclinées, ou tout à fait verticales et noires, et qu'elles ont six, sept ou huit cents mètres de hauteur?

Laissez votre imagination travailler là-dessus...

Samedi soir.--Après le dîner, au moment du départ pour le glacier de Stalheim, le temps se gâte. Tout le monde revêt les harnachements achetés la veille à Bergen: jambières en toile cirée, caoutchoucs, suroîts, casques de cuir; des jeunes filles trouvent encore le moyen d'être charmantes là-dessous. Au milieu de ces costumes noirs, des taches jaunes animées: ce sont les manteaux en toile jaune huilée. Le phoque a eu raison, mais il a eu raison trop tôt; c'est pourquoi on s'est moqué de lui. Dans cette lumière bizarre de la nuit norvégienne, on a l'impression d'une sortie de bal masqué au petit jour.

Courageusement, on s'embarque sous la pluie. Une partie des touristes trouvent à terre des voitures qui vont les conduire au glacier, le plus grand du monde, ma chère. Mais les voitures manquent pour le second convoi. Que faire? Il faudra attendre une heure et demie, sous la pluie, le retour des voitures de la première excursion. Que de gens se seraient emportés contre l'organisateur, contre les habitants, contre le ciel! Les nôtres sont de meilleure composition. On envoie une barque à bord chercher toute la musique, les partitions, on entre dans un hôtel et l'on improvise gentiment, de bonne humeur, une soirée musicale qui fut très gaie. L'organisateur du voyage offre le thé, une tombola et fait ainsi gracieusement pardonner une faute imputable à une agence de Bergen. A minuit, les voitures reviennent (il pleut toujours), quelques intrépides partent tout de même--une heure et demie de carriole--et vont ainsi jusqu'au pied du glacier qu'ils ont le plaisir et l'orgueil de contempler à une heure du matin, en plein jour. A minuit dix, à bord, on a dit la messe. Il n'y a jamais eu autant de monde. Un profane demande pourquoi.

--Pour s'en débarrasser, dit une dame pieuse, demain matin on pourra dormir aussi tard qu'on voudra. A trois heures de la nuit, le dernier excursionniste rentrait...

Il y a des sages qui dormaient depuis dix heures du soir...


«...Imagine un fleuve large comme la Seine à Charenton,
auquel le terrain manque tout à coup...»

TRONDJHEIM

11 juillet.


«Mon cher ami,

»Je n'ai pas voulu t'écrire jusqu'à présent parce que je n'avais pas déragé depuis mon départ. Mais, aujourd'hui, je viens de me réconcilier avec la Norvège.

»A neuf heures, nous avons débarqué à Trondjheim. 35.000 habitants, mon cher ami, et par 63 degrés de latitude. Grande ville par la largeur de ses rues, par une cathédrale romaine et gothique que je n'ai pu admirer parce que j'aime trop le gothique. Nous y avons déjeuné, dans un café où l'on ne parlait ni français, ni anglais, ni allemand. Nous avons résolu de nous en rapporter au hasard. Nous avons demandé par gestes «le déjeuner», c'est-à-dire que nous nous sommes assis à une table en désignant de nos index nos bouches ouvertes et nous avons attendu.


                    Le port de Trondjheim.

»Sais-tu ce qu'on nous a apporté d'abord? Une coupe dans laquelle un morceau de roquefort moisissait avec d'autres fromages aussi odoriférants. Nous l'avons remisée sur la table voisine, mais le garçon nous l'a rapportée, en compagnie cette fois d'une quantité de plats où il y avait du homard, du poulet, du rosbif, du jambon, du saumon, et d'autres viandes encore. Le tout froid. Nous avons picoré dans tous ces plats, nous avons bu de la bière exquise dans des flûtes de 50 centimètres de haut, et nous avons ainsi parfaitement déjeuné.

»Mais ce n'est pas cela qui nous a réconciliés avec la Norvège, c'est l'excursion aux cataractes de Lerfossen.

D'abord, nous avons traversé une forêt de sapins vraiment septentrionale. J'ai eu cette joie qui est souvent la seule que nous autres, pauvres désabusés, puissions éprouver en voyage: j'ai reconnu les images.

» Puis nous sommes arrivés à la cascade. Il n'y a pas à dire le contraire: c'est merveilleux. Imagine un fleuve large comme la Seine à Charenton, auquel le terrain manque tout à coup par une différence de niveau, presque à pic, d'une cinquantaine de mètres... Je devine que tu souris, narquois, en me lisant. Tu m'ennuies. Moi, je trouve cela admirable. D'abord je suis venu ici pour admirer. J'ai payé pour cela... alors...»

Lundi soir.--Nous venons de passer une journée d'enchantements. Depuis une heure de l'après-midi, nous naviguons au milieu du plus étrange, du plus magnifique, du plus grandiose panorama.


        «Un glacier bleu couvre des sommets et des
        versants sur une longueur de 50 kilomètres.»

L'enthousiasme des plus réfractaires est sans restrictions. La beauté du spectacle arrache des larmes à plusieurs et l'émotion gagne jusqu'à de simples gabiers. Mais comment en donner l'idée, puisque tout cela est produit par l'étrangeté de la lumière. Nous vivons dans un pays paradoxal. C'est à la fin de l'après-midi, à partir de cinq heures, que la clarté prend une intensité spéciale.

Les verts deviennent d'une puissance qui déconcerte. Tous les premiers plans s'accusent avec un relief extraordinaire, tandis que, dans les lointains, se dégradent ou s'exaspèrent les innombrables notes qui vont du gris bleuté au violet sombre, en passant par la succession des roses. La mer reflète tout cela en le déformant un peu, en le commentant, pourrait-on dire. Tout l'après-midi nous nous sommes insinués entre les montagnes.

Le paquebot tourne à angle droit plusieurs fois en une heure. Par suite de ce mouvement, les montagnes les plus rapprochées semblent s'écarter pour découvrir, aux yeux déconcertés et grands ouverts, des surprises nouvelles. Il y a des blocs de pierre sombre dans lesquels on pourrait tailler des cathédrales, des forteresses abruptes qui se dressent comme d'infranchissables défenses d'un empire de géants, des pics pointus où s'accrochent les nuages, des flaques énormes de neige, des successions de sommets noirs et tourmentés perdus dans le bleu.

Au milieu de ce titanique chaos, de cet entassement de grandeurs, le paquebot glisse doucement, car la mer est d'un calme absolu; on entend à peine les battements de l'hélice et l'on se sent emporté comme dans un rêve dans un pays fantastique et terrible. Tous les passagers, malgré le froid, sont sur le pont, les yeux écarquillés et la figure grave. La blague a perdu tous ses droits et, par instants, il plane sur ces cent cinquante Français un silence religieux.


«... On est dans un cirque, on ne sait plus retrouver
l'endroit par où l'on y est entré...»]

C'est bien une angoisse qui nous saisit, une sorte de gêne ravie et timide. Le spectacle est trop grand pour nos coeurs.

Ajoutez que nos pilotes norvégiens, en se dirigeant dans ce dédale, prennent, pour les virages, les plus grands tournants!

Il semble que l'on va se heurter à ce rocher gigantesque dont on ne peut voir la cime qu'en renversant la tête en arrière, tant cette cime est haute et rapprochée.

On sait bien que l'homme qui commande sur la passerelle connaît à fond tous ces parages et que son attention n'est pas distraite; malgré cela, une inquiétude qu'on chasse difficilement vous envahit tant il semble certain que le bateau va se briser sur l'obstacle. On ne voit aucun passage devant soi, on cherche longtemps et l'on finit par découvrir une fissure assez large pour une barque de pêche. Et nous continuons à nous avancer implacablement droit vers la masse sombre, dans le silence et dans le calme. Le bruit sourd de l'hélice est comme celui d'un coeur qui bat... Sommes-nous perdus réellement? On a envie d'aller prévenir l'homme de la barre, d'aller s'assurer qu'il est à son poste... Quoi! toujours la même route! Mais c'est de la folie... Dans quelques secondes, nous heurtons le rocher... Il faut crier... il faut... Non... Subitement, la fissure s'élargit, le paquebot tourne, s'y engage et se trouve de nouveau dans un cirque. On ne sait plus retrouver l'endroit par où l'on y est entré; il semble qu'on ferme des portes derrière nous. Et, incessamment, cela se renouvelle avec des panoramas nouveaux, des couleurs invraisemblables, dont la moins surprenante n'est pas celle d'un glacier bleu qui, là-haut, à droite, couvre des sommets et des versants sur une longueur de cinquante kilomètres.

LE CERCLE POLAIRE

Pendant le dîner, un coup de canon. Nous venons de franchir le cercle polaire. On applaudit... Oui, je sais bien, c'est ridicule. Mais nous étions heureux et le plaisir aime à se manifester par du bruit. Il y avait aussi un peu de fierté naïve dans le coeur de ces Français qui se savaient gré à eux-mêmes de donner un démenti à la réputation de sédentarité nationale. Enfin, tout de même, nous sommes dans l'océan Glacial et cela n'arrive pas à tout le monde.

Mercredi, 13 juillet.--Pluie. Navigation entre les îles. A cinq heures, arrivée à Tromsoe.

Dans cette ville perdue à l'extrémité du monde habité, des fils télégraphiques, téléphoniques et l'éclairage électrique font au ciel gris une sorte de grillage. La première boutique dont nous voyons l'enseigne est celle d'un marchand de musique. Il y a deux journaux que lisent sans haine, je pense, des habitants gais et affables.

Les yeux les moins observateurs du bord sont frappés du contraste qu'offrent ces populations avec les nôtres. Les hommes que nous fréquentons, les bateliers, les boutiquiers, ceux qu'on rencontre dans les rues, ont une dignité d'attitude, une sorte de fierté silencieuse et concentrée qui nous surprend.

C'est le pays du crépuscule éternel: c'est aussi celui du silence. Lorsque notre bateau est à l'ancre, des barques l'entourent, prêtes à accueillir le passager pressé qui dédaigne les moyens du bord. De la part des rameurs, il n'y a pas un cri, pas un appel. Ils restent là, donnant de temps à autre un coup d'aviron pour se maintenir à la hauteur de notre échelle et attendant avec patience une aubaine qu'ils ne sollicitent pas.

Les rues de Tromsoe, comme celles de toutes les villes de la Norvège, sont larges, afin d'éviter la propagation des incendies. Ces grandes dimensions concourent à l'impression de silence et de solitude. La ville est pittoresque. Tout le long du fleuve que paraît être la mer enfermée entre les îles, les maisons brunes en bois sont bâties sur des pilotis noirs; de bizarres auvents abritent les grues servant à embarquer les morues séchées. Aux boutiques installées pour tenter les touristes, et qui sont assez nombreuses, de grandes peaux d'ours blancs sont pendues comme des drapeaux. Tout autour de la ville, sur les montagnes, des plaques de neige semblent du linge oublié.
Brieux.

(A suivre.)


«Tromsoe, le pays du crépuscule éternel et du silence...»



M. Guillaume II. Général de Lacroix. Colonel Chabaud, Capitaine des Vallières Lieutenant Cailliot.
Phot. Max Pipeenhagen.

(Agrandissement)
UN DOCUMENT HISTORIQUE: L'EMPEREUR D'ALLEMAGNE ET LES OFFICIERS DE LA MISSION FRANÇAISE AU CAMP DE DOBERITZ PRÈS BERLIN, PENDANT LES MANOEUVRES DE JUIN
Voir l'article page 70.]

La CATASTROPHE du FARFADET

Le garde-côtes "Tempête". Torpilleur et remorqueur. Bateaux de sauvetage italiens. Grande grue et remorqueur "Cyclope". le "Berger-Wilhelm".

Sur le lieu du sinistre pendant les essais de sauvetage.


Un scaphandrier de l'Audax remontant du «fond» pour déjeuner.


Le dock de renflouement immergé au-dessus du Farfadet.


LES HONNEURS FUNÈBRES AUX VICTIMES.--A Bizerte: Les quatorze cercueils, débarqués du remorqueur Cyclope, sont déposés sur des fourgons du train des équipages, en présence du résident général, des amiraux, des généraux et des différents corps de troupes formant le carré.--Photographies Deconcloit.

Les obsèques des victimes si péniblement arrachées aux flancs du Farfadet ont eu lieu, le 18 juillet, avec l'imposante solennité des honneurs militaires, en présence de M. Pichon, notre résident général en Tunisie, des amiraux Fournier, Gourdon, Jauréguiberry, des commandants des principales unités de l'armée navale, des généraux Roux et Meunier, des survivants de l'équipage et de leurs camarades du sous-marin Korrigan, des fonctionnaires civils et de nombreuses délégations. A l'issue de la cérémonie religieuse, célébrée par Mgr Tournier, évêque de Carthage, assisté du curé de Ferryville, les quatorze cercueils, placés sur des fourgons, furent embarqués à bord du remorqueur Cyclope, pour être transportés de Sidi-Abdallah à Bizerte, où, après les suprêmes hommages, ils devaient rester déposés au cimetière jusqu'au moment de leur transfert en France.

Tout ce qui se rattache au tragique événement du 6 juillet offre mieux qu'un intérêt rétrospectif; aussi, n'est-il pas superflu de compléter nos documents relatifs aux opérations du renflouement effectué, malgré tant de difficultés, au prix de tant d'efforts. Une de nos gravures montre le dock flottant immergé à son maximum, au-dessus du Farfadet: les chaînes passées sous la coque du sous-marin vont être rabattues; puis des pompes à vapeur épuiseront l'eau du dock, lequel émergera, tirant, par la puissance de son mouvement ascensionnel, le bateau coulé, du fond de vase de lm,50 où il s'est enlisé.

Une autre reproduction photographique représente un scaphandrier remontant à l'heure du déjeuner. Ces hommes, nous écrit-on, accomplissaient leur rude et périlleuse besogne avec une admirable vaillance: quand ils revenaient à l'air pour prendre à la hâte quelque nourriture, ils ne se donnaient même pas le temps de se dévêtir D'ailleurs, pendant la trop longue durée des manoeuvres que dirigeait le contre-amiral Aubert, aidé du capitaine de frégate Benoît, chef d'état-major, l'ingénieur de la marine Faure et le lieutenant de vaisseau Mandine, tout le monde, en ces douloureuses circonstances, a su faire son devoir, depuis les chefs jusqu'aux plus humbles travailleurs.


DOCUMENTS et INFORMATIONS

Un troupeau anéanti par la foudre.




Troupeau de vingt-quatre vaches laitières foudroyées au pied d'un chêne, à Cheltenham, le 9 juillet.

Le mois de juillet aura été marqué, cette année, par de nombreux cyclones, comme les lecteurs de L'Illustration auront pu le remarquer, grâce aux instantanés publiés dans un de nos précédents numéros. L'Angleterre n'a pas été moins épargnée que la France et l'Europe centrale.

Le 9 juillet, un orage d'une rare violence éclatait dans la région de Cheltenham. De nombreuses fermes furent ravagées et les domaines du comte de Warwick furent le théâtre d'un véritable massacre.

Un troupeau de vingt-quatre vaches laitières s'était réfugié sous l'épaisse frondaison d'un chêne. Soudain, la foudre s'abattit sur la cime de l'arbre, traçant de longs sillons verticaux dans l'écorce du tronc et foudroyant les vingt-quatre bêtes groupées à sa base.

Dès la nouvelle de l'accident, notre correspondant accourut sur les lieux et prit l'impressionnant instantané que nous reproduisons ici.

Il semble qu'on peut remarquer à ce propos que la foudre est plus fatale aux animaux qu'aux hommes: précieux privilège qu'il est difficile d'expliquer. Les bêtes résistent moins que les humains aux décharges électriques.

L'intérêt du porte-monnaie et le progrès social.



On sait qu'une visite médicale extrêmement rigoureuse est imposée aux immigrants aux États-Unis et que l'entrée dans ce pays est impitoyablement refusée à ceux qui paraissent même simplement chétifs et malingres.

La conséquence de cette visite, c'est que les compagnies de navigation maritime doivent rapatrier, à leurs frais, les immigrants refusés.

Pour éviter ces frais, les compagnies des divers pays ont décidé de prendre toutes les précautions nécessaires pour protéger la santé de leurs passagers.

Ainsi, à Hambourg, une compagnie a fait construire de grands halls destinés à abriter les émigrants lors de leur séjour dans le port avant leur embarquement; et les résultats ayant été reconnus favorables, on va construire des baraquements pouvant contenir chacun 120 lits, disposés suivant les règles de l'hygiène moderne et pourvus, pour chaque groupe de quatre baraques, d'un baraquement spécial destiné à la buanderie, aux étuves, cabinets d'aisances, etc.

On sait, d'autre part, que l'institution des sanatoriums pour tuberculeux a eu son origine en Allemagne, dans des préoccupations de même nature de la part des sociétés d'assurances.

C'est ainsi que le souci du porte-monnaie est encore le moteur le plus sûr du progrès social.

L'explosion du «Bennington»



Le 21 juillet, un petit croiseur de la marine des États-Unis, le Bennington, se rendant de Honolulu à Panama, était ancré à San-Diego (Californie), où il s'était arrêté pour faire du charbon, lorsqu'une formidable explosion se produisit à bord. Malgré la promptitude des secours, sur un équipage de 198 hommes, y compris 16 officiers, on comptait bientôt 39 morts et 80 blessés, dont une vingtaine grièvement; on constatait en outre la disparition de 21 hommes.


          Le croiseur américain
                     Bennington.

Les chaudières du Bennington, jugées défectueuses, avaient été récemment réparées.

Suivant le rapport du commandant, deux d'entre elles éclatèrent successivement, et il est probable que l'ébranlement détermina, par surcroît, l'éclatement des puissants engins emmagasinés dans la soute: d'où les terribles conséquences du sinistre.

Chose curieuse, un mécanicien qui inspectait une des chaudières, au moment de l'explosion, n'a eu que des blessures légères.


L'automobilisme en rivière.




      Le canot automobile Antoinette-III en vitesse sur la
                              Seine devant Mantes.

Pour préluder à la grande semaine maritime du Havre et de Trouville, le Yachting-Gazette a organisé, de Paris-Courbevoie à Rouen, une croisière de «cruisers» et de «racers» dont le départ a été donné le dimanche

23 juillet. La première étape, de Courbevoie à Mantes, a été l'occasion d'un succès pour un des racers, L'Antoinette-III, qui, à Mantes même, a couru la coupe Dubonnet, sur 100 kilomètres, en 2 h. 20, soit à une vitesse régulière de plus de 42 kil. 500 à l'heure. Cette allure, quoique déjà extrêmement rapide, n'est pas surprenante de la part d'un de ces canots automobiles, et ce n'est pas le motif qui vaut à L'Antoinette-III de figurer dans nos colonnes. Mais l'instantané ci-dessus semble bien prouver que ces petits engins mécaniques, produits d'une industrie essentiellement moderne, apportent, à la surface des rivières pendant l'instant de leur passage vertigineux dans un sillage léger et qui s'étale en friselis d'écume, un aspect, nouveau certes, imprévu peut-être, de monstre marin, mais qui a sa beauté particulière et qui ne détruit pas l'harmonie, qui ne dépare nullement le cadre d'un beau paysage fluvial.

Les patates douces pour l'élevage.



Parmi les légumes qui, depuis quelques années, ont pris une place sur nos marchés français, la patate douce n'est sans doute pas celui qui a obtenu le plus de succès. Ce légume sucré déconcerte un peu le consommateur. Pourtant, il est excellent--bouilli ou bien cuit au four--et constitue un aliment énergétique des plus recommandables. La patate, qui est le tubercule souterrain d'un convolvulus, se cultive sans peine dans les îles de la Méditerranée et sur la côte nord de l'Afrique. Elle pourrait, d'après le Bulletin de l'Office de l'Algérie, prendre une place importante dans l'alimentation du bétail, tout comme la pomme de terre. Elle est plus riche que cette dernière et conviendrait particulièrement pour l'engraissement. Elle est appétissante aussi. Les porcs, qui aiment les bonnes choses et savent les trouver--chacun connaît leur goût pour la truffe et leurs aptitudes pour la découvrir--déterrent eux-mêmes les patates dans les cultures, pour s'en régaler. Il n'y aurait même pas à tirer celles-ci de terre: les porcs pratiqueraient l'extraction et aussi le labourage par la même occasion. La patate est un aliment très hygiénique, qui ne procure jamais d'indigestion: il entretient au contraire ce qu'un médecin appelait «la première des libertés». On devine celle dont il s'agit. De culture facile en terre légère et sableuse, la patate donne six tonnes sur l'espace où le maïs n'en donne pas une. Il est vrai que 4 1/2 de patates valent 1 de maïs; mais, même dans ces conditions, il est plus avantageux de pratiquer l'engrais par la patate.

A CONSTANTINOPLE


La mosquée de Hamidié, où le sultan Abdul-Hamid a été l'objet d'un attentat, le 21 juillet, jour du Selamlik.
Phot. Strumper.

La mosquée de Hamidié est un frêle et gracieux monument, dont les blanches terrasses sont surmontées par la coupole légère d'un minaret qui est un véritable bijou d'art. C'est là, à quelques pas à peine de son palais d'Yildiz-Kiosk, que le sultan Abdul-Hamid assiste pieusement, chaque vendredi, aux cérémonies du Selamlik.

Dès qu'à midi la voix plaintive du muezzin a convié la foule à la prière, les portes du palais d'Yildiz s'ouvrent à deux battants. Au milieu d'une brillante escorte de princes, de ministres, de grands officiers chamarrés d'or, de pachas et de serviteurs, aux sons des musiques et parmi les acclamations de la foule, une luxueuse Victoria, attelée de deux chevaux blancs, emporte le sultan, à fond de train, jusque dans la grande cour de la mosquée. Le souverain descend alors de sa voiture, salue ses sujets et pénètre dans le religieux édifice entouré du cheik-ul-islam, des ulémas et des imans.

Aussitôt après la fin de la cérémonie, Abdul-Hamid regagne sa Victoria, qui le ramène dans son palais avec une rapidité d'allure qui jette toujours une certaine confusion dans sa suite. Ce n'est cependant pas grâce à la vitesse extrême de son attelage que le sultan a dû, vendredi dernier, de n'être pas atteint par l'explosion de la bombe qui, dans la cour de la mosquée de Hamidié, a tué plus de 20 personnes et en a blessé près de 60 autres.

L'ÉCHOUEMENT DU "CHODOC"

L'un des meilleurs paquebots de la Compagnie des Chargeurs-Réunis, le Chodoc, s'est, le 28 juin dernier, échoué dans les parages du cap Gardafui.

La presse s'est fait l'écho de ce sinistre qui, sans l'adroite énergie des officiers du navire et les secours intéressés des Somalis, eût pu coûter la vie à plus de cinq cents passagers. Ce fut dans la nuit du 28 au 29 juin que le navire s'immobilisa sur des rochers. La veille, on avait dansé sur le pont; tout le monde était gai, confiant, heureux du retour en France. Le 29 fut un triste lendemain de fête: le Chodoc était échoué à 150 mètres du rivage, d'un rivage d'aspect peu hospitalier, dans une mer démontée que couvraient, néanmoins, une multitude d'embarcations montées par des indigènes armés jusqu'aux dents.

Il fallut parlementer avec les Somalis et passer par leurs conditions. On consentit donc, comme ils l'exigeaient, à leur laisser piller le bâtiment comme prix du sauvetage des personnes. Ainsi fut fait. Les indigènes d'abord s'assurèrent du butin et dans chacun de leur canot, déjà chargé à en couler, embarquèrent quatre passagers en détresse. A terre, heureusement, le sultan du pays, Rouhone, qui visita les naufragés, s'efforça d'adoucir leur situation par tous les moyens en son pouvoir jusqu'à leur rapatriement, en Europe, par un vapeur russe, le Smolensk.


Le sauvetage des passagers du Chodoc, par les pirogues des Somalis, près du cap Gardafui, dans la nuit du 29 juin.--D'après le croquis d'un têmoin oculaire.




(Agrandissement)


NOUVELLES INVENTIONS

(Tous les articles compris sous cette rubrique sont entièrement gratuits.)

l'allumoir dynamo

L'allumoir dont nous entretenons nos lecteurs est basé sur un principe original--peu ou pas employé jusqu'à présent, du moins dans ce genre d'applications--la rupture du courant d'une dynamo.

Habituellement, les appareils ordinaires rompent le courant d'une magnéto, c'est-à-dire qu'ils comportent des aimants permanents, sujets à se désaimanter, ou bien ils utilisent le courant d'une pile, rapidement épuisée, en tout cas rarement commode.

Ces appareils cessent d'ailleurs de fonctionner au bout d'un court laps de temps et l'on se voit forcé de recourir à des réparations coûteuses et embarrassantes. Ces circonstances ont souvent discrédité les allumoirs électriques.

Partant du principe qu'un allumoir réellement pratique doit renfermer en premier lieu sa propre source d'énergie inépuisable, ne comportant jamais un renouvellement ou complément, l'inventeur de l'appareil en question, après de longues et laborieuses recherches, a réussi, en se basant sur le principe dynamo-électrique, à construire un appareil donnant toute satisfaction, tout en assurant à l'instrument une durée de fonctionnement de plusieurs années.

Comme on peut le voir sur la figure ci-jointe, dans une cassette en métal et cristal, se trouvent une petite dynamo complète, du type Siemens, un mécanisme d'allumage à rupture ainsi qu'un récipient pour la matière inflammable.

Sur la surface, côté gauche, se trouve l'allumoir, avec une coiffe de culasse; à côté, en arrière, l'allume-cigare; à droite, dans un enfoncement, un cendrier mobile avec un coupe-cigare au-dessus. Dans la paroi de face, vers le milieu, se trouve enchâssée une poignée de rotation.


                        L'allumoir dynamo.

On fait fonctionner l'appareil en faisant subir à cette poignée un mouvement de rotation vif et continu, mais sans brusquerie, dirigé de gauche à droite. Une roue dentée, reliée à la poignée, entraîne un petit pignon fixé à l'induit de la dynamo. Il se produit ainsi, pour un seul mouvement de la main, une dizaine de tours destinés à exciter la dynamo, dont finalement le circuit est rompu sèchement par un choc de leviers au contact d'une mèche imprégnée d'alcool. Une vive étincelle se produit et la lampe s'allume, tandis que se découvre la coiffe recouvrant la mèche. Il ne peut pour ainsi dire pas y avoir de ratés et la dynamo est toujours prête à l'allumage puisqu'elle n'emprunte qu'à la main de l'opérateur la puissance nécessaire à son fonctionnement.

Un récipient, dont le couvercle paraît sur la gauche arrière de la figure, doit être rempli pour un peu plus que la moitié d'alcool dénaturé (on met habituellement dans celui-ci une goutte de parfum, pour retirer l'odeur de l'alcool).

Après chaque opération, on recouvre la coiffe, ce qui éteint la flamme et empêche ensuite l'évaporation de l'alcool.

Les frais d'entretien sont très minimes et le prix de l'appareil se trouve remboursé par l'économie que l'on fait en faisant usage de l'allumoir.

Cet appareil, fort élégant, se trouve en vente, au prix de 75 francs, chez Kirby, Beard et Cie, 5, rue Auber, Paris.

[NOTE du transcripteur: Le supplément de quatre pages, concernant l'exposition de Liège ne nous a pas été fourni. La gravure hors-texte intitulée le CHEF-D'OEUVRE a été déplacée et jointe au texte qui la commente.]