Title: La vita Italiana nel Risorgimento (1831-1846), parte 3
Author: Various
Release date: March 8, 2016 [eBook #51402]
Language: Italian
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LA
VITA ITALIANA
NEL
RISORGIMENTO
(1831-1846)
SECONDA SERIE
III.
LETTERE, SCIENZE E ARTI.
Lamartine, Châteaubriand et l'Italie. | Dejob Charles. |
La pleiade musicale. | Checchi Eugenio. |
La elettricità animale. | Fano Giulio. |
Le Monténégro. | Yriarte Charles. |
FIRENZE
R. BEMPORAD & FIGLIO
CESSIONARI DELLA LIBRERIA EDITRICE FELICE PAGGI
7, Via del Proconsolo
—
1899.
PROPRIETÀ LETTERARIA
RISERVATI TUTTI I DIRITTI.
Gli editori R. Bemporad & Figlio dichiarano contraffatte tutte le copie non munite della seguente firma:
Firenze. Tip. Cooperativa. Via Pietrapiana, 46.
[5]
CONFERENZA
DI
CHARLES DEJOB.
[7]
Mesdames, Messieurs,
On a souvent reproché aux Français, dans notre siècle, d'ignorer systématiquement les langues étrangères. Ce reproche, ils ne l'ont mérité qu'un moment. Nulle part pendant deux cents ans l'espagnol et l'italien n'ont été plus à la mode que chez nous; jusque dans le premier tiers de ce siècle, la France a été un des pays où, je ne dirai pas seulement on écoutait, mais où l'on imprimait le plus de livres italiens; et depuis un certain nombre d'années les étrangers qu'on envoie chez nous en mission pour examiner la manière dont nos lycées enseignent l'anglais et l'allemand, confessent dans leurs rapports qu'il est difficile de mieux faire. Il y a toutefois un degré auquel nous n'atteindrons probablement jamais: hors de France, dans certains salons, une même personne parle allemand à un interlocuteur, [8] anglais à un autre, français à un troisième: peu de Français seront polyglottes à ce point là. Mais faut-il le regretter? Apprendre, non pas seulement à lire mais à parler plusieurs langues vivantes, c'est prélever sur sa jeunesse pour apprendre des mots bien des mois qu'il vaudrait peut-être mieux employer à approfondir sa propre langue et à penser ou à sentir; puis n'est-il pas bien difficile à un auteur de se former un idéal s'il est pour ainsi dire, tourmenté par les génies divers de plusieurs nations qui se le disputent? Ecrire sous la dictée d'une Muse, c'est fort bien; mais écrire sous la dictée de trois ou quatre Muses qui nous parlent à la fois, c'est moins commode. En revanche, la France a toujours été un des pays où l'on trouve le plus d'hommes voués à l'étude des littératures étrangères et employant leur existence à écrire, non pas des articles sur des feuilles volantes et à propos de productions courantes dont tout le monde parle aujourd'hui et dont personne ne parlera dans vingt ans, mais des volumes sur l'art ou la poésie des autres nations; et le grand public s'y intéresse si fort aux chefs-d'œuvre durables de l'étranger, qu'il se presse au pied des chaires où on les commente: il y a environ cent ans, Ginguené, le spirituel et perspicace historien de votre [9] littérature, en inaugura l'enseignement à l'Athénée; cet enseignement, transféré depuis à la Sorbonne, y a brillé du même éclat entre les mains de Fauriel, d'Ozanam, de M. Mézières et de M. Gebhart. Enfin la France est un des pays où les écrivains célèbres, les penseurs, viennent le plus volontiers en aide aux savants pour faire aimer les nations qui méritent d'être aimées. Tout le monde sait que Stendhal a pour ainsi dire passé sa vie à persuader aux Français que Milan, Florence, Rome, Naples étaient les plus délicieux des séjours: et j'ai eu occasion de montrer qu'à une époque où tous les voyageurs du Nord de l'Europe exprimaient le plus profond dédain pour l'Italie contemporaine, le grand astronome Lalande, Roland le futur conventionnel, surtout Mme de Staël, prédisaient de la façon la plus claire votre glorieux relèvement.
Je voudrais rechercher aujourd'hui les sentiments de Châteaubriand et de Lamartine à l'égard de l'Italie.
Au premier abord, il semble que Châteaubriand n'a pas dû vous être très-favorable. Je ne parle pas de quelques réclamations passagères qu'il s'est attirées. Giustina Renier-Michiel a éloquemment réclamé contre l'épithète de ville contre nature qu'il avait appliquée à Venise après son premier voyage, [10] et Silvio Pellico s'est plaint avec raison de ce que Châteaubriand avait confondu les piombi de 1830 avec ceux de 1820. Ce sont là des détails; mais un ancien émigré, un légitimiste qui avait longtemps été ultra, pouvait-il s'intéresser au véritable bien de l'Italie moderne? L'homme qui a entraîné Louis XVIII à restaurer en Espagne le pouvoir absolu de Ferdinand VII pouvait-il avoir quelque sympathie pour les patriotes italiens?
Pourtant ne nous arrêtons pas aux apparences!
D'abord Châteaubriand connaissait fort bien vos classiques, qu'il cite assez souvent dans le texte. Dans le Génie du Christianisme, il ne parle pas toujours de Dante comme il faudrait: mais songez qu'il l'écrivait du vivant de Saverio Bettinelli; combien de gens, même en Italie, malgré tout le parti que Monti venait de tirer pour sa Bassvilliana de l'imitation du poëme sacre, continuaient à juger la Divine Comédie sur la foi des Lettere Virgiliane! Baretti, qui, pour faire pièce à Voltaire, a réussi à comprendre Shakespeare, n'a jamais réussi à comprendre Dante. Du moins Châteaubriand reconnaît-il que Dante n'a point de maître dans le pathétique et le terrible; et plus tard, dans son Essai sur la littérature anglaise, il avertit que Shakespeare, dont nos romantiques étaient idolâtres, [11] a eu moins à faire que Dante pour fonder la littérature nationale. Son appréciation sur le Tasse, pour qui vous savez que la France a toujours eu un faible malgré le mot de Boileau dont on exagère étrangement le sens, est très-pénétrante; il appelle la Jérusalem Délivrée un chef-d'œuvre de composition, et, quand il la blâme, c'est en homme que le poète a conquis à son sujet, et qui voudrait collaborer avec lui pour atteindre la perfection. Enfin il a pieusement suivi le convoi funèbre de cet Alfieri dont, par un hasard qui au fond n'en est pas un, les Français furent les admirateurs décidés à une époque où les Italiens se partageaient encore sur son compte.
Mais ce sont principalement les beautés naturelles de l'Italie qu'il nous a comme révélées. Chose curieuse, et qui montre combien, en dépit d'Horace, la plume est quelquefois supérieure au pinceau pour la propagation des idées! Parmi les peintres qui ont le mieux fixé sur la toile le charme du ciel italien, tout le monde place nécessairement deux Français, Claude Gellée dit le Lorrain et Nicolas Poussin, et ils ont tous deux vécu il y a deux cents ans; toutefois, la beauté de ce ciel n'est proverbiale en France, à tous les degrés de la population, que depuis que Châteaubriand [12] et Lamartine l'ont décrite. Châteaubriand a visité plusieurs fois l'Italie: dès le premier voyage il est ravi; il vante les chemins excellents de la Lombardie, ses auberges «supérieures à celles de France, presque égales à celles de l'Angleterre;» il donne sur les fouilles de Pompei un excellent conseil qu'on a fini par juger tel: laisser les objets là où on les trouve, protéger par un toit les édifices qui les contiennent, mais conserver à chaque chose sa signification en lui conservant sa place[1], surtout il a senti à ravir l'attrait de la campagne romaine et du golfe de Naples. Voici comment il peint le premier des deux tableaux:
«Rien n'est comparable, pour la beauté, aux lignes de l'horizon romain, à la douce inclination des plans, aux contours suaves et fuyants des montagnes qui le terminent.... Une vapeur répandue dans le lointain arrondit les objets et dissimule ce qu'ils pourraient avoir de dur ou de heurté dans leurs formes. Les ombres ne sont jamais lourdes ou noires; il n'y a pas de masses si obscures de rochers et de feuillages, dans lesquelles il ne s'insinue toujours un peu de lumière. Une teinte singulièrement harmonieuse marie la terre, le ciel et les eaux; [13] toutes les surfaces au moyen d'une gradation insensible de couleurs, s'unissent par leurs extrémités, sans qu'on puisse déterminer le point où une nuance finit et où l'autre commence. Vous avez sans doute admiré dans les paysages de Claude Lorrain cette lumière qui semble idéale et plus belle que nature. Eh bien, c'est la lumière de Rome.»[2]
Voici pour Naples:
«Des fleurs et des fruits humides de rosée sont moins suaves et moins frais que le paysage de Naples sortant des ombres de la nuit. J'étais toujours surpris, en arrivant au portique, de me trouver au bord de la mer; car les vagues dans cet endroit faisaient à peine entendre le léger murmure d'une fontaine. En extase devant ce tableau, je m'appuyais contre une colonne et, sans pensée, sans désir, sans projet, je restais des heures entières, à respirer un air délicieux. Le charme était si profond, qu'il me semblait que cet air divin transformait ma propre substance, et qu'avec un plaisir indicible je m'élevais vers le firmament comme un pur esprit.»[3]
Ce qui a principalement aidé à graver ces éloges [14] du sol de l'Italie dans la mémoire des Français, c'est qu'ils se rattachent souvent à ce que j'appellerai la philosophie de Châteaubriand. Vous savez que la grandeur de Châteaubriand tient avant tout à la profondeur avec laquelle il a ressenti le prodigieux ébranlement de 1789. Toutes les révolutions postérieures ne sont que des jeux auprès de celle-là, non seulement à cause des luttes intestines qu'elle a déchaînées, de l'énergie qu'il a fallu à la France pour rejeter hors de ses confins l'Europe entière acharnée à la destruction de la liberté, mais parce que toutes les révolutions ultérieures ne portent que sur l'extension du principe victorieusement établi par les hommes de 89, la souveraineté des nations. A cette date, un monde s'est englouti, un autre monde est sorti du chaos. La notion du roi sacré par l'Eglise, père de son peuple et propriétaire de son royaume, de l'Eglise maîtresse des consciences, des intelligences et dispensatrice privilégiée de la charité publique, de la noblesse tantôt opulente, tantôt pauvre, mais toujours riche d'honneur, parce que sa fonction propre est de mourir pour la patrie, toute cette conception, très-imparfaite assurément, mais brillante et longtemps glorieuse, s'est abimée. Châteaubriand accepta, en partie du moins, le monde nouveau, mais ne cessa jamais de pleurer la grandeur [15] du monde disparu. De là, cette habitude de méditer sur le néant de l'homme qui tourne quelquefois à la manie, mais qui lui inspire souvent des pages dignes de Bossuet. Or l'Italie le conviait éminemment à des méditations de cette nature. Avant lui, la plupart des voyageurs ne cherchaient dans Rome que l'antiquité ou la Renaissance, ou bien ils opposaient à la Rome d'autrefois la Rome de leur temps, pour mépriser celle-ci ou la plaindre. Au contraire, Châteaubriand qui professe, en véritable Breton, qu'un roi n'est jamais plus grand que quand il a perdu sa couronne, vénère dans la Ville Eternelle la splendeur qu'elle ne possède plus. Il la place, dans son imagination et dans son cœur, à côté de ces Bourbons dont il ne méconnaît pas les fautes, dont il n'adore pas les caprices, mais que le malheur a transfigurés pour lui:
«Figurez-vous quelque chose de la désolation de Tyr et de Babylone, dont parle l'Ecriture: un silence et une solitude aussi vastes que le bruit et le tumulte des hommes qui se pressaient jadis sur ce sol.... Vous apercevez ça et là quelques bouts de voie romaine dans des lieux où il ne passe plus personne, quelques traces desséchées des torrents de l'hiver: ces traces vues de loin ont elles-mêmes l'air de grands chemins battus et fréquentés, et elles ne sont [16] que le lit désert d'une onde orageuse qui s'est écoulée comme le peuple romain. A peine découvrez-vous quelques arbres, mais partout s'élèvent des ruines d'acqueducs et de tombeaux, ruines qui semblent être les forêts et les plantes indigènes d'une terre composée de la poussière des morts et des débris des empires.... On dirait qu'aucune nation n'a osé succéder aux maîtres du monde dans leur terre natale.... Déchue de sa puissance terrestre, Rome, dans son orgueil, semble avoir voulu s'isoler....; comme une reine tombée du trône, elle a noblement caché ses malheurs dans la solitude. Il me serait impossible de vous dire ce qu'on éprouve lorsque Rome vous apparaît tout à coup au milieu de ces royaumes vides et qu'elle a l'air de se lever pour vous de la tombe où elle était couchée. Tâchez de vous figurer ce trouble et cet étonnement qui saisissaient les prophètes lorsque Dieu leur envoyait la vision de quelque cité à laquelle il avait attaché les destinées de son peuple.»[4]
Oui, me direz-vous; mais que pense-t-il des habitants de ces ruines majestueuses, de cet auguste désert? Messieurs, voici sa réponse dès l'année [17] 1803 et quand il n'a encore fait que traverser l'Italie.
«Quant aux Romains modernes,... je crois qu'il y a encore chez eux le fond d'une nation peu commune. On peut découvrir parmi ce peuple trop sévèrement jugé un grand sens, du courage, de la patience, du génie, des traces profondes de ses anciennes mœurs, je ne sais quel air de souverain et quels nobles usages qui sentent encore la royauté.» Notez qu'il parle ici, non des Italiens du Nord, qui venaient de donner au monde Alfieri, Parini, Goldoni, où la veille encore Turin et Venise étaient les capitales d'Etats libres, où l'esprit public s'était éveillé avec Pietro Verri et Beccaria, mais de cette pauvre Rome si endormie alors et si infortunée depuis 900 ans qu'à l'époque même où les papes faisaient et défaisaient les rois, elle était en proie aux caprices alternatifs de ses barons et de sa populace. Jusque dans les traits des Romains modernes, Châteaubriand reconnaît la physionomie du peuple roi, et cela entre Marengo et Austerlitz, c'est-à-dire à une époque où il fallait à un Français beaucoup d'esprit et de cœur pour ne pas oublier que l'orgueil est le partage des sots.
Il se prononcera bien plus fortement quand il sera plus complètement informé. Voici un passage [18] d'un rapport qu'il adresse au gouvernement français en 1828, en qualité d'ambassadeur à Rome. Ecoutez d'abord comme il s'exprime sur les Bourbons de Naples, qui pourtant comptaient alors en France sur les marches du trône la mère du comte de Chambord et la femme du futur Louis Philippe: «Il est malheureusement trop vrai que le gouvernement des Deux Siciles est tombé au dernier degré du mépris.» Ecoutez maintenant ce qu'il écrit sur la persécution de vos patriotes à une époque où le Spielberg n'avait pas encore rendu ses proies: «On prend pour des conspirations ce qui n'est que le malaise de tous, le produit du siècle, la lutte de l'ancienne société avec la nouvelle, le combat de la décrépitude des vieilles institutions contre l'énergie des jeunes générations, enfin la comparaison que chacun fait de ce qui est à ce qui pourrait être. Ne nous le dissimulons pas: le grand spectacle de le France puissante, libre et heureuse, ce grand spectacle qui frappe les nations restées ou retombées sous le joug, excite des regrets ou nourrit des espérances. Le mélange des gouvernements représentatifs et des monarchies absolues ne saurait durer; il faut que les uns ou les autres périssent, que la politique reprenne un égal niveau ainsi que du temps de l'Europe gothique.... C'est dans ce sens [19] et uniquement dans ce sens qu'il y a conspiration en Italie.»
Loin de flatter ses compatriotes, il ajoutait que c'était seulement en ce sens que l'Italie était française: «Le jour où elle entrera en jouissance des droits que son intelligence aperçoit et que la marche progressive du temps lui apporte, elle sera tranquille et purement italienne.» Rien de plus honorable que cette loyauté, qui lui interdit de mettre la main sur le libéralisme naissant de l'Italie, de se prévaloir, pour le confisquer au profit de la France, du réveil que nos penseurs du XVIIIe siècle avaient provoqué chez elle. Loin aussi de renvoyer à une date qui n'arriverait jamais l'accomplissement de ses prédictions, il disait: «Si quelque impulsion venait du dehors, ou si quelque prince en deçà des Alpes accordait une charte à ses sujets, une révolution aurait lieu, parce que tout est mûr pour cette révolution.»[5]
Vous voyez, Messieurs, que si Châteaubriand a siégé avec M. de Metternich au Congrès de Vienne, ces deux hommes d'État ne jugeaient pas de la même façon les affaires de l'Italie.
[20]
Ma tâche devient en apparence plus délicate avec Lamartine: car son nom vous rappelle sur le champ quelques paroles un peu vives qui lui valurent tout près d'ici un coup d'épée. J'espère que tout à l'heure vous conviendrez qu'il eût été bien dommage que Gabriele Pepe tuât Lamartine, et cela non seulement parce que, en vérité, le prix des deux existences engagées dans le combat n'était pas tout à fait égal, mais parce que, si un jugement sévère, injuste même, sur une nation signifiait nécessairement qu'on la méprise ou qu'on la déteste, il faudrait effacer Dante, Alfieri, Foscolo et beaucoup d'autres, de la liste des patriotes italiens: peut-être reconnaîtrez-vous dans un instant que Lamartine a fait au moins autant pour l'Italie que son très honorable adversaire.
D'abord, par ses premières lectures, par ses amis de France, surtout par ses fréquents séjours au-delà des Alpes, il avait eu le loisir de la connaître; il en écrivait, il en parlait la langue. M. Mazzatinti a retrouvé une lettre de lui écrite en un italien fort satisfaisant à un Florentin; et j'ai lu, je ne sais plus où, qu'un jour dans sa vieillesse et devant des auditeurs qu'il savait évidemment capables de la comprendre, il feignit de lire une scène de mœurs napolitaines qu'en réalité il improvisait et où des [21] pêcheurs de Mergellina s'exprimaient dans leur dialecte. Il n'avait pas passé douze ans en Italie, comme il lui est échappé un jour de le dire: mais, sans compter de courtes visites, il y avait passé une partie des années 1811 et 1812, de l'année 1820, et trois ans de 1825 à 1828; si les salons italiens avaient été assez lents à s'ouvrir pour lui, il s'était lié avec Niccolini, surtout avec Gino Capponi avec qui, vous le savez, il resta en correspondance, et il avait été mêlé à vos affaires par ses fonctions diplomatiques, à Naples d'abord, puis à Florence.
Lui aussi, ce fut la beauté physique de l'Italie qu'il commença par goûter; nul n'a exprimé avec plus de séduction le charme d'une promenade nocturne sur le golfe de Baia au milieu des chants que se renvoient les pêcheurs et des parfums terrestres dont la brise du soir embaume les eaux. Et, comme, pour la diffusion rapide des idées, la poésie a sur la prose le même avantage que la prose sur le pinceau, les vers de Lamartine décuplèrent chez nous en un moment les adorateurs de la nature italienne. Citons seulement quelques vers:
Maintenant sous le ciel tout repose, ou tout aime;
La vague en ondulant vient dormir sur le bord;
La fleur dort sur sa tige, et la nature même
Sous le dais de la nuit se recueille et s'endort.
[22]
Vois: la mousse a pour nous tapissé la vallée;
Le pampre s'y recourbe en replis tortueux,
Et l'haleine de l'onde à l'oranger mêlée
De ses fleurs qu'elle effeuille embaume mes cheveux.
A la molle clarté de la voûte sereine,
Nous chanterons ensemble assis sous le jasmin
Jusqu'à l'heure où la lune, en glissant vers Misène,
Se perd en pâlissant dans les feux du matin.
D'ailleurs Lamartine, comme Châteaubriand, rapporta de l'Italie autre chose que des impressions, il en rapporta une doctrine; il y avait découvert pour son compte ce néant de l'homme que Châteaubriand y avait seulement approfondi. Trop jeune pendant la Révolution française pour en avoir, comme son prédécesseur, ressenti directement la secousse, c'est en contemplant du sein de toutes les joies de la vie les ruines de l'antiquité qu'il avait appris que tout change, tout passe, que nous passons nous mêmes «hélas, sans laisser plus de trace que cette barque où nous glissons sur cette mer où tout s'efface.» Il y avait encore appris, ou plutôt il s'y était enseigné à lui-même par un commentaire vivant du Tasse qui avait été le premier en date de ses poètes préférés, sans doute aussi par une réminiscence de Pétrarque, un nouveau style d'amour. Un a dit en France, et avec raison, que dès avant lui, la poésie spirituellement, sèchement [23] galante qui n'avait que trop fleuri chez nous au XVIIIe siècle n'y régnait déjà plus, que l'amour commençait à y être une passion sincère et, par moments, mélancolique. Mais ce qu'on n'avait pas encore entendu chez nous, c'était l'hymne religieux de l'amour: c'était, non pas l'amour platonique, mais l'amour gravement, pieusement exalté, reconnaissant à la bonté divine qui prête un instant la beauté à la terre pour en sécher les larmes, mais qui la rappellera bientôt à lui pour nous empêcher d'oublier qu'après tout le ciel seul ignore les pleurs. Or ici Lamartine ne procède d'aucun Français, pas même d'André Chénier dont les vers les plus touchants demeurent païens. Certes nos classiques avaient admirablement dépeint les orages du cœur; mais pour eux, la religion était une chose, l'amour en était une autre, et ces deux ordres d'idées n'avaient rien à voir entre eux: dans la tradition française, Dieu ne connaissait que le devoir, il ordonnait la continence aux célibataires, la fidélité aux époux: quant à l'amour honnête, il le permettait, mais il ne s'en occupait pas. Lamartine au contraire procède de l'amant de Laure et du chantre de Tancrède. Il ne les imite pas; il est moins homme de lettres qu'eux dans le bon comme dans le mauvais sens; son élocution est moins travaillée; [24] la nature lui offre autre chose qu'un pré fleuri, une claire fontaine et un chœur d'oiseaux saluant le mois d'avril.
Mais, pour les avoir relus sous le ciel qui les a inspirés, pour avoir respiré le bonheur qu'exhale la terre dont les habitants appellent tout ce qui enchante grazia di Dio, il a, comme eux et plus expressément encore, monté la poésie amoureuse sur le ton des cantiques.
Celui qui, le cœur plein de délire et de flamme,
A cette heure d'amour, sous cet astre enchanté,
Sentirait tout à coup le rêve de son âme
S'animer sous les traits d'une chaste beauté,
Celui qui, sur la mousse, au pied du sycomore,
Au murmure des eaux, sous un dais de saphirs,
Assis à ses genoux de l'une à l'autre aurore
N'aurait pour lui parler que l'accent des soupirs,
Celui qui, respirant son haleine adorée,
Sentirait ses cheveux soulevés par les vents,
Caresser en passant sa paupière effleurée,
Ou rouler sur son front leurs anneaux ondoyants,
Celui qui, suspendant les heures fugitives,
Fixant avec l'amour son âme en ce beau lieu,
Oublierait que le temps coule encor sur ces rives,
Serait-il un mortel ou serait-il un dieu?
Et nous, aux doux penchants de ces verts Elysées,
Sur ces bords où l'Amour eût caché son Eden,
Au murmure plaintif des vagues apaisées,
Aux rayons endormis de l'astre élyséen;
[25]
Sous ce ciel où la vie, où le bonheur abonde,
Sur ces rives que l'œil se plaît à parcourir,
Nous avons respiré cet air d'un autre monde,
Elvire!... et cependant on dit qu'il faut mourir.
Lisez superficiellement les Méditations, vous vous demanderez pourquoi telle ou telle pièce porte pour titre un site napolitain: vous n'y trouverez point de ces descriptions qui mettent les objets sous les yeux; Lamartine regarde beaucoup moins que Victor Hugo, mais il sent davantage; livrez-vous à lui et les émotions qu'il éveillera en vous ranimeront celles que deux de vos poètes vous ont jadis données. Le tour n'est plus le même: il y a déjà un orateur caché sous le poète des Méditations: mais l'accent révèle la parenté du cœur.
De même, cherchez à reconnaître le site de l'abbaye de Vallombrosa dans la pièce où Lamartine l'a chantée: vous n'y réussirez pas. Mais il fallait peut-être la splendeur d'une contrée où la solitude fait à peine sentir son poids, où presque partout, dès qu'on s'élève au-dessus du sol des villes, on aperçoit les deux spectacles les plus sublimes, le mer et la montagne, pour découvrir à un jeune Français déjà répandu dans les salons parisiens les trésors cachés de la vie monastique, cette joie mystérieuse que le vulgaire admire sans la comprendre, [26] pour lui faire goûter ce plaisir du recueillement qui ne suffit point pour vivre parmi le monde, mais qui suffit pour vivre avec le ciel et avec soi-même.
Mais en comprenant, en aimant l'Italie, aurait-il méconnu, dédaigné les Italiens?
Messieurs, une opinion assez répandue de ce côté des Alpes veut que la sympathie de la France pour l'Italie date de 1859, ou même qu'à cette date encore un seul homme, le chef de la nation, il est vrai, ait véritablement souhaité la délivrance de votre nation. Ce qui est exact, c'est que pour que l'Italie entraînât la France avec elle, il fallait qu'elle eût eu le temps de donner à la masse de notre nation la preuve palpable, éclatante de sa volonté et de son héroïsme. Il fallait que le belliqueux Piémont, le premier prêt pour la lutte, eût osé affronter l'Autriche, il fallait que les bourgeois de Milan après une lutte de cinq jours eussent chassé leur garnison, que la jeunesse universitaire, professeurs en tête, se fût fait écraser à Curtatone et à Montanara, il fallait que le grand Manin eût prouvé une fois de plus qu'un homme peut quelque temps tenir tête à un empire, et qu'enfin les plus illustres débris de cette mémorable année, conduits par un instinct sûr, fussent venus porter [27] chez nous le spectacle de leur courageuse pauvreté et de leurs indomptables espérances. Mais, dès l'instant où l'on sut en France que ce n'étaient pas seulement un Pellico, un Confalonieri qui voulaient au prix de ses jours la liberté de l'Italie, dès l'instant où il fut manifeste que toute la nation était disposée à mourir pour son indépendance, la France, qui respirait pourtant à peine de la sanglante guerre de Crimée, fut acquise à votre cause; il put y avoir quelque inquiétude chez certains politiques, mais les ennemis les plus irréconciliables de Napoléon III, les ouvriers de Paris qu'il avait fallu massacrer en décembre 1851 pour leur imposer le coup d'Etat, l'applaudirent avec transport à son départ pour l'armée. Jusque là au contraire, le gros de la nation avait attendu. Rien en effet n'était plus difficile pour un Français de la génération de 1830 que de comprendre pourquoi les révolutions de Naples, de Piémont, des Romagnes avaient été si vite comprimées. Figurez-vous un pays uni, centralisé depuis des siècles, ayant l'habitude de penser, d'agir en commun, et même, depuis cinquante ans, de se lever tout entier à la voix d'une ville qui formait comme les Etats Genéraux en permanence de la nation; figurez-vous ce peuple qui, grâce à cette union, a brisé un trône séculaire, [28] qui a refoulé et puni sous sa première République la plus formidable invasion que le monde moderne eût encore vue, qui, quinze ans après une Restauration imposée pur une invasion plus formidable encore, a chassé à la face de l'Europe la dynastie restaurée, et a, pour coup d'essai de sa liberté reconquise, affranchi la Belgique. Comment comprendrait-il que l'Italie ne peut secouer le joug aussi aisément? Le paysan, l'ouvrier français savent-ils que l'Italie morcelée, humiliée depuis quatorze siècles ne peut tout d'un coup retrouver sa vigueur? Ils voient les Polonais ne succomber que sur des morceaux de drapeaux enlevés aux Russes. Ils ne se disent pas que les Polonais qui se battent si bien à Grochow, à Ostrolenka sont des soldats réguliers aussi aguerris que leurs adversaires; quand ils voient les tentatives des patriotes italiens avorter si vite, ils en concluent, à tort mais sincèrement, qu'à part quelques âmes d'élite, le peuple italien ne désire pas changer de condition.
Mais le langage de Lamartine à la Chambre française va nous montrer comment les penseurs de notre pays, ceux qui avaient vu l'Italie chez elle, préparaient la France à mieux juger des sentiments intimes de leurs voisins. Car non seulement il se déclare personnellement partisan de l'entière indépendance [29] de l'Italie, non seulement il raconte avec fierté avoir été mêlé dans sa jeunesse aux négociations où Louis XVIII lui-même, tout légitimiste qu'il était par métier, et quoique surveillé par la Sainte Alliance, offrait aux libéraux de Naples et de Turin de les soutenir contre l'Autriche, pourvu qu'à la Charte espagnole de 1812 ils préférassent la Charte française de 1814 fort préférable en effet; mais nous allons le voir attaquer de front les préjugés qui rendaient alors la France moins sensible aux malheurs de l'Italie qu'à ceux des autres nations esclaves.
Voici comment, avant les Cinque giornate, à une époque où l'Italie ne s'était pas encore mesurée en bataille rangée avec ses tyrans, il répondait à ceux qui arguaient du calme apparent qui depuis 1815 régnait dans la Péninsule: «Sous ce calme apparent, ne l'oubliez pas, il y avait un abîme, et dans cet abîme couvait la plus incompréhensible de toutes les forces morales et matérielles, la nationalité morcelée, la nationalité comprimée de 26 millions d'hommes.... Il suffit pour chacun d'entre nous dont l'œil est intelligent, dont le cœur est sympathique d'avoir traversé cette magnifique Italie pour sentir la vie sous la mort apparente, pour sentir cette éternelle protestation de la nationalité [30] qui est la dernière arme d'un peuple.... Nulle part cette protestation n'est aussi évidente qu'en Italie; nulle part, elle n'a des droits plus sacrés à la sympathie des peuples. Je ne crains pas de le dire, je ne serai démenti par personne: il n'y a pas une race humaine qui ait donné au sol qu'elle habite une consécration plus grande que celle que la race italienne a donnée pendant tant de siècles de gloire, de liberté, de vertu, à ce point géographique de notre globe»[6]. Puis il montre que l'on ne contentera pas l'Italie par la réforme de quelques abus, par un peu de bien-être. Mais d'autre part il nie que le statu quo y ait seulement pour ennemis les révolutionnaires dont l'Europe s'effrayait. Comme Châteaubriand, il proteste que l'agitation de l'Italie n'est pas le fait de quelques sectaires; mais ce n'est plus dans une dépêche confidentielle qu'il dépose cette protestation; il la produit du haut de la tribune, et il avait en un sens plus de mérite encore que Châteaubriand à ne pas se tromper; car dans l'intervalle Mazzini avait paru, et bien des hommes d'Etat personnifiaient en lui seul les aspirations [31] de l'Italie. «J'affirme ici, s'écriait Lamartine, par la connaissance personnelle qu'une cohabitation de 12 ans m'a donnée, par la connaissance que j'ai du caractère, du génie, du libéralisme italien, que le mot même de radicalisme n'a pas de signification dans la langue, que c'est une injure qui n'est même pas comprise au-delà des Alpes, que le mouvement libéral n'est nullement un mouvement perturbateur..., mais que c'est un mouvement de l'esprit humain et de l'indépendance des peuples, qui couve dans tous les siècles au cœur de l'Italie»[7]. Notez, Messieurs, ces derniers mots; ne fallait-il pas à un homme qui n'était point un érudit, un vif et intelligent amour de l'Italie pour deviner en quelque sorte les noms relativement obscurs des Italiens qui entre Pétrarque et Alfieri empêchèrent la prescription du sentiment national? Quant à la génération présente, il prouve son affirmation par l'énergie avec laquelle le pape refuse de céder aux Autrichiens un pavé de Ferrare, par nombre de faits précis empruntés à une brochure parue le matin même et qui semble bien émaner du Père Ventura, par des correspondances particulières qui attestent les espérances que les plus illustres patriotes [32] de l'Italie plaçaient sur notre poète; il en extrait les touchantes anecdotes d'un archevêque, d'un curé de Milan qui protestent chacun à leur manière contre une répression brutale qui vient d'ensanglanter la ville, du comte Borromeo qui dépouille la Toison d'Or souillée du sang de ses compatriotes. Enfin, conjurant Guizot d'appuyer les revendications des peuples italiens, il affirme avec une confiance excessive peut-être mais généreuse la solidité des sympathies entre les peuples: «Les traités ne sont signés que par la main des hommes; mais ces sympathies mutuelles entre les peuples faits pour s'aimer, pour se soutenir, aspirer ensemble à la civilisation et à la liberté, ce ne sont pas des traités d'un jour, ce ne sont pas des traités signés par des diplomates; ce sont des traités préparés par la Providence, signés et contresignés par la main de la nature elle-même, non pas sur des parchemins comme ceux de 1815 qu'on nous a fait signer en tenant la main de la France captive sur un protocole, mais je le répète, de ces traités contresignés par Dieu et par la nature, qui durent autant que les siècles»[8]. Ces paroles produisaient un effet d'autant plus grand que, depuis dix ans, à [33] force d'éloquence Lamartine avait conquis une grande autorité à la tribune et dans la nation. Personne ne songeait plus à le renvoyer dédaigneusement à la poésie, ou, comme aurait dit Musset, à lui jeter toujours sa lyre au nez. Dès avant que la révolution de 1848 l'élevât au pouvoir, il étonnait le monde politique par la hardiesse tantôt divinatrice tantôt imprudente de ses vues. Louis Philippe à qui l'on avait conseillé de l'appeler dans ses conseils avait répondu: «Lamartine, ce n'est pas un ministre, c'est un ministère; je le réserve.» Il apportait donc à l'Italie l'appui d'un véritable homme d'Etat et non d'un simple poète. D'ailleurs ses sentiments à son égard ne répondaient pas seulement à ceux des hommes qu'on allait appeler les républicains de la veille, mais à ceux des catholiques libéraux de notre nation que Silvio Pellico avait depuis longtemps, pour parler comme Racine, rangé du parti de ses larmes. Espérons qu'un jeune historien se laissera enfin tenter par un beau sujet que j'ai cent fois proposé de vive voix et par écrit chez nous et chez vous, l'histoire des réfugiés italiens en France de 1815 à 1859 et de la transformation de l'opinion des Français, durant cette période, touchant les affaires de l'Italie. J'ose affirmer que rien ne serait plus utile, plus glorieux pour les deux nations.
[34]
Mais revenons à Lamartine, ou plutôt élevons-nous au-dessus de notre sujet pour conclure par une considération plus générale à laquelle il nous conduit. Il y eut un temps où une nation pouvait raffoler de la littérature, de l'art, des modes d'une autre et demeurer profondément indifférente à ses destinées, la combattre, l'asservir. Il n'en est plus ainsi, du moins chez les nations généreuses. (Car chaque peuple a sa grandeur, mais il y en a dont la grandeur consiste dans la ténacité prévoyante, hardie, implacable, avec laquelle ils poursuivent leur perpétuel agrandissement). Aujourd'hui donc, du moins chez certains peuples, aimer la littérature ou l'art d'un autre nation conduit à l'aimer elle même. D'où vient ce changement? Serait-ce que l'amour de la patrie s'affaiblirait et que tout lecteur devient un dilettante? S'il en était ainsi, il faudrait, non pas féliciter, mais plaindre l'humanité. Le progrès ne consiste pas à niveler les frontières; c'est une duperie de ne pas aimer par-dessus tout son propre pays; car on ne vous rendrait pas partout la pareille. Le jour où les honnêtes gens s'entendraient pour laisser la nuit la clef sur leur porte, il y aurait toujours assez de voleurs pour les dévaliser; de même, la nation qui s'imaginerait que l'ère des guerres, des conquêtes [35] même est close, serait certaine d'être bientôt envahie et partagée. Puis, toutes les vertus civiles sont suspendues en quelque sorte à la vertu militaire, et s'affaissent quand elle tombe; sans doute la vie civile offre des occasions d'exercer notre courage, mais on s'y dérobe quand le sacrifice dans sa forme la plus haute n'est plus pratiqué; l'histoire de tous les peuples qui ont renoncé à la gloire militaire le prouve. Mais, si un Châteaubriand, un Lamartine passent de l'admiration pour les grands écrivains et le sol de l'Italie à la sympathie pour ses aspirations, c'est que l'on commence à comprendre que la conquête, toujours à redouter, n'est point à louer, et que, prendre une province malgré elle à un peuple, c'est souffleter sur la joue de ce peuple le droit du genre humain. Pour peu donc que cette nation cesse d'être une inconnue pour nous, ses souffrances font brêche dans notre égoïsme, et nous ressentons l'outrage qu'au fond nous avons reçu en sa personne. Puis, nous comprenons que de nos jours un peuple asservi souffre plus qu'autrefois. Jadis une ville se résignait souvent sans trop de peine à passer d'une nation à une autre, parce que ce n'était au fond que changer de maître: le nouveau souverain n'exigeait pas toujours des tributs plus lourds que l'ancien, et, la conscription n'existant [36] pas, ne demandait point à ses nouveaux sujets de se battre au besoin contre leurs frères de la veille. Berchet nous a éloquemment appris, dans Giulia, les tortures du conscrit obligé de revêtir un uniforme abhorré. — Mais, dira-t-on, dans les littératures modernes, les œuvres des classiques sont en partie nées dans des époques où l'homme de lettres, au moins dans son cabinet, oubliait qu'il avait une patrie: comment donc l'étude de ses œuvres, qui nous attache à lui, nous attacherait-elle à ses compatriotes, surtout à ses compatriotes d'aujourd'hui? — La réponse est dans les progrès de la critique. Autrefois on considérait un ouvrage comme une pure composition littéraire, sortie toute entière du génie de l'auteur et des principes de l'école à laquelle il appartenait; aujourd'hui nous considérons un auteur comme un homme qui exprime, sans y penser, tantôt les vertus ou les défaillances de sa génération, tantôt les traits dominants de sa race. Notre admiration pour lui excite par conséquent notre intérêt pour ses compatriotes. Nous goûtons comme nos pères l'incroyable dextérité avec laquelle Arioste nous fait passer d'une historiette à une autre, mais nous ne le rendons plus seul responsable de l'enjouement qu'il garde au milieu des malheurs de sa patrie; quand Machiavel [37] conseille aux princes d'affecter toutes les vertus, mais de ne pas les avoir, nous plaignons l'Italie dont l'infortune ne laissait plus alors d'espoir que dans la cruauté, pour ainsi dire, économique d'un Cesare Borgia. L'étude des littératures étrangères est le meilleur préservatif contre les engouements de la mode et contre les velleités d'une injuste ambition; car, en même temps qu'elle nous fait admirer le génie des autres peuples, elle nous fait comprendre combien il est différent du nôtre et par suite quelle folie c'est que de vouloir l'imiter ou que de prétendre l'asservir. Si, par hasard, ce génie s'éloigne moins du nôtre parce que c'est celui d'une nation sœur, tout ce qui nous est permis, c'est de faire ce qu'ont fait Châteaubriand et Lamartine, à savoir de l'aimer.
[39]
CONFERENZA
DI
EUGENIO CHECCHI.
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Signore e Signori!
La sera del 3 agosto 1829 — data memorabile per la storia dell'arte — il pubblico parigino chiamato a giudicare la nuova opera, che fu anche l'ultima, di Gioacchino Rossini, sentenziò quasi unanime, che il Guglielmo Tell era una troppo audace innovazione, e accennava a qualche cosa di troppo rivoluzionario e di troppo anormale nei tranquilli dominii della musica. E l'opera grande e immortale fu accolta in quella sera e nelle sere successive con sospettosa freddezza.
Alla distanza di sessantotto anni, nella sera del 26 dicembre 1897, il pubblico romano del teatro Argentina riudì ancora una volta il capolavoro rossiniano, e sentenziò con mirabile disinvoltura che anche le opere del genio risentono le offese del tempo, e che il Guglielmo Tell più non risponde ai nuovi [42] bisogni, ai nuovi gusti: doversi perciò rimandare ai Conservatorii e agli Istituti musicali, perchè, tutt'al più, sia argomento di studio nelle classi di alta composizione. E l'opera si trascinò faticosamente per un lieve corso di rappresentazioni, fra la indifferenza e gli aristocratici sbadigli di spettatori scarsi di numero.
Oggi dunque, se le manifestazioni della così detta opinione pubblica hanno da contare per qualche cosa, oggi il Rossini non sarebbe che un classico: impeccabile quanto si voglia, ma niente più che un classico: nel 1829 invece un redivivo Voltaire avrebbe potuto ripetere del Rossini quel che si disse dello Shakspeare, che fu un barbaro non privo d'ingegno. Come è possibile mandare insieme a braccetto i due giudizi?
Il pubblico di Parigi d'allora e il pubblico di Roma del decorso anno, ugualmente sinceri, ma ugualmente rei di spropositate sentenze, subivano la influenza di cause che forse sarebbe curioso ed opportuno di esaminare e di riassumere, se non temessi di sconfinar troppo dal tema cortesemente assegnatomi.
Se non che appunto cotesta freddezza del pubblico parigino, a cui ho accennato, se non fu la principale nè l'unica fu certamente una delle ragioni [43] per le quali il Rossini spezzò la penna di compositore melodrammatico. Consapevole della propria gloria, egli si ritirò, tra sorridente e sdegnoso, dalle battaglie della scena: si ritirò a trentasette anni: nè i pentimenti troppo tardivi dei pubblici, nè le cospicue offerte che dalle grandi metropoli dell'Europa gli pervenivano valsero a vincere quella sua serena pigrizia, in cui si sarebbe cullato, con tutte le seduzioni fascinatrici della celebrità, per quarant'anni di seguito.
Iniziatore di una riforma, Gioacchino Rossini non ebbe soltanto il merito di aprir nuove vie all'arte melodrammatica, ma tutte le percorse da sovrano conquistatore, in tutte impresse la incancellabile orma propria. E perchè il genio ha qualità, quasi direi, assorbenti, e la luce che da lui emana par che riassuma in sè, compenetrandole, tutte le altre luci minori e le attenui e le spenga, appunto come il sole che non può esser vinto da nessuna illuminazione artificiale, così accadde che nel silenzio dell'autore del Guglielmo Tell si credette che la musica italiana avesse pronunziata l'ultima sua parola.
Di quali altri capolavori si sarebbe arricchito il repertorio melodrammatico, se nel Rossini la volontà e la fantasia fossero state in ugual misura obbedienti, [44] è ricerca che a nulla gioverebbe. L'immortale maestro, che impegni contrattuali col grande teatro di Parigi obbligavano per un corso non breve di anni, si sentì a un tratto disorientato in quella rivoluzione del luglio 1830, che dava alla vita politica, alla vita letteraria ed artistica della Francia indirizzi nuovi. Come il Mefistofele del Goethe, che non comprende le classiche finzioni della greca mitologia nella simbolica evocazione di Elena, così l'autore dell'Italiana in Algeri, del Turco in Italia, del Barbiere di Siviglia dura fatica a raccapezzarsi in quel moto degli spiriti vagheggianti ideali nuovi, in quelle irrequietezze delle fantasie giovanili che anelano ad orizzonti fino allora inesplorati. Rimane intatta e splendente la sua musica, perchè segnata col marchio indistruttibile del genio, ma il suo linguaggio si crede o pare che non risponda più ai bisogni, alle aspirazioni, ai desiderii dell'universale. Spira nelle regioni dell'arte un soffio di modernità che non si acquieta ai facili sorrisi dell'abbondante produzione dell'opera giocosa; e le menti, fatte serie e cogitabonde, drizzano per così dire la vela in oceani più sconfinati, dove par che baleni, tremolando sulle acque, la fata morgana dell'invadente romanticismo.
E frutto del romanticismo, imperante nella Francia [45] degli Hugo, dei Delavigne, dei De Vigny, è la musica dei maestri italiani succeduti al Rossini. Ai francesi compositori, come l'Auber e l'Halévy, ai tedeschi un po' infrancesati come Giacomo Meyerbeer, non valse la imitazione rossiniana, in principio servile e poi alquanto più libera, per potere essi raccogliere la eredità creduta giacente. La divina Euterpe spiccò il volo rivalicando le Alpi, e tornò da Parigi nella sua vera patria l'Italia, di dove più non si mosse.
Qui era nata, qui aveva raggiunto lo splendore suo massimo, qui erano sbocciate le immortali cantilene dei Pergolese, dei Paisiello, dei Cimarosa; e qui avrebbe dovuto fatalmente riallacciarsi la fulgida tradizione che la partenza del Rossini dalla patria un po' ingrata non era riuscita ad interrompere. Onde gli occhi di tutti si volsero là dove nuovi germi sbocciavano, dove le nuove manifestazioni dell'arte fiorivano, dove il genio della musica ci apparecchiava le nuove grandi sorprese del periodo che oggi studiamo.
[46]
***
Singolari tempi cotesti: quasi ponte di passaggio fra le due rive di un fiume frettoloso, avviato verso una mèta iperbolicamente lontana. Dopo un lungo riposo di quindici anni, un riposo conquistato a prezzo di tanto sangue inutilmente versato nelle guerre del primo Napoleone, cominciava ora quella feconda evoluzione degli spiriti e delle menti, che, come dianzi accennavo, prese il nome, anzi rinverniciò a nuovo quel vecchio nome di romanticismo: e se la Francia, seguitando l'esempio della Germania del Goethe e dello Schiller, sopravanzò gli altri popoli nella feconda produzione poetica e prosastica, l'Italia, non ostante i grandi fulgori del genio manzoniano, si restrinse, almeno per allora, nel campo della musica: anzi più specialmente della musica melodrammatica. Fosse mancanza di grandi ingegni letterarii, che avrebbero dovuto continuare l'opera iniziata nel '27 dal Manzoni col suo celebre romanzo, fossero le condizioni civili e politiche della penisola, fosse piuttosto, come io credo, la vivace rimembranza dei recenti trionfi musicali, fatto sta che l'Italia si restrinse per allora a una sola arte, e [47] gelosamente custodì e mantenne quel suo primato invidiato ed invidiabile della musica teatrale.
Chi studiasse un po' attentamente quel periodo di vita sociale, che si svolse in Italia dal '31 al '46, ne troverebbe rispecchiate alcune sue manifestazioni nella musica dei maestri d'allora: i nomi dei quali sono vanto imperituro nell'arte del secolo decimonono. Quella musica combatte in principio una tenace battaglia, per liberarsi dai fàscini e dalle seduzioni del grande mago che si adagia sorridente all'ombra dell'albero della sua gloria, e a poco a poco riesce a vincere: ma perdurano quelle ragioni, che avevano costretto anche il Rossini ad improvvisare in poche settimane, qualche volta in pochissimi giorni, le opere per le quali si era impegnato con le direzioni dei teatri. Il teatro è la più potente, la più geniale distrazione di quel tempo: è, per così dire, l'unica manifestazione chiassosa dello spirito pubblico, che si rivela in una incessante domanda di altre opere. E queste opere occorre rispondano alla smania di novità che agita le folle, occorre non interrompano ma anzi alimentino quella produzione artistica che deve diffondersi da tutti i palcoscenici d'Italia.
La schiera dei maestri, dico di quelli a cui non mancheranno i favori del pubblico, è troppo esigua [48] al bisogno, perchè ella possa corrispondere alle richieste che d'ogni parte si affollano: onde la necessità li costringe a lavorare rapidamente, talvolta con prestezza fulminea. Accade perciò che non sempre la miniera, quantunque inesausta, dia metallo purissimo, e che il genio rifulga sempre della medesima intensità di luce: tormentato e irritato, egli ha ogni tanto qualche abbandono, qualche cascaggine, qualche annebbiamento che lo offusca. Ma dalla fredda accoglienza fatta a un'opera nuova, o anche da un clamoroso insuccesso, l'autore si risolleva e risorge come stimolato a vendicarsi, e le sue vendette sono spesso capolavori: capolavori che hanno nome Sonnambula, Norma, i Puritani, Anna Bolena, Lucrezia Borgia, Lucia di Lamermoor.
C'è dunque un nuovo indirizzo, stavo per dire una nuova scuola che sorge, florida di giovinezza, ricca di speranze, cercatrice smaniosa di successi. La musica italiana, che s'era detto aver pronunziata col Guglielmo Tell la sua ultima parola, riprende il suo fatale andare, e parla ancora alle menti, eccita ancora le fantasie, commuove ancora ed esalta milioni e milioni di cuori. Vincenzo Bellini e Gaetano Donizetti, i due astri più luminosi della pleiade scintillante, procedenti per vie diverse ad una medesima mèta, con magnanima ostinazione resistono [49] alle prime avvisaglie della scuola tedesca, e dimostrano con l'esempio di voler serbare alla nostra musica la schietta italianità, che vuol dire il sentimento, la passione, la melodia, il canto.
Nei loro inizii, nelle inevitabili incertezze di chi, incominciando, sente di non poter camminare spedito se non si appoggia, come l'edera, a qualche robusto tronco, anche i due maestri s'ispirano e si scaldano al gran sole rossiniano: ma dopo quei primi esperimenti di una ginnastica intellettuale, quando la loro fibra si è ringagliardita nelle molteplici prove, ed essi hanno acquistata la coscienza sicura del proprio essere, ogni ombra d'imitazione scompare, ed essi raggiungono in brevissimo tempo la fama, la popolarità, la gloria. Sono l'uno e l'altro, e sinceramente lo confessano, una derivazione rossiniana: ma accade di loro, se mi è lecito di rapire una similitudine alla scienza astronomica, accade di loro come quando un bolide scoppiando si riduce in parti, e coteste parti, pur descrivendo ciascuna per conto proprio una traiettoria nello spazio, serbano in comune il punto primitivo di partenza: così i due grandissimi, quantunque di grandezza diversa dal loro autore e non ostante l'individuale cammino percorso, sembrano emanare da un apice comune, da Gioacchino Rossini.
[50]
Ma della serena spensieratezza di quelli anni e di quella generazione, che affaticata dalle immani lotte napoleoniche cercava un riposo e una distrazione nelle prime opere del maestro di Pesaro, e rispondeva acclamando e ridendo alla squillante risata dell'autore del Barbiere di Siviglia, di cotesta spensieratezza non vedremo più che una traccia fuggevole. Se qualche cosa d'incipriato sopravvive all'ottantanove e ai trattati del quindici, se nella vita poco o punto affaccendata delle classi colte c'è ancora come un resto delle mollezze e delle morbide blandizie del settecento, e c'è una corruzione elegante che non sa risolversi a rendere le armi, pure aleggia nella parte sana del popolo un'aura più vivace, e già un concetto delle civili responsabilità a poco a poco la penetra.
Interprete dei sentimenti e delle aspirazioni nuove sarà l'arte della musica, che per la sua stessa indeterminatezza del linguaggio si piegherà volenterosa ad esprimere sentimenti, affetti, passioni tumultuanti nelle anime.
Una solenne e austera mestizia par che governi il mondo, e di quella mestizia è raccontatrice e commentatrice fedele la musica. Sorriderà ancora, in alcune geniali produzioni del Donizetti, la musa dell'opera giocosa, ma fra quei sorrisi vedremo pure [51] talvolta balenare scintillando le lacrime, e per arrivare al lieto fine di prammatica rasenteremo più d'una volta il dramma. L'arte non è più un semplice diletto, nè una blanda carezza di suoni armoniosissimi; ella deve invece tradurre tutto quel complesso di aspirazioni che sono tanta parte nella vita nuova del popolo, deve in certo modo riprendere e continuare per conto proprio l'opera iniziata altrove con la poesia, col romanzo, col dramma. Una invisibil catena avvince le genti fra loro, le genti oramai consapevoli dei propri diritti e dei propri doveri: e perchè l'arte è il linguaggio che tutti comprendono, toccherà a lei farsi divulgatrice d'idee e di propositi, che nel segreto dapprima, poi alla luce aperta del sole maturano.
Chi afferma che la musica di cotesti anni altro non è che la continuazione di quel che fu fatto nel primo trentennio del secolo, dà prova di non averne penetrata la intima essenza. Certo nè Vincenzo Bellini, nè Gaetano Donizetti furono gli antesignani di una rivoluzione civile e politica, alla quale essi mai non pensarono, e della quale sarebbe sfuggita a loro, perchè distratti in più serene contemplazioni, la ragione remota o prossima. Ma un qualche cosa che vibrava e fremeva intorno dovette persuaderli che sarebbe toccata alla musica una partecipazione essenziale [52] in quel grande rimescolìo degli animi e delle menti: e guidati da quell'istinto che è qualità divinatrice del genio, essi furono gli uomini del loro tempo, furono i gloriosi portabandiera di un piccolo ed elettissimo esercito, che combatte anche oggi battaglie non ingloriose nel campo dell'arte.
***
Vincenzo Bellini rappresenta, nella pleiade musicale di cotesti anni, il luminoso astro fuggitivo che brillerà d'intensissima luce per pochi anni, poi sparirà quasi consunto dal suo medesimo fuoco. Se egli ottenesse dalla natura il dono prezioso della fecondità, non è certo; ma si sa che le opere sue più belle, le tre opere magistrali che non morranno fintantochè almeno non si capovolgano le leggi eterne del gusto, rampollarono dall'accesa fantasia del giovane maestro con meravigliosa rapidità, e si sa pure che dopo il sublime suo canto del cigno, dopo quei Puritani che sollevarono un grido d'entusiasmo per tutto il mondo, egli, già colpito dalla fatale malattia che doveva spegnerlo all'età di trentaquattro anni, [53] meditava sopra due nuovi soggetti. Di lui veramente, meglio che del Rossini, sarebbe curioso e opportuno indagare quali nuove forme avrebbe assunte, a quali diversi atteggiamenti si sarebbe piegato il suo ingegno, se la natura, dispettosamente crudele, non avesse voluto dare apparenza di verità all'antica sentenza di Menandro: «Muor giovine colui che al cielo è caro.»
L'acutezza tutta meridionale della sua mente, in quei brevi mesi di soggiorno a Parigi, gli servì per penetrare addentro nei nuovi progressi della musica strumentale, che fu per lui come il dischiudersi di nuovi orizzonti; e forse non esagerano quei biografi i quali affermano, che prima di recarsi in Francia il Bellini non conoscesse che superficialmente la musica di quel maestro che il Rossini non dubitava di chiamare fra tutti il più grande, e che fu Ludovico Beethoven. Della profonda mestizia, qualità predominante nell'autore delle Nove Sinfonie, è facile riscontrare più d'una traccia nell'ultima opera del maestro catanese, come nè è più ricco, più nutrito, più vario lo strumentale. Egli che, nell'idilliaca Sonnambula, emulò la greca semplicità e la perfezione di Teocrito, e nella Norma si sollevò a grandezza epica, tocca, io credo, il massimo vertice del sublime con la dipintura delle cruente lotte fra i Puritani [54] ed i Cavalieri. Dalla favola montanara, tutta impregnata di agresti profumi, dalle foreste druidiche, di cui indovina, senza neanche darsi pensiero di approfondirle, le sanguinose tregende, egli trapassa alla contemplazione e alla riproduzione di un grande quadro storico: ma nella cozzante varietà dei soggetti che tratta, egli serba pur sempre lo spiccato carattere della individualità propria, della propria originalità.
Ascoltando la musica di altri maestri, rimarremo incerti talvolta nell'attribuire la paternità a questo od a quello: ma Vincenzo Bellini non è possibile confonderlo mai con altri. Le sue cantilene soavissime, le sue melodie, quasi tutte di prima intenzione, e una tal quale morbidezza raffaellesca di contorni, ce lo annunziano e ce lo rivelano presente sempre.
Egli non somiglia che a sè medesimo. Sentendolo, vien fatto di pensare che la sua musica, più che dalla fantasia, gli germogli dall'anima, e che quell'anima riassuma e traduca le troppo fugaci gioie e gli eterni dolori dell'umanità: vien fatto di dire che i suoi canti, più che col linguaggio delle note sono composti di lacrime, e sono le lacrime che raccontano le nostre miserie, le nostre intime ambascie.
Vincenzo Bellini ebbe principalissime, fra tutte le doti musicali, la schiettezza e la limpidezza, congiunte [55] alla più squisita semplicità delle forme. C'è stato perfino un tempo, nel quale non si dubitò di dirlo anche troppo semplice. Venti o venticinque anni fa il direttore di un teatro parigino, voglioso di rimettere in scena la Norma, propose a Giorgio Bizet, non ancora celebre, di rifare, secondo le nuove tendenze e il nuovo stile, la strumentazione dell'opera belliniana, e offrì al giovine maestro, bisognoso di lavorare, qualche migliaio di lire. Tutto lieto il Bizet portò a casa la partitura della Norma, stimando agevole impresa rimettere a nuovo la vecchia opera, vecchia allora di più che quarant'anni. Ma di lì a qualche giorno, con la partitura intatta sotto il braccio, egli andò a trovare il direttore di quel teatro, e restituendogli lo spartito gli disse che le opere del genio sono intangibili, che a mettervi le mani e ad alterarle si commette opera profanatrice e sacrilega. L'autore futuro della Carmen, grande artista veramente, respingeva da sè con ribrezzo la mostruosa complicità in un reato, rimasto fortunatamente uno sterile tentativo.
Ogni tempo ha l'arte che si merita e che gli si confà: e l'arte non ha efficacia immediata, se non in quanto rispecchia i gusti, le tendenze, le aspirazioni dell'epoca in cui ella sorge e fiorisce. La musica della prima metà del nostro secolo, discesa in [56] linea retta da quella del secolo precedente, mantenne intatta la tradizione, ma si arricchì di forme più belle, ma ebbe intenti più serii e più drammatici, ma penetrò anche più addentro nei segreti dell'anima umana.
Senza confondere l'arte con la scienza, ma senza ripudiare quest'ultima, rifiutò tutto quello che non germogliasse direttamente dalla fantasia. E appunto per questo fu grande e semplice; ed ebbe nome, per il momento, Vincenzo Bellini e Gaetano Donizetti, Oh non per loro certamente, non per le loro orchestre destinate ad accompagnare docilmente o ad abbellire di fregi modesti il canto della scena, non per le loro orchestre, come doveva accadere più tardi per il mistico Wagner, tutte le potenze della natura congiurarono favorevoli, nè la terra regalò quasi tutto il metallo delle sue miniere e il legname delle sue foreste per fornire le armi sonore destinate agli assalti irresistibili! La musica di quei nostri grandi, veramente nostri, scaturita come fonte viva di limpida acqua dalle viscere della montagna, non ebbe bisogno delle violente arginature artificiali che ne affrettassero il corso, ma si diffuse allargandosi come in azzurro tranquillissimo mare tutto bagnato di sole. Era il sole d'Italia, o signori, e non aveva nulla da invidiare alle nebbie germaniche.
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Diverso affatto dal Bellini fu Gaetano Donizetti, compagno suo ed emulo felice in quella gara che durò fino al 1835, fino all'anno in cui l'autore dei Puritani si spense. Di Vincenzo Bellini, tenuto conto anche dei primi tentativi melodrammatici, si contano nove opere soltanto: Gaetano Donizetti invece, fantasia più feconda, ingegno più vario se non altrettanto peregrino, e agitato dalla febbre continua del produrre, fornisce durante ventiquattro anni, dal '22 al '46, un così lungo cammino, e semina quel suo cammino, con una prodigalità che rasenta la spensieratezza, di così fulgidi capolavori, che basterebbe lui solo, io credo, a segnare di un'orma indistruttibile la storia dell'arte.
Egli fu veramente, per la grazia della espressione, per la originalità, la spontaneità, la vaghezza melodica, per una soavità e una delicatezza di cantilene non scevre di malinconia, egli fu il Mozart dell'Italia: non scevre di malinconia, ho detto, come fu divinamente malinconico il Bellini, sì che l'uno e l'altro pare che rispecchino, nella indole dei loro ingegni e dei loro animi, il virgiliano [58] sunt lacrimae rerum, che il Manzoni, forse inconsapevolmente, ha tradotto con la mestissima frase che «del dolore ce n'è, sto per dire, un po' per tutto». Se non che il Donizetti, fecondo e versatile come pochi, e superiore in questo al Bellini, ci lascia incerti anche oggi se riuscisse più felicemente efficace, appunto come Wolfango Mozart, nel melodramma serio o piuttosto nell'opera giocosa.
La popolarità e la fama rapidamente raggiunte lo avevano già reso celebre in pochi anni: il nome suo non pure famoso in Italia, ma nelle principali e più colte città dell'Europa, andava fino dal '37 congiunto ad opere che s'intitolano Anna Bolena e Elixir d'amore, Lucrezia Borgia e Lucia di Lamermoor, Marin Faliero e Parisina, per tacer delle altre: e sono opere che rimarranno lungamente vive, insieme con quelle degli ultimi suoi dieci anni: rimarranno vive anche nei pervertimenti frenetici del gusto, anche nei periodi delle così dette rivoluzioni musicali. Perchè il genio ha anche questo di buono, di salutare, di benefico: che sopranuota a tutti gli errori, a tutte le aberrazioni, alle storture d'ogni maniera: egli resiste sereno ed impavido ai mutabili capricci della moda, alle piccole e alle grandi ostilità, alle guerricciòle degli emuli, alle invidie degli impotenti.
[59]
E notate questo, o signori: gli anni in cui il Donizetti imperò quasi solo nel campo della musica, furono gli anni delle aspettative pazienti: e perchè, nel silenzio di ogni voce un po' libera, e nell'abbattimento di ogni aspirazione generosa, gli astuti governanti d'Italia erano larghissimi nel favorire, nel secondare, nel provocar quasi i popolari entusiasmi per i grandi spettacoli teatrali, accadde che le fantasie, private per allora di ogni più vigoroso alimento, trovassero pascolo sufficiente e distrazione bastante per una nuova opera, per un giovane maestro che accennasse ad uscire dalla schiera dei volgari, anche per un artista, uomo o donna, che le imprese e le direzioni dei varii teatri d'Italia si disputassero.
C'era di mezzo l'arte; ma c'era anche, bisogna pur convenirne, il superficiale diletto dei sensi: e nel doloroso silenzio di cotesti anni fu possibile vedere, in quella città che doveva poi scrivere col proprio sangue una pagina immortale nella storia del risorgimento italiano, fu possibile vedere preso d'assalto, con manifestazioni quasi di delirio, il teatro della Scala da una folla tumultuante, perchè i due astri della danza, la Cerrito e la Essler, comparivano, per il momento non più rivali, in un medesimo, ballo e nella medesima sera; e fu anche possibile [60] vedere giovani patrizi e banchieri stagionati disputarsi non soltanto i favori ed i sorrisi delle danzatrici più celebri, ma anche i più minuti gingilli abbandonati dalle dive al servitorame degli alberghi; persino le maioliche intime di una Essler, ridotte in cocci, dividersi come reliquie fra qualche dozzina di adoratori, perchè potessero fregiarsene i candidi sparati delle camicie.
Ma non incrudeliamo soverchiamente sopra le debolezze di un tempo, la cui responsabilità non ricade che in piccolissima parte sulla cittadinanza italiana. Alle brevi aberrazioni succedevano ben presto i più durabili e fervorosi entusiasmi per le grandi rivelazioni dell'arte, e il Donizetti, morto Vincenzo Bellini, fu per allora l'unico sovrano intellettuale delle folle, l'unico inappellabile arbitro del gusto.
Nello spazio di ventidue anni, dal '22 al '44, egli scrive sessantacinque opere: due in ciascun anno, spesso tre, talora anche quattro. Gli accade più d'una volta di trovarsi a quindici e venti giorni di distanza dall'epoca fissata per la consegna di un'opera, e non soltanto non averne scritta neppure una nota, ma neanche sapere quale libretto gl'invierebbe il poeta: eppure nel giorno fissato egli mantiene scrupolosamente l'impegno.
[61]
Una sua opera fresca e limpida anche oggi come un mattino di primavera, l'Elixir d'amore, egli la scrivo in quindici giorni; scrive in sei settimane la Lucia di Lamermoor, uno dei più squisiti capolavori musicali del secolo: compone in undici giorni il Don Pasquale, modello insuperato di commedia musicale: improvvisa in otto giorni la Maria di Rohan. Al cognato Vasselli di Roma, col quale mantenne sempre una fraterna e gioconda corrispondenza epistolare, così scriveva argutamente da Parigi nel 4 gennaio 1843:
«Il giorno 31 del passato dicembre passò non da questa all'altra vita, ma da una parte all'altra della Senna, il signor Donizetti, per essere nominato socio corrispondente dell'Istituto di Francia. E ieri sera, 3 del nuovo 1843, si diede al teatro Italiano la prima recita della sua nuova opera Don Pasquale. Non vi fu pezzo senza applausi: l'autore chiamato dopo il secondo atto e dopo il terzo. L'opera gli è costata una pena immensa: undici giorni. Ora a Vienna darà il Duello sotto Richelieu (che è la Maria di Rohan): otto giorni di travaglio: giorni contati. E siete pregato di non raccontare i miei segreti, perchè già il pubblico o non li crede, od immagina che sia musica buttata giù.»
[62]
Nove anni prima, nel 1834 a Milano, una grave infermità d'occhi impedisce al Mercadante di scrivere l'opera che si è impegnato di consegnare al teatro della Scala. Mancano quaranta giorni allo scadere dei termini, e il Mercadante chiamato a sè il Donizetti caldissimamente lo prega di supplirlo, per evitare a se il pagamento di una grossa penale. Il Donizetti acconsente, in meno di trenta giorni consegna finita l'opera, e quell'opera ha nome Lucrezia Borgia.
Egli è fatto così: la sua produzione è fulminea. Basta che un soggetto potentemente lo attragga perchè egli se ne innamori, e subito gli trasfonda la vita immortale della sua arte. Indole arguta e di giocondissimo umore, lieto di trovarsi nell'amabile compagnia di parenti e di amici, egli non sfugge le allegre distrazioni della vita svagolata del palcoscenico, si trattiene perfino un po' troppo nei camerini delle prime donne; ma il pensiero fisso della sua mente è sempre rivolto a quell'opera, o meglio ancora a quelle opere che imprese, direzioni di teatri e pubblici con febbrile impazienza aspettano. E nei solenni momenti della geniale ispirazione egli si rinchiude, se così posso esprimermi, in quella parte del mondo ideale ove sorge il palazzo marmoreo dell'arte. Costì egli evoca intorno [63] a sè i fantasmi dei tempi e dei personaggi che furono, e scrive opere di argomento storico: cerca nei romanzieri, nei drammaturghi, nei commediografi l'abbozzo, la linea rudimentale di personaggi e di fatti immaginarii, ed egli li veste, li colorisce, dà loro la vita, il movimento, il colore della sua arte.
A queste due categorie di personaggi egli chiede misteriosamente il segreto della loro esistenza, dei loro amori, delle loro gelosie, dei loro odii, delle loro colpe, ed essi, come avrebbe detto Niccolò Machiavelli, per loro umanità gli rispondono. Nella storia e nella leggenda, nelle romanzesche avventure che i poeti immaginarono si svolgessero nelle antiche Corti, nei castelli medioevali, fra le montagne azzurre o fra le nevose della Savoia, nei poveri paeselli della campagna, nelle foreste della Scozia, nei grandi parchi dell'Inghilterra, il Donizetti si foggia per conto suo altrettanti mondi, e quei mondi, quasi rispondessero alla irresistibile chiamata di un dio, si risollevano dalle tombe come le suore peccatrici evocate dalla magìa di Roberto, scuotono la polvere dei secoli, palpitano e si muovono, perchè il genio di un uomo vi ha soffiato per entro il potente anelito della vita.
[64]
***
Ma «la via lunga ne sospinge» e l'ora si affretta verso il suo termine. Guardiamo ancora. Ecco che sul nostro cammino.... diciamo meglio, ecco apparire nel nostro cielo un nuovo astro, non per ora d'intensa e continua luce come i due che lo precedono, fosco anzi e un po' tenebroso in principio, ma che scintillerà presto di splendori tutti suoi. E un giovine di ventotto anni, alto, magro, accigliato, con i lunghi capelli che gli scendono in ciocche abbondanti sul collo. La sventura lo ha colpito pochi mesi innanzi con la morte della giovanissima diletta compagna e di due figlioletti, e l'insuccesso clamoroso di una sua opera, la seconda scritta da lui, pare lo abbia allontanato per un pezzo dalla ingannatrice sirena melodrammatica. Dice a tutti di esser tornato dal nativo paese a Milano, non per cercarvi una gloria che pare il destino voglia negargli, ma per dar lezioni di canto e di pianoforte, giacchè egli ha bisogno di vivere.
Non ostante ciò, non può rinunziare a far vita [65] comune con gli artisti, a discorrere della musica degli altri non avendo niente di bello da raccontar della propria, e passa le giornate e le sere in quel mondo così vario, così turbolento, così incontentabile, che svolge le sue spire attorno alla piazza ove sorge il teatro della Scala: singolarissimo mondo che è come una Camera di Commercio del canto e della danza, mondo suddiviso in piccoli quartieri, in minuscole stanze a pian terreno ed al mezzanino, dove convengono ad ogni ora artisti, impresari, speculatori, faccendieri, buongustai, abbonati, pubblicisti, librettisti, maestri di musica, mezzani. Mancava allora la troppo celebrata galleria Vittorio Emanuele, sotto la cui cupola bighelloneggiano gl'irrequieti cercatori di scritture teatrali; ma c'era il portico del teatro della Scala, c'erano gli sgabuzzini degli agenti, i negozii di musica di Francesco Lucca e di Giovanni Ricordi, i caffè, le fiaschetterie, i camerini delle imprese, le quinte dei palcoscenici: e dappertutto era un rimescolìo di offerte e di domande, una animata, continua, febbrile conversazione, un protestare, un indignarsi, anche uno scambio di male parole fra chi vantava i propri meriti, e chi s'ingegnava a disprezzarli per pagar meno: e tutto questo accompagnato da squassamenti delle lunghe zazzere dei tenori spioventi [66] sui baveri, da movimenti drammatici dei pizzi prolissi dei baritoni, da voci cavernose dei bassi profondi, dallo scodinzolare leggiadro dei soprani, dei mezzi soprani, e dei contralti.
In quel mondo, al quale mancò finora — ed è veramente un peccato — l'arguto e verace istoriografo, si aggira inquieto e nervoso quel giovane di ventotto anni, che ascolta tutti e discute animato ed a scatti, che, nel facile contradire delle conversazioni al caffè, batte con violenza sul tavolino la mano larga e tozza, e con l'audacia di certi suoi propositi scandalizza i refrattari parrucconi del Conservatorio milanese: quei parrucconi che con una farisaica interpretazione dei regolamenti avevano respinta la sua domanda di parecchi anni prima per essere ammesso fra gli alunni di quell'Istituto musicale.
A cotesto giovanotto oramai maturo e già autore di due opere, che dice a tutti di non volere più scrivere per il teatro, e invece non pensa, non discorre, non palpita che per cotesto fantasma dei suoi trepidi sogni, a quel giovanotto occorre si presenti una occasione fortuita, occorre il mancato adempimento ad un patto contrattuale di qualche maestro, che so io? la necessità in cui si trovi un impresario di fare onore in qualsiasi modo agli [67] impegni assunti col pubblico: occorre questo, perchè gli occhi del giovine si ravvivino di speranze, perchè il tumulto della fantasia si ridesti, perchè il dio della ispirazione mandi il tonante grido della riscossa.
E il grido ci fu: la fantasia ebbe un sussulto: l'opera apparve luminosa nel cielo dell'arte. Quel giovinotto aveva nome Giuseppe Verdi, quell'opera s'intitolava Nabucco.
La storia anedottica del Nabucco l'ha raccontata lo stesso Verdi. L'opera doveva musicarla il maestro Nicolaj, e in una sera di decembre del 1841 l'impresario del teatro della Scala, incontratosi col Verdi, gli raccontò che il libretto della nuova opera non piaceva al maestro, che per la ristrettezza del tempo non era possibile averne altri, ma che lui impresario manderebbe al diavolo il Nicolaj se il Verdi accettasse di scrivere la musica del Nabucco.
La resistenza e le proteste furono vane: il giovane maestro, cacciatosi in tasca il manoscritto di Temistocle Solera, corse a casa: e aperto così a caso il quaderno, lesse i versi, rimasti celebri, dello stupendo coro: «Va', pensiero, sull'ali dorate,» che nella musica melodrammatica del nostro secolo è forse la invocazione più appassionata e più sublime [68] alla patria lontana, e che fratello maggiore del coro dei Lombardi, meriterebbe con più ragione si ripetesse di lui:
Che tanti petti ha scossi e inebriati.
Col Nabucco s'iniziano veramente i trionfali successi del Verdi: continuano con l'opera venuta dopo, I Lombardi alla prima Crociata, raggiungono il massimo dell'entusiasmo con l'Ernani: dal '42 al '44, il «giovane Verdi,» come allora lo chiamavano, avea acquistato in meno di tre anni un posto d'onore; e raro esempio nella storia dell'ingegno umano, non solo non ne discese più mai, ma di scalino in scalino, di tappa in tappa, se così mi è lecito esprimermi, salì alla fama, alla rinomanza, alla gloria. Egli rimaneva oramai quasi solo (l'astro del Donizetti si avvicinava rapidamente all'angoscioso tramonto), quasi solo egli rimaneva a rappresentare la grande, la nobile, la ispirata arte italiana.
Egli ebbe intenso dalla natura, e lo ha squisitamente affinato nel corso degli anni, l'istinto prezioso e incomunicabile dell'effetto teatrale; anche obbedì, in tutte le opere di quella sua prima [69] maniera, alla foga potente della ispirazione, e fu di un'abbondanza melodica che somigliò quasi alla prodigalità. Peccò qualche volta per dato e fatto della sua stessa virtù, peccò di trascuratezza. Simile forse in questo (me lo perdonino le ascoltatrici gentili) simile a una donna bella che osi, appunto perchè bella, presentarsi ai suoi ammiratori un po' scapigliata e in abito disadorno. Ma egli è che allora si scriveva musica per scriver musica, e con le sette note di Guido Monaco non s'intendeva di risolvere nè un problema d'algebra, nè un teorema di meccanica celeste: si voleva soltanto destare la commozione, il grande e il solo sentimento che possa chiamare le folle in teatro.
E di una commozione, trasportata fino alle regioni del parossismo, fu causa l'ultima delle opere che ho citata, l'Ernani. Il dramma audace dell'Hugo, simbolo di riscossa per tutta una scuola letteraria, diventa il vangelo altrettanto audace di tutti gli spiriti liberi. Venezia, dove la nuova opera fu per la prima volta rappresentata, e in breve giro di mesi tutta l'Italia acclamano il cantore di Doña Sol, come il rappresentante della musica dei tempi vaticinati. Pare quasi interrotta la tradizione; si direbbe che il maestro, spezzate le catene del convenzionalismo, si slanci a scoprire i nuovi orizzonti [70] dell'arte, illuminata da lui col sole del proprio genio.
Ernani è la protesta magnanima contro le tirannie, è l'odio della violenza alimentato dalla violenza, è il grido del popolo che si ribella alla signoria dei grandi e dei sovrani. Come suonano rimbombanti e armoniosissimi i versi del poeta francese, così l'alata schiera delle melodie del maestro italiano si libra a volo sul dramma, e tutto lo penetra e lo investe. C'è in quella musica qualche cosa di trepido, di convulso, di rapido, d'irrompente. L'ardentissima anima del Verdi non aveva avuto ancora, e forse non le ebbe mai più, vibrazioni musicali così gagliarde, non s'era mai slanciata a colorire con tanta esagerata potenza un immenso quadro drammatico. Io credo sieno pochi gli esempi di opera che, come l'Ernani, mantengano sempre viva, musicalmente, l'attenzione dalla prima all'ultima scena; e qui il dramma e la musica mirabilmente si fondono a raccontare in altissimo metro una pagina della storia eterna del cuore umano.
E così Giuseppe Verdi, con la stupenda produzione che va dal '42 al '46, schiude veramente le porte dell'avvenire, creando uno stile suo, manifestando una maniera tutta sua propria di concepire [71] e di svolgere un violento contrasto di passioni sulla scena melodrammatica. La fecondità di quelli anni, non dissimile dalla geniale rapidità donizettiana, nocque forse al maestro di Busseto per la materiale impossibilità di adoperare la lima: ma giovò alla espressione di una più grande sincerità in quei subitanei quasi selvaggi scoppi del genio, preludio ad avvenimenti che maturatisi nel silenzio, dovevano di lì a poco suscitare i fremiti delle balde giovanili speranze nel cuore improvvisamente svegliatosi della patria.
In quel medesimo anno, che è l'ultimo del periodo del quale le nostre Letture si occupano, e sempre nella città di Venezia, un'altra opera del Verdi scoppiò come fulmine e fu l'Attila: musica tempestosa che entrava difilato per le orecchie nelle anime, e di popolarità così clamorosa e così diffusa, che sopravvisse di qualche anno alla morte delle speranze italiane: come uno di quei canti che l'esule con accorata tenerezza ripete, perchè gli richiama alla mente le dolci valli della patria lontana.
È naturale quindi che in coteste opere della prima maniera del Verdi si volesse rintracciare un concetto politico: così nei Lombardi che sospirano al tetto natio e ricordano con sublime lamento i [72] ruscelli ed i prati della loro terra, parve di scorgere una anticipazione del quarantotto, quasi un simulacro di movimento nazionale: e nella celebre offerta dell'universo che fa Ezio ad Attila, purchè a lui, generale romano, rimanga l'Italia, c'era più che un pretesto per sollevare a rumore le platee, per far vibrare la corda dello spirito patriottico.
Si potranno questi chiamare gl'innocenti anacronismi della leggenda, ma non sono perciò inutili: tanto è vero che di lì a pochi mesi le più fortunate e popolari opere del Verdi si trasformarono in segnacoli di riscossa, i suoi canti ispirati furono gl'inni della nazione, e Gerusalemme diventò Milano con le sue cinque giornate. La musica è così fatta, che mirabilmente si piega ad esprimere il concetto dominante negli spiriti; e se un caldo soffio di poesia la ravvivi, ella diventa preghiera ed imprecazione, espressione d'infinito rammarico e di giubilante letizia, augurio, speranza, vaticinio. I poeti d'Italia cantavano in strofe roventi la rivoluzione prossima a trionfare; ma non bastava il ritmo poetico, ci voleva una risonanza più armoniosa e più vasta; e il popolo fremente e commosso ripeteva sulle pubbliche piazze il «Va' pensiero, sull'ali dorate» del Nabucco, e l'«Oh, Signore, dal tetto natìo» dei Lombardi. Con un [73] anticipato augurio di cinque lustri Alessandro Manzoni aveva inneggiato nella lirica patriottica del 1821 alle «giornate del nostro riscatto.»
Signore e Signori,
Attorno a quel gruppo di stelle, onde si compone la pleiade musicale che brillò nei puri vesperi dell'Italia dal '31 al '46, altri minori pianeti, come obbedienti satelliti, girarono e modestamente splendettero; ma la loro luce ebbe bagliori fugaci che ben presto si dissiparono. Nell'azzurro sconfinato del cielo gli astri di prima grandezza soltanto rimasero, ad attestare che il primato della musica è ancora nostro, e uno ancora vi rifulge solitario e lucente, come remota stella polare, speranza e guida dei naviganti che si affacciano ai mari inesplorati del secolo nascituro.
[75]
CONFERENZA
DEL
Prof. GIULIO FANO.
[77]
Signore e Signori,
Il periodo di vita italiana dal 1831 al 1846, preso in esame dalle conferenze di quest'anno, è caratterizzato soprattutto dalle idee di rivendicazione politica e sociale che fermentavano allora nelle menti di molti fra i migliori, distogliendoli, in parte almeno, dalle ricerche sui fenomeni naturali. Si capisce che le lotte intestine, le congiure, i moti e le vicende tormentose della patria possano conciliarsi coll'inspirazione artistica, anzi spesso eccitarne lo sviluppo in alte e nobilissime forme che valgano ad esaltare i meno animosi ed a raccogliere i più sotto la stessa bandiera. Ma per le scienze esatte, per le ricerche pazienti di laboratorio, per l'esame accurato della natura si richiedono tempi sereni e tranquilli. Qualche manifestazione geniale si presenta, è vero, nella storia della scienza anche nei momenti più torbidi, ma sono forme accidentali [78] di un carattere che si potrebbe dire vulcanico, e non già il risultato di quelle forze costanti che agiscono lentamente sulla coscienza collettiva degli studiosi.
Ciò nonostante, anche in quei tristi, incerti, ma pure gloriosi periodi della nostra vita nazionale, possiamo con orgoglio ricordare parecchi notevoli contributi allo sviluppo delle scienze fisiche e naturali. Fra gli argomenti di carattere biologico allora trattati, uno fra i preferiti da molti scienziati italiani è l'elettricità animale, e ne fanno fede i nomi del Nobili, del Marianini, del Santi-Linari, del Grimelli, del Matteucci, del Savi, del Pacini, alcuni dei quali, e fra i più illustri, furono onore dell'Ateneo fiorentino. Si direbbe che i germi lasciati dal Galvani e per lunga serie di anni rimasti assopiti in una specie di stato latente, portati in questa terra toscana che ebbe sempre e giustamente il vanto di proteggere i buoni studi, riprendessero nuova vita dando ricchi e rigogliosi germogli. Sicchè l'elettricità animale, che nacque come argomento di ricerca in Italia, e qui ebbe le maggiori e più importanti cure, che ne assicurarono lo sviluppo, può dirsi a ragione cosa nostra, senza che per questo si diminuisca il carattere cosmopolita che fa della scienza l'unico vincolo che ancora raccolga la sminuzzata umanità di questa tristissima fine di secolo. Quanto [79] vi ho detto, spero sia sufficiente per giustificare la mia scelta. Debbo però avvertirvi che non posso restringere il mio dire a ciò solo che in proposito si è osservato nei tre lustri fissati dal programma, e neppure mi è lecito limitarmi ai soli risultati dovuti a ricercatori italiani. Voi non mi perdonereste certamente di sacrificare ad un sentimento nazionale, che in tal caso sarebbe malinteso, un argomento scientifico che, nato in Italia, divenne poi per sua natura universale.
Il capitolo della elettricità animale comprende quelle manifestazioni elettriche date da un animale o da una parte di esso durante la vita, e che si sviluppano dagli organi come una naturale e necessaria conseguenza delle loro attività funzionali. Sicchè i fatti elettrici che si possono ottenere in certi casi, per esempio passando con forza la mano sul dorso di un gatto vivo come su quello di un morto o semplicemente su una pelliccia di gatto, appartengono tanto poco alla elettricità animale quanto ciò che si manifesta collo strofinare un bastone di resina o di zolfo. Nello stesso modo nessun rapporto hanno col nostro soggetto le scintille che alcune persone ottengono passandosi le mani nei capelli o stropicciandosi altre parti del corpo. Si tratta in questi casi semplicemente di elettricità per strofinamento [80] e si capisce come condizioni particolari della pelle, dei peli e dell'ambiente possano dare a questo fenomeno proporzioni veramente stupefacenti.
A queste osservazioni però, tanto semplici per sè stesse, si aggiunsero, come troppo spesso accade, i prodotti più o meno sinceri dell'immaginazione, sicchè si venne ad affermare che alcune persone erano dotate di vere proprietà elettriche a somiglianza di alcuni pesci dei quali avremo fra poco occasione di parlare. Numerose sono le osservazioni citate in proposito. Mi limiterò a ricordare quella della Signora elettrica di Oxford negli Stati Uniti, perchè è forse il caso documentato meno peggio. Essa si accorse il 25 gennaio 1837, mentre in numerosa compagnia osservava un'aurora boreale, che le dita delle sue mani emettevano scintille elettriche ogniqualvolta essa accarezzava il volto di un suo fratello. Tutta la società, benchè in sul principio fosse molto dubbiosa, dovette poi convincersi della realtà di quello strano fenomeno, ed il dottor Williard Osford, una specie di san Tommaso, fu condotto alla fede da una scintilla lunga circa venti millimetri, che quella interessante persona gli scaricò sulla punta del naso, dai polpastrelli delle dita, facendolo indietreggiare spaventato. Il marito di quella signora era lontano, in viaggio, al momento [81] dello sviluppo di quella strana proprietà. Allorchè in aprile ritornò, la moglie gli andò incontro alla porta di casa, e presentandogli scherzosamente le mani alla faccia lo sbalordì con una scarica elettrica. Come vedete, quando un marito torna a casa dopo una lunga assenza deve essere preparato a qualunque sorpresa!
A me fu raccontato da un medico di Firenze di un caso simile da lui osservato in queste ultime settimane. Una signora straniera, che abita la nostra città, si presenta, soprattutto quando domina la tramontana, come circondata da una nube luminosa, tante sono le scintille che crepitando scoccano dalla superficie del suo corpo. E le parti più intime del suo abbigliamento, e le lenzuola del suo letto sono così cariche di elettricità, che il solo sfregamento di esse dà luogo ad imponenti manifestazioni elettriche. Anche qui si tratta, è evidente, di semplici fatti dovuti ad elettricità sviluppata per sfregamento.
Ad ogni nostro movimento noi produciamo calore, fra le molte altre ragioni, per l'attrito dei piedi contro il suolo o degli indumenti sulla persona, e nello stesso tempo diamo luogo, per le stesse cause ad una elettrizzazione della superficie del nostro corpo e degli oggetti che con essa vengono in contatto. Si capisce come condizioni particolari di poca [82] conducibilità degli appoggi e delle parti superficiali dell'organismo debbano provocare i fenomeni sopra descritti, i quali, benchè possano sembrare meravigliosi, sono molto più semplici di un battito del nostro cuore o di un movimento delle nostre labbra. Certamente le condizioni nutritive e nervose di quegl'individui contribuiscono a dare alla loro cute quelle proprietà particolari che determinano una elettrizzazione tanto notevole, ma non per questo possiamo dire che quei fatti appartengono alla elettricità animale propriamente detta.
Fa parte integrale di essa invece la causa che determina le scosse risentite toccando un così detto pesce elettrico. È questo anzi il primo fatto di elettricità animale che sia stato conosciuto, e se ne parla sin dai tempi più remoti, senza darne però, e si comprende, una retta interpretazione. I più anticamente noti fra i pesci elettrici, per quanto ne possiamo sapere noi, sono le torpedini, perchè abitanti il Mediterraneo. Esse fissarono l'attenzione del volgo prima e dei naturalisti poi. Come rappresentarci lo stupore e lo spavento di quegli ingenui pescatori che tirando a terra la rete colma di pesci vengono colpiti da una scossa che li irrigidì e li paralizzò ad un tempo? Vi è solo da meravigliarsi che essi, così immaginosi e ricchi di forme simboliche, [83] non abbiano messo fra le mani poderose di Nettuno una torpedine invece del tridente o del delfino. Debbo però notare a questo proposito come in un vaso proto-etrusco del museo archeologico di Firenze si osservi la figura in rilievo di una torpedine associata ad una sfinge maschio, e contrapposta ad un felino con criniera irradiata. Quel pesce, secondo il Milani, rappresenterebbe probabilmente la forza occulta del mare notturno contrapposta alle forze palesi della natura.
Ai tempi di Aristotile la torpedine si chiamava Narkè, che vuol dire torpore, ed a questo proposito Platone fa dire a Menone in uno dei suoi dialoghi: «O Socrate, già prima di conoscerti avevo sentito dire che tu nelle discussioni non fai altro se non porre te stesso nell'imbarazzo e metterci gli altri, e anche ora mi pare che tu con ogni sorta di incantesimi mi abbia ridotto a non trovar via d'uscita; anzi, se è lecito scherzare, mi sembri affatto simile nell'aspetto e nel resto alla Narkè marina piatta. Essa infatti fa intorpidire chi le si accosta e la tocca; ed anche tu hai fatto lo stesso a me. Perchè, in verità, mi si è paralizzata l'anima e la bocca e non so che risponderti.»
I commentatori, per far comprendere il senso nascosto delle parole messe in bocca a Menone, rammentano [84] come Socrate avesse il viso piatto che poteva essere paragonato alla forma schiacciata della torpedine. Per conto mio trovo che è uno scherzo di assai cattivo genere e tale da far venire i brividi a qualunque conferenziere che abbia il profilo un poco camuso.
Molti altri scrittori dell'antichità hanno parlato dei notevoli fenomeni prodotti dai pesci elettrici, particolarmente Oppiano, poeta greco dei tempi di Settimio Severo. Galeno poi credette di poter spiegare la sensazione provata al contatto di quegli animali attribuendola ad un principio frigorifero, e per motivare la sua opinione portò i buoni effetti prodotti dalla applicazione delle torpedini alla medicina, soprattutto contro il mal di capo e la gotta. Come vedete, non vi è nulla di nuovo sotto il sole, e i Romani facevano anch'essi della Elettroterapia; ma soltanto la facevano senza saperlo.
Saltando a piè pari molti secoli arriviamo a Francesco Redi, il geniale accademico del Cimento, primo medico della casa granducale di Toscana, l'inspirato poeta del vino, il fine, attento, perspicace osservatore di fatti naturali. Ecco come egli ci intrattiene sulle torpedini, in quel suo musicale e purissimo stile: «È cosa notissima che quel pesce marino chiamato tremola, torpedine, ovvero torpiglia, [85] se sia toccato renda intormentita e stupida la mano ed il braccio di colui che lo tocca; ed io ne ho fatta la prova più di una volta, per certificarmi di tal verità e per poterne favellare con certezza di scienza. E voglio raccontarvi che alcuni pescatori, essendo a mia requisizione andati alla pesca di questo pesce ne pigliarono uno e portatomelo vivo poco dopo che l'ebbero preso, appena che lo toccai e lo strinsi colla mano, che mi cominciò a informicolare e la mano e il braccio e tutta la spalla con un tremore così fastidioso e con un dolore così afflittivo ed acuto nella punta del gomito, che fui necessitato a ritirar subito la mano: e lo stesso mi avveniva ogniqualvolta io voleva ostinatamente continuar lungo tempo a toccarlo. Egli è ben vero che quanto più la torpedine si avvicinava alla morte, tanto meno io sentiva il dolore e il tremore, anzi molte volte io non lo sentiva; e quando ella fu quasi finita di morire, che pur campò ancora tre ore, io poteva maneggiarla con ogni sicurezza e senza fastidio veruno: che perciò non è maraviglia se alcuni stiano in dubbio della verità di questo effetto, e lo tengano per una favola, avendone essi per avventura fatta l'esperienza non con le torpedini vive, ma con le morte o vicine a morire.»
[86]
Il Redi ed il suo discepolo Lorenzini, che, all'epoca del Rinascimento delle scienze naturali, furono i primi a studiare la torpedine, supponevano che questo pesce inviasse da lontano una quantità di piccoli corpuscoli che s'insinuerebbero nelle parti delle quali essi determinano l'intorpidimento, e che sarebbero proiettati dalla contrazione di due organi riputati muscolari, e chiamati, in ragione della loro forma, muscoli falcati.
Il Borelli, un altro insigne accademico del Cimento, riguarda quella emissione di corpuscoli stupefacenti come immaginaria, e pensa che la torpedine, colpita essa stessa da tremiti violentissimi, comunichi queste vibrazioni all'essere che la tocca e determini così in esso un intorpidimento.
Non sorridiamo a questi tentativi di rappresentazione di un processo funzionale, perchè a ben altre forme dottrinarie ci hanno abituati certuni ai giorni nostri, i quali, essendo tanto più dogmatici quanto meno vogliono parerlo, pretendono di dar ragione dei fenomeni presentati non solo da un individuo ma da una intera società umana, adoperando alcune formule semplicissime, che non sono neppure di loro invenzione, per mezzo delle quali tutto può essere classificato e spiegato; tanto meno scusabili inquantochè ogni giorno più si mette in chiaro l'immensa [87] complessità dei fatti biologici, di quelli anche che potrebbero a prima vista sembrare di una semplicità primordiale.
Si capisce, del resto, che ai tempi del Redi, del Lorenzini e del Bellini non si potesse avere un'idea esatta intorno alla natura della scossa ricevuta dalla torpedine, perchè non si conosceva ancora la bottiglia di Leida, che sembra datare dal 1745. Dopo ciò si comprese che l'agente sviluppato da quel pesce è di natura elettrica, e le osservazioni in proposito, alle quali contribuirono il Volta e il Galvani, eccitarono entrambi questi illustri nella loro lotta per la verità. Infatti il Galvani considera la sua preparazione, fatta di muscoli e di nervi, come un organo elettrico ridotto, e il Volta si inspira a quell'apparecchio nella costruzione della sua pila, che egli chiama «organo elettrico artificiale» «per essere (come scrive al Brugnatelli) fondato sopra i medesimi principi e simile anche nella forma, secondo la sua prima costruzione, all'organo naturale della torpedine.»
La scoperta della pila mise nell'ombra le mirabili osservazioni del Galvani, e le sue affermazioni intorno alla elettricità animale, e ciò benchè fosse ormai indiscutibile che la torpedine si comporta come una macchina elettrica, e come una pila insieme, [88] e che lo sviluppo dell'elettricità è in quegli animali dipendente dalle loro condizioni vitali. La morte infatti porta con se, come del resto aveva già osservato il Redi, la cessazione di ogni fenomeno elettrico, e tutte le osservazioni dimostrano anche che la potenza intorpidente dei pesci elettrici si indebolisce a misura che diminuiscono le attività funzionali dell'animale, che essa si esaurisce per ogni emissione eccessiva, e che, nello stato normale dell'organismo, essa può ristabilirsi col riposo. Questi esseri singolari sono capaci, è vero, di dare parecchie scariche successive, ma queste vanno gradatamente indebolendosi, sino a che quei pesci possono essere impunemente toccati. Poi, col tempo, soprattutto se bene alimentati, essi riprendono le loro capacità elettriche, così come si osserva nelle manifestazioni dell'energia muscolare e nel decorso della fatica. Vi è insomma, sotto molti aspetti, una completa identità fra la scossa elettrica della torpedine ed un movimento volontario. Le torpedini e gli altri pesci elettrici, come il gimnoto ed il siluro, danno una scossa elettrica come un cavallo darebbe un calcio, un cinghiale un colpo di zanna, una tigre un morso, un'aquila un colpo d'ala o d'artiglio. Il meccanismo nervoso volontario pel quale si esplica l'atto della [89] difesa e dell'offesa è lo stesso in questi casi, non solo, ma anche gli effetti esteriori che ne risultano hanno molte analogie fra loro. Ogni giorno di più, infatti, si mettono in chiaro le somiglianze strutturali fra muscoli ed organi elettrici, non solo, ma pure quelle funzionali fra scossa elettrica e contrazione muscolare. Questi due atti si lumeggiano vicendevolmente, inquantochè obbediscono alle stesse leggi generali; sicchè possiamo dire, per adoperare un linguaggio tecnico, almeno una volta, che entrambi dipendono probabilmente, per quanto riguarda l'effetto esterno, da cangiamenti di tensione superficiale.
L'affinità fra un movimento volontario ed una scossa elettrica mi richiama alla mente una descrizione dell'Humboldt, che amo ripetervi in parte, benchè la ritenga universalmente conosciuta. Si tratta della pesca dei gimnoti, o anguille elettriche, che vivono nelle acque dell'America meridionale, e che danno, quando siano irritate, scosse potentissime, molto più energiche di quelle della torpedine. Non bisogna però credere che il racconto dell'Humboldt si riferisca ad un modo usuale di pesca; esso piuttosto va considerato come la narrazione di una accidentale avventura di viaggio. Ecco le parole del celebre viaggiatore e scienziato tedesco:
[90]
«L'anguilla elettrica, benchè tardissima nei movimenti, si prende difficilmente con reti, perchè simile al serpe si affonda nel fango. Si potevano in tal caso adoperare le radici di alcune piante che hanno la proprietà, gettate in uno stagno, di inebriare o stordire gli animali che vi si trovano. Non volevamo però ricorrere a questo metodo, perchè le anguille ne sarebbero state indebolite. Allora gli indiani dichiararono che volevano pescar con cavalli. Corsero nelle steppe ove sono numerosi i cavalli e i muli selvatici, ne presero una trentina e li spinsero nell'acqua.
L'inaspettato rumore dello scalpitìo dei cavalli spinge i pesci fuori della melma e li invita all'attacco. Le grandi anguille gialle nere, simili ed enormi piante acquatiche, nuotano qua e là presso alla superficie e guizzano sotto il ventre dei cavalli e dei muli. La lotta fra animali così differenti forma il quadro più pittoresco.
Gli indiani muniti di giavellotti e di lunghe e sottili canne si appostano in fitta colonna intorno allo stagno. Alcuni salgono sugli alberi i cui rami si stendono orizzontalmente sull'acqua. Colle selvagge loro strida e colle lunghe canne [91] fanno indietreggiare i cavalli che vogliono risalire le rive.
Le anguille, assordate dal rumore, si difendono con ripetute scariche delle loro batterie. Per qualche tempo pare che debbano riuscire vittoriose. Parecchi cavalli soccombono ai colpi invisibili che minacciano gli organi i più essenziali. Storditi dalle incessanti e violenti scosse cadono al fondo. Altri sbuffanti, irta la criniera, gli occhi dilatati per lo spavento, fuggono disperatamente cercando di sottrarsi alla bufera, ma sono respinti dagli indiani. Alcuni però, ingannando la vigilanza dei pescatori, giungono alla sponda, vacillano ad ogni passo, e spossati a morte si gettano sulla sabbia colle membra irrigidite....
Credevamo che tutti gli animali impegnati in quella lotta dovessero soccombere l'uno dopo l'altro. Ma a poco a poco il furore scema, e le anguille affaticate si sparpagliano. Hanno ora bisogno di un lungo riposo e di un abbondante cibo per riacquistare le forze galvaniche disperse nel combattimento: esse vengono ora paurose presso la spiaggia e sono prese mediante piccoli giavellotti raccordati a lunghe funi.
Un uomo non si esporrebbe senza pericolo al [92] primo colpo di una grossa anguilla elettrica irritata. Se si riceve la scossa prima che il pesce sia ferito o stanco da una lunga persecuzione, il dolore e lo stordimento sono tali che non si può dar conto della sensazione. Non mi ricordo (dice l'Humboldt), di aver provato, dalla scarica di una gran bottiglia di Leida, uno scrollo terribile al pari di quello che soffersi quando misi incautamente i due piedi sopra un'anguilla elettrica che era stata poc'anzi tratta fuori dell'acqua. Per tutto quel giorno ebbi violenti dolori nelle ginocchia e in tutte le articolazioni.»
E un giovane tisiologo tedesco, morto da poco, il Sachs, racconta che, avendo lasciato cadere un gimnoto sul suo piede, fu gettato a terra e provò tale un dolore, che non potè trattenersi dal gridare.
Ma io non posso indugiarmi sui pesci elettrici, perchè di un altro argomento voglio parlarvi succintamente prima di lasciarvi. Mi limiterò per questo a riassumere in poche parole lo stato attuale delle nostre cognizioni in proposito, ricordando che ad esso hanno contribuito parecchi italiani, fra i quali amo citare in particolar modo, limitandomi al periodo storico che ora consideriamo, i nomi del Nobili, del Matteucci, del Pacini.
Alcuni pesci, appartenenti a tre gruppi molto [93] diversi fra loro, le torpedini, i gimnoti ed i siluri, hanno la proprietà di dare forti scariche elettriche, subordinate all'attività del loro cervello. Questa funzione elettrica è esercitata per mezzo di un apparecchio speciale, composto di un gran numero di elementi. In ciascuno di questi ultimi penetra una terminazione nervosa, presso a poco nello stesso modo col quale un nervo motore si dirama in un muscolo volontario. È indiscutibile che la forza emanata dall'organo in questione è una forma di elettricità. Lasciando da parte l'influenza che la energia sviluppata dai siluri, dai gimnoti, dalle torpedini esercita sopra gli organismi viventi, ricorderemo come questi pesci abbiano dato scintille a guisa di una bottiglia di Leida. Inoltre, con quella forma di energia si ottennero effetti calorifici e di decomposizione chimica, si fece deviare l'ago magnetico, si provocarono fatti di induzione in un rocchetto e si accese una lampadina elettrica. Si tratta dunque di vera elettricità ed in questo caso sembrerebbe proprio che l'organismo ci desse un esempio, qual meglio non si potrebbe sperare, di una funzione ridotta ad un semplice fenomeno fisico.
Eppure neanche in questo caso la fisica può da sola servirci, per ora almeno, a comprendere completamente [94] la scossa di cui è questione, perchè l'elettricità emessa dai pesci elettrici si trova in condizioni speciali quali non si ottennero peranco con gli apparecchi raccolti nelle ricchissime collezioni dei fisici. Infatti essa presenta le proprietà insieme dell'elettricità statica, della dinamica e della indotta.
Che dire poi della enorme differenza che esiste fra i nostri mezzi di sviluppare l'elettricità e quelli adoperati da un pesce elettrico? Perchè certo nessuno vorrà dare maggior valore di quello che si conceda ad una figura rettorica al confronto fatto fra gli elementi di una pila voltaica a colonna e le lamine dei prismi che costituiscono l'organo elettrico di una torpedine. E come spiegare l'immunità che quei pesci dimostrano per l'agente potentissimo che essi stessi sviluppano?
Voi vedete dunque come, benchè si tratti in questo caso di un fenomeno puramente fisico quale è quello di una scarica elettrica, pure la fisica non può aiutarci completamente a comprendere i mezzi impiegati dall'organismo per elaborare e sviluppare quella singolare forma di energia.
Badate inoltre che la scarica di un pesce elettrico implica quasi sempre un atto volontario che ci conduca a studiare il problema della coscienza, di quella [95] proprietà per la quale un essere vivo avverte se stesso e l'ambiente che lo circonda. La fisiologia ha affrontato questa questione che tocca la intimità stessa della nostra personalità senziente e pensante, e certo tutte le ricerche anatomiche fisiologiche e quelle particolari di psicologia hanno gettato un po' di luce sugli elementi strutturali dai quali quei fatti emanano e sui processi fisici, chimici e funzionali che li accompagnano e con ogni probabilità li determinano. Ma io, che pure con speciale amore mi occupo di quegli studi sono fra quelli, e siamo legione nel campo della fisiologia sperimentale, che accordano tutto il possibile al meccanicismo, e si servono di esso per simboleggiare quanto si manifesta da un essere vivo, ma non sanno comprendere e non saprebbero concepire una rappresentazione materialistica della coscienza. Confessiamolo francamente: il problema della coscienza è sempre insoluto e molto probabilmente insolubile.
Ma, Signore e Signori, le indagini sui pesci elettrici, per quanto interessanti e benchè ci conducano a discutere di cose fondamentali per la funzione dei corpi organizzati, sembrano piuttosto oggetto di studio per un erudito, per un curioso delle stranezze della natura. Vi è invece nelle ricerche sulla elettricità animale un argomento che ci dà occasione di [96] penetrare nella intimità funzionale dei nostri organi, dei nostri tessuti, dei nostri apparecchi, e che ci dà l'immagine di quel continuo avvicendarsi di fatti distruttivi e di riparazione fra i quali oscillano in ritmo incessante le parti costituenti il nostro organismo.
Sarò brevissimo e comincerò per questo col non tener conto dei precursori di Galvani. Vi sono sempre dei precursori in ogni scoperta, ma è certo che si deve al biologo bolognese la prima constatazione di carattere scientifico dell'elettricità sviluppata dal tessuto muscolare. Non già colla ben nota osservazione della rana appesa ad un uncino di rame che eventualmente toccò il celebre parapetto di ferro, bensì colla esperienza eseguita senza l'intervento di alcun metallo.
A questo proposito debbo ricordare come alcuni abbiano voluto sostenere che la scoperta attribuita al Galvani si debba invece alla sua dilettissima moglie, la signora Lucia nata Galeazzi, che per la prima avrebbe avuto occasione di osservare le ormai storiche contrazioni dei muscoli in certe zampe di rana e di richiamare su queste l'attenzione del marito. Altri sostengono che le prime osservazioni furono fatte veramente dal Galvani, ma sopra rane preparate, non vorrei dire prosaicamente, per fare [97] un brodo che servisse di ristoro a sua moglie che era allora ammalata. Queste affermazioni furono contestate, ma non si può del tutto escludere l'influenza, almeno accidentale, della moglie sulla scoperta del marito. A sostegno di questa tesi sostenuta da molti in quei tempi, amo citare un sonetto non bellissimo, dedicato al Galvani dopo la morte prematura della sua Lucia:
Quella donna gentil, cui d'aureo strale
Piagata il seno teco amor congiunse,
Poi morte con quel suo colpo fatale,
Per farne bello il ciel da te disgiunse:
Quella, non tu, che novo ardor vitale
In rana ignuda a disvelar pur giunse,
Quand'una ed altra man con vanto eguale
Il conduttor metallo e i nervi punse.
Nè a te, Signor, questa fedel consorte
Tacque l'ignoto arcan per cui tuo nome
Oltre l'italo suolo altero vassi.
Oh se vedessi di sì bella sorte
Com'ella esulta dolcemente, e come
Di te ragiona e dei tuoi chiari passi!
Se anche le cose stanno come afferma l'autore del sonetto, che voglio credere migliore storico che poeta, benchè parli con tanta sicurezza di ciò che avviene lassù nelle sfere celesti, non è alla buona signora Lucia che noi dobbiamo attribuire quella [98] scoperta, nel vero senso della parola. Certo molti dei più importanti fatti scientifici furono rivelati all'umanità dal caso, ma quando vennero ad incontrarsi con una mente adatta a comprenderne il significato. Non per questo voglio deprimere il merito della signora Galvani. Io vorrei, anzi, che si scrivesse una storia delle compagne di quegli eroi che lottarono nel campo delle idee, e credo sarebbe il racconto di intimi e mirabili drammi combattuti nei cuori femminili per l'uomo amato, che idealizzato dalle moltitudini si mostra, nel tollerante e sereno ambiente della casa, spoglio dell'aureola di gloria che lo illumina e lo nasconde, e vi rivela tutte le debolezze comuni agli altri uomini e qualcheduna forse in più. Quanta abnegazione, quanto disinteresse, quale instancabile affetto seppero possedere quelle modeste eroine, e quale contributo portarono alla gloria del marito, consigliandolo, sostenendolo, incoraggiandolo, sapendo sottrarsi a tempo agli applausi meritati, per lasciarli all'idolo che li ambisce.
Per amore di verità, però, non debbo dimenticare che la storia registra anche molte Santippe.
Dopo la morte del Galvani tutto quanto avesse riguardo coll'elettricità animale venne circondato di dubbi, di indifferenza e finalmente dimenticato, ed a ciò contribuì principalmente la scoperta della pila [99] di Volta ed i rapidi e meravigliosi progressi che ne conseguirono nel campo della elettrodinamica. Si capisce, infatti, come la povera elettricità animale, questa specie di cenerentola della elettrologia, così modestamente raccolta nei tessuti viventi, dovesse cedere il passo alla sua consorella, la elettricità voltaica, assai più appariscente e più ricca di applicazioni che essa non fosse.
Fu il Matteucci che la rimise alla luce del mondo. È bensì vero che il Nobili aveva scoperto la cosiddetta corrente propria della rana che va dai piedi al capo, ma egli l'aveva attribuita a fenomeni termoelettrici, sicchè fu soltanto cogli studi del Matteucci che si riprese nettamente il concetto del Galvani, e si considerarono i fatti elettrici manifestati da un essere vivente come un'espressione dei processi che si svolgono nell'intimità degli apparecchi funzionanti.
Il Matteucci era uomo di tale ingegno, da lasciare la sua impronta su qualunque argomento imprendesse a trattare. Non sta a me di considerarlo ora nelle sue opere di cittadino; ricorderò soltanto che fu ambasciadore e ministro della pubblica istruzione e professore nel nostro Ateneo. Del resto, da questi punti di vista fu già magistralmente tratteggiato da Nicomede Bianchi, in un libro che ha appunto per titolo: Carlo Matteucci e l'Italia del suo tempo. [100] Per trattare dell'importanza non solo tecnica ma filosofica del Matteucci, ci vorrebbero parecchie conferenze. Perchè egli non fu solo uno scopritore di fatti, ed il restauratore della elettrofisiologia, ma anche un rinnovatore nel campo delle idee direttrici in biologia. Con un acume ammirabile sostenne l'importanza dei fatti fisici e chimici negli esseri viventi, e fu così uno fra i più efficaci fondatori della fisiologia moderna. Ma non ebbe i fanatismi tanto comuni agli innovatori, e seppe mantenersi sempre nei limiti del vero, possedendo una netta percezione dei confini fissati alla applicabilità dei fatti scientifici ed al loro significato fisiologico. Egli, l'autore dell'opera sui fenomeni fisico-chimici dei corpi viventi, ed uno fra i più vivaci oppositori di quella scuola di un vitalismo primordiale, rappresentata in Italia dal Rasori e dal Tommasini prima, e poi, benchè in forma più progredita, dal Bufalini, mantenne sempre quella serenità di giudizio e di linguaggio, che dimostrano in lui un vero temperamento di scienziato. Egli ben sapeva che la scienza positiva non ha e non può avere alcun rapporto colle questioni trascendentali, e deve lasciare al sentimento ed all'intuito individuali di definire, quando se ne senta il bisogno, che cosa possa essere quello che si vuol chiamare la verità assoluta. Lo studio [101] dei fenomeni della natura, provoca, ordinariamente, bisogna riconoscerlo, una speciale polarizzazione nelle capacità intuitive ed interpretative, ma ciò non fa parte della scienza propriamente detta. Se l'indagine plasma la mente dello sperimentatore ad uno speciale ed indulgente scetticismo, si è perchè il contatto diretto coi fenomeni della natura, e la sottile ricerca di essi, e l'analisi minuta delle loro particolarità mentre lo rendono più forte nel discernimento del supposto vero, gli dimostrano anche l'inanità degli sforzi suoi e degli altri, nel determinare l'essenza delle cose. Ma l'uomo di scienza è anche spesso un entusiasta, perchè nessuno meglio di lui è in grado di apprezzare la meravigliosa armonia dei fatti naturali, l'intimo legame che li riunisce, gli adattamenti perfettissimi che danno ai fenomeni una stupefacente parvenza di finalità. Egli è pure un disilluso, perchè ogni giorno più deve convincersi che ben poco è quello che sa in confronto di quello che gli resta a sapere, e perchè si avvede che ogni fatto nuovo che viene alla luce, mentre aumenta il suo potere sulla natura, allarga pure smisuratamente i confini della sua ignoranza consapevole. Ma egli possiede anche un concetto esatto intorno alla relatività dei nostri veri, e se non sempre ha il coraggio di comunicare i dubbi che lo tormentano, e [102] lo sconforto di sentirsi legato, per certe questioni generali, al limbo eterno della ignoranza, sa però che deve essere temperato nelle idee e non scende nella lizza per opporre ad affermazioni azzardate altrettanta vacuità di linguaggio; e a rappresentazioni troppo indefinite e vaghe, simboli troppo schematici e materiali; e a certe nebulosità idealistiche, costruzioni materialistiche di un meccanismo infantile.
Questa è la rappresentazione psicologica di uno scienziato, quale sorge spontanea nella mente leggendo le opere del Matteucci, le quali improntate ad un severo positivismo fanno di lui, che fu il ricercatore dei fenomeni fisici e chimici dei corpi viventi, uno dei fondatori di quella scuola biologica che limita i confini della nostra conoscenza e che alcuni vorrebbero, non capisco il perchè, distinguere coll'appellativo di neovitalismo.
Dovrei ora parlare in modo speciale intorno alle ricerche del Matteucci sull'elettricità animale, ma ciò mi obbligherebbe ad entrare in questioni troppo tecniche, e ad adoperare un linguaggio che è soltanto espressivo per gli iniziati ai suoi misteri. Credo invece opportuno di dirvi in poche parole quali siano le nostre cognizioni attuali a proposito della elettricità dei tessuti, perchè possiate apprezzare quanto la fisiologia deve a quegli illustri italiani che hanno [103] iniziato questi studi. È infatti soltanto esaminando il frutto che si può comprendere l'importanza di un germe, e soltanto l'organismo sviluppato ci dice quali capacità di evoluzione stavano nascoste in quella cellula così ricca di potenzialità che noi chiamiamo l'uovo.
Un organismo vivente, considerato in forma schematica, può essere tenuto in conto di una macchina complicatissima, nella quale materiali chimici molto complessi, dissociandosi ed ossidandosi, mettono in libertà una certa somma di energie, in quella guisa che il carbone combinandosi coll'ossigeno, come si suol dire, bruciando, sviluppa calore. Ma lo stesso pezzo di carbone, quando si ossida, può darci semplicemente del calore, se ci limitiamo a bruciarlo nel caminetto, mentre da esso possiamo trarre del lavoro meccanico, se ne provochiamo la combustione nel fornello di una locomotiva, o della energia elettrica e quindi della luce o delle azioni chimiche o altre forme di lavoro, se la forza messa in libertà dalla fiamma fa poi agire una dinamo e questa una lampada elettrica, o un bagno galvanoplastico, o altro. Sicchè lo stesso combustibile bruciando può dare forme differenti di energia e di lavoro a seconda dei meccanismi ai quali è applicato.
Nello stesso modo i processi di combustione che [104] si svolgono nelle singole parti del nostro corpo si manifestano diversamente in ragione della varia struttura di queste parti. Il muscolo dà il lavoro meccanico, la glandola, la elaborazione chimica, il nervo, la trasmissione di un'onda particolare, la cellula nervosa, l'impulso al movimento o il sottostrato della sensazione, e così via, e tutti questi atti derivano in modo più o meno diretto da cangiamenti chimici, che mettono in movimento i diversi ingranaggi del nostro organismo.
Le differenti manifestazioni funzionali del nostro corpo, delle quali abbiamo fatto parola, sono accompagnate però da fatti collaterali, come avviene in ogni altra macchina. Abbiamo cioè, oltre il lavoro specifico dei diversi apparecchi, uno sviluppo di calore che contribuisce, negli animali che stanno in alto della scala zoologica, a mantenere la temperatura del loro corpo ad un grado superiore a quello ordinario dell'ambiente.
Ma oltre il calore si possono discernere altre forme di energia, fra le quali la luce e le manifestazioni elettriche.
Non avete mai veduto il mare fosforescente? È soprattutto nelle regioni equatoriali che questo spettacolo si manifesta nel suo massimo splendore, dando al navigante l'impressione di solcare delle onde infocate. [105] Non dimenticherò mai le sere passate sull'Oceano indiano, appunto per la magnifica fosforescenza che vi ho potuto ammirare. Tutta la superficie del mare, leggermente increspata, era illuminata da una luce vaga, nebulosa, bluastra, che pareva scaturire dalle maggiori profondità, mentre il solco aperto dal piroscafo splendeva sin presso all'orizzonte come una striscia di fuoco, sulla quale risaltavano i guizzi di fiamme provocati dall'elica che percoteva l'Oceano e dalla prua che ne squarciava gli attriti. Questo fenomeno è dovuto alla presenza di innumerevoli esseri assai bassi nella scala dei viventi, alcuni minutissimi, altri, come le meduse, abbastanza voluminosi, i quali, quando siano stimolati dagli urti delle onde o dell'elica, per esempio, rivelano quello stato di eccitamento con manifestazioni di energia che, in grazia della loro trasparenza, acquistano i caratteri di vere e proprie funzioni luminose. In questo caso si potrebbe proprio dire con un illustre fisiologo che noi siamo colpiti direttamente dalle irradiazioni della fiaccola della vita. Fatti simili, benchè più complessi e parzialmente sottoposti all'impero dei centri nervosi, ci vengono presentati fra gli altri da alcuni insetti, dei quali rammenterò le lucciole, ornamento delle nostre sere di primavera e di estate, e che furono soggetto di [106] interessantissime ricerche del nostro Matteucci, e gli elaterii dell'America tropicale, che possono servire come lanterne per illuminare il cammino, e che sul capo delle signore splendono di una vivissima luce propria, molto più apprezzabile, mi pare, di quella riflessa da un diamante.
Come vedete, alcuni fatti che d'ordinario sono semplici accessori, che si presentano come collaterali di una funzione principale, possono, in certi casi, raggiungere così grande sviluppo, da acquistare per se stessi la dignità di una vera e propria funzione. Questo accade per la luce emessa dagli organi fosforescenti degli insetti, come pure per le manifestazioni elettriche della torpedine, del gimnoto, del siluro che, grazie alla evoluzione di organi particolari, si sono resi capaci di emanazioni elettriche potentissime, mentre, d'ordinario, l'elettricità che si svolge dagli organi funzionanti, può essere appena avvertita da apparecchi delicatissimi.
Non per questo essa ha meno importanza pel ricercatore di fatti biologici, che anzi la corrente tenuissima che si può raccogliere da un muscolo che si contrae, la così detta corrente d'azione vale a farci comprendere la potentissima scossa emessa da un pesce elettrico.
Si disse come le manifestazioni funzionali dell'organismo [107] siano dovute a processi di combustione che si svolgono in seno agli elementi costitutivi dei nostri organi. Ma il lavoro determina necessariamente il consumo del combustibile, ed anche, benchè meno rapidamente, della macchina. Sicchè un organismo non potrebbe presentare una funzione continuata se ai fatti distruttivi, che sono il fondamento o la conseguenza delle sue varie forme di lavoro, non facessero equilibrio fatti antagonistici di reintegrazione, capaci di ricostituire le forze impiegate nell'attività e le strutture consumate dall'uso, che in altre parole servono a rimettere nuovo carbone nel fornello, ed a raccomodare quegl'ingranaggi che vanno di mano in mano sciupandosi. Per questo un organismo si può considerare come continuamente oscillante fra due atti chimici opposti: quelli distruttivi, che si manifestano in forma di movimento, di calore, di luce, di elettricità o d'altro: e quelli ricostitutivi, che accumulano nuovi materiali combustibili e reintegrano i tessuti sciupati dalla funzione.
Può accadere che questi due fatti antagonistici corrispondano perfettamente gli uni agli altri, come può avvenire che l'uno di essi predomini sull'altro, e voi facilmente comprenderete quanto sia importante pel biologo di assistere agli avvicendamenti [108] chimici che si svolgono nell'intima trama degli organi viventi. Questo ci è in parte concesso quando si raccolga e si registri graficamente, per mezzo di apparecchi delicatissimi, le variazioni elettriche dei tessuti che vivono, vale a dire che si nutrono e che funzionano. Infatti, i processi distruttivi determinano nelle parti che ne sono la sede una certa condizione elettrica che si chiama negativa; e i fenomeni opposti di reintegrazione danno luogo a manifestazioni elettriche di segno contrario, provocando cioè uno stato che si dice positivo.
Si capisce, perciò, come non si ottenga alcuna manifestazione elettrica da un organo nel quale i processi chimici opposti, distruttivi e reintegrativi si fanno equilibrio, perchè in esso agiscono due forze eguali e contrarie che si neutralizzano, mentre vediamo diventare negativa quella parte nella quale si esagerano i processi demolitori, o positiva quella nella quale predominano i fatti di riparazione organica.
Così l'agente misterioso che lungo i nervi è l'intermediario fra il cervello e le parti del nostro organismo, facendosi il messaggero delle azioni di senso e di movimento, si rivela a noi come un'onda di negatività, che percorre i cordoni nervosi; così l'attività di un muscolo, di una glandola, di un [109] organo di senso danno luogo a variazioni elettriche negative della parte funzionante. Noi riusciamo inoltre a raccogliere dalla superficie del nostro corpo cangiamenti elettrici, variazioni di potenziale, come si dice, che corrispondono col loro avvicendarsi al ritmico battito del cuore. Per contro, quest'organo centrale della circolazione, quando sia arrestato da azioni nervose particolari che ne esagerino gli atti ricostitutivi, a scapito di quelli che sono la base della sua funzione meccanica, dimostra questi cangiamenti con variazioni elettriche opposte di carattere positivo.
Come vedete, le oscillazioni elettriche dei tessuti, raccolte e registrate coi nostri apparecchi, possono esprimere all'esterno le intime modificazioni chimiche che si svolgono nei più remoti recessi del nostro organismo, e possono tracciare dei veri ed autentici rapporti autografici di esse. Sicchè per mezzo della elettricità animale ci è concesso di possedere una immagine, per quanto sfumata e vaga di quel ritmo chimico che forma il sottostrato delle manifestazioni di un essere vivente; o, se volete, un'eco assai attenuata, ma pur fedele, dell'armonia della vita. E non è probabilmente lontano il giorno nel quale indagando le correnti d'azione dei centri nervosi noi sorprenderemo le cellule cerebrali nella [110] loro attività elaboratrice della sensazione e del movimento.
Ma non facciamoci troppe illusioni, perchè si capisce che in questo caso non otterremo che la rappresentazione esteriore di uno dei sintomi dell'atto mentale, come il sorriso che solleva il labbro della Gioconda del divino Leonardo non è che il simbolo di uno stato d'animo di quella vaghissima donna. Ma forse che per questo esso è meno attraente? Forse che esso non ci affascina tanto più quanto maggiormente è misterioso ed impenetrabile?
Signore e Signori!
Un filosofo tedesco, celebre nella storia della elettrofisiologia, Emilio Du Bois-Reymond, in un suo discorso, accennando alla scoperta del Galvani, esclamava: «È con orgoglio che l'investigatore della natura, osservando i fili telefonici che attraversano le nostre strade e le nostre piazze, si rende conto di quanto hanno fatto tre generazioni umane di genio e di diligenza, partendo da un sì oscuro principio,» e si domanda col Gherardi, pensando al parapetto di ferro sul quale il Galvani fece la sua osservazione: [111] «Se quel parapetto fosse stato di legno o di pietra, chi può assicurarci che avremmo un galvanismo.... e tutto il resto?»
Certo è incommensurabile l'importanza della scoperta del Volta, e ne fanno fede le innumerevoli applicazioni che sono tanta parte ormai delle nostre manifestazioni materiali ed intellettuali, e che sotto forma di luce, di calore, di movimento, di trasmissione di energia a distanza, di utilizzazione di forze naturali, di azioni terapeutiche, e più ancora di nuove ed efficaci dottrine che simboleggiano in forma scientifica i fenomeni della natura, in quanto hanno di più recondito, danno alla nostra vita individuale e sociale un particolare indirizzo.
Ma pur prescindendo dal fatto che senza la rana del Galvani non vi sarebbe forse stata la pila del Volta, mi sarà lecito di affermare che anche la elettricità animale, che serve a rivelare l'intimo meccanismo nutritivo dei più remoti ingranaggi di un organismo vivente è, nelle mani del biologo, un istrumento di conquista non meno efficace di quello che maneggiato dal fisico ha contribuito potentemente a dare un'impronta nuova al secolo che muore. E ciò dobbiamo soprattutto a quelli italiani che, in sullo scorcio della prima metà di questo secolo, mentre si preparavano le armi della [112] riscossa nazionale, ripresero e rinnovellarono gli studi del Galvani, quasi per affermare, una volta di più, che l'Italia non è e non sarà mai la terra dei morti, perchè nel nostro paese anche i morti resuscitano a maggior gloria di tutti!
[113]
CONFERENZA
DI
CHARLES YRIARTE.
[115]
Quelles que soient les destinées réservées au peuple Monténégrin s'il garde sa persévérance, sa sagesse et sa valeur; il devra conserver à jamais un culte et une tendresse profonde pour l'étroite vallée et le cirque de montagnes où il s'est refugié au moment où les Turcs, déferlant comme une vague sur les Balkans, ont envahi la vieille Serbie. Laissez-moi marquer ici à grands traits les étapes de son histoire.
Dans la grande famille Serbe dispersée par l'invasion, les clans Monténégrins, dès le moyen-âge avaient déjà eu une sorte d'autonomie, et sa Dynastie qui régnait sur la Serbie, la famille des Némania, avait même pris naissance dans la Zéta, qu'ils occupaient alors. Après la sanglante Bataille de Kossovo, d'où date la dispersion, le Prince Cernovich, incendiant le pays qu'il laissait derrière lui, se retira avec tout ce peuple en armes dans la [116] montagne noire, la Cernagora. Il s'arrêta d'abord à Rieka, puis à Cettigné. Les Turcs avancent encore, ils ont déjà pris Constantinople; la Serbie est à eux toute entière; ils vont s'efforcer de soumettre ces réfractaires. Ils prendront les Monténégrins à revers, et après avoir chassé les Vénitiens de Scutari, Soliman pacha pénétrera jusqu'à Cettigné, qu'il livre aux flammes; c'est l'apogée de la défaite. Les Monténégrins ont désormais perdu la riche Zéta, le Brda, le Lac de Scutari, deux cents kilomètres de rivage sur l'Adriatique; et les quatre montagnes rocheuses où ils ont transporté leurs foyers sont tout leur domaine. Ce sera leur citadelle, ils y conserveront toujours vivante la flamme du patriotisme, la confiance dans leur destinée et une énergie indomptable. Alfieri fait dire à un peuple qui gémit sous le joug: «Esclaves.... oui, nous le sommes, mais esclaves toujours frémissants.» Les Monténégrins n'accepteront jamais le joug; depuis Kossovo, en 1356, jusqu'à la prise d'Antivari et de Dulcigno en 1878: ce peuple décimé vivra dans une alerte continuelle, la main sur le kandjiar. C'est avec le premier des Pétrovich, Danilo, à la fin du 17e siècle que commence l'ère des grandes batailles décisives; jusque là, ce sont des incursions rapides, des razzias, des surprises; les montagnards fondent sur l'ennemi, ils l'envahissent, prennent des territoires, les perdent [117] pour les reprendre encore, et harcèlent sans cesse. Mais tel sera désormais l'effort vers la rédemption et si terrible l'énergie de ce peuple indomptable, que de grands empires, la Russie et l'Autriche, voient en eux des auxiliaires hardis, et lui proposent des alliances.
Pierre-le-Grand s'avance le premier: «L'histoire (dit-il dans son message), nous a appris que vos anciens rois, vos princes, étaient hautement révérés comme appartenant au noble sang slave, et que les triomphes de leurs armes les ont rendus célèbres par toute l'Europe jusqu'au jour fatal de leur défaite. Rendez vous dignes de cette gloire, imitez vos illustres ancêtres; combattez pour la foi, la patrie, la gloire, l'honneur, pour votre liberté, votre indépendance et celle de vos fils.»
On combat en effet. L'année suivante à Carlevatz trente mille Turcs restent sur le champ de bataille; le Musulman recule; on respire pendant quelques années, on organise et on vit sans combattre, mais sans désarmer. Mais prenant sa revanche, l'éternel ennemi attaque de trois côtés à la fois avec cent-vingt-mille combattants dont les Monténégrins vont triompher à la journée de Cevo.
Les Pétrovich ont la vie dure; le premier vient de régner soixante ans, celui qui lui succédera dans l'histoire, Pierre Ier, est un saint et un héros. Dès les premières années de son règne, Marie Thérèse, [118] étonnée à son tour de l'énergie et de la persévérance du peuple Monténégrin, inaugure vis-à-vis de la Cernagora une politique, que n'ont que trop bien suivi ses successeurs. Le second Pétrovich reçoit son ambassadeur, et Radonicht, délégué Monténégrin, ira à Vienne même dicter les conditions du traité d'alliance que l'Impératrice a proposé. Les conditions du Monténegro sont fières.
«L'alliance sera offensive et défensive; nul servage en échange. — Si le territoire Serbe venait à être délivré des Turcs, la Zéta supérieure, Podgoritza, Spuz, Zabliac, le Piperi, la Brda et l'Herzégovine seraient réunis au Monténegro qui pourra battre monnaie. Aussitôt que le Cabinet d'Autriche sera en guerre avec la Porte, S. M. Impériale enverra la poudre, le plomb et les armes. Si l'Autriche fait la paix avec la Porte, les Monténégrins seront compris dans le traité.»
Après trois ans de combats et de fortunes diverses, les Autrichiens acceptent la paix; mais comme le territoire n'a pas été délivré des Turcs: les concessions promises par l'Autriche au Monténégro sont lettre morte.
Pierre Ier ne se décourage point, et les Monténégrins vont attaquer tout seuls; ils défont les Turcs sur le Lac de Scutari, dans un combat naval et plus tard dans une rude bataille où Mohammed pacha trouve la mort, et l'impression est telle [119] à Constantinople que l'indépendance pour laquelle les peuples Monténégrins ont versé tant de sang depuis Kossovo est enfin reconnue.
Mais un nouvel ennemi, plus puissant encore, s'avance. Les Français sont en Dalmatie; Pierre va se mesurer avec les lieutenants de Napoléon: avec Lauriston d'abord qu'il défait, puis avec Marmont duc de Raguse qu'il tient en échec.
Pris d'enthousiasme, le Czar Paul Ier, reprend la tradition de Pierre-le-Grand, envoie ses présents et ses insignes à tous les Voivodes, et alloue au Prince un subside de neuf mille ducats annuels. Mais en acceptant simplement un appui noblement offert, le Vladika Pierre n'a abdiqué aucun de ses droits; le gouvernement Russe s'étant un jour immiscé dans l'administration ecclésiastique de la Principauté, le gouverneur Vuk Radonitch et tous les serdars, voivodes, kneze, porte-enseignes, prêtres, nobles et autres autorités protestent respectueusement, mais avec une singulière fermeté.
«Le peuple du Monténegro et de la Brda (dit Radonitch), n'est aucunement sujet à l'empire Russe, il se trouve seulement sous sa protection morale, parce qu'il est de la même race, et parce qu'il a la même foi; mais par aucune autre raison. Nous avons attachement et fidélité et nous voulons garder ces sentiments éternellement, mais nous défendrons de toutes nos forces la liberté dont [120] nous avons hérité de nos prédécesseurs, et nous mourrons plutôt l'épée à la main, que de subir une servitude honteuse d'une puissance quelconque.»
Pierre Ier le Saint, pouvait seul faire entendre un tel langage au Czar de toutes les Russies. Ce Vladika, qui règne pendant quarante-huit ans, n'a connu que des victoires; il fut aussi un civilisateur, et reste le vrai héros de la Dynastie. Sur la hauteur qui domine Cettigné, là où se dresse le monument que la piété d'une Monténégrine devenue Princesse Italienne a dessiné de sa propre main en souvenir de Danilo, fondateur de la dynastie des Pétrovich, on voudrait voir s'élever la statue du vainqueur de Kara Mahmoud et le rival heureux de Marmont duc de Raguse.
La grande tâche n'est pas achevée; après dix ans du règne de Pierre II, grand poète, pacificateur, qui s'applique à adoucir les mœurs et à propager l'instruction tout en tenant l'épée d'une main ferme; un fait important au point de vue du gouvernement va s'accomplir. Jusqu'ici se confondent dans la personnalité qui dirige et qui règne, le caractère sacré du Vladika et celui du Prince. Pour devenir Vladika, évêque, il faut être moine et renoncer au mariage; Danilo Ier qui devait comme successeur et neveu de Pierre II assumer ce double caractère, avait fait ses études à St Pétersbourg; il renonça [121] à l'église, et inaugura le pouvoir séculier. Ce règne est court, il finit par un évènement lugubre, l'assassinat du souverain, victime d'un fanatique: mais il reste encore inoubliable, car Danilo a la gloire d'avoir protesté devant l'Europe contre la Turquie, relevée par la guerre de Crimée, qui a osé dans un document parler du Monténegro comme d'une province Turque: et aussi, deux années après son avènement, il conduit ses troupes à Grahovo et met en déroute l'armée Turque dans une bataille qui eut de tels résultats, qu'on la regarde encore comme la revanche de Kossovo.
Quand Danilo tombe sous le coup d'un assassin, le prince qui règne aujourd'hui, Nicolas Ier, son neveu, fils de ce Mirko, le héros de Giahovo, quitte à la hâte Paris où il achève ses études au Collège Louis-le-Grand et assume le pouvoir. Il n'a pas encore vingt ans, mais les Monténégrins, mûris par l'exemple, avant vingt ans sont des hommes. Chacune des étapes de ce règne, auquel il faut souhaiter la durée de celui du premier Pétrovich, est marqué par un effort pour l'indépendance, un progrès dans la culture, une négociation heureuse, en même temps que Medun, Danilograd, Martinch, Rasina-Clavica, Nicksich, Antivari et Dulcigno; sont autant de noms de victoires coup sur coup remportées, qui forcent l'Europe à compter avec le Monténégro.
[122]
Le pays ne sera plus réduit à sa plaine étroite et aux quatre montagnes; vers la vieille Servie il a des plaines fertiles; la Zéta, la Brda lui appartiennent, il a pris de l'essor du côté de Scutari, et les princes aux longs règnes ont fini par tailler à coup d'épée dans la terre Serbe une principauté nouvelle. Cette principauté cependant n'est point encore le prix du sang, ni le territoire sur lequel on régnait cinq siècles auparavant. Berlin a effacé San Stefano. Depuis lors on s'est réfugié dans le travail sans sacrifier ses espérances: l'ère de la paix est celle des progrès, et une grande œuvre est accomplie. Le Soldat s'est fait Législateur, le code monténégrin est promulgué. Un juriste fameux, Bogisïc, sous l'inspiration du Prince, a recueilli les règles du Droit coutumier, appliquées naïvement jusque là par le peuple. Cette sagesse du Prince, cette prudence alliées à une énergie qui n'abdique point; ont eu leur récompense dans de grandes alliances qui n'ont pas eu seulement la politique et l'intérêt pour base, mais qui se trouvaient d'accord avec les raisons du cœur.
[123]
***
Quelles seront les habitudes, les tendances, l'aspect, le caractère d'un peuple dont l'histoire n'est qu'une longue «vendetta» et une perpétuelle revendication?
Le voyageur qui aborde le Monténégro par les bouches de Cattaro, après avoir gravi les soixante lacets taillés dans le roc qui donnent accès à la Montagne Rocheuse, s'avance désormais vers Niégouz et Cettigné sans rouler comme autrefois sur sa selle avec les pierres du chemin. L'homme a dompté la nature; des routes nouvelles donnent un accès facile jusqu'à la frontière de Serbie; l'extension de la carte du pays a fait la vie moins rude. Si la montagne est aride de Cattaro à la plaine, le pays frontière de la vieille Serbie est fertile: quelques parties sont même riantes comme une petite Brianza. La Zéta, Vassoacwitz, Kolaschi, Niksich, et les bords du lac de Scutari, sont des lieux pleins d'aménité, qui contrastent avec la montagne.
On sait que la terre donne peu de blé, mais le maïs abonde, comme la pomme de terre, et la sécheresse [124] est toujours le grand ennemi. Au fond le pays est surtout pastoral et partout où la montagne est verte, le grand et le petit bétail abondent; aux temps héroïques les clans se disputaient tel ou tel revers de montagne, où la verdure était grasse et épaisse.
C'est par le bétail que le Monténégrin vit et s'enrichit; par le tabac, par le sumak, cet arbuste dont la feuille sert à la tannerie tandis que son bois est utile à la teinture, par les pêcheries de Stekline au lac de Scutari, qui produit une sorte de sardine très demandée en Albanie et qui s'écoule aussi dans l'Italie méridionale et en Serbie.
De ces divers produits, le tabac est le plus avantageux, régulièrement vendu par le gouvernement à la régie autrichienne qui y trouve son compte. Mais l'empire d'Autriche a fermé sa nouvelle frontière au bétail Monténégrin, et établi des cordons infranchissables, il fait une guerre de tarifs à outrance. Tout bœuf qui passe la frontière paie dix-huit florins de droits — c'est-à-dire — presque autant que le prix de l'animal même. Il a fallu s'ingénier, chercher des nouveaux débouchés. En Italie, à Brindisi et Bari; à Marseille, où s'est créé une Chambre de commerce.
Au point de vue industriel, les scieries mécaniques fonctionnent là où l'eau abonde, comme aussi la meunerie, pour la farine. Une fabrique d'armes [125] pourvoit sinon à l'armement au moins à son entretien, et les routes, sans parler de la grande voie qui de Cattaro se continue jusqu'à Pogdoritza, sont amorcées partout à la fois, en même temps que les anciens forts turcs des Iles de Scutari, démantelés, permettent un service régulier entre Rieka et Scutari. Un service de poste, très sérieusement établi, sévèrement surveillé, et d'une parfaite régularité facilite les relations et les échanges.
***
Voyons l'homme dans le Pays. Toujours soldat au fond, le Monténégrin est resté fier et d'aspect réservé; riche ou pauvre, il a de la dignité dans l'accueil et exerce l'hospitalité avec simplicité, son type est noble et grave. Comme nous nous étonnions de voir dans un clan tant d'hommes de belle allure, un chirurgien militaire nous fit observer que la nature ici, fait sa sélection l'hiver, dans la montagne; les faibles s'en vont, les forts restent seuls et grandissent. Le peuple est pasteur, agriculteur, éleveur et la culture de la terre ennoblit: [126] il a horreur du petit commerce, et des petits métiers assis, les brodeurs, les vendeurs. Il fait fi de certains travaux manuels, ne porte pas volontiers de fardeaux et laisse les petits négoces aux Albanais venus de Scutari. Il aime passionnément la musique, les récits faits à voix basse, il murmure d'une voix gutturale des chants épiques d'un rhytme triste et d'un ton voilé.
On connait le costume du Pays, élégant, de couleur claire avec quelques taches sonores, et complété par des armes brillantes.
L'arme exerce sur le Monténégrin une séduction irrésistible, il ne se sépare jamais de son arsenal. Un fusil, un revolver nouveau modèle l'enchante, il les convoite et les admire. L'enfant lui-même dès qu'il est armé se redresse plus fier. Quand j'étais là, on s'efforçait de recruter une bande de petits musiciens; mais souffler sans gloire dans un turlututu, et marcher sans fusil à l'épaule ou sans pistolet à la ceinture répugnait à ces adolescents. On les arma d'un Martini, et le clairon retentit bientôt dans la montagne. Il est singulier que toujours armé ainsi, le sang ne coule presque jamais, et les prisons soient presque vides. Le Pays n'a pas de pauvres, la sobriété est la règle, l'ivresse est très rare, la porte du logis peut toujours rester ouverte, car le vol est honteux et impossible par l'absence absolue du réceleur.
[127]
Avec le temps, grâce aux princes qui s'y sont tous appliqué, une certaine férocité native — reste d'atavisme des époque épiques, et des combats des ancêtres, qui se développait par les luttes nouvelles soutenues par chaque génération — peu à peu s'est apaisée et attendrie. La Vendetta, cette plaie des familles, passe au domaine de l'histoire, comme aussi cette habitude chez les Monténégrins, à l'âge où on croit à l'amitié éternelle, de se choisir un frère de sang, un Pobratim, union touchante de deux jeunes hommes, qu'aucun lien de famille unit, qui échangent leur sang et leurs armes en récitant la prière «l'Adelfo poisio» devant le prêtre, et jurent de périr l'un pour l'autre, et de s'entr'aider même au péril de leur vie. Quand le pouvoir central existe, c'est la loi qui doit venger l'injure, la Vendetta est donc devenu un crime. Quant au Pobratimat un voyageur poète peut le regretter. Mais il faut considérer que contracté entre deux Monténégrins de deux clans différents entraînait souvent deux levées de boucliers et déchaînait les luttes fratricides. La vengeance aujourd'hui est l'œuvre de la justice.
[128]
***
La Monténégrina, montagne ou plaine, est-elle belle? ou simplement jolie? — Un Français répondrait: elle est bien pire. Elle a de l'Orient l'expression grave qui inspire le respect, une grâce touchante, une absence complète d'affeterie ou de manière, un teint mat, qui chez la femme riche ou aisée que la bise et le hâle n'ont pas flétri, garde souvent une belle pâleur d'ivoire, souvent frêle et délicate, sous des apparences de faiblesse son énergie a fait de la femme l'auxiliaire de l'homme dans les combats.
Chez les paysannes de nos champs la démarche est souvent lourde, le geste gauche, l'expression dénuée de pensée et les yeux sans flamme: la Monténégrine a souvent dans le regard comme un reflet de la poésie des légendes de sa patrie, de la tristesse d'une race qui a longtemps lutté et souffert. Cermak, l'artiste serbe, un patriote qui chaque fois le Monténégrin passait la frontière et se soulevait contre le joug, abandonnait Paris pour courir au danger, nous revint un jour mutilé de la Cernagora, a bien fixé son image et l'a associée [129] aux actes virils de revendication dans des toiles pleines de talent.
Ferogio, un Italien qui vivait aussi parmi nous, a recueilli tous les types et illustré tous les actes de la vie du peuple, et mieux que personne a montré la beauté de la silhouette, les fières attitudes, le geste simple et toujours noble de la population rurale ou montagnarde.
La femme monténégrine cependant, est douce, résignée, fidèle; tout son horizon est au foyer, on ne la voit au bras de l'époux que les jours de fête, elle attend un mot ou un signe, elle le devine et ose à peine le prévenir. Si on s'en tenait aux apparences on dirait que l'homme, à côté du respect, lui inspire la crainte, et dans le recueil des dictons Monténégrins d'un autre âge, qui s'appliquent à la femme, quelques uns ne sont pas à la louange de l'homme. On reproche aux Monténégrins du peuple son indolence aux durs travaux, sa tendance à laisser à sa compagne ceux qui sont les plus pénibles; et les yeux du voyageur au détour de la route, dans la montagne ou dans la plaine, sont parfois attristés en les voyant plier sous de lourds fardeaux.
Mais cette femme est respectée et protégée par le droit coutumier, devenu code civil, plus qu'en aucun pays de l'Europe. Le voyageur de la Ballade de Schubert, celui «qui passe en chantant et qui part sans regret», s'il pénétrait dans la famille rurale, [130] assisterait à un spectacle vraiment touchant. Qui n'a vu chez les peuples qui se piquent de tenir la tête de la civilisation, à la mort du chef de la famille, sous la loi du Majorat, ou même dans les maisons moins fortunées, la veuve en cheveux blancs s'en aller solitaire, et laisser à son fils et à sa jeune épouse le foyer où sa vie s'est écoulée, dans un luxe devenu une habitude, dans une affection devenue un besoin? Qui n'a rencontré sur sa route, surtout dans votre beau pays, où ceux dont la vie est solitaire essaient de combler par la vue des chefs-d'œuvre et la clemence du climat, le vide d'une existence, sans amour et sans hyménée, — une sœur qui a quitté elle aussi le foyer de son frère?
Ici, la loi est la communauté; le père est le chef, chacun doit son travail à la famille toute entière et la part de chacun est la même. Tout appartenant à tous, chacun a droit à tout son entretien, et puise par part égale au bien commun. Si l'un des membres commet un délit et une faute, tous le réparent, et paient l'amende — sauf à mettre au compte du coupable, au jour du partage, le dommage qu'il a causé.
Cependant le Pécule est personnel à l'individu, et nous entendons, par pécule, tout résultat d'un travail fait à moments perdus et autorisé par tous, comme aussi tout profit qui est acquis sans travail, c'est-à-dire, un don du père retiré de la communauté [131] après avoir pris ce qui lui revient en partage et dont il dispose à son gré, un don du Prince, une arme, une étoffe, une somme d'argent, tout gain enfin qui est le résultat soit de hasard, soit de la sympathie inspirée, soit d'une action méritoire et personnelle.
L'âge venu de s'unir à une famille nouvelle, il est permis à la jeune fille, en dehors du travail en commun pour l'avantage de tous, de travailler pour elle-même; et on fermera les yeux. A partir de ce jour on la laisse augmenter son pécule, le père, la mère, le frère peuvent y ajouter une part du leur, mais du leur seul, selon le penchant que chacun d'eux a pour celle qui va les quitter.
Dans la nouvelle famille où elle entre elle a le privilège de la même loi. Et cette fois sa dot, c'est-à-dire son Pécule, lui appartient absolument; elle en dispose sans réserve; elle n'a nulle formalité à remplir, nulle signature à obtenir; elle est personnalité civile.
Mais nous ne sommes pas dans ces républiques idéales qui ont pour base la perfection de l'homme. Dans cette communauté nouvelle où elle entre, toute injustice ou tout outrage à ce nouveau venu déchaînait autrefois la vendetta de la communauté primitive; alors le sang coulait. Le pouvoir du prince, centralisé désormais, ayant absorbé le pouvoir du clan, c'est la loi désormais qui venge. La loi seule, [132] et un Prince au cœur tendre, à l'âme juste, et à la main ferme.
Cependant cette jeune femme est devenue veuve, le lien est rompu; que deviendra-t-elle? Elle a le droit de rester dans sa nouvelle famille sous les mêmes conditions, comme elle peut aussi revenir à l'ancienne avec le même sort — à moins cependant qu'au moment de contracter le mariage, son père lui ait donné la part à laquelle il avait droit en quittant la communauté, s'il s'en est séparé.
Ainsi donc, enfant et jeune fille, la femme est membre de la communauté. Mariée elle garde les mêmes droits dans la nouvelle, et pour mieux cimenter cette union, chaque famille ayant un patron, — prenons St. Pierre puisqu'il a des clefs, et peut ouvrir bien des portes, ou St. Nicolas, qui aime bien les enfants, — elle abandonne son patron, celui de la communauté et se fait adopter par celui de sa famille nouvelle.
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Après tant de combats, quand tout convergeait vers l'attaque ou la défense, voyons ce qu'on a fait pour l'instruction publique.
[133]
C'est seulement on 1852, quand Danilo II a pris le pouvoir, qu'on a organisé et décrété l'école d'abord dans les villes et les villages de la montagne noire, et après la bataille de Grahovo dans les régions conquises. Tout-à-fait primaires d'abord les écoles ont un cours de trois ou quatre ans. A Cettigné un gymnase s'est ouvert, qui se transforme après quatre ans d'étude, et devient école normale. Une classe de théologie permet de recruter les prêtres dont on limite le nombre à la seule nécessité du diocèse. Plus tard pour les sujets avancés, bien doués, avides d'apprendre et assez fortunés pour promettre au pays des esprits ouverts, capables de faire progresser; on a la ressource des missions temporaires à l'étranger. L'enfant du village va à l'école, et c'est un charme de voir partout, dans les étroits chemins de la montagne, au carrefour des routes, les petits monténégrins avec le carton et l'ardoise en bandoulière, prenant le chemin des écoliers et s'arrêtant pour cueillir une fleurette dans la fente d'un rocher.
Pour les jeunes filles, les demoiselles qui ont des aspirations plus hautes que le village, filles de Voivodes et de riches propriétaires, s'ouvre une institution fondée par l'Impératrice veuve d'Alexandre II, avec des professeurs distingués, six ans de cours, l'internat, un niveau élevé qui va croissant avec le temps. On y cultive d'office les trois langues: [134] le Serbe, le Russe, le Français, et la connaissance des trois littératures, et souvent l'Italien: grâce aux relations de famille et de voisinage.
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Pour l'instruction militaire, notre école nationale de St.-Cyr fut parfois celle où des aides-de-camp du Prince ont appris le métier des armes, et plus tard sont devenus aptes à la direction des divers services administratifs, toujours prêts d'ailleurs à échanger la plume contre l'épée aux jours de péril. Aujourd'hui, c'est l'Italie, Modène, qui est l'école, la pépinière des officiers, fondus au retour dans l'armée indigène, ils l'encadrent, sans émousser le caractère offensif du soldat monténégrin et lui faire perdre sa personnalité de combattant. Trois aides-de-camp, deux officiers d'ordonnance, le capitaine des Périaniks, ou gardes du corps, forment un Etat major personnel au Prince. Une grande caserne s'est élevé à Cettigné, une école militaire à Pogdoritza, pour les sous-officiers, et un bataillon régulier reste permanent. Le fond de la défense nationale étant la milice légère, qui se mobilise, pour ainsi dire, d'instinct. On peut compter à l'effectif, [135] au moins 45 bataillons compacts et bien armés. Nous nous souvenons d'avoir assisté jadis aux évolutions d'un escadron bien monté — le noyau subsiste, mais la nature du pays proteste et le cavalier, comme masse militaire, n'a pas sa raison d'être, vu la nature du Pays.
***
Nous constaterons encore d'autres innovations, si j'en crois un de mes jeunes amis, un grand voyageur, nouvellement revenu du Pays dont les lettres de crédit avaient pour unique objet de saluer de ma part S. A. le prince Nicolas, et de chanter pour moi le «Cari luoghi» à la montagne Noire. Celui-ci m'a assuré qu'il s'était couvert de gloire au Lawn Tennis de Cettigné où il avait eu pour partner des dames du corps diplomatique, des jupes de Laferrière, des manches bouffantes de Mme Pacquin et des chapeaux de chez Virot. — C'est la loi du progrès. — Les nouvelles routes de Cettigné à la frontière sont désormais propices à la byciclette: un jour ou l'autre on importera le polo et l'automobile, qui ne rappelle que de loin les temps de la chevalerie.
[136]
Cependant le Pays tient à ses coutumes. Le costume national reste en honneur partout, le trésor des poésies populaires, des chants épiques, chants de gloire, de guerre et d'amour, histoire vivante, sont une source féconde qui ne tarit jamais. Il y a toujours dans chaque ancien clan quelque Barde errant qui chante au son de la Guzla au détour de la route ou sous l'orme des vallées et souvent le chantre est aveugle, comme Homère; il dit et redit des poésies, qui restent presque toujours anonymes, et semblent portées sur l'aile du vent de montagne en montagne ou répercutées par un écho comme celles des recueils de Vuk Stefanovich que Tommaseo vous a fait connaître.
Pierre II Pétrovich, le grand chantre de la Cernagora employait dans ses poësies le décasyllabe qui ne recherche point la rime mais la donne parfois, quand la raison l'appelle. Le Prince qui règne aujourd'hui à la fois soldat, législateur et poëte, auteur de «l'Impératrice des Balkans» devenu populaire, en fixant en vers de huit syllabes, le caractère de chacune des tribus monténégrines; a faite cette poësie plus personnelle, c'est la poësie littéraire avec la strophe de quatre vers de la Poësie Ragusaine, qui garde à ces chants leur caractère à la fois tendre et épique.
«Si j'avais recueilli toutes les fleurs dont ta main a jonché le chemin de ma vie (dit le [137] Prince Poëte à celle qui partage son trône, en lui dédiant son œuvre); si j'en avais respiré tout le parfum: j'en aurais pu faire un poème si beau, un livre ailé tel que jamais le monde n'en eût lu de pareil.... j'eus mieux chanté l'amour, l'intelligence et j'aurais pu écrire un livre tout entier rien qu'en y recueillant toutes les vertus de ton âme qui resplendissent comme un diadème impérial.»
En entendant parler ainsi le Père, vous reconnaissez l'Épouse et la Mère, et vous devinez celle dont les destinées sont désormais les vôtres.
Quelque rapide qu'ait été l'hommage que j'ai voulu rendre aux Monténégrins, il n'était peut-être pas inutile qu'une voix et un cœur français vinssent ici confondre dans la même sympathie et les mêmes vœux de prospérité la Cernagora, l'Italie et.... la France.
1. V. son Voyage d'Italie.
2. Lettre à Fontanes du 20 janvier 1804, insérée dans le Voyage d'Italie.
3. Les martyrs, Ve livre.
4. Lettre précitée à Fontanes.
5. Mémoires d'outre-tombe, p. 121, 122, 123 du Ve vol. dans la récente édition Garnier.
6. Discours du 2 janvier 1848, p. 122-123 et 144 du Ve vol. de l'édition de ses Discours publiée par L. Ulbach en 1865.
7. Discours précité.
8. Discours précité.
[139]
Lamartine, Châteaubriand et l'Italie | Pag. 5 |
La pleiade musicale | 39 |
La elettricità animale | 75 |
Appendice: | |
Le Monténégro | 113 |
[141]
LE CONFERENZE FIORENTINE SULLA VITA ITALIANA
Alcuni giudizi della stampa.
«Le Conferenze fiorentine, che tanto favore incontrarono nel pubblico che ascolta e in quello che legge, hanno cambiato di editore: sono passate dai fratelli Treves di Milano alla Casa R. Bemporad e figlio di Firenze; ma ciò non vuol dire nulla: la sostanza è rimasta sempre la stessa, cioè buona.
«Dopo aver trattato della vita italiana negli albóri, nel trecento, nel rinascimento, nel cinquecento, nel seicento, nel settecento, nel periodo della rivoluzione francese e dell'impero, le conferenze fiorentine hanno ora preso a trattare della Vita Italiana nel Risorgimento e sono già state raccolte in volume.» (La Rassegna settimanale universale, 3 aprile 1898).
«Alla prima serie di Conferenze fiorentine, edite dalla Casa Treves di Milano, che ebbero tanta fortuna nel pubblico degli ascoltatori e dei lettori, quando furono dette e stampate, segue questa seconda intorno al periodo più serio, interessante glorioso della nostra storia. Il periodo del risorgimento ci commuove e ci fa fremere anco adesso, poichè le più belle energie intellettuali e morali ond'esso fu prodotto si vanno spegnendo, e fra le diserzioni e le delusioni, lo scetticismo dilaga.» (G. Pipitone Federigo nel Flirt di Palermo, 5 maggio 1898).
«I volumi, che la Casa E. Bemporad e figlio ha dato alla luce con una signorilità eguale a quella dei Treves di Milano, contengono la prima, la seconda e la terza serie delle letture [142] tenute l'anno scorso sulla Vita Italiana nel Risorgimento e si aggirano su quel burrascoso periodo, che va dal 1815 al 1831; periodo in cui gli amori più puri e gli slanci più generosi si alternano agli odi i più feroci, alle mène più tenebrose e più sozze.
«Tredici letture fra le più belle e le più attraenti, perchè parlano di cose e di uomini il cui ricordo è ancor vivo nella mente come fossero d'ieri e perchè toccate dalla mano, non sempre maestra, ma spesso sicura del Del Lungo, del Rovetta, del Nitti, del Biagi, del Costa di Beauregard, dell'Alfani, del Panzacchi, del Bonfadini, della Serao, del Colombo e del Ricci.
«Io potrei, se volessi, darvene qui un'idea più ampia e farvene anche un tantino di critica; ma a che prò, se i giornali della città seppero meglio di me, aiutati dalla freschezza delle impressioni, darvi, allora, l'una e l'altra?...» (Guido Rubetti nel Corriere italiano del 6 giugno 1898).
«Pochi libri come questo sono degni di essere letti e meditati profondamente.... I soggetti che gli autori imprendono a trattare con l'usata maestria, non possono, in verità, essere più serii ed attraenti, come quelli che ravvivano il culto delle patrie memorie, e, tesoro di osservazioni quasi sempre giuste e di bellezze peregrine, mirano tutti a dilettare istruendo.» (N. Penna, nell'Ebe di Loreto Aprutino, 1º luglio 1898).
«In realtà queste Conferenze portano un geniale e utile contributo alla coltura nazionale. Non l'aridità dei fatti, non una cifra uggiosa, ma un'esposizione facile e limpida, un giudizio equamine o sereno danno il quadro più completo e vivo del periodo preso a studiare, e rendono con la maggiore schiettezza il pensiero che l'ha agitato. Il tema svolto da ciascun conferenziere dice subito l'interesse o l'importanza di questi volumi.» (Il Paese di Palermo, 8 ottobre 1898).
«Apprendere senza fatica e senza perdita di tempo è il desiderio di quanti assistono a ogni conferenza, ed è quello che [143] pensava anche il Giusti prima che le conferenze venissero di moda. A un così giusto desiderio rispondono le conferenze tenutesi con costante accorrenza di pubblico a Firenze, per cura della Società di letture, riguardanti argomenti di letteratura e di storia. Raccolte in volumi, questi ebbero lieta accoglienza; ora, gli editori fiorentini R. Bemporad e figlio inaugurano le serie delle conferenze storiche sul nostro Risorgimento, pel periodo compreso dal 1815 al 1831. Anche a coloro che non ignorano le vicende di quegli anni, tornerà gradito questo volume, che per la varietà degli argomenti, per la vivezza e il colorito della esposizione e pel valore degli autori, riesce un interessante e nuovo contributo alla storia paesana.» (Cronaca universitaria di Catania, 16 novembre 1898).
«V'è da rallegrarsi che le dotte e geniali conferenze tenutesi a Firenze per iniziativa della Società di pubbliche letture si raccolgano ogni anno in un bel volume che il pubblico legge avidamente.
«Quello uscito ora, il primo della serie storica, non potrebbe essere più interessante, per l'indole, la varietà e l'importanza degli argomenti trattati. Romualdo Bonfadini discorre dottamente della politica degli Stati italiani dal 1831 al 1846; Guglielmo Ferrero ci ricorda la vecchia Italia e ne deduce i bisogni della «nuova»; F. S. Nitti tratta del brigantaggio meridionale durante il regime borbonico; e per ultimo il Masi ci delinea la figura del vescovo d'Imola, che fu poi Pio IX, del quale reca notizie inedite e rievoca memorie patriottiche. Certo la lettura di questo volume giustifica il pregio e l'interesse dei precedenti e conferma il favore del pubblico.» (Il Commercio di Milano, 3-4 giugno 1899).
«En deux volumes la maison R. Bemporad et fils de Florence nous donne une série de conférences très intéressantes sur la vie italienne pendant le Risorgimento. C'est la seconde serie et l'accueil fait au premier recueil est mérité par celui-ci.
«Le premier volume — Histoire — contient quatre études de: MM. Bonfadini, Ferrero, Nitti et Masi. Le second volume [144] consacré aux Lettres, Sciences et Arts, nous offre des articles d'Antonio Fogazzaro, d'Enrico Panzacchi, d'Arturo Linaker et de Guido Mazzoni.
«Chacune de ces études mériterait un article special et l'espace nous incite ù renvoyer le lecteur aux deux volumes, dont chaque page a une haute valeur littéraire, historique ou philosophique.» (L'Italie, 19 giugno 1899).
Nota del Trascrittore
Ortografia e punteggiatura originali sono state mantenute, così come le grafie alternative (Monténégro/Monténegro e simili), correggendo senza annotazione minimi errori tipografici.
Copertina creata dal trascrittore e posta nel pubblico dominio.