The Project Gutenberg eBook of Dictionnaire érotique Latin-Français

This ebook is for the use of anyone anywhere in the United States and most other parts of the world at no cost and with almost no restrictions whatsoever. You may copy it, give it away or re-use it under the terms of the Project Gutenberg License included with this ebook or online at www.gutenberg.org. If you are not located in the United States, you will have to check the laws of the country where you are located before using this eBook.

Title: Dictionnaire érotique Latin-Français

Author: Nicolas Blondeau

Contributor: Alcide Bonneau

Editor: François Noel

Release date: September 8, 2018 [eBook #57865]

Language: French

Credits: Produced by Laurent Vogel and the Online Distributed
Proofreading Team at http://www.pgdp.net (This file was
produced from images generously made available by the
Digital Library at http://library.ibb.net/dlib/)

*** START OF THE PROJECT GUTENBERG EBOOK DICTIONNAIRE ÉROTIQUE LATIN-FRANÇAIS ***

DICTIONNAIRE
ÉROTIQUE
LATIN-FRANÇAIS

PAR
NICOLAS BLONDEAU
Avocat en Parlement, Censeur des livres et Inspecteur de l'Imprimerie de Trévoux (XVIIe siècle)

Édité pour la première fois sur le Manuscrit original avec des notes et additions de
FRANÇOIS NOËL
Inspecteur général de l'Université

Précédé d'un Essai sur la langue érotique
Par le Traducteur du Manuel d'Érotologie de Forberg

[Marque d'imprimeur: SCIENTIA DUCE. IL.]

PARIS
ISIDORE LISEUX, ÉDITEUR
Rue Bonaparte, no 25

1885

Tiré à
trois cent soixante-quinze exemplaires.

No 204

AVANT-PROPOS
DE L'ÉDITEUR

Les Amateurs qui veulent bien suivre mes publications se rappellent sans doute les Adieux dont j'ai fait précéder la Raffaella, en Décembre 1884: «Le présent volume,» disais-je, «est peut-être le dernier de son genre que je mette au jour...; le prochain sera un gros ouvrage de Théologie.»

J'étais sincère; j'avais débuté, en 1875, par une œuvre Théologique, la Démonialité, du P. Sinistrari: je voulais finir saintement, comme j'avais commencé.

Et j'ai tenu parole: j'ai donné, tout récemment, une réimpression des Divinités génératrices de Dulaure, croyant bien m'arrêter sur cette œuvre pie.

Mais ne finit pas qui veut. Or, que faire quand la vie s'obstine et qu'on n'a pas de goût pour le suicide? Éditer, éditer sans cesse. Malheureusement, la matière se raréfie, et depuis que d'austères censeurs, voyant un péril social dans des badinages poétiques du XVIe siècle imprimés à cent cinquante exemplaires, m'ont traîné sur le banc des assassins, je suis devenu fort timide. La Théologie elle-même ne me rassure pas. Si j'essayais de l'Enseignement? Certes, c'est une noble tâche que de façonner l'esprit de ses semblables, de les initier aux élégances de cette littérature qui, suivant l'expression d'Ovide, «emollit mores, nec sinit esse feros». Et pouvais-je mieux choisir, pour inaugurer une nouvelle Bibliothèque d'Éducation, que l'Aloisia de Chorier, cette incomparable Civilité juvénile, ce chef-d'œuvre Latin d'un Français du grand siècle: un livre qui, si notre idiome devait jamais disparaître, lui survivrait avec la langue immortelle dans laquelle il est écrit?

J'ai donc publié une édition Latine de l'Aloisia, plus correcte, je puis l'affirmer, qu'aucune de ses devancières.

Voici maintenant un second ouvrage, un Dictionarium eroticum Latino-Gallicum, qui peut se rattacher au précédent. Il est aussi du grand siècle, et tout à fait inédit. Son auteur, Pierre-Nicolas Blondeau, n'est guères connu: du moins les Biographies Michaud et Didot n'en font pas mention. Mais une Note1 annexée au Manuscrit, de la main d'un de ses possesseurs, Hyacinthe-Théodore Baron, ancien doyen de la Faculté de Médecine de Paris et bibliophile distingué, nous apprend que Nicolas Blondeau était avocat en Parlement, censeur des livres et inspecteur de l'imprimerie établie à Trévoux, vers 1695, par le duc du Maine, et qu'on lui devait le Dictionnaire classique Français-Latin, connu sous le nom de Boudot. D'après d'autres renseignements, ce dictionnaire de Boudot n'était que l'abrégé d'un grand Dictionnaire manuscrit, en quatorze volumes in-4o, composé par Nicolas Blondeau et qui n'a pas été imprimé.

[1] Voir ci-après, p. XVII.

Baron étant mort, en 1787, sa volumineuse bibliothèque, dont nous avons sous les yeux le Catalogue2 comprenant 6506 numéros, fut mise aux enchères, et notre Manuscrit,

No 4495. Petri-Nicolai Blondeau Dictionarium Eroticum Latino-Gallicum, pet. in-4o. Manuscrit, copie autographe mise au net,

adjugé au prix de 34 livres 4 sous.

[2] Catalogue de la bibliothèque de feu M. Baron, premier Médecin des Camps et Armées du Roi en Italie et en Allemagne, ancien Doyen de la Faculté de Médecine de Paris. Paris, Née de la Rochelle, 1788, in-8o.

Quel en fut l'acquéreur immédiat? On l'ignore: mais, deux ans plus tard, il était préparé pour l'impression, revu, commenté et augmenté, pour servir d'annexe à un Recueil de Priapées Latines dont voici le titre projeté, de l'écriture du Commentateur:

CARMINA ITHYPHALLICA
vel
EROTICA LATINA

Quibus accedit Dictionarium Eroticum Latino-Gallicum, continens voces salaciores apud auctores optimae notae reperiundas, cum eorum paraphrasi Gallica
Olim a Petro Nicolao Blondeau, advocato, confectum et in schedis manuscriptis relictum, nunc revisum et auctum

IN INSULA CYTHERAE
Typis Amoris
1790

On se proposait, en outre, d'en faire un tirage séparé, avec ce titre spécial:

DICTIONNAIRE ÉROTIQUE
LATIN-FRANÇAIS

pour servir à l'intelligence de quelques auteurs de la belle Latinité, et de Supplément au Dictionnaire dit de Boudot

A CYTHÈRE
De l'Imprimerie de l'Amour
L'an deuxième de la Liberté

1791

Au verso d'un de ces titres sont de petites notes ou memoranda du Commentateur, indiquant les ouvrages qu'il devra consulter pour son édition des Carmina Ithyphallica ou Priapées Latines:

Avec ces données, il était facile de reconnaître, dans le Commentateur anonyme de notre Manuscrit, l'auteur du Recueil de Priapées publié à Paris en 1798, sous le titre d'Erotopaegnion3: c'est-à-dire François Noël, professeur de belles-lettres avant la Révolution, et, de 1802 à 1841, date de sa mort, inspecteur général de l'Université. Et comme j'avais sous la main plusieurs des innombrables autographes et compilations manuscrites laissés par Noël, l'identité de l'écriture n'était pas moins facile à constater.

[3] Erotopaegnion, sive Priapeia Veterum et Recentiorum, Veneri jocosae sacrum. Lutetiae Parisiorum, Patris, 1798, pet. in-8o.

Jean-François Noël, né en 1755, mort en 1841, est assez connu: il suffira d'en dire ce qui se rattache plus directement à notre sujet. Comme la plupart des jeunes gens qui, sous l'ancien Régime, se destinaient à l'enseignement, il était entré dans les Ordres, et il occupait une chaire de professeur au collège Louis-le-Grand, lorsque la Révolution lui ouvrit une voie nouvelle. D'abord chef de bureau au Ministère des Relations extérieures, il obtint bientôt des postes diplomatiques, débuta par une mission à Londres en 1792, fut successivement ministre plénipotentiaire de la République à La Haye et à Venise (1793 à 1796); puis, rappelé en France, devint membre de la Commission de l'Instruction publique, commissaire général de police à Lyon (1800), préfet du Haut-Rhin (1801), enfin inspecteur général de l'Instruction publique (1802), place qu'il conserva jusqu'à sa mort. Ses ouvrages, tous relatifs à l'Enseignement, témoignent d'une infatigable fécondité: Leçons de Littérature et de Morale, Françaises, Latines, Latines modernes, Anglaises, Italiennes, Grecques, Allemandes, consistant, pour chaque langue, en deux volumes in-8o; Leçons Françaises de Philosophie et de Morale; Nouveau Dictionnaire des Inventions et Découvertes; Dictionarium Latino-Gallicum; Dictionnaire Français-Latin; Philologie Française, ou Dictionnaire étymologique, critique, historique, anecdotique et littéraire; Dictionnaire historique des personnages de l'Antiquité; Dictionnaire de la Fable; Traduction de Catulle et Gallus; Abrégé de la Grammaire Française (avec Chapsal), etc.

Mais ces travaux officiels ne suffisaient pas à son activité. Humaniste passionné, de la vieille école des Ménage et des La Monnoye, il occupait ses loisirs à d'incessantes recherches dans des livres rares: anciens conteurs Latins, Français ou étrangers, épigrammatistes, auteurs de facéties, qu'il s'amusait à copier par extraits ou même in-extenso. Outre son Erotopaegnion, il fut aussi l'éditeur anonyme des Poggii Facetiae parues à la même date (1798). Toutefois, ces deux publications ne représentent qu'une minime partie de ses compilations manuscrites, J'en possède, comme je l'ai dit plus haut, une notable quantité. C'est, 1o un volumineux Recueil intitulé: Erycina ridens, seu recentiorum Poetarum qui Latine cecinerunt Deliciae deliciarum (Venetiae, 1795): Erycina ridens, en d'autres termes Venus jocosa, à laquelle son Erotopaegnion est dédié; 2o Le Martial moderne, ou choix d'Épigrammes tirées des Poètes Latins modernes, depuis la renaissance des lettres jusqu'à nos jours; sur le titre, La Roche-Guyon, 1827: La Roche-Guyon est un village près de Mantes (Seine-et-Oise), où Noël avait probablement sa résidence d'été; 3o Le Perroquet, recueil de pièces en prose et en vers sur cet oiseau, en plusieurs parties: Latine, Française, Anglaise, Italienne, Orientale; comment expliquer, chez Noël, cet amour du perroquet, sinon par une sympathie de linguiste? 4o Basia variorum, libri IV; recueil des meilleurs Baisers de Jean Second et autres imitateurs modernes de Catulle; 5o enfin, Fabellae Milesiacae, ou Fabellarum Milesiacarum libri, tum erotica et jocosa, tum heroica et tragica continentes, e veteribus et recentioribus scriptoribus excerpti (Leropolis, 1809); six gros volumes in-8o, dont le dernier porte la date de 1840: Noël avait alors quatre-vingt-cinq ans.

Il mourut, comme il a été dit, l'année suivante, et sa bibliothèque fut aussitôt vendue par adjudication, sauf les Manuscrits, qu'il avait réservés pour son fils, Charles Noël. Le Catalogue de vente4, composé de 1555 numéros, dont plusieurs réunissaient jusqu'à vingt ouvrages différents, présentait, dans une assez petite proportion, ce qu'on est convenu d'appeler des livres érotiques. Il fit scandale; la pudeur officielle en fut alarmée, et cent soixante numéros furent «retirés par ordre». On peut lire, en effet, sur un feuillet de garde de l'exemplaire conservé à la Bibliothèque Nationale (Collection Jullien), les curieuses annotations suivantes:

«Ce Catalogue est remarquable par le grand nombre de livres licencieux qu'il contient...

»Et, par ce triste motif, fort cher et fort recherché.»

[4] Catalogue des livres composant la bibliothèque de feu M. Fr. Noël, ancien conseiller de l'Université, inspecteur général des études, etc. Paris, Galliot, 1841, in-8o.

Puis, d'une autre écriture:

«Sur 1555 numéros dont se compose ce singulier et unique Catalogue, 160 ont été interdits comme contraires aux mœurs; on aurait pu en trouver davantage.»

Le premier annotateur n'était autre, probablement, que le digne collectionneur Jullien: on sent le bibliophile tout aise de posséder un article «fort cher et fort recherché», quitte à gémir sur le «triste motif» de cette cherté.

Quant à la seconde note, rédigée sans doute par un fonctionnaire de la Bibliothèque, elle est digne d'un de nos magistrats, sévères gardiens de la morale publique. «On aurait pu en trouver davantage!» Voyons donc ce qu'il y avait de si effrayant dans ces cent soixante numéros retirés par ordre:

Pour ne rien dissimuler, oui, il y avait deux classiques du genre proscrit: l'Arétin Français et la Justine en quatre volumes; mais la grande majorité des autres numéros, c'était des livres comme ceux-ci:

Voilà les monstruosités qu'il était défendu à un littérateur de posséder, sous le règne du bon roi Louis-Philippe.


Revenons, en terminant, au Manuscrit qui fait l'objet de cette publication.

Noël y avait fondu ses notes et additions, voulant ne donner qu'un seul texte; mais les idées comme le style du prêtre défroqué de 1791 n'étaient pas sans disparate avec la manière de penser et d'écrire du vieux Blondeau: aussi, ai-je préféré distinguer les deux auteurs, en rejetant au bas des pages ce qui appartient à Noël. Quant au mérite et à l'utilité de ce Dictionnaire spécial, je laisse à plus compétent que moi le soin de l'apprécier: je ne puis donc que renvoyer le lecteur à l'Essai sur la langue érotique, travail original et approfondi, qu'on trouvera ci-après et qui n'est pas la moindre curiosité de ce volume.

Isidore Liseux.

Paris, 30 Avril 1885.

Dans la version électronique, les entrées de François Noël sont indentées en caractères plus petit.

NOTE
D'HYACINTHE-THÉODORE BARON
Premier Médecin des Camps et des Armées du Roi,
Ancien Doyen de la Faculté de Médecine de Paris.

Un homme de lettres de la fin du dernier siècle5, composant un petit Dictionnaire6, qui a eu la plus grande vogue, avait mis à part les mots licencieux qui se trouvent dans les différents auteurs Latins. Son intention était d'en faire un petit Dictionnaire séparé, en y joignant l'interprétation Française, et des périphrases pour expliquer la signification des mots de la manière la moins déshonnête qu'il serait possible; il l'avait intitulé: Dictionarium vocum obscenarum quae apud varios authores reperiuntur, ex universali meo decerptum.

[5] Me Pierre-Nicolas Blondeau, avocat en Parlement, censeur des livres et inspecteur de l'Imprimerie que M. le duc du Maine avait établie à Trévoux, sous l'autorité de M. de Malezieux, chancelier de la principauté de Dombes.

[6] Le Dictionnaire vulgairement appelé de Boudot, parce que ce libraire avait acquis le manuscrit de Me Blondeau.

Ce petit ouvrage manuscrit, de la propre main de l'auteur, a passé successivement dans le cabinet de plusieurs de ses parents7, sans qu'il ait été jamais imprimé, et même sans qu'il en ait été tiré aucune copie. On a jugé à propos d'en changer le titre, en y substituant le suivant: Dictionarium eroticum Latino-Gallicum, continens voces salaciores apud optimae notae scriptores reperiundas; cum earum interpretatione Gallica et honesta utcunque periphrasi.

[7] Me P.-N. Blondeau demeurait à Paris chez M. Philippe Baron, apothicaire ordinaire du Roi, mon aïeul, dont il était cousin issu de germain par Marguerite Blondeau, mère de M. Baron; c'est de cette manière que le présent Manuscrit m'est parvenu par succession.

ESSAI
Sur la Langue Érotique
PAR LE TRADUCTEUR
du Manuel d'Érotologie de Forberg

Si l'on examine d'un peu près la langue érotique, les termes et locutions dont elle se compose, tant chez les Anciens que chez les Modernes, on s'aperçoit que les écrivains puisent les éléments de leur vocabulaire à trois sources principales.

Il y a d'abord le mot cru, le terme propre, qui peut maintenant nous paraître assez malsonnant, mais qui certainement à l'origine ne devait pas être obscène. L'homme donna un nom à ses parties génitales, à celles de la femme, à l'acte amoureux, aux sécrétions qui en résultent, comme à toutes les autres parties du corps, à toutes les autres actions et sécrétions, sans choquer en rien la pudeur. Les Grecs et les Romains employaient le mot cru, non seulement entre hommes et dans la conversation familière, mais publiquement, dans les poèmes, dans les livres, sur la scène. Aristophane disait le mot et exhibait la chose en plein théâtre. Horace dit ingénument: dum futuo; il parle sans périphrase des humides résultats d'un songe provoqué chez lui par l'attente d'une servante d'auberge, dans son voyage à Brindes8; ses invectives à Canidie sont intraduisibles en langage décent. Martial a encore moins de sans-gêne qu'Horace: il se plaît à étaler en ce genre des énormités et appelle cela parler Latin, user de la simplicité Romaine9.

[8] Sat., I, 5, v. 85.

[9] Qui scis Romana simplicitate loqui (XI, 21.)

Un second élément est puisé dans la langue médicale. Le médecin ne peut se contenter du mot populaire assigné à tel ou tel organe; le sérieux de son art ne s'accommoderait pas d'un terme banal ou plaisant et qui fait rire; de plus, l'anatomie lui a révélé la complexité de cet organe, qui est un pour le vulgaire, mais qui pour lui se compose d'un certain nombre de parties distinctes, jouant chacune leur rôle, et auxquelles il assigne un nom particulier. Il se servira donc, soit de termes vagues, par décence, comme inguen, abdomen, uterus, pudenda, muliebria, habitare, inire, coire, etc.; soit, s'il a besoin d'être précis, des termes techniques dont il enrichit la langue, et que l'écrivain ou tout le monde peut employer à son tour, s'ils n'ont pas un aspect scientifique par trop rébarbatif.

Réduit à ces deux éléments premiers, le vocabulaire érotique serait encore bien restreint, et la nécessité d'un glossaire spécial se ferait à peine sentir. Mais ils n'ont, à vrai dire, que la moindre importance, et le troisième élément, l'élément métaphorique, est de beaucoup la source la plus abondante. Le peuple crée naturellement et continuellement des métaphores, en matière érotique comme en toute autre matière; les écrivains utilisent les locutions passées en usage, en forgent d'autres, à l'infini, suivant leur tournure d'esprit ou leur caprice, détournent le sens ordinaire des mots, parlent d'une chose pour en faire entendre une autre, se servent d'équivoques s'ils ont peur d'être trop bien compris, et créent ainsi, parallèlement à la langue générale, une langue particulière, figurée, d'autant plus savoureuse et d'autant plus riche qu'ils ont plus d'ingéniosité. Quelques-uns en ont tant, que les seuls initiés comprennent la moitié de ce qu'ils ont voulu dire et, pour l'autre moitié, en sont réduits aux conjectures. Sans les anciens scoliastes qui nous avertissent que tel passage d'Aristophane renferme une allusion obscène, on poursuivrait sans la voir; et les savants disputent encore sur le sens qu'il faut donner à tel vers de Perse, de Juvénal, d'Ausone, à telle phrase de Pétrone et d'Apulée. C'est ici qu'un bon lexique n'est pas de trop, et, malgré quelques essais estimables, il est encore à faire.


Mais avant de pénétrer plus intimement dans l'étude de la langue érotique, pourquoi les écrivains, le peuple lui-même, ont-ils recours à tant de métaphores, périphrases, ambages et circonlocutions, dès qu'il est question des organes et des rapports sexuels? Si nous n'avons pas honte d'être hommes, pourquoi n'oser parler qu'à mots couverts de ce qui rend chez nous manifeste la virilité? La Nature a fait de l'union des sexes la condition de notre existence et de la perpétuité de la race; elle y a attaché, en vue de cette perpétuité, l'attrait le plus puissant, la volupté la plus intense: pourquoi nous en cacher comme d'un délit ou d'un crime? Pourquoi appeler honteuses ces parties sexuelles où la Nature a concentré toute son industrie, et rougir de montrer ce dont nous devrions être fiers? Même à ne considérer que l'acte brutal, il est encore dans le vœu de la Nature, puisqu'elle nous en fait un besoin, et la satisfaction d'un besoin ne peut avoir en elle-même rien de honteux. Des moralistes ont vu, dans cette singulière pudeur, une hypocrisie injustifiable. Écoutez Montaigne: «Qu'a fait l'action génitale aux hommes, si naturelle, si nécessaire et si juste, pour n'en oser parler sans vergongne, et pour l'exclure des propos sérieux et réglés? Nous prononçons hardiment tuer, desrober, trahir, et cela, nous n'oserions qu'entre les dents. Est-ce à dire que moins nous en exhalons en paroles, d'autant nous avons loy d'en grossir la pensée? Car il est bon que les mots qui sont le moins en usage, moins escripts et mieux teus, soient les mieux sçeus et plus généralement cogneus.» Un autre grand écrivain, moraliste à sa manière, maître Pietro Aretino, va bien plus loin: «Quel mal y a-t-il à voir un homme grimper sur une femme? Les bêtes doivent-elles donc être plus libres que nous? Il me semble, à moi, que l'instrument à nous donné par la Nature pour sa propre conservation devrait se porter au col en guise de pendant, et à la toque en guise de médaillon, puisque c'est la veine d'où jaillissent les fleuves des générations, et l'ambroisie que boit le monde, aux jours solennels. Il vous a fait, vous qui êtes des premiers chirurgiens vivants10; il m'a créé, moi qui suis meilleur que le pain; il a produit les Bembo, les Molza, les Varchi, les Dolce, les Fra Sebastiano, les Sansovino, les Titien, les Michel-Ange et, après eux, les Papes, les Empereurs, les Rois; il a engendré les beaux enfants et les très belles dames, cum Santo Santorum: on devrait donc lui prescrire des jours fériés, lui consacrer des Vigiles et des Fêtes, et non le renfermer dans un morceau de drap ou de soie. Les mains seraient bien mieux cachées, elles qui jouent de l'argent, jurent à faux, prêtent à usure, vous font la figue, déchirent, empoignent, flanquent des coups de poing, blessent et tuent. Que vous semble de la bouche qui blasphème, crache à la figure, dévore, enivre et vomit? Bref, les Légistes se feraient honneur s'ils ajoutaient pour lui une glose à leur grimoire, et je crois qu'ils y viendront.»

[10] Ce passage est extrait d'une lettre adressée à l'un des plus célèbres médecins de l'époque, messer Battista Zatti, de Brescia.

Ce sont des jeux d'esprit, des paradoxes. Diderot, qui reproduit à peu près dans les mêmes termes la remarque de Montaigne, a du moins le mérite de la franchise: il écrit en toutes lettres le dérivé Français du Latin futuo11; mais Montaigne se sert pudiquement du mot «cela», obéissant ainsi au préjugé qu'il blâme; et quant à maître Pietro Aretino, il s'est donné pour tâche, dans ses étonnants Ragionamenti, de traiter les sujets les plus lubriques sans employer une seule fois le mot propre: le Diable n'y a rien perdu. Ce préjugé est si fort, si anciennement enraciné, qu'on ne le détruira pas. On aura beau nous dire que le membre viril a beaucoup plus de noblesse que le nez, la bouche ou les mains, nous continuerons à ne pas l'exhiber; et quoique le rapprochement sexuel soit dans le vœu de la Nature, nous ferons toujours difficulté de nous y livrer en public. Les premiers couples humains se cachaient dans les bois pour l'opérer:

Tunc Venus in sylvis jungebat corpora amantum,

dit Lucrèce, parlant de ces temps anciens où l'homme ne se nourrissait encore que de glands. Cet instinct appartient à l'animal même. Un naturaliste Anglais, le révérend Philips, attribue la disparition presque complète aujourd'hui des éléphants, si communs autrefois qu'on les recrutait par milliers pour les armées, à la pullulation des singes qui viennent, au moment solennel, les troubler dans leurs solitudes; ils cherchent en vain un fourré assez impénétrable pour se livrer aux douceurs de l'hymen hors de la présence de ces importunes bêtes, et, faute de le trouver, se résignent au célibat. En captivité, ils refusent de s'accoupler, ainsi du reste que la plupart des animaux non domestiques, ou ne s'y décident que si on les y amène par supercherie, à force de ruse et de patience, ne voulant pas qu'un si profond mystère ait des témoins profanes: à moins qu'on les croie convertis aux idées de Malthus, et bien résolus à ne pas procréer de pauvres petits destinés à devenir des malheureux.

[11] «F..tez comme des ânes débâtés, mais permettez-moi de dire f..tre.»

L'homme, d'ailleurs, ne tient pas tant que cela à ressembler aux bêtes. C'est bien assez qu'on lui dise à présent qu'il descend directement du gorille, ou qu'il est son proche parent au moyen d'un ancêtre commun. Précisément peut-être parce qu'il a une obscure conscience de cette infime origine, il s'efforce d'étouffer ou d'atténuer chez lui le gorille. Ses besoins naturels le rapprochent le plus de l'animal: il se cachera donc pour les satisfaire, et il sera logique en cela, quoi qu'on dise. Il ne se cache pas pour boire et pour manger, étant parvenu à s'en acquitter proprement, avec décence, de façon à ne pas trop montrer l'animal qui prend sa pâture; mais il va déposer à l'écart le résultat de sa digestion. Voilà pourtant un besoin naturel, dont la satisfaction est légitime; pourquoi le considérer comme immonde?

Ce n'est pas la pruderie ou l'hypocrisie moderne qui a imaginé d'appeler honteuses les parties sexuelles. Les Latins les appelaient pudenda, les Grecs αἰδοῖα, mot qui a le même sens. «Faire des choses malhonnêtes» semble appartenir exclusivement à la langue de M. Prudhomme: c'est une locution Grecque, ἄῤῥητα ou αἰσχρὰ ποιεῖν. Les termes vagues, les périphrases: être, aller, dormir avec une femme, cohabiter, avoir commerce, remplir le devoir, etc., sont toutes des locutions Latines: esse, dormire cum muliere, coire, cognoscere mulierem, habitare, habere rem, officium fungi, et elles ont leurs similaires en Grec; connaître, dormir, dans le sens érotique, remontent à une civilisation encore plus ancienne, puisqu'on les trouve dans la Bible: Adam connut Ève, sa femme, et Ruth dormit avec Booz. Les Latins, qui reculaient si peu devant la crudité des mots, avaient en même temps des termes atténués d'une bien plus grande délicatesse que nous-mêmes.


Les métaphores, si nombreuses, dans tous les idiomes, qu'elles constituent à elles seules la principale richesse de la langue érotique, ont dû être, à l'origine, imaginées dans le même but; mais il faut convenir que ce but n'a pas toujours été atteint, ou qu'il a été bien vite perdu de vue. De ces figures, les unes, aussi transparentes que possible, ne sont que gracieuses ou plaisantes; d'autres, d'un sens plus caché, forcent l'esprit à s'appesantir sur elles pour les comprendre; d'autres enfin sont plus ordurières que ne pourrait l'être le mot propre. Lorsque Martial, par exemple, dit cacare mentulam, pour rendre la sensation du patient dans l'acte pédérastique, et Juvénal, hesternae occurrere coenae, pour faire honte du rôle d'agent, ils sont volontairement plus obscènes que s'ils disaient en propres termes paedicari et paedicare. Bayle, accusé d'obscénité pour n'avoir pas adouci la crudité d'expression d'anciens textes qu'il était obligé de donner, s'est défendu en condamnant sans distinction toutes les périphrases et métaphores usitées dans le langage érotique, en affirmant, avec le P. Bouhours, qu'elles sont plus dangereuses que des ordures grossières.

«Ces manières délicates que l'on se plaint que je n'ai pas employées,» dit-il12, «n'empêchent pas que l'objet ne s'aille peindre dans l'imagination, et elles sont causes qu'il s'y peint sans exciter les mouvements de la honte et du dépit. Ceux qui se servent de ces enveloppes ne prétendent point qu'ils seroient inintelligibles, ils savent bien que tout le monde entendra de quoi il s'agit, et il est fort vrai que l'on entend parfaitement ce qu'ils veulent dire. La délicatesse de leurs traits produit seulement ceci, que l'on s'approche de leurs peintures avec d'autant plus de hardiesse que l'on ne craint pas de rencontrer des nudités. La bienséance ne souffriroit pas que l'on y jetât les yeux, si c'étoient des saletés toutes nues; mais quand elles sont habillées d'une étoffe transparente, on ne se fait point un scrupule de les parcourir de l'œil depuis les pieds jusques à la tête, toute honte mise à part, et sans se fâcher contre le peintre: et ainsi l'objet s'insinue dans l'imagination plus aisément, et verse jusques au cœur, et au-delà, ses malignes influences, avec plus de liberté que si l'âme étoit saisie de honte et de colère. Joignez à cela que quand on ne marque qu'à demi une obscénité, mais de telle sorte que le supplément n'est pas malaisé à faire, ceux à qui on parle achèvent eux-mêmes le portrait qui salit l'imagination. Ils ont donc plus de part à la production de cette image, que si l'on se fût expliqué plus rondement. Ils n'auroient été en ce dernier cas qu'un sujet passif, et par conséquent la réception de l'image obscène eût été très innocente; mais dans l'autre cas ils en sont l'un des principes actifs: ils ne sont donc pas si innocents, et ils ont bien plus à craindre les suites contagieuses de cet objet qui est en partie leur ouvrage. Ainsi ces prétendus ménagements de la pudeur sont en effet un piège dangereux. Ils engagent à méditer sur une matière sale, afin de trouver le supplément de ce qui n'a pas été exprimé par des paroles précises.

[12] Éclaircissement sur les obscénités (Appendice au Dictionnaire critique).

»Ceci est encore plus fort contre les chercheurs de détours. S'ils s'étoient servis du premier mot que les dictionnaires leur présentoient, ils n'eussent fait que passer sur une matière sale, ils eussent gagné promptement pays; mais les enveloppes qu'ils ont cherchées avec beaucoup d'art, et les périodes qu'ils ont corrigées et abrégées, jusques à ce qu'ils fussent contents de la finesse de leur pinceau, les ont retenus des heures entières sur l'obscénité. Ils l'ont tournée de toutes sortes de sens, ils ont serpenté autour, comme s'ils eussent eu quelque regret de s'éloigner d'un lieu aimable. N'est-ce pas là ad Sirenum scopulos consenescere, jeter l'ancre à la portée du chant des Sirènes? Si quelque chose a pu rendre très pernicieux les Contes de La Fontaine, c'est qu'à l'égard des expressions ils ne contiennent presque rien qui soit grossier. Il y a des gens d'esprit qui aiment fort la débauche. Ils vous jureront que les satires de Juvénal sont cent fois plus propres à dégoûter de l'impureté que les discours les plus modestes et les plus chastes que l'on puisse faire contre ce vice. Ils vous jureront que Pétrone est incomparablement moins dangereux dans ses ordures grossières, que dans les délicatesses dont le comte de Rabutin les a revêtues, et qu'après avoir lu les Amours des Gaules, on trouve la galanterie incomparablement plus aimable qu'après avoir lu Pétrone.»

Bayle semble bien avoir cause gagnée, avec de si bons arguments, et cependant le procès est toujours en litige; malgré les immunités réclamées en faveur du franc parler, du mot Latin ou Gaulois, par de si bonnes raisons, les juges, comme le gros du public, inclineront toujours à donner tort à ceux qui s'en servent, et à excuser ceux qui disent les mêmes choses, ou de pires, en termes enveloppés et décents. Il est curieux d'entendre un de nos contemporains soutenir la même thèse à sa façon, avec beaucoup moins de solennité académique, mais sans plus de succès: «La gauloiserie, les choses désignées par leur nom, la bonne franquette d'un style en manches de chemise, la gueulée populacière des termes propres, n'ont jamais dépravé personne. Cela n'offre pas plus de dangers que le nu de la peinture et de la statuaire, lequel ne paraît sale qu'aux chercheurs de saletés. Ce qui trouble l'imagination, ce qui éveille les curiosités malsaines, ce qui peut corrompre, ce n'est pas le marbre, c'est la feuille de vigne qu'on lui met, cette feuille de vigne qui raccroche les regards, cette feuille de vigne qui rend honteux et obscène ce que la Nature a fait sacré. Mon livre n'a point de feuille de vigne, et je m'en flatte. Tel quel, avec ses violences, ses impudeurs, son cynisme, il me paraît autrement moral que certains ouvrages approuvés cependant par le bon goût, patronnés même par la vertu bourgeoise, mais où le libertinage passe sa tête de serpent tentateur entre les périodes fleuries, où l'odeur mondaine du Lubin se marie à des relents de marée, où la poudre de riz qu'on vous jette aux yeux a le montant pimenté du diablotin: romans d'une corruption raffinée, d'une pourriture élégante, qui cachent des moxas vésicants sous leur style tempéré, aux fadeurs de cataplasmes. C'est cette belle et honneste dame, fardée, maquillée, avec un livre de messe à la main, et dans ce livre des photographies obscènes, baissant les yeux pour les mieux faire en coulisse, serrant pudiquement les jambes pour jouer plus allègrement de la croupe, et portant au coin de la lèvre, en guise de mouche, une mouche cantharide. Mais, morbleu! ce n'est pas la mienne, cette littérature. La mienne est une brave et gaillarde fille, qui parle gras, je l'avoue, et qui gueule même, échevelée, un peu vive, haute en couleur, dépoitraillée au grand air, salissant ses cottes hardies et ses pieds délurés dans la glu noire de la boue des faubourgs ou dans l'or chaud des fumiers paysans, avec des jurons souvent, des hoquets parfois, des refrains d'argot, des gaîtés de femme du peuple, et tout cela pour le plaisir de chanter, de rire, de vivre, sans arrière-pensée de luxure, non comme une mijaurée libidineuse qui laisse voir un bout de peau afin d'attiser les désirs d'un vieillard ou d'un galopin, mais bien comme une belle et robuste créature qui n'a pas peur de montrer au soleil ses tetons gonflés de sève et son ventre auguste où resplendit déjà l'orgueil des maternités futures. Par la nudité chaste, par la gloire de la Nature! si cela est immoral, eh bien! alors, vive l'immoralité!13» Un journaliste, M. Henry Fouquier, a cité à l'appui de ces conclusions une anecdote qui serait bien piquante, si elle était vraie: «Un homme d'esprit du commencement de ce siècle, membre de l'Institut, s'amusa à écrire un livre érotique, un bijou d'ailleurs, intitulé: Point de lendemain, et en fit deux versions. L'une à la façon des érotiques brutaux, tels que Nerciat ou Restif; l'autre où l'on ne trouvait pas un mot qui ne se pût dire devant des jeunes filles. Il fit lire ces deux versions à une femme, lui demandant celle qu'elle préférait. La dame, ingénument, avoua que l'ardeur amoureuse, éveillée en elle par la version chaste en ses expressions, n'avait pu être calmée que par la lecture ordurière.» L'historiette est jolie; mais il n'est pas sûr que cette parodie obscène de Point de lendemain, la Nuit merveilleuse, soit aussi de Vivant Denon.

[13] Jean Richepin, La Chanson des Gueux.

Quoi qu'il en soit, que la métaphore et la périphrase laissent plus à entendre, bien souvent, que le mot propre, que la feuille de vigne aggrave ou non la nudité, ces jeux de style, ces détours et ces enveloppements ont pour eux une haute autorité, la Bible. Tout le monde connaît le fameux Proverbe de Salomon: «Telle est la voie de la femme adultère; elle mange et, s'essuyant la bouche, dit: Je n'ai pas fait de mal.» Talis est via mulieris adulterae, quae comedit, et tergens os suum, dicit: Non operavi malum. Le Cantique des Cantiques, cet épithalame Juif d'une poésie sensuelle si épanouie et si parfumée, est plein de ces figures: Posuerunt me custodem in vineis, et vineam14 meam non custodi.—Hortus conclusus, soror mea sponsa, hortus conclusus, fons signatus.—Dilectus meus misit manum suam per foramen, et venter meus intremuit ad tactum ejus... Pessulum ostii mei aperui dilecto meo, at ille declinaverat... Mane surgamus ad vineas, videamus si floruit vinea, si flores fructus parturiunt, si floruerunt mala Punica: ibi dabo tibi mea ubera... Vinea mea coram me est, etc. Sans compter bien d'autres endroits de la Bible où des yeux perçants entrevoient des allégories plus cachées. Beverland, De peccato originali, prétend que l'arbre du bien et du mal n'est pas autre chose que le membre viril d'Adam: il se fonde sur ce qu'en Latin, arbor, truncus, ramus, sont très souvent synonymes de mentula. Il se demande également s'il ne faut pas voir un symbole du même genre dans le serpent tentateur: «Verum Serpentem interpretatur sensibilem carnis affectum, immo ipsum carnalis concupiscentiae genitale viri membrum.» D'après Petrus Comestor, on croit, sans tenir compte du langage figuré, que les Philistins, s'étant emparés de Samson, lui firent tourner la meule (molere); mais il s'agit de toute autre chose: le voyant si fort, ils l'obligèrent de coucher avec leurs femmes pour avoir des enfants vigoureux. «Hebraei tradunt,» dit-il, «quod Philistaei fecerunt eum dormire cum mulieribus robustis, ut ex eo prolem robustam susciperent; nam molere etiam est subagitare vel coire Ces rabbins ont peut-être raison.

[14] Vigne, dans le sens de pudendum muliebre, n'est pas très commun. La Fontaine qui, lisant Baruch, n'a pas dû négliger le Cantique des Cantiques, en a fait son profit:

Et dans la vigne du seigneur
Travaillant ainsi qu'on peut croire...

Les métaphores les plus naturelles sont celles qui ont leurs termes empruntés au labourage: les parties de la femme assimilées au champ, au sillon qui va recevoir la semence: campus, arvum muliebre, sulcus; celles de l'homme au soc de la charrue:

Atque in eo est Venus ut muliebria censorat arva.
(Lucrèce, IV, 1095).
Ejicit enim sulcum recta regione viaque
Vomeris.
(Id., IV, 1260.)
Arentque sulcos in arvo Venerio.
(Apulée, Ἀνεχόμ., 14.)
Cur sit ager sterilis, cur uxor lactitet edam:
Quo fodiatur ager non habet, uxor habet.
(Martial, XVII, 101.)

Ambroise Paré parle de même du «cultiveur qui entre dans le champ de Nature humaine,» et le vieux naïf médecin Jacques Duval (Traité des Hermaphrodits, chap. VI), «de la première culture qui se fait dans le champ naturel» des filles. Brantôme a dit plus plaisamment: «Le cas d'une femme est une terre de marais; on y enfonce jusqu'au ventre.» Rabelais appelle le membre viril «le manche que l'on nomme le laboureur de Nature,» et Maynard le dépeint:

Roide, entrant tout ainsi que la pointe d'un soc
Qui se plonge et se cache en toute terre grasse.
(Cabinet satyrique.)
Si pour cueillir tu veux donques semer,
Trouve autre champ et du mien te retire.
(Clément Marot.)

D'autres locutions Latines appartenant au même ordre d'idées: Hortus muliebris, hortus Cupidinis ou Hesperidum, irrigare hortum, etc., ainsi que les noms de divers instruments et opérations de jardinage: ligo, raster, palus, falx, bêche, hoyau, serpe, façonner, enter, écussonner, abattre du bois, mettre la cognée dans la forêt, sont également du style badin. Brantôme dit d'une femme mariée, qu'elle s'était réservé «l'usage de sa forêt de mort-bois, ou de bois mort;» Tallemant des Réaux appelle «grand abatteur de bois» un coureur de femmes. Cueillir des fleurs, des fruits, des roses, dans le jardin de Vénus, appartient à un jargon tout à fait suranné maintenant, mais nos vieux poètes et conteurs aimaient assez jardinet et jardinier:

Ces larges reins, ce sadinet
Assis sur grosses, fermes cuisses,
Dedans un joly jardinet.
(Villon, Les regrets de la belle heaumière.)

«Le jardinier, voyant et trouvant le cabinet aussi avantageusement ouvert, y logea petit à petit son ferrement» (Noël Du Fail). On trouve aussi chez eux: bêcher, biner, béquiller, planter son piquet, planter le baliveau, etc. Orto, orticello, dans ce sens, sont très fréquents chez les érotiques Italiens; ils disent: sarchiar l'orto (sarcler le jardin), ficar un porro nell'orto (planter un poireau dans le jardin), mettere il roncone nella siepe (mettre la serpette dans la haie), il piantone nel fosso (le plantoir dans la rigole), la pastinaccia, la carota, la radice (le panais, la carotte, le radis), lavorare il terreno (façonner le terrain), etc.

Assimiler les rapports sexuels à une bataille, un duel, un combat, et tirer les termes de comparaison de toutes les armes offensives et défensives connues, doit être aussi très naturel, car ces sortes de métaphores se rencontrent mot pour mot dans toutes les langues. Nous trouvons en Latin: Militare, depugnare in campe Venereo; committere praelium, duellum; ponere castra; peragere tacito Marte; immergere ensem, pugionem, mucronem; excipere pilum in parma sua; pilum vibrare, torquere; arcum tendere. Toutes les armes des Anciens y ont passé, et non seulement la pique, le javelot, la flèche, l'épée, le glaive, le poignard, mais jusqu'à la grosse artillerie: la baliste, le bélier, la catapulte. Chez les Modernes, bien qu'on ne se serve plus de pique depuis longtemps, le mot est resté, avec cette acception, dans un certain nombre de locutions familières: manier la pique, être passée par les piques (ce que les Italiens appellent recevoir un trente et un). Braquemart, depuis Rabelais: «De tant de braquemarts enroidis qui habitent par les brayettes claustrales,» a pris un sens érotique si décidé, que beaucoup de gens n'oseraient l'employer dans son sens propre d'épée courte et large, le gladius des Romains, l'ancien briquet de nos soldats. Il en est de même d'allumelle (de lamella, petite lame). Poignard n'est plus usité; Regnier, La Fontaine, Grécourt s'en sont servis:

Mais Robin, las de la servir,
Craignant une nouvelle plainte,
Lui dit: «Hâte-toi de mourir,
Car mon poignard n'a plus de pointe.»
(Mathurin Regnier.)
Lève sa cotte, et puis lui donne
D'un poignard à travers le corps.
(La Fontaine.)
Heureuse la nymphe légère
Qui, trompant sa jalouse mère,
Peut saisir un poignard si doux!
(Grécourt.)

Chez Brantôme et nos anciens conteurs, l'amour est toute une stratégie: engager l'escarmouche, battre la chamade, être fort à l'escrime, mettre l'épée à la main, reconnaître la forteresse, faire les approches, dresser les machines, pointer les pièces, envoyer des volées de canon, cheminer à la sape, allumer la mèche, bouter le feu à la mine, franchir la contrescarpe, combler le fossé, livrer l'assaut, planter l'étendard dans la brèche, se loger dans la place. A ces métaphores militaires il convient d'ajouter celles que les Grecs et les Romains tiraient des jeux, des luttes d'athlètes, des courses du cirque: in agonem, in palaestram descendere; conficere stadium; properare ad metas; nos conteurs, qui se souciaient peu de la palestre, leur ont substitué des comparaisons empruntées aux joutes et aux tournois: courir la bague, rompre une lance, mettre la lance en arrêt, envoyer la flèche dans le but, mettre dans la quintaine; ou bien des termes de vénerie: le faucon désencapuchonné, l'épervier au poing, etc.

Le savant Gasp. Barthius n'a pas dédaigné de colliger, dans ses Animadversiones in Claudianum, les métaphores tirées par les Anciens des exercices équestres, et détournées par eux dans le sens érotique. Nous regrettons de ne pas avoir sous la main son travail, pour en enrichir le nôtre, et surtout pour nous ôter d'un doute. Nous rencontrons bien, dans Nicolas Chorier, bon nombre de locutions telles que: subigere veredum, conscendere, insilire in equum, ex equo desilire, equitare, admovere calcar, etc., où le rôle de cavalier est dévolu à l'homme, et celui de monture à la femme; mais nous craignons fort que l'excellent auteur de l'Aloisia n'ait attribué aux Latins, sans y trop songer, une idée toute Française et moderne. Pétrone, faisant passer Embasicaetas de la croupe d'Encolpe à celle d'Ascylte, dit, il est vrai: Equum cinaedus mutavit, «le cinède changea de cheval;» mais c'est une exception, ils sont là d'ailleurs entre hommes; dans tous les exemples Latins et Grecs que nous suggère notre mémoire, c'est toujours la femme qui est le cavalier. La figure est ainsi plus régulière, car, pour être à cheval, il faut tenir sa monture entre les jambes, ce qui est le fait de la femme, et non de l'homme. Ovide recommande à celles qui ont des plis au ventre de monter à cheval à rebours comme le Parthe, c'est-à-dire en tournant le dos:

Tu quoque, cui rugis uterum Lucina notavit,
Ut celer aversis utere Parthus equis.
(Ars amatoria, III, 785-6.)

Horace dit de même:

Clunibus aut agitavit equum lasciva supinum.
(Sat., II, VII, 50.)

Martial:

Masturbabantur Phrygii post ostia servi,
Hectoreo quoties sederat uxor equo.
(XI, 105.)

Juvénal fait se chevaucher les femmes entre elles:

Inque vices equitant...
(Sat. VI, 311.)

Aristophane nous montre, au moins en deux endroits, que les choses se passaient de même chez les Grecs:

Κἀμέ γ᾽ ἡ πόρνη χθὲς εἰσελθόντα τῆς μεσημβρίας,
ὅτι κελητίσαι 'κέλευον, ὀξυθυμηθεῖσά μοι
ἤρετ᾽ εἰ τὴν Ἱππίου καθίσταμαι τυραννίδα.
(Les Guêpes, 500-2.)
Comme j'entre chez une putain, sur le midi,
Et que j'exige qu'elle me chevauche, elle me demande furieuse
Si je veux rétablir la tyrannie d'Hippias.
Καὶ μάλιστ' ὀσφραίνομαι τῆς Ἱππίου τυραννίδος,
Je flaire là-dessous la tyrannie d'Hippias,

dit encore le chœur des vieillards dans Lysistrata, v. 618, lorsque les femmes voulant s'emparer du gouvernement, il craint qu'elles ne fassent la loi aux hommes et ne les chevauchent. Dans diverses pièces de l'Anthologie, des courtisanes suspendent en ex-voto, devant l'autel d'Aphrodite, des mors, des fouets, des éperons, pour la remercier de les avoir fait allègrement caracoler sur leurs coursiers d'Étolie, id est sur de beaux et fringants jeunes hommes.

Tout au contraire, chez les auteurs modernes, quand ils parlent de chevaucher, cavalcader et caracoler, c'est de l'homme qu'il s'agit, et la monture est la femme:

Carmes chevaulchent nos voisines
Mais cela ne m'est que du meins.
(Villon, Petit Testament.)
Un médecin, toi sachant,
Va ta femme chevauchant.
(Tabourot, sr des Accords.)

«Ny plus ny moins que le manège d'un grand et beau coursier du règne est bien cent fois plus agréable et plus plaisant que d'un petit bidet, et donne bien plus de plaisir à son escuyer; mais aussi il faut bien que cet escuyer soit bon et se tienne bien et montre bien plus de force et d'adresse: de même se faut-il porter à l'endroit des grandes et hautes femmes, car de cette taille elles sont sujettes d'aller d'un air plus haut que les autres, et bien souvent font perdre l'estrier, voire l'arçon, si l'on n'a bonne tenue, comme j'ay ouy conter à aucuns cavalcadours qui les ont montées.» (Brantôme, Dames galantes, Disc. I). Il dit encore d'une grande dame que c'était le cheval de Séjan, «d'autant que tous ceux qui montoient sur elle mouroient, et ne vivoient guères» (ibid.), et il emploie souvent les termes fort irrévérencieux de jument et de haquenée, pour dire une femme.

La femme et le cheval doivent être semblables...
Tous deux se doivent rendre à l'homme obéissants,
Façonnés à l'espron et fiers en ornements,
Avoir le montoir doux, la descente bénigne.
(Cabinet satyrique.)

Par une singulière image, nos vieux poètes et conteurs ont aussi donné le nom de bidet, de courtaut, de roussin, au membre viril, sans pour cela qu'il soit question du rôle joué par l'homme dans les citations ci-dessus d'Horace, d'Ovide, de Martial et d'Aristophane. P. Aretino dit en ce sens: Far stallare i cavalli (faire pisser les chevaux), dar le mosse a i cavalli (donner l'élan aux chevaux). L'Arioste s'est plaisamment servi de cette figure dans la rencontre d'Angélique avec l'Ermite:

La voici étendue sur le dos dans le sable,
Livrée aux fantaisies du rapace vieillard.
Il l'étreint et à son gré la caresse;
Elle dort et ne peut faire résistance.
Il lui baise tantôt le beau sein, tantôt la bouche,
Personne qui le voie en ce désert sauvage;
Mais à l'encontre son destrier trébuche,
Au désir ne répond pas le corps débile:
La bête est mal en point, étant trop chargée d'ans,
Et n'en vaudra pas mieux, tant plus il la fatigue.
Il a beau essayer toutes voies et moyens,
Le paresseux roussin n'en saute pas davantage;
En vain il lui secoue la bride et le tourmente,
Il ne lui peut faire tenir la tête haute.
(Roland furieux, VIII, st. XLVIII à L.)15

[15] Arioste, Chants I à XV, trad d'Alcide Bonneau (Paris, Liseux, 1881, 3 vol. pet. in-18).

Est-ce Catulle qui a le premier imaginé la gentille allégorie de l'oiseau et de la cage? En tous cas, il l'a fait si spirituellement, en termes si enveloppés, que beaucoup d'érudits ont soutenu que le moineau de Lesbie était un moineau véritable, et dit des injures à ceux qui s'obstinaient à croire le contraire. M. Armand Barthet a écrit, sur la délicieuse pièce de Catulle, une petite comédie dont Rachel interprétait le principal rôle et où l'on voyait un vrai moineau dans une cage de fil de fer, sans allégorie aucune. Le sens dans lequel les Latins entendaient le «passer deliciae meae puellae», n'est pourtant pas douteux, si Martial ne nous déçoit:

Issa est passere nequitior Catulli...
Issa est plus lascive que le moineau de Catulle,

nous dit-il (III, 110); et encore, s'adressant à Dyndimus, son Giton:

Da nunc basia, sed Catulliana;
Quae si tot fuerint quot ille dixit,
Donabo tibi passerem Catulli.
(XI, 7.)
Donne-moi des baisers, mais Catulliens;
Et si tu m'en donnes autant qu'il le dit,
Je te ferai cadeau du moineau de Catulle.

Ainsi compris, on voit quel serait le passereau qui faisait les délices de Lesbie, qu'elle agaçait du bout du doigt, qui se réfugiait dans son sein, qui ne pépiait que pour elle et qu'elle aimait plus que ses yeux, car il était couleur de miel, nam mellitus erat16. Depuis, Italiens et Français ont usé et abusé de l'oiseau et de la cage, mais les Italiens encore plus que les Français. Boccace leur a donné l'exemple en écrivant son joli conte du Rossignol; le lusignuolo et la gabbia, l'uccello, le passerotto et la passerina, reviennent continuellement dans l'Aretino; ceux qui connaissent Baffo savent seuls à combien de sauces l'osello peut s'accommoder. Parmi les Français, sans oublier la chanson populaire:

Ah! le bel oiseau, maman,
Qu'Alain a mis dans ma cage!

contentons-nous d'en citer deux ou trois:

Autant et plus que sa vie
Phyllis aime un passereau;
Ainsi la jeune Lesbie
Aima jadis son moineau.
Mais de celui de Catulle
Se laissant aussi charmer,
Dans sa cage, sans scrupule
Elle eut soin de l'enfermer.
(Chaulieu.)
Elle le prit dans sa main blanche,
Et puis dans sa cage le mit.
(Regnard.)
Lisette avait dans un endroit
Une cage secrète;
Lucas l'entr'ouvrit, et tout droit
D'abord l'oiseau s'y jette.
(Collé.)

[16] Politien, Lampridius, Turnèbe, Vossius ont entendu dans le sens érotique l'élégie de Catulle; Scaliger et Sannazar traitent d'orduriers ceux qui ont la vue si longue. Volpi propose un moyen terme: selon lui, le moineau de Lesbie, à force de passer de bouche en bouche, a pu donner lieu à des allusions et équivoques libertines auxquelles l'auteur n'avait pas songé.

On en a fait de toutes les sortes de ces métaphores, et chaque écrivain s'est piqué d'en inventer de nouvelles, de trouver les mots les plus drôles. Rabelais dit: le baston à un bout, le baston de mariage, le membre nerveux, caverneux, la vivificque cheville, maistre Jean Chouart, maistre Jean Jeudy, l'anneau de Hans Carvel, le comment a nom, le callibistris, la boursavit, sacquer, baudouiner, roussiner, jocqueter, culleter, beluter17, grimbetiletolleter, jouer du serre-croupière, jouer des basses marches, sonner l'antiquaille, faire la bête à deux dos18, saigner entre les deux gros orteils, etc. L'Aretino: Habiller ceux qui sont nus, embéguiner le poupard (de peur du froid), abreuver le chien à l'écuelle, faire compter les solives du plafond, mettre le fuseau dans la quenouille, le pilon dans le mortier, le cordon dans la bague. Brantôme affectionne la pénillière, la devantière, moudre au moulin, hausser le devant, rembourrer le bas, secouer le pellisson, et donne aux femmes les allures des haquenées: le pas, l'entre-pas, le trot, l'amble, le galop. Nos conteurs ont emprunté leurs métaphores à des ordres d'idées si divers qu'on ne saurait les classer par groupes; la plupart ont d'ailleurs vieilli à force d'être usitées. Notons cependant les figures religieuses: Temple, autel, sanctuaire, tabernacle, chapelle, cierge, bourdon de Saint Jacques, aspergés, goupillon, carillonner, chanter l'Introït, aller à l'offrande. Les Anciens avaient donné l'exemple; nous trouvons chez eux employés dans un sens érotique: ara voluptatis, adyta Cupidinis, Isiaca et pygiaca sacra, penetralia, sans compter tous les attributs des divinités: la conque de Vénus, le sceptre de Priape, la verge de Mercure, le Rameau d'or, le thyrse de Bacchus, la massue d'Hercule.

[17] Bluter, équivalent presque exact du Latin crissare, vanner.

[18] Shakspeare lui a probablement emprunté cette plaisante métaphore: «Your daughter and the Moor are now making the beast with two backs» (Othello); Coquillart s'en était déjà servi, et les Latins disaient: faire la bête à quatre pattes, quadrupedantem agere (Plaute).

Il y a bien de la forfanterie dans quelques-unes de ces ambitieuses appellations, et une tendance manifeste à donner des proportions colossales à ce qui souvent n'est que bien peu de chose, une paille, un fétu. La massue d'Hercule! nous avons déjà rencontré: baliste, bélier, catapulte; il y a encore: arbre, poutre, battant de cloche, mât, aviron, timon, gouvernail, colonne (fréquent dans les Priapées, ainsi que malus et arbor), obélisque. Si c'était vrai à moitié, ou seulement au quart, Anciens et Modernes n'auraient pas eu besoin de chercher pour la partie adverse tant de termes désobligeants: antrum muliebre, fossa, caverna, lacus, barathrum, l'antre de la Sibylle, l'énorme solution de continuité, dit Rabelais19, l'hiatus béant; d'autres n'auraient pas dit que s'y aventurer c'est jeter l'ancre dans une mer qui n'a ni fond ni rive, lancer le javelot à travers de vastes portiques (N. Chorier), pisser dans le jardin par une fenêtre grande ouverte. «Je l'ay ouy nommer sépulchre et monument au Père Anne de Joyeuse, en un sermon qu'il fit dans l'église de S. Germain de l'Auxerrois au temps de Carême de l'an 1607. Le sieur Le Veneur, vivant évesque d'Évreux, l'appelait vallée de Josaphat, où se fait le viril combat. Bocace au conte de la belle Alibec, l'appelle Enfer, symbolisant à ce nom avec les Pères et plus dévots Théologiens Sainct Thomas, Sainct Augustin et autres, qui l'ont nommé portam Inferi, januam Diaboli.» (J. Duval, Hermaphr., chap. VIII.)

[19] La Fontaine a trouvé moyen de mettre en vers cette hyperbole:

... mais quand il vit l'énorme
Solution de continuité...

Les Grecs et les Latins, pour parler des dépravations dont ils rougissaient ou faisaient semblant de rougir, avaient des termes et des locutions d'un sens plus caché que les simples métaphores. Pour irrumare et irrumari, ils avaient: βινεῖν στόματι, καρίζειν τῇ γλώσσῃ, μολῦναι τὸ στόμα, petere summa (gagner les hauteurs), capitibus non parcere (ne pas faire grâce aux têtes), comprimere linguam (comprimer la langue), Harpocratem reddere (rendre un Harpocrate), tacere (se taire), et pour paedicare ou paedicari: concidere, percidere, incurvare, conquiniscere, demander le collarium ou l'officium puerile; sans compter bien d'autres termes sur lesquels les commentateurs sont loin d'être d'accord: Chalcidiser, Phéniciser, Corinthiari, Phicidiser, Coa et Nola (Cicéron), les Clazomènes (Ausone), etc. Les Italiens, héritiers, s'il faut les en croire20, des goûts de leurs vieux ancêtres, ont aussi beaucoup de ces sortes de locutions que les initiés savent comprendre: Volger le spalle (tourner le dos), appoggiar la testa al muro (appuyer la tête au mur), scuotere il pesco (secouer le pêcher), dar le mele (offrir les pommes). Celles dans lesquelles ils opposent le commerce naturel à l'acte contre nature sont curieuses: il lesso e l'arrosto (le bouilli et le rôti), il piovoso e l'asciutto (le mouillé et le sec), la capra e il capretto (la chèvre et le chevreau), le mele et il finocchio (les pommes et le fenouil). Le messale Culabriense et le Culiseo sont de bonnes inventions de maître Pierre Arétin. Bandello, tout évêque d'Agen qu'il était, s'est servi de quelques-unes de ces locutions; il dit: andar in zoccoli per l'asciutto (aller en pantoufles par le chemin sec), opposé à andar in nave per il piovoso (aller en bateau par où il pleut), et il nous fait à ce propos le bon conte d'un pécheur endurci qui, arrivé à sa confession dernière, refuse absolument d'avouer sa préférence pour l'asciutto. Le Moine, qui sait de quel pied a cloché toute sa vie le mauvais garnement, veut lui faire dire à haute voix qu'il a commis le péché contre nature, qu'il est infecté du vice abominable; l'autre se récrie et dit qu'on l'accuse à tort. Enfin, sur une objurgation plus directe, il avoue tout de suite, et comme le Moine le reprend de l'obstination qu'il mettait à s'en défendre:—«Oh! oh! révérend Père,» lui répond-il, «vous n'avez pas su m'interroger. M'amuser avec de jeunes garçons m'est plus naturel à moi qu'il n'est naturel à l'homme de boire et de manger, et vous me demandiez si je péchais contre la Nature! Allez, allez, messer, vous ne savez pas ce que c'est qu'un bon morceau21.» Voilà comment périphrases et métaphores peuvent quelquefois n'être pas bien comprises.

[20] Baffo assure que s'il parle si souvent de buggerar, ce n'est pas qu'il tienne à la chose, mais seulement pour ne pas faire tort à son pays, enlever à ses compatriotes un avantage qui leur a valu quelque réputation dans le monde.

[21] Nouvelles de Bandello, tome I; Paris, Liseux, 1879, pet. in-18.

Bon nombre de ces expressions figurées, à double sens, se confondent avec l'équivoque, autre façon de se faire plus ou moins clairement entendre, et qui est d'un fréquent usage dans la langue érotique. Aristophane en a semé partout dans ses comédies, et elles sont souvent si fines qu'elles passeraient inaperçues. Lysistrata s'étonne de ce que les femmes de Salamine ne soient pas encore arrivées, et Calonice lui répond qu'elles ont pourtant dû se mettre en bateau dès le matin: on venait en barque de Salamine à Athènes. Mais «se mettre en bateau» (κελητίζειν) veut dire aussi ce qu'Horace appelle peccare superne et equum agitare supinum. La «tyrannie d'Hippias», citée plus haut, est un jeu de mots du même genre. Il équivoque encore sur le delta, le lambda, et après lui Ausone s'est escrimé sur le thêta, le psi, le phi, le rho, l'iota majuscule, le tau: il n'a oublié que l'oméga souscrit. Cicéron faisait des équivoques érotiques en plein prétoire, disant, par exemple, que si l'on cherchait Sextus Claudius, on le trouverait chez la sœur de Publius, occultantem se capite demisso (Pro domo, 31); demittere caput ne signifie, si l'on veut, que baisser la tête, mais les fines oreilles entendaient cunnum lingere. Il en a commis bien d'autres; il appelait colei, pour se moquer d'eux, des témoins véritables, des témoins appelés à déposer en justice. Dans notre langue l'équivoque est encore plus facile, beaucoup plus de mots pouvant se prendre dans un double sens: aussi en relèverait-on un grand nombre. Rabelais, Noël du Fail, H. Estienne, Th. de Béze parlent du pays de Surie ou Suerie, qu'on peut entendre Syrie, mais qui signifie tout bonnement la vérole, pour la guérison de laquelle on faisait suer les pauvres malades jusqu'à dessiccation presque complète. «En maintes compagnies, celuy n'est réputé vaillant champion qui n'a fait cinq ou six voyages en Suerie» (H. Estienne, Apologie pour Hérodote, chap. XII). J. Duval équivoque sur les poulains qui vous mènent jusque-là, «poulains qui souvent sont assez forts» dit-il, «pour porter un homme au pays de Surie» (Hermaphr., chap. VI); plus tard, on a dit dans le même sens aller en Suède, et passer par la Bavière de ceux que la vérole ou le traitement mercuriel faisait saliver, baver. On a équivoqué sur la bague et le doigt, le doigt mouillé, le poisson et la nasse, le pied et la chaussure, les fleurs blanches et les fleurs rouges.

C'est une bague qui circule
Et qui se met à tous les doigts,

dit Bonnard d'une femme galante.

La marquise a bien des appas,
Ses traits sont vifs, ses grâces franches,
Et les fleurs naissent sous ses pas,
Mais hélas! ce sont des fleurs blanches.
(Maurepas.)

Nos vieux poètes et chansonniers avaient un faible pour l'andouille, le cervelas, le boudin, la saucisse, le jambon, le lardon et toutes sortes de charcuteries:

Item à l'orfèvre Du Boys
Donne cent clouz, queues et testes,
De gingembre Sarazinoys:
Non pas pour accoupler ses boytes,
Mais pour conjoindre culs et coettes,
Et couldre jambons et andoilles,
Tant que le laict en monte aux tettes,
Et le sang en dévalle aux coilles.
(F. Villon, Le Grand Testament, CI.)
De tout le gibier, Fauchon
N'aime rien que le cochon;
Surtout devant une andouille
Qu'aux Carmes on choisira,
Elle s'agenouille, nouille,
Elle s'agenouillera.
(Collé.)

Brillat-Savarin note l'exclamation d'une dame en voyant servir une énorme mortadelle de Bologne.—«Quelle idée a-t-on de faire des saucissons de cette taille? cela ne ressemble à rien.—Vous trouviez donc que les autres ressemblaient à quelque chose?» lui demande à l'oreille son voisin de table. Richelet, sciemment ou non22, en a commis une aussi grosse que la mortadelle de Brillat-Savarin: «Lapine, s. f. Femelle du lapin. Quelques-uns des plus habiles dans la langue condamnent le mot de lapine, et prétendent qu'on doit dire femelle du lapin, et non pas lapine. Néanmoins, comme lapine est dans la bouche de plusieurs femmes qui parlent bien, je ne le condamnerais point, surtout en parlant, et dans le style le plus simple.» L'équivoque remarquée dans Corneille:

Mais le désir s'accroît quand l'effet se recule,
(Polyeucte, acte I, sc. 1.)

est certainement involontaire; elle n'en est pas moins drôle. Il en est de même de l'hémistiche reproché à Malherbe:

... qu'on survit à sa mort.

Ceux qui voient ces indécences les ont dans l'esprit, remarque très bien Quintilien; elles ne sont pas le fait de l'auteur. Sans grand renfort de bésicles on en découvrirait de semblables chez tous. La grotte creuse où Calypso retient si longtemps Ulysse (Odyssée, rhaps. I et V) n'a pas été à l'abri du soupçon. L'antre des Nymphes, si curieusement décrit par le bon Homère, qui ne sommeillait pas toujours (Odyssée, rhaps. XIII), cet antre obscur, frais et sacré, ombragé d'un feuillage épais, où les Naïades versent leurs urnes inépuisables, où les abeilles font leur miel, où les Nymphes tissent des toiles de pourpre, et qui a deux portes: l'une pour les hommes, l'autre pour les Dieux, a paru encore bien plus équivoque à des malins qui y ont vu l'antrum muliebre et la postica Venus de Pénélope23.

[22] Ce qui ferait croire que Richelet y a mis de la malice, c'est qu'il manque rarement dans son Dictionnaire l'occasion de médire des femmes:

«Aparier (s'). Le coq coche la poule, le moineau coche sa femelle plusieurs fois sans reprendre haleine. Si les hommes avoient ce destin à l'égard des femmes, ils en seroient adorés.

»Femme. La femme est un animal créé pour donner du plaisir, et particulièrement pour en prendre et faire enrager ceux qui l'en pensent empêcher. La femme est un animal intéressé.

»Flon-flon.

Si ta femme est méchante,
Apprends-lui la chanson.
Voici comme on la chante,
Avec un bon bâton:
Flon, flon, flon.

»Louve. Femme insatiable dans la débauche. La plupart des femmes sont un peu louves.»

[23] La Mothe Le Vayer, Hexaméron rustique.

Les critiques Latins en voyaient chez Virgile, qui aurait dans ce vers:

Dextra mihi Deus, et telum quod missile libro,

formulé à mots couverts la devise du masturbateur, et ils lui reprochaient d'avoir écrit:

Incipiunt agitata tumescere...

ce qui prend un sens obscène si on sous-entend genitalia; ils avaient la vue moins perçante qu'Ausone, qui, dans la dernière partie de son Cento nuptialis, a détourné dans le sens érotique une cinquantaine de vers ou d'hémistiches de l'Énéide et des Bucoliques:

Perfidus alla petens, ramum qui veste latebat,
Sanguineis ebuli baccis minioque rubentem,
Nudato capite, et pedibus per mutua nexis,
Monstrum horrendum, informe, ingens, cui lumen ademptum,
Eripit a femore, et trepidanti fervidus instat.
Est in secessu, tenuis quo semita ducit,
Ignea rima micans, exhalat opaca mephitim;
Hic specus horrendum, talis sese halitus atris
Faucibus effundens nares contingit odore.
Huc juvenis nota fertur regione viarum,
Et super incumbens, nodis et cortice crudo,
Intorquet summis adnixus viribus hastam.
Haesit, virgineumque alte bibit acta cruorem.
Insonuere cavae, gemitumque dedere cavernae.
Illa manu moriens telum trahit, ossa sed inter
Altius ad vivum persedit vulnere mucro, etc.

L'équivoque est surtout plaisante quand elle est prolongée; l'adresse consiste alors à trouver des développements tels, qu'ils conviennent à deux sujets, l'un honnête et décent, qui est exprimé, l'autre érotique, sous-entendu, et que les termes dont on se sert s'adaptent aussi aisément à l'un qu'à l'autre. Les Italiens ont été nos maîtres dans cette sorte de jeu d'esprit, auquel ils doivent toute une partie, et non la moins curieuse, de leur littérature, ce qu'ils appellent le genre Berniesque ou alla Berniesca, du nom de Francesco Berni qui y a excellé; la plupart de leurs poètes du XVIe siècle, La Casa, Firenzuola, Mauro, Dolce, Varchi, Molza s'y sont exercés avec succès. Une des plus célèbres pièces est le Capitolo del Forno, de G. della Casa24, dont les équivoques sont d'autant plus compréhensibles, que le four, le pain, la pâte, ont donné lieu chez tous les peuples à des plaisanteries qui sont aussi vieilles que le monde. Hérodote nous dit qu'un oracle reprochait à Périandre, tyran de Corinthe, d'avoir «mis son pain dans un four froid», parole énigmatique à laquelle le vulgaire ne comprit rien, mais qu'entendit parfaitement le prince, qui, ne pouvant se décider à se séparer d'une femme qu'il aimait, avait eu commerce avec son cadavre. «Emprunter un pain sur la fournée» est chez nous un vieux proverbe qui se trouve dans les Caquets de l'accouchée. On en trouverait bien d'autres exemples: «Comme n'estant, disent les boulengers, le pain refaict et prest d'enfourner toutesfois et quantes que le four est chaud, à quoy Nature, provide mesnagère et curieuse de la propagation d'un si digne animal que l'homme, a tellement pourveu, que le four est chaud et si bien disposé, quand la paste est faicte et le pain prest d'enfourner, qu'il n'est bien reçeu seulement, mais, comme dit Galen au livre de la Semence, il est aussi curieusement et avidement attiré, que peut être l'air sucé du corps à l'usage des ventouses médicinales.» (J. Duval, Hermaphr., chap. VI). La Casa nous décrit donc le four et ses diverses constructions: le four à cuire le pain et le four à cuire les friandises; il nous dit le soin que les boulangères en prennent, comme elles le lavent matin et soir, y passent le torchon et l'éponge toutes les fois qu'elles ont cuit, savent faire lever la pâte, diriger la pelle en haussant la jambe, et, sans y mettre trop de bonne volonté, on peut croire qu'il ne s'agit que des mystères de la boulangerie. F. Berni a célébré dans le même goût la Flûte, l'Anguille, le Pot de chambre (orinale), Mauro la Fève (les Italiens appellent fève ce que nous appelons gland), Dolce le Nez, Molza les Figues, dans un poème illustré d'un long et savant commentaire par Annibal Caro; Varchi les Œufs durs, la Ricotta (sorte de fromage), le Fenouil «dont les Italiens,» dit Ginguené, «font un grand usage dans leur cuisine,» est-ce sérieusement? Franzesi les Carottes, les Cure-dents, la Castagna (châtaigne et nature de la femme); Lodovico Martelli la Balançoire; le Bronzino, aussi bon poète que grand peintre, le Pinceau, le Ravanello (raifort ou radis noir), le Campane (le carillon des cloches et du battant); des anonymes il mortaio (le mortier et le pilon), le Mele (pommes et fesses), il pescare (pêcher et cueillir des pêches dans le sens de: secouer le pêcher, indiqué plus haut); le Lasca la Saucisse, le Melon (mellone, melon et fessier), etc. Au temps où la littérature Italienne était très étudiée en France, quelques-uns de nos poètes, Motin, de Rosset, Rapin, Du Souhait, Chauvet, ont spirituellement essayé de lutter contre ces maîtres avec le Jeu du toton, le Jeu de dames, la Douche, les Joueurs de paume, les Fureteurs (chasseurs au furet), les Batteurs d'amour (équivoque avec les batteurs d'or), les Pionniers d'amour, la Mascarade des scieurs de bois, les Astrologues, les Sagittaires, l'Arracheur de dents, et autres pièces qu'on peut lire dans le Cabinet satyrique.

[24] On a essayé, dans la 1re Série de la Curiosité littéraire et bibliographique (Paris, Liseux, 1880), d'en donner une traduction littérale.


Une telle quantité de mots ayant été empruntés à la langue ordinaire et détournés dans un sens érotique, on ne s'étonnera pas qu'il soit arrivé à certains d'entre eux un accident tout naturel: que ce double sens soit resté le seul où on les entende communément, et qu'on n'ose plus s'en servir de peur de créer une équivoque. Le miracle, c'est que l'accident ne soit pas arrivé à un plus grand nombre. Nul, par exemple, n'a reproché aux jurisconsultes Romains d'employer au sens propre testes, ni aux écrivains militaires, vagina, quoiqu'ils soient l'un et l'autre d'un usage tout aussi fréquent dans la langue érotique:

Magnis testibus ista res agetur.
(Priapées, XIV.)
Al. Mihi quoque assunt testes qui illud, quod ego
dicam, assentiant.
Am. Qui testes?
Al. Testes.
Am. Quid testiculare?
Plaute (Amphitryon.)
Conveniebatne in vaginam tuam machaera militis?
Plaute (Pseudolus.)

Mais en revanche les grammairiens mettaient à l'index des mots que nous n'aurions pas soupçonnés d'indécence. Quintilien défend qu'on se serve des expressions de Salluste: ductare exercitus, patrare bellum25. «Le vieil historien», dit-il, «les a employées honnêtement et en toute bonne foi; maintenant elles feraient rire, ce dont j'accuse non l'écrivain, mais le lecteur. On n'en doit pas moins les éviter: des mots honnêtes sont perdus, par la faute de nos mœurs.» (Inst. orat., VIII, 3). Cicéron (Orator, XVIII) note d'obscénité cum nobis, sans que nous voyions trop pourquoi (peut-être est-ce à cause d'une équivoque avec connubere ou cunnus) et dit qu'il faut séparer les deux mots par autem: cum autem nobis. La Casa reproche de même à Dante d'avoir employé chiavare dans le sens propre: enfoncer un clou, une cheville, chiavare ne pouvant plus s'entendre depuis longtemps en Italien que de la vivificque cheville dont parle Rabelais. Il en est de même chez nous de bander; Malherbe commence ainsi une ode:

Je veux bander...

on n'oserait plus aujourd'hui. Branler, dans le sens de bouger, remuer, décharger, dans celui de poser à terre un paquet, un fardeau, ne peuvent plus se dire, à moins qu'on ne veuille de propos délibéré faire une équivoque, comme dans l'épigramme de Vasselier où un portefaix, causant un embarras de voitures au milieu d'une rue étroite, est sommé de décharger par l'homme au carrosse:

... Je ne puis me branler,
Comment veux-tu que je décharge?

répond avec beaucoup de présence d'esprit le pauvre diable. Le faire, le mettre, sont dans le même cas. Les vers de Corneille:

Dis-moi donc, lorsqu'Othon s'est offert à Camille,
A-t-il paru contraint? a-t-elle été facile?
Son hommage auprès d'elle a-t-il eu plein effet?
Comment l'a-t-elle pris, et comment l'a-t-il fait?

seraient aujourd'hui insupportables à la scène. On dit encore érection en parlant de celle d'une statue, mais le temps n'est peut-être pas très éloigné où l'on n'osera plus le dire. L'instrument de paix, dresser l'instrument, sont des locutions encore usitées, dans le langage diplomatique, pour signifier l'acte authentique d'un traité, d'une convention: elles n'ont pas longtemps à vivre, mais on les remplacera aisément. La perte du verbe actif baiser est plus regrettable. Le sens honnête du mot, donner un baiser, n'était pas, du temps de Molière, aussi complètement oblitéré par l'autre sens, qu'il l'est à présent.—«Baiserai-je?» demande ingénument Thomas Diafoirus à son père, quand on lui présente sa future. «Baiseuse, s. f., celle qui baise volontiers,» dit Richelet, probablement sans y entendre malice, quoiqu'il soit assez sujet à caution, et qu'il vienne de définir baiser: «avoir la dernière faveur d'une dame.»

Viens, Margot, viens qu'on te baise,

disait Béranger. Des deux verbes, baiser et embrasser, ce serait plutôt le dernier qui aurait dû devenir indécent, puisqu'il signifie tenir entre ses bras; c'est le premier à qui est échu ce mauvais sort, et on le remplace par embrasser, non sans faire gauchir la langue, car il est absurde de dire embrasser pour: donner un baiser, et encore plus de dire: embrasser sur la bouche. Les mots deviennent obscènes ou grossiers par le temps, par l'usage, sans qu'on puisse bien se rendre compte du pourquoi, ni de l'époque à laquelle la métamorphose s'est opérée. On trouve dans Richelet: «Instrument, parties naturelles de l'homme. Pine, parties naturelles d'un petit garçon; ex.: Elle lui prend la pine. Queue (pudenda hominis); ex.: La queue lui pend au petit bonhomme. Trou du cul; ex.: Se torcher le trou du cul.» Tous ces mots sont maintenant bannis des Dictionnaires. Éloi Johanneau (Épigrammes contre Martial, p. 50) dit que de son temps, le jour de Pâques, à la porte de la cathédrale de Saintes, des femmes vendaient des gâteaux en forme de Priapes, et criaient: «A mes pines! qui veut de mes pines?» La police y mettrait aujourd'hui bon ordre. Le gendarme qui arrêterait la délinquante serait sans doute bien embarrassé de dire pourquoi pine est obscène quand pénis ne l'est pas, mais cela est.

[25] Entendus dans le sens érotique, ductare exercitus voudrait dire: branler l'armée, et patrare bellum: décharger la guerre, tropes violents qui n'étaient aucunement dans l'esprit de Salluste, et dont pourtant Mirabeau a égalé sinon surpassé l'énergie: «Ce d'Orléans est un Jeanfoutre qui toujours bande le crime et qui n'ose le décharger.»


Les médecins sont en possession de l'immunité complète pour tous les termes dont ils ont besoin dans l'exercice de leur art. Même dans les livres qu'ils écrivent pour «l'instruction des gens du monde,» ils disent librement: pénis, gland, verge, membre viril, vulve, vagin, érection, sperme, et traitent non seulement de ce qui touche aux rapports sexuels, mais de toutes les dépravations du sens génital: pédérastie et Saphisme ou tribadisme, onanisme manuel, anal, vulvaire, buccal, mammaire, axillaire, titillations uréthrales et clitoridiennes, etc. Les termes techniques dont ils se servent sont d'ailleurs, sauf quelques-uns, assez peu accessibles au vulgaire, par leur étymologie savante, pour que beaucoup de gens fassent leur première connaissance avec eux lorsqu'Éros les amène, l'oreille basse, dans le cabinet du docteur. La vieille langue médicale avait plus de sans-façon, barbiers et sages-femmes, pompeusement qualifiés de chirurgiens et d'obstétrices, en ayant fourni une bonne moitié, sans que la Faculté y trouvât à redire. Le jardin et verger de nature, le cabinet de Vénus, le cloître virginal, le soc viril, le baume naturel, et autres expressions métaphoriques, n'en étaient pas bannis comme à présent. Les appellations affectées aux diverses parties de «l'ovale féminin» et de ses alentours: les barres, les barboles, les landies, l'entreprend, le ponnant, le guillocquet, le guillevart, les hallerons ou ailerons, la dame du milieu, se rencontrent quelquefois dans Brantôme et les conteurs; elles appartiennent par là à la langue érotique. Les anciens prédicateurs, et surtout les casuistes, se sont également trouvés dans la nécessité de se constituer un vocabulaire spécial qu'ils ont en partie inventé pour leurs besoins, en partie emprunté soit aux Latins, soit à la langue médicale de leur temps. Les casuistes disent mollities pour masturbatio, et distinguent dans ses effets la distillatio de la seminatio, la première étant simplement préparatoire à la seconde; fornicatio, concupiscentia, tactus impudici, copula carnalis, delectatio Venerea, amorosa et morosa, pollutio in ore, osculari verenda, appartiennent à cette langue des théologiens, ainsi que le vas debitum, legitimum, naturale, opposé au vas illegitimum, innaturale, praeposterum, la copula naturalis à la copula Sodomitica. L'expression peccatum mutum, dont ils se servent aussi, fait penser au tacere, de Martial, reddere Harpocratem, de Catulle, mais n'est pas chez eux synonyme d'irrumation; leur «péché muet» est la Sodomie. Ils appellent le clitoris: douceur d'amour, dulcedo amoris, et par incubes ou succubes n'entendent pas toujours ces êtres vaporeux que l'on voit en rêve: ils désignent ainsi, à mots couverts, les diverses positions que l'homme et la femme peuvent prendre dans le congrès. Les vieux prédicateurs, parlant en public, avaient un langage plus familier: Paillards, Sodomites, ribauds, maquereaux, ruffians; paillarder, forniquer, faire l'œuvre de chair, hanter les bourdeaux, trousser les chambrières, payer des manches rouges à sa putain, être à pot et à cuiller avec sa servante (ce que le populaire, en abrégeant, traduisait par: être à pot et à cul), gagner sa dot de mariage à la sueur de son corps, jetter ses enfants ès-rivières et retraits, etc., sont les expressions dont se servent Maillard, Menot et Barlette en reprochant leurs mauvaises mœurs à leurs contemporains26.

[26] V. Henri Estienne, Apologie pour Hérodote, chap. VI; Dulaure, Des Divinités génératrices, chap. XV.

Les traducteurs Français des grands satiriques Latins auraient pu, eux aussi, tenter d'enrichir notre langue érotique en y faisant passer les hardiesses de Juvénal, de Perse, de Pétrone, de Martial surtout, dont le vocabulaire est si opulent. Leurs essais n'ont été jusqu'à présent qu'insuffisants ou ridicules. Trois traductions assez estimées de Martial: celle de l'abbé de Marolles, une seconde attribuée sur le titre à des «militaires», et qu'on croit être de Volland, la troisième de Simon de Troyes et publiée par Auguis, ont été examinées à ce point de vue par Éloi Johanneau27. On se ferait difficilement une idée de leur niaiserie. L'abbé de Marolles traduit Priapus par visage!

Gallo turpius est nihil Priapo,
(I, 36.)

«Il n'y a rien de plus vilain que le visage d'un prêtre de Cybèle.» Il rend futuere, par «cajoler, se divertir, passer le temps, aimer, entretenir, avoir une entrevue»; fututor par «galant, effronté»; cunnus par «chaînon»; fellare par «ne pas bien user de sa langue», arrigere par «se roidir dans les combats, désirer quelque faveur»; sa manie de décence quand même le conduit tout droit à faire des contre-sens d'écolier, comme lorsqu'il traduit paedicare par «faire l'amour»; ailleurs il dit que c'est «faire d'étranges choses», ce qui, sans être meilleur, montre pourtant qu'il comprenait. Il a le privilège des périphrases souvent plus lestes que le mot propre de l'original; il traduit mentula par «je ne sçay quoy qui fait aimer les hommes», et ajoute en note: «Quelque lasciveté, sans doute»; ailleurs, c'est «quelque chose que l'on porte». Inguina, c'est: «ce que je ne puis nommer»; canus cunnus, «une vieille passion»; vellere cunnum, «farder sa vieillesse»; percidi, équivalent de paedicari, «se faire gratter». Il abuse de «quelque chose»; ce «quelque chose» rend les mots les plus divers: mentula, c'est «quelque chose», inguina, «quelque chose», qu'il s'agisse de l'homme (VII, 57) ou de la femme (III, 72), et culus est «quelque autre chose» (III, 71). Paedicare étant «faire d'étranges choses», paedicari, irrumari, c'est «faire quelque chose de plus» ou «de pis;» mais quoi? l'abbé ne le dit pas, et encore faudrait-il dire: se laisser faire.

[27] Épigrammes contre Martial, ou les mille et une drôleries, sottises et platitudes de ses traducteurs, par un ami de Martial (Paris, 1835, in-8o).

Les «militaires» ou Volland se sont dressé à l'avance une espèce de Barême; ils traduisent constamment les mêmes mots Latins par les mêmes mots Français auxquels ils donnent souvent un sens conventionnel: futuere par «aimer» et «forniquer»; entre femmes (VII, 69) c'est aussi «forniquer»; fututor, par «amant, amateur»; vulva, barathrum, cunnus, par «anneau»; mentula, penis, columna, veretrum, par «béquille», s'inspirant sans doute de la chanson de Collé, La béquille du Père Barnaba; fellare et lingere par «breloquer», d'où fellator, «breloqueur», et fellatrix, «breloqueuse»; irrumare, qui signifie une chose, et percidere, irrumpere qui en signifient une autre, par «se faire breloquer»: contre-sens énorme du moment qu'ils prennent «breloquer» pour l'équivalent de lingere et de fellare. Ce mélange de breloques, de béquilles et d'anneaux, nous donne des «breloqueurs et breloqueuses d'anneaux», une «béquille énervée», une «béquille à poils», une «béquille en fureur», une béquille qui «apprend une route inconnue», ailleurs, des «testicules de cerf remplacés par une jeune béquille»; un «anneau qui parle», des anneaux «qui se réjouissent». De temps à autre, ils veulent cependant varier un peu; ils traduisent alors paedicare, tantôt par «faire des polissonneries», et tantôt par «jouer le second rôle», ce qui montre combien peu ils savent ce qu'ils disent; fellator par «fripon», paedico par «badin», et continuellement confondent le rôle actif avec le rôle passif.

Simon de Troyes, et son reviseur Auguis, n'entendaient pas beaucoup mieux le Latin, car pour eux le paedico est un Ganymède (VI, 33); ils affectionnent les périphrases les plus pompeuses: mentula, organe des plaisirs, frêle instrument des amours, intention directe; cunnus, ceinture de Vénus; colei, les recoins les plus secrets du corps; paedicare, se livrer à une débauche irrégulière, avoir des habitudes vicieuses; lingere, faire d'impudiques caresses aux appas les plus secrets d'une belle (douze mots pour un), et irrumare, demander à avoir part aux bonnes grâces d'une belle (dix seulement). Encore ces périphrases, toutes niaises qu'elles sont, feraient-elles croire qu'ils comprennent; mais non: ils traduisent ailleurs le même verbe irrumare par: «avaler le plaisir avec sa bouche», c'est tout le contraire; et periclitari capite, synonyme d'irrumari, par «perdre la tête».

La seule bonne méthode de traduction que l'on doive, suivant nous, appliquer aux érotiques Grecs et Latins, est celle qui s'impose comme règle de dire à mots couverts seulement ce que l'auteur a dit à mots couverts, de ne pas mettre de périphrases où il n'en a pas mis, de rendre le mot propre par le mot propre, et les métaphores par des métaphores semblables, tirées des mêmes termes de comparaison. Traduire autrement sera toujours donner une idée fausse du goût personnel de l'auteur, de ce qui constitue son style ou sa manière. Mais le mot propre serait souvent bien plus obscène en Français qu'il n'était en Latin; les dérivés populaires de cunnus, colei, futuere, les équivalents de paedico, de cinaedus, sont absolument ignobles, et les termes Latins ne l'étaient pas, du moins au même degré28. Pour obvier à cette difficulté, rien n'empêche qu'on ne francise tous ceux qu'on pourra, conformément au génie de la langue. Mentule, gluber, vérètre, quelques autres encore, se trouvent dans Rabelais; irrumation, fellation, dans La Mothe Le Vayer; l'abbé de Marolles a osé fellatrice; pourquoi ne dirait-on pas fellateur, pédicon et pédiquer, fututeur, drauque, cinède, cunnilinge, liguriteur, exolète, irrumer, etc? Ces mots, nous objectera-t-on, ne seront compris que de ceux qui savent le Latin, et le traducteur doit se faire entendre de tout le monde. Mais n'en est-il pas de même de sesterce, modius, laticlave, pallium, atrium, impluvium, vomitoire, vélite, belluaire, et de tant d'autres termes francisés depuis longtemps par les archéologues? Les définitions vagues qu'en fournissent les Dictionnaires: monnaie, mesure Romaine, partie du vêtement, de l'édifice Romain, soldat, gladiateur, donnent-elles la valeur précise du mot à celui qui ignore le Latin et les mœurs de l'ancienne Rome?

[28] «Il y a tout lieu de croire que beaucoup d'expressions dont la malhonnêteté nous choque n'avaient pas la même portée chez les Romains et n'étaient pas si brutales. Martial dit quelque part que les jeunes filles peuvent le lire sans danger. Admettons que ce propos soit une fanfaronnade Bilbilitaine, et réduisons l'innocence de son recueil à ce qu'elle est en réalité: encore est-il vrai qu'on ne se cachait pas pour le lire, que les gens de bon ton, comme on dirait chez nous, gens qui ont d'autant plus de pruderie en paroles qu'ils sont plus libres dans la conduite, avouaient publiquement leur admiration pour Martial. J'ai sans doute bien mauvaise idée de la Rome impériale, et je crois peu à la chasteté d'une ville où des statues nues de Priape souillaient les palais, les temples, les places publiques, les carrefours; où, dans les fêtes de Flore, on voyait courir sur le soir, à travers les rues, non pas des prostituées, mais des dames Romaines échevelées et nues; où les femmes se baignaient pêle-mêle avec les hommes; où les comédiennes se déshabillaient quand on leur avait crié du parterre: Déshabillez-vous. Mais j'ai peine à croire qu'on pût s'y vanter ouvertement de faire ses délices de Martial, si Martial eût été aussi impur qu'il nous paraît aujourd'hui.» (Désiré Nisard, les Poètes Latins de la décadence.)

Le Dictionnarium eroticum de Nicolas Blondeau ne fera pas faire de grands progrès dans cette voie aux chercheurs de traduction exacte et littérale. L'auteur, et François Noël qui l'a complété, sont tous les deux des partisans à outrance de la périphrase, qui enveloppe le mot comme une orange dans du papier, et de l'équivalent, qui n'équivaut jamais, qui est toujours au-dessous, au-dessus ou à côté de l'expression dont il s'agit de rendre l'énergie, la grâce ou la finesse. Il n'en est pas moins curieux par le nombre, l'abondance de ces équivalents, de ces périphrases patiemment colligées dans les auteurs ou plaisamment imaginées, et dont quelques-unes sont de véritables trouvailles29. Publié en son temps, il eût été le premier, ce qui est la meilleure excuse de ses imperfections et de ses lacunes: la série des mots et surtout des locutions érotiques est loin d'être complète dans les volumineux Glossaires d'Henri Estienne, de Forcellini et de Du Cange, et la difficulté de trouver l'acception spéciale au milieu d'une foule d'autres, fait qu'on songe rarement à y avoir recours. Resté si longtemps manuscrit, il a été devancé par un autre, bien connu des amateurs, le Glossarium eroticum linguae Latinae, sive theogoniae, legum et morum nuptialium apud Romanos explanatio nova, auctore P. P. (Parisiis, 1826, in-8o), auquel on croit qu'Éloi Johanneau a collaboré, mais dont l'auteur est resté incertain30. Ce recueil est d'une utilité incontestable pour tous ceux qui veulent lire et comprendre les érotiques ou satiriques Latins; il abonde en citations qui éclaircissent les passages obscurs ou douteux, mais les explications sont en Latin, ce qui laisse à celui de Blondeau et Noël une certaine supériorité. La comparaison des deux ouvrages est instructive et montre les difficultés d'un pareil genre de travail. Rien que dans la lettre A, nous relevons chez Noël et Blondeau soixante-quinze mots ou locutions qui ne se trouvent pas, au moins à cette place, dans le Glossarium dit de Pierrugues; en revanche, celui-ci en a deux cent vingt-huit négligés par ses devanciers, et vingt-deux articles seulement sont communs aux deux recueils. De plus, si on les collationne avec l'Index du Manuel d'Érotologie, on se convainc que près de la moitié des mots commentés par Forberg ne se trouvent ni dans l'un ni dans l'autre. Une refonte générale de ces trois ouvrages, sur un bon plan, donnerait un résultat sinon parfait, du moins très satisfaisant.

[29] Le suppositoire vivant, le gobet amoureux, le Calendrier naturel, le combat de cinq contre un, le Manuel des solitaires, etc.

[30] Quérard dit que les initiales P. P. cachent le chevalier P. Pierrugues, ingénieur à Bordeaux, qui publia en la même année 1826 un bon plan de cette ville. On lui attribue également, mais peut-être à tort, les Notes de l'Errotica Biblion. C. de Katrix, auteur d'un Avant-Propos placé en tête de ce dernier ouvrage, dit avoir eu entre les mains un exemplaire du Glossarium portant cette mention: «Ab Eligio Johanno constructum, auspicio et cura (forsitan) baronis Schonen. S. E.»


Il nous resterait, en terminant, à dire un mot de la langue érotique contemporaine; mais quoique nous ayons des «naturalistes», qui ne reculent pas devant les mots, et même des «pornographes», on serait embarrassé de relever chez eux les éléments d'un vocabulaire original, qui leur soit propre. Les plus timides ou les moins maladroits s'essayent dans les réticences, les sous-entendus de Laclos et de Crébillon fils; mais comme ils n'ont pas l'art exquis et la finesse de ces maîtres, on devine l'intention qu'ils avaient de dire quelque chose, plus qu'on ne voit clairement la scène qu'ils ont voulu décrire. D'autres se sont fait avec des crudités du vieux Français, mélangées à des trivialités de faubourg, à ce que Richepin appelle la gueulée populacière, une langue hybride, bâtarde, assez écœurante, et il en est une pire encore, celle dont Alfred Delvau s'est constitué hardiment le lexicographe dans son Dictionnaire de la langue verte, puis dans son Dictionnaire érotique moderne. Nos pères avaient déjà, pour désigner ces bonnes filles dont le métier est de faire plaisir aux hommes, un nombre plus que suffisant d'appellations désobligeantes: carogne, catau, catin, coureuse, créature, donzelle, drôlesse, gueuse, gourgandine, poupée, putain; comme nous sommes plus riches! nous avons: allumeuse, baladeuse, blanchisseuse de tuyaux de pipes, bouchère en chambre, chahuteuse, chameau, chausson, crevette, éponge, gadoue, gaupe, gibier de Saint-Lazare, gonzesse, gouge, gouine, grenouille, loupeuse, marmite, menesse, morue, omnibus, paillasse, peau, pierreuse, punaise, rouchie, rouleuse, rulière, sangsue, taupe, tireuse de vinaigre, tocandine, toupie, traînée, vache, vadrouille ou vadrouilleuse, et vessie! Ce que peuvent être les locutions imagées où ces termes choisis entrent en combinaison avec d'autres de plus basse catégorie encore, on le conçoit sans peine. Ni l'énergie ni le pittoresque ne leur manquent; mais à part quelques bonnes et vertes Gauloiseries, ce vocabulaire est par trop ordurier. Malgré toutes les raisons qu'on peut donner en faveur du parler à la bonne franquette et contre la pruderie bégueule, nous penchons à partager l'aversion de beaucoup de gens pour ces mots que l'on nous dit être la langue de l'amour, et qui sentent mauvais, qui font sur le papier comme des taches malpropres. Nous sommes volontiers de l'avis de La Fontaine:

L'Amour est nu, mais il n'est pas crotté.

Paris, Avril 1885.

DICTIONARIUM
EROTICUM
LATINO-GALLICUM

A

ABSOLVERE HOMINEM VENERI. Cicero. Priver un homme des marques de la virilité; le décharger des soins que l'on rend à Vénus; l'exempter de faire ses hommages à la déesse d'amour; le dispenser de servir les dames; mettre un frein à ses désirs amoureux; donner des bornes à ses galants exploits; retenir l'inclination qu'il peut avoir de faire service aux belles; le délier des engagements qu'il peut avoir avec la mère d'Amour; lui retrancher tout commerce galant. Ou, au contraire: rendre un homme capable de servir Vénus; le perfectionner de manière que ses soins soient toujours agréables; lui procurer tous les avantages nécessaires pour faire recevoir ses hommages; le rendre parfait dans l'art de faire service aux dames; le tourner de sorte qu'il plaise partout; lui faire prendre un air à réussir près des belles; le mettre en état de se rendre digne des regards de la mère d'Amour; en faire un joli homme, un homme consommé dans l'art de la galanterie; rendre un homme aimable et tout galant. Ou: absoudre un homme de tout ce que Vénus lui fait faire; lui pardonner tout ce qu'il entreprend en faveur de ses feux; excuser les fautes amoureuses d'un galant; avoir de l'indulgence pour les erreurs où sa passion le plonge.

ACERSECOMES, ae, m. Juv. Catamite.

ADDUCTRIX, icis, f. Conciliatrice de volontés, médiatrice31.

[31] Voyez AGABULA, LENO.

ADHINNIO, is, ire. Crier de joie en voyant une belle femme; se sentir vivement ému par sa présence, et ne pouvoir modérer les transports qu'elle excite.

ADINEO, ADINIO, is, ivi, itum, ire. Col. Dormir à l'Hébraïque.

ADVERSUS ET AVERSUS IMPUDICUS EST. Cic. A découvert ou en secret, il est toujours débauché; qu'on le regarde ou qu'on ne le regarde pas, il ne s'en livre pas moins à sa passion déréglée; qu'on puisse le savoir ou l'ignorer, c'est tout un pour son tempérament amoureux; qu'il soit en compagnie ou sans témoins, il faut que son dérèglement ait son cours; qu'on le voie ou non, il donne tout au plaisir de ses sens. Ou: l'une et l'autre Vénus le touchent également; de quelque côté qu'on le prenne, on n'y trouvera que débauche; s'il aime l'action, il veut bien la souffrir.

AEDOEICA ULCERA, n. Chancres aux parties naturelles.

AEDOEICON, i, n. Le membre, la verge.

AEDOEPALMUS, i, m. Priapisme, érection continuelle; maladie qui cause une tension du v.. douloureuse et continue32.

[32] Une tension douloureuse et continue dans la partie reproductive de l'espèce humaine.

AFFERRE CONSECUTIONEM VOLUPTATIS. Cic. Faire jouir de ses amours; procurer le plaisir de la jouissance; mettre en possession de l'objet de ses vœux; faire venir le moment heureux en amour; donner la facilité d'exécuter ses desseins galants; faire naître l'occasion de satisfaire ses désirs amoureux; mettre un amant au comble de la joie; faire apercevoir que l'heure du berger sonne; mettre en état de donner dans le but des amants; rendre un amant heureux; fournir les moyens de se divertir.

AGABULA, ae, m. f. Maquereau; maquerelle.

AGAGULA, ae, m. f. Maquereau; maquerelle.

AGAGULO, onis, m. Maquereau.

AGERE LENONEM. Cic. Faire le métier de pourvoyeur de Vénus; se mêler d'appareiller des amants; travailler à concilier les volontés en amour; s'appliquer à l'union des amants; donner ses soins à rendre mutuelles les inclinations amoureuses; être agent de change en amour; s'attacher à rendre les amants contents; s'employer à faire réussir les passions galantes; faire l'office d'appareilleur d'amour; faciliter les approches intimes des amants; être conciliateur en amour.

AGITO, are. Hor. Se prend aussi pour faire l'action que demande une passion qui fait le plaisir et la peine de la plupart des hommes.

AGNEON, i, n. Bordel, lieu où l'on trouve des filles de commodité; par antiphrase, bon lieu33.

[33] Ou, plutôt, mauvais lieu que le plaisir n'habite jamais, et où le mal habite toujours.

AGO, is, egi, actum, agere. Agir; est le contraire de pati; souffrir les agissants. C'est jouer avec ardeur au jeu d'amour. Il est du style Sodomitique.

AGULA, ae, f. Appareilleuse, maquerelle.

ALECTRA, ae, f. Celle qui ne laisse pas de prendre les plaisirs de l'amour, bien qu'elle soit sans mari; celle qui se console galamment de la solitude du célibat ou de la viduité; celle qui se sert du remède propre à guérir les chagrins où le célibat et le veuvage peuvent plonger34.

[34] Épicurienne qui laisse à qui les veut les peines et les tourments du mariage, mais qui s'en procure les plaisirs.

ALICARIAE, arum, f. Plaut. Filles de joie qui se tenaient devant les boutiques des vendeurs de fromentée, attendant aventure.

ALIENUS EST DIU VENERIS USUS EO QUI CONVALUIT. Cels. Celui qui relève de maladie se doit interdire pour un temps l'usage de Vénus; les délices de l'amour sont un mets dont les convalescents ne doivent point goûter; au sortir d'une maladie, on doit être dispensé pour quelque temps du service des belles; les plaisirs de l'amour ne sont point faits pour un convalescent; il ne sied point du tout de faire le galant tant qu'on a besoin de reprendre des forces; vouloir faire l'amour pendant une convalescence, c'est chercher entre les bras de Vénus une rechute35.

[35] Ou même la mort. Les vieillards sont comme les convalescents: l'usage des plaisirs amoureux les tue ou les rend imbéciles.

ALILARIA, ae, f. Garce suivant la Cour, putain de Cour36.

[36] Comme les gens de Cour sont au-dessus des préjugés, c'est pour cela qu'elles y abondent.

ALLUDERE AD SCORTUM. Ter. Se jouer à une courtisane37.

[37] Badiner, folâtrer avec une fille de joie.

ALUTA, ae, f. Peau inutile; boyau sans ressort et propre à être livré au mégissier. Aluta Priami: vieil outil qui ne peut plus servir qu'à exciter les sarcasmes des jeunes filles. Instrument fêté dans sa jeunesse, et méprisé, comme tant d'autres choses, lorsqu'il se trouve usé par le service ou la vieillesse.

AMASCUS, i, m. Plaut. V. AMASIUS.

AMASIA, ae, f. Gell. Celle qui aime, ou qui est aimée, maîtresse. Ou: femme galante38.

[38] Bonne amie à qui il ne manque que le contrat matrimonial pour être une femme parfaite.

AMASIO, onis, m. Apul. V. AMASIUS.

AMASIOLA, ae, f. Une petite maîtresse, une jeune enfant qu'on aime.

AMASIOLUS, AMASIUNCULUS, i, m. Petr. Un jeune amoureux, un petit galant. Ou: un petit favori, un jeune mignon.

AMASIUS, ii, m. Plaut. Un amoureux, un galant, le berger d'une bergère, l'amant d'une belle. Ou: celui qui est porté à l'amour, qui est enclin aux plaisirs de Vénus. Ou: un favori, un mignon, celui qui souffre les caprices amoureux d'une passion déréglée.

AMATIO, onis, f. Plaut. Amourachement, amourette; attachement galant, inclination amoureuse.

AMATOR, oris, m. Ter. Un amoureux, un galant, un passionné, un amant39.

[39] En Français, le mot amateur équivaut à libertin: un friand de jeunes tendrons.

AMATORCULUS, i, m. Plaut. Diminutif d'amator.

AMATORIA VOLUPTATE FRUI. Cic. Goûter les plus parfaites douceurs de l'amour; jouir des plaisirs amoureux; satisfaire ses amoureux désirs; s'enivrer des délices de l'amour.

AMATRICULA, ae, f. V. AMASIOLA.

AMATRIX, icis, f. Plaut. Amante, amoureuse, bergère, maîtresse.

AMATUS, us, m. Ce qu'on aime, objet aimé, ses amours, son inclination.

AMBULARE IN MASCULOS. Sen. Donner dans ses amours l'exclusion au beau sexe; prendre un sexe pour l'autre dans ses divertissements amoureux; faire un affront aux femmes et à la nature; se méprendre au sexe dans ses amours; aimer ses pareils avec dérèglement.

AMICUS LAEVIS vel LEVIS. Ami jeune et sans barbe, qui chez les Anciens tenait lieu d'une amie et en faisait les fonctions.

AMISSI CORPORIS DAMNUM. Phaed. Le dommage que cause la perte de la virilité, la perte de ce qui nous distingue et qui nous fait aimer des femmes.

AMOR, is, m. L'Amour, le fils de Vénus; la passion d'aimer. Cette passion n'est point obscène par elle-même, mais l'abus de l'amour le devient. Amor Socraticus: l'amour Socratique, quoique portant le nom d'un sage, doit être proscrit de la bonne compagnie et relégué dans les collèges, les séminaires, les couvents et dans toutes les sociétés composées d'hommes qui connaissent trop ou trop peu les femmes. La bonne philosophie n'est point de contrarier la nature. L'amour Platonique est au moins fondé sur la délicatesse, mais les femmes commencent à l'abjurer comme inutile et ridicule.

AMPHICAUSTIS, is, f. (dans les comiques). La partie sans laquelle les femmes seraient bien malheureuses.

AMPHIDAEUM, i, n. Les lèvres rebordées de la bouche inférieure, qui engloutit la plus pure substance des hommes.

AMPLEXUS, us, m. Étreinte amoureuse, embrassement, baiser.

ANAGRIPH, ind. Le plaisir amoureux pris avec une fille, ou avec une veuve.

ANAITIS, idis, f. Vénus Assyrienne, dans les temples de laquelle les filles des meilleures maisons tiraient gloire d'avoir gagné leur mariage en satisfaisant les désirs amoureux de tous ceux qui se présentaient, et après ce galant noviciat trouvaient à se marier plus avantageusement, vu leur grande expérience40.

[40] Si les divinités des Assyriens avoient des temples en France, nos jeunes filles n'auraient pas les pâles couleurs.

ANAPHLASMUS, i, m. Le plaisir amoureux.

ANAPHLYSTIUM, ii, n. Le mariage solitaire, le combat de cinq contre un.

ANAPHLYSTIUS, ii, m. Qui trouve une femme dans sa main.

ANAPHRODISIA, ae, f. Apathie de la nature, insensibilité pour les plaisirs de l'amour41.

[41] Mort anticipée.

ANAPHRODISUS, a, um. Qui est insensible aux plaisirs de Vénus; qui est dans l'indolence à l'égard de l'amour; qui n'a aucun goût pour les douceurs amoureuses; que les charmes de Vénus n'attirent point; qui n'est ému d'aucuns désirs pour la beauté; que les délices de l'amour ne tentent pas; qui n'est point touché des attraits de Vénus; qui n'a aucune pente aux divertissements amoureux; qui ne se sent point; insensible aux traits de l'Amour; sur qui les appas de Vénus ne font point d'effet.

ANCUBA, ae, f. Succube, qui est introduite dessous.

ANCYRA, ae, f. V. MENTULA.

ANDROGENIA, ae, f. L'union des corps qui perpétue le genre humain; la liaison des deux sexes pour la propagation des hommes; le mélange des corps et des esprits pour reproduire son semblable; ce qui donne naissance à l'amour et ensuite aux hommes.

ANDROGENUS, a, um. Qui s'étudie à la reproduction; qui prend soin de la propagation humaine; qui fait ce qu'il peut pour perpétuer le genre humain; qui travaille à se faire des successeurs; qui s'emploie à se donner une postérité.

ANDROGYNUS, i, m. Androgyne. On appelle de ce nom l'être qui réunit les deux sexes. Deux androgynes parfaits équivaudraient à quatre personnes ordinaires; mais comme la Nature les crée presque tous imparfaits, douze androgynes ne valent ni un homme ni une femme.

ANDROPHYTIDES, is, omn. gen. Qui est propre à donner des habitants à sa patrie; qui a tous les talents nécessaires pour peupler le monde; à qui rien ne manque pour fournir des sujets à l'État; qui ne laissera pas périr la race des hommes par sa faute; qui est en état de travailler à la propagation du genre humain.

ANDROSATHUS, i, m. Que l'Amour a libéralement fourni; avantageusement pourvu des dons de l'Amour42; qui a de grandes parties pour Vénus; à qui l'Amour a fait présent d'un sceptre magnifique; qui est avantagé de la nature en faveur des dames; qui a un grand talent pour persuader en amour; un substitut du dieu des jardins; un second Zagachrist. V. MENTULATUS.

[42] Qui a de grands moyens de plaire au beau sexe.

ANHELO, as, are. Juv. Montrer toute sa vigueur et se mettre hors d'haleine; être sur le grabat pour avoir trop travaillé.

ANITERGIUM, ii, n. Mouchoir de commodité, torchecul43.

[43] Si ce mot n'est pas propre, au moins il est expressif.

ANO FASCINUM INSERERE. Petr. Introduire un suppositoire vivant.

ANTILLO, as, are. V. SCORTOR.

ANULARE, is, n. La bague que l'on court en amour; l'anneau que l'amour cherche à mettre à son doigt44.

[44] Et qui est propre à tous les hommes.

ANXITIA, ae, f. Fille de joie, garce45.

[45] Coquine.

APHRODISIA, orum, n. Plaut. Les plaisirs de Vénus, les jeux où Vénus engage les amants, les combats amoureux, les victoires amoureuses, les exercices d'amour.

APHRODISIAS, adis, f. Ile dans le golfe Persique, où Vénus était servie de la manière la plus tendre et la plus vigoureuse.

APHRODISIASMUS, i, m. Le service de Vénus; l'usage des contentements que Vénus peut procurer; le doux emploi auquel la mère d'Amour destine les amants; le devoir amoureux.

APHRODISIUM, ii, n. Les délices où Vénus invite; le plaisir sans lequel on ne verrait point d'amants; les douceurs qu'offre la mère d'Amour pour payer les maux que son fils fait souffrir.

APHRODISIUS, a, um. Qui est tout à Vénus; qui s'est voué tout entier à la mère d'Amour.

APHRODITARIUM, ii, n. Médicament propre au service de Vénus.

APOCOPUS, i, m. Eunuque; homme qui a souffert un retranchement considérable; personnage de mauvais augure pour les dames; inhabile ou impuissant; celui dont les forces ne lui permettent pas de servir sous les enseignes d'Amour; auquel il n'est pas permis de lever l'étendard amoureux; qui est dans l'impuissance de combattre amoureusement46.

[46] Dont le lit est un lit de repos.

APORAPHANIDOSIS, is, f. Peine des pauvres surpris en adultère à Athènes, auxquels on fourrait un navet dans le cul après leur en avoir arraché les poils; d'où est venu le proverbe: Drôle à la fesse tondue47.

[47] Le code criminel d'Athènes méritait aussi d'être réformé.

AQUACULO, as, are. Maquereller, faire le maquerellage. V. AGERE LENONEM.

AQUARIOLUS, i, m. Cic. AQUARIUS, ii, m. Juv. Maquereau, pourvoyeur d'amour48. Ou (Apul.): cocu volontaire, mari commode. Ou (Fest.): suppôt de bordel, souteneur, mangeur de blanc.

[48] Voy. BALLIO.

AQUATICULUS, i, m. Le bas du ventre; l'endroit où sont les parties destinées à la génération, qui, par l'abondance d'une chaleur humide qui y règne, se couvre de poils; le pénil; la motte49.

[49] L'aqueduc d'amour.

ARARE FUNDUM ALIENUM. Plaut. Cultiver le champ d'autrui; travailler à la tâche d'un autre; mettre en œuvre le fonds de son voisin; prendre soin des plaisirs de la femme de quelqu'un; se divertir aux dépens des maris.

ARCUM TENDERE. Apul. Se mettre en état de servir les belles; être en amour sous les armes; se tenir prêt pour le combat amoureux; se disposer à l'attaque amoureuse; diriger son intention au service des dames.

ARDERE FELICITER. Ovid. Être heureux en amour; avoir du bonheur dans ses amours; être vu de bon œil par les dames; être bien reçu des belles; être favorisé du beau sexe; ne point soupirer à crédit; ne s'enflammer jamais seul; ne point brûler d'une passion infructueuse; être homme à bonne fortune.

ARGA, ae, f. Le vase amoureux.

ARGENTARIAE ELECEBRAE. Fest. Filles de joie.

ARIETINO, as, are. Beliner.

ARMA VIRILIA. Les armes propres à la joute amoureuse.

ARRHENOCOETES, ae, m. Pédéraste, adonné à l'amour des mâles, bougre50, Sodomite51.

[50] Bulgare.

[51] Hérétique en amour.

ARRIDET FORTUNAE HORA. Petr. Voici l'heure du berger; berger, ton heure sonne; le moment heureux est venu.

ARRIGERE AD VETULAS. Mart. Être fort galant près des vieilles; ne pas mépriser les vieilles amoureuses52.

[52] Heureux qui peut ainsi faire, car les jeunes doivent bien trouver leur compte avec un tel homme.

Le mot arrigere s'emploie presque toujours avec un autre mot qui détermine le genre d'action qu'il exprime. En langage lubrique, cela veut dire: avoir la lance en arrêt pour attaquer les jeunes filles et les jolies femmes. Arrigere in aliquam: avoir une intention, des désirs de préférence pour une dame. Arrigis? en propera, dit Pétrone à une jeune fille qui n'osait pas profiter d'une bonne occasion.

ARSENOCOETA, ae, m. V. ARRHENOCOETES.

ARSENOTHETA, ae, m. Corrupteur de jeunes garçons53.

[53] Homme dangereux, qui ne fait rien qu'à rebours du bon sens.

ARTICULOS OMNES COMMODITATIS & SCIRE. Plaut. Connaître l'heure du berger54.

[54] Deviner le moment de la faiblesse des dames.

ARVA CONSERERE MULIEBRIA. Ensemencer les champs d'amour; rendre une femme fertile.

ARVUM GENITALE. Virg. ARVUM MULIEBRE. Lucr. Le champ que l'amour fait cultiver; le jardin de Vénus; la patrie commune de tous les hommes; le pays natal; le lieu de la naissance.

ASINIS (AB) AD BOVES TRANSIRE. Plaut. Quitter la mandille pour devenir fermier général; passer du régiment de l'arc-en-ciel dans la brigade de la fortune; parvenir d'une condition médiocre à une fortune considérable.

ASOTIUM, ii, n. Endroit où l'on se divertit; lieu de plaisir; maison de divertissement; maison libre; maison de liberté; maison où l'on se réjouit.

ASSILIO, is, lii, lui, ultum, ire. Col. Saillir; couvrir; faire l'action naturelle; sauter sur les quatre quartiers55.

[55] Cela se dit plutôt des animaux que des hommes.

ASTYANASSA, ae, f. La suivante d'Hélène, qui composa un livre des différentes manières d'androgyniser: ce que Philénis et Éléphantine imitèrent depuis; et, de nos jours, Louise Sigée de Tolède, dame Espagnole, et le magnifique Molza, Florentin.

ATAURUS, a, um. Qui n'a point encore fait l'exercice de Vénus56.

[56] Novice qui ne connaît rien aux plaisirs de l'amour.

ATHYR, ATHYRI, ind. L'antre des Nymphes; la fontaine où l'on porte l'eau; la boutique où l'Amour fait travailler en peau.

ATTENUATUS AMORE. Ovid. Atténué par les fatigues de l'exercice amoureux.

ATTRECTARE UXOREM ALICUJUS. Cic. Manier, patiner, tâtonner la femme de quelqu'un57.

[57] La caresser.

AVERSA VENUS. Jul. Cap. Amour désordonné, dérèglement en amour; injure faite à Vénus et aux belles; la Vénus antistrophe; l'art subtil.

B

BABALUM, i, n. La pique du dieu gardien des jardins; le sceptre de Cupidon.

BACCHANALIA. Bacchanales, ou les fêtes en l'honneur de Bacchus, dieu de la vendange. D'abord elles furent décentes, mais elles offrirent ensuite tous les désordres de la débauche la plus crapuleuse. On portait en procession des membres virils couronnés par des matrones respectables. Les Bacchantes couraient les rues toutes nues. Aujourd'hui il n'y a de Bacchanales que dans de petits appartements consacrés à cela, et ces fêtes se nomment, comme autrefois, orgies.

BADAS, ae, m. Qui se laisse métamorphoser en fille; qu'on emploie pour fille58.

[58] Par une erreur bien volontaire.

BAETA, ae, m. Qui se laisse prendre pour une jolie fille, et qu'on traite de même.

BALANUS, i, m. Le gland qu'on offre à Vénus; la tête du dieu Priape.

BALLIO, onis. Cic. Conciliateur d'amourettes; pourvoyeur d'amour59.

[59] Négociant en jeunes filles.

BALNEA, eorum. Bains publics, endroits de rendez-vous et préparatoires à la prostitution. Les Romains y allaient pour examiner les hommes nus, et choisir en quelque sorte les jeunes gens les plus propres à contenter leur goût singulier pour le péché contre nature. On dit que, dans plusieurs de ces endroits, les hommes et les femmes se baignaient pêle-mêle. Véritablement, les Romains ont poussé très loin ce genre de mollesse, qui se retrouve en Asie.

BAPTAE, arum, m. Prêtres de Cotytto, dont il sera parlé plus bas. C'étaient de francs vauriens et les plus débauchés des hommes. De tous temps les prêtres ont été libertins plus ou moins ouvertement.

BASIATIO, onis, f. Baiser, l'action d'embrasser. Voy. OSCULUM.

BASIO, as, are. Baiser, donner des baisers, embrasser.

BASSARA, ae, f. Fille de joie, courtisane.

BATALUM, i, n. BATALUS, i, m. Le batail, ou le battant de la cloche amoureuse.

BATALUS, i, m. Qui souffre qu'on le fasse servir de femme; qui laisse exiger de lui le plaisir que les femmes seules devraient donner. Ou: Voy. PODEX.

BETA, ae, f. Voy. BAETA.

BILBIL, ind. BILBIS, idis, f. Fest. BILLIS, is, f. Le lait d'amour répandu à terre60.

[60] Esprit-de-vin évaporé contre l'intention de la Nature.

BONA DEA. Cérès, ou la Bonne Déesse. Ses mystères, inconnus aux historiens et aux mythologistes, ne l'étaient pas à Juvénal. Si on l'en croit, il s'y passait de son temps des choses qui offensent rudement la pudeur. Cérès était la déesse de la terre et de la fécondité; une de ses fêtes avait lieu au mois de Mai, si célèbre par la révolution qui se fait dans la nature, qu'une chaleur nouvelle semble vivifier alors et rappeler aux actes d'une régénération entière. Ce que dit Juvénal de la licence de ces fêtes fait croire que, quoique dans les premiers temps de leur institution à Rome elles eussent été chastes, néanmoins, par analogie avec les propriétés du mois de Mai, il s'y serait introduit des mystères très opposés à leur première institution. Les prêtres de tous les pays ont le talent de régénérer, par des institutions commodes, la religion lorsqu'elle se perd. Les mystères d'Isis, de Vénus, de Bacchus, de Priape, n'étaient guère plus chastes. Clodius, à Rome, tenta le premier de violer les mystères de la Bonne Déesse, qui se célébraient à huis clos entre femmes, et, sous un déguisement féminin, s'introduisit dans la maison de César pour mieux jouir de Pompeia, qu'il aimait. Pompeia était la femme de César: elle ne pouvait mieux se venger de ses infidélités qu'avec ce Clodius, l'un des plus beaux chevaliers de son temps.

Voy. Juvénal, sat. 6e, vers 313 et suiv.; Apulée, au liv. 8e de ses Transformations.

BIPENNA, ae, f. L'instrument avec lequel l'Amour taille sa besogne.

BUBALIUM, ii, n. La bague qu'on court dans l'académie amoureuse.

BUCHEIS, idis, f. Palma Christi, plante merveilleuse pour les exercices d'amour. Elle croît en Syrie61.

[61] Rien n'est plus dangereux que ces remèdes aphrodisiaques. Ils conduisent à l'impuissance par le plus court chemin.

C

CADERE CREBRO. Plaut. Tomber souvent sur les bras d'une aimable ennemie62.

[62] C'est un plaisir qu'on n'a pas toujours le pouvoir de se procurer et qui n'en est que plus piquant lorsqu'on l'éprouve.

CADURCA, orum, n. Les bords de la fontaine d'amour; les lèvres de la bouche amoureuse; ce qu'on appelle, aux vieilles, les babines.

CADURCUM, i, n. Le cabinet de Vénus, la loge amoureuse63.

[63] La chambrette des délices.

CAPULUS, i, m. Priap. Le manche amoureux; la poignée d'amour.

CARUNCULA, ae, f. Carnosité; excroissance de chair; chair glanduleuse et spongieuse; caroncule, dont quatre forment une barricade au devant du chemin couvert de la forteresse d'amour. Palissade sur laquelle niche quelquefois cet oiseau rare qu'on appelle aux Indes oiseau de Paradis, et en France pucelage.

CASALBADIUM, ii, n. Petr. Fille de commodité, fille de joie.

CASALVIUM, ii, n. Lieu, à Athènes, où l'on pouvait se fournir de filles commodes.

CASAURA, ae, f. Fille commode.

CASAURIUM, ii, n. Bordel, lieu de plaisir.

CASTRA CUPIDINIS. Ovid. Le camp de l'amour; le poste amoureux.

CASTRO, as, are. Ôter le sexe à un homme; le rendre neutre, inhabile à la génération; le priver de ce qui attire les dames, de ce lien qui joint un sexe à l'autre et des deux n'en fait qu'un. Eunucho committere juvenem exprime la même chose que castrare.

CATADACTYLIUM, ii, n. La bague puérile, que courent certaines gens d'un goût extraordinaire.

CATAMITUS, i, m. Favori de Jupiter, Ganymède; jeune garçon substituant les filles. Notre mot Français chattemite, que l'on interprète par ceux-ci: patelin, rusé, hypocrite, n'aurait-il pas aussi quelque analogie avec celui-ci? Voy. CONCUBINUS, PULLUS.

CATAPYGOS, i, m. Qui recherche la Vénus antistrophe. Ou: le doigt du milieu auquel on met quelquefois une bague, mais qui n'en porte jamais64.

[64] Des religieux Asiatiques, par esprit de pénitence, se mettent au gland un anneau assez lourd pour empêcher l'effet des désirs charnels.

CATAPYGOSINE, es, f. L'amour de Vénus antistrophe, l'exercice de l'art subtil; la passion à laquelle les auteurs orientaux disent que la femme de Loth s'était soumise.

CATIA MATRONA. Femme qui s'habille à la manière des courtisanes, qui savent faire valoir tous leurs avantages corporels; femme leste, élégante.

CAUDA, ae, f. Hor. Ce qu'on appelle la queue dans les animaux qui n'en ont point.

CAULIS, is, m. CAULOS, i, m. La tige du genre animal.

CELLA, ae, f. La cellule des prêtresses de Vénus; la petite alcôve où elles se retirent pour sacrifier à l'amour dans un lieu de prostitution.

CERCOLIPA, ae, m. Catull. Voy. PENIS.

CEVEO, es, cevi, cevere. Juv. Il a la même acception que le mot crissare, crisso, cité plus bas. Cependant le verbe cevere désigne plus spécialement le mouvement des hommes pendant le plaisir à la Grecque: Ego te ceventem, Sexte, verebor. Juvenalis.

CHALAMYDES, dum, f. Celles qui, par humilité, veulent bien prendre sur elles le fardeau du genre humain.

CHALCIDISSO, as, are. Mot tiré du Grec, qui exprime un genre de fantaisie érotique qui consiste à se faire lécher ou sucer les parties naturelles par des enfants. Les anciens habitants de la Chalcide chérissaient cette singulière volupté.

CHELIDON, onis, f. La caverne de Vénus; le gouffre où se précipitent la plupart des hommes.

CHIA, ae, f. Mart. (Subaud. Ficus). La figue que les Ganymèdes donnent à entamer, que Martial dit être d'un goût piquant et qui excite: au lieu que, dans les femmes, il dit qu'elle est fade et insipide, et la nomme marisca, et prétend que c'est un second c...

CHOEROS, i, m. La bauge où se vautrent les hommes les plus propres; le bourbier où presque tous les hommes se plongent.

CHRYSION, ii, n. Le Priape enfantin, une courte, une guigi, une margot.

CICINNIA, ae, f. La patronne des mignons ou Ganymèdes.

CIDARIUS, ii, m. Pédéraste; qui aime les jeunes garçons.

CILLO, onis, m. Sext. Pomp. Ict. Qui se laisse assujettir à l'ouvrage dont les femmes sont jalouses; qui usurpe l'emploi des femmes dans la République d'Amour; qui souffre les caresses qui ne sont dues qu'aux femmes65.

[65] Et mérite par conséquent leur juste indignation.

CINAEDIA, ae, f. CINAEDIUM, ii, n. La patience à se laisser métamorphoser en femme.

CINAEDOLOGUS, i, m. Qui s'entretient de ce que les Italiens appellent l'art subtil; qui parle de l'amour déréglé pour les jeunes garçons.

CINAEDOLOGI, orum, m. Vers qui traitent de l'art subtil des Italiens.

CINAEDUS, i, m. Catull. Jeune garçon qui se livre à toutes les caresses que l'on veut lui faire66.

[66] Octave, qui depuis fut appelé Auguste, passe pour avoir joué ce rôle auprès de César, qui, par reconnaissance, l'adopta. Les Romains, avant que d'être abrutis par l'esclavage, lui firent un jour sentir qu'ils savaient bien qu'il devait le trône à cette complaisance, et applaudirent devant lui à ce vers d'une comédie que l'on jouait:

Videsne ut cinaedus orbem digito temperet?

Ce goût paraît être celui des grands rois, et c'est peut-être pour cela que le grand Frédéric en était entiché de nos jours.

CIPUS, i, m. Le terrain où se plante le piquet amoureux.

CISTUS, i, m. Plin. La corbeille féminine; le panier où l'Amour met ses œufs67.

[67] Heureux qui les casse!

CLAVUS CUPIDINIS. Plaut. Le clou de Cupidon, qui entre par la tête68.

[68] Le passe-partout du jardin de Cypris.

CLAZOMENAE, arum, f. Les fesses: la partie chérie des hérétiques en amour. Comme les habitants de la ville Grecque nommée Clazomène étaient fort amateurs en ce genre, le nom de la ville est resté à l'objet de leur amour. C'est comme nous appliquons le nom de Normand à quelqu'un que nous jugeons fin et cauteleux.

CLINOPALE, es. Suet. L'exercice de la couchette; les tours de lit; la lutte amoureuse sur un lit, de peur de se blesser en tombant69.

[69] Les gens à tempérament regardent cet exercice comme aussi nécessaire que celui de boire et de manger; et souvent ils ne considèrent les femmes que comme un meuble de ménage. Cette idée n'est point galante: en conséquence, il faut que les femmes fassent payer à ces gens-là leur utilité.

CLITORIAZO, is, ire. Clitoriser, se chatouiller le clitoris avec le bout du doigt pour se faire rire; ou faire cette action sur une personne dans la même intention. Badiner à l'endroit sensible; se jouer à la partie chatouilleuse; folâtrer du bout du doigt avec le loquet du cabinet d'amour70.

[70] Gratter à la porte du palais d'amour.

CLITORIS, is, f. CLITORIUM, ii, n. Le clitoris, petit corps très sensible au haut de la partie naturelle de la femme; il a la figure du membre de l'homme. Le loquet du cabinet d'amour; le Priape féminin.

CLIVUS, i, m. La double colline qui se trouve au bas du dos. Voy. CLUNES.

CLUNES, ium, f. Clunes agitare, movere. Priap. S'agiter, se remuer pendant le plaisir amoureux; faire sauter son homme. Ce qui suit s'applique aux non-conformistes comme aux femmes: clunibus fluctuare crispatis.

COA, ae, f. Femme qui boit bien, et qui ne refuse pas d'autres plaisirs71.

[71] Venus Coa: femme débauchée, libertine à table. In triclinio Coa, in cubiculo Nola.

COEO, is, ivi, itum, ire. Ovid. Se choquer amoureusement; unir les corps comme les cœurs; s'exercer au combat amoureux; faire l'action; faire en compagnie le voyage amoureux.

COETUS, us, m. L'union charnelle des corps, légitime lorsque des contrats l'ont sanctionnée; illégitime quand elle tient à la convention du moment ou à la volonté passagère de deux individus. Coitus et concubitus lui sont synonymes.

COIRE FURTIM. Ovid. Dérober la connaissance d'un duel amoureux; prendre à la dérobée le plaisir, qui est plus doux quand on le dérobe72.

[72] Si toutefois on dérobe un plaisir consenti par les deux personnes intéressées à ce plaisir.

COGNOSCO, is, ovi, itum, ere. Ovid. Connaître de la manière la plus intime et la plus sensible, et par celui de tous les sens qui fait le plus de plaisir73.

[73] Connaître est alors synonyme avec posséder et jouir.

COGNOSCERE AMORES SUOS. Ovid. Jouir de ses amours; connaître actuellement quel est le plaisir qu'on peut tirer de ce qu'on aime.

COLEATUS, a, um. Pomp. Ict. Qui a des témoins pour prouver son droit en amour.

COLEATA CUSPIS. Pomp. Ict. L'aiguille de l'horloge d'amour et ses contrepoids; le dard, ou la flèche de Cupidon garnie de ses pennes.

COLEPHIUM, ii, n. Pain qui avait la figure de ce que, par excellence, l'on appelle le membre74.

[74] Coliphia: c'était le pain dont se nourrissaient les athlètes. On croit qu'il était de même sorte que la béquille du Père Barnaba, et qu'on y glissait de la racine de satyrion pour augmenter les forces dans la lutte amoureuse.

COLES, is, m. Cels. La pique du dieu qui gardait les jardins; le dard de Cupidon, la flèche de l'Amour75.

[75] La clef de toutes les serrures féminines.

COLEUS, i, m. Cic. Témoin en justice amoureuse; ce qui rend témoignage de la virilité; témoin de la validité d'un mariage.

COLUMBOR, ari, dép. Sen. Baiser à la pigeonne; pigeonner; donner et recevoir des coups de langue qui n'offensent point76.

[76] Ou, par périphrase, humida dare oscula pugnantibus linguis. Tibull. S'embrasser de tout cœur.

COLUMNA, ae, f. La colonne de l'architecture humaine.

COMMITTERE OSCULA LINGUAE. Ovid. Commettre à la langue le soin de l'assaisonnement des baisers; faire servir la langue à rendre les baisers plus délicieux.

COMPRESSA VIRGO. Ter. Fille qui a été vivement embrassée; fille qui a souffert les plus tendres et les plus sensibles embrassements77.

[77] Comprimere patronam, mettre une femme en presse.

COMPRESSUS, us. Ter. L'accolade de Cupidon; une embrassade tendre, vive et très sensible; le plus vif de tous les embrassements78.

[78] L'étreinte la plus douce, le moment où deux corps ne font qu'un.

EX COMPRESSU EJUS GRAVIDA FACTA EST. Ter. Cette fille est grosse de son fait; il a engrossé cette fille.

CONCHA, ae, f. Plaut. La coquille de Vénus.

CONCILIATRIX, icis, f. Cic. Conciliatrice; celle qui s'insinue dans les bonnes grâces, qui gagne les cœurs, ou pour soi-même, ou pour d'autres.

CONCILIATRIX ANCILLA. Plaut. Une suivante qui ménage les intrigues de sa maîtresse; une fille qui entre dans le commerce amoureux de sa dame; une confidente des galanteries de sa maîtresse; l'intendante des plaisirs de sa dame79.

[79] Duègne qui trahit son maître pour contenter sa maîtresse, et vice versa.

CONCILIUM GENITALE. Lucr. Conseil où l'on agite si l'on mettra un homme au monde; assemblée où l'on traite plaisamment de la génération de l'homme; accord mutuel de la nature; correspondance des natures.

CONCIPERE EX ALIQUO. Cic. Concevoir du fait de quelqu'un; être grosse des œuvres d'une personne; s'être imprimé fortement les plus vives et les plus sensibles expressions d'amour de quelqu'un.

CONCUBINA, ae, f. Cic. Concubine; maîtresse; femme d'un homme qui n'est pas marié; celle à qui un homme ne s'est pas engagé pour toujours80.

[80] Synonymes: concuba, concubia, succuba, pellex.

CONCUBINATUS, us. Plaut. Concubinage; habitude de plaisir amoureux avec une personne81.

[81] Qui n'est point sa femme par contrat notarié.

CONCUBINUS, i, m. Catull. Qui a une maîtresse; qui est en habitude amoureuse avec une fille; qui a une concubine. Ou (Quintil.): qui a une patience féminine en amour; catamite82.

[82] Ganymède. Voy. CATAMITUS, PULLUS.

CONCUBITOR, oris, m. Qui couche avec un autre de quelque sexe que ce soit, ou par compagnie, ou dans la vue du plaisir.

CONCUBITUS, us, m. Ovid. Les caresses du lit; la tâche des amants; le devoir amoureux; l'ouvrage d'amour83.

[83] Concubitus quaerere: désirer, rechercher le plaisir amoureux.

CONCUBITUM PETERE, PATI. Ovid. Rechercher, souffrir les caresses du lit.

CONCUBO, as, are, CONCUMBO, is, ubui, ubitum, umbere. Coucher avec quelqu'un, homme ou femme: ce mot n'est obscène qu'autant que, de l'action très innocente de coucher deux, il résulte un plaisir qui n'est pas innocent.

CONFICERE VIRGINEM. Ter. Abattre la fermeté d'une fille; avoir les gants d'une belle; humilier une pucelle84.

[84] Forcer la garde du palais d'Amour.

CONFUTUO, is, ere. Catull. Faire de compagnie ce qu'on appelle f...... Ou: pondre au même nid qu'un autre85.

[85] Posséder à deux les faveurs d'une belle.

CONGENUO, as, are. Varr. Serrer les genoux pour être plus ferme en lice.

CONGRESSUS, us, m. Combat de deux personnes sur un lit ou sur un canapé. Congressio exprime la même chose.

CONISALUS, i, m. Les armes de Priape.

CONJUGIUM, ii, n. Virg. L'action du mariage, le devoir conjugal.

CONJUGIO ALTERIUS POTIRI. Virg. Faire un cocu; jouir de la femme d'un autre; planter des cornes à quelqu'un.

CONNATATIO, onis, f. V. CONNATIO.

CONNATILIS, m. f. le, n. is, g. Qui travaille au même atelier amoureux; qui entre de part dans une intrigue amoureuse; qui nage en amour dans la même eau; qui fait société avec un autre pour un commerce d'amour; qui vogue en amour sur la même mer.

CONNATIO, onis, f. Plaut. Course dans la même lice amoureuse; société en amour; jouissance par indivis; travail au même atelier amoureux; intrigue amoureuse partagée de concert. Ou, autrement: partage des faveurs d'une belle avec quelqu'un.

CONNATO, as, are. Plaut. Partager un cœur avec un autre; être rival heureux d'un amant bien traité; cultiver amoureusement avec quelqu'un le même champ; travailler au même atelier d'amour, n'être pas seul qui ait part aux faveurs d'une belle; goûter les douceurs d'amour au même endroit qu'un autre; aimer sans jalousie en même lieu; être en société d'amour avec quelqu'un; avoir un compagnon de jouissance.

CONQUINIO, is, ire, CONQUINISCO, is, ere. Plaut. Offrir le présent de Ganymède. Ou: baisser la tête et plier le corps, pour donner belle à l'enfilade.

CONSTUPRO, as, are. Violer, faire violence à la pudeur; vouloir donner par force du plaisir à des femmes qui n'en veulent pas avoir.

CONSUESCERE ALICUI. Ter. ALIQUO ou & CUM ALIQUO. Plaut. Être l'un avec l'autre dans la dernière privauté; avoir l'un pour l'autre une amoureuse complaisance; se donner ensemble de telles libertés, qu'on ne puisse se refuser rien; être familier au dernier point avec une personne86.

[86] Être bien d'accord ensemble.

CONSUESCERE CUM MULIERE. Cic. Être en intrigue avec une belle; avoir commerce ou des liaisons secrètes avec une personne; avoir une habitude; avoir une inclination; avoir une maîtresse; faire galanterie avec une belle.

CONSUETIO, onis, f. Plaut. Commerce amoureux, galanterie; habitude galante; intrigue; liaison d'amour.

CONTUBERNIUM, ii, n. Cohabitation qui dégénère quelquefois en colibertinage, et tellement que ce mot, dans Suétone, veut dire concubitus. Vesticontubernium exprime la même chose.

CONTUS PEDALIS vel SESQUIPEDALIS. La perche d'amour. Ce mot est bien expliqué à l'article MENTULA.

CONVENIO, is, ire. Plin. S'accorder dans le point qui fait la liaison la plus étroite des deux sexes; ne faire qu'un tout amoureux de deux moitiés séparées; en venir aux prises sous les étendards de l'Amour; livrer le combat amoureux; s'assembler amoureusement.

COPA, ae, f. Virg. Fille de plaisir; fille de joie; fille de commodité; courtisane; fille commode.

COPULO, as, are. Se joindre deux à deux, corps à corps: s'unir étroitement; jouir amoureusement.

COROLLARIUM PUERILE. Apul. La bague que courent certains amoureux dévoyés du chemin naturel; le soleil rouge-brun de Vénus antistrophe.

CORONA, ae, f. La tête du dieu Priape.

COTYTTIA, orum, n. Les mystères de la déesse Cotytto, ou de l'impudicité. Cette déesse n'était ci-devant qu'une danseuse, dont l'extrême lubricité mérita des autels; ses prêtres s'appelaient Baptae; ils dansaient en contrefaisant les femmes, et probablement prenaient leur place quand ils trouvaient des amateurs. Eupolis fit une comédie intitulée Baptae: Alcibiade, le Socratique Alcibiade, s'y trouvant désigné, tua tout bonnement l'auteur pour l'empêcher de critiquer les mœurs de ses contemporains.

COXA, ae, f. La cuisse touche de bien près au temple de Vénus, et celui-ci est souvent désigné chez les poètes par tout ce qui l'avoisine. Laufella tollit pendentis praemia coxae (Juven.): cela veut dire qu'elle se présente de si bonne grâce au combat amoureux, qu'elle remporte la victoire.

CRISSANS, tis, omn. gen. Juven. Qui remue les fesses; qui joue du croupion; qui tortille les fesses; qui remue le cul fort dru.

CRISSATURA, ae, f. Lucret. Remuement de fesses: jeu du croupion; mouvement de cul fort prompt; tortillement de fesses fort dru.

CRISSO, as, are. Remuer les fesses; faire des mouvements de fesses fort drus; jouer du croupion; tortiller le cul légèrement; faire des tortillements de cul fort prompts. Ce verbe est particulier aux femmes et à ceux qui en font l'office87.

[87] On croit qu'il se prend plus particulièrement pour la posture qu'adopte la femme quand elle se met sur l'homme pour ne pas avoir le dessous; alors elle s'agite beaucoup mieux, et cela donne l'explication du lumbi fluctuantes de la 18e Priapée.

CROCOTULA, ae, f. Movere lumbos in crocotula. Habit léger pour les femmes, et couleur de safran, peut-être par allusion à quelques usages dans les orgies des Anciens autrement appelées fêtes nocturnes, mystères, etc. Habits de combat qui ne mettent que peu d'obstacles à la jouissance. Si l'on veut avoir des détails sur les habillements des femmes voluptueuses de l'Antiquité, il faut consulter l'Errotika Biblion, p. 94.

CRYPTA, ae, f. La grotte de Vénus.

CTIR, ind. La fontaine des amoureux et le gazon qui l'environne88.

[88] La carte des pays bas.

CUCURBITA, ae, f. Plaut. Femme galante89.

[89] Qui se livre aisément.

CUCURBITARIUS, ii, m. Qui met en œuvre la femme d'autrui, principalement celle de son seigneur de fief, ou de son maître, ou quelqu'une de leurs parentes.

CUCURBITATIO, onis, f. La liberté qu'on prend de semer dans le jardin secret d'autrui, etc.

CUCURBITO, as, are. Planter dans le jardin de plaisir d'autrui, et particulièrement de son seigneur de fief, ou de son maître; ou mettre en œuvre quelqu'une de leurs parentes.

CULICES PATI. Se laisser Ganymédiser.

CULUS, i, m. Visage à deux parties, autrement dit postérieur; objet du culte des hérétiques en amour. Culus tritus, autel trop fréquenté, où les sacrifices sont banaux. Synonymes: pars postica, clunes.

CUNNAGIUM, ii, n. Le droit du seigneur en amour; droit de coucher, la première nuit des noces, avec les femmes de ses vassaux, possédé autrefois par les comtes chanoines de Lyon90.

[90] Tout cela est aboli, en France, avec les droits de fiefs.

CUNNATUS, a, um. Qui est pourvu de la partie qui fait presque tout le mérite des femmes.

CUNNILINGUS, a, um. Priap.91. Qui lèche le plat dans lequel on sert le mets amoureux; lèche-c.., épithète des petits chiens des dames, qui, par là, deviennent souvent enragés92.

[91] Lingua maritus (Martial.)

[92] Il y a des hommes qui leur envient ce nom. On dit que les chiens deviennent enragés à force de s'occuper de cet ouvrage: mais il faut l'être pour les imiter.

CUNNOSUS, a, um. Qui loge au large les pèlerins d'amour93.

[93] Anneau trop grand pour le doigt.

CUNNULUS, i, m. Ce qui ne se trouve que chez les petites filles, un conin, un conichon.

CUNNUS, i, m.94 Hor. Le conduit de l'urine féminine; le vase amoureux; le chemin couvert de l'amour; la coquille de Vénus; le pays natal du genre humain; le but où visent les amants; l'endroit, chez les femmes, qu'on dit, mais qu'on n'imprime pas; l'autel où l'on sacrifie à l'Amour; le temple de Vénus; l'objet des peines et des plaisirs des amants; le bel endroit; le carquois de Cupidon; la boutique où l'Amour fait travailler en peau; le colombier de Vénus; le point d'honneur des dames95; le centre des délices amoureuses; le champ de bataille d'amour; le manège des coursiers de Cupidon; la nasse où se prennent les anguilles amoureuses; la salle d'armes du dieu d'amour; la fontaine où l'on porte l'eau; le réservoir de propagation; le four qui fait lever la pâte; la cuve de la brasserie humaine; le marais d'amour où l'on enfonce jusqu'au ventre; le trébuchet amoureux; le nid de l'oiseau d'amour; le nord de l'aiguille amoureuse; le calendrier naturel; le puits d'amour; la grotte de Vénus; l'embrasure des canons de Cupidon; le mortier amoureux; le terroir où l'on plante l'herbe sensitive; le champ qu'on aime à défricher; le terrier du lapin de Vénus; l'hôtellerie des pèlerins amoureux; l'objet de la galanterie; le creux où l'on moule les hommes; le cadran qui a souvent besoin d'aiguille; la manufacture de Cupidon; le tronc où chacun s'empresse de mettre la pièce; le trône du dieu des appas; le tribunal d'amour; le clocher où Vénus fait carillonner; le fourreau propre à toutes lames; le chemin qui conduit au plaisir; le receveur des droits de la mère d'Amour; le lieu de la folâtrerie; le bureau de la confrérie de Vénus; le bassin où l'on met les offrandes amoureuses; le peloton où Vénus fiche ses épingles; le fourneau où l'on fixe le mercure d'amour; le camp où l'Amour fait planter le piquet; le plus fort des objets de la tentation; le manichordion de Vénus; le creuset où l'on met les hommes en fonte; le palais de la galanterie; la galère qu'une seule rame met en mouvement; la prairie des amours; le cabinet de Vénus; le jardin de plaisir; la lice des coursiers d'Amour; le magasin des plaisirs amoureux; la niche du dieu Priape; la foulerie d'Amour; l'abreuvoir des coursiers de Cupidon; le tire-moelle amoureux96.

[94] EPIGRAMMA JOANNIS SECUNDI

Dicite, grammatici, cur mascula nomina cunnus.
Et cur foemineum mentula nomen habet?
Sic ego, sic aliquis senior de gente verenda
Rettulit, attollens longa supercilia:
Mentula foeminei gerit usque negotia sexus,
Inde genus merito vindicat illa sibi;
Indefessus agit res qui, sine fine, virorum,
Mascula non temere nomina cunnus habet.

[95] Ce que les dames appellent «leur honneur», le «cœur» du chevalier de Boufflers.

[96] La partie qui distingue spécialement le sexe féminin. Nulle femme sans c.., nul homme sans v... Synonymes Latins de ce bijou: vagina, fossa inguinis, sulcus, arvum muliebre, genitale, hortus Cupidinis, pudendum muliebre, puta, selinon, prodigiosa Venus, meatum Veneris, feminal, virginal, radius Veneris, scrobs virginalis, barathrum foemineum, lanuvium, xanion, ulcus, rima, caverna, custon.

Infelix, cui torpet hebes locus ille!...
(Ovid.)

CURRUCA, ae, m. Celui que nous appelons improprement cocu, à qui sa femme donne un substitut97.

[97] Qui n'est pas seul possesseur de son bien.

CYANISSANS, tis, omn. gen. Qui a envie de travailler naturellement; qui veut mettre en pratique le symbole de la fève qui a encore sa peau (c'est la fève de marais, symbole qui a fait dire à Pythagore: Abstine a fabis, abstenez-vous des fèves)98.

[98] Axiome rejeté par les femmes, même les plus philosophes.

CYBELE, es. f. Cybèle, la mère des Dieux, la Bonne Déesse. Ses mystères se célébraient dans le plus grand secret, mais il paraît que la chasteté et la tempérance n'y présidèrent pas toujours, quoique les femmes eussent été dans l'origine les seules initiées. P. Clodius fut le premier qui entreprit de les violer en s'introduisant, sous l'habit d'une danseuse, dans l'appartement de Pompeia, épouse de Jules César. La chronique dit qu'il voulait abuser de cette femme. Les prêtres de cette déesse se nommaient Galli, et avaient été privés de cette partie qui nous rend hommes. Dans les temps de corruption, des hommes faisant fonctions de femmes imitèrent entre eux ces mystères et, comme on peut le croire, y introduisirent ce que la lubricité humaine a de plus dégoûtant.

CYDON, onis, m. Pédéraste, Gomorrhiste.

CYLLO, onis, m. Cic. Qui a été amplement pourvu par l'Amour en faveur des dames; personnage bien envitaillé.

CYNAEDUS. Voy. CINAEDUS.

CYSONIPTES, ae, m. Baigneur qui a soin de tenir propre tout ce qui est plus particulièrement dédié à l'amour.

CYSOS, i, m. L'écrin du bijou d'amour; la gaine du poignard de Cupidon.

CYSTHOS, i, m. V. CYSOS. Ou: les fesses. Ou: le trou du cul.

D

DECURRERE SPATIUM AMORIS. Faire la course au jardin d'amour; courir la bague; jouir amoureusement.

DEGLUTIO, is, ire. Prendre à la bouche la flûte de Cupidon; la recevoir, la presser avec les lèvres:

Deglutit, fellat, molitur per utramque cavernam.
(Auson.)

DEJICERE CAPUT. Baisser la tête en courbant les reins pour offrir mieux la bague; présenter le cul en haut99.

[99] Voyez la différence entre dejicere caput et demittere caput, au mot DEMITTERE.

DELPHYS, yos, f. La coquille du limaçon d'amour. Ou: la matrice.

DELTA, ind. Le triangle de la géométrie d'amour; l'entrée du jardin de Vénus; l'ouverture de l'antre des Nymphes.

DEMITTERE CAPUT. Faire près d'une femme l'office de petit chien; lécher la baratte où l'on bat le beurre en amour100.

[100] Voy. VORARE TENTA.

DEPRENSUS, DEPRENSA. Pris sur le fait: Nihil est audacius, illis deprensis (adde mulieribus.) Juven.

Quantum deprensi damna pudoris ement.
(Auson.)

DEPSO, is, psui, psitum, ere. Cic. Pétrir le levain amoureux; battre le beurre d'amour.

DESTUPRATRIX, icis, f. Mart. Une tribade.

DIFFUTUTUS, a, um. Épuisé par trop de jouissance. Voy. EXFUTUTUS. Virgo diffututa, fille commode, qui se laisse caresser par tout le monde.

DIGITUS IMPUDICUS, INFAMIS. C'est le substitut d'un très joli instrument dont les dames aiment à jouer. Les Anciens paraissent avoir employé ce doigt à plusieurs usages: tantôt à procurer du plaisir aux femmes, tantôt à montrer aux hommes le désir d'une jouissance contre nature.

DINDYMUS, i, m. Le trou de la verge de l'homme.

DIOBOLARES, ium, f. Courtisanes pour le bas peuple; raccrocheuses; salopes à deux sols; paillasses de corps-de-garde.

DISSAVIOR vel DISSUAVIOR, aris, ari. Embrasser avec ardeur, avec vivacité.

DIVIDERE CUM ALIQUA. Petr. Partager avec une belle les plaisirs de l'amour; diviser le terrain amoureux.

DIVISOR, oris, m. Cic. Corrupteur de jeunes garçons.

DIVOLTRES, ium, f. Garces à canailles; donneuses de bonsoir101.

[101] Coureuses de nuit; chauves-souris.

DO, as, are. Dare solet. Mart. Elle a coutume de s'en faire donner102.

[102] Dare. Ce verbe se prête à beaucoup d'obscénités; c'est un de ces mots commodes dans les langues, que l'on prend en bonne ou mauvaise part selon l'intention louable ou maligne de l'écrivain. Donner, prêter, accorder, consentir, voilà ses acceptions dans le langage amoureux.

DARE OPERAM LIBERIS. Cic. S'étudier à faire des enfants; s'appliquer à se faire des successeurs; s'employer à perpétuer sa race; travailler à sa postérité.

DORILLUS, i, m. Le jardin de Nature; le champ de Vénus; le clapier d'amour.

DRAUCUS, i, m. Mart. Pédéraste.

DRILOPOTA, ae, m. Celui qui boit dans un vase qui représente le laboureur de la Nature103.

[103] Vitreo bibit ille Priapo (Juven.).

DUCO, is, xi, ctum, cere. Plaut. Trouver une femme, ou un mari, dans sa main104.

[104] Faire jouer le prépuce sur le gland.

DUCTO, as, are. Ter. Conduire au plaisir.

DUCTARE AMICAM. Plaut. Conduire du bout du doigt sa maîtresse au plaisir.

E

EMASCULATOR, oris, m. Apul. Pédéraste. Ou: qui effémine, qui rend efféminé105.

[105] Bourreau des facultés viriles; destructeur d'hommes.

EFFEMINO, vel EFFOEMINO, as, are. Être sans force et sans courage. Ce verbe a des rapports, au figuré, avec ementulare. Effeminatus culus. Priap. Bijou Grec sans ressort, ou dont le ressort est usé par le service.

ELECEBRAE, arum, f. Courtisanes, filles de joie.

ELEPHANTIS, idis. Priap. Jeune fille Grecque auteur d'ouvrages galants dans le genre de ceux de l'Arétin, des Élégances Latines du faux Meursius, du Portier des Chartreux, et de tous les livres lubriques à l'usage des modernes. Philænis et Cyrène, autres jeunes filles Grecques, passent pour avoir composé de pareilles tablettes où étaient peintes les postures libidineuses et leur explication. Elles étaient autrefois, comme à présent, les leçons préparatoires pour la jeunesse de l'un et l'autre sexe que les personnes d'un âge mûr ne prenaient pas la peine d'instruire. De jeunes filles innocentes venaient offrir en don ces tablettes au dieu Priape, pour lui demander la réalité des peintures. On doit croire qu'elles traitaient fort mal leur protecteur, lorsque le vœu n'était pas exaucé; Sotade, poète de Mantinée, a composé un ouvrage intitulé Cinaedica; c'est Suidas qui nous l'apprend. L'empereur Tibère avait orné les murs de sa chambre à coucher, à Caprée, de ces peintures lubriques, et cette mode a été adoptée par quelques vieux et invétérés libertins de son siècle et des suivants.

EMASCULATUS, a, um. Bardache, Ganymède, catamite. Ou: châtré; ou: rendu efféminé.

EMASCULO, as, are. Apul. Châtrer. Ou: efféminer, rendre efféminé. Ou: métamorphoser un mâle en femelle; se servir d'un mâle aux usages féminins.

EMBOLUM, i, n. Ce qui est cause que l'écusson des filles est fait en losange; le losange de la géométrie d'amour; l'entrée du palais de Vénus.

EMENTULO, as, are. Priver du sceptre amoureux106.

[106] Retrancher la partie spécifique du sexe masculin.

ENTESYPATHIA, ae, f. Ce qui se passe dans celui qui se laisse Ganymédiser; ce que souffre un successeur de Ganymède.

EPISIUM, ii, n. Ce qu'on recherche dans le sexe féminin, quoiqu'on lui donne le nom de partie honteuse.

EQUITO, as, are. Faire la cavalcade; se frotter mutuellement l'endroit sensible en remuant l'un sur l'autre; tribader:

Inque vices equitant, ac luna teste moventur.
(Juven.)

EQUUS HECTOREUS. Mart. La posture favorite du sexe; le cheval d'Hector; l'amoureuse situation qu'Andromaque exigeait de la complaisance d'Hector107.

[107] Et dont toutes les femmes font usage dans le déduit.

EREBINTHINUS, a, um. Qui concerne le bélier d'amour.

EREBINTHUS, i, m. Bélier de Cupidon; la machine avec laquelle l'Amour force les remparts amoureux.

EROMENE, es, f. Maîtresse; inclination; bonne amie.

EROMENUS, i, m. Mignon; favori; Ganymède.

EROTIUM, ii, n. Plaut. Une petite maîtresse; un petit amour; une jeune mignonne108.

[108] Sunamite.

ERUCA, ae, f. Herba salax; c'est une herbe qui excite à l'amour. Les personnes d'un tempérament paresseux en font usage. C'est, selon Tournefort, la roquette. Les oignons et le satyrion, les artichauts, font, à ce qu'on dit, le même effet; mais malheur à ceux qui en font trop usage, car il est pernicieux.

ESCHARA, ESCHARIA, ae, f. Les lèvres de la bouche d'en bas109.

[109] V. ci-dessous EXSORBERE VIROS.

EUGIUM, ii, n. Laber. et Lucil. Le clitoris. Ou: la membrane Hymen. Ou: voy. CUNNUS.

EUNUCHUS, i, m. Triste sujet, homme nul, impropre au plaisir des dames et, par conséquent, l'objet de leur antipathie. En Asie, ils sont les gardiens de la vertu des belles; mais celui qui porte la clef de leur trésor est toujours sûr de s'en rendre maître, malgré ces odieux Argus. En France, et surtout en Italie, ils sont fort utiles aux prélats, soit pour la musique de la cathédrale, soit pour un usage moins canonique.

Il y a cependant des eunuques à qui il reste l'image de la virilité, et qui n'en ont perdu que les témoins: ceux-ci sont encore utiles au beau sexe, qui s'en amuse sans danger pour la grossesse. Martial a dit:

Cur tantum eunuchos habeat tua Gellia quaeris,
Pannice? Vult futui Gellia, non parere.

EXERCINATES, is, omn. gen. Qui sait remuer les fesses; savant en l'exercice des fesses; dressé au manège des fesses; qui sait jouer du croupion.

EXFORNICOR, ari. Pécher contre nature.

EXFUTIO, is, ui, utum, ire. Énerver; effouter110.

[110] Rendre nul, impuissant.

EXFUTUTOR, oris, m. EXFUTUTRIX, icis, f. Qui énerve; qui effoute.

EXFUTUTUS, a, um. Catull. Énervé; effouté111.

[111] Latera exfututa: flancs mis à sec par trop de jouissance.

EXIMEQUI, orum. m. Pourvoyeurs d'amour.

EXOLETUS, a, um. Usé, anéanti par les débauches.

EXONIROTTICUS, a, um. A qui les pollutions nocturnes sont fréquentes; qui répand d'ordinaire sa semence pendant la nuit.

EXONIROGMUS, i, m. Écoulement de semence involontaire pendant le sommeil.

EXPATRO, as, are. Faire la douce affaire. V. PATRO.

EXPERTA PUELLA VIRUM. Hor. Fille qui sait ce que c'est qu'un homme; fille qui connaît par expérience les plaisirs qu'un homme peut lui procurer; fille qui s'est fait essayer; fille qui a combattu en champ clos; fille qui s'est éprouvée avec un homme.

EXPROCOR, ari. Demander la courtoisie. Ou: obtenir la dernière faveur.

EXPUGNATOR PUDICITIAE. Cic. Un galant dangereux; un crocheteur de pucelages; un forceur de remparts amoureux112.

[112] Un dénicheur de vertu.

EXPUGNARE PUDICITIAM PUELLAE. Cic. Forcer un jeune cœur à se rendre à ses désirs galants; tirer les premières faveurs d'une jeune fille; venir à bout d'une jeune personne; avoir les gants d'une belle; obliger un jeune enfant à céder à ses galanteries; crocheter un pucelage; cueillir les premiers fruits de l'amour.

EXSORBERE VIROS. Avaler des hommes (par métaphore.) C'est assez pour les dames d'avaler la partie qui leur plaît davantage, et cela par la voie ordinaire; car l'idée de l'extraordinaire fait vomir.

F

FACILIS VIRIS. Complaisant avec les hommes; ne sachant pas les refuser, quand même il s'agirait d'offenser la nature.

FACIO, is, ere. Plaut. Faire ce qu'on appelle faire113.

[113] Par excellence. C'est agir d'une manière agréable.

FACTURIO, is, ivi, itum, ire. Plaut. Avoir envie de le faire; souhaiter de travailler d'après nature114.

[114] Désirer ardemment le déduit.

FASCINOSUS, a, um. Priap. Bien fourni du charme viril; amplement pourvu de ce qui charme les belles; qui a un grand persuasif en amour.

FASCINUM, i, n. Hor. Le membre par excellence; le charme viril; le laboureur naturel115.

[115] L'instrument de la propagation humaine.

FASCINUS, i, m. Petr. Petite figure du laboureur naturel qu'on pendait au cou des enfants pour les préserver des charmes; le contre-charme de Priape116.

[116] Les Vestales sacrifiaient au culte du dieu Fascinus, et peut-être s'en servaient-elles comme de correctif au vœu de virginité qui leur interdisait tout commerce charnel avec les hommes. Pauvre consolation, mais bien connue des Religieuses qu'on vient de rendre à la société. Que de dévotes le dieu Fascinus va perdre!

FELES VIRGINALIS ou VIRGINARIA, f. Plaut. Celui ou celle qui dérobe des jeunes filles pour les dédier à Vénus117.

[117] Corruptrice de jeunes filles.

FELES PULLARIA, f. Auson. Qui enlève des petits garçons pour en faire des Ganymèdes118.

[118] Autre genre de corruption, mais contraire aux lois de la Nature.

FELLATOR, oris, m. Mart. Suceur; qui boit des hommes; qui suce le doigt qui est sans os.

FELLATRIX, icis, f. Suceuse; qui emploie la bouche supérieure à l'usage de l'inférieure; qui boit des hommes.

FELLICANDUS, a, um. Solin. Qu'on donne à sucer; qu'on donne à teter.

FELLICATIO, onis, f. Le sucement; l'action de teter le trayon amoureux.

FELLICO, onis, m. V. FELLATOR.

FELLICO, as, are. Solin. Sucer, teter.

FELLITO, as, are. Solin. Sucer souvent.

FELLO, as, are. Mart. Sucer, teter. Ou: sucer le doigt qui n'a point d'os; teter ce qui n'est pas fait pour être teté; prendre à la bouche le trayon amoureux119.

[119] Se dit des femmes qui consentent à cette vilenie.

FEMINAL, is, n. L'endroit par où les femmes se distinguent120.

[120] La partie spécifique du sexe féminin.

FEMINALIA, um, n. Suet. Haut de chausses, caleçons, et tout ce qui sert à couvrir les cuisses et les parties de la génération.

FEMEN, FEMINA, n. Se prend quelquefois pour femur et femora. On veut aussi que cela signifie le chemin de la création, ce qui ne serait pas extraordinaire, vu la proximité.

FEMUR et FEMORA, n. Les cuisses, ou les grosses colonnes du temple de Cypris; ou le temple lui-même. Femori conserere femur, committere, vel imponere: jouir, confondre deux corps en un.

FESCENNINI VERSUS. Vers obscènes qui se chantaient aux noces. Catulle, dans l'Epithalame de Julie et de Manlius, dit:

Nec diu taceat procax
Fescennina locutio.

Lorsqu'on veut dire des injures en vers, cela s'appelle Fescennina licentia.

FIBULA, ae, f. Cadenas de chasteté; gaine où l'on renfermait les instruments de la génération, soit pour les cacher par pudeur, soit pour empêcher les jeunes gens d'en abuser, ou les chanteurs de perdre leur voix. Les Juifs en faisaient assez d'usage: c'est ce que Martial appelle Judaeum pondus.

Fibula indique aussi l'anneau de sagesse dont les Anciens se bridaient le prépuce en le passant à travers des deux côtés de cette peau qui couvre le gland. On le soudait lorsqu'on voulait le conserver longtemps; mais je pense que le plus grand nombre ressemblaient aux anneaux qui servent à enchaîner plusieurs clefs. Fibulare, infibulare, fibulatio, infibulatio, dérivent de fibula. Quelques religieux Asiatiques ont conservé l'infibulation par esprit de pénitence. Theca est synonyme de fibula.

FLAGITATUS, a, um. Fest. Qui s'est laissé employer aux usages amoureux; qu'on a mis en œuvre en amour.

FLAGITO, as, are. Apul. Employer aux usages amoureux; soumettre aux désirs amoureux; mettre en œuvre amoureusement.

FLAGITARE ANCILLAM. Ulp. Mettre en œuvre sa servante; employer amoureusement sa servante.

FLAGITIUM, ii, n. Crime que les jeunes filles pardonnent à l'amant chéri. Le viol est un attentat contre la pudeur: l'amour seul peut le faire pardonner.

FLOS, oris, m. Catull. Le pucelage.

FODERE JACENTEM. Sonder quelqu'un amoureusement. V. STUPRO.

Servus erit minus ille miser, qui foderit agrum,
Quam dominum...
(Juven.)

FORNIX, icis, f. Hor. Maison de plaisir; bordel; lieu de prostitution; maison de débauche. Ou (Suet.): personne prostituée de l'un ou de l'autre sexe; fille de commodité; ou: Ganymède.

FORNIX BITHYNICUS. Suet. Jules César, galantisé dans sa jeunesse par Nicodème, roi de Bithynie.

FOSSAE INGUINIS. Périphrase. V. CUNNUS. Fossa notissima cinaedis est le contraire de cunnus.

FRANGO, is, ere. Ganymédiser.

FRICARE TERGA, FRICARE MEATUM VENERIS. Frotter, électriser la partie amoureuse. Le frottement produit le feu: c'est ce qui rend les femmes si endiablées, que plus on les frotte et plus elles veulent être frottées.

FRICATRIX, icis, f. Mart. Frotteuse; celle qui fait une légère friction sur quelque partie, soit pour le plaisir, soit pour la santé.

FRICTRIA, ae, FRICTRIX, icis, f. Tribade; femme qui veut contrefaire l'homme dans les fonctions d'amour121.

[121] Mais un palliatif n'a jamais valu l'objet à remplacer.

FRUTINAL, is, n. Fest. Temple dédié à Vénus qui procure la jouissance.

FRUTIS, is, f. Solin. Surnom de Vénus qui procure la jouissance.

FULLO, onis, m. Naev. Pédérastie. Ou: pédéraste.

FULLONIUS FRUCTUS. Plaut. Le gland de Cupidon. Cras mihi potandus fructus est fullonius. Plaut. Je dois demain passer par les piques; il faudra demain que je prenne le gobet amoureux.

FURTIVA VENUS. Ovid. De furtives amours; un mariage clandestin; des larcins amoureux; une amourette cachée; des plaisirs d'amour dérobés122.

[122] Paillardise secrète.

FURTA VENUS SUA VULT CELARI. Ovid. Vénus pardonne les larcins qu'on lui fait, pourvu qu'on s'en taise; la mère d'Amour impose silence sur les faveurs qu'on lui dérobe; on ne doit point parler des larcins amoureux123.

[123] Furta novare ignota Venere: s'égayer, se ravigoter par une jouissance nouvelle.

FUTUITIO, onis, f. Mart. L'art de la génération; l'exercice de Vénus; le combat amoureux; l'enfilade amoureuse; l'estocade d'amour; la lutte amoureuse.

FUTUO, is, tui, tutum, ere. Mart. Exercer l'art de la génération; combattre amoureusement; faire l'exercice de Vénus; pousser une estocade amoureuse; le faire; baiser; lutter amoureusement; courir dans la lice amoureuse; empaler amoureusement; donner, et recevoir le plaisir amoureux; goûter les délices d'amour; faire la joie; enfiler amoureusement; travailler naturellement; sangler; exploiter124.

[124] Et, selon Martial, tribader.

FUTUTIO, onis, f. Catull. V. FUTUITIO.

FUTUTOR, oris, m. FUTUTRIX, icis, f. Mart. Qui le fait; qui exerce l'art de la génération; qui fait l'exercice de Vénus; qui court dans la lice amoureuse; qui combat amoureusement; qui donne, et qui reçoit le plaisir amoureux; qui goûte, et fait goûter les délices d'amour; qui travaille naturellement; qui lutte amoureusement; qui baise125.

[125] Martial appelle une tribade fututor foemina.

FUTUTUS, a, um. Mart. Exercé amoureusement; employé à l'exercice de Vénus; à qui on l'a fait; enfilé amoureusement; travaillé naturellement; baisé; sanglé; exploité amoureusement126.

[126] Caressé.

G

GALLUS, i, m. En langage ordinaire, gallus est un coq; mais en style obscène, gallus veut dire un chapon, un castrat, un chanteur à voix claire, un prêtre de Cybèle. Gallo turpius est nihil Priapo. Mart.

GANEO, onis, m. Libertin; pilier de mauvais lieux.

GANYMEDES, is, m. Fils de Tros, roi des Troyens. C'était un beau garçon, et si beau, qu'il plut à Jupiter, qui tour à tour s'amusait avec les hommes et avec les femmes. Or donc, Jupiter en fit son page, son échanson, son mignon, son giton, et lui donna les grandes entrées à la Cour céleste, afin de le voir plus souvent. Depuis ce temps, beaucoup de potentats, de grands seigneurs, tant laïques qu'ecclésiastiques, ont voulu avoir leur Ganymède. Cette fantaisie gagna les villes et les faubourgs dans les pays civilisés; et, ce qu'il y a de singulier, c'est que des sauvages ont eu le même goût.

GENITALE, is, n. Plin. Le laboureur de nature; le coutre de la charrue d'amour; l'instrument de la génération; l'outil de Cupidon127.

[127] Genitalia se dit pour les parties de la génération.

GENITALE ARVUM. Ovid. V. ARVUM GENITALE.

GESTIO, is, ire. Exprimer ses désirs par des mouvements involontaires, quoique très naturels.

GLANS, dis, f. Le gland; c'est la partie obscène de la partie naturelle de l'homme, celle où réside la sensation la plus vive des plaisirs Vénériens.

GLOTTISMUS, i, m. Un baiser à la pigeonne.

GLUBO, is, ere. Varr. V. FELLO.

GNATHO, onis, m. Cic. Suceur; qui entreprend sur l'office d'une espèce de bouche128.

[128] Destinée par la Nature à cet usage.

GNATHONICUS, a, um. Ter. De suceur, de teteur; de suceuse, de teteuse; qui concerne ceux dont la bouche entreprend sur l'office d'une espèce de bouche.

GNATO, as, are, GNATURIO, is, ire. Travailler à se faire une postérité; s'exercer à la multiplication de son espèce.

GRAOSOBA, ae, m. Consolateur d'une vieille amoureuse: savetier en amour; amoureux charitable qui ne dédaigne pas la vieillesse129.

[129] Nos abbés, par prudence, se sont destinés à ce service: il y a trop de danger avec les jeunes.

GREGARIA VENUS. Solin. Une coureuse; une Vénus du tiers-ordre; une raccrocheuse nocturne; une chauve-souris d'amour; une à tous venants beau jeu; une femme du genre humain. Ou: inclination pour les maîtresses du public; penchant pour celles qui ne refusent personne; attache pour les publiques.

H

HABERE REM CUM ALIQUA, Ter. NOTITIAM & FOEMINAE. Cic. Avoir avec une femme le commerce le plus particulier; connaître à fond une femme autant qu'il se peut faire; avoir les plus étroites liaisons avec une belle; prendre connaissance d'une belle personne de la manière la plus intime; avoir affaire avec une femme130.

[130] La posséder entièrement.

HARPOCRATEM REDDERE. Catull. Empêcher de parler en mettant quelque chose dans la bouche; engager une bouche au silence en l'occupant aux fonctions d'une autre espèce de bouche; obliger à se taire en faisant subir à la bouche la peine dont le gardien des jardins menace les voleurs qui ont de la barbe; rendre muet en mettant le doigt amoureux à la bouche; fermer la bouche en faisant prendre le gobet amoureux.

HASTA, ae, f. Pique d'amour; sceptre de Cythère. Voy. MENTULA: c'est le mot propre; celui-ci n'est que figuré.

HEMITHEON, is, m. Hémithéon de Sybaris, auteur de livres Sybaritiques cités par Martial et Lucien pour leur lubricité.

HERMAPHRODITUS, a, um. Hermaphrodite: être neutre, qui porte souvent les marques spécifiques des deux sexes et qui n'est parfaitement d'aucun. Cela s'appelle une curiosité d'histoire naturelle. En amour, ces êtres ne sont bons que pour les personnes qui n'aiment pas les routes ordinaires.

HILLAS CAEDERE. Laber. Chercher une femme dans sa main131.

[131] Tuer des hommes dans leur plus tendre enfance.

HIPPOMANES, is, n. C'est la liqueur qui sort de la vulve d'une jument lorsqu'elle est en chaleur. Les sorcières et empoisonneuses s'en servaient dans la composition de leurs drogues infernales.

HIPPOPORNOS, i, f. Amoureuse d'un cheval: surnom de Cérès lorsque, s'étant changée en cavale, Neptune, son frère, sous la figure d'un cheval, l'engrossa. Surnom de Philyra, mère du centaure Chiron, engrossée par Neptune sous la figure d'un cheval. Surnom de Méduse, que Neptune, sous la figure d'un cheval, engrossa du cheval ailé Pégase132.

[132] Les dieux des Anciens avaient tous les vices, et il paraît que Neptune était le patron de la bestialité.

HIPPOS, i, m. Le coursier d'amour.

HIRQUITALLUS, i, m. Fest. Jeune garçon qui s'abandonne à l'amour Socratique, qui souffre les caresses des hommes.

HORTI HESPERIDUM. Les jardins de l'Amour133.

[133] Hortus Cupidinis dit la même chose au singulier.

HUMIDUS LACUS. Plaut. Le lac où l'on pêche quelquefois de cuisants souvenirs.

HYSTERA, ae, f. La matrice; ou: le chemin qui conduit à la matrice, la gaine.

HYSTERICA, ae, f. Suffocation de matrice: maladie qui ordinairement se guérit par l'introduction d'un pessaire vivant134.

[134] Les médecins de cette maladie sont très faciles à trouver; c'est pourquoi rarement les femmes en meurent. Les plus honnêtes, cependant, sont celles qui l'éprouvent le plus souvent.

I

ILLIC. Là; à l'endroit. Illic habere manum: avoir la main à l'endroit du plaisir.

ILLUD. Cela. Faire cela; se donner du plaisir plus ou moins gracieux, plus ou moins hérétique.

ILLUDERE CORPORI MULIERIS. Quint. Curt. Se divertir avec une femme; tirer d'une femme tout le plaisir qu'on en peut prendre. Ou: Ganymédiser une femme135.

[135] S'amuser avec une femme par tous les bouts.

ILLUDERE FOEMINARUM CAPITIBUS. Suet. Ôter aux femmes l'usage de la parole d'une manière toute extraordinaire; priver les femmes de deux plaisirs qui leur sont chers, en leur fermant la bouche d'une façon peu séante, et laissant l'autre mâcher à vide.

IMMEIERE VULVAE PATRICIAE. Pers. Pisser dans un pot de chambre de qualité136.

[136] Consacrer ses soins aux dames de qualité. Autrefois ces soins menaient à la fortune les gens de lettres et les abbés.

IMMINUERE VIRGINIS PUDICITIAM. Plaut. Dépuceler une fille; avoir le pucelage d'une belle. Ou: apprivoiser une fille; accoutumer une belle aux caresses; mettre amoureusement une belle sur le pied de ne pas s'effaroucher; ébranler la retenue d'une jeune personne; écorner la fermeté d'une jeune enfant137.

[137] Faire une brèche à la pudeur.

IMPUDICUS, a, um. Paillard ou paillarde: reproche que l'on fait aux gens qui aiment à goûter le plaisir amoureux. Impudicum digitum ostendere: montrer le doigt impudique, que les Anciens appelaient le doigt infâme. C'est le doigt du milieu qui, par sa longueur, fait le mieux plaisir aux belles, ou sert à indiquer la secte des amoureux.

IMPURUS, a, um. Impudique; crapuleux libertin qui laisse souiller son corps par des complaisances infâmes.

INACHIDOS LIMINA. Le portique du temple d'Isis, ou le temple même de cette déesse, où se rendent tous ceux qui font des plaisirs de l'amour leur occupation favorite. Voy. ISIACA SACRA.

INAM CAEDERE. Jeter un homme à terre, étant cinq contre un; branler la pique sans faire peur à personne; répandre un homme informe; se battre amoureusement contre l'air.

INCESTARE SE INVICEM. Suet. Se livrer à qui mieux mieux à la luxure; se souiller mutuellement par la plus sale lubricité; faire le chapelet comme les colimaçons; s'enfiler réciproquement; se tenir comme les hannetons.

INCESTUM, i, n. Toute copulation contraire aux lois de la nature ou de la société est un inceste, ou manque de respect envers l'une ou l'autre. Cestum est la ceinture dont Vénus ornait les filles sages qui se destinaient au mariage, et Vénus n'a jamais présidé aux mariages que la chasteté réprouve: de là on a nommé incestueux les gens qui violaient la chasteté.

INCUBA, ae, f. Celle qui veut prendre le dessus dans la lutte amoureuse; celle qui, dans le combat d'amour, se veut soumettre ce qu'elle aime; celle qui veut primer dans les exercices androgyniques138.

[138] C'est de l'orgueil tout pur. Il faut espérer que les femmes nobles y renonceront dorénavant, en admettant leurs inférieurs dans leur lit; car on les accuse de conserver, même en amour, l'étiquette du rang.

INCUBITATUS, a, um. Plaut. A qui l'on a introduit un pessaire animé, ou un suppositoire vivant.

INCLINARE MARITOS IPSOS. Juv. Courber les maris après avoir renversé leurs femmes. Voy. INCURVO.

INCURVO, as, are. Mart. Faire montrer le nord de l'aiguille animale; le faire présenter beau139.

[139] Faire ramasser des cerises aux jeunes gens. Inclinare exprime la même chose. Inclinare discipulos: habitude de collège dont il faut se garder.

INEO, is, ire. Cic. Idem ac COEO. Prendre le plaisir amoureux; jouir de ses amours; entrer dans le plus particulier de ce qu'on aime; pénétrer dans l'intime de l'objet aimé.

INEQUITATIO, onis. f. L'une des postures amoureuses dont on donne des leçons à Lampsaque: c'est celle où la femme se met à cheval sur son amie pour tribader, ou, plus agréablement, sur son ami, pour en recevoir ou lui donner plus de plaisir. Voy. EQUITO.

INERRARE IN FILIOS. Minut. Fel. Se tromper en prenant amoureusement de jeunes garçons pour des filles.

INIRE ALIQUAM. Suet. Faire galanterie avec une belle; sonder l'intérieur d'une jolie personne.

INIRE CUBILE ALICUJUS. Cic. Se mêler de partager avec quelqu'un les plaisirs de son lit; entrer dans les plaisirs secrets de la femme d'autrui140.

[140] Cocufier.

INFAMIAM (AD) USQUE ORIS LIBIDINIBUS & FLAGRARE. Suet. Être si déréglé dans ses plaisirs que d'en salir sa bouche ou celle d'autrui.

INFAMIS DIGITUS141. Pers. Le doigt du milieu de la main (à cause de certains usages auxquels il est préférablement employé).

[141] Vel impudicus.

INFORATIO, onis, f. L'action de mettre amoureusement en perce.

INFORATOR, oris, m. Apul. Celui qui, par plaisir, perce un trou qui est déjà tout fait142.

[142] Enfonceur de porte ouverte.

INFORATUS, a, um. Qu'on a mis amoureusement en perce.

INFORO, as, are. Plaut. Percer amoureusement un trou qui est déjà percé.

INGUEN, inis; INGUINA, um, n. Les parties naturelles de l'homme et de la femme, et tout ce qui les avoisine, comme l'aine, le haut des cuisses, le bas-ventre, etc. Inguina recutita. Hor. Les parties de l'homme marquées de la circoncision, ou dont la peau du prépuce a été coupée.

INSCENSUS, us, m. Apul. La cavalcade d'amour; le manège amoureux; le saut sur les quatre quartiers.

INTERFEMINEUM, i, n. Apul. A l'égard des hommes: le périnée, l'entrefesson. Ou, à l'égard des femmes: la situation d'où un des moindres animaux, voulant éviter Scylla, tomberait en Charybde. Ou: le détroit d'entre les deux colonnes de Vénus143.

[143] Le pont du Diable qui sépare Charybde de Scylla.

INTERNUCULUS, i, m. Petr. Un petit Ganymède.

INTESTABILIS, m. f., le, n., INTESTATUS, a, um, INTESTIS, m. f., te, n. Plaut. Léger de deux grains au trébuchet d'Amour; à qui on a enlevé les témoins amoureux; qui manque de témoins pour prouver sa galanterie; eunuque; châtré; chapon; chaponné.

INVITARE IN AMPLEXUS, ATQUE IN CUBITUM. Demander la courtoisie; prier d'amour (grâce que ce galant d'empereur Caligula demandait à la Lune)144.

[144] Jouer le rôle de Putiphar avec Joseph.

IRRUMATIO, onis, f. Catull. L'action de faire teter à la bouche supérieure ce qui n'est fait que pour l'inférieure.

IRRUMATOR, oris, m. Catull. Celui qui fait prendre à la bouche d'en haut ce qui n'est dû qu'à la bouche d'en bas; qui fait servir la bouche supérieure à l'usage de l'inférieure; qui met à la bouche le gobet amoureux145.

[145] Cet expédient était nécessaire aux vieux libertins usés par la jouissance, et, lorsqu'on voyait un vieillard rechercher les femmes, irrumatorem esse suspicabatur (Dussaulx, sur Juvénal, p. 399). On appelait les femmes qui se livraient à cette lubricité, fellatrices. Les hommes s'en mêlaient aussi: car de quoi ne se mêlent-ils pas? Il paraît que ce badinage était fort usité en Italie du temps des Romains: on en juge par le fréquent emploi du mot dans les auteurs Latins. Les artistes Grecs ont reproduit cette action dans leurs peintures: témoin le tableau de Parrhasius, dans lequel Atalante se voit représentée à genoux devant Méléagre, qu'elle caresse à la mode des Lesbiennes.

IRRUMATUS, a, um. Mart. Dont la bouche a servi à l'usage de certaine autre bouche; qui a pris avec la bouche le gobet amoureux; irrumé; à qui l'on a fait teter le trayon amoureux.

IRRUMO, as, are. Mart. Faire teter le trayon amoureux; employer la bouche supérieure aux usages de l'inférieure; faire prendre avec la bouche le gobet d'amour; donner à la bouche d'en haut ce qui n'est dû qu'à la bouche d'en bas; faire servir la bouche de vase amoureux; irrumer146.

[146] Se dit des hommes qui usent entre eux de cette affreuse jouissance.

ISIACA SACRA. Le plus secret du mystère amoureux; le sacrifice d'amour; les mystères de Vénus.

ISICAE SACRARIA LUNAE. Juv. Les petits temples d'Isis, où quantité d'aventures galantes se mettaient à fin147.

[147] Les mystères de cette déesse devinrent ceux de l'amour et de la débauche. Le culte en fut proscrit sous le consulat de Pison et de Gabinius; mais Auguste le rétablit, pour amuser le peuple qu'il voulait asservir.

ITHYPHALLUS, i, m. Le Priape en belle humeur porté en procession, et les poésies qu'on y chantait à sa louange, aux fêtes d'Osiris en Égypte, et à celles de Bacchus et de Priape à Athènes.

J

JACEO, es, ere. Être couché dans une posture favorable au plaisir. Briseis multum aversa jacebat: Briséis, selon Martial, voyait très fréquemment la feuille à l'envers; c'est qu'elle avait un héros pour ami.

JUDAEUM PONDUS. Le paquet des trois pièces utiles à la génération. Voy. FIBULA, PENSILIA, PONDUS.

K

KALENDAE FOEMINEAE. Les Calendes de Mars, pendant lesquelles il y avait, dans l'intérieur des maisons, des fêtes pour les domestiques du genre féminin. Les maîtresses les servaient alors, comme les maîtres servaient leurs esclaves mâles pendant les Saturnales. Ces fêtes étaient appelées Matronalia. Les uns veulent qu'elles aient été instituées en mémoire de la paix avec les Sabins à pareille époque, pour cause de l'enlèvement des Sabines; d'autres disent que c'est en l'honneur de Vénus. Il en est aussi qui assurent que les premiers jours du printemps étaient comme des jours de fête pour les dames; qu'elles paraient leurs appartements, et qu'alors elles recevaient des présents de leurs maris ou de leurs galants. Juvénal reprend quelques hommes efféminés de son siècle pour les imiter en cela (Sat. IX, vers 46 et suiv.).

L

LABDA, ae, m. f. Varr. Qui fait usurper à sa bouche l'emploi d'une autre espèce de bouche; qui engloutit des hommes liquides; qui boit le plaisir amoureux; qui dévore les hommes avant qu'ils puissent être vus.

LABDACE, es, f. Varr. Le suçage du trayon amoureux; le sucement du doigt qui est sans os; l'action de faire servir sa bouche aux usages d'une autre espèce de bouche.

LABRA MORDERE. Pincer avec les dents les lèvres de sa mie. Ces petits amusements ont lieu en attendant des plaisirs plus vifs.

LACINATA MULIER. Petr. Femme qu'on a déchirée à force de vouloir lui faire plaisir.

LAECASTRA, ae, f. Une courtisane sous les armes; une fille commode en équipage de conquête.

LAECACITAS, atis, f. Maquerellage. Ou: paillardise.

LAECATOR, oris, m. Pourvoyeur d'amour. Ou: paillard.

LAECO, as, are. Faire un maquerellage. Ou: paillarder, faire la joie.

LAEVIS. Voy. LEVIS.

LAMBERE MEDIOS VIROS. Faire un métier de chien; Voy. DEMITTERE CAPUT, PHOENICISSARE, TERERE INGUINA. C'est faire aux dames, avec la langue, le même plaisir qu'elles font aux hommes avec la bouche.

LAMPADIUM, ii, n. Sortes de filles de joie qui se tenaient la nuit dans les rues avec une petite lampe à la main, afin que le marchand pût voir si la marchandise lui plaisait. A Rome, il y a encore de petits coquins qu'on trouve assis le soir dans les places et dans les rues, avec une petite lumière, et qui crient de temps en temps: «Chi me vuol levar?»

LAMPSACUM, i, n. Lampsaque, ville de Bithynie, célèbre par le culte de Vénus, de Cupidon et de Cybèle. C'est à Lampsaque que le dieu Priape, fils de Bacchus et de Vénus, fut élevé. Par reconnaissance, il fit toutes sortes de niches aux habitants de cette ville, c'est-à-dire aux maris des plus belles femmes, ce qui d'abord le fit chasser. Il finit cependant par y être adoré, et son culte y devint public.

LANDICA, ae, f. Voy. CUNNUS.

LANGORES, orum, m. Débauchés aux femmes.

LANGUS, i, m. Adonné aux femmes. Ou: bardache.

LANUVINI, orum, m. Cic. Les témoins d'amour, vénérables par leur barbe.

LANUVIUM, ii, n. Prop. La foulerie d'Amour; le fouloir de Vénus; la fouloire de Cupidon.

LASCIVIA, ae, f. Lubricité; recherche des moyens de varier, augmenter, suspendre ou prolonger les plaisirs amoureux. Improbitas Venerea, selon Juvénal.

LASCIVIRE. C'est prolonger la jouissance; user des plaisirs de l'amour tantôt avec délicatesse, quelquefois avec assez d'emportement pour se mettre hors de combat.

LASTAURUS, i, m. Celui qu'en amour on appelle bien fourni; qui est bien emmanché. Ou: qui a l'entrefesson velu. Ou: l'entrefesson, le périnée. Ou: paillard, ribaud.

LATUS MOLLE. La croupe, les parties supérieures aux fesses; le fessier lui-même.

Quantum et quale latus! quam juvenile femur!
(Ovid.)

LAXUS, a, um. Se dit des hommes et des femmes dont le vase amoureux s'est élargi à force de servir. Il y a du remède avec l'onguent de la Comtesse; mais les palliatifs ne rendent jamais à la nature son vrai mérite.

LECTAMBULUS, i, m. Qui essaie de diverses garnitures de lit sans se fixer à pas une; un pirate d'amour; galant qui se divertit aux dépens des maris; un amant qui vit sur le commun; un corsaire en amour; qui court le bon bord en amour.

LECTICARIOLA, ae, f. Mart. Une femme qui trouve du ragoût dans les porteurs de chaise.

LECTI FURTIVI FOEDERA. Tib. Les secrètes liaisons où les larcins amoureux engagent; les tendres engagements que font prendre les vols que l'on fait en amour.

LEGAEGYNAECES, cum, f. Femmes âpres à la curée; gaillardes de grand appétit148.

[148] Femmes à tempérament.

LENA, ae, f. Plaut. Appareilleuse; conciliatrice de volontés; entremetteuse; médiatrice de plaisir; pourvoyeuse d'amour; maquerelle; ministre de Vénus149.

[149] Tante d'Opéra. Lena juventa, dans Ausone: la fraîcheur de l'âge attire les hommages.

LENO, onis, m. Ter. Marchand d'esclaves. Ou: ministre d'amour; intendant des plaisirs amoureux; pourvoyeur d'amour; appareilleur de Vénus; agent de change en amour; conciliateur de volontés amoureuses; courtier de plaisirs; maquereau; médiateur de tendres unions150.

[150] Accapareur de filles; marchand de chair humaine.

LENO, as, are. Vet. epigr. Être marchand d'esclaves. Ou: fournir des sujets de plaisirs amoureux; concilier les volontés en amour; être ministre de Vénus; appareiller des amants; être courtier de plaisir; se mêler de pourvoir aux besoins amoureux; être pourvoyeur de Cupidon; être agent de change en amour; faire trafic de ce que recherchent les amants; s'entremettre d'unir les cœurs et les corps; être médiateur de tendres unions; faire commerce de marchandise amoureuse; négocier en faveur des amants; battre la caisse pour enrôler sous les étendards de Vénus; maquereller; prostituer.

LENOCINAMENTUM, i, n. Voy. LENOCINIUM.

LENOCINATOR, oris, m. Voy. LENO.

LENOCINE, adv. Lamprid. En maquereau; à la manière des pourvoyeurs d'amour; en courtier de Vénus; par maquerellage.

LENOCINIUM, ii, n. Cic. Trafic d'esclaves. Ou: conciliation de volontés en amour; intendance de plaisirs amoureux; trafic d'union de cœurs et de corps; charge de pourvoyeur de Vénus; médiation entre les amants; commerce de sujets de plaisirs amoureux; emploi d'appareilleur d'amants; courtage de plaisir; négociation en faveur des amants; office d'entremetteur d'amour; négoce de marchandise amoureuse; commerce de prostitution. Ou (Sueton.): coquetterie; air coquet; soin excessif de se parer; afféterie; affectation dans la propreté; manière affétée.

LENONICE, adv. Voy. LENOCINE.

LENONIUS, a, um. Plaut. Qui concerne les marchands d'esclaves. Ou: qui concerne les ministres des plaisirs amoureux.

LEPUS, oris, m. Ter. Qui est, comme le lièvre, tantôt mâle, tantôt femelle; qui se laisse Ganymédiser. Ou (Ovid.): le lièvre qu'on fait lever pour le mener au gîte. Ou (Plaut.): Terme de caresse amoureuse.

LESBIO, as, are. Aimer à la manière de Sapho; vouloir imiter les hommes dans les caresses qu'on fait aux belles personnes de son sexe; tribader151.

[151] Gamahucher. Les Lesbiennes sont célèbres pour avoir rendu la bouche le plus fréquent organe de la volupté. Elles employaient la langue à se faire plaisir mutuellement, et elles affectaient la blancheur aux lèvres.

LEVIS. Homme efféminé, qui prend soin de son corps comme une femme; qui se fait épiler pour qu'on se méprenne à la douceur de sa peau, et pour mieux jouer le rôle de femme.

LIBIDINES IN ALIQUO FACERE. Catull. Soumettre quelqu'un au dérèglement de ses passions152.

[152] Libido praepostera: passion bizarre des non-conformistes.

LIBIDINOR, aris, ari. Polissonner; s'abandonner à la débauche.

LIBIDINOSUS, a, um. Débauché; libertin, tantôt impudique, et tantôt voluptueux.

LIBIDO, inis, f. Passion; désir; volonté; fantaisie; débauche.

LIGURIRE NATURAM CAPRIS. Suet. Employer sa langue à découvrir la propreté de la nature de nos chèvres153.

[153] Il est difficile de rendre proprement cette expression. Voy. LESBIO, TERERE INGUINA.

LIMARE CAPUT CUM ALIQUA. Plaut. Donner à une personne et en recevoir coup sur coup des baisers affectueux; s'entrebaisotter. Ou: joindre de près une belle; se frotter avec elle.

LINGERE CUNNUM. Voy. LIGURIRE et CUNNILINGUS. Fantaisie ultramontaine et Florentine: les Français ont le cœur trop faible pour s'y livrer aussi fréquemment que les Italiens. Selon Martial, Eryx, fils de Vénus et de Butis, en est mort; mais les mythologistes prétendent qu'Hercule l'a tué, ce qui est bien différent.

LINGUA MALA. Mauvaise langue, en terme ordinaire. Ici, cela veut dire une langue impudique, lubrique. Voy. LAMBERE MEDIOS VIROS.

LINGUA MARITUS. Martial. Langue qui entreprend sur les droits d'un mari, d'un amant.

LONGANO, onis, m. Varr. L'intestin rectum, que les Italiens appellent budel gentile. Pourquoi cela? je m'en rapporte. Le boyau culier; le gros boyau154.

[154] Le gentil boyau: instrument de fantaisie.

LONGANON, is, m. Veget. LONGANUM, i, n. Voy. LONGANO.

LUCUS HUMIDUS. Plaut. Le bosquet que l'Amour a soin d'arroser.

LUDERE, EDERE, BIBERE. Hor. Boire, manger, dormir à l'Hébraïque.

LUDERE IN UMBRA VOLUPTATIS. Petr. Se divertir en idée; goûter des plaisirs en imagination; s'arrêter à des voluptés imaginaires. Ou: préluder amoureusement; tâter le clavier amoureux.

LUDERE CUM ALIQUA. Petr. Badiner avec une personne; se jouer avec une belle; se divertir avec quelqu'une155.

[155] Folâtrer, préluder, batifoler.

LUMBI, orum, m. Les reins: le levier d'amour; la puissance motrice et génératrice; la source de la liqueur séminale.

LUPA, ae, f. Cic. Courtisane; fille de joie; personne de commodité.

LUPAL, LUPANAR, is, n. Juv. Lieu de plaisir; maison de commodité; retraite de débauche; bordel.

LUPANARIS, m. f., re, n. Apul. De maison de commodité; de bordel; qui concerne les lieux de plaisir.

LUPANARIUM, ii, n. Ulp. Voy. LUPANAR.

LUPANARIUS, ii, m. Lamprid. Suppôt de bordel; un souteneur; un mangeur de blanc. Ou: coureur d'aiguillette.

LUPOR, ari, dép. Accius. Courir l'aiguillette; rechercher les belles apprivoisées; mordre sur toute bête comme un chien d'amour affamé; en vouloir jusqu'aux chèvres coiffées; ne mépriser pas en amour les restes du genre humain; se plonger dans la débauche des femmes.

LUSIZONOS, i, f. Celle qui a éprouvé ce que vaut un homme; personne qui a fait expérience des talents amoureux d'un galant; fille qui a expérimenté combien un homme peut être utile au sexe156.

[156] Voy. LYZIZONA.

LUSTRO, onis, m. Catull. Chercheur de bonnes fortunes aisées; fureteur de lieux de plaisir; coureur d'aiguillette.

LUSTROR, ari, dép. Plaut. Courir l'aiguillette; fureter les lieux de plaisir; fréquenter les maisons de commodité.

LUSTRUM, i, n. Cic. Lieu de plaisir; maison de commodité; bordel.

LUXURIA, ae, LUXURIES, ei, f. La luxure; la débauche; l'impureté.

... Saevior armis
Luxuria incubuit, victumque ulciscitur orbem.
(Juven.)

Le péché de luxure a son agrément, lorsqu'il n'est pas poussé trop loin.

LYZIZONA, ae, f. Fille devenue femme; celle qui a fait épreuve des bons offices mutuels que les deux sexes peuvent se rendre. Voy. LUSIZONOS.

M

MACROCAULUS, MACROCOLUS, i, m. Piquier dans le régiment de Vénus; lancier en la milice d'Amour; un longue-queue.

MAENADES, dum, f. C'étaient des espèces de prêtresses de Bacchus ou de Priape, qui, dans les fêtes de Cérès, ou de la Bonne Déesse, ou d'Isis, contrefaisaient peut-être ensemble, par chasteté, les mystères de l'amour, comme les philosophes Socratiques les contrefaisaient entre eux, par sagesse. Il résultait de tout cela que de l'imitation on voulait venir à la réalité, et que, sortant des mystères, les Ménades ou les Bacchantes couraient après les hommes, ululabant Priapum, avec une fureur qui écartait tout le monde. Aussi, ne trouvant personne à qui parler, on assure qu'elles sollicitaient les animaux.

MALA, orum, n. Priap. Ce sont les petites pommes de l'arbre de vie. Ève en fut gourmande, et ses descendantes ont conservé le même appétit pour ce fruit. Voy. COLEUS, TESTES.

MAMMA, ae, f. La mamelle; le sein d'une femme; la pomme d'amour. Mamilla est le diminutif; le terme est plus joli, mais la chose vaut mieux dans une belle et juste proportion. Mamilla se prend aussi pour la fraise ou le bouton qui couronne le sein d'une femme. Mamma inclinata: pendard.

MANGO, onis, m. Mart. Un maquignon; un Mercure procureur d'amourettes; intendant de sérail; directeur des menus plaisirs de la cour de Cythère.

MANUS PULLARIA, PROTERVA. Main libertine ou officieuse, qui rend à d'autres le service qu'on peut se rendre à soi-même. La jeune amie d'Ovide ne lui refusait pas cet aimable service:

Hanc etiam mea non est dedignata puella
Leniter admota sollicitare manu.

La main d'une belle femme a produit des miracles, et rajeuni des vieillards dont le cœur toutefois n'était pas mort:

Illius ad tactum Pylius juvenescere possit,
Tithonusque annis fortior esse suis.
(Ovid.)

MARISCA, ae, f. Mart. (Subaud. FICUS). Voy. CHIA157.

[157] Tumeurs au fondement, par l'effet du libertinage contre nature.

MASTRUPATOR, oris, m. Mart. Voy. MASTUPRATOR.

MASTRUPOR, ari, dép. Mart. Voy. MASTUPROR.

MASTRYLLIUM, ii, n. Voy. LUPANAR.

MASTUPRATOR, oris, m. Mart. Assassin d'hommes informes; qui se passe de femme parce qu'il a cinq doigts à chaque main; celui qui se conduit par la main au plaisir; qui trouve une femme dans sa main; qui se joue à soi-même158. (En cas que ce mot soit composé de manus et de stupror: car s'il est fait de mas et de stupror, il signifie un Ganymédiseur; un puériseur; celui qui emploie dans ses plaisirs un sexe pour l'autre; qui métamorphose des garçons en filles; un bougre.)

[158] Un Narcisse, un Hippolyte; tout homme épris des jouissances solitaires: onanisme, et, pour les femmes, nymphomanie.

MASTUPROR, ari, dép. Mart. Assassiner des hommes informes; se passer de femme parce qu'on a cinq doigts à chaque main; trouver une femme dans sa main; se jouer à soi-même; conduire au plaisir par la main (soi ou un autre); clitoriser. Cette signification n'est qu'en cas que ce verbe soit composé de manus et de stupror: car, si on le dérive de mas et de stupror, il signifie Ganymédiser; puériser; métamorphoser des garçons en filles; faire emploi d'un sexe pour l'autre dans ses plaisirs159.

[159] User du Manuel des Solitaires.

MASTURBATOR, oris, m. Mart. Qui devient mari de sa main; ou: qui conduit au plaisir par la main. Voy. MASTUPRATOR.

MASTURBATUS, a, um. Mart. Qui est devenu le mari de sa main; qui a été conduit au plaisir par la main; qui s'est amoureusement chatouillé pour se faire rire; qui s'est joué soi-même; qui a trouvé une femme dans sa main. Ou: clitorisé.

MASTURBO, are, MASTURBOR, ari, dép. Mart. Voy. MASTUPROR.

MATRIMONIUM, ii, n. Honnête concubinage ordonné par des lois et fondé sur des conventions entre hommes et femmes, qui presque toujours s'en repentent. Les Anciens en usaient avec encore plus d'appareil que les Modernes. Ils avaient une multitude de dieux, grands et petits, qui présidaient à toutes les cérémonies du mariage. Quand la fille avait engagé sa foi, les matrones la conduisaient au dieu Priape et la faisaient asseoir sur le membre énorme de ce dieu: là, on ôtait la ceinture de la jeune mariée, et l'on invoquait la déesse Virginensis. Le dieu Subigus soumettait la fille aux transports du mari. Le déesse Prema la contenait sous lui pour l'empêcher de remuer à contre-temps. Enfin la déesse Pertunda, ou Perforatrice, ouvrait à l'homme le sentier de la volupté. Dans les Indes, ce sont les prêtres qui se sont emparés de cette fonction divine. D'autres dieux et déesses présidaient aux travaux de l'enfantement; mais ici il ne s'agit que du plaisir, et non de la peine qui le suit.

MELLINA, ae, f. Plaut. Le cabaret où l'Amour enivre les hommes; le lieu où l'on goûte ses douceurs.

MEMBROSUS, a, um. Priap. Membrosior aequo Priapus: bien fourni de la pièce essentielle au jeu d'amour: puissant plus que l'homme n'a coutume de l'être.

MEMBRUM, i, n. Il y a beaucoup d'épithètes à ce mot. Voy. MENTULA.

MENTULA, ae, f. Mart. Le sceptre d'amour160; le bâton de commandement dans la milice amoureuse; le flambeau de Cupidon; le poisson de Vénus; l'arc-boutant de Nature; le coutre de la charrue d'amour; le serpent tentateur; le pilon du mortier amoureux; la lardoire et le lardon dont fait piquer sa viande Cupidon; le pinceau qui redonne la couleur aux filles; le chalumeau dont l'Amour se sert pour enfler son ballon; le hoyau des jardins de Vénus; le bourdon des pèlerins amoureux; ce qui n'est qu'une ligne droite et fait pourtant les cornes aux cocus; le ciseau des sculpteurs d'amour; le refouloir des canonniers de Vénus; l'aiguillon de la volupté; le prototype des chevilles; la clef du cabinet de la mère d'Amour; l'instrument que l'Amour emploie à faire un étui pour les âmes; la quille, le mât et le gouvernail des vaisseaux amoureux; la lame que Vénus aime bien au fourreau; le hochet des amours; le plongeon de Vénus; le battant de la cloche amoureuse161.

[160] Ce sceptre amoureux a plus d'une fois procuré le trône à des mortels favorisés de la Nature:

Imperium nobis mentula sola dedit.
(Priap.)

[161] La plume de l'Amour.

Voici les synonymes Latins de cette partie essentielle: Pars obscena, pars tegenda, tenta, penis, telum, columna, trabs, palus, contus pedalis, fascinum pedale, coleata cuspis, sceptrum, seminale membrum, ventris arma, vena tenta, hasta, Priapus, anguis, thyrsus, pensilia, peculium, muto, nota virilis, virilis nervus, mutinus, verpa, inguen, taurus, glans, babalum, psoleon, pyramis, clavus Cupidinis, vir, sica, sicula vel parva sica, cauda turgens, aluta, pipinna, iota longum.

MENTULATUS, a, um. Plaut. Qui est pourvu d'un grand persuasif en amour; qui est avantageusement partagé en faveur des dames; qui est bien fourni, doué par la Nature de magnifiques talents pour le service des belles; qui a de quoi servir le sexe à bouche que veux-tu; qui a une ample garniture amoureuse; que Nature a libéralement fourni à l'usage des dames, bien entalenté pour le sexe.

MERENDUM (AD) A LENONE COGI. A. Gell. Être forcé par un marchand d'esclaves à s'attirer les caresses du public par sa complaisance.

MERETRICATIO, onis, f. Voy. MERETRICIUM.

MERETRICIE, adv. Plaut. En courtisane; en coquette outrée; à la manière des filles de joie; d'un air de garce; en putain.

MERETRICIUM, ii, n. Suet. Coquetterie outrée; profession de courtisane; métier de fille de joie.

MERETRICIUS, a, um. Cic. De coquette outrée; de fille de joie; de courtisane; de fille de commodité; de putain.

MERETRICOR, ari, dép. Colum. Fréquenter les maisons de commodité; hanter les lieux de plaisir.

MERETRICULA, ae, f. Cic. Diminutif de MERETRIX.

MERETRIX, icis, f. Coquette outrée; courtisane; fille de commodité; fille commode; fille de joie; garce; putain; débauchée; fille d'amour162.

[162] Synonymes: alicaria, diobolaris, elecebra, schoenicula, scortum.

MERITORIUS PUER. Cic. Jeune mignon qu'on entretient dans la vue de s'en servir à sa fantaisie; un Ganymède.

MERITORIA TABERNA. Suet. Maison de commodité.

MERITORIA SCORTA. Suet. Personnes qui s'attirent les bonnes grâces par des complaisances sans réserve.

MOBILIS, m. f., e, n. Cet adjectif est pris dans un sens assez lubrique par Ovide au second livre des Amours, où il parle du mérite des femmes et soutient que celle dont la démarche est hardie, agaçante, doit procurer sur un lit la plus voluptueuse agitation:

Sive procax aliqua est, capior, quia rustica non est,
Spemque dat in molli mobilis esse thoro.

MOECHA, ae, f. Femme mariée qui se livre aux désirs de tous les hommes qui lui font la cour; femme adultère; impudique, infidèle.

MOECHISSO, are. Entretenir un commerce adultère; pondre dans le nid d'autrui; cocufier son voisin, son ami, son parent.

MOECHOCINAEDUS, i, m. Lucil. Le mignon du mari et de la femme; celui qui rend à la femme ce que lui prête le mari; celui qui souffre du mari les caresses qu'il fait à la femme.

MOECHOR, ari, dép. Violer le lit nuptial; déchirer le contrat de mariage.

MOECHUS, i, m. Mari débauché, qui porte à la femme d'autrui ce qui n'appartient qu'à la sienne; adultère.

Fundum alienum arat: incultum familiarem deserit.
(Plaut.)

Semitarii moechi: libertins, coureurs de filles dans les carrefours et les places publiques.

MOLLES MARES. Hommes efféminés qui se prostituent à d'autres hommes; Ganymèdes, etc. Le synonyme de mollis serait le mot facilis. Voy. PATHICUS.

MOLO, is, ere. Petr. Moudre amoureusement163.

[163] Molitur per utramque cavernam: moudre à tout vent; ne refuser aucune proposition; entreprendre en tout sens. Molitor, dans Ausone, se distingue de moechus et adulter.

MONETA, ae, f. Le lieu où se frappe la monnaie d'amour; la pièce avec laquelle les femmes se font battre monnaie.

MORARI GAUDIA, vel sustinere sese in gaudiis. Ovid. Suspendre, arrêter, prolonger le plaisir et la volupté d'une jouissance. C'est un talent heureux, et auquel les amants délicats et bien constitués savent se livrer. Ovide prétend qu'il faut avoir sept lustres, ou trente-cinq ans, pour bien savourer le plaisir des sens; mais cela dépend d'une constitution plus ou moins forte.

MORDERE LABELLA. Catull. Sorte de caresse amoureuse imitée des oiseaux, qui se mordent bec en bec dans leurs transports érotiques. La marque qui reste quelquefois de cette morsure ne fait pas plaisir aux dames.

MORIGERARI ORE ALICUI. Suet. Livrer sa bouche aux plaisirs de quelqu'un; accommoder quelqu'un de sa bouche164.

[164] Tacere, pris obscènement, veut dire la même chose.

MORIGERARI SIBI CUM ALIQUA. Plaut. Se divertir avec une belle; se donner du plaisir avec une personne; se satisfaire avec quelque belle; trouver une personne complaisante à tout ce qu'on veut d'elle; ne se refuser rien auprès d'une personne.

MORSIUNCULA, ae, f. Voy. NOTA MEMOR.

MOTUS IONICI. Mouvements gracieux perfectionnés par les filles d'Ionie:

Motus doceri gaudet Ionicos
Matura virgo, et fingitur artubus.
(Horat., od. 6, l. III.)

MUGILIS, is, m. Muge ou mulet: c'est un poisson vorace que l'on appliquait, à Athènes, au fondement d'un homme surpris en adultère. Ce genre de supplice devait être cruel, en raison de la force de l'animal. On épilait aussi le derrière de ces criminels avec de la cendre chaude, ou on leur enfonçait un raifort dans le fondement. La jalousie conjugale a inventé tous ces supplices, dont il est parlé dans Catulle et Juvénal.

MULIEBRIA, ium, n. Quintil. Ce que les dames aiment à souffrir165.

[165] Le plaisir des dames.

MULIEBRIA PASSUS A CENTURIONE ADOLESCENS. Quintil. Jeune garçon qui a souffert qu'un capitaine l'enrôlât au nombre des femmes.

MULIEBRIA, ium, n. La principale, et peut-être l'unique chose qui fait considérer les femmes dans le monde166.

[166] La distinction spécifique du sexe.

MULIEBRE BELLUM GERERE. Cic. Combattre une aimable ennemie; faire la douce guerre.

MULIERO, are. Varr. Employer en guise de femme: faire servir de femme; métamorphoser en femme.

MUSAEUS, i, m. Auteur de livres lubriques. Voy. ELEPHANTIS.

MUTINUS, i, m. Le dieu Priape, ou son arme.

MUTO, onis, m. Hor. Le membre par excellence.

MUTONIATUS, a, um. Mart. Voy. MENTULATUS.

MUTONIUM, ii, n. Le coin des charpentiers naturels.

MUTONUS, MUTUNUS, i, m. Solin. Voy. MUTINUS167.

[167] Mutona verba: paroles obscènes en usage parmi les libertins.

MYSTAE, arum, m. Les prêtres de Priape et de Bacchus. On peut voir par là combien leur ministère était utile et respectable. Les prêtres ont été partout les ministres de la débauche et du mensonge.

N

NASUTUS BENE, vel bene mentulatus. Bien fourni d'un instrument qui fait plaisir aux dames; bien savant dans l'art de la luxure.

NATES MOVERE. Remuer les fesses: mouvement très naturel pendant la durée du plaisir amoureux. Pastas glande nates habere: se livrer au plaisir contre nature.

NATURA, ae, f. Se prend pour les parties naturelles des femmes comme des hommes.

NECESSARIA, ae, f. Cic. Amie intime; bonne amie; personne qui est de moitié dans nos plaisirs.

NEQUITIA, ae, f. Petites folies amoureuses; badinages lascifs; débauche; vie déréglée; fredaines de la jeunesse. Martial prétend que les habitants de l'Égypte les connaissaient mieux que les autres peuples du monde. Juvénal les appelle lasciviam et improbitatem Veneream.

NOLANI ORE MORIGERANTES. Fantaisie en amour à laquelle les habitants de Nole étaient fort adonnés. Voy. les mots ILLUDERE FOEMINARUM CAPITIBUS, et ORE MORIGERARI. Les Osques et les habitants de la campagne de Rome connaissaient ce genre de volupté. Les Florentins en ont un autre, et rendent aux femmes avec la langue le plaisir que celles-ci cherchent à donner aux hommes avec la bouche. Ces sortes de voluptés servent à diversifier une action qui deviendrait fastidieuse par son uniformité.

NOTA MEMOR. Hor. Suçon amoureux.

NOTA VIRILIS. Caractère spécifique du sexe masculin.

NUPTIAE TURPES, SPONSAE TURPES. Juv. Mariage d'un homme avec un homme. Les Romains avaient poussé jusque-là le dérèglement des passions. Rome et Sodome depuis longtemps sont synonymes. En outre, les Romains couchaient sans scrupule avec de jeunes esclaves fruits de leurs amours: cela s'appelait injustae nuptiae et illegitimae.

O

OBSCENA, orum, n. Tout ce qui est contre la pudeur et l'honnêteté des mœurs est obscène et bon à cacher. Obscena pars, la partie obscène et que les dames ne voient pas sans rougir.

OFFENDERE BUCCAM. La même chose que ORI ILLUDERE, MORIGERARI.

OFFICIUM, ii, n. Cic. Ce que l'on appelle le devoir, le bon office amoureux168.

[168] Ovide ne veut pas que l'on fasse par devoir ce qu'on peut faire par plaisir: à la bonne heure pour les maris!

OPUS JUVENILE. Travail d'amour, dont on se charge volontiers quand on est jeune. Voy. CONCUBITUS. Opus dulce (Ovid.): la douce affaire, l'occupation la plus gracieuse de la vie.

ORTHOPHALLICUS, a, um. Varr. Qui se tient droit comme un Priape de noce.

ORTHOPHALLUS, i, m. Priape en belle humeur; un Priape de noce.

OS, oris, n. La bouche. Elle ne devient obscène que par l'abus qu'on en fait en la prêtant aux plaisirs de l'amour. Voy. MORIGERARI ORE. Martial prétend qu'avec la bouche on ressuscite le physique d'un homme usé par la jouissance ordinaire:

Quid miseros frustra cunnos culosque lacessis?
Summa petas: illic mentula vivit anus.

OSCULUM, i, n. Petite bouche qui donne grand appétit; préliminaire du jeu d'amour; charmant badinage; baiser: le plus innocent, le plus aimable des plaisirs amoureux. Oscula delibare, dare, adfigere alicui: donner et prendre des baisers; cueillir des baisers sur une bouche vermeille. Jungere salivas oris: s'embrasser étroitement.

Oscula cognosco cupidae; luctantia linguae,

dit Ovide; et c'était un grand maître, à qui tous les jeux d'amour étaient si bien connus, qu'il en a pu donner la leçon à qui voudrait en profiter.

P

PAEDERASTES, ae, m. Pédéraste; puériseur; qui aime à caresser les jeunes garçons169.

[169] Sodomite.

PAEDERASTIA, ae, f. Pédérastie; amour désordonné pour les jeunes garçons; l'art subtil des Italiens170.

[170] Et des Grecs.

PAEDEROS, otis, m. Voy. PAEDICO.

PAEDICATIO, onis. Voy. PAEDERASTIA.

PAEDICATOR, oris, m. Suet., PAEDICO, onis, m. Catull. Pédéraste; puériseur; qui aime à caresser désordonnément les jeunes garçons; qui exerce l'art subtil des Italiens; Gomorrhiste, bougre, Ganymédiseur171.

[171] Jupiter est le premier qui ait eu cette fantaisie à la cour céleste, et Laïus, père d'Œdipe, l'a fait connaître sur terre. Il enleva Chrysippe, fils de Pélops, à l'imitation de Jupiter, qui avait fait enlever Ganymède; et le mauvais exemple a été imité par toute la terre.

PAEDICO, are. Mart. Puériser; exercer l'art subtil; Ganymédiser172.

[172] Faire l'amour à la Grecque. Il existe un distique Latin composé par un ancien poète, où, dans les premières syllabes des quatre noms propres qu'il contient, se trouve le mot pedicare écrit par l'e simple:

Penelopes primam Didonis prima sequatur,
Et primam Cani syllaba prima Remi.

Voici un autre rébus Latin faisant allusion au même mot:

Quum loquor, una mihi peccatur littera, nam T
P dico semper; blaesaque lingua mihi est.

PAEDISCA, ae, f. Servante qu'on emploie à tout; une domestique dont on fait litière; servante caressée par son maître173.

[173] Par conséquent, servante maîtresse.

PAEDISCIUM, ii, n. Voy. LUPANAR.

PAEDOMANES, is, m. Éperdument porté à l'amour des jeunes garçons; qui aime les jeunes garçons à la folie.

PAEDOMANIA, ae, f. Amour désordonné pour les jeunes garçons.

PAEDOPHTHORIA, ae, f. Corruption de jeunes garçons.

PAEDOPHTHORUS, i, m. Qui débauche les jeunes garçons; corrupteur de jeunesse; puériseur.

PAEDOPOEIA, ae, f. Génération des enfants.

PAEDOPOEUS, i, m. Qui fait des enfants.

PAEDURGIA, ae, f. Le travail qui fait des enfants; l'exercice de la génération; la manière de faire des enfants.

PAEDURGUS, a, um. Qui travaille à faire des enfants; qui s'exerce à la génération; qui fait des enfants174.

[174] Qui s'occupe de sa postérité.

PALAESTRA, ae, f. Cic. Magasin de pourvoyeur d'amour; lieu de plaisir; maison de commodité: académie d'Amour; collège de Vénus175.

[175] Gymnase ou lieu d'exercice pour le libertinage.

PALAESTRICA, ae, f. Petr. Femme qui donne des leçons de lutte; celle qui forme aux exercices du corps et de l'esprit les personnes qu'elle veut rendre agréables; maîtresse d'académie galante.

PALPATIO, onis, f. Plaut. Patinage; patinement176.

[176] Maniement.

PALPATOR, oris, m. Plaut.; PALPO, onis, m. Pers. Patineur.

PALPATUS, a, um. Patiné177.

[177] Touché, manié.

PALPO, are. Juv.; PALPOR, ari, dép. Hor. Patiner178.

[178] Manier, toucher.

PALPARI MULIERI. Plaut. Caresser une femme. Ou: Sonder le cœur d'une femme.

PALUS RUBER. Un pieu; un pal plus humain que ceux dont on se sert en Turquie. C'est un instrument dont le dieu des jardins est toujours armé. Voy. MENTULA.

PANNUCEA MENTULA. Hochet dont les jeunes filles ne peuvent plus faire usage; instrument hors de service, flétri, ridé.

PAPILLA, ae, f. Le mamelon; la fraise qui termine le sein d'une femme; les mamelles. Carpere papillas, cueillir les pommes d'amour; mettre la main sous le mouchoir des belles.

Forma papillarum quam fuit apta premi!
(Ovid.)

PARATUS, a, um. Prêt à faire plaisir aux dames.

PARCERE LATERI. Juv. Faire le paresseux; dormir auprès d'une femme, au lieu de s'occuper à lui faire plaisir.

PATENS, tis, omn. gen. Ouvert. En amour il ne faut pas être trop ouvert.

PATHICUS, i, m. Juv.; PATHICUS, a, um. Juv. Qui souffre qu'on le Ganymédise; qu'on emploie à l'office amoureux de Ganymède179.

[179] Synonymes: mollis, facilis. Sénèque nous apprend qu'on connaissait un homme de cette espèce à la manière dont il se grattait la tête: uno digito scalpit caput était passé en proverbe à cet égard.

PATHICA PUELLA. Priap. Jeune fille qu'on Ganymédise; une jeune enfant qu'on fait servir de Ganymède; fille dont on se sert comme d'un jeune garçon qu'on emploie pour une fille.

PATHICISSIMUS, a, um. Mart. Qui se souffre employer à tout ce que peut demander une passion déréglée.

PATIENTIAE MULIEBRIS LEGEM ACCIPERE. Petr. Supporter les fatigues où le beau sexe s'expose lorsqu'il entre dans la milice amoureuse.

PATI CONCUBITUS. Ovid. Souffrir les caresses du lit180.

[180] Ne pas repousser le plaisir. Pathicus en dérive.

PATI TANGI. Ovid. Se laisser patiner; se souffrir manier; vouloir bien être tâtonnée.

PATRANS, tis, omn. gen. Pers. Qui fait ce qu'on appelle faire; qui travaille à l'ouvrage naturel; qui fait l'action.

PATRANS OCELLUS. Pers. Un œil mourant de plaisir.

PATRATIO, onis, f. Cornut. L'accomplissement de ce qu'on appelle l'action; le travail amoureux; l'exercice de Vénus.

PATRATOR, oris, m. Tac. Un faiseur; un artiste amoureux.

PATRO, are. Sall. Ce qu'on appelle faire; se mettre à l'ouvrage naturel; s'exercer au travail amoureux; faire l'action.

PECULIO, are. Entrer au petit magasin d'amour; jouir amoureusement.

PECULIUM, ii, n. Petr. Le magasin d'amour et sa marchandise.

PECULIUM PROLATUM. Petr. Marchandise amoureuse étalée.

PECULII MAJORIS HOMINES. Lampr. Les hommes les mieux fournis; les substituts de Priape.

PELLEX, icis, f. Fille commode; concubine; femme entretenue; femme galante dont la physionomie et les grâces attirent les hommes.

PELLICATUS, us, m. Concubinage.

PENIS, is, m. Cic. La queue des animaux, tant raisonnables qu'irraisonnables181.

[181] Le battant de la cloche d'amour. Voy. MENTULA. Agere inter viscera penem. Juv. S'amuser au jeu contre nature.

PENI DEDITI ADOLESCENTES. Cic. Jeunes gens qui s'en prennent à eux-mêmes quand la passion les presse182.

[182] Disciples de Narcisse et d'Hippolyte.

PENSILIA, ium, n. Priap. Le paquet d'amour; l'aiguille et les contrepoids de l'horloge amoureuse183.

[183] Les trois pendards masculins; les trois pièces.

PERAGERE VIRUM AUT MULIEREM. Jouir d'un homme ou d'une femme; se prêter aux désirs amoureux.

PERCIDO, ere; PERCISUS, a, um; PRAECIDO, ere; & PRAECISUS. C'est à peu près la même signification que perforare, mais il s'applique aux hommes plutôt qu'aux femmes. Puer percisus, virgo perforata, sont deux individus violés, chez qui l'on est entré de force.

PERDEPSO, is, ere. Catull. Pétrir vigoureusement dans le pétrin naturel.

PERDUCO, ere. Conduire une femme contre sa volonté chez un amateur; la tromper; la produire contre son intention.

PERDUCTATIO, onis, f. Maquerellage.

PERDUCTATOR, oris, m. Voy. PERDUCTOR.

PERDUCTO, are. Plaut. Maquereller.

PERDUCTOR, oris, m. Cic. Courtier d'amour; pourvoyeur de Vénus; maquignon de plaisirs; appareilleur de cœurs; conciliateur de volontés amoureuses.

PERFICIO, is, ere. Jul. Cap. Achever une besogne qu'on voudrait toujours recommencer.

PERFORO, are. Entrer de force; faire un trou plus grand qu'il n'était; dépuceler; jouir amoureusement. Le dieu des jardins menaçait les voleurs de tout sexe de leur faire subir cette peine: aussi était-il souvent volé.

PERIRE MULIEREM. Ces deux mots sont marqués dans le Dictionnaire de Danet pour être de Plaute. Ils n'en sont pas; mais ils se trouvent dans le premier vers de l'argument acrostiche du Truculentus de Plaute. Ces arguments acrostiches des comédies de Plaute sont ordinairement attribués à Priscien, qui aurait fait une faute dans cette construction, s'il avait entendu se servir de perire dans le sens ordinaire. Il a prétendu rire, et, pour cadrer à son jeu, il a fait un verbe de per et de ire, aller au travers: pour peu qu'on y ait été en sa vie, on entendra bien ce que signifie perire mulierem184.

[184] Traverser le beau sexe. Voy. PERAGERE.

PERMOLENDUS, a, um. Plaut. A qui il faut faire broyer le vermillon de Vénus.

PERMOLITOR, oris, m. Plaut. Qui moud et fait moudre amoureusement sous soi.

PERMOLO, is, ere. Hor. Moudre et faire moudre amoureusement sous soi; broyer le vermillon de Vénus185.

[185] Permolere uxores alienas: caresser la femme d'autrui; pondre dans un nid qui n'est pas le sien; ensemencer un champ que d'autres labourent.

PERPELLO, ere. Ter. Faire tomber à la renverse sans risque de blessure186.

[186] Sur le dos, et comme il faut que tombe toute fille.

PERPULIT MIHI PUDICITIAM PRIMUS. Plaut. Il m'a dépucelée; il a eu mon pucelage; il a eu ma fleur; il est le premier qui m'ait entamée.

PERTUNDA, ae. La déesse qui présidait à l'attaque d'un pucelage; la présidente au premier assaut nuptial187.

[187] Pertundere tunicam tentigine: sentir l'aiguillon d'amour.

PHALLAGOGIA, orum, n. Les fêtes de Bacchus et de Priape.

PHALLICA, orum, n. Les mystères de Bacchus et de Priape.

PHALLICUS, a, um. Qui concerne le laboureur du champ de Nature; ou: qui concerne le symbole de la fécondité de la Nature.

PHALLICUM CARMEN. Hymne, poème, chanson à la louange de l'instrument de la vie animale, qu'on chantait aux processions en l'honneur de Bacchus, de Priape ou d'Osiris.

PHALLOPHORI, orum, m. Cic. Ceux qui portaient la représentation du dieu Priape, ou du laboureur naturel, à la procession des fêtes d'Osiris en Égypte, et à celle des fêtes de Bacchus et de Priape à Athènes; ou: ceux qui portaient ce symbole de fécondité pendu au col dans le temps de la célébration de ces fêtes188.

[188] Les chevaliers de l'ordre de Cupidon. On trouvera dans Apulée le détail de ces fêtes et de ces cérémonies obscènes dont les prêtres Phallophores avaient la direction.

PHALLOPHORIA, orum, n. Procession en Égypte aux fêtes d'Osiris, et à Athènes aux fêtes de Bacchus et de Priape, où le symbole de la fécondité naturelle était porté en pompe au bout d'un bâton.

PHALLOPOTES, ae, m. f. Jul. Cap. Qui boit dans un Priape de verre, ou d'autre matière189.

[189] On a vu plus haut que les Anciens avaient des pains de même figure.

PHALLOVITROBOLUS, i, m. Jul. Cap. Priape de verre qui sert de tasse.

PHALLUS, i, m. Figure du laboureur naturel, faite de bois de figuier, que portaient pendue au col ceux et celles qui célébraient en Égypte les fêtes d'Osiris, et à Athènes celles de Bacchus et de Priape, et qu'on portait aussi en pompe au bout d'un bâton aux processions qui se faisaient alors190.

[190] Le Phallus est encore adoré chez les Chrétiens par beaucoup de filles recluses, de vierges timides et de veuves qui craignent les suites des plaisirs amoureux. Le pessaire, le godemiché et le Phallus des Anciens ne font qu'un.

PHICIDISSO, are. Suet. Employer de jeunes chiens à lécher les testicules. Ce mot vient du Grec.

PHOENICISSO, are. L'une des hérésies des libertins. V. le mot LIGURIRE NATURAM MULIEBREM, et celui DEMITTERE CAPUT; c'est la même chose que Lesbiare. Les Phéniciens différaient des Lesbiens, en ce que les premiers se rougissaient les lèvres pour mieux imiter l'entrée du sanctuaire de l'amour: les Lesbiens, au contraire, n'y mettaient d'autre fard que l'empreinte des libations amoureuses qui les rendaient blanches: demisso labra notata sero (Catull.). Chaque peuple et chaque individu a son goût favori en amour, et il n'y a rien dont un homme usé de débauche ne s'avise pour ranimer la langueur de ses sens. Mais autant de tentatives de ce genre, autant de pas faits vers la mort, ou l'imbécillité, qui est un état plus affreux.

PHORMISIUM, ii, n. Voy. CUNNUS.

PHYSSIONUS, a, um. Pour qui la Nature a été prodigue, ou avare, selon les besoins qu'en ont les deux sexes dans les plaisirs mutuels.

PIPINNA, ae, f. Joli diminutif d'un nom qui ne manque pas de synonymes. Nous avons en Français le même nom, à peu de chose près. Voy. MENTULA.

PODEX, icis, m. C'est le contraire de cunnus; mais il y a des gens qui se plaisent à rapprocher les contraires, et pour qui tout est bon, lorsqu'ils sont tourmentés du désir charnel. Une chose singulière, c'est que chaque homme tient à la partie qu'il préfère avec beaucoup d'obstination, et qu'il est presque impossible de convertir un hérétique en amour. Synonyme: luteum symplegadis antrum.

POLLA, ae, f. Mart. Il paraît que les commentateurs et les lexicographes Latins n'ont pas connu la signification de ce mot, qui doit avoir de l'analogie avec MENTULA.

POLLUO, ere. Tacher son linge ou celui d'autrui; tuer des hommes avant leur naissance; tromper la nature; abuser de sa main, de ses doigts, ou de la bouche de quelques gens commodes; céder trop vite à ses désirs; y succomber trop tôt.

POLYGITON, onis, m. Archibougre; archilibertin; dictateur en crapule, en Sodomie.

POMUM, i, n. Voy. COLEUS.

PONDUS, eris, n. Hor. Le poids de la virilité; le paquet d'amour191.

[191] Voy. PENSILIA, JUDAEUM PONDUS.

POPPYSMA CUNNI. Le cliquetis des armes de Cupidon, lorsque le dard remue dans le fourreau naturel. C'est, pour la bouche, le sifflement du baiser, le bruit qu'on entend quand deux amants s'embrassent bien tendrement.

PORCA, ae, f. Varr. Le conin des petites filles (parce que c'est une victime digne d'être immolée par celui qui aime, de même que les nouveaux mariés immolaient un porc, et ceux qui concluaient une paix immolaient une truie).

POSTICA PRAELIA. Combat Socratique, pendant lequel les combattants ne se regardent jamais en face.

POTIOR, iri, dép. Jouir. C'est en amour le bien suprême et la source du bonheur.

POTUS, i, m. Virg. Catamite; Ganymède; bardache.

PRAEBERE SE. Accorder ses faveurs; se livrer; consentir aux désirs de quelqu'un. Voy. DO.

PRAECIDO, ere. Mart. Voy. PAEDICO.

PRAECISUS, a, um. Sen. Voy. PATHICUS.

PRAEMIA COXAE TOLERE. Remporter le prix de la lubricité.

PRAEPUTIO, are. Jouer du prépuce. Ou: se jouer du prépuce.

PRAEPUTIUM, ii, n. Juv. Prépuce: la barrette de Priape; le capuce du dieu des jardins; le bonnet du laboureur naturel.

PRAEPUTIA DUCERE. Juv. Jouer du prépuce; se conduire au plaisir par la main; s'en prendre à soi-même pour apaiser son ardeur. Ou: se jouer du prépuce; conduire au plaisir par la main; coiffer et décoiffer Priape de moment en moment192.

[192] M. Dussaulx dit que c'est amortir ses désirs impatients.

PREMA, ae, f. Une des divinités du lit nuptial qui présidait aux saccades amoureuses; la déesse qui avait l'intendance sur l'ouvrage des foulons amoureux; la déesse de Bourre-fort.

PREMO, ere. Fouler amoureusement.

PRIAPISCUS, a, um. Fait en manière de Priape.

PRIAPISCUS, i, m. Le refouloir des tribades: un clitoris démesuré.

PRIAPISMUS, i, m. Priapisme: maladie qui cause une tension douloureuse et continuelle du membre génital.

PRIAPOLITHUS, i, m. Sorte de caillou blanchâtre formé par la Nature en figure de Priape, et dont le canal est représenté par une veine de cristal très pur. Quelquefois on le trouve aussi garni de ses contre-poids. Il y en a de droits, de courbés, et d'autres qui paraissent comme rongés par des chancres; le gland y est marqué. Ces sortes de cailloux se trouvent, dit Borel, près de Castres en Albigeois. Il y en a aussi d'autres qui ont la figure du jardin de nature animale193.

[193] Une plante, dont j'ai oublié le nom, a la même forme. Ce sont des jeux de la Nature, qui n'ont aucun mérite en comparaison de l'original.

PRIAPUS, i, m. Ovid. Priape, le dieu des jardins naturels et artificiels. Ou (Juven.): le laboureur naturel; le membre par excellence194.

[194] Le dépuceleur banal; le fléau des pucelages. Voici ses synonymes: Ruber hortorum deus, rigidus deus, salax deus, ithyphallus, triphallus, ligneus hortorum custos, rari nemoris custos. Ululare Priapum: invoquer Priape.

PRIAPUS VITREUS. Verre à boire représentant la forme d'un Priape.

PROCAX FASCINUM. Un bel échantillon de virilité.

PRODUCO, ere. Produire dans le monde; annoncer une jeune fille que l'on veut livrer pour de l'argent aux désirs des amateurs. C'est un synonyme de PROSTITUERE.

PROPUDIUM FISSILE. La partie soi-disant honteuse des dames: car, plus cette partie est jolie, moins elle doit craindre la honte. Propudium de viris dicitur, libidines de foeminis (Plaut.): un adjectif ajouté à un nom détermine son application à l'un ou l'autre sexe; l'adjectif fissile, joint à propudium, fait ici connaître qu'il s'agit d'un instrument féminin.

PROSTERNO, ere. Catull. Prostituer; abandonner à tous venants; faire litière.

PROSTERNERE SORORES EXOLETIS SUIS. Suet. Prostituer ses sœurs à ses mignons195.

[195] C'est un joli métier, digne des empereurs Romains et des gens de Cour, qui sacrifient tout à la fortune.

PROSTIBILIS, m. f. le, n. is, gén. Plaut. Prostitué; abandonné à tous venants.

PROSTIBULA, ae, f. Plaut. Prostituée; abandonnée à tous venants.

PROSTIBULATUS, a, um. Prostitué.

PROSTIBULUM, i, n. Plaut. Lieu de prostitution. Ou: voy. PROSTIBULA196.

[196] Prostibula, mis comme pluriel de prostibulum, signifie la même chose, mais en collection. Voy. LUPANAR.

PROSTIBULUS, a, um. Prostitué.

PROSTITUERE SE TOTO CORPORE. Catull. Abandonner son corps à toutes sortes de lubricités; se livrer tout entier à la prostitution.

PROSTITUTA, ae, f. Sen. Prostituée; abandonnée à tous venants.

PROSTITUTUS, a, um. Plin. Prostitué; abandonné à tous.

PROSTO, are. Juv. Se prostituer; s'abandonner à tous venants; être toujours prêt à être mis en œuvre; être prostitué; être abandonné à tous197.

[197]

... Nam quo non prostat foemina templo?
(Juven.)

Voy. PROSTERNO, PROSTITUERE SE. Le stare in carcere fornicis de Juvénal exprime la même chose.

PROSTARE IN LOCIS OCCULTIS. Plaut. S'exposer à tous venants en des lieux secrets.

PROSTRATUS, a, um. Suet. Prostitué, abandonné à tous; exposé au premier venu.

PROSTRATA REGI PUDICITIA. Suet. Pudicité prostituée au roi198.

[198] Sacrifiée au rang.

PROSTRO, are. Voy. PROSTITUO.

PRURIGO, inis, f.; PRURITUS, us, m. Sensation délicieuse et parfois gênante, selon les tempéraments; chatouillement; érection.

PRURIO, ire. Chatouiller; exciter au jeu d'amour.

PSOLE, es, f. Voy. MENTULA.

PSOTION, onis, m.; PSOTOENTA, ae, m. Priap. L'architecte du genre humain. Ce mot vient du Grec.

PTERYGOMATA, um, n. Les lèvres de la bouche perpendiculaire; les bords du bassin amoureux. Ou: les nymphes; les dames des eaux du palais de Vénus; les ailes, les ailerons que l'Amour applique quelquefois à son caducée.

PUBERALE, is, n. Le mont de Vénus; la motte; le pénil.

PUBES, is, f. Cic. Le poil qui couvre le mont de Vénus199. Ou (Virg.): Voy. CUNNUS.

[199] Ou qui se trouve à l'origine des parties génératives de l'homme.

PUBES, eris, omn. gen. Cic. A qui le poil follet commence à couvrir le mont de Vénus; qui entre en puberté.

PUBIS, is, f. Prud. Voy. PUBES.

PUDENDA, orum, n. Les parties de la pudeur200.

[200] C'est un terme d'anatomie.

PUDENDAGRA, ae, f. La vérole, le mal de Naples; ou: chancre aux parties de la génération, etc.; maladie qui rend véritablement honteuses les parties qu'elle attaque.

PUDENDUM, i, n. La partie de la pudeur201.

[201] Celle que l'on cache pour en doubler le prix lorsqu'on la montre.

PUDOR, oris, m. La pudeur, le fard du beau sexe. Pudorem pellere, vel ponere: oublier la pudeur. Il n'y a rien de plus agréable pour un homme, que de causer cet oubli pour quelques instants. Elle revient chez certaines femmes, mais il y en a qui s'en privent, par goût: ce ne sont pas les plus aimables.

PUELLA EXPERTA VIRUM. Hor. Fille qui a éprouvé ce que vaut un homme en amour; belle qui a goûté des fruits de l'amour202.

[202] Qui sait à quoi s'en tenir sur les mystères de la nature. Puella procax (Ovid.): fille agaçante, et dont l'aimable vivacité excite le désir du combat amoureux.

PUELLASCO, ere. Varr. S'efféminer; prendre des airs de fille; contrefaire la fillette; imiter les jeunes filles; faire la poulette; faire la mignarde, la pouponne; se mignarder203.

[203] Quod non solum innubae fiunt communes, sed etiam veteres puellascunt, et multi pueri puellascunt (Fragmentum ex M. T. Varrone).

PUELLITOR, ari, dép. Laber. Clitoriser; jouer du clitoris; badiner au clitoris; folâtrer du bout du doigt avec une jeune fille; chatouiller au bel endroit; jouer du bout du doigt à la manière des jeunes filles.

PUER, i, m. Mart. Un jeune mignon; un Ganymède204.

[204] Les jeunes esclaves mâles avaient souvent, chez les Anciens, le bonheur de plaire à leurs maîtres par cette sorte de complaisance. Les Grecs et les Romains menaient de front l'amour de la femme et de l'homme; et ceux-ci avaient souvent la préférence sur les femmes, quoique, pour plaire à leurs amants ou à leurs maris, elles se prêtassent souvent à leurs sales fantaisies.

Divisit Natura mares: pars una puellis,
Una viris genita est...

dit Martial. Je ne crois pas que Buffon, qui a mieux étudié que lui la nature humaine, ait été de cet avis.

Pusio est synonyme de puer. Lisez le no VI dans les Monuments de la vie privée des Césars, pages 21 à 24.

PUERA, ae, f. Fille qui oublie son sexe et qui sert de Ganymède.

PUERARIUS, ii, Voy. PAEDICO.

PULLARIA, ae, f. Plaut. Main qui patine, qui farfouille205.

[205] Qui chiffonne.

PULLARIAM FACERE. Petr. Patiner; farfouiller.

PULLARIUS, ii, PULLIPREMO, onis, Voy. PAEDICO.

PULLUS, i, m. Fest. Mignon; Ganymède; bardache206.

[206] Mon poulet: c'est le nom que l'on donnait à son mignon.

PUSIO, onis, m. Jeune garçon; jeune esclave mâle réservé pour la couche du maître. Voy. PUER.

PUTA, ae, f. Hor. La conque amoureuse207.

[207] Virgile a dit putus pour désigner un Giton.

PUTILLA, ae, f. Hor. Un conichon; un conin; une coniche.

PUTILLUS, i, m. Plaut. Une courte; une guigi; une margot; une gotte.

PYGAE, arum, f.; NATES, ium, f.; CLUNES, ium, f. Ce sont trois synonymes pour dire la même chose. En Français: les fesses, ou les coussins d'amour.

PYGIACA SACRA. Petr. PYGIACA, orum, n. Le combat des fesses. Ou: les fêtes de Vénus antistrophe; ou: ses mystères postérieurs; l'exercice de l'art subtil.

PYGISMA, tis, n. Voy. PAEDICATIO.

PYGISTA, ae, m; PYGISTES, ae, m. Voy. PAEDICO.

PYRAMIS TENTA LIBIDINOSA NERVOS. La pique d'amour dans toute sa raideur.

PYTISMA, tis, n. Juv. Onction avec du crachat pour faire couler; liniment avec du crachat pour faire glisser; enduit de crachat pour faciliter l'introduction208.

[208] Chez les jeunes filles trop étroites. Les femmes cessent trop tôt d'avoir besoin de ce liniment.

Q

QUADRUPUS, odis, m. f. L'androgyne; le genre humain faisant la bête à quatre pieds, la bête à deux dos.

R

RADIUS, ii, m. Le rayon de la géométrie d'amour.

RAMUS, i, m. Le rameau pacificateur entre mari et femme, entre amant et maîtresse; l'arbre de vie. Voy. HASTA, MENTULA. Ausone, dans son Cento nuptialis, a plaisamment parodié le vers de Virgile en disant de l'époux prêt à livrer le premier assaut: aperit ramum qui veste latebat.

REN, renis, m. Auson. Il prend les reins pour la matrice, par licence poétique:

Utere rene tuo: casta puella anus est.

C'est un précepte très humain, que celui qui prescrit de faire usage des membres et des biens qu'on reçoit de la Nature; mais le mot, dans le vers cité, est obscène par l'idée qu'il présente.

RESOLUTA FOEMINA. Ovid. Femme en attitude de combat.

RESUPINANDUS, a, um. Cels. Qu'il faut coucher le ventre en haut; qu'on doit renverser sur le dos; à qui l'on doit faire voir la feuille à l'envers.

RESUPINATUS, a, um. Juv. Voy. RESUPINUS.

RESUPINO, are. Liv. Coucher le ventre en haut; renverser sur le dos. Ou (Juv.): faire voir la feuille à l'envers.

RESUPINUS, a, um. Ovid. Couché le ventre en haut; renversé sur le dos; à qui l'on fait voir la feuille à l'envers. Ou (Quintil.): mou, efféminé.

RETRO AGERE ALIQUEM. Plin. Faire travailler quelqu'un du derrière; Ganymédiser quelqu'un; aiguillonner quelqu'un postérieurement.

RIGIDUS DEUS. Priape, le dieu le plus ferme. Rigere ou arrigere servent, dans le style licencieux, à exprimer le mouvement naturel qui fait qu'un homme se trouve capable d'en créer un autre.

RUMPERE LATUS IN VENERE. Se fatiguer au jeu d'amour; ne pouvoir plus remuer les reins. Rumpi tentigine, être en proie aux plus violents désirs.

RUSTICUS, a, um. En style amoureux, c'est celui qui va trop vite au fait, sans préliminaires ni consentement.

S

SACANDRUS, i, m. La partie qui mérite des saccades amoureuses.

SAGITTATA OSCULA. Plaut. Des baisers à la pigeonne; baisers où les coups de langue vont dru209.

[209] Où les langues se dardent.

SALACITAS, atis. f. Extrême lubricité.

SALAPUTIUM, ii, n. Voy. PUTILLUS.

SALAX, acis. De salire: celui que la Nature rend très habile au jeu d'amour. Salax deus, Priape, dieu de l'impureté; salax eruca, la roquette, herbe aphrodisiaque ou qui excite à l'amour.

SALIO, ire. Monter à l'assaut; couvrir la femelle (ce qui se dit des animaux). Vox saliente libidine: cri que le plaisir arrache à qui jouit passionnément.

SALMACIDA SPOLIA. Cic. Une victoire amoureuse.

SALTUS, us, m. Plaut. Le bocage amoureux; la garenne d'amour; le bosquet de Vénus; le taillis où l'Amour va giboyer.

SARABUS, i, m.; SARON, i, n. Voy. CUNNUS.

SAVIARI (pro SUAVIARI). S'embrasser avec tendresse.

SCATINIA LEX. Loi faite contre les professeurs de l'art subtil et contre leurs disciples.

SCELERARE TEMPLA. Profaner, souiller les temples par des actes de lubricité.

SCHEMA, ae. f. Suet. Manière particulière d'embrasser homocentriquement; la manière de faire cela.

SCEPTRUM, i, n. Le sceptre d'Amour; voy. MENTULA.

SCHOENICULA, ae, f. Courtisane; prostituée.

SCINDO, ere. Rompre et déchirer tous les obstacles qui s'opposent à la jouissance; enlever un pucelage; forcer les barrières de la volupté.

SCORTATIO, onis. Voy. SCORTATUS.

SCORTATOR, oris, m. Cic. Qui aime les filles de joie; putassier; bordelier; coureur de garces.

SCORTATUS, us, m. Apul. Inclination pour les filles de joie; ou: l'exercice qu'on fait faire aux filles de commodité; ou: leur fréquentation.

SCORTILLUM, i, n. Catull.; SCORTISCUM, i, n. Une jeune fille de joie; une petite garce210.

[210] Ou: une fille de joie pour le petit peuple.

SCORTOR, ari. dép. Ter. Courir les filles de joie; fréquenter les filles de commodité; hanter les maisons de plaisir; ou: mettre en exercice les filles commodes; faire travailler les filles de Vénus.

SCORTUM, i, n. Cic. Fille de joie; fille commune. Ou (Suet.): un Ganymède.

SCORTUS, i, m. Voy. CINAEDUS.

SCROBS VIRGINALIS. La fossette naturelle chez les dames; le puits d'amour. Voy. CUNNUS.

SECUTULEIA, ae, f. Petr. Celle qui recherche les caresses de l'homme; belle de haut appétit; personne âpre à la curée211.

[211] Femme à tempérament.

SELINON, i, n. Voy. CUNNUS.

SEMEN HUMANUM. La graine d'hommes; la liqueur générative dont l'expansion est le but que la Nature se propose dans le déduit amoureux.

SEMINALE MEMBRUM. La gerbe d'amour. Voy. MENTULA.

SEMIVIR, i, m. Eunuque; prêtre de Cybèle.

SICULA, ae, f. Catull. La dague amoureuse212.

[212] Parva sica.

SIPHNIASSO, are. Plin. Fantaisie lubrique en usage parmi les anciens habitants de Siphno, l'une des îles Cyclades. Érasme dit que c'est manum admovere postico: aider les plaisirs du devant par ceux du derrière.

SOCRATES; SOCRATICI DISCIPULI. Tous ces messieurs les Sages, en fuyant la compagnie des femmes, en déclamant contre leurs défauts et contre l'amour, ont donné pour la plupart dans des accès bien plus répréhensibles. La nature ne perd jamais ses droits, et encore moins qu'ailleurs dans des climats brûlants.

SOLLICITARE INGUINA. Réveiller le chat qui dort; irriter les désirs charnels.

SOTADES, is, m. Sotadès, poète de Mantinée, le premier qui ait écrit sur l'amour Grec ou l'amour malhonnête et contre nature.

SPADO, onis, m. Eunuque: homme qui n'est plus homme, et qui peut servir de femme à ceux qui ne les cherchent pas où elles sont, ou les prennent à rebours lorsqu'ils les trouvent.

SPATALOCINAEDUS213, i, m. Petr. Un joli Ganymède.

[213] Ou: SPATHALOCINAEDUS.

SPETLOMA, atis, n. Le bruit du concert amoureux.

SPHINGA, ae, f. Voy. MERETRICULA.

SPHINX, gis, f. Voy. MERETRIX.

SPINTRIA, ae, m. Suet. Inventeur de nouvelles attitudes amoureuses; qui trouve en amour des postures inusitées. Ou: Voy. PATHICUS.

SPONSA TURPIS. Une épouse qu'on ne peut avouer. Les Romains avaient une sorte de mariage infâme et bien qualifié du nom turpis: deux hommes se mariaient ensemble. Juvénal en parle en plusieurs endroits de ses Satires, notamment dans la deuxième, vers 134 et suiv.

... Quid quaeris? nubit amicus,
Nec multos adhibet. Liceat modo vivere, fient,
Fient ista palam, cupient et in acta referri.
Interea tormentum ingens nubentibus haeret,
Quod nequeunt parere, et partu retinere maritos.
Sed melius, quod nil animis in corpora juris
Natura indulget: steriles moriuntur, et illis
Turgida non prodest condita pyxide Lyde,
Nec prodest agili palmas praebere Luperco.

Voyez le mariage de Gracchus avec un musicien, décrit dans la deuxième Satire, vers 117.

Néron épousa publiquement Sporus, son Ganymède; et le plaisant de l'affaire, c'est qu'après l'avoir épousé comme homme, il voulut décidément lui faire changer de sexe, et tenta pour cela le secours de la chirurgie et des enfants d'Esculape. Le pauvre Sporus en demeura tout mutilé: aussi, pourquoi se mariait-il à Néron?

Martial a parlé de ces noces abominables. Elles se sont, à ce qu'on dit, renouvelées sous Héliogabale, et sous notre ridicule Henri III, roi Français de Sodomitique mémoire.

On a dit plaisamment que Domitien, père de Néron, aurait agi prudemment en épousant un homme. En effet il n'eût pas eu d'enfant, et la terre n'eût pas été souillée par l'existence d'un monstre tel que Néron.

SPORUS, i, m. Non d'un eunuque. Voy. SPONSA TURPIS.

SPURIA, ae, f.; SPURIUM, ii, n. La coquille des pèlerins d'amour.

STRUTHEUM, i, n.; STRUTHEUS, i, m.; & STRUTHIUM, ii, n.; STRUTHOS, i, m. L'oiseau d'amour; la racine amoureuse; le moineau de Vénus.

STULTICEN, inis, m. Un poète folâtre; qui ne chante que des folâtreries.

STUPRATIO, onis, f. Plaut. Engagement où l'on met une belle de se rendre à sa passion; la soumission à ses désirs amoureux qu'on exige de la complaisance d'une personne; prise de possession de l'honneur d'une jolie personne; la douce et agréable violence faite aux dames; prise de corps amoureuse; l'effort auquel les dames succombent avec plaisir.

STUPRATOR, oris, m. Quintil. Qui soumet une belle à ses désirs amoureux; qui fait aux dames une agréable et douce violence; qui pousse son inclination amoureuse aussi loin qu'elle peut aller; qui engage une jolie personne à se rendre à sa passion; qui s'empare de ce que les dames n'osent offrir; qui prend amoureusement possession de l'honneur d'une belle; qui fait des efforts où les dames succombent avec plaisir; qui exige la dernière complaisance des belles; qui pousse amoureusement sa pointe jusqu'au bout; un abatteur de bois remuant; un Poliorcète en amour.

STUPRATUS, a, um. Cic. Qui a laissé prendre une amoureuse possession de son honneur; qui s'est laissé aller à la passion amoureuse d'autrui; pris amoureusement au corps; qui a donné les dernières marques de complaisance en amour; qui a succombé aux efforts amoureux de quelqu'un; qui s'est donné aux désirs amoureux d'autrui; qui s'est amoureusement soumis aux inclinations de quelqu'un; dont on a exigé les dernières faveurs; à qui l'on a fait une amoureuse et douce violence; qui a été poussé amoureusement à bout; qui a été engagé à se rendre aux sollicitations amoureuses; qui a souffert des secousses d'amour; qui a été employé amoureusement hors de l'état de mariage.

STUPRISEQUESTRA, ae, f. Plaut. Fille de joie. Ou: appareilleuse.

STUPRO, are. Plaut. S'emparer de l'honneur d'une belle; engager une personne à se rendre à sa passion; prendre amoureusement au corps; s'attirer les dernières marques de complaisance en amour; soumettre à ses inclinations amoureuses; faire une amoureuse et douce violence; exiger les dernières faveurs; faire succomber sous ses efforts amoureux; pousser amoureusement à bout; prendre une amoureuse possession; engager à se rendre à ses sollicitations amoureuses; faire céder à ses empressements amoureux; employer amoureusement hors de l'état de mariage.

STUPROSUS, a, um. Val. Max. Voy. STUPRATOR.

STUPRUM, i, n. Cic. Prise de possession de l'honneur d'une fille ou d'une femme; excès de familiarité amoureuse; l'effort où les dames succombent avec plaisir; la douce et amoureuse violence faite aux belles; amoureuse prise de corps; exaction des dernières faveurs; emploi qu'on fait d'une belle hors de l'état de mariage.

SUAVIOR, ari, dép. S'embrasser, se baiser amoureusement. Voy. SAVIOR.

SUAVIUM, ii, n. Baiser sur la bouche. Synonymes: basium, osculum. Servius donne l'explication de ces trois mots: basium est le baiser qu'on donne à une épouse; suavium est celui que l'on donne à une maîtresse; osculum est le baiser de paternité, ou que les pères et mères donnent à leurs enfants: c'est aussi le baiser de paix et de cérémonie. Il y a un gros livre sur les baisers, par Kempius. On peut le lire lorsque l'on veut approfondir la matière en curieux et en savant: pour ceux qui ne le sont pas, la chose vaut mieux que le mot.

SUBACTIO, onis, f. Cic. L'action de fouler amoureusement; le travail amoureux qu'on fait faire sous soi.

SUBACTOR, oris, m. Lampr. Voy. FUTUTOR. Ou: Voy. PAEDICO.

SUBACTRIX, icis, f. Voy. FRICTRIX. Voy. TRIBAS.

SUBACTUS, a, um. Foulé amoureusement; repassé naturellement ou contre nature.

SUBACTUS, us, m. Plin. Voy. SUBACTIO.

SUBADMOVERE MARI FOEMINAM. Colum. Mettre aux prises le mâle et la femelle; engager les deux sexes au combat de Vénus.

SUBAGITATIO, onis, f. Plaut. Le travail amoureux qu'on fait faire sous soi; les mouvements qu'on cause à ce qu'on caresse amoureusement; le branle qu'on donne à l'objet de ses plaisirs; les secousses amoureuses.

SUBAGITATOR, oris, m.; SUBAGITATRIX, icis, f. Qui met en mouvement l'objet de ses désirs; qui fait travailler amoureusement sous soi; qui met en branle ce qu'il aime.

SUBAGITATUS, a, um. Qu'on a mis amoureusement en branle; mis en mouvement amoureux; à qui l'on a donné des secousses amoureuses; qui travaille amoureusement sous autrui.

SUBAGITO, are. Plaut. Faire mouvoir amoureusement sous soi; mettre en amoureux mouvement; mettre en branle ce qu'on aime; donner des secousses amoureuses à l'objet de ses plaisirs.

SUBALARIA NEGOTIA. Affaires amoureuses.

SUBANS, tis, omn. gen. Plin. Qui refoule amoureusement. Ou: qui est en amour; qui est en chaleur.

SUBATIO, onis, f.; SUBATUS, us, m. Plin. Voy. SUBACTIO. Ou: la chaleur des femelles; le désir du mâle214.

[214] Ce qui se dit plus spécialement des animaux.

SUBATUS, a, um. Qui a été amoureusement refoulé. Voy. SUBAGITATUS.

SUBIGATRIX, icis. f. Voy. SUBIGITATRIX.

SUBIGENDUS, a, um. Col. Qu'il faut refouler amoureusement; qu'on doit faire travailler amoureusement sous soi.

SUBIGITATRIX, icis. f. Plaut. Tribade, moderne Sapho.

SUBIGITO, are. Plaut. SUBIGO, ere. Cic. Suet. Refouler amoureusement; faire travailler amoureusement sous soi; refouler la charge amoureuse215.

[215] Cela se dit des hommes et des femmes: Nicomedes Caesarem subegit.

SUBIGUS, i, m. Le dieu qui présidait au renversement des belles216.

[216] Aux premiers sacrifices à l'Amour.

SUBO, are. Plin. Rechercher le mâle; être en amour; être en chaleur217. Ou (Hor.): Voy. SUBIGO.

[217] Se remuer, s'agiter pendant le plaisir amoureux. Voy. SURIO.

SUBANDO CUBILIA RUMPERE. Hor. Enfoncer le lit à force de faire rage218.

[218] Et de mouvoir le croupion.

SUBSIDERE MARIBUS. Se dit des femelles des animaux, qui s'arrêtent et se tiennent fermes pour recevoir le mâle.

SUBULA, ae, f. Colum. L'alène de Cupidon.

SUBULO, onis, m. Voy. PAEDICO.

SUBULO, are. Voy. PAEDICO.

SUBURRANA PUELLA. Fille publique; courtisane; raccrocheuse. La Suburra est le quartier de Rome où logent toutes les filles publiques. Suburrana uxor, vel Summoeniana uxor: une prostituée, une femme qui se marie au premier venu pendant un quart d'heure.

SUCCUBA, ae, f. Ovid. Concubine; maîtresse; celle dont on a les faveurs.

SUCCUBO, are. Apul. Se soumettre aux caresses amoureuses; travailler amoureusement sous une personne.

SUCCUBONEUS, a, um. Titinn.; SUCCUBUS, a, um. Prud. Qui se soumet aux caresses amoureuses; qui travaille amoureusement sous autrui.

SUCCUMBO, ere. Varr. Voy. SUCCUBO.

SUCCUMBERE ANTE NUPTIAS QUIBUS & VELLENT. Varr. Se soumettre, avant le mariage, aux caresses de tous ses amants; en donner à tous ceux qui en veulent avant d'être mariée; ne refuser personne avant ses noces.

SULCUS, i, m. Sillon charmant; fosse d'amour.

SUPERCUNNUM, i. n. Les broussailles du mont de Vénus.

SURIO, ire. Ce mot exprime pour les hommes ce que subare veut dire des dames.

SUSTINERE SESE (scilicet in gaudiis). Savoir jouir; s'arrêter à propos pour prolonger le plaisir que l'on peut donner à son amie dans l'acte Vénérien. Voy. MORARI.

SYBARITICI LIBELLI. Catéchismes pour les libertins, dans lesquels la gymnastique lubrique était enseignée avec la plus grande perfection. Selon Lucien, ils ont pour auteur Hémithéon, natif de Sybaris.

SYNCOETIUM, ii, n. Le paiement des plus vives caresses amoureuses; l'honoraire en amour; le prix des dernières faveurs.

SYNUSIA, ae, f. La plus intime liaison que puissent avoir ensemble les deux sexes; la plus étroite union que puissent former deux personnes de sexe différent.

T

TABELLAE, arum, f. Tablettes ou billets doux écrits par des amants.

TABELLAE VOTIVAE ET PICTAE. Tablettes où se trouvent peintes toutes les postures inventées à Lampsaque. Les jeunes filles qui possédaient de ces tablettes en faisaient hommage à Priape, afin qu'il leur accordât la réalité. On ne voit pas de ces ex-voto dans les églises Chrétiennes. Properce a déclamé contre ces tablettes obscènes:

Quae manus obscenas depinxit prima tabellas
Et posuit casta turpia visa domo,
Illa puellarum ingenuos corrupit ocellos,
Nequitiaeque suae noluit esse rudes.
(Propert., II, 5, 19.)

TACEO, ere. Se taire est un acte très simple de sa volonté; mais quand on se laisse mettre dans la bouche quelque chose d'humain qui l'emplit, il y a bien force. En ce sens, tacere est synonyme de morigerari, et très obscène. Vossius dit que tacere signifie la même chose que irrumari.

TAEDAE JURE COIRE. Ovid. User des droits de l'Hyménée en faveur du plaisir; prendre l'ascendant amoureux que donne l'Hymen; se servir amoureusement des libertés que donne le mariage.

TANGERE MULIEREM MANIBUS. Faire l'imposition des mains sur une femme; aller à la découverte du bosquet de Cythère; y faire naître avec les doigts mille sensations agréables, qui préparent une de ces crises charmantes qui font perdre la vie pendant quelques minutes.

TAUROPOLIA, orum, n. Le carquois de Cupidon.

TAURUS, i, m. Fest. Le laboureur du champ de la Nature.

TENDO, ere. Dans le style lubrique, signifie l'érection causée par les désirs charnels. Tendere alutam (Mart.)

TENER, era, erum. Jeune, délicat, agréable, joli, charmant:

... Sed tu sane tenerum et puerum te
Et pulchrum, et dignum cyatho coeloque putabas.
(Juven.)

TENTIGINOSUS, a, um. Qui bande toujours son imagination vers les plaisirs de l'amour.

TENTIGO, inis, f. Mart. L'érection, le désir de Vénus. Ou (Juv.): Priapisme volontaire, ou involontaire.

TENTARE DIGITIS LOCA FOEMINARUM. Colum. Tâter si les poulettes ont l'œuf; mettre les doigts où il n'en faut qu'un bon.

TENTUM, i. n. La tente de la plaie amoureuse.

TERERE INGUINA. Juv. Se donner des branles amoureux219.

[219] Sonder avec la langue l'antre de Cypris. Voy. PHOENICISSO, LESBIO.

TESTES, ium, m. Les témoins du pouvoir génératif.

TESTICULI, orum, m. Les témoins et les assistants du jeu d'amour. Ils sont presque toujours deux, et quelquefois trois.

TESTICULO, are; TESTICULOR, ari, dép. Fest. Donner le mâle aux femelles.

THALASSIO, onis, m. L'action qui est le premier but du mariage; le dieu des noces; la chanson nuptiale ou épithalame. Martial a dit: Indicare thalassionem manibus libidinosis.

THECA, ae, f. La boîte ou l'étui dans lequel on serrait toute la marchandise qui sert à la génération. Il y en avait en métal ou en cuir. Voy. FIBULA.

THORUS, i, m. Le lit ou le canapé où l'on se livre aux jouissances de l'amour.

THYRSUS, i, m. Le thyrse d'amour. Voy. MENTULA.

TOLLERE PEDES. Faire des gambades sur un lit; mettre les gens plus à leur aise en levant les pieds et les jambes en l'air pendant le combat amoureux.

TRABES, is, f. Arc-boutant de la génération. Voy. MENTULA.

TRACTARE MENTULAM. Le beau Narcisse et le sauvage Hippolyte fuyaient les femmes pour se livrer plus à leur aise à ce plaisir, qui n'en est plus un lorsqu'il conduit à la mort. C'est l'Onanisme, dont Tissot a montré tous les dangers. Chacun voit cela à sa manière, et de grands capitaines assurent que l'Onanisme est nécessaire à la guerre. Moi je prétends qu'il doit y être rare ou bien ménagé: sans quoi les dames n'auraient plus de plaisir à recevoir les militaires en quartier d'hiver, et ces messieurs dépeupleraient le monde de toutes les manières.

TRIBAS, adis, f. Mart. Tribade; moderne Sapho; femme qui entreprend sur les fonctions viriles auprès de son sexe; clitoriseuse.

TRIEMBOLUM, i. n. Le membre par excellence.

TRIPHALLUS, i, m. Tibull. Surnom de Priape, à cause de sa grande fourniture. Ou: un magnifique sceptre amoureux.

TRUSO, are. Presser vivement l'entrée du palais d'Amour; s'agiter pour s'y introduire. Vient de trudere.

TUTUNUS, i, m. Voy. PRIAPUS.

U

ULCUS, i, m. Ulcère ou plaie, que toutes les femmes ont plus ou moins grande et qu'elles font soigner par les hommes. Cette plaie, fort heureusement, ne guérit jamais, malgré les visites fréquentes qu'ils y font.

ULULARE PRIAPUM. Invoquer Priape; lui demander la réalité des plaisirs que l'imagination sait peindre.

UNICOLEUS, a, um; UNITESTIS, m. f., te, n. Qui n'a qu'un testicule; qui n'a qu'un témoin amoureux220.

[220] Le nombre n'y fait rien, mais la bonne qualité en fait le mérite.

UPUPA, ae, f. Plaut. Fille de joie; fille de plaisir; fille de commodité; belle commode; courtisane; fille apprivoisée; fille de Vénus; fille d'amour.

UXORCULO, are. Plaut. Efféminer; rendre efféminé.

V

VALEO, ere. Être vigoureux en amour.

VANNO, are. Lucil. Jouer du croupion; remuer amoureusement les fesses.

VASATUS BENE. Riche des dons de la Nature; bien pourvu de ce qui fait plaisir aux dames. Voy. MUTONIATUS.

VELITARI PRAELIIS VENERIS. Apul. S'entre-agacer amoureusement; faire les approches amoureuses; escarmoucher amoureusement. Ou: tâcher de n'avoir pas le dernier au combat d'amour.

VELLERE CUNNUM. Arracher la barbe au capucin; s'épiler dans un endroit secret. C'est une petite coquetterie de femme qui veut passer pour jeune encore et près de la puberté. Les femmes Turques se rasent en cet endroit, ce qui rend le jeu plus plaisant.

VENA TENTA. Marteau d'Amour. Voy. MENTULA.

VENEREAE RES. Cic. Les plaisirs de Vénus; les délices d'Amour; les voluptés amoureuses.

VENEREUM ARVUM. Apul. Le champ de Vénus; le terrain amoureux; le territoire d'Amour.

VENERIPETA, ae, m. f. Qui recherche les plaisirs de Vénus.

VENERIS PER RES JUNGI. Lucr. Être unis par les liens les plus étroits du corps; être joints par les liens d'amour.

VENERIS MODUM IN ALIQUA SIBI FACERE. Ovid. S'acquérir le fonds des bonnes grâces d'une aimable personne; être le tenant chez une belle; trouver ses nécessités amoureuses chez une belle.

VENEREM VENDERE. Suet. Vendre des plaisirs qui ne le sont véritablement que lorsqu'ils sont donnés; faire trafic des faveurs amoureuses221.

[221] Voici le conseil d'Ovide sur ce point:

Parcite, formosae, pretium pro nocte pacisci;
Non habet eventus sordida praeda bonos.

Plaute nous donne le portrait du véritable amour dans une jeune fille qui préfère un baiser de son amant à tous les honneurs et à toutes les richesses de la terre.

VENEREM IN ALIAM HABERE. Apul. Être sectatrice de Sapho; prendre des plaisirs à la Lesbienne; vouloir passer pour homme près d'une personne de son sexe; tribader; contrefaire les fonctions de l'homme auprès de celles de son sexe.

VENERIVAGUS, a, um. Varr. Aventurier d'Amour; qui court le bord en amour; qui courtiserait jusqu'aux chèvres coiffées; coureur de belles apprivoisées.

VENUS, eris, f. Vénus, la déesse de la beauté; la mère des Amours; la fontaine des plaisirs. Venus Coa: Vénus libertine: in triclinio Coa, in cubiculo Nola; voy. NOLANI. Venus ebria: Vénus crapuleuse.

... Quid enim Venus ebria curat?
Inguinis et capitis quae sint discrimina nescit.
(Juven.)

Quieta Venus: Vénus tranquille ou qui aime ses aises. Il y a un mot plus énergique.

VENUS FOEMINEA. Ovid. Le plus grand plaisir que l'on puisse prendre avec les femmes; le plus doux plaisir que les belles peuvent causer; le déduit.

VENUS FURTIVA. Ovid. Les plaisirs que l'on dérobe en amour.

VEPENIS, is, m. Mart. Une courte; une guigi; une margot. Ou: un pauvre engin; un faible outil.

VERETILLA, ae, f. Sorte de coquille de mer qui a une figure Priapique.

VERETILLUM, i, n. Apul. Diminutif de veretrum.

VERETILLUM ET VIRGINAL QUAERERE. Apul. S'escrimer en amour et d'estoc et de taille; en vouloir amoureusement aux deux sexes; aimer les grandes filles et les petits garçons; greffer (en amour) en fente et en écusson; s'attaquer à Priape et à Vénus.

VERETRUM, i, n. Suet. Voy. MENTULA.

VERETRUM MULIEBRE. Tert. Le clitoris.

VERPA, ae, f. Catull. Le sceptre humain222. Voy. MENTULA.

[222] Ce mot s'adapte aux instruments naturels dont on a circoncis le prépuce; c'est pourquoi les Juifs par excellence peuvent être appelés verpae, verpi. Il paraît que les Romains se moquaient des circoncis.

VERPULENTUS, a, um. V. MENTULATUS.

VERPUS, i, m. Catull. Le doigt du milieu du corps. Ou (Juv.): un circoncis.

VERRETRUM, i, n. Voy. VERETRUM.

VESTA, ae, f. Déesse du feu, ou le feu lui-même. Comme le feu se combine sous mille formes, son culte devait être varié.

VESTALIS, is, f. Prêtresse de Vesta. L'auteur de l'Errotika Biblion assure que le collège des Vestales peut être regardé comme le plus fameux sérail de tribades qui ait jamais existé; que certaines parties de leur culte les appelaient à des idées voluptueuses bien difficiles à concilier avec le vœu de virginité qu'elles prononçaient. Les Vestales, dit-il, sacrifiaient au dieu Fascinus; elles attachaient l'image de ce dieu aux chars des triomphateurs (voy. FASCINUS); ainsi le feu sacré qu'elles entretenaient était censé se propager dans l'Empire par les voies véritablement vivifiantes. Il est certain que plusieurs des mystères de la religion des Anciens n'étaient autres que les mystères de la Nature, qui se célébraient en secret par les initiés.

VIR, i, m. Catull. La partie qui fait l'homme; le sceptre de Cupidon.

VIRGINAL, is, n. Solin. Pucelage; membrane en quoi il consiste, et que cependant plusieurs célèbres anatomistes disent n'avoir jamais vue223.

[223] Ce mot se prend aussi pour toute la partie indicative du sexe féminin.

VIRGINAL CONCRETUM. Solin. VIRGINAL INTACTUM. Prud. Pucelage en son entier, qui n'est point entamé.

VIRGINALE, is, n. Voy. VIRGINAL.

VIRILE, is, n. Ovid. Le membre viril.

VIRILIA, ium, n. Plin. Les parties qui marquent la virilité.

VIRILIORES, ium, m. Ceux qui sont les mieux fournis pour l'amour; ceux qui ont de plus grands talents pour le service des belles.

VIRILITAS, atis, f. Tac. La virilité; les parties viriles; ce qui fait homme l'homme.

VIROSUS, a, um. Passionné pour les hommes. Cela n'est point obscène dans une femme.

VIRUS, i, n. Se prend, en bonne et en mauvaise part, pour la liqueur qui s'écoule par l'excès du plaisir ou du mal d'amour.

VORARE TENTA. Prêter sa bouche à un usage obscène; sucer la flûte de Cupidon; manger le père des hommes et détruire sa progéniture. Se ipse vorare demisso capite: manger soi-même sa race; c'est le comble du libertinage et de la folie.

VULVA, ae, f. Juv. Le chemin qui conduit à la matrice; le canal qui mène au plaisir amoureux; le conduit des délices d'amour; la galerie de Vénus. Selon Pline: la matrice.

X

XANION, ii, n. La pièce avec laquelle les femmes se font valoir; ce qui fait presque tout le mérite des femmes; la pièce avec quoi les dames croient pouvoir rendre la monnaie de toutes choses224.

[224] Et la rendent en effet. La base principale de leur triomphe sur les hommes.

Z

ZONAM SOLVERE. Catull.225. Dépuceler; avoir les gants d'une belle; prendre les premières faveurs226.

[225] Dénouer la ceinture d'une fille.

[226] Catulle et Agathemerus l'appellent zonula: voyez celui-ci dans son Hymne à Priape. Vossius nous dit que les jeunes filles Romaines emprisonnaient leur virginité au moyen d'une ceinture faite de cuir, de peau ou de métal, afin qu'elle fût moins fragile; et que la partie qui touchait la peau était garnie d'une étoffe de laine. On empêchait aussi par de semblables moyens les jeunes garçons d'abuser de leur corps. Mais, avec le temps et l'adresse, toutes ces précautions devenaient inutiles, et chaque partie reprenait les fonctions qui leur sont naturelles. C'est pourquoi zonam ou fibulam solvere signifient mettre les jeunes gens à leur aise, les émanciper.

FIN
Paris.—Charles Unsinger, imprimeur, 83, rue du Bac.