Project Gutenberg's L'Illustration, No. 3272, 11 Novembre 1905, by Various This eBook is for the use of anyone anywhere at no cost and with almost no restrictions whatsoever. You may copy it, give it away or re-use it under the terms of the Project Gutenberg License included with this eBook or online at www.gutenberg.org Title: L'Illustration, No. 3272, 11 Novembre 1905 Author: Various Release Date: July 12, 2011 [EBook #36704] Language: French Character set encoding: ISO-8859-1 *** START OF THIS PROJECT GUTENBERG EBOOK L'ILLUSTRATION, NO. 3272, 11 *** Produced by Jeroen Hellingman and Rénald Lévesque
L'Illustration, No. 3272, 11 Novembre 1905
Ce numéro contient quatre pages sur papier de luxe, non brochées, et
deux suppléments:
1° Une gravure en couleurs;
2° Supplément musical: fragments de MIARKA.
La princesse Maud et le prince Charles de Danemark.
LE
PLÉBISCITE DU 12 NOVEMBRE EN NORVEGE: LE ROI ET LA REINE DE DEMAIN
Phot. W. et D. Downey.--Voir l'article, page 307.
J'ai fait, cette semaine, un repas singulier. Nous étions cinquante mille. C'était la première fois qu'il m'arrivait de rencontrer à table tant de visages inconnus. Déjeuner fort honorable au surplus: menu de mets froids, proprement alignés le long de mille nappes blanches et consommés dans la poussière et le tapage, parmi le bruissement aigu de cinquante mille assiettes remuées. Je ne soupçonnais pas que la galerie des Machines pût si commodément servir de salle à manger à la population d'une grande ville; et je n'oublierai jamais la pittoresque et presque émouvante étrangeté de la double procession qui, sous un ciel pluvieux, nous conduisit là. Deux cortèges: deux vivants rubans de foule déployés, des Tuileries au Champ de Mars, de chaque côté du fleuve; puis rapprochés, ramenés par une marche savante autour de l'étroite loggia de toile grise d'où nous envoyait le bonjour, en riant, un petit homme à barbe blanche. «Vive Loubet!» L'armée des Mutualistes avançait doucement; un tumulte de musiques et de cris l'enveloppait. Et, de nouveau, l'on vit les deux rubans se disjoindre, filer en deux lignes parallèles, à travers la boue, vers l'énorme bâtisse de fer et s'y engouffrer--comme happés par les deux mâchoires de quelque engrenage monstrueux.
C'est par un journal parisien que fut organisée cette agape folle et c'est à l'initiative d'un autre journal que les cinquante mille convives du premier durent de voir s'ouvrir gratis, pendant cet après-midi de dimanche, à leur joyeuse cohue, une demi-douzaine de concerts et de théâtres du boulevard.
La furieuse concurrence que se font ici quelques gazettes a donné naissance à un journalisme nouveau, d'une espèce très particulière, et qui ne ressemble en rien à celui d'autrefois. La politique pure y tient peu de place; la littérature et les arts, moins encore; et telle feuille n'a dû sa grande vogue qu'au parti pris d'intervenir (utilement quelquefois) en toutes sortes d'affaires qui ne la regardaient point. Tous les matins, j'ouvre avec une curiosité gourmande le journal qu'on m'apporte et je pense: «Qu'ont-ils trouvé d'amusant aujourd'hui?» Je suis rarement déçue; mon journal a presque tous les matins «trouvé quelque chose». Il institue des concours sportifs, athlétiques ou littéraires; il donne des fêtes, il lance des bateaux, patronne des ascensions, me fait à chaque instant de petits cadeaux que je ne lui demande pas; même il ne lui déplaît point de suppléer de temps en temps, par sa propre action, à l'indolence de l'action publique; il s'arme de pioches pour démolir une palissade que l'État n'abat point assez vite et, si je me plains à lui que les bureaux de poste de mon quartier soient malpropres, il y dépêche ses garçons, avec des plumeaux et des balais.
Nous aurions mauvaise grâce à critiquer ces moeurs nouvelles; elles sont le fruit de notre scepticisme. On nous sait devenus presque insensibles à l'attrait des graves controverses; on comprend que nous voulons être amusés--au besoin «épatés»--plutôt qu'instruits; et que dépenser beaucoup de talent à défendre simplement, une fois par jour, deux ou trois idées qu'on croit justes n'est pas un suffisant moyen de garder fidèle autour de soi la foule qui vous lit. Alors on se préoccupe de divertir cette foule, de lui plaire, de la faire rire; d'aguicher, par des moyens violents, sa curiosité nonchalante; d'opposer à la parade d'en face, qui l'attire, une parade encore plus séduisante qui la retienne. Et tout cela est de très bonne guerre.
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Promenade aux serres du Cours-la-Reine: une promenade d'automne, délicieuse, un peu mélancolique. Les chrysanthèmes convient Paris à leur rendre visite; c'est «leur semaine»; et déjà les voilà qui penchent vers le gazon des plates-bandes leurs chevelures fatiguées. Mais je les aime ainsi. Même un peu fanées--et comme lasses d'avoir reçu tant de monde depuis huit jours--les orgueilleuses fleurs sont encore belles; droites sur leurs tiges, elles me font penser à ces maîtresses de maison qui n'avouent pas leur migraine et gardent le sourire aux lèvres tant que leur dernier invité n'est pas parti. Et puis, ces fleurs m'intéressent par ce qu'il y a en elles de symbolique. En leur donnant la beauté, la nature leur a refusé le parfum; en sorte que la foule les admire, sans les aimer beaucoup; elle va les regarder une fois par an, comme elle va voir passer, en des équipages somptueusement attelés, le jour du Grand Prix, des femmes très élégantes et très belles que la vie ennuie et qui, du haut de leur splendeur inutile--la beauté sans parfum des chrysanthèmes--envient le bonheur plus simple et plus sûr de celles «qui vont à pied». Et c'est ainsi que, peut-être, les hautains chrysanthèmes, s'ils avaient une âme, envieraient, aux serres du Cours-la-Reine, les humbles petites fleurs, les pommes et les poires si modestement alignées loin de leurs plates-bandes, et dont la bonne odeur flottait tout à l'heure dans l'air tiède, autour de nous.
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* *
... Visite au Salon des gravures en couleurs, rue de Sèze. La saison est à peine commencée, et voilà la deuxième exposition d'art, à côté du Salon d'automne, où nous sommes invités chez Petit. Et deux autres encore nous étaient annoncées, dans la même maison, pour cette semaine; et cela continuera ainsi jusqu'au printemps.
Je m'en réjouis. Nul coin de Paris ne me semble plus propice à la contemplation tranquille d'une oeuvre d'art. Un long vestibule silencieux, sobrement décoré, dans le demi-jour duquel l'oeil distingue, au long des murs, des aquarelles, des gravures qu'on a vues déjà et qui semblent vous accueillir comme de vieilles connaissances: «Entrez donc, madame; vous êtes chez vous.» Quelques marches de marbre à monter; au palier, le salut déférent d'un gardien qui parle bas, comme au seuil d'un appartement où il y aurait un malade; et la salle, la longue salle rectangulaire où, du plafond vitré, tombe une lumière douce. On n'entend qu'un murmure de voix. Sur d'épais tapis s'amortit le bruit des pas. Le long des cimaises de chêne et des tentures rouges où les cadres sont disposés, des gens vont et viennent, à pas lents, comme recueillis. Et les femmes surtout, dans ce décor d'élégance intelligente et de paix, sont pour une étrangère si intéressantes à observer. Je me suis posé un jour cette question: «Vers quelle heure et en quel lieu la Parisienne rencontrée hors de chez elle est-elle le plus gentille? Pour la surprendre en la plénitude naturelle de sa grâce, où faut-il aller?»
J'ai trouvé: il faut la suivre, entre trois et cinq heures, un jour
d'exposition, tandis qu'elle regarde des tableaux. Elle est si joliment
habillée! Jamais, ce me semble, la modiste et le couturier n'ont combiné
plus heureusement que cette année les formes propres à faire valoir
l'élégance de sa «ligne». Sur la jupe de drap foncé, molle et traînante,
la longue tunique, très ajustée, moule exactement les hanches souples,
un peu plates, et le buste aminci où la sobre décoration du
corsage--noeud de dentelle ou bouquet--met une note claire. Le chapeau,
menu, joliment fleuri, très «en l'air», dégage à souhait la ligne de la
nuque et des tempes; suspendu négligemment et comme épanoui autour des
épaules, un peu bas, le boa de fourrure y dessine une sorte de
décolletage délicieux. Elle marche... et presque toujours elle marche
bien. Le poignet gauche appuyé à la hanche, elle promène au long des
cadres accrochés, d'un geste un peu pédantesque et dédaigneux, le
face-à-main d'écaille, à longue tige. Elle s'arrête, prend un recul,
observe, puis s'esquive, et puis revient; elle voudrait fixer sa
préférence, trouver l'oeuvre de son choix, s'éprendre violemment de
quelque chose, ou faire semblant; et dans cette diversité
d'attitudes--curieuse de tout, attentive à tout, émue, amusée ou choquée
d'on ne sait quoi--elle apparaît comme un vivant poème de grâce légère;
elle est «la Parisienne», c'est-à-dire l'aquarelle que, dans une
exposition de tableaux, les hommes regardent avec le plus de plaisir...
Sonia.
M. Édouard Herriot.
--Phot. Bioletto.
M. Édouard Herriot, qui succède à M. Augagneur à la mairie de Lyon, n'a que trente-trois ans. Sorti de l'École normale en 1894, il occupa la chaire de rhétorique au lycée Ampère, à Lyon, puis professa à la Faculté des lettres. Au mois de février de cette année, il a conquis le doctorat avec une thèse remarquable que L'Illustration signalait récemment: Mme Récamier et ses amis. C'est donc--le fait n'est pas banal--un universitaire de valeur, un fin lettré, que la seconde ville de France vient de se donner pour maire.
GEORGES SCOTT
DANS LES RUES DE LONDRES
Nous sourions, d'un sourire entendu, à la fois, et indulgent, à voir passer un beau dimanche Pitou, timide et gauche, côte à côte avec sa «payse» que la grand'ville a délurée. Pourquoi? On n'y met pas, à Londres, autant de malice, et quand, d'aventure, on croise, fût-ce entre chien et loup, à l'heure où les réverbères commencent à clignoter dans la brume rousse, un couple comme celui-ci,--lui, le sweetheart, gigantesque et râblé, sous la veste rouge des horse guards, le petit calot sur l'oreille cavalièrement, la jugulaire à la lèvre; elle, sa girl, femme de chambre, petite ouvrière, «trottin», comme nous dirions, frêle et menue;--silencieux tous deux, leurs yeux, d'un bleu ingénu de myosotis, vides, sans pensée, on les suit d'un regard assez indifférent. Car on sait très bien que sans doute nulle idée déshonnête ne les a réunis mais une simple et cordiale camaraderie. Elle s'est blottie, se sentant si faible, contre ce colosse, par vanité un peu, pour être vue auprès d'un beau gars dont l'uniforme décoratif fait ressortir encore les avantages physiques; pour n'être pas seule dans la rue, exposée aux rudesses des foules... ou simplement pour tromper l'ennui du dimanche londonien, si vide... Et pourquoi ne seraient-ils pas deux fiancés, tout simplement?
Élève de l'École navale. | Enseigne de vaisseau. | Lieutenant de vaisseau. |
Après-demain, dimanche, les cloches sonneront sur la campagne norvégienne déjà blanche de neige et, de Christiania à Narvick, les pêcheurs des fiords et les paysans de l'intérieur iront, au sortir de l'église, déposer leur vote en faveur du prince Charles de Danemark, candidat au trône, ou contre lui. Ce plébiscite n'aura sans doute pas l'étonnante unanimité de celui du 13 août dernier où 368.200 Norvégiens ratifièrent le divorce d'avec la Suède et 184 seulement furent d'avis que l'ancienne union valait mieux.
Depuis le 7 juin, jour où M. Michelsen, président du Conseil, déclara devant le Storthing que le roi Oscar avait cessé de régner comme roi de Norvège, l'opposition radicale s'est donné la tâche d'imposer une tournure républicaine à une révolution qui n'avait été que nationale. Si les efforts des démocrates ont été vains, il n'en est pas moins certain que leur propagande a porté quelques fruits et qu'au plébiscite d'après-demain les partisans de la république seront plus de 184! Mais nul ne doute du succès de la candidature du prince Charles.
Le jeune prince Alexandre, fils du
prince Charles. Phot. Juncker Jensen.
Il est donc temps de parler du nouveau roi. Comme les peuples heureux, il n'a pas d'histoire. Ce cadet de famille n'espérait certes pas ceindre de sitôt la couronne. La santé robuste du vieux roi Christian, de l'héritier du trône et du fils aîné de ce dernier laissait peu de chance au jeune prince Charles de jamais régner sur les Danois. Né le 3 août 1872 au château de Charlottenlund, il fut destiné par ses parents à la carrière navale et passa avec succès, en 1887, ses examens d'aspirant. Successivement enseigne, lieutenant en second, premier lieutenant et capitaine de frégate, grade qu'il obtint en septembre dernier, on peut dire que sa vie entière fut strictement consacrée à la marine et qu'il quittera le gouvernail et le compas pour prendre le sceptre et la couronne sans avoir jamais fait de politique ou de diplomatie. Il est donc fort difficile de dire quelles sont ses capacités gouvernementales.
On sait cependant que son intelligence ouverte avait fait de lui le favori du tsar Alexandre III, qui se plaisait, au cours de ses séjours à Copenhague, à causer longuement avec le jeune lieutenant de vaisseau alors âgé d'une vingtaine d'années. Le prince Charles aurait même obtenu de son oncle bien des choses que des ministres n'eussent pas pu décider le tsar à contresigner. L'impératrice douairière de Russie a conservé à son neveu l'affection que lui portait son mari.
Le prince est non moins aimé à la cour d'Angleterre. Son mariage avec la fille du roi, la princesse Maud, qui eut lieu à Buckingham Palace le 22 juillet 1896, l'attira davantage dans ce pays pour lequel il avait une prédilection particulière.
Le château de Charlottenlund, où naquit le prince
Charles.
Le prince Charles et sa femme ont des goûts modestes, détestent les cérémonies et les fêtes, et préfèrent s'entourer d'artistes, de littérateurs et de musiciens. Le prince est lui-même excellent pianiste et bon peintre, et la princesse Maud est auteur dramatique sous le pseudonyme de Graham Irving. Tous deux sont des polyglottes fort distingués, parlant avec une égale facilité le français, l'anglais, le russe, l'allemand, le norvégien, le suédois--et naturellement le danois. Ils se trouveront, à Christiania, en pays de connaissance, car ils connaissent à merveille les oeuvres d'Ibsen, de Bjoernstjerne Bjoernson, Jonas Lee et autres écrivains norvégiens.
La princesse Maud ressemble physiquement à sa mère, la reine Alexandra; elle a la taille fine et la physionomie toujours jeune et distinguée de l'impératrice des Indes. L'archevêque de Canterbury, qui maria le jeune couple, écrivait dans son journal le 22 juillet 1896: «Marié aujourd'hui la princesse Maud au prince Charles de Danemark. Sa splendeur est aussi jeune qu'au jour de sa première communion. Lui est un marin élégant et élancé. J'espère qu'il la rendra heureuse.»
De cette union est né un fils, le jeune prince Alexandre, actuellement âgé de deux ans et demi. Il devient l'espoir de la dynastie future.
On a raconté bien des choses inexactes sur la candidature danoise, on a parlé d'une opposition du côté de la Suède, du goût modéré de la princesse Maud pour la couronne que seuls les conseils sévères de son père auraient pu vaincre.
La vérité est tout autre. Dès le lendemain de la révolution, l'explorateur Nansen et le baron de Wedel-Jarlsberg s'étaient rendus à Copenhague pour offrir la couronne au prince Charles. Les négociateurs norvégiens reçurent le meilleur accueil et il fut entendu que, si le roi Oscar renonçait à l'offre que lui avait faite le Storthing norvégien de la couronne pour un de ses fils, le prince Charles accepterait.
Il y eut échange de correspondance entre le prince héritier de Danemark et son beau-frère, le prince héritier de Suède. Ce dernier vint même à Copenhague au début du mois d'août. Tout se passa donc fort courtoisement entre les deux familles de Suède et de Danemark et le prince Charles de Danemark montera sur le trône de Norvège avec le plein consentement du gouvernement suédois.
Le fait est important en ceci qu'il assure des relations cordiales entre le nouveau souverain et la cour de Stockholm, ce qui permet d'espérer une paix durable et bienfaisante en Scandinavie.
A Odessa.--Barricade dans la rue Niejinskaïa: tramways renversés, caisses, charrettes, fils de fer, grillages, etc. | Un étudiant blessé dans une bagarre est conduit à l'hôpital, le 31 octobre, aux cris de: «Vive la liberté!» |
La grève monstre des chemins de fer russes nous a empêchés de recevoir jusqu'à présent des photographies de Moscou, de la Finlande et de la Pologne. Notre correspondant de Saint-Pétersbourg a réussi cependant à nous faire parvenir les beaux documents de nos pages 310, 311 et 312.
A Odessa.--La rue Alexandrovskaïa où les révolutionnaires
ont arraché les grilles pour s'en faire des armes.
D'un aspect plus mouvementé encore sont les photographies d'Odessa reproduites ici. Notre correspondant a pris ces instantanés au milieu même de l'émeute sanglante dont le télégraphe nous a apporté les échos. On constate, en les regardant, combien une grande ville en pleine révolution a un aspect différent de celui qu'on serait tenté de supposer. Entre les bagarres, les collisions sanglantes, les heures de pillage et de tuerie, la vie poursuit quand même son cours. Dès qu'on ne se bat plus autour d'une barricade, des gens paisibles, des femmes, s'en approchent sans trop d'effroi. Autour d'un révolutionnaire blessé, que l'on conduit de l'ambulance à l'hôpital, des galopins courent insouciants. Pourtant la page ci-contre est sinistre. Le correspondant de l' Illustration, qui a pris cette photographie, avait assisté, le 2 novembre, au meurtre à coups de crosse d'un étudiant par des soldats, sur un trottoir devant une boutique de tabac (close comme tous les magasins ce jour-là), et en face d'un poste de police. L'émotion le troubla et il manqua le cliché qui eût fixé cette scène de sauvagerie. Mais, un instant après, resté seul en présence du cadavre, avant d'aller chercher une voiture pour le faire enlever, il fit la photographie que nous publions et qui est si simplement tragique: un corps étendu, du sang sur les pavés, un passant qui regarde... sans s'approcher.
Après les excès révolutionnaires et policiers, des excès contre-révolutionnaires non moins graves se sont produits à Odessa comme dans tout le reste de la Russie: l'instantané ci-dessous montre une troupe de ces manifestants qui opposent le drapeau national au drapeau rouge, mais qui sont dans la lutte les plus féroces peut-être.
LA CONTRE-RÉVOLUTION A ODESSA.--Les «réactionnaires»,
portant le drapeau tricolore national et un portrait du tsar, vont
attaquer les révolutionnaires et les juifs.
LES MASSACRES EN RUSSIE: DANS UNE RUE D'ODESSA, LE 2
NOVEMBRE
Photographie de notre correspondant particulier.
LES MANIFESTATIONS A SAINT-PÉTERSBOURG: UNE PROCESSION D'ÉTUDIANTS ET D'ÉTUDIANTES
Photographie de notre correspondant C.-O. Bulla.
LA JOURNÉE DU MANIFESTE IMPÉRIAL (31 OCTOBRE) A
SAINT-PÉTERSBOURG: LES DRAPEAUX ROUGES A L'UNIVERSITÉ.
Le tsar, cédant au mouvement révolutionnaire qui s'accentuait en Russie, a signé dans la soirée du 30 octobre, un manifeste accordant des libertés et des droits au peuple russe. La journée du lendemain, où fut publié ce manifeste, fut marquée, dans toute la Russie, par des manifestations tumultueuses qui se centralisèrent, à Saint-Pétersbourg, autour de l'Université impériale: les délégués du parti socialiste ouvrier et les délégués des étudiants arborèrent des drapeaux rouges au balcon de ce monument et haranguèrent la foule, tandis qu'au-dessus du fronton on apercevait un étudiant fixant à la croix une bannière rouge.--Photographie de notre correspondant C.-O. Bulla.
MISS ALICE ROOSEVELT EN CHINE.--Sa réception à la gare
de Péking.--Photographie h. Martin.
Miss Alice Roosevelt vient, on le sait, d'accomplir un sensationnel voyage en Extrême-Orient,--n'est-ce pas plutôt l'Extrême-Occident en se plaçant au point de vue américain?--Lorsque, il y a quelques mois, elle demanda la faveur de partir avec M. Taft, ministre de la Guerre, allant, à la tête d'une commission d'enquête, inspecter les Philippines, cette fantaisie ne fut pas pour étonner ceux qui connaissent bien la fille aînée du président des États-Unis. Dans tout l'éclat de ses vingt ans, d'une vive intelligence, d'un tempérament actif, d'un caractère indépendant et primesautier, passionnée sportswoman, curieuse de nouveauté et ne détestant pas la représentation, elle réalise le type achevé de la jeune fille américaine. Donc, miss Roosevelt accompagna la mission, à titre bénévole, mettant parmi les uniformes l'aimable contraste de son costume féminin, prenant sa part des réceptions, des fêtes et des honneurs officiels, bénéficiant du prestige de son illustre père, sans préjudice des sympathies conquises par sa bonne grâce enjouée et ses façons «bon garçon». Après les Philippines, l'intrépide voyageuse, en dehors du programme primitif, voulut encore visiter le Japon, la Corée, la Chine, où l'attendait le même accueil. Le 12 septembre, elle arrivait à Péking par train spécial, accompagnée d'une suite nombreuse. A la descente du wagon, elle fut reçue par MM. Rockhill, ministre des États-Unis; Ou-Ting-Fang, ministre des Voies et Communications; Lien-Eang, membre du Waï Wou Pou et, durant les trois jours qu'elle passa dans la capitale chinoise, elle devait être traitée avec une particulière distinction par l'impératrice douairière et l'empereur, auxquels elle fut présentée.
La maison Calmann-Lévy nous présente comme une nouveauté: Avant l'amour (Calmann-Lévy, 3 fr. 50), de Mme Marcelle Tinayre. Ce sont, en effet, les premières pages qu'a écrites la jeune romancière, à une date où elle cherchait un éditeur et où peut-être, tout à fait inconnue, elle se laissait aller à tout son tempérament. La Maison du péché l'a mise en vedette; elle tient depuis lors, parmi les romanciers et les écrivains, un rang fort élevé et fort mérité. A-t-on voulu exploiter sa réputation en tirant de l'ombre des pages qui n'étaient pas parvenues au grand public? Ou bien est-ce un service que l'on a rendu aux lettres par cette sorte d'exhumation d'Avant l'amour? Ce qui charmait dans la Maison du péché, c'est qu'elle n'entrait pas dans un genre particulier; ce n'était pas, malgré de fines analyses de la passion, un roman purement psychologique; bien que l'auteur nous y montrât la lutte de l'amour et de la foi, ce n'était pas non plus une histoire simplement philosophique; malgré les scènes vivantes, on n'avait pas davantage la désillusion de se trouver en pleines aventures romanesques. Avec beaucoup d'art, l'auteur avait parfaitement combiné psychologie, philosophie et imaginations. Mais ce qui dominait, ce qui couvrait le tout et lui donnait sa beauté, c'était le paysage, c'était l'étonnante et précise poésie. Jamais on n'avait ainsi senti, vu de près et rendu le coin de l'Ile-de-France qui comprend Montfort, l'Amaury, Gros-Rouvre, Galluis, Saint-Léger avec ses étangs et sa forêt. Au fond, Mme Tinayre, dans la Maison du péché, a parfaitement justifié ce que je n'ai cessé de répéter depuis que je tiens la plume de critique: le roman vaut par la poésie; on n'est pas un grand romancier si l'on n'est un grand poète.
C'est par la poésie encore que se distingue Avant l'amour, oeuvre perdue que nous sommes si heureux de retrouver. Dans les morceaux les plus étudiés, là où l'auteur semble s'attacher à détailler l'âme de son héroïne, erre encore comme un parfum de bois et de prés, on entend de jolis et doux bruits de sources. Et cependant, cela n'a pas empêché Mme Tinayre de mettre là une âpreté singulière, quelque chose de plus serré peut-être et de plus réaliste que dans ses autres romans. Ce qu'elle a représenté, c'est la jeune fille, fort bien élevée, d'une instruction et d'une éducation supérieures, mais sans fortune. Au désavantage de la pauvreté s'unit celui d'une naissance irrégulière. Sa mère morte, Marianne a été recueillie dans la famille de son parrain, et, des landes bretonnes, transplantée dans un milieu parisien de petits bourgeois.
Dans une pareille situation, qu'est-ce que Marianne fera de son coeur? Autour d'elle, ses jeunes amies se marient; pourra-t-elle jamais comme elles avoir une famille et un foyer? Et cependant, elle est d'autant plus dévorée par le besoin d'être aimée qu'elle se sent plus abandonnée dans la maison même qu'elle habite. La femme de son parrain, Mme Gannerault, a un fils qu'elle entoure de soins, dont elle caresse jusqu'aux vices et qui absorbe toute sa tendresse. Qui donc s'apercevra que Marianne est là, que ses dix-sept ans fleurissent dans ses yeux et sur ses joues et qu'elle a toute la grâce d'avril? La lecture des poètes et des romanciers s'est jointe à l'instinct pour lui révéler l'amour et lui faire désirer l'apparition réelle de l'inconnu dont elle a entrevu le fantôme dans ses songes. Comme Mme Tinayre a bien décrit ces premiers pressentiments et ces premiers rêves de la jeune fille qui prend conscience d'elle-même!
Marianne souffre étrangement parce qu'elle sait, à cette heure singulière, et que sa marraine lui répète qu'elle n'est pas dans les conditions sociales requises pour inspirer le sentiment qui conduit au mariage.
Pourtant, au milieu de ces jeunes filles qui vont à l'autel en robe blanche, dans ces printemps parisiens pleins de joie, où les couleurs claires jettent du plaisir dans toutes les rues, où les gros bourgeons des marronniers éclatent dans les avenues en feuilles et en fleurs, elle veut vivre et s'épanouir, comme tous les êtres. Un soir, ses yeux rencontrent ceux d'un jeune musicien qui semble s'émouvoir en sa présence et qui éprouve réellement pour elle je ne sais quoi de particulièrement tendre. C'est le premier qui la trouve jolie, qui le lui dit et qui lui murmure les mots attendus. Elle en conclut, l'innocente! qu'il va l'épouser. Mais, au moment de s'expliquer, il disparaît. Eternellement elle gardera au coeur le souvenir du jeune maestro et la blessure qu'il lui a faite. Un homme, usé par les ans et par les vices, d'une fortune considérable, d'un beau nom, la poursuit de ses assiduités. Après l'avoir éconduit, peut-être finira-t-elle par se résigner et par consentir à l'union légale. Mais ce n'est pas cela précisément que désire M. de Montauzat. Orpheline, sans état civil normal, sans fortune, elle a beau être ravissante, d'une intelligence et d'une délicatesse morale fort exquises, personne ne veut lui donner le bonheur dans le mariage.
Cette hypocrisie de la société et des hommes, ces lâchetés, ces calculs, l'irritent profondément et l'incitent à la révolte. N'aimera-t-elle pas en dehors des lois conventionnelles? Tiendra-t-elle éternellement une lourde pierre sur son coeur pour en comprimer les battements? Maxime, le fils de M. et Mme Gannerault, revient d'un long voyage. Quelle surprise! Celle qu'il a laissée enfant s'est développée en une belle jeune fille. A travers les bois et les prés, dans ce paysage ondulé de Galluis, ils se promènent, lui passionnément épris de Marianne. Mais elle ne l'aime pas, bien que souvent, amollie par les conversations, par la solitude à deux, par le charme de la campagne, elle ne se refuse pas complètement à certaines privautés. Si Mme Tinayre l'eût faite plus sévère, elle l'eût faite moins réelle. Pour qu'elle se décide à aimer Maxime, dur, arriviste forcené, il faut qu'elle y soit entraînée par la compassion. Combien souvent, en effet, la passion de la femme est allumée par sa pitié! Malheureux, rejeté du monde, accablé sous ses fautes, Maxime trouve le refuge suprême et l'espoir dans le coeur de Marianne.
Nulle part, en aucun livre, la jeune fille n'avait été ainsi analysée dans ses désirs, dans ses faiblesses, dans toute sa sensible et subtile psychologie. Ce n'est pas précisément une sainte, inaccessible à la passion, que Marianne. C'est une jeune fille fragile et noble en même temps, c'est une femme qui peut avoir ses passagères défaillances et qui nous fournit un beau type d'humanité.
Au risque de rencontrer des contradicteurs, j'avouerai ma prédilection,
parmi les livres de Mme Tinayre, pour Avant l'amour. Il est d'une
trame ferme; il a cette qualité si rare à rencontrer dans les romans
modernes: l'unité. Ordinairement, on accumule les personnages; on
supplée à la profondeur par l'étendue. Ici, il n'y a guère qu'une
personne, mais qui nous est montrée dans les moindres replis de son âme.
Comment ne pas s'émerveiller pareillement de ce style, poétique avec
goût, éloquent même sans déclamation, paré sans afféterie! Mme Tinayre
ressemble à ces paysages dans lesquels elle se complaît, aux paysages de
l'Ile-de-France; elle vous laisse des impressions de doux soleils, de
forêts qui reçoivent à travers leurs arbres une lumière tamisée, mesurée
et fine.
E. Ledrain.
Viennent de paraître Variétés littéraires et scientifiques. Après l'Art poétique, de Boileau; le Petit Traité de poésie française, de Théodore de Banville; les Réflexions sur l'art des vers, de Sully-Prudhomme, l'excellent poète Auguste Dorehain ne craint pas de publier, à son tour, un livre intitulé l'Art des vers (Bibliothèque des Annales politiques et littéraires, 3 fr. 50). Est-ce témérité de sa part? Nullement. En pareille matière, comme en bien d'autres, il est toujours permis, il est parfois bon, de reviser, coordonner ou mettre au point pour ses contemporains les règles et les préceptes formulés par les devanciers; il peut être utile d'apporter au fonds acquis des contributions nouvelles. L'auteur de la Jeunesse pensive et de Conte d'avril a donc eu raison de le faire, d'autant plus qu'il l'a fait avec autant d'originalité que de conscience et de science.
Un code complet des lois qui «régissent le Parnasse». un traité de versification, une grammaire à l'usage des «disciples d'Apollon», un recueil d'exemples judicieusement choisis, précieux à consulter, son livre est tout cela, et pourtant, malgré son caractère didactique, son apparence de rudiment classique, coupé méthodiquement en divisions et subdivisions, il n'est point d'un pédagogue; il suffit de se pencher dessus un peu attentivement pour y reconnaître l'oeuvre d'un lettré, d'un écrivain, d'un poète de la bonne école, ardemment épris de l'art qu'il se plaît à enseigner sous une forme claire sans sécheresse et précise sans rigidité. «Le chemin que nous aurons à suivre sera quelquefois aride; mais vous savez, à présent, à quels jardins enchantés il peut nous conduire: partons.» C'est en ces termes qu'Auguste Dorehain encourage le lecteur, à la fin d'un de ses chapitres introductifs. On part, on continue, et c'est à peine si l'on s'aperçoit çà et là de l'aridité du chemin, tant le guide sait distraire et charmer le voyageur par sa suite de causeries où abondent les pensées élevées et délicates, les aperçus ingénieux, les jugements critiques d'un sens droit et d'un goût sûr, souvent assaisonnés d'une fine pointe d'esprit. Aussi, quiconque aime simplement les vers, même n'eût-il aucun dessein de s'y exercer et ne fût-il pas marqué au front du signe des élus, trouvera-t-il plaisir et profit à la lecture de ces agréables et substantielles leçons.
Dans un livre de souvenirs, les Derniers Jours de la bohème (Calmann-Lévy, 3 fr. 50). M. Philibert Audebrand nous convie à une promenade d'art dans les endroits oubliés où les amis de Murger fumaient des pipes en attendant la gloire. C'est une flânerie dans ce passé, tumultueux et séduisant, qui fut comme l'adolescence littéraire du dernier siècle. L'itinéraire est curieux. Le cicerone a de l'esprit; il sait et nous dit sur tous des anecdotes précieuses, attendries ou picaresques, toujours aimables. Son livre est charmant.
Les animaux pensent. Ils observent, ils jugent, ils parlent quelquefois. Dans le monde des animaux (Paulin, 5 fr.). M. Labadie-Lagrave nous conte, avec humour, diverses scènes de la vie intellectuelle et morale des bêtes. Les aventures que nous révèle l'auteur sont, paraît-il, authentiques. Et ce fait n'est pas pour diminuer l'intérêt du roman «d'un cerf qui n'avait qu'une corne», du «duel entre deux lièvres», des «espiègleries d'un hérisson» et des «colères d'un crocodile ennuyé par des singes».
On ne doit plus ignorer l'origine, la valeur, les applications principales de certaines découvertes récentes (radium, télégraphie sans fil, etc.). qui ont fait un si grand bruit dans le monde. Les Actualités scientifiques (Schleicher. 3 fr. 50) sont une réunion de chroniques vulgarisatrices, publiées en 1905 par M. Max de Nansouty et dont la lecture facile permettra aux profanes--le grand nombre--de parler, sans dire de sottises, de choses qu'ils ne connaissent pas.
Théâtre.
La fine comédie d'Alfred Capus, Monsieur Piégois, que représenta le théâtre de la Renaissance et que publia L'Illustration, vient de paraître en librairie (Fasquelle, 3 fr 50) sous une élégante forme.
Sir Walter Vaughan Morgan, le nouveau lord-maire élu récemment par la corporation de la Cité de Londres, est un notable négociant, âgé de soixante-quatorze ans. Né en 1831, au pays de Galles, il fut, en 1855, un des fondateurs de la grande maison de banque et de commerce à laquelle ses frères et lui ont attaché leur nom; il appartient au parti libéral unioniste, possède un grade élevé dans la franc-maçonnerie et dirige une importante société de publications éditant plusieurs journaux spéciaux, entre autres le Chimiste et Droguiste, le Quincaillier. Étant célibataire, sir Walter Vaughan Morgan a confié à sa nièce, miss Hornby Steer, le soin de faire les honneurs de Mansion house comme lady-mayoress.
Sir Walter Vaughan Morgan, le nouveau lord-maire de Londres. |
«La République française», figurant dans le cortège du lord-maire. |
Il a été procédé à l'élection le 29 septembre, jour de la Saint-Michel; mais c'est seulement à la date initiale de l'année civique, le 9 novembre, que, suivant la coutume, a eu lieu l'installation solennelle du nouveau magistrat, qui a parcouru la Cité, revêtu de son costume d'apparat et accompagné d'un nombreux cortège. On a maintes fois décrit (voir notamment L'Illustration, n° du 19 novembre 1904) cette procession traditionnelle, sa pompe un peu carnavalesque, mais fort goûtée du public londonien. Outre les carrosses de gala, les musiques, le défilé des corporations, la cavalcade plus ou moins historique, elle comporte, on le sait, une série de chars allégoriques. L'an dernier, on y remarquait une imposante Britannia, trônant sur le char de l'Empire, armée d'un trident; cette année, le «numéro» sensationnel était une monumentale effigie de la République française, coiffée du bonnet phrygien et tenant le drapeau tricolore. Certes, l'aspect de cette puissante personne éveillait de prime abord la souvenir du vers fameux d'Auguste Barbier:
C'est une forte femme...
Sans doute on pouvait critiquer l'esthétique peu idéale du Phidias de circonstance et reprocher quelque vulgarité à la statue de staff sortie de ses mains; mais, comme il s'agissait évidemment d'un tribut courtois payé à l'«entente cordiale», il faut avant tout savoir gré de leur excellente intention aux organisateurs de la manifestation britannique et à l'artiste qui s'est chargé d'interpréter leur pensée.
L'exposition des chrysanthèmes, qui a eu lieu ces jours derniers dans les serres du Cours-la-Reine, fut, comme toujours, fort brillante. Elle se distinguait peut-être des précédentes par une luminosité et un éclat plus grands, résultant d'une tendance marquée à abandonner un peu les teintes violacées en faveur des pourpres et des cramoisis intenses, des mauves plus francs et, surtout, des jaunes et des ors, qui présentaient des gammes de tons merveilleuses.
Nous avons noté, parmi les plus belles nouveautés exhibées pour la première fois:
Opale, mauve très légèrement bleu, d'une fraîcheur remarquable; Incandescence et Camille Desmoulins, vieil or rougeâtre extrêmement chaud; Fusée, grand soleil plat, jaune de chrome clair très pur; Ripart Amort, panaché or et chaudron clair; Vallée d'Aspe, mauve très clair, très lumineux. A côté de ces variétés, toutes du type dit japonais, il convient de noter: Bébé, japonais rayonnant, vieux rose; Venusson, type incurvé, de forme encore très imparfaite, mais d'une teinte jaune vert bien nette, fort différente des verts jaune clair jusqu'alors obtenus, curieuse sinon jolie.
Le succès de bizarrerie a été pour Tokio, type japonais mauve clair, formé de deux ombelles superposées, l'ombelle supérieure à pétales érigés, l'inférieure à pétales infléchis, comme le montre notre gravure: l'aspect général rappelle assez celui de certains abat-jour en papier.
Trois charmantes variétés pompon à petite fleur, issues de Baronne de Vinels, violacé demi-clair: Madame Georges Barré, rose cuivré intense; Docteur Georges Barré, rouge violacé foncé; Madame André Boeuf, rose et blanc.
Dans les cramoisis, déjà aperçus, mais très perfectionnés, nous citerons: Humphreys, rayonnant; Amateur Conseil, japonais rayonnant; Charles Schwarz, rayonnant; Papa Voraz, japonais pompon.
Aux amateurs d'oeillets, nous indiquerons, parmi les variétés nouvelles:
Petit Charles Pierlot, très beau blanc; Miss Irène Catlin, fleur en forme de camélia, carminé très clair; Madame Louis Lévêque, marbré rose carminé très pur de jaune; Louis Lévêque, même fleur moins pure de jaune. Fait curieux, cette dernière variété a été obtenue simultanément par deux horticulteurs; elle porte provisoirement deux noms: Louis Lévêque et Madame Goldschmit. Notons encore la perfection croissante du type ardoisé Madame Biffard.
Très joli le cyclamen Papilio, amélioré par hybridation avec le cyclamen à grande fleur de Perse. Ses pétales frangés, particulièrement étalés, se présentent avec toutes les nuances de l'espèce, notamment avec des teintes saumon jusqu'ici trop délaissées et des richesses de mauve qui donnent à certaines variétés l'aspect de petits catleyas.
Le Clianthis Dampieri, légumineuse de serre, ancienne mais peu connue, amuse par ses fleurs écarlates tachées d'une grande macule noire, donnant par leur forme et leur coloris la sensation d'un hanneton endormi sur une pince de homard.
Enfin, nous ne saurions trop vanter le bégonia Lotte, type ligneux issu de variétés anciennes et peu cultivées, mais amené à une puissance de végétation extraordinaire. Chaque pied atteignait une hauteur de 90 centimètres, toute la ramure disparaissant sous l'abondance de feuilles lancéolées sur lesquelles tombaient d'énormes grappes de fleurs rosées. Cette variété, qui supporterait, dit-on, la pleine terre pendant les étés de Touraine et du midi de la France, semble devoir se prêter à d'admirables effets décoratifs dans les parcs et les grands jardins.
Le chrysanthème «Tokio».
Le bégonia «Lotte»
Deux fleurs remarquées à l'exposition de chrysanthèmes.
Parmi les fourrures diverses que l'on achète volontiers à la saison où nous sommes, demandant à la peau des bêtes une protection contre le froid que notre peau humaine ne peut nous fournir, celle de la loutre de mer occupe une place importante. C'est une belle fourrure, fort appréciée et admirée. Au dix-huitième siècle, elle venait du Kamtchatka, où la loutre de mer était abondante; mais, en peu d'années, tous les individus de la région avaient disparu, exterminés par l'homme. La fourrure se fit rare, par conséquent. Vers le milieu du dix-huitième siècle, elle redevint abondante. On avait trouvé la loutre de mer aux îles Aléoutiennes et dans leurs parages. Aussitôt des expéditions de s'organiser; mais l'effet de celles-ci ne se fit pas attendre: bientôt, vers 1774, on ne put se procurer que quelques centaines de peaux par an. Mais, peu après, l'Alaska révélait ses trésors de pelleterie et, à la fin du dix-huitième siècle, on pouvait se procurer jusqu'à 120.000 peaux de loutre de mer par an. Mais tout a une fin, même une espèce animale que l'on massacre avec férocité et, en 1804, on était content quand on avait obtenu 15.000 peaux. Quelques années plus tard, quand la Russie céda l'Alaska aux États-Unis, cette région n'en fournissait que 700 par an. Les Américains essayèrent un peu d'arrêter l'extermination et, de 1867 à 1880, l'Alaska exporta près de 53.000 peaux de loutre; mais, en 1901, la production tombait à 406. Il n'y a pas à s'en étonner. La chasse à la loutre de mer est ouverte toute l'année, sauf un seul jour. Il est évident que l'espèce va disparaître prochainement. Le meilleur terrain de chasse au Kamtchatka ne fournit que 12 ou 14 peaux par an, et l'on se demande comment la peau de loutre de mer peut être encore relativement abondante dans le commerce des fourrures. Sur quelles bêtes ont pris naissance tant de pelleteries inexactement baptisées «loutre de mer»?
Au 1er janvier 1905, il existait en France, en Algérie, à la Guadeloupe et à la Martinique, 10.987 syndicats professionnels, comptant 1.719.196 membres, dont 1 million 627.374 hommes et 92.722 femmes. Notons que la population active masculine ne compte guère que 10 à 11 millions d'individus.
Dans ce total, les divers syndicats sont représentés comme suit:
Membres
Syndicats patronaux 3.102 252.036 ouvriers 4.625 781.344 Mixtes 144 025.863 Agricoles 3.116 659.953
A remarquer le nombre restreint des syndicats mixtes (patrons et ouvriers).
Ce sont les syndicats patronaux qui ont le plus augmenté depuis la loi de 1884.
Fait inattendu, c'est le groupe des professions libérales, médecins, pharmaciens, etc., qui compte, proportionnellement, le plus grand nombre de patrons syndiqués: 391 syndicats, avec 28.323 membres, y représentent 78,6%, plus des trois quarts de la population classée dans cette catégorie. Viennent ensuite l'industrie des mines, les papiers et industries polygraphiques, les produits chimiques, etc.
La classe la plus nombreuse, l'alimentation, compte 1.042 syndicats avec 103.495 membres, plus du tiers des syndicats patronaux et plus de 40% de leurs adhérents. Ce n'est pourtant que 24% du nombre total des patrons de la profession.
L'ensemble des adhérents des syndicats ouvriers ne forme pas la moitié de l'ensemble des syndiqués de France.
Dans les mines, 71 syndicats ouvriers ont 79.277 adhérents, soit 51 pour 100 mineurs. Dans les produits chimiques, où le mouvement syndical est le plus puissant après les mines, il n'y a que 25% des travailleurs qui font partie des syndicats. Le travail des métaux possède 558 syndicats avec 15,5% des ouvriers de cette catégorie.
Viennent ensuite les transports, les industries textiles, les industries du bois et de l'ameublement, etc., et, tout au dernier rang, les travailleurs du groupe soins personnels et domestiques, qui n'ont que 1,34% de syndiqués, et ceux de l'agriculture, 1,32%.
Les syndicats ont créé nombre d'institutions utiles: 961 ont des offices de placement, 1.059 des bibliothèques, 816 des caisses de secours mutuels, 690 des caisses de chômage, 652 des caisses de secours de route, 348 des cours et écoles professionnels.
Les petits tremblements de terre sont extrêmement fréquents, presque autant, voire davantage, en certaines contrées, que les jours d'orage ou les jours de pluie. Dans un fascicule des Annales du Bureau central météorologique de France, communiqué récemment par M. Mascart à l'Académie des sciences, M. Marchand, directeur des observatoires de Bagnères-de-Bigorre et du pic du Midi, a dressé le catalogue de tous les mouvements du sol qui se sont produits dans cette région de 1896 à 1902.
En 1896, 75 jours; en 1897, 98 jours; en 1898, 19 jours; en 1900, 9 jours; en 1901, 30 jours; en 1902, 81 jours; on a constaté des mouvements qui se sont répétés parfois le même jour à plusieurs heures d'intervalle. Secousses et trépidations, parfois accompagnées de rumeurs souterraines, ont été, en général, très faibles. Un certain nombre, d'amplitude supérieure à l/10e de millimètre, ont été enregistrées par le sismographe; celles d'une amplitude inférieure, ne pouvant impressionner les instruments imparfaits dont disposait alors l'observatoire, ont été observées directement.
D'après des expériences précises de M. Marchand, l'amplitude minima des vibrations verticales que tout le monde perçoit, sans être--préalablement averti par un bruit, et à condition d'être au repos, est comprise entre 15/10e et 20/10e de millimètre. Quand il y a bruit, la population de la contrée agitée peut percevoir des trépidations inférieures à l/20e de millimètre, c'est-à-dire moindres que le frémissement produit par le passage d'une voiture.
La concordance, dans cette région, entre la fréquence des tremblements et la quantité d'eau qui s'infiltre dans le sol fait supposer qu'ils dépendent de l'affaissement souterrain des masses de roche plus que de toute autre cause. Aussi se produisent-ils de préférence en juillet.
C'est une opinion très répandue que les phases de la lune ont une influence sur la végétation, et beaucoup de personnes étendent même cette influence jusqu'à la végétation animale--s'il est permis de réunir ces deux mots--soutenant que la croissance des cheveux et des ongles est plus ou moins active selon le moment de la lune auquel ils ont été coupés.
En réalité, de telles croyances, qui n'ont rien en soi d'absurde, relèvent de la méthode expérimentale et déjà plusieurs expériences, croyons-nous, ont été faites sur ce sujet.
En voici de récentes, dues à M. C. Flammarion. A sa station de climatologie agricole de Juvisy, M. Camille Flammarion a fait des semis de pois, de betteraves, de carottes, d'oignons, de pommes de terre, de romaines, de choux, de laitues et de radis, à des dates correspondant aux diverses phases de la lune, et il a constaté et dûment enregistré... qu'il était absolument impossible de rien conclure sur l'influence de ces phases.
Ce qui n'empêchera pas sans doute bien des personnes de continuer à y croire.
Nous avons reçu la lettre suivante:
Monsieur le directeur,
Dans votre numéro du 28 octobre 1905, à la page 287, je lis l'entrefilet suivant: «Rappelons, à ce propos, que le rubis artificiel, ou rubis reconstitué, «aussi beau que «le vrai», si abondant aujourd'hui chez les joailliers parisiens, est obtenu simplement en fondant de la poussière de rubis naturel. Il n'y a donc aucune comparaison à établir entre cette industrie et le problème de la transformation d'un pain de sucre en rivière de diamant.»
Je ne puis laisser passer, sans protester, la phrase dans laquelle vous dites: «... Le rubis reconstitué... si abondant aujourd'hui chez les joailliers parisiens...»
En effet, le public serait tenté de croire que, contrairement à la réalité des faits, les joailliers parisiens ont dans leur stock une quantité de rubis reconstitués.
C'est le contraire qui existe. Les joailliers parisiens considèrent, à juste raison, le rubis reconstitué, non comme une pierre naturelle, mais comme un simple produit artificiel, dépourvu de toute grande valeur.
Veuillez agréer... etc. Le président de la Chambre syndicale de la bijouterie, joaillerie, orfèvrerie de Paris, Léon Aucoc.
Le supplément musical de l'Illustration est consacré aujourd'hui à Miarka, le beau drame lyrique de M. Jean Richepin, musique de M. Alexandre Georges, qui a été acclamé cette semaine à l'Opéra-Comique.
Les fervents de musique classique ont salué avec plaisir dans cette Miarka les deux hymnes que nous publions précisément dans ce numéro. Ces belles pages étaient pour eux des connaissances qui datent de novembre 1896. C'est en effet à une des séances du Concert Lamoureux, au Cirque d'Été, que Mme Jenny Passama créa, au milieu d'applaudissements unanimes et pour l'auteur et pour l'interprète, l'Hymne à la Rivière et l'Hymne au Soleil, qui, depuis, ont été intercalés dans le drame lyrique de M. Alexandre Georges et en sont les plus purs joyaux.
Ces deux airs se chantent l'un à la suite de l'autre, à la fin du premier tableau, qui est le prologue de Miarka. Ils sont le baptême de la petite Miarka que sa grand'mère, la Vougne, une bohémienne qui détient les secrets et les rythmes de la tribu, présente d'abord à l'eau, où elle la trempe, puis au soleil pour la sécher.
L'Hymne à la Rivière est comme une incantation solennelle, hiératique; l'orchestration en semble enveloppée de mystère et d'émotion pénétrante.
L'Hymne au Soleil est, au contraire, vibrant, éclatant. C'est de la musique qui se grise pour ainsi dire de lumière. C'est une invocation d'un lyrisme enfiévré. Mme Héglon a fait ressortir en grande artiste le contraste voulu par l'auteur entre ces deux pages de coloration si variée. L. S.
Mme Marguerite Carré.
Mme Héglon.
Les deux principales interprètes de «Miarka» à l'Opéra-Comique.
--Phot. Paul Berger.
Nous parlons d'autre part de Miarka, le drame extrait par M. Jean Richepin d'un de ses romans et si heureusement mis en musique par M. A. Georges. La mise en scène est de toute beauté; on ne saurait trop en louer la direction de l'Opéra-Comique et M. Jusseaume, son très artiste décorateur. Mme Carré, gracieuse et piquante dans le rôle de Miarka, et Mme Héglon, qui a composé avec une puissance réelle le rôle d'une vieille bohémienne, chantent avec un art accompli cette musique dont la grande qualité est d'être mélodique et pittoresque.
Le théâtre de la Renaissance joue actuellement une pièce en quatre actes de M. Jules Lemaître: Bertrade, écrite en un style fin et savoureux dont nos lecteurs pourront juger, puisque L'Illustration publiera cette oeuvre in extenso dans un de ses prochains numéros. Mlle Brandès, Mme Judic, Darcourt, MM. Guitry, Guy, Arquillière, se sont fait, dans leurs rôles respectifs, chaleureusement applaudir.
M. Déroulède, venant de Vienne, où, après avoir refusé le bénéfice de la grâce, il attendait le vote de l'amnistie, a fait son entrée à Paris, dimanche 5 novembre. Des manifestations chaleureuses ont marqué le retour de l'exilé: une foule énorme avait envahi la cour de la gare de Lyon, vers 2 heures de l'après-midi, lorsque, accompagné de M. Marcel Habert, le président de la Ligue des Patriotes monta dans un landau découvert, attelé de deux chevaux. A partir de ce moment, il devait cheminer lentement, jusqu'à l'avenue Victor-Hugo, constamment debout et la tête découverte, au milieu d'incessantes ovations.
M. Déroulède. L'ARRIVÉE A PARIS DE M. PAUL DÉROULÈDE.--A
la gare de Lyon.
La Fédération nationale de la Mutualité avait organisé, dimanche dernier, à Paris, une grande solennité en l'honneur du président de la République, le «premier mutualiste de France», ainsi qu'il se plaît à se qualifier lui-même. La cérémonie officielle du Trocadéro a été suivie d'un banquet monstre de 50.000 couverts, donné dans la galerie des Machines, dont l'aspect d'ensemble différait peu de celui qu'a reproduit L'Illustration, lors du banquet de 1904, comptant 26.000 convives. Entre ces deux principaux numéros du programme s'est intercalée une petite scène historique assez originale: M. Loubet a procédé à la plantation, près de la tour Eiffel, côté de l'avenue de Suffren, du «premier arbre de la Mutualité », un jeune orme d'une belle venue. Le président lui a souhaité longue vie, en exprimant d'ailleurs la ferme conviction que, durât-il mille ans, l'institution qu'il symbolise lui survivra encore.
Le président de la République plantant, au Champ de Mars, l'arbre de la
Mutualité.
(On remarque à la gauche de M. Loubet: M. Mabilleau, et
derrière lui, à droite MM. Doumer, Rouvier, Bienvenu-Martin, Etienne,
Ruau, Lourties, Lépine.)
FRAGONARD.--Le Billet doux.
Phot. Braun, Clément et Cie.
Au lendemain de la mort tragique de M. Ernest Cronier, on apprit que ce «roi des sucres», qui avait possédé cent millions et qui, non seulement venait de les perdre en quelques mois, mais laissait cent millions de passif, avait trouvé, au milieu de sa vie fiévreuse de spéculateur, le temps de collectionner passionnément des chefs-d'oeuvre: tableaux de maîtres anciens et modernes, meubles du dix-huitième siècle, porcelaines de Chine, tapisseries admirables. Un détail montre bien qu'en s'entourant de ces merveilles il satisfaisait ses goûts autant que son orgueil de nouveau multimillionnaire: il possédait déjà sa belle série de tapisseries île Beauvais d'après les cartons de Boucher, l'Histoire de Psyché, quand il changea de demeure. Hésitant entre deux hôtels, il choisit, celui de la rue de Lisbonne, moins vaste que Vautre, parce qu'il y trouvait des panneaux qui semblaient avoir été faits exactement pour recevoir ces pièces uniques.
La rafale qui a passé sur cette existence fastueuse a tout balayé. La collection Cronier va être, dans un mois, dispersée aux enchères. Nous sommes heureux de pouvoir reproduire ici, pendant qu'elles n'appartiennent qu'à une liquidation judiciaire, quelques-unes des oeuvres capitales qui, après quelques journées d'exposition et de vente publique, trouveront de nouveaux possesseurs pour les soustraire jalousement à tous les yeux.
Nous publierons, après la vente, dans nos «Documents et Informations», les prix obtenus et les noms des acquéreurs.
CHARDIN.--Le Volant. | WATTEAU.--Le Lorgneur. | LA TOUR.--Lady comtesse de Coventry. |
LA TOUR.--Portrait du graveur Schmidt. | FRAGONARD.--La Liseuse. |
DIAZ DE LA PENA.--Le Printemps. | TROYON.--Vaches à la lisière d'un bois. |
GAINSBOROUGH.--Sir John Campbell. | REYNOLDS.--Lady Stanhope. | GAINSBOROUGH.--Méditation. |
LAWRENCE.--Portrait de miss Day. | ROMNEY.--La Jeune Laitière. |
COROT.--Le Pâtre. | JULES DUPRÉ.--La Mare. |
La Duchesse à la chasse. | Départ de Sancho pour l'Ile de Barataria. |
CH. COYPEL.--L'Histoire de Don Quichotte. (Tapisserie des Gobelins.)
FRANÇOIS BOUCHER,--Psyché montrant ses joyaux à ses
soeurs. (Tapisserie de Beauvais).--Photographies Gossin.
NOUVELLES INVENTIONS
(Tous les articles compris sous cette rubrique entièrement gratuits.)
Les amateurs de tir de salon s'intéresseront à la nouvelle carabine que nous décrivons à nos lecteurs. Cette arme offre la particularité de contenir plusieurs centaines de plombs et, par suite, de permettre de tirer autant de fois sans recharge. N'oublions pas toutefois qu'il faut réarmer à chaque coup puisque la puissance de projection est empruntée, comme dans les instruments analogues, à la tension d'un ressort détendu à chaque tir. La description, bien qu'un peu aride, présente un certain intérêt en raison de l'originalité du mécanisme. La carabine, représentée en coupe longitudinale par la vignette ci-dessous (fig. 1), se compose d'un piston introduit dans le canon et formé d'une rondelle de cuir A, d'un cylindre lisse B et d'un chariot C, portant antérieurement des perforations permettant le libre accès de l'air; à l'intérieur du chariot se trouve un fort ressort à boudin D qui, en armant, se comprime contre le guidon E, dont la tige se prolonge inférieurement; à la partie postérieure de ce chariot est adapté un galet F sur lequel agit un doigt dont est munie la sous-garde-levier G, pour amener l'extrémité du chariot sur la gâchette H, où il est armé. Sur le devant, le piston est muni d'un petit tube I portant à sa base deux petites ouvertures J, dans le but de faire pénétrer dans ce tube l'air qui, comprimé par le jeu du piston, doit chasser le grain de plomb qui s'est introduit automatiquement à l'extrémité dudit tube, ainsi qu'on le verra plus loin. D'autre part, un appendice tubulaire (fig. 2) est adapté dans le canon de fusil et son extrémité intérieure se visse dans une rondelle K fixée dans le canon. Les plombs de chasse sont introduits et emmagasinés dans celui-ci par un trou pratiqué vers son extrémité et que l'on ferme ensuite au moyen d'une lentille que porte la languette L, en tournant à la main le bouton extérieur M qui ferme le canon. Ce bouton porte un trou au centre pour le passage du projectile. Les plombs emmagasinés sont conduits, ainsi qu'on le voit, par une hélice N dans un petit canal à l'extrémité duquel se trouve un trou O où ils disparaissent successivement chaque fois qu'on arme.
C'est dans cet appendice, formé principalement d'un tube, que fonctionne, concentriquement, le petit tube lance-projectiles I dont l'extrémité, quand le fusil est armé, vient démasquer le trou 0 et permet l'introduction d'un nouveau plomb.
On comprend aisément le fonctionnement de cet ingénieux fusil, après qu'il a reçu sa charge de petits plombs de chasse; premier mouvement, on arme en tenant le fusil verticalement; deuxième mouvement, on referme la sous-garde; troisième mouvement, on vise, on presse la détente et le plomb part sous la poussée de l'air comprimé par le piston et le ressort.
Cette arme, très juste, permet de faire mouche six à sept fois sur dix à près d'une dizaine de mètres et sa portée est de 25 mètres; elle se charge avec du plomb numéro 0, aussi facile à se procurer en ville qu'à la campagne; elle ne pèse guère que 1 kil. 250 et sa longueur est d'environ 0m,80. Son maniement est enfin très facile.
Cette carabine peut être, placée sans inconvénient entre les mains des jeunes filles et des enfants.
Nous devons ajouter qu'elle peut projeter également des flèches; il suffit pour cela de dévisser la pièce représentée par la figure 2, d'introduire la flèche dans le tube, de revisser, armer et tirer. Toutefois, cette opération n'étant pas très rapide, il est préférable de se servir uniquement des plombs. On trouve cette carabine au prix de 15 francs franco, avec un sac de munitions, chez M. Murrison, représentant, 76, rue de Bondy, Paris.
Ce flotteur nouveau intéresse les pêcheurs à la ligne par sa nouveauté et sa commodité; il permet de prendre le poisson avec une ligne flottante non tenue à la main bien plus sûrement que les flotteurs ordinaires. Il est creux et peut se garnir d'eau en partie.
Lancé au large il se met automatiquement à l'eau dans la position verticale et y reste jusqu'à la bichée du poisson. Sur celle-ci il plonge et s'équilibre par l'eau qu'il prend: il est comme s'il n'était pas, pourrait-on dire. Le poisson, dont l'instinct de conservation n'est pas averti par la traction de bas en liant qu'exercent habituellement sur ses lèvres les flotteurs ordinaires, ne rejette pas l'esche: il l'avale et se prend de lui-même.
Son système d'attache à la ligne est aussi rapide qu'ingénieux; il évite le démontage de la ligne et le passage, toujours ennuyeux, du fil dans un tube quelconque:
Il suffit pour cela d'enlever le coulant, de faire pivoter la moitié de la partie inférieure et de glisser le fil dans l'entaille en queue d'aronde et refermer; puis remettre le coulant. Le flotteur est pris et ne peut ni glisser ni se perdre. Ce flotteur, appelé le «Corneville», se vide automatiquement dès qu'on le tire hors de l'eau.
Pour tous renseignements, s'adresser à M. Verdeyen, 44, rue du Faubourg-du-Temple, Paris.
Note du transcripteur: Le supplément musical ne nous a pas été fourni.
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The Foundation's EIN or federal tax identification number is 64-6221541. Its 501(c)(3) letter is posted at http://pglaf.org/fundraising. Contributions to the Project Gutenberg Literary Archive Foundation are tax deductible to the full extent permitted by U.S. federal laws and your state's laws. The Foundation's principal office is located at 4557 Melan Dr. S. Fairbanks, AK, 99712., but its volunteers and employees are scattered throughout numerous locations. Its business office is located at 809 North 1500 West, Salt Lake City, UT 84116, (801) 596-1887, email business@pglaf.org. Email contact links and up to date contact information can be found at the Foundation's web site and official page at http://pglaf.org For additional contact information: Dr. Gregory B. Newby Chief Executive and Director gbnewby@pglaf.org Section 4. Information about Donations to the Project Gutenberg Literary Archive Foundation Project Gutenberg-tm depends upon and cannot survive without wide spread public support and donations to carry out its mission of increasing the number of public domain and licensed works that can be freely distributed in machine readable form accessible by the widest array of equipment including outdated equipment. Many small donations ($1 to $5,000) are particularly important to maintaining tax exempt status with the IRS. The Foundation is committed to complying with the laws regulating charities and charitable donations in all 50 states of the United States. Compliance requirements are not uniform and it takes a considerable effort, much paperwork and many fees to meet and keep up with these requirements. We do not solicit donations in locations where we have not received written confirmation of compliance. 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Hart is the originator of the Project Gutenberg-tm concept of a library of electronic works that could be freely shared with anyone. For thirty years, he produced and distributed Project Gutenberg-tm eBooks with only a loose network of volunteer support. Project Gutenberg-tm eBooks are often created from several printed editions, all of which are confirmed as Public Domain in the U.S. unless a copyright notice is included. Thus, we do not necessarily keep eBooks in compliance with any particular paper edition. Most people start at our Web site which has the main PG search facility: http://www.gutenberg.org This Web site includes information about Project Gutenberg-tm, including how to make donations to the Project Gutenberg Literary Archive Foundation, how to help produce our new eBooks, and how to subscribe to our email newsletter to hear about new eBooks.