Project Gutenberg's L'Illustration, No. 3273, 18 Novembre 1905, by Various This eBook is for the use of anyone anywhere at no cost and with almost no restrictions whatsoever. You may copy it, give it away or re-use it under the terms of the Project Gutenberg License included with this eBook or online at www.gutenberg.org Title: L'Illustration, No. 3273, 18 Novembre 1905 Author: Various Release Date: July 14, 2011 [EBook #36706] Language: French Character set encoding: ISO-8859-1 *** START OF THIS PROJECT GUTENBERG EBOOK L'ILLUSTRATION, NO. 3273, 18 *** Produced by Jeroen Hellingman and Rénald Lévesque
L'Illustration, No. 3273, 18 Novembre 1905
Ce numéro contient quatre pages sur les troubles de Russie, non brochées. En supplément: L'ILLUSTRATION THÉÂTRALE avec le texte complet de la Marche nuptiale, par Henry Bataille.
UNE «BANDE NOIRE» A MOSCOU
Des Russes qui marchent derrière le portrait du tsar et le drapeau national devraient inspirer toute la sympathie due à des défenseurs de l'ordre. Pourtant les correspondances de Russie attribuent aux «cent noirs» un rôle équivoque et odieux: celui de provoquer des désordres pour donner aux autorités l'occasion de les réprimer. Bien plus, ce seraient ces bandes noires qui, sous l'oeil indifférent de la police, massacreraient les étudiants à Moscou, les juifs à Odessa, et qui partout pilleraient et incendieraient les magasins et les demeures des «ennemis de l'autocratie».
Une nouvelle jetée distraitement, par un étudiant qui passe, à un ami: «Rambaud est mort.» Et l'on parle d'autre chose,--des cours de la Faculté, dont la réouverture est prochaine et que de vastes affiches blanches annoncent sur les murs du quartier. Les morts vont vite, dit-on; et cela tient sans doute à ce que les vivants vont vite aussi. Il faut marcher, se débrouiller dans la cohue des concurrences qui vous pressent et vous poussant, et le temps manque un peu de s'attarder à la vue des cercueils qui passent. Celui-là pourtant fut un homme dont le souvenir devrait rester cher aux étudiants de Paris. J'avais rencontré Rambaud plusieurs fois dans les couloirs de la Sorbonne et, comme j'avais lu les livres qu'il a écrits sur mon pays (il était un des rares Français qui en connussent bien l'histoire), j'éprouvai un jour le désir de causer avec lui. Un ami présenta l'étudiante au maître, et c'est lui qui parut intimidé. Déjà malade, il parlait d'une voix douce et fatiguée, écoutait d'un air surpris les éloges que j'osais lui adresser, les yeux écarquillés sur une face souriante; et je fus frappée, comme confuse, de l'étrange modestie de ce sénateur infiniment savant, qui ne semblait même pas se souvenir qu'il eût été ministre.
Mais il n'en fut pas beaucoup plus fier à l'heure même où il l'était, et l'ami qui me présentait à lui me conta ce jour-là, je m'en souviens, une anecdote charmante:
Rambaud venait d'être nommé, il y a de cela huit ou neuf ans, ministre de l'Instruction publique. Il habitait rue d'Assas un tout petit hôtel, dont son cabinet de travail emplissait l'étage supérieur. En apprenant l'heureuse nouvelle, ses amis se précipitent, veulent lui serrer la main. Mme Rambaud les arrête: «Il est absent pour quelques heures, dit-elle; excusez-le.» Puis se tournant vers l'ami qui me contait l'anecdote: «Il ne peut recevoir personne en ce moment; mais montez à son grenier, vous l'y trouverez.»
Il était là en effet, tout seul, au milieu d'un désordre de bouquins, de dossiers, de paperasses amoncelés,--assis devant une petite table où s'alignaient des fiches couvertes de sa fine écriture. A peine leva-t-il la tête: «Mon cher, pardonnez-moi; je suis très pressé. Mon éditeur attend ces fiches; ce sont des renseignements que je lui ai promis, une «bibliographie polonaise» dont il a besoin... C'est très ennuyeux à faire; mais me voilà ministre, et cette besogne ne sera jamais finie si je ne l'achève à présent.» Et le nouveau grand maître de l'Université continua ainsi toute la nuit le classement de ses petits papiers, aussi paisible que si nulle autre pensée n'eût occupé son esprit. N'est-ce pas là un joli trait de probité professionnelle?
*
* *
... Concerts Rouge. La réouverture s'en est faite en même temps que la Sorbonne rappelait à elle ses étudiants. Les concerts Rouge ne sauraient être classés au nombre des attractions dites «parisiennes». Le Paris de la rive droite et des boulevards, en effet, les ignore; ou, s'il a entendu parler d'eux, c'est par hasard, comme d'un spectacle qui serait à la mode à Etampes ou à Meaux. Il n'y vient donc pas. Car il ne sied point que Paris aille s'amuser en province; et, le Quartier latin, n'est-ce pas un morceau de province dans Paris?
Nous sommes donc, gens de rive gauche, très «entre nous» dans cet endroit-là. Rué de Tournon. Une vaste salle basse encombrée de petites tables rondes et de sièges en velours grenat. Cercle, salle de conférences, ou café? On ne comprendrait pas à quoi ce local singulier peut servir, si l'estrade carrée qui en forme le centre, et que meublent une contrebasse et un piano, n'indiquait que c'est pour entendre de la musique qu'on vient ici. C'est une des singularités de Paris qu'on y rencontre, le soir, à peu près tous les genres d'amusements, excepté le plus simple et le plus sain de tous: un peu de bonne musique à bas prix. Les concerts Rouge nous donnent cela. Ils nous le donnent très simplement. Sept ou huit musiciens à peine composent leur orchestre; un paravent les protège contre les curiosités du passant... Malheureusement, il y a les bruits de la rue, qui ne peuvent être évités, et quand, sur le pavé cahoteux, toutes les cinq minutes, l'omnibus de Batignolles vient couper de son coup de tonnerre la phrase de Schumann ou de Bach qui commençait d'enchanter nos oreilles, nous souffrons un peu... Mais c'est tout de même Schumann et c'est tout de même Bach; et c'est, à côté d'eux, Beethoven, Mozart, Haydn, Gluck, tous les bons maîtres. Il est permis de boire, mais on boit peu. Il est permis de fumer, mais à peine la musique est-elle commencée que d'elles-mêmes les cigarettes s'éteignent. On écoute... Autour de moi, j entends parler diverses langues. Les étudiants étrangers surtout affluent ici. Ils préfèrent cette petite salle aux music-halls du boulevard, aux cabarets de Montmartre; elle est pour eux comme un refuge au milieu de séductions qui les effarouchent encore plus qu'elles ne les tentent. Et c'est tant mieux pour Paris. Ils pourront, en sortant des concerts Rouge, écrire chez eux que cette ville de perdition est tout de même un peu calomniée; que d'autres attractions que le cake-walk, la mattehiche, les luttes à main plate et la chansonnette grivoise y sont possibles, et que, même entre neuf heures et minuit, la vertu peut y rencontrer du plaisir...
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* *
Habillés de minces couvertures de toutes les couleurs, les petits almanachs de 1906 (déjà!) s'éparpillent sur ma table: littérature à dix sous le volume et qui sera demain, pour plusieurs semaines, l'aliment et le régal de quelques millions d'esprits. J'ai cette faiblesse: j'adore les almanachs, et je suis allée tout à l'heure en faire ma provision rue Garancière. C'est de là qu'ils sortent presque tous: l'almanach Liégeois, ceux de Mathieu de la Drôme (le double et le triple); ceux des campagnards et ceux des citadins; des cuisinières et des demoiselles à marier; des militaires et des ecclésiastiques; l'almanach triste et l'almanach gai; celui qui propage le calembour et celui qui donne des leçons de vertu... De tous ces livrets s'exhale je ne sais quel parfum d'ingénuité qui me touche; et je les feuillette avec une satisfaction où nulle ironie ne se mêle. Ces almanachs me reposent de beaucoup de livres. La vertu n'y est point enseignée par des arguments très savants et la plaisanterie n'y est pas toujours délicate; mais on sent que le moraliste et l'humoriste, en ces petites pages, se sont mis d'accord pour adapter le ton de leur prédication et la forme de leur fantaisie aux goûts et aux habitudes d'une clientèle un peu ignorante des raffinements de la pensée. Cela est simple et sain comme des tranches de pain de ménage; et j'ai connu tant de grands dîners au lendemain desquels un morceau de pain de ménage était si doux à l'estomac! Des historiettes, des recettes de cuisine, de couture ou de jardinage, des biographies de grands hommes, des «bons mots» dont la plupart ont déjà servi, et voila de quoi répandre un peu d'amusement, de joie propre, dans l'atelier, dans la mansardé ou dans la chaumière. Qu'est-ce que seront pour les millions d'êtres qui les vont feuilleter ces douze colonnes de jours dont l'almanach tout neuf leur apporte la liste? Qu'est-ce que la vie va verser pour chacun d'eux de douleurs ou de joies dans ces cinquante-deux semaines-là? Cela aussi donne à rêver; et je pense, en feuilletant mes petits livres, à la réflexion dont Henri Murger accueillit, un jour de décembre, le facteur qui lui apportait le calendrier de l'année nouvelle.
Murger considérait le carton d'un air soupçonneux, le retournait en tous sens, puis:
--Il est bon, votre calendrier?
Le facteur ne comprenait pas. Murger ajouta doucement:
--Je vous demande cela parce que je n'ai pas été très content de celui
de l'année dernière...
Sonia.
NOS ROMANS
Nous commençons dans ce numéro la publication de
La Toison d'or, par J.-H. ROSNY.
Nos abonnés, qui n'ont pas oublié la Collectionneuse, parue dans L'Illustration en 1904, savent déjà qu'un roman des frères Rosny n'est pas seulement une belle oeuvre littéraire, mais qu'à leur maîtrise de style, ces deux écrivains joignent les dons d'imagination qui font seuls les grands conteurs. La Toison d'or est un récit qui, dès le début, intéressera tous les lecteurs,--et qui, un peu plus loin, les passionnera.
Il y a quelque temps, nous avions promis une surprise à nos abonnés, dans le domaine du roman. Elle sera double.
On sait que, depuis quelque? années, le théâtre enlève au roman beaucoup des meilleurs écrivains. Puisque les romanciers font des pièces, pourquoi les romans ne seraient-ils pas écrits désormais par les auteurs dramatiques? C'est ce que L'Illustration a suggéré l'été dernier à deux des plus illustres, au lendemain de deux des plus beaux triomphes de leur carrière.
L'entreprise tenta tout de suite M. Henri Lavedan, qui voulut bien nous promettre de consacrer les vacances que lui donnait le succès éclatant du Duel à écrire pour L'Illustration un roman. Cette oeuvre est terminée aujourd'hui. Le brillant académicien, dont le souple génie littéraire est coutumier de ces transformations, s'est acquitté comme en se jouant de cette tâche nouvelle. Et nous avons ainsi le plaisir d'annoncer pour le 17 février 1906 (dans trois mois), les premières pages de
Le Bon Temps, par HENRI LAVEDAN.
M. Alfred Capus, avant de faire jouer les exquises comédies qui l'ont rendu célèbre, avait publié déjà quelques romans: mais son nom n'était pas encore prestigieux et c'est aujourd'hui seulement qu'on en apprécie la philosophie souriante et les fines analyses. Lui aussi nous donnera en 1906 un roman nouveau, écrit entre son succès d'hier: Monsieur Piégois, et ses succès de demain: l'Attentat et les Passagères. Nous publierons dans le courant de l'année prochaine: Robinson, par ALFRED CAPUS. Comme nous l'avons annoncé déjà, c'est aux lecteurs de L'Illustration qu'est réservée également la primeur des oeuvres nouvelles de deux des premiers romanciers d'aujourd'hui:
La Mémoire du coeur, par MICHEL CORDAY.
et
La Douceur de vivre, par MARCELLE TINAYRE.
Ces cinq romans, imprimés sur papier vergé, et illustrés de belles gravures en deux tons, formeront à la fin de 1906 un magnifique volume de bibliothèque, de plus de 500 pages, contenant 50 hors texte.
Nous donnons avec ce numéro:
La Marche nuptiale, par HENRY BATAILLE.
Nous publierons la semaine prochaine:
Bertrade, par JULES LEMAITRE.
Et, dans les numéros de décembre et janvier:
Les Oberlè, par EDMOND HARAUCOURT,
(d'après le roman de René Bazin);
La Rafale, par HENRY BERNSTEIN;
Jeunesse, par ANDRÉ PICARD;
Le Réveil par PAUL HERVIEU,
ainsi que les autres pièces à succès qui seront représentées dans cette période.
L'EXCITATION A L'ÉMEUTE, LE JOUR DU MANIFESTE, A ODESSA
Cette gravure et celle qui représente la «bande noire» parcourant les rues de Moscou caractérisent et résument en quelque sorte les deux mouvements populaires en conflit dans les événements qui se déroulent actuellement en Russie: révolution et contre-révolution.
Le pouvoir a espéré que l'octroi, par lui, au peuple russe, des libertés essentielles allait soulever dans l'empire entier une explosion d'allégresse. Il a provoqué, invité la foule à la joie. Des illuminations ont été préparées partout. A Odessa, par exemple, où fut prise la photographie ci-dessus, le blason impérial, que surmonte le premier vers de l'hymne impérial, voeu et prière, Boje Tsara kram, est prêt à illuminer de son aigle de feu le péristyle de la Douma. Mais les agitateurs l'ont entendu autrement. Il leur faut plus encore qu'on ne leur promet, qu'on ne leur donne, et ce premier succès les enhardit. Une foule se rue vers la Douma, parée pour la fête. Plus d'illuminations. Boje, Tsara les deux premiers mots de l'inscription, le nom de Dieu, celui de l'empereur, sont arrachés, brisés, et, dans la carcasse métallique des armoiries, des orateurs grimpent pour haranguer les manifestants et les exciter à la révolte.
En face de cette attitude, les conservateurs, naturellement, s'organisent aussi,--pour résister et encourager l'empereur à la réaction. Et c'est l'origine de la création des bandes dites «cent noirs», véritables partis de contre-révolutionnaires, de chouans, eussent dit nos grands-pères, décidés à s'opposer par la violence à la violence, à répondre aux excès par des excès pareils, et dont le choc contre les éléments de la révolution a déjà fait couler tant de sang.
Ekaterinoslav, sur le Dnieper, ville essentiellement industrielle et siège, notamment, des usines métallurgiques connues de la «Société de la Briansk», les «Aciéries», a été, dans toute cette période révolutionnaire, le théâtre de troubles très graves. Sa population ouvrière, d'ailleurs, agitée depuis plusieurs années déjà, avait fait depuis longtemps l'apprentissage de la grève et de l'insurrection. Plus qu'ailleurs on a procédé ici par le mode stratégique, si l'on peut dire, élevant dans les rues, des barricades, et réduisant, par le siège en règle, les établissements industriels qui tentaient de résister à l'émeute. A l'aide de barrages métalliques, dont les éléments avaient été empruntés aux grandes usines métallurgiques de la ville, on obstruait les rues, dont la défense était ainsi facile contre les cosaques armés de leurs nagaïkas, de leurs sabres et de leurs carabines. La lutte, sur certains points, a été acharnée, et de nombreux cadavres, des blessés en quantité, ont jonché le sol. Les émeutiers ont d'ailleurs réussi à 'détruire toutes les maisons contre lesquelles leur action était dirigée et c'est ainsi qu'ont été anéanties complètement et l'usine de mélasse, et l'usine de savon Minuchine, rue Ulianovskaïa, que nos photographies montrent après l'incendie.
A EKATERINOSLAV.--Usine de mélasse incendiée et pillée.
L'usine de savon Minuchine, après l'incendie.
M. Baumann était l'un des champions les plus ardents de la cause libérale à Moscou. De sa profession médecin-vétérinaire, il s'était acquis, par sa bienveillance envers les humbles, une véritable popularité. Le 31 octobre, jour de la publication du manifeste impérial qui donnait une première victoire à la cause pour laquelle il combattait, il tombait, victime de ses convictions, tué au cours d'une manifestation. Ses concitoyens lui ont fait des funérailles comme Moscou n'en avait pas vu encore, et qui dépassaient, par leur impressionnante solennité, par l'affluence du peuple qui se pressait derrière le char funèbre, celles même du prince Troubetzkoï. Plus de 300.000 personnes, un millier de couronnes et 300 étendards suivaient ce cercueil drapé de rouge et que ne précédait aucun prêtre. Cette manifestation, dans une ville surexcitée au point où l'est Moscou, devait presque fatalement attirer des représailles. Et, le soir, comme les étudiants qui avaient accompagné les restes de M. Baumann à sa dernière demeure regagnaient l'Université, ils furent assaillis par une «bande noire» près du manège municipal. Une bataille en règle s'engagea. Une douzaine d'hommes furent tués: une cinquantaine, blessés.
A MOSCOU.--Les funérailles du médecin-vétérinaire
Baumann, tué le 31 octobre.
Ici s'intercalent quatre pages, non brochées, paginées 323-326, 327, 328.
EN FINLANDE.--La foule sur la place du Sénat, à
Helsingfors, attendant la proclamation de l'oukase impérial.
Pendant que le reste de la Russie était en proie aux troubles les plus graves, en Finlande, toute une véritable révolution s'opérait pacifiquement. Profitant des circonstances, les Finlandais ont recouvré brusquement toutes les libertés qui leur avaient été successivement enlevées par le tsar Nicolas II, et que celui-ci leur a rendues par son oukase du 4 novembre.
EN POLOGNE.--La grande démonstration nationale du 5
novembre à Varsovie.
Après les incidents sanglants du 1er novembre, où la foule qui manifestait sans violence sur la place de l'Hôtel-de-Ville, pour réclamer l'élargissement des prisonniers politiques, fut sabrée par les cosaques, la capitale de la Pologne eut, le dimanche 5 novembre, une journée où l'on aurait cru voir l'aurore d'une ère nouvelle. Pour fêter le manifeste impérial accordant la liberté personnelle à tous les sujets russes, une immense démonstration d'allégresse avait été organisée. Un cortège de 200.000 hommes de tout âge et de toute condition, qui promenaient des drapeaux aux couleurs polonaises (amarante, avec l'aigle blanc à un bec), portant l'inscription: Pour la Patrie, la Liberté et le Peuple, parcourut dans un ordre parfait, précédé par le clergé, les principales artères de la ville, en chantant l'air national: la Pologne n'est pas encore perdue. Le soir, Varsovie fut illuminée... On sait ce qui s'est passé depuis: l'état de siège appliqué à la Pologne entière, et ce malheureux pays excepté des mesures libérales dont doivent bénéficier les autres parties de l'empire.
(Agrandissement)
UN RENDEZ-VOUS DE CHASSE A COURRE AU DÉBUT DU VINGTIEME
SIÈCLE
Il n'est pas besoin d'être un vieux chasseur pour se rappeler avec émotion le joli et pittoresque spectacle que présentait, dans le sous-bois d'automne, ou dans la cour du château accueillant, un rendez-vous de chasse, naguère. Tandis qu'à cheval caracolaient déjà et de souples amazones, le «lampion» sur l'oreille, et des officiers sanglés dans leur dolman bien ajusté, et les chasseurs les premiers en selle de l'équipage, des breaks, des victorias, des landaus, des tilburys, tous les véhicules disponibles, se chargeaient de la foule impatiente des invités; les hennissements des attelages répondaient à ceux des chevaux de selle, piaffant. L'avènement de l'automobile a changé, et profondément, tout cela. Et c'est le ronflement des teufs-teufs qui accompagne désormais le sémillant brouhaha du départ en forêt; ce sont de rapides quarante chevaux qui emmènent, en trépidant et soufflant, vers les futaies défeuillées, les belles spectatrices doublement emmitouflées, contre l'hiver, contre le vent, coiffées d'hétéroclites casquettes plus volontiers que de chapeaux élégants, voilées d'épaisses gazes ou masquées de lourdes lunettes, et pourtant gardant toujours leur charme d'élégance sous le faix des manteaux-sacs, derrière l'armature disgracieuse des besicles de route.
Une mission, chargée par le gouvernement chinois d'aller étudier sur place les institutions européennes, devait quitter Péking le 24 septembre dernier. Au jour fixé, ses membres s'installaient dans un train spécial à destination de TienTsin, lorsqu'une formidable explosion se produisit à l'intérieur de la voiture qu'ils occupaient: une bombe venait d'éclater, tuant quatre personnes, en blessant une vingtaine, entre autres le prince Tsai et Ou-Ting-Fang, ministre des Voies et Communications, ceux-ci d'ailleurs peu grièvement. La première victime avait été l'auteur de l'attentat: sur le plancher du wagon, au pied d'un bureau adossé à une cloison, au milieu d'une mare de sang où s'apercevaient des éclats de l'engin, il gisait, la tête fracassée, affreusement défiguré et mutilé. Notre document photographique montre le corps à l'endroit même de sa chute, et la tension des bras de l'aide requis par l'opérateur y indique l'effort nécessaire pour soulever devant l'objectif cet amas presque informe d'os broyés et de chairs pantelantes. Quant aux dégâts matériels, panneaux disloqués, portières arrachées, etc., deux vues extérieures de la voiture achèveront d'en donner une idée: l'une, prise du côté de l'explosion, face à la muraille séparant la ville chinoise de la ville tartare; l'autre, du côté opposé. Au moment de l'explosion, la panique affola mandarins, employés de la gare, soldats, policiers, et il convient de noter que ce furent des officiers français de la légation, venus pour saluer quelques-uns des voyageurs, qui organisèrent les premiers secours. Ainsi donc, l'Occident n'a plus le monopole de l'anarchisme, et il est assez curieux de voir un «compagnon» chinois en fournir la preuve par un attentat contre des réformateurs disposés à emprunter à l'Europe les institutions que la Chine lui envie.
Le wagon dynamité photographié du côté où s'est produit
l'explosion.
En gare de Péking: le wagon dynamité, avec deux volets
arrachés.
L'auteur de l'attentat anarchiste en gare de Péking,
première victime de sa bombe.
--Photographie prise dans le wagon
dynamité.
Les recrues prêtant serment au drapeau, en présence de
l'empereur d'Allemagne et du roi d'Espagne, au Lustgarten.
Le roi d'Espagne, qui a repris la série de ses visites aux chefs d'État, inaugurée par ses voyages en France et en Angleterre, vient de consacrer près d'une semaine à l'Allemagne, du 6 au 12 novembre. Pendant son séjour, réceptions, représentations de gala, chasses, excursions se sont succédé sans incident notable, suivant un programme strictement officiel. Ce sont surtout des spectacles militaires que l'empereur s'est plu à offrir à son hôte, conciliant ainsi sa propre prédilection avec le goût marqué du jeune roi pour les armes. Dès le lendemain de son arrivée à Berlin, il le faisait, assister à la cérémonie de la prestation de serment des recrues incorporées dans les régiments de la garde. Cette cérémonie eut lieu le matin, au Lustgarten; Guillaume II avait revêtu l'uniforme de feld-maréchal et Alphonse XIII celui de général; la présence du kronprinz et d'un nombreux état-major rehaussait encore l'éclat de la parade. Ce fut un tableau vraiment curieux, surtout par l'aspect des troupes massées en ordre serré et dont les plumets formaient comme un champ d'étranges floraisons que dominaient les casques empanachés des deux souverains à cheval.
A BERLIN.--LL. MM. Guillaume II et Alphonse XIII, le
premier en feld-maréchal, le second en général, passent la revue des
recrues--Phot. Carl. Delius.
M. Alfred Rambaud.
M. Alfred Rambaud, membre de l'Institut, ancien ministre, vient de mourir à Paris, à l'âge de soixante-trois ans.
M. Alfred Rambaud.
--Phot. Larger.
Universitaire des plus distingués, au sortir de l'École normale, après un court passage dans l'enseignement secondaire, il avait professé aux facultés des lettres de Caen et de Nancy, puis à l'école de Sèvres, et, lors de la création, à la Sorbonne, d'une chaire d'histoire contemporaine, il en était devenu titulaire. Il représentait le département du Doubs au Sénat quand il fut chargé, de 1896 à 1898, du portefeuille de l'Instruction publique, dans le cabinet Méline. En 1897, il remplaçait le duc d'Aumale à l'Académie des sciences morales et politiques. Comme historien, M. Alfred Rambaud laisse un grand nombre d'ouvrages très estimés, notamment sur la Russie, dont, au cours de plusieurs missions, il avait étudié de près la politique, les moeurs et la littérature. Ses autres travaux les plus importants sont: la France coloniale, la Civilisation française et sa collaboration, avec M. Lavisse, à une Histoire générale de l'Europe. Son dernier ouvrage publié est une remarquable biographie de Jules Ferry, dont il fut le chef de cabinet à l'Instruction publique. Il avait dirigé la Revue Bleue pendant quelques aimées.
Romans.
Les lecteurs de L'Illustration, qui accueillirent avec une faveur si marquée, d'abord les Archives de Guibray, puis Dans la paix des campagnes, ont eu l'occasion de constater que M. Maurice Montégut est non seulement un des représentants les plus justement réputés du roman «romanesque», mais encore un de nos conteurs les mieux doués et les plus séduisants. Dès le début, son récit éveille notre intérêt, excite notre curiosité: quand il nous a saisis, il nous tient étroitement captifs, il nous entraîne jusqu'au bout, charmés, émus, intrigués. Et cet empire, il l'exerce par des moyens de bon aloi, en écrivain aussi soucieux de la dignité des lettres qu'expert en la pratique de son art: un sujet non banal, se prêtant dans une juste limite aux combinaisons de l'imagination créatrice, quoique tiré des réalités de la vie; des développements où les péripéties dramatiques, savamment graduées sont les conséquences vraisemblables et logiques de la donnée initiale; une construction d'ensemble à la fois élégante et solide; du mouvement et de la couleur; des morceaux descriptifs révélant à propos chez l'observateur la survivance du poète, ainsi, se résume, si l'on peut dire, la technique du maître romancier. Appréciée d'un public d'élite, la valeur de ses ouvrages, est-il besoin de l'ajouter, se rehausse d'une parfaite tenue littéraire.
Toutes ces fortes qualités d'un talent en pleine maturité se retrouvent dans le nouveau volume, Papiers brûlés, dont vient de s'augmenter l'oeuvre déjà considérable de M. Maurice Montégut. Rien de plus attachant, de plus poignant, de plus douloureusement humain que l'histoire de Prosper Thibault, ce pauvre petit employé de ministère qui, par un méchant caprice du hasard, détenteur ignoré d'un trésor auquel la probité élémentaire lui interdit de toucher, lutte pendant des années contre les tentations où l'induisent non la cupidité, mais des sentiments honnêtes en soi et des circonstances vraiment atténuantes. Autour du héros, caractère faible, volonté indécise, physionomie plutôt sympathique, évoluent, non moins bien observées et dessinées, chacune à son plan, diverses figures typiques nécessaires à l'action. En somme, c'est, sous la forme attrayante du roman, l'étude très serrée d'un cas de conscience singulièrement émouvant.
Au premier volume de son roman, Jean Christophe: l'aube, M. Romain Rolland vient de donner une suite en deux parties, Jean Christophe: le matin, l'adolescent (Ollendorff, 2 vol., 7 fr.) Au matin, dès les années de l'enfance, l'âme sauvage, isolée et douloureusement fière du petit musicien Jean Christophe s'éveille à l'amitié d'abord (Otto), puis à l'amour (Mina), l'amour vierge que nulle matérialité ne ternit. Ce sont là les premières émotions vives de la vie. Jean Christophe les subit avec une violence, une intensité d'enthousiasme et de souffrance, qui mûrissent son esprit en deux étés. Les crises de l'enfance préparent les crises des années de transition. Adolescent, Jean Christophe raisonne les conceptions toutes faites qui vaguent dans son esprit. Bientôt, il ne croit plus en Dieu. Après une infidélité de sa première maîtresse (Ada), après la félonie d'un frère aimé, l'artiste cesse de croire à l'amour, à l'affection familiale, à l'amitié. Il n'a plus foi en lui-même. Alors, puisque le coeur meurt, puisque les ambitions sont irréalisables, pourquoi vit-on? «Pour vivre», répond un pauvre homme qui passe. Et, de fait, il suffit d'une embellie de soleil après la brume pour rendre à Jean Christophe le courage, le goût, la volupté de vivre.
Le livre de M. Romain Rolland est fortement pensé. Il renferme un monde d'idées qu'exprime, dans d'heureuses pages, un style exact et concis. C'est vraiment une oeuvre de grande allure qui, peut-être, eût encore gagné en puissance à se condenser en un seul volume, mais qui n'en est pas moins harmonieuse, compacte et bien vivante.
Sous ce titre suffisamment suggestif, le Marchepied (Flammarion. 3 fr. 50) M. Daniel Riche nous raconte un de ces mariages d'argent par où l'homme peu fortuné cherche à se faciliter l'ascension vers le but de ses ambitions. Tel est le cas de Georges Frémiet, un clerc d'avoué besogneux, qui, convoitant une étude, épouse, pour la grosse dot, Emmeline Rodrannes, en jouant devant la jeune fille la comédie de la passion désintéressée. Quelques remords--car il n'est point malhonnête au fond--et surtout le chantage d'un financier véreux, doublé d'un agent matrimonial, lequel lui tendit l'appât tentateur, sont d'abord sa punition; même, son bonheur doré est à la veille de s'écrouler, lorsque tout s'arrange, grâce à la puissance irrésistible de l'amour. Cet heureux dénouement n'a, en somme, rien d'invraisemblable, et il n'est pas pour déplaire aux nombreux lecteurs que laissent toujours sous une impression plutôt optimiste les romans de M. Daniel Riche, écrits d'une main preste, bien vivants, fertiles en émotions.
Une bluette au refuge du Lautaret, un petit roman d'amour, sans grande émotion, entre deux touristes, tel est le sujet de la nouvelle qui donne son nom: le Chalet dans la montagne (Fasquelle, 3 fr. 50), au livre de M. Eugène Montfort. Suivent des notes de voyage prises à Barcelone la nuit, à Florence, à Oxford et en Écosse.
Variétés historiques et pittoresques.
Il y a des pages coloriées et d'étincelantes descriptions dans la Cité de la mort, de M. Louis Bertrand (Ollendorff, 3 fr. 50). L'auteur nous donne une vision neuve de l'Afrique du Nord considérée comme pays latin. Mais n'y aurait-il pas quelque souvenir de Loti dans la manière dont M. Louis Bertrand a brossé ses paysages?
M. Emmanuel Rodocanachi, l'auteur de tant de remarquables études relatives à l'histoire de Rome, a consacré une substantielle monographie au Capitole romain antique et moderne (Hachette, 5 fr.) Cette nouvelle contribution vaut à plusieurs titres: importance du sujet, abondance et qualité des documents (y compris de nombreuses gravures). Le Capitole--ce vocable fameux désigne à la fois, on le sait, la colline elle-même et ses édifices--a eu, selon les propres expressions du savant écrivain, ce rare privilège de demeurer, à travers les âges, le centre et comme le symbole de la vie politique de Rome; il en a été bien réellement la tête, ainsi que son nom l'y prédestinait. Aussi ses transformations successives offrent-elles le plus haut intérêt. C'est à nous les retracer, depuis les origines jusqu'à l'époque moderne, que M. Rodocanachi s'est appliqué, avant de nous guider pas à pas parmi les curieuses et instructives collections archéologiques du musée capitolin. Il l'a fait avec la précision et la variété d'une érudition où le souci de l'art sous ses diverses formes, monuments, statues, etc., s'allie étroitement à la science historique la plus sûre.
Questions sociales.
L'application, à la Russie réformée, des théories de Henry Georges sur la nationalisation du sol, voilà, d'après Tolstoï, le seul moyen de rendre la vie possible au paysan russe qui meurt de faim. La terre est accaparée par ceux qui ne travaillent pas. Ceux qui remuent le sol--ils sont cent millions! --ne peuvent, par leurs propres efforts, subvenir à leur existence. Et c'est là le Grand Crime (Fasquelle, 3 fr. 50) que dénonce le célèbre penseur. En tête de ce plaidoyer pour les misérables, Tolstoï adresse un éloquent appel au tsar. Ajoutons que l'oeuvre est accompagnée d'une remarquable préface de M. Halpérine-Kaminski, l'éminent traducteur.
L'énergie électrique fournie par les chutes du Niagara et distribuée par la Niagara Falls Power Company est utilisée actuellement par trois services: le service de Niagara même, absorbant 45.000 chevaux qui assurent l'éclairage de la ville, la marche du tramway et le fonctionnement de trente usines, presque toutes consacrées à l'électrolyse; le service de la rive canadienne, où le courant est amené par des conducteurs suivant le pont métallique, encore à ses débuts et consommant 2.000 chevaux; le service à longue distance vers Buffalo (32 kilomètres). Tonawanda, Lockport et Olcott, qui distribue 30.000 chevaux, dont 24.000 à la seule ville de Buffalo.
Pour cet envoi à distance, le courant, en sortant des dynamos génératrices, est amené à la tension de 22.000 volts par des transformateurs qui en absorbent une partie et qui représentent eux-mêmes une dépense appréciable. Les droits de parcours, l'entretien des conducteurs, la déperdition d'énergie, la retransformation du courant à son arrivée à Buffalo et sa distribution, augmentent beaucoup les frais. Et, s'il est exact que la perte par transmission entre Niagara et Buffalo n'excède pas 10%, le prix de l'énergie transmise se trouve majoré dans une proportion beaucoup plus considérable: il reste, cependant, intérieur au prix que pourrait offrir une production locale. Mais c'est là un cas d'espèce, et M. H.-W. Buck, dans un rapport aux membres des Sociétés d'ingénieurs américains, se prononce formellement, au point de vue économique, contre le système du transport de la force. Il estime que les industries ont un intérêt indiscutable à se grouper près des chutes.
La puissance de la cataracte est évaluée à 900.000 chevaux et l'on a commencé récemment des travaux qui permettront, à bref délai, d'en utiliser 500.000. On peut juger de l'essor industriel auquel est appelée la région de Niagara.
La nouvelle lampe électrique imaginée par M. O. Schott, et baptisée par lui «Uviol». est une lampe qui ne vise ni à éclairer, ni à chauffer. C'est une lampe qui, des trois catégories de rayons composant la lumière solaire: les calorifiques, les lumineux et les chimiques, émet surtout les derniers, les rayons actiniques, les rayons ultra-violets. Ce caractère spécial de la lampe explique son nom. La lampe «Uviol» est une modification de la lampe à vapeur de mercure Cooper-Hewitt, et n'a été rendue possible que par la fabrication récente, à Iéna, d'un verre qui laisse passer en notable abondance les rayons ultra-violets. Les usages de cette lampe pourront être nombreux. Il est entendu que personne n'en fera usage pour s'éclairer ou se chauffer; mais elle servira de beaucoup d'autres manières. Elle servira à éprouver les couleurs de teinture des étoffes. Au lieu d'exposer les étoffes teintes au soleil pour voir quelle est la résistance des coloris aux rayons (chimiques) du soleil, on les exposera aux rayons de lampes Uviol, leur fonctionnement étant régulier et constant, ce qu'on ne saurait dire de celui du soleil. La lampe Uviol servira aussi en photographie: ce sera une excellente lumière artificielle, en raison de sa richesse en rayons actiniques. Enfin, elle paraît devoir prendre une place importante en thérapeutique. Les rayons chimiques ont, on le sait, une puissante action sur l'organisme: ce sont eux qui, entre autres méfaits, occasionnent le coup de chaleur et aussi les brûlures du visage chez les alpinistes. Les rayons actiniques tuent les bactéries et agissent fortement sur la peau. La lampe Uviol tue les insectes: une mouche tenue à proximité meurt en une minute: et si on laisse dehors, en été, une lampe Uviol allumée pendant la nuit, on trouve, au matin, autour d'elle, une foule de cadavres de petits insectes. Elle servira encore et surtout en photothérapie selon la méthode de Finsen, et, avec une source aussi puissante, on peut s'attendre à agir vigoureusement sur la peau. Si on laisse agir sur celle-ci, à petite distance (de 1 à 3 centimètres), les rayons pendant un temps variant de 5 à 15 minutes, on n'aperçoit rien d'abord, comme avec le radium. Mais, quelques heures après, la peau rougit,--elle est le siège d'une sensation de brûlure, et elle pèle. On a certainement dans la lampe Uviol un agent thérapeutique pouvant fournir des résultats fort intéressants.
M. Baudry,
né le 18 novembre 1804.
Nous avons donné récemment le portrait de M. Bourgogne, de Brignoles, qui venait de fêter son centième anniversaire. Nous donnons aujourd'hui celui de M. Baudry, de Moreuil (Somme), qui entre dans sa cent deuxième année le 18 novembre courant. Ce beau vieillard jouit encore de toutes ses facultés et continue à gérer lui-même ses affaires. La vue seule est un peu faible.
Le produit des chemins de fer français était de 1 milliard 191 millions en 1895. Après avoir atteint 1 milliard 350 millions en 1899, puis 1 milliard 440 millions en 1900, année de l'Exposition, il retombait, en 1901, à 1 milliard 384 millions. Depuis, il s'est lentement relevé pour arriver à 1 milliard 437 millions en 1904. La plus-value constatée en 1904, par rapport à 1895, est donc de 246 millions. Au cours de cette période décennale, 2.432 kilomètres de voie ferrée ont été construits, portant à 34.953 kilomètres le total des réseaux exploités.
En Angleterre, la longueur des réseaux exploités est peu supérieure à celle des réseaux français: 35.800 kilomètres. Le produit, qui se chiffrait par 2 milliards 168 millions en 1895, s'est élevé, en 1903, à 2 milliards 800 millions: soit une augmentation de 632 millions.
L'Allemagne possédait 45.261 kilomètres de rails en 1895 et 51.740 kilomètres en 1902. Le produit, qui était de 1 milliard 869 millions pour l'exercice 1895-1896, a atteint, pour l'exercice 1903-1904, la somme de 2 milliards 697 millions: soit une plus-value de 828 millions.
En Amérique, 338.000 kilomètres ont produit, pendant l'exercice 1903-1904, plus de 10 milliards.
Le Sully, échoué dans la baie d'Along,
rompu par le
typhon du 28 septembre.
Nous avons publié précédemment divers documents se rapportant à l'accident du croiseur cuirassé Sully, échoué le 7 février dernier sur un écueil de la baie d'Along, et dont, après de laborieux efforts, on a dû abandonner le sauvetage. Un typhon, survenu le 30 août, avait commencé à l'ébranler; le 28 septembre, un second typhon, d'une extrême violence, achevait de le briser. Comme le montre notre gravure, qui reproduit une photographie prise quelques heures après la rupture, celle-ci s'est produite à hauteur des tourelles avant, au point où le panneau séparant ces deux tourelles des portemanteaux arrière offrait une zone de moindre résistance. Le Sully forme maintenant deux morceaux distincts séparés par une brèche large d'une trentaine de mètres. Il touche à l'avant et à l'arrière, le rocher «le Canot». où il s'est échoué, se trouvant entre les deux tronçons. Le bateau est complètement perdu; mais, comme il avait été évacué la veille du typhon, on n'eut aucun accident de personne à déplorer. Il semble douteux qu'on puisse sauver la partie mobile des tourelles.
Il est question de demander au lac de Titicaca l'énergie électrique nécessaire pour mettre en marche les chemins de fer du sud du Pérou.
Ce lac, situé à 3.800 mètres d'altitude, est la plus haute masse d'eau navigable de l'univers. Il mesure environ 200 kilomètres de longueur sur une largeur moyenne de 70 kilomètres; sa plus grande profondeur dépasse 200 mètres et sa superficie, qui approche de 8.000 kilomètres carrés, représente quatorze à quinze fois celle du Léman (578 kil. 9). Son bassin, isolé dans une dépression des Andes, est en quelque sorte suspendu au-dessus des routes fluviales du continent, dans une contrée aride et inhabitée. Son émissaire ou déversoir, large seulement d'une quarantaine de mètres, marque la frontière entre le Pérou et la Bolivie Tout récemment encore, on le franchissait au moyen d'un pont formé de couches de roseaux Bottant sur l'eau et soutenues par des chaînes de fibres végétales accrochées à des piliers dont l'intervalle était occupé par des portes à deux battants. Le soir, à 6 heures, chaque république s'enfermait chez elle à double tour; elle rouvrait sa porte à 8 heures du matin.
Les chemins de fer du Sud-Péruvien, qui passent à 4.000 mètres d'altitude, consomment journellement pour 7.000 francs de houille. Après avoir utilisé pour leur exploitation l'eau descendue du lac de Titicaca, il resterait encore une force disponible de 6.000 chevaux.
On sait que la difficulté de conserver les fruits réside dans la rapidité avec laquelle les fruits charnus s'altèrent sous l'action des organismes, champignons et bactéries, vivant à leur surface.
Partant de ce point de vue, des savants anglais en ont déduit que, si ces micro organismes pouvaient être détruits, la période durant laquelle le fruit peut se maintenir en excellente condition serait considérablement prolongée.
La méthode qui a fourni les meilleurs résultats à ces auteurs repose sur l'immersion des fruits dans de l'eau froide contenant 3% de la solution commerciale de formol.
S'il s'agit de fruits à pulpe molle, comme les cerises, les fraises et les raisins, on les plonge seulement durant dix minutes dans la dite solution, puis on les trempe pendant cinq autres minutes dans de l'eau froide et, finalement, on les étend sur une toile métallique ou tout autre dispositif convenable pour y égoutter et sécher.
Mais, lorsque les fruits ont une pelure ou peau qu'on ne mange pas, il y a tout avantage à ne les soumettre qu'à la solution formolée.
L'expérience a montré que les fruits ayant subi ce traitement sont restés absolument sains, après qu'une même quantité de fruits de chaque sorte, pris comme témoins, étaient devenus moisis et décomposés, pendant une durée de sept jours pour les cerises, quatre jours pour les fraises et raisins, et dix jours pour les poires.
M. Truelle, en faisant connaître ces faits à la Société d'agriculture, a remarqué que ce traitement pourrait être appliqué aux fruits de pressoir, dont le grand ennemi est la pourriture.
On se rappelle que le navire anglais Chatham, en partie chargé de dynamite, ayant pris feu au cours de son passage dans le canal de Suez, fut aussitôt coulé, par mesure de prudence. Trois semaines plus tard, le 28 septembre, on détruisait l'épave par une explosion minutieusement préparée. Dans notre numéro du 14 octobre dernier, à côté de photographies instantanées faisant voir la gerbe de l'explosion et les phénomènes de remous des eaux et d'obscurcissement du ciel qui l'accompagnèrent, une de nos gravures présentait les «bigues» occupées à débarrasser le canal des débris du Chatham. Nous montrons aujourd'hui les plus gros de ces débris que les puissantes machines ont réussi à amener sur la berge.
Quelques débris du Chatham retirés du canal de Suez.
On est assez bien fixé sur la façon dont naissent les monnaies, mais on connaît moins bien comment elles meurent.
Depuis l'origine des coupures en usage actuellement (1803 pour l'or, an IV pour les écus, 1865 pour l'argent divisionnaire, 1852 pour le bronze, 1903 pour le nickel), 15 milliards et demi de monnaies ont pris naissance.
Or, d'après un tableau emprunté à une récente étude de M. Dolléans, plus de la moitié de ces monnaies auraient déjà disparu, dans les proportions suivantes (en millions de francs):
Frap. av. 1904 Exist. en Franc. Or 9.808 4.200 Ecus 5.061 1.935 Argent divisionnaire 585 240 15.454 6.375
Il est certain que nombre de pièces vont s'ensevelir en Extrême-Orient; mais beaucoup périssent par le feu, l'eau, la terre, ou la fonte industrielle.
Ainsi, dans le cours du siècle dernier, des millions de pièces de 5 francs en argent ont été démonétisées par l'industrie privée, non seulement pour ses besoins, mais parce que le métal blanc faisait prime, et qu'il s'y cachait un peu d'or.
Un médecin allemand, M. J. Stumpf, de Wurzbourg, emploie, depuis cinq ans, l'argile dans les cas de diarrhée cholériforme, et déclare avoir obtenu de ce singulier remède les meilleurs effets. L'argile qu'il utilise est la blanche, qu'il pulvérise et qu'il donne, dans de l'eau, en uns dose unique mais massive: 70 ou 100 grammes pour l'adulte, 30 grammes pour les enfants et 10 ou 15 grammes pour les nourrissons. L'adulte avale sa dose en vingt ou trente minutes, délayée dans un demi-litre d'eau; on agite souvent le mélange, pour que l'argile ne reste pas au fond du verre. L'effet de l'argile est presque instantané: les symptômes s'apaisent et le malade ressent un grand bien-être. Ce traitement a été employé par M. Stumpf dans un cas de choléra asiatique bien caractérisé, le mois dernier, avec plein succès. Point important: pour administrer utilement l'argile, il faut que le tube digestif soit vide et que le malade ne prenne aucune nourriture ni aucune boisson alcoolique pendant vingt-quatre heures après avoir avalé l'argile. Celle-ci agirait en étouffant, pour ainsi dire, les bactéries de l'intestin et en les empêchant de se multiplier et de multiplier aussi leurs toxines. Cette explication ne suffit peut-être pas à rendre compte de la rapidité avec laquelle les symptômes de la diarrhée cholériforme et du choléra asiatique s'évanouissent après l'ingestion du remède. Mais l'essentiel est que le remède agisse. Et il agit.
M. L. Dechambre vient de réussir un assez curieux croisement de moutons.
La mère est de la race «à grosse queue», qui habite l'Égypte, la côte des Somalis, Madagascar, et qui présente les caractères suivants: tête fine, avec une dépression au niveau de la racine du nez, oreilles tombantes, encolure grêle, poitrine étroite, ventre peu développé, membres hauts et fins, queue très volumineuse remplie de graisse. La peau est couverte de poils; le pelage, blanc sur le corps, est noir sur la tête et l'encolure. Le père appartient à notre vieille race berrichonne, qui donne d'excellente viande. Cette race a la tête fine, les oreilles dressées, le tronc développé, les membres fins, la queue longue et mince. La toison, de finesse moyenne, est entièrement blanche.
Une curiosité ovine: brebis de la côte des Somalis,
bélier berrichon et leurs agneaux.
Du mariage des deux types sont nés deux agneaux de sexe différent, qui ont la tête fine de la mère, les oreilles dressées du père, le dos droit, la croupe longue, les membres hauts et fins. La grosse queue du mouton exotique a disparu et se trouve remplacée par un appendice de forme cylindrique qui tombe au niveau de la pointe du jarret. Le corps est couvert d'un poil brillant rappelant un peu la laine. Quant au pelage, il diffère totalement de celui des parents: l'un des agneaux est tout noir; l'autre est pie, avec prédominance très marquée de noir. Il y a donc, chez les agneaux, plutôt juxtaposition que fusion des caractères des deux parents.
Il n'y a guère plus d'un an--c'était en juillet 1904--nous montrions à nos lecteurs M. Mesureur, directeur de l'Assistance publique, allumant lui-même, par mesure de salubrité, l'incendie qui devait consumer les baraquements insalubres, dangereux, construits lors de l'épidémie de choléra de 1884, à Aubervilliers, et que les nécessités avaient obligé à utiliser jusque-là malgré les conditions hygiéniques déplorables qu'ils offraient aux malades. Sur leur emplacement, on a reconstruit les pavillons dont nous donnons aujourd'hui la vue, et qui sont les plus confortables, les plus conformes aux prescriptions de la science actuelle qu'on puisse trouver.
Le nouvel hôpital d'Aubervilliers.
Grévistes discutant devant la porte de l'arsenal de
Toulon.
Depuis quelque temps, une vive agitation règne dans nos cinq ports de guerre, où les ouvriers des arsenaux, constitués en syndicats, ont décidé de proclamer la grève générale s'il n'était pas donné satisfaction à leurs diverses revendications. A Cherbourg, à Brest, à Lorient, à Rochefort, à Toulon, n'ont été, ces jours derniers, que réunions, discours, manifestes, diatribes violentes contre l'autorité maritime; la menace de grève a même commencé à se réaliser. Le gouvernement a montré aussitôt la ferme résolution de ne pas tolérer davantage un état de choses préjudiciable à la défense nationale, et le ministre de la Marine fit savoir que tout ouvrier n'ayant pas repris le travail jeudi, 16 courant, se verrait rayé des contrôles.
Le joueur de violoncelle sur la scène du théâtre des
Marionnettes.
A Versailles, dans l'atelier du peintre Georges-Bertrand. Deux cents spectateurs environ, la plupart venus de Paris tout exprès pour jouir du pittoresque et rare spectacle auquel l'artiste les convie. Voici, au premier rang, frileusement enveloppé de sa pelisse, le ministre plénipotentiaire du Japon et Mme Motono; à leur droite, M. Finot, directeur de la Revue, derrière qui sourit Mme Pierson, de la Comédie-Française; voici M. Gaston Menier, député; le prince B. Karageorgevitch, M. René Baschet, MM. Gaston Bérardi, Mariani, le peintre Roll; et, debout, à gauche, M. Henri Lavedan, de l'Académie française, et Mme Lavedan, qui ont l'air de s'amuser beaucoup... Et tout le monde, en effet, s'amuse ici infiniment; car le rideau de la petite scène devant laquelle nous sommes assis vient de s'ouvrir, et la première des «maquettes animées» de Georges-Bertrand vient d'entrer en scène: c'est le clown violoncelliste, dont la prodigieuse virtuosité va nous enchanter pendant de trop courtes minutes. Après lui viendront la cantatrice, le clown jongleur, le chef d'orchestre, Polin, Caruso, Cleo de Mérode et Zambelli. Aux musiques du phonographe invisible s'adaptent si exactement, si spirituellement les gestes, les mouvements de corps, les jeux de physionomie de l'interprète que c'est bien, en vérité, un petit personnage vivant qui s'agite, chante et parle devant nous!
Le peintre Georges-Bertrand s'est révélé, en cette circonstance, sculpteur émérite, costumier, mécanicien et metteur en scène hors de pair. Les «maquettes animées» sont devenues l'oeuvre et la passion de sa vie. Puisse le succès récompenser un effort d'art si original et si intéressant!
Au premier rang: Mme Tanner. Mme Darlaud. Mme Degenne. M.
Finot. M. Motono. Mme Motono. Mme Finot. Mme Messimy.
Au THÉÂTRE DES
MARIONNETTES DE M. GEORGES-BERTRAND.--Le public.
--Phot. Paul Boyer.
Les élections locales du 7 novembre, aux États-Unis, ont pris, comme toujours, à New-York, le caractère d'un gros événement, et la lutte engagée entre les partis pour la possession des pouvoirs municipaux a été plus chaude que jamais.
M. G. B. Mac Clellan, dont l'élection comme maire de New-York est contestée. |
W. J. Jérôme, attorney de district de New-York. |
Depuis longtemps, on le sait, la mairie de la grande cité américaine, sauf de rares exceptions, reste aux mains d'une puissance, bien connue sous le nom de Tammany, sorte de syndicat intéressé à entretenir dans la gestion des affaires publiques le régime de l'arbitraire, de la corruption et de l'exaction. C'est encore Tammany qui vient de triompher par la réélection, en qualité de maire, de son candidat, M. Mac Clellan, démocrate, battant M. Hearst, socialiste, et M. Ivins, républicain.
Son principal concurrent, M. Hearst, lequel est milliardaire quoique socialiste, conteste la validité du scrutin, et s'est déclaré prêt à payer royalement toutes les preuves matérielles de fraude et de corruption électorales qu'on pourra lui fournir. La justice devant être saisie des accusations, on comprend l'importance attribuée à la réélection du juge Jérôme comme attorney de district. En effet, ce magistrat, qui exerce des fonctions analogues à celles de notre ministère public, est un des plus ardents champions de la réforme des moeurs municipales à New-York et, par conséquent, pour Tammany, un juge particulièrement redoutable.
(Tous les articles compris sous cette rubrique sont entièrement gratuits.)
Depuis que le téléphone a pris une extension considérable, aussi bien chez les commerçants que chez les particuliers, il est fort utile de posséder un classeur pratique permettant d'avoir toujours sous les yeux, sans être obligé de consulter constamment l'Annuaire, les numéros des abonnés avec lesquels on est en relations.
Le nouveau répertoire que représente notre gravure, quoique d'un très petit volume, permet de classer d'une façon très discrète, par lettres alphabétiques, environ 620 noms, adresses et numéros téléphoniques d'abonnés.
On peut le placer en évidence dans un bureau sans que chacun puisse y lire les noms des personnes inscrites.
Les fiches en sont mobiles et se remplacent très facilement, ce qui permet de les changer quand elles sont salies ou raturées. Elles sont maintenues aux volets que l'on voit sur notre gravure par un découpage spécial et combiné.
Les intéressés comprendront combien ce système est plus pratique que les anciens tableaux sur lesquels on ne pouvait inscrire que 40 ou 50 noms et dont le classement était parfois difficile, tout en étant d'un volume considérable.
Le répertoire nouveau se fait en deux tailles:
Le grand, 31 x 23, en percaline grain soie, au prix de 3 fr. 75; le petit, 21 x 14, en percaline grain soie, au prix de 2 fr. 90, en vert et grenat; le grand, en maroquin grain long, 15 fr. 75; le petit, en maroquin grain long, 9 fr. 75, en rouge, vert et grenat.
On trouve ces répertoires chez les principaux papetiers. Demander le Répertoire téléphonique à fiches mobiles (marque A G). Vente en gros, chez M. Gonnet, 14, boulevard Saint-Germain, Paris.
Note du transcripteur: Les suppléments mentionnés
en titre ne nous ont pas été fournis.
End of the Project Gutenberg EBook of L'Illustration, No. 3273, 18 Novembre 1905, by Various *** END OF THIS PROJECT GUTENBERG EBOOK L'ILLUSTRATION, NO. 3273, 18 *** ***** This file should be named 36706-h.htm or 36706-h.zip ***** This and all associated files of various formats will be found in: http://www.gutenberg.org/3/6/7/0/36706/ Produced by Jeroen Hellingman and Rénald Lévesque Updated editions will replace the previous one--the old editions will be renamed. Creating the works from public domain print editions means that no one owns a United States copyright in these works, so the Foundation (and you!) can copy and distribute it in the United States without permission and without paying copyright royalties. Special rules, set forth in the General Terms of Use part of this license, apply to copying and distributing Project Gutenberg-tm electronic works to protect the PROJECT GUTENBERG-tm concept and trademark. 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If you wish to charge a fee or distribute a Project Gutenberg-tm electronic work or group of works on different terms than are set forth in this agreement, you must obtain permission in writing from both the Project Gutenberg Literary Archive Foundation and Michael Hart, the owner of the Project Gutenberg-tm trademark. Contact the Foundation as set forth in Section 3 below. 1.F. 1.F.1. Project Gutenberg volunteers and employees expend considerable effort to identify, do copyright research on, transcribe and proofread public domain works in creating the Project Gutenberg-tm collection. 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It exists because of the efforts of hundreds of volunteers and donations from people in all walks of life. Volunteers and financial support to provide volunteers with the assistance they need, are critical to reaching Project Gutenberg-tm's goals and ensuring that the Project Gutenberg-tm collection will remain freely available for generations to come. In 2001, the Project Gutenberg Literary Archive Foundation was created to provide a secure and permanent future for Project Gutenberg-tm and future generations. To learn more about the Project Gutenberg Literary Archive Foundation and how your efforts and donations can help, see Sections 3 and 4 and the Foundation web page at http://www.pglaf.org. Section 3. Information about the Project Gutenberg Literary Archive Foundation The Project Gutenberg Literary Archive Foundation is a non profit 501(c)(3) educational corporation organized under the laws of the state of Mississippi and granted tax exempt status by the Internal Revenue Service. The Foundation's EIN or federal tax identification number is 64-6221541. Its 501(c)(3) letter is posted at http://pglaf.org/fundraising. Contributions to the Project Gutenberg Literary Archive Foundation are tax deductible to the full extent permitted by U.S. federal laws and your state's laws. The Foundation's principal office is located at 4557 Melan Dr. S. Fairbanks, AK, 99712., but its volunteers and employees are scattered throughout numerous locations. Its business office is located at 809 North 1500 West, Salt Lake City, UT 84116, (801) 596-1887, email business@pglaf.org. Email contact links and up to date contact information can be found at the Foundation's web site and official page at http://pglaf.org For additional contact information: Dr. Gregory B. Newby Chief Executive and Director gbnewby@pglaf.org Section 4. Information about Donations to the Project Gutenberg Literary Archive Foundation Project Gutenberg-tm depends upon and cannot survive without wide spread public support and donations to carry out its mission of increasing the number of public domain and licensed works that can be freely distributed in machine readable form accessible by the widest array of equipment including outdated equipment. Many small donations ($1 to $5,000) are particularly important to maintaining tax exempt status with the IRS. The Foundation is committed to complying with the laws regulating charities and charitable donations in all 50 states of the United States. Compliance requirements are not uniform and it takes a considerable effort, much paperwork and many fees to meet and keep up with these requirements. We do not solicit donations in locations where we have not received written confirmation of compliance. To SEND DONATIONS or determine the status of compliance for any particular state visit http://pglaf.org While we cannot and do not solicit contributions from states where we have not met the solicitation requirements, we know of no prohibition against accepting unsolicited donations from donors in such states who approach us with offers to donate. International donations are gratefully accepted, but we cannot make any statements concerning tax treatment of donations received from outside the United States. U.S. laws alone swamp our small staff. Please check the Project Gutenberg Web pages for current donation methods and addresses. Donations are accepted in a number of other ways including checks, online payments and credit card donations. To donate, please visit: http://pglaf.org/donate Section 5. General Information About Project Gutenberg-tm electronic works. Professor Michael S. Hart is the originator of the Project Gutenberg-tm concept of a library of electronic works that could be freely shared with anyone. For thirty years, he produced and distributed Project Gutenberg-tm eBooks with only a loose network of volunteer support. Project Gutenberg-tm eBooks are often created from several printed editions, all of which are confirmed as Public Domain in the U.S. unless a copyright notice is included. Thus, we do not necessarily keep eBooks in compliance with any particular paper edition. Most people start at our Web site which has the main PG search facility: http://www.gutenberg.org This Web site includes information about Project Gutenberg-tm, including how to make donations to the Project Gutenberg Literary Archive Foundation, how to help produce our new eBooks, and how to subscribe to our email newsletter to hear about new eBooks.