*** START OF THE PROJECT GUTENBERG EBOOK 55766 ***

Tristan Tzara

Vingt-Cinq Poèmes,

Hans Arp

Dix gravures sur bois

Collection Dada Zurich

1918


le géant blanc lépreux du paysage


le sel se groupe en constellation
d'oiseaux sur la tumeur de ouate

dans ses poumons les astéries et
les punaises se balancent
les microbes se cristallisent en
palmiers de muscles balançoires
bonjour sans cigarette tzantzantza ganga
bouzdouc zdouc nfoùnfa mbaah mbaah nfoùnfa
macrocystis perifera embrasser les
bateaux chirurgien des bateaux
cicatrice humide propre
paresse des lumières éclatantes
les bateaux nfoùnfa nfoùnfa nfoùnfa
je lui enfonce les cierges dans les
oreilles gangànfah hélicon et
boxeur sur le balcon le violon
de l'hôtel en baobabs de flammes
les flammes se développent en
formation d'éponges

les flammes sont des éponges ngànga et frappez
les échelles montent comme le sang gangà
les fougères vers les steppes de
laine mon hazard vers les cascades
les flammes éponges de verre les
paillasses blessures paillasses
les paillasses tombent wancanca
aha bzdouc les papillons
les ciseaux les ciseaux les ciseaux
et les ombres
les ciseaux et les nuages les ciseaux
les navires
le thermomètre regarde l'ultra-rouge
gmbabàba
berthe mon éducation ma queue
est froide et monochromatique
nfoua loua la
les champignons oranges et la
famille des sons au delà du tribord
à l'origine à l'origine le triangle
et l'arbre des voyageurs à l'origine

mes cerveaux s'en vont vers l'hyperbole
le caolin fourmille dans sa boîte crânienne
dalibouli obok et tòmbo et tòmbo
son ventre est une grosse caisse
ici intervient le tambour major
et la cliquette
car il y a des zigzags sur son
âme et beaucoup de rrrrrrrrrrrrrr
ici le lecteur commence à crier
il commence à crier commence à
crier puis dans ce cri il y a des
flûtes qui se multiplient—des corails
le lecteur veut mourir peut-être
ou danser et commence à crier
il est mince idiot sale il ne comprend
pas mes vers il crie
il est borgne
il y a des zigzags sur son âme
et beaucoup de rrrrrrr
nbaze baze baze regardez la tiare
sousmarine qui se dénoue en algues d'or
hozondrac trac
nfoùnda nbabàba nfoùnda tata
nbabàba

mouvement


gargarisme astronomique
vibre vibre vibre vibre dans la
gorge métallique des hauteurs
ton âme est verte est météorologique empereur
et mes oreilles sont des torches végétales

écoute écoute écoute j'avale mbampou
et ta bonne volonté
prends danse entends viens tourne
bois vire ouhou ouhou ouhou
faucon faucon de tes propres
images amères
mel o mon ami tu me soulèves le
matin à panama
que je sois dieu sans importance
ou colibri
ou bien le phœtus de ma servante
en souffrance
ou bien tailleur explosion couleur
loutre
robe de cascade circulaire chevelure
intérieure lettre qu'on reçoit
à l'hôpital longue très longue lettre
quand tu peignes consciencieusement
tes intestins ta chevelure intérieure
tu es pour moi insignifiant comme
un faux-passeport
les ramoneurs sons bleus à midi
aboiement de ma dernière clarté
se précipite dans le gouffre de
médicaments verdis ma chère mon parapluie
tes yeux sont clos les poumons aussi
du jet-d'eau on entend le pipi
les ramoneurs

la grande complainte
de mon obscurité un


froid tourbillon zigzag de sang
je suis sans âme cascade sans
amis et sans talents seigneur
je ne reçois pas régulièrement les
lettres de ma mère
qui doivent passer par la russie
par la norvège et par l'angleterre
les souvenirs en spirales rouges
brûlent le cerveau sur les marches
de l'amphithéâtre
et comme une réclame lumineuse
de mon âme, malheur jailli de
la sphère
tour de lumière la roue féconde
des fourmis bleues
nimbe sécheresse suraiguë des douleurs

viens près de moi que la prière
ne te gêne pas elle descend dans
la terre comme les scaphandres
qu'on inventera
alors l'obscurité de fer en vin et
sel changera
simplicité paratonnerre de nos
plantes prenez garde
les paratonnerres qui se groupent
en araignée
ainsi je deviens la couronne d'un
christ énorme
pays sans forme arc voltaïque

les aigles de neige viendront
nourrir le rocher
où l'argile profonde changera en lait
et le lait troublera la nuit les
chaînes sonneront
la pluie composera des chaînes lourdes
formera dans l'espace des roues
des rayons
le sceptre au milieu parmi les branches
les vieux journaux les tapisseries
un paralytique
nimbe sécheresse
roue féconde des fourmis bleues

seigneur doigt d'or fourneau
sphingerie
pourquoi l'étrangler pourquoi
après le coup de foudre la marche
militaire éclatera
mon désespoir tube en fer d'étain
mais pourquoi pourquoi alors?
ainsi ainsi toujours mais le chemin
tu dois être ma pluie mon
obscurité mon métal mon
circuit ma pharmacie nu
mai plânge nu mai plânge
veux-tu




la grande complainte
de mon obscurité deux


regarde mes cheveux ont poussé
les ressorts du cerveau sont des
lézards jaunis qui se liquéfient
parfois
le pendu
troué
arbre
le soldat
dans les régions boueuses où
les oiseaux se collent en silence
chevalier astral
tapisseries fanées
acide qui ne brûle pas à la manière
des panthères dans les cages
le jet-d'eau s'échappe et monte
vers les autres couleurs

tremblements
souffrance ma fille du rien bleu
et lointain
ma tête est vide corne une armoire d'hôtel
dis-moi lentement les poissons
des humbles tremblent et se cassent
quand veux-tu partir
le sable
passe-port
désir
et le pont rompre à tierce résistance
l'espace
policiers
l'empereur
lourd
sable
quelle meuble quelle lampe inventer
pour ton âme
septembre de papier gaz
dans l'imprimerie

je t'aime les citrons qui gonflent
sur la glace nous séparent ma
mère mes veines le long du seigneur
ma mère
ma mère ma mère tu attends dans
la neige amassée électricité
fabuleux
discipline
les feuilles se group en constructions
d'ailes nous tranquillisent
sur une île et monte comme
l'ordre des archanges

feu blanc




verre traverser paisable


la joie des lignes vent autour de
toi calorifère de l'âme
fumée vitesse fumée d'acier
géographie des broderies en soie
colonisée en floraison d'éponges
la chanson cristallisée
dans le
vase du corps avec la fleur de
fumée

vibration du noir
dans ton sang
dans ton sang d'intelligence et de
sagesse du soir
un œil ridé bleu dans un verre clair
je t'aime je t'aime
une verticale descend dans ma
fatigue qui ne m'illumine plus
mon cœur emmitouflé dans un
vieux journal
tu peux le mordre: siffler
partons
les nuages rangés dans la fièvre
des officiers
les ponts déchirent ton pauvre
corps est très grand voir ces
ciseaux de voie lactée et découper
le souvenir en formes vertes
dans une direction toujours dans
la même direction
s'agrandissant toujours s'agrandissant




droguerie—conscience


de la lampe d'un lys naîtra un
si grand prince
que les jets-d'eau agrandiront les usines
et la sangsue se transformant en
arbre de maladie
je cherche la racine seigneur immobile
seigneur immobile
pourquoi alors oui tu apprendras
viens en spirale vers la larme
inutile

perroquet humide
cactus de lignite gonfle-toi entre
les cornes de la vache noire
le perroquet creuse la tour le
mannequin saint

dans le cœur il y a un enfant—une lampe
le médecin déclare qu'il ne passera
pas la nuit

puis il s'en va en lignes courtes
et aigues silence formation silencieuse

quand le loup chassé se repose
sur le blanc
l'élu chasse ses enfermés
montrant la flore issue de la mort
qui sera cause
et le cardinal de france apparaîtra
les trois lys clarté fulgurale vertu
électrique
rouge long sec peignant poissons
et lettres sous la couleur

le géant le lépreux du paysage
s'immobilise entre deux villes
il a des ruisseaux cadence et les
tortues des collines s'accumulent lourdement
il crache du sable pétrit ses poumons
de laine s'éclaircir
l'âme et le rossignol tourbillonnent
dans son rire—tournesol
il veut cueillir l'arc-en-ciel mon
cœur est une astérie de papier

à missouri au brésil aux antilles
si tu penses si tu es content lecteur
tu deviens pour un instant
transparent
ton cerveau éponge transparente
et danc cette transparence il y
aura une autre transparence plus lointaine
lointaine quand un animal nouveau
bleuira dans cette transparence




retraite


oiseaux enfance charrues vite
auberges
combat aux pyramides
18 brumaire
le chat le chat est sauvé
entrée
pleure
valmy
vive vire rouge
pleures
dans le trou trompette lent grelots
pleure
les mains gercées des arbres ordre
pleure
lui
postes
vers le blanc vers l'oiseau
pleurons
vous pleurez
glisse

tu portes clouées sur tes cicatrices
des proverbes lunaires
lune tannée déploie sur les horizons
ton diaphragme
lune œil tanné dans un liquide
visqueux noir
vibrations le sourd
animaux lourds fuyant en cercles
tangents
de muscles goudron chaleur
les tuyaux se courbent tressent
les intestins
bleu

sainte


formation marine pierreuse ascendance
arborescente
multiplication mon souvenir dans
les guitares du trembles mon souvenir
le caphre le clown le gnou
enguirlandent l’engrenage
l’ange se liquéfie dans un
médicament et dissonances
grimpent sur le paratonnerre
devenir panthères navires engrenage
arc-en-ciel qui les aspire
les sons tous les sons et les sons
imperceptibles et tous les sons
se coagulent
ma chère si tu as mal à cause
des sons tu dois prendre une pilule

concentration intérieure craquement
des mots qui crèvent
crépitent les décharges électriques
des gymnotes l’eau qui se déchire
quand les chevaux traversent les
accouplements lacustres
toutes les armoires craquent
la guerre
là-bas
o le nouveau-né qui se transforme
en pierre de granit qui
devient trop dur et trop lourd pour
sa mère le chant du lithotomiste
broie la pierre dans la
vessie il y enfonce des lilas et
des journaux

silence fleur de soufre
fièvre typhoïde silence
le cœur horloge microbes sable
mandragore
au vent tu l'agites comme la torche
de mercure vers le nord
l'herbe lézards pourris ô mon
sommeil attraper les mouches caméléon
astronomique
ô mon sommeil d'aniline et de
zoologie
ta tête sectionnée pourrait siffler
de belles couleurs
jadis la nuit jardin chimique
mettait les ordres de l'ambassadeur
la lumière propre circulaire verdie
dans le cœur des icônes
quand tu marches dans l'eau les
poissons multicolores se composent
autour des pieds comme la fleur
les rayons solaires de l'accouchement
l'oniromancienne au cœur boréal
la grande chandelle dans le puits
les fruits les œufs et les jongleurs
se rangent dans nos nuits
autour du soleil gélatineux pour
notre lumière qui est une maladie

sage danse mars


la glace casse une lampe fuit
et la trompette jaune est ton
poumon et carré les dents de
l'étoile timbre poste de jésus-fleurchemise
la montre tournez
tournez pierres du noir
dans l'âme froide je suis seul
et je le sais je suis seul et danse
seigneur tu sais que je l'aime
vert et mince car je l'aime grandes
roues broyant l'or fort voilà celui
qui gèle toujours
marche sur les bouts de mes pieds
vide tes yeux et mords l'étoile
que j'ai posée entre tes dents
siffle
prince violon siffle blanc d'oiseaux




sage danse deux


accroissement d'un brouillard d'hélices imprévues
arc voltaïque impassible visse
les corridors échine des maisons
et la fumée
gradation du vent qui déchire le linge
dans un tiroir la tabatière écorces
d'oranges et des ficelles
ô soupape de mon âme vidée
la fiole liée au cou
les trains se taisent tout d'un coup




pélamide


a e  ou o  youyouyou  i e  ou o  youyouyou
drrrrrdrrrrdrrrrgrrrrgrrrrrgrrrrrrrr
morceaux de durée verte voltigent
dans ma chambre
a e o i  ii  i e a ou ii ii ventre
montre le centre je veux le prendre
ambran bran bran et rendre
centre des quatre
beng bong beng bang
où vas-tu iiiiiiiiupft
machiniste l'océan a o u ith
a o u ith i o u ath a o uith o u a ith
les vers luisants parmi nous
parmi nos entrailles et nos directions
mais le capitaine étudie les indications
de la boussole
et la concentration des couleurs
devient folle
cigogne litophanie il y a ma
mémoire et l'ocarina dans la pharmacie
sériciculture horizontale des bâtiments
pélagoscopiques
la folle du village couve des
bouffons pour la cour royale
l'hôpital devient canal
et le canal devient violon
sur le violon il y a un navire
et sur le bâbord la reine est
parmi les émigrants pour mexico




la grande complainte
de mon obscurité trois


chez nous les fleurs des pendules
s'allument et les plumes encerclent
la clarté
le matin de soufre lointain les
vaches lèchent les lys de sel
mon fils
mon fils

traînons toujours par la couleur
du monde
qu'on dirait plus bleue que le
métro et que l'astronomie
nous sommes trop maigres
nous n'avons pas de bouche
nos jambes sont raides et s'entrechoquent
nos visages n'ont pas de forme
comme les étoiles
cristaux points sans force feu
brûlée la basilique
folle: les zigzags craquent
téléphone
mordre les cordages se liquéfier
l'arc
grimper
astrale
la mémoire
vers le nord par son fruit double
comme la chair crue
faim feu sang




froid jaune


nous allons nuages parmi les
esquimaux
embellir la convalescence de nos
pensées botaniques
sous les crépuscules tordus
ordure verdie vibrante
blan

j'ai rangé mes promesses confiserie
hôtelier dans sa boutique
paulownias définitives
l'éloignement se déroule glacial
et coupant comme une diligence
éloignement pluvieux
adolescent
ailleurs sonore
piéton fiévreux et pourri et
rompu et broderies réparables
je pensais à quelque chose de
très scabreux
calendrier automnal dans chaque arbre
mon organe amoureux est bleu
je suis mortel monsieur bleubleu

et du cadavre monte un pays étrange
monte monte vers les autres astronomies

le dompteur de
lions se souvient


regarde-moi et sois couleur
plus tard
ton rire mange soleil pour lièvres
pour caméléons
serre mon corps entre deux lignes
larges que la famine soit lumière
dors dors vois-tu nous sommes
lourds antilope bleue sur glacier
oreille dans les pierres belles
frontières—entends la pierre
vieux pêcheur froid grand sur
lettre nouvelle apprendre les filles
en fil de fer et sucre tournent
longtemps les flacons sont grands
comme les parasols blancs entends
roule roule rouge
aux colonies
souvenir senteur de propre pharmacie
vieille servante
cheval vert et céréales
corne crie
flûte
bagages ménageries obscures
mords scie veux-tu
horizontale voir




printemps

à h arp


placer l'enfant dans le vase au
fond de minuit
et la plaie
une rose des vents avec tes doigts
aux belles ongles
le tonnerre dans des plumes voir
une eau mauvaise coule des
membres de l'antilope

souffrir en bas avez-vous trouvé
des vaches des oiseaux?
la soif le fiel du paon dans la cage
le roi en exil par la clarté du
puits se momifie lentement
dans le jardin de légumes
semer des sauterelles brisées
planter des cœurs de fourmis le
brouillard de sel une lampe tire
la queue sur le ciel
les petits éclats de verreries dans
le ventre des cerfs en fuite
sur les points des branches noires
courtes pour un cri

amer aile soir


par astronomique révolution nocturne
tu m'as donné connaissance
papier
ami
architecture
suède
attendre
je téléphone ailes et tranquillité
d'un instant de limite construire
en colonnes de sel: des lampes
de nuage neige et lampions de
musique zigzag proportions anneaux
monts de jaune jaune jaune
jaune ô l'âme qui siffla la strophe
du tuyau jauni en sueur d'encensoir
la sœur du noir mémoire miroir
les tubes craquent et s'élèvent
et les crécelles éclatent séparant
l'air en zigzag

dans les poumons obscurs profondément
le sommeil est rouge dur
les grillages des squelettes lourds
les eaux adorent la direction vers
quelle aile d'ébène illuminée est-tu
tu partie
mère
s'étioler
traverse
pourquoi
sanglant

roi
origine
chandelle
mes pensées s'en vont—au pâturage
les moutons—vers l'infini
symétriquement
domestique
les colliers lourds de lumière
noire
maigre
surface
pierre




soleil nuit


son roi de glace et son nom descend
et apparaît en mer dans le poisson
le requin son corps
gardien maritime
naître
voracité ouverte aux sons des
lances et de la porte verte

sois ma sœur en large marche
de planète
trop longtemps j'ai vu squelette
les
mannequins aux parapluies dans
la mine blanche
chaude

et je dessine le pays et tes bijoux
sont des yeux vivants
la vache accoucha un grand œil
vivant de douleur ou de fer
au bord de la mer monte en
spirale la sphère
la tempête

la vierge écrasa sa chair et mourut
dans le désert
le feu à l'intérieur de grosses
pierres volcaniques
son image et les fruits
la pluie sera fleur de la famine
de la sécheresse
manteau imperméable de nos
cœurs facilite-nous la fuite et
l'embarcation du seigneur couvert
de plantes




moi touche-moi
touche-moi seulement


tu fumes la pipe amère dans la
nuit mes dents sont plus blancs
étoile dans le coffre-fort remue
vivement digère sur la pierre feu
jaune mon frère
gymnastique dans l'autre chambre
tuyaux tuyaux arrangez-vous
verticale coupée
interrompre
mécanisme drrrrr rrrrrrrr barres
écartées
ébranlement des rayons perce-nous
trouves le chemin de la cité
nos racines nos bouts de cigarettes
allumées fixées en tout
petits champignons dans le cerveau
humide
bateau rouge accroché au-dessus
de l'eau
tu ne peux pas dormir à côté de moi
je suis tramway quelque-part va-et-vient
dans l'amour
le bruit dans la gorge des grands
chats en métal vide
mes veines sont couvertes de
bracelets
mordues

dans mon corps des masses obscures
coussins qui gonflent
sur l'eau d'amertume verdi est
le cœur
l'explosion
sans savoir comment ni pourquoi
serrées courtes
montrent le chemin
d'un coup
pourrir en or de pierre grande
dense




danse caoutchouc verre


maladie obscurité fleurir en allumettes
dans nos organismes geler

moi touche-moi
touche-moi seulement
escargot monte sur axe pays blanc

vent veut
incolore
veut veut
trembles
veut
qui qui oui veut

monsieur
tzacatzac
parasol
casse casse
glace glisse
monsieur

monsieur
noix d'encre fait un bruit la fleur-timbre-poste




pays voir blanc

à maya chrusecz

les ors des 10 heures ont brisé
la mort
brûlé la fenêtre en argile et or
séparer le bon de l'eau dans des
carrés de cuir
et le poisson alerte fixé avec une
épingle

cuire des yeux d'or d'insecte
je suis la mauvaise vibration de
la chaleur
dans les battements du cœur strié

les os sont aussi des cuillères
pour ton âme
mais nous voulons reconstruire
vert sonore sous porcelaine
dort dans le crâne

et poursuis les petits hommes
dans leur voyelle
coupe-les par le train le long de
la sonnerie
et poursuis les petits hommes
dans leur voyelle
le petit feu dans le calice
et poursuis les petits hommes
dans leur voyelle
poursuis les petits les petits
hommes dans leur voyelle




saut blanc crystal
à m ianco

sur un clou
machine à coudre décomposée en hauteur
déranger les morceaux du noir
voir jaune couler
ton cœur est un œil dans la boîte
de caoutchouc
coller à un collier d'yeux
coller des timbres-postes sur tes
yeux

partir chevaux norvège serrer
bijoux vers tourner sèche
veux-tu? pleure
lèche le chemin qui monte vers
la voix

abraham pousse dans le cirque
tabac dans ses os fermente
abraham pousse dans le cirque
pisse dans les os
le chevaux tournent ont des
lampes électriques au lieu des têtes
grimpe grimpe grimpe grimpe
archevêque bleu tu es un violon
en fer
et glousse glousse
vert
chiffres




petite ville en sibérie


une lumière bleue qui nous tient
ensemble aplatis sur le plafond
c'est comme toujours mon camarade
comme une étiquette des portes
infernales collées sur un flacon
de médecine
c'est la maison calme mon ami
tremble
et puis la danse lourde courbée
offre la vieillesse sautillant d'heure
en heure sur le cadran
le collier intact des lampes de
locomotives coupées descend
quelquefois parmi nous
et se dégonfle tu nommes cela
silence boire toits en fer-blanc
lueur de boîte de hareng et mon
cœur décent sur des maisons
basses plus basses plus hautes
plus basses sur lesquelles je
veux galoper et frotter la main
contre la table dure aux miettes
de pain dormir oh oui si l'on
pouvait seulement
le train de nouveau le veau
spectacle de la tour du beau je
reste sur le banc
qu'importe le veau le beau le
journal ce qui va suivre il fait
froid j'attends parles plus haut
des cœurs et des yeux roulent
dans ma bouche
e n   m a r c h e
et des petits enfants dans le sang
[est-ce l'ange? je parle de celui qui
s'approche]
courons plus vite encore
toujours partout nous resterons
entre des fenêtres noires

gare


danse crie casse
roule j'attends sur le banc
tout-de-même quoi? les nerfs sont
silences
d'instants coupés

lis tranquillement
virages
le journal
regarde qui passe?

je ne sais pas
si je suis tout seul
la lumière écoute mais de quel
côté et pourquoi

le vol d'un oiseau qui brûle
est ma force virile sous la coupole
je cherche asile au fond flamboyant
volant du rubis

j'ai donné mon âme
à la pierre blanche
dieu sans réclame
précis et sage

ordre en amitié
dire: la douleur du feu
a noirci mes yeux
et je les ai jetés dans la cascade

partir
vois mon visage
dans le cercle du soir ou dans
la valise
ou dans la cage neige

je pars ce soir
l'étincelle pleure
dans mon lit dans l'usine
hurlent les chiens et les jaguars

as-tu aussi donné ton âme
à la pierre bracelet
saltimbanque au crâne oblong
mon frère monte

je fus honnête
sœur infini
fini pour cette
nuit

cœurs des pharmacies plantes
s'ouvrent aux lueurs sphéroïdales
et les liqueurs de la religion
c'est vrai
les lions et les clowns

instant note frère


rien ne monte rien ne descend
aucun mouvement latéral
il se lève
rien ne bouge ni l'être ni le non-être
ni l'idée ni le prisonnier enchaîné
ni le tramway
il n'entend rien autre que lui
ne comprend rien autre que les
chaises la pierre le froid l'eau—connaît
connaît passe à travers la matière dure
n'ayant plus besoin d'yeux il les
jette dans la rue
dernier éclat du sang dans les
ténèbres
dernier salut
il arrache sa langue—flamme
transpercée par une étoile
tranquillisée
automne morte comme une feuille
de palmier rouge

et réabsorbe ce qu'il a nié et
dissolu le projette dans l'autre
hémisphère seconde saison de
l'existence
comme les ongles et les cheveux
croissent et retournent




remarques


femme étrange à double masque
courve blanche d'une danse obscène
viens près de moi seul accord
de membres las
opinions sans importance spéciale
bleu équivoque sang d'ébène
et le pourboire

cache ton désir
devant la mort à huit heures vingt
si je pouvais recommencer la
nuit ce matin
dieci soldi: voilà
mon âme

tu n'auras point ce soir
le dernier raffinement de ma
virilité
depuis longtemps j'ai surpassé
l'industrie mensongère
où tu traînes en ce moment ton
être de soleil putride

ainsi je passe tu passes comme
la mère l'enfant
lentement plus vite lentement
un après l'autre ou tous ensemble
œil de souteneur en or d'éternité
timide
disparaît
cloche d'un sentiment du rastaqouère
reine sage-femme
et c'est tout-à-fait dépourvu d'intérêt

Il a été tiré de cet ouvrage dix exemplaires sur hollande numérotés de un à dix et signés par les auteurs

Ces poèmes écrits entre mil neuf cent quinze et mil neuf cent dix-huit ont été achevé d'imprimer chez j heuberger à zurich le vingt juin mil neuf cent dix-huit pour la collection dada zurich zeltweg quatre vingt-trois

Du même auteur: la première aventure céleste de mr antipyrine avec des bois gravés et coloriés par m janco

*** END OF THE PROJECT GUTENBERG EBOOK 55766 ***